Jour 3 - Un radar dans le boulevard

Les deux mutants suivirent les perdants jusqu'au bâtiment indiqué. La salle dans laquelle ils arrivèrent était en réalité une sorte de bar. Quelques personnes étaient attablées et dévoraient leur repas, tandis que d'autres se contentaient d'une boisson verte assez transparente, dans de larges verres.

L'ensemble des regards se tournèrent vers ceux qui entraient. Contrairement à certaines scènes de Far-West, le bruit ambiant ne retomba pas et chacun continua ses discussions en reportant leur attention sur leurs interlocuteurs dans la seconde qui suivit.

Le groupe traversa la pièce se dirigea vers un escalier qui mena à un couloir, probablement celui chambres si on en croyait celle dans laquelle Eden et Damian entrèrent entre les deux bonshommes. La pièce était relativement petite, et seuls deux lits la flanquaient sur sa longueur et menaient à une fenêtre donnant sur la rue.

Le camarade de celui qui avait perdu au bonto commença à fouiller dans des affaires qui devaient être les siennes et sortit brutalement un épée longue qu'il n'hésita pas à pointer vers les deux mutants. Le second sortit de sa ceinture un poignard qu'il avait jusque là dissimulé. Il se tenait dans le cadre de la porte.

Depuis sa position extérieure, Frederik remarqua deux hommes qui entraient dans le bar une trentaine de secondes après le groupe. Si l'un ne lui disait rien du tout, le second néanmoins attira son attention. Sa tenue particulière et surtout son masque frappèrent immédiatement le garçon. C'était l'homme étrange qu'il avait aperçu dans la ruelle, après la tentative de vol du radar.

Soudainement, il remarqua que des enfants arrivaient, séparés, et se positionnaient autour de l'arène, puis se mettaient à jouer en observant autour d'eux de temps en temps.

Évidemment cela sentait le traquenard à trois dollars à plein nez. Un bar glauque... une ambiance glauque... Des gens louches, comme dans les bars des films de cet ancien réalisateur, Tarentulo ou un truc dans le genre.

Ils montèrent dans les chambres des deux individus qui pensaient à voir à faire à des lapins de six semaines, et non à des Xmen aguerris... Ce qu'ils étaient naif...
Damian et Eden n'étaient pas nés de la dernière pluie, il y avait même de la complicité entre eux, acquise avec le temps. La pièce était étroite et les deux crurent malin de les menacer avec des armes qu'ils avaient planqué dans leur chambre.

Aussitôt que le premier des deux arnaqueurs se tournait vers eux, ses réflexes prirent le dessus avec ce qu'il savait faire de mieux : tirer... et... atteindre sa cible.

Aussi, il utilisa la pièce qu'il avait entre les mains (celle qu'il avait mis de côté), et donna un mouvement du poignet pour qu'elle aille se nicher dans l'oeil de l'homme au couteau, enchainant son mouvement par un crochet du gauche bien pesé, donnant ainsi à Eden l'impulsion pour neutraliser l'autre avec son pouvoir.

Les suivre. Mais bien sûr! Il était évident que ces charmants messieurs s'adonnant aux jeux de hasards sur la voie publique reconnaissaient leur manque de chance et allaient bien docilement les guider jusque dans leur humble demeure pour leur donner leur dû, et pourquoi pas leur offrir une tasse de thé!

Non mais il les prenaient vraiment pour des abrutis?

Eden lança un vague regard blasé à Damian. Bien sûr qu'ils allaient les suivre. Mais pour une seule raison: ils avaient besoin d'un moyen d'entrer dans cette fichue arène. Que ce soit avec leur bonne volonté ou pas, ces arnaqueurs urbains allaient le leur donner. Tout en les suivant sans trop se presser, la californienne se maudissait elle-même d'envisager déjà de les dépouiller. Oui, c'était contraire à tout ses principes. Surtout quand on était la gosse d'un flic. Mais si pour être aimable il fallait prendre le risque de ne jamais rentrer sur terre, c'était hors de question.

Pénétrant dans ce qu'il semblait être un bar, Eden prit la peine de jeter un coup d'oeil aux personnes présentes, exactement comme ces dernières faisaient avec eux. Il n'y avait rien d'extraordinaire à ce que des gens entrent dans un bar de toute manière. Seulement si c'était dans ce genre d'endroit que des malfrats se retrouvaient, qui pouvait savoir combien des "clients" présents faisaient partie de la bande? ça allaient en faire, des gens à écarter de leur chemin en cas de fuite.

Un escalier, un couloir, une chambre spartiate... Eden failli sourire en se disant que ces voyous vivaient actuellement plus confortablement qu'eux. Mais son commencement d'amusement disparu subitement face à la lame d'une épée et celle moins impressionnante du poignard. Etrangement, quand l'homme extirpa son de la couchette, la californienne ne ressentit pas de peur. Plutôt une sorte de déception qui se mua rapidement en colère. C'était pas deux dépouilleurs de touristes qui allaient leur mettre des bâtons dans les roues! Percevant le mouvement de retournement de Damian, Eden se centra immédiatement sur le type à l'épée. Par télékinésie, elle se concentra sur la lame pour l'écarter droit dans le mur, tandis que, profitant de la dimension limitée de la pièce, elle s'avançait pour offrir au menton de l'agresseur son back-fist le plus soigné. Si elle réussissait son coup, ses phalanges allaient en souffrir un peu, mais ça aurait au moins le mérite inestimable de la soulager.

La pièce de Damian fut envoyée rapidement à l'homme dont le seul réflexe stupide fut de reculer la tête comme si ce geste aurait été capable de l'éloigner plus rapidement de l'objet qu'il n'approchait. Sans surprise, le contact fut violent si on en crut le cri qu'il poussa.

Il porta ses mains à son visage en laissant tomber le poignard. La seconde suivante, le poing du mutant venait s'écraser sous la mâchoire de l'escroc qui claqua contre ses dents du haut. L'homme tomba en arrière contre le mur du couloir, les jambes en travers du cadre de la porte.

Eden quant à elle put s'amuser du visage effaré du complice dont l'épée venait de se planter dans un mur. Lorsqu'il regarde de nouveau la jeune femme, il eut à peine le temps d'esquisser un geste pour se protéger que le coup qu'elle venait de lancer vint percuter le menton qui craqua étrangement.

L'homme fut prit d'un mouvement de recul, et tomba à quelques centimètres de la fenêtre, manquant de peu de la faire voler en éclat. Quelle chance ! Visiblement sonné, sa tête était légèrement penchée en arrière, et il n'était pas difficile d'imaginer les étoiles qu'il voyait défiler devant lui.

A l'étage inférieur, Frederik venait de pénétrer dans la salle principale où un silence de mort régnait. Il n'eut aucun mal à repérer l'homme masqué, car celui-ci tenait contre lui un client dans une position évidente de soumission, d'après le poignard qui était maintenu contre sa gorge.

Fébrilement, la victime pointait du doigt un escalier montant vers l'étage en balbutiant :

" Par là, ils sont allés par là. "

Le masqué projeta alors celui qui venait de parler sur sa chaise, et d'un mouvement de bras presque théâtrale, se tourna dans la direction indiquée, en faisant virevolter sa cape.

Celui qui l'accompagnait commença alors à monter, tandis que le premier lui emboîtait le pas. Personne n'avait prêté attention au mutant qui venait de rentrer. Ils étaient bien trop occupés à craindre le duo.

Damian et Eden étaient parvenus sans trop de soucis à neutraliser les deux individus belliqueux. Ceux ci ne s'étaient pas attendus à tomber sur des xmen, vus leurs jeunes âges. Ils en avaient vu d'autres. Damian avait affronté Rib et Frimas seul pendant quelques longues minutes. Ce n'était pas deux rigolos qui allait l'impressionner. Et Eden savait se battre, et elle aussi avait traversé des affrontements plutôt rudes.

Damian tira donc son adversaire dans la chambre et referma la porte derrière lui après s'être vite assuré que le couloir était désert.

Sans perdre de temps il fouilla son adversaire neutralisé ainsi que les meubles qui étaient à sa portée qu'Eden ne pourrait pas faire. Autant se répartir la tâche.

Eden entendit clairement l'os de la mâchoire de son adversaire craquer sous son coup. Pour la peine, la satisfaction malsaine qu'elle en tirait couvrait bien toutes les douleurs qu'elle pourrait ressentir. Secouant sa main, elle jeta un coup d'oeil derrière elle pour constater que Damian avait obtenu un résultat similaire. Et malgré les quelques égratignures qu'elle allait en tirer sur ses phalanges, bon Dieu ce que ça pouvait faire du bien! A croire qu'elle avait oublié la satisfaction qu'elle tirait de chaque entraînement où elle s'acharnait sur un sac de frappe.

Quand elle se reporta sur l'arnaqueur qu'elle avait étalé et qui, par miracle n'avait pas brisé la fenêtre dans sa chute, elle n'hésita pas plus longtemps et lui mit, par précaution, un coup de pied dans les côtes histoire de s'assurer qu'il ne se relèverait pas avant plusieurs minutes. On était jamais trop prudent et quand bien même ça ne se faisait pas de frapper un homme à terre, les circonstances actuelles lui ôtaient tout cas de conscience.

Puis prenant exemple sur Damian, elle commença à fouiller sa victime du moment pour s'attaquer ensuite à ce qui serait à sa portée. S'ils cachaient des lames dans leurs affaires, ils devaient probablement s'y trouver un butin exploitable pour eux.

Eden trouva sur son bonhomme deux bourses pleines tandis que celui de Damian n'en avait qu'une. Comptant le total de pièces dedans, ils trouvèrent un résultat de 83 Ords ! Largement de quoi rentrer dans l'arène à priori.

Les bagages des deux hommes en revanches ne donnèrent pas grande satisfaction aux mutants. Le butin était relativement inutile et était principalement composé de viande séchée, d'habits quelconques ou de quelques billes et gobelets de rechange.

Frederik quant à lui venait de faire apparaitre son mur dans lequel l'un des deux hommes s'était retrouvé emprisonné. Le masqué observa la scène en écarquillant les yeux, puis se tourna vers le mutant qui l'apostrophait. Immobile, il le jaugea un instant. Ses yeux passaient du bâton créé à l'aura rouge qui entourait le garçon.

Dans la pièce, des cris surpris retentirent, tandis que tous les présents tentaient de mettre autant de distance possible entre eux et Mindblast.

" Tu n'es pas du Culte toi. Es-tu un démon pour maîtriser la magie sans y avoir été formé ? "

Soudainement, il hurla aux présents, si bien que même Eden et Damian entendirent :

" Voyaient ce qu'il en coute de tenter de maîtriser les arcanes célestes sans y être invité ! Des démons ! Voilà ce que vous deviendriez tous ! 10000 Ords à celui qui tuera le démon ! " indiqua-t-il en pointant Minblast du doigt.

La quinzaine d'hommes présents semblèrent soudainement moins effrayés et regardaient Frederik avec une lueur nouvelle dans le regard. Il vit même un client briser une bouteille pour se servir du bris comme arme.

L'homme masqué sourit, puis fit un pas en arrière, tandis que tous ceux de la pièce s'avançaient vers le mutant en l'entourant.

De quoi payer l'entrée dans l'arène! C'était probablement plus qu'il n'en fallait. Sans le moindre scrupule, Eden embarqua les deux bourse qu'elle tâcha de mettre dans ses poches. Quant au reste... La californienne lorgna un instant sur la viande séchée. Et si c'était mieux que des conserves dont le contenu était douteux? Boarf, dans le doute, et si ça lui était possible, elle en prendrait aussi. Peut-être que ça trouverait preneur sur la forteresse, le temps que le portail soit rouvert vers la terre.

Des éclats de voix retentirent alors jusqu'à eux. Surprise, Eden releva la tête vers la prote que Damian avait fermé puis, se redressant, elle regarda par la fenêtre. Un premier étage sur une ruelle, ce n'était pas insurmontable, surtout quand on avait la télékinésie pour soi. Par contre, ce n'était pas dit que ce soit discret. Elle jeta un coup d'oeil interrogatif à Damian. Pas vraiment commune de cette planète, elle n'avait pas la moindre idée de ce que la voix pouvait bien baragouiner entre arcanes célestes, démons et primes. Mais à première vue, ça ne s'adressait pas à eux, sinon il aurait dit "pour les deux démons", non?

Enjambant les corps inanimé de la victime de Damian, elle alla prudemment entrouvrir la porte et tâcha de s'avancer dans le couloir pour essayer d'en voir plus. Alors seulement elle pu entendre et reconnaître la voi de Frederik.

Aux paroles de Frederik, l'un des homme répliqua :

" Tais-toi démon ! Le Grand Maître payera ! Il l'a toujours fait ! "

Les menaces du mutant semblaient toucher quelques personnes qui restèrent volontairement derrière les plus courageux, qui eux s'avançaient vers Mindblast. L'apparition du dôme hérissé de pointes eut néanmoins un effet bien plus dissuasif que les hurlements du garçon.

Davantage d'hommes semblaient hésiter grandement, comprenant que les pouvoirs devant eux les dépassaient largement. La situation était tendue, et personne ne bougea. L'arme au sommet de la protection ne semblait pas faire d'effet particulier, comme si elle n'était pas reconnue.

Au bout de quelques secondes, une chaise vola sur le dôme et s'empala dessus sans retomber. Quelques cris de surprise retentirent détournant l'attention de Frederik. Quelques secondes plus tard, il remarqua que l'homme masqué avait disparu. Une fenêtre était en effet ouverte et des ivrognes ne manquèrent pas de la remarquer à leur tour. Quelques uns se mirent alors à se battre, pour tenter de sortir les premiers de cet enfer relatif où une créature maléfique les emprisonnait.

Eden quant à elle s'était avancée dans le couloir et du haut des escaliers, elle put remarquer le comparse de l'homme masqué, bloqué dans un mur orange qui barrait la route. Il avait le visage rubicon et sembler essayer de se débattre sans aucun succès.

Eden avait tout d'abord pris le parti de faire comme Damian, regardant par la fenêtre si elle pouvait fuir, enfin si ils pouvaient fuir tous les deux. Ils formaient une bonne équipe ensemble. Leurs pouvoirs se complétaient bien.

Puis elle se ravisa et fonça ouvrir à nouveau la porte discrètement.

Elle s'avança prudemment jusqu'à la rambarde afin de voir ce qu'il y avait derrière. Vu qu'elle y restait quelques secondes... Damian s'empressa d'aller la rejoindre. Histoire de voir ce qui se passait.

Fred avait matérialisé un dôme avec une mitrailleuse lourde en son sommet. Le peuple avait peur de la chose, mais pas de l'arme. Sans doute ne la connaissaient ils pas. L'un d'entre eux jeta une chaise qui se retrouva bloquée par le "dôme".

Il fallait que Fred s'en sorte.

Aussi empoignant quelques unes des billes d'acier qu'il avait sur lui, prêt à réagir pour couvrir son ami, Damian siffla pour attirer son attention et le faire venir, ils s'en iraient par la fenêtre. Il couvrirait ses arrières si nécessaire.

C'était tout un spectacle qui se déroulait en bas. Mais le plus déroutant pour Eden fut de constater qu'un type piégé dans une espèce de mur dont la couleur laissait à penser logiquement qu'il s'agissait de l'oeuvre de Fred, était en train d'essayer de se débattre. Pauvre de lui. La californienne eut l'ébauche d'un sourire sardonique en observant l'homme semblable à un insecte piégé dans l'ambre. Le divertissement passé, elle se pencha d'avantage encore, à la limite des premières marches pour tenter de distinguer au-delà du mur ce qui se passait derrière.

Une chaise avait dû voler pour se retrouver piégé sur le bouclier hérissé de piques de Fred. Presque couchée sur le palier supérieur des marches, elle constata que certains hommes, visiblement impressionnés, commençaient à mettre les voiles et pas de la manière la plus solidaire qui soit. Que ce soit sur Terre ou ailleurs dans l'univers, toutes les espèces vivantes se ressemblaient quand il s'agissait de survie.

Prenant une inspiration étonnamment calme, Eden se concentra sur les personnes qui pourraient barrer le passage de Fred pour les rejoindre. L'homme qui aurait la malchance d'essayer d'attaquer leur compagnon et qui se trouverait à sa portée allait immanquablement servir de projectile qu'elle se ferait un plaisir d'envoyer valser sur un ou deux assaillants qui espéraient encore arrêter le démon.

L'homme piégé par Frederik fut soudainement relâché par celui-ci. Une surprise put se lire une seconde sur son visage, avant de subir un coup de poing sorti de nulle part ! N'ayant pas le temps d'esquisser le moindre mouvement de défense, l'ennemi encore rouge chuta dans les quelques marches d'escalier et s'étala au sol, sous le regard de clients.

Faisant fi de la défense qu'offraient Damian et Eden pour les rejoindre, Mindblast chargea la troupe d'hommes en direction de la fenêtre. Evidemment, personne ne comptait laisser passer le garçon sans tenter quelque chose à son encontre. Personne ? Pas réellement. Quelques gros bras se reculèrent, probablement étonnés par l'audace du mutant. Mais d'autres allaient se charger de le réceptionner !

Heureusement, les autres mutants étaient toujours présents, et prêts à l'aider. Damian fit voler deux billes d'acier dans la figure de personnages costauds et Eden fit voler un homme sur un autre, ce qui acheva d'effrayer les derniers encore debout qui laissèrent docilement passer Frederik en poussant quelques cris de peur face aux possessions dont ils étaient les victimes.

Sans attendre, Mindblast passa la fenêtre à son tour et déguerpit dans quelques ruelles pour mettre un peu de distance entre lui et le bâtiment. Après quelques instants, il finit par rejoindre le secteur de l'arène en observant la place principale depuis une rue sombre. Eden et Damian ne tarderaient probablement pas à arriver, si tout se passait correctement de leur côté.

Frederik disparu, les clients du bar commençaient à quitter les lieux en toute hâte, ignorant superbement l'homme assommé au sol, au bas des escaliers. Rapidement, la salle se retrouva vidée. Mais le remue-ménage ne resterait pas transparent très longtemps...

Finalement, Fred choisit la sortie la plus proche. Encore heureux que les gros bras sur son passage restaient à leur portée. Damian avait fait mouche, elle aussi. Leur compagnon pu mettre les voiles comme la plupart des clients, non sans avoir au préalable assommé le type qui montait les escaliers. Suivis, qu'il avait dit. Eden baissa les yeux sur le type inanimé au pied des marches. Il n'avait pas trop le style de la clientèle. L'un de leur poursuivants peut-être? Elle se retourna et jeta un coup d'oeil au fond du couloir. La fenêtre derrière eux donnait sur la ruelle. C'était pas franchement le meilleur point de fuite. Non seulement en bondissant du premier ils se feraient immanquablement voir de toutes les personnes traînant autour de l'arène, mais en prime choisir de fuir par un moyen opposé à à peu près toute la clientèle n'était pas franchement le meilleur moyen de se fondre dans la masse. Elle se reporta finalement vers Damian et haussa les épaules. C'était la débandade en bas de toute manière.

Eden se décida finalement à descendre les marches en quatrième vitesse mais marqua un court temps d'arrêt en bas de ceux-ci, juste pour passer les mains sur les poches de l'homme assommé par Frederik. S'il s'agissait d'une quelconque autorité, il devait bien posséder une preuve de ses accréditation, comme un flic possédait sa plaque. Si oui, il devait l'avoir à portée de main. Elle n'avait pas l'intention de le fouiller intégralement, juste de prendre ce qui pourrait éventuellement leur servir et quitter ce foutu bar par la porte principale menant vers les ruelles.

Eden et Damian avaient tous deux parfaitement couvert Frederik qui avait reussi à s'enfuir par la porte de sortie la plus proche. Une fenêtre qui se trouvait au rez de chaussée.

Il ne leur restait qu'à faire de même avec le dilemne de savoir s'ils devaient partir par une sortie improvisée de l'étage ou bien d'autres plus discrètes.

Il vit Eden qui presque résolue, se mettait à le fixer en haussant des épaules d'un air résigné. Puis elle descendit au rez de chaussée. Damian lui embraya le pas pour ne pas la laisser s'exposer.

Elle fouilla discrètement l'homme que Fred avait étendu.

Damian resta près d'Eden pour la protéger pendant qu'elle était concentrée à ce qu'elle faisait, prêt à réagir au besoin, puis il la suivrait pour partir.

Fred était reconnaissant envers, ses camarades, sans leur aide, il se serait surement fait tabasser à mort par cette foule agressive. Il se sentait un peu honteux de fuir et de les laisser plantés là. Cependant les gens en avaient après lui et pas après eux.

Arrivant par une ruelle sombre, le jeune mutant profita de se temps pour reprendre ses forces, et surtout pour reprendre son souffle. Il se maudissait d’avoir agit aussi précipitamment dans le bar, il avait perdu l’occasion de comprendre qui était l’homme masqué et surtout ce dernier maintenant savait à quoi s’attendre vis-à-vis d’eux, il ne serait surement pas aussi démunis s’il devait de nouveaux les rencontrer. Qu’allait-il faire maintenant cet homme ? Ameuter la garde pour le retrouver ?

C’est donc sur ces réflexions que le jeune mutant arriva en vue de la place de l’arène. Il prit le temps d’attendre de voir ce qui s’y passait, les gamins étaient-ils toujours présent ? L’homme masqué aussi. ? Le jeune homme prit donc le temps d’attendre Eden et Damian, sans oublier Alix il fallait espérer qu’il sorte par la porte principal et la récupèrent, Fred prit donc se temps pour observer ce qu’il se déroulait sur la place.

Faisant rapidement les poches de l'homme assommé, Eden trouva une espèce de carte en carton dont quelques caractères étaient en surimpression. Elle put y lire "SRGMO", tandis qu'à côté était dessiné un point qui rayonnait tel un soleil. L'objet semblait provenir d'une presse à papier semblable à celles terriennes.

En l'inclinant légèrement, la jeune femme remarqua que le symbole avait quelques traits transparents qui ne luisaient que grâce à la lumière. Ainsi positionnée, deux traits apparaissaient autour du point et formaient les paupières autour de ce qui était finalement une iris et probablement les cils rayonnants.

Forte de ce constat, elle sortit avec Damian par la porte principale mais immédiatement, six soldats les menacèrent avec des armes, stoppés dans une avancée rapide vers le bar.

" Halte ! " hurla celui-ci qui devait être le chef.

Un habitant qui était avec eux intervint heureusement :

" Non, ce n'est pas lui ! Le démon n'était pas comme lui ! Il est passé par l'autre côté je vous dis ! "

Lentement, les hommes baissèrent leurs armes, et se séparèrent en trois groupes. Deux contournèrent le bâtiment, et le dernier rentra par la porte, ignorant superbement les deux mutants qui eurent tout le loisir de rejoindre la place centrale, face à l'arène.

Frederik avait put observer celle-ci, à la recherche de dangers potentiels. Les enfants étaient toujours présents, mais il ne vit aucune trace de l'homme qui semblait les traquer.

La seule chose notable était le groupe de soldats qui s'était approché de l'entrée et qui avait tenu en joue ses deux amis, bientôt libérés. Quant à Alix, elle fut rejointe par Eden et Damian qui ne se cachaient pas, sur la place centrale. La queue se faisait maintenant presque vide pour pénétrer dans l'arène.

Le jeune blondinet regardait la place devant lui, il devait rejoindre ses camarades cependant, les gardes était prévenu et avait son signalement. S’il voulait rejoindre Damian, Eden et Alix, il devait se grimer. Car autrement il risquait d’attirer encore des ennuis à ses amis.

C’est donc dans son coin que Fred retira le long manteau a capuche qu’il avait. Il se chargea ensuite de prendre de la terre à même le sol pour paraitre sale et même un peu repoussant et pour finir, le jeune blondinet lâcha un profond soupir. Il allait faire quelque chose, mais avait un peu peur du résultat par la suite. Enfin cela ne serait que temporaire.

Il matérialisa donc en se concentrant une tondeuse électrique, alimenté par sa propre énergie et tacha avec cette dernière de se raser complètement le crane. Le signalement était un jeune blondinet pas un jeune homme le crane chauve.

Une fois cela fait, Frédérique alla rejoindre ses camarades le plus calmement possible, leur signifiant qu’il devait faire comme s’il ne se connaissait pas, et passant pour un mendiant en leur demandant tout en tendant la main de quoi lui payer son entré.
Il resterait ensuite derrière eux dans l’arène si tout se passait comme prévus….

Bingo! Il fallait croire que sur cette planète aussi, l'autorité avait besoin de se faire identifié avec un accessoire. Malgré l'aspect un peu rudimentaire de la "plaque", il fallait reconnaître que le motif réagissant selon l'angle de lumière devait empêcher un minimum les falsifications. Mais quand même... Ce système lui semblait basique. Les lettres devaient certainement se reporter au nom de leur groupe, un peu comme le LAPD. En revanche, elle ne remarquait rien qui puisse s'apparenter à un matricule ou à un grade. A moins que ce ne soit sous-entendu dans le motif, avec le nombre de rayons, par exemple. En attendant, ils avaient peut-être un accessoire utile.

Elle s'empressa de cacher la plaque dans une poche et se dirigea avec Damian vers la sortie. Une fois dehors, elle manqua de peu la crise cardiaque face au cri d'un des six soldats qui leur braquaient une arme dessus. Levant les mains d'instinct, elle tourna un regard légèrement inquiet vers son camarade. Fallait-il continuer à se battre jusqu'à arriver à l'arène? Heureusement l'intervention d'un habitant lui empêcha toute autre réflexion. Les soldats s'éparpillèrent sans même un "désolé" pour avoir manqué de leur tirer dessus, ni même un volontaire pour les mettre en lieu sûr. Une aubaine pour eux!

Eden traça droit en direction d'Alix. Elle remarqua des groupes d'enfants ici ou là, signe que soit il y avait beaucoup de parents indignes dans les parages, soit le réseau de voleurs à la tir était plus étendu qu'elle ne le croyait. De toute manière ils avaient été suivit et repérés par le type au masque. Fred avait fournit une diversion qui allait occuper une partie des effectifs de sécurité moment, ce n'était pas perdu. Il n'y avait plus de temps à perdre. La californienne choisit de rejoindre la queue pour enfin leur permettre d'entrer. Ce qui ne l'empêcha pas de jeter de fréquents coups d'oeil vers la place pour surveiller les déplacement des soldats et les regards des enfants, en attendant que Fred les rejoigne d'une manière ou d'une autre, prête à s'adapter à ce qu'il aura trouvé. Même si elle ne s'attendait certainement à à le voir grimé en clochard chauve.

Eden contempla un moment la plaque entre ses mains, celle ci ressemblait à celle que pouvait avoir les flics et les officiels chez eux. Ici aussi c'était surement le cas. Peut être qu'ils pourraient en avoir une quelconque utilité.

ils prirent ensuite la direction de la sortie.

Dehors, six soldats leur braquaient une arme dessus. Il leva aussi les mains d'instinct, tout comme Eden, bien qu'il songea à ce qu'il allait pouvoir faire pour s'en sortir. Envisageant de multiples possibilités. Eden tourna un regard légèrement inquiet vers son camarade. Damian regarda lui aussi dans sa direction...

Aubaine pour tous les deux quelqu'un leur désigna un autre coupable. ils étaient sauvés.

Damian suivit Eden, la bourse en main, guettan l'arrivée de leur compagnon.

Le groupe réunit, et Frederik ayant perdu quelques centimètres de cheveux, chacun put se diriger vers l'entrée de l'arène sans qu'aucun soldat ne leur tombe dessus. Jetant un coup d'oeil au compteur indiquant le prix, ils remarquèrent qu'à présent, la place était à 26 Ords l'une. Rien que ça !

La queue s'était en effet bien vidée depuis que les mutants s'étaient rendus dans la taverne. Seuls trois d'entre eux pourraient entrer. Néanmoins, il fut décidé que Damian jouerait de la carte SRGMO pour entrer. Tenter ne coutait rien. Si le guichetier observa le pass à la lueur de la lumière, en l'inclinant, il porta un regard suspicieux au garçon avant de la lui rendre, presque indifférent.

" C'est bon. " se contenta-t-il de répondre, alors que les autres mutants durent payer leur place.

Arrivant dans les gradins, les mutants jugèrent immédiatement que l'arène était bondée. Toutes sortes de personnages se côtoyaient par secteur, des plus riches au plus pauvres. Les cris qu'ils entendaient depuis l'extérieur n'étaient rien en comparaison de ceux entendus une fois à l'intérieur !

Les jeux semblaient avoir déjà démarré, et une dizaines d'hommes s'affrontaient en bas, sur le sable. Tous équipés de lames variées, deux équipes se distinguaient par des habits bleus pour l'une, et rouges pour l'autre.

Quelques guerriers étaient au sol, blessés, mais étrangement, aucun n'était inerte. Certains rampaient jusqu'à un bord de l'arène pour ne pas se faire marcher dessus, ou subir un coup perdu.

La disposition des grandes marches en guise de sièges formaient plusieurs cercles concentriques laissant quatre rangées de hauteur. Découpant le cercles, plusieurs séries d'escaliers aux marches classiques et humainement utilisables reliaient le bas des gradins surélevés de quelques mètres au sommet du bâtiment pour les plus hautes positions.

Principal élément remarquable de la structure : une sorte de cabine surélevée coupait le cercle parfait de l'arène. Les places assises n'y étaient d'ailleurs pas collées, et deux grands passages se trouvaient sur les côtés de la colonne "VIP", permettant de faire pénétrer les combattants, ou probablement d'autres créatures plus imposantes. Deux silhouettes y étaient perceptibles, assises, tandis que d'autres étaient debout sur leurs flancs, dans une large fenêtre leur permettant d'observer les jeux.

A plusieurs positions, au bas de l'arène mais toujours dans la partie spectateurs, des portes menaient à l'intérieur de l'arène, dans les couloirs comme ceux qu'avaient traversé à l'instant le groupe. Mais les lieux étaient surveillés et un passage en force ne passerait pas inaperçu.

Des soldats faisaient leur ronde un peu partout dans les gradins et ne semblaient pas du tout intéressés par les nouveaux arrivants qui auraient toutes les difficultés du monde à se trouver une place assise pour observer le spectacle.

Jetant un rapide coup d'oeil au radar, Damian confirma ce que pensaient déjà les mutants : la loge surélevée était leur destination.

Le moins qu'elle pouvait dire, c'était que Fred avait du cran. Le pauvre faisait vraiment clochard comme ça mais au moins, ils ne risquaient pas d'attirer tout de suite l'attention des soldats. Rien ne vint entraver leur attente jusqu'au moment de passer en casse, ce qui n'empêchait pas Eden de continuer à jeter de temps à autres quelques regards alentours. Heureusement qu'ils avaient la carte et assez d'argent pour trois! Les places payées, elle fut plus que soulagée d'avoir enfin un pied dans l'arène.

Et quelle arène! La bataille qui se déroulait sous leurs yeux paraissait relativement barbares, mais au moins aucun cadavre ne paraissait joncher le sable. En fait, tout bien réfléchit, c'était assez similaire avec du football américain. Sauf que les coups à proprement parlé ne relevaient pas de la triche. Eden détailla plus avant la configuration. En gros, ça correspondait vraiment aux arènes de l'antiquité, avec sa loge VIP pour son altesse sérénissime du coin. La confirmation de Damian concernant leur cible du moment n'était pas pour leur faciliter la tâche. Et pourquoi ce serait pas un roturier qui aurait leur batterie, hein?

Inutile de songer à foncer dans le tas. Même si ça pourrait éventuellement porter ses fruits, ils auraient tous les hommes armés de la ville sur le dos, ce qui ne leur rendrait pas service s'il fallait ensuite retrouver leurs camarades. Les passages bordant la partie VIP ne leur laissait qu'une marge de manoeuvre restreinte. A plus forte raison avec le comité d'accueil qui s'y trouvait et veillait inévitablement à la tranquillité de ce maître de l'ordre.

Longeant le bord de l'arène. Eden prit les devants pour se rapprocher de la loge VIP et tâcher d'en avoir une meilleure vue. Déjà il fallait s'assurer des points d'accès et approcher un peu la garde locale histoire de voir si le maître de l'ordre était accessible d'une manière plus fine et élégante qu'en causant du grabuge.

Eden put confirmer ce qui se voyait de loin : la loge était une sorte de tour à laquelle il n'était pas possible d'accéder par les gradins d'aucune façon, à moins de tenter un bond assez prodigieux de quelques mètres d'une marche vers une fenêtre de la pièce, au dessus d'un des couloirs latéraux de la loge permettant aux combattants d'entrer.

Visiblement, l'entrée du lieu se faisait par l'intérieur même de la salle. Parcourant des yeux la prolongation de la salle dans le contour de l'arène, Eden estima qu'elle pourrait également essayer de grimper sur le "toit" de l'arène pour ensuite atteindre celui de la loge, et tenter de passer par la fenêtre principale. Mais la discrétion serait pour le coup relativement faible...

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