01.01/24.C.Les funérailles d'Alicia Arkin

A la réflexion de Gregory, Mai arqua un sourcil.

"Dis donc, c'est que c'est un clown ton copain..." dit-elle à Steve en le gratifiant d'un regard en biais.

Le timide rouquin bafouilla une phrase inintelligible pour se dépêtrer de sa gêne : le malheureux marchait entre Mai et Gregory, et se retrouvait pris entre deux feux. Heureusement, le cadre offert par Gregory détourna son attention.
Le jeune homme se saisit de la photo avec des mains avides, ouvrit la bouche pour parler, puis se ravisa, et se contenta de hocher la tête avec gratitude. Il rangea soigneusement la photo de couple dans son sac à dos, pendant que Mai répondait aux questions de Gregory :

"Oh, c'est plutôt simple à vrai dire. Pestilence a fait son temps. C'est un mutant d'avant, je veux dire, il est plus vieux que nous, il tient ses pouvoirs d'avant le Jour-M. Il traite les nouveaux mutants comme des chiens, alors que merde, quoi, on est tous des Morlocks, anciens ou nouveaux mutants ! Il règne d'une main de fer dans les bas-fonds de Londres, et pas mal d'entre nous en ont assez. On est censés se serrer les coudes, mais lui il n'hésite pas à nuire à nos frères mutants quand il les juge indignes. Steve est bien placé pour le savoir." expliqua Mai tout en guidant le groupe dans les rues affairées de la capitale.

Steve acquiesça tristement.

"Alors voilà, la loi des Morlocks exige que pour devenir chef de clan, il faut battre le chef actuel en duel. C'est là que ça se corse : Pestilence est pas n'importe quel mutant qui pète des paillettes ou pisse de la bière..." expliqua Mai avec beaucoup de franc parler.

"Tu vois quand on dit "poussière redeviendra poussière" ? Ben pour Pestilence, c'est plus qu'un dicton. Je l'ai vu putréfier des mutants d'un battement de cil. Alors quand Steve m'a dit qu'il avait les boules contre lui, et que toi aussi, je me suis dit qu'en vous aidant, je m'aiderais moi-même. Donc je vous file un coup de main, mais il faudra me renvoyer l'ascenseur, si tu vois ce que je veux dire..." fit-elle, avant de bifurquer dans une ruelle.

"Pour ma part, tu peux lui faire ce que tu veux tant que je gagne le duel contre lui. Seulement y a un autre hic, niveau vengeance, vous êtes pas les seuls sur le coup." fit-elle en haussant les épaules.

Ils étaient éloignés du centre-ville. La ruelle qu'ils arpentaient étaient crasseuse, jonchée de journaux et de cannettes de bière, et empestait l'urine. Mai s'approcha de la dernière benne à ordures, et aidée de Steve, la déplaça sur le côté, révélant une vieille plaque d'égouts.

"Elle mène à l'ancien réseau de la ville. Ces portions sont relativement tranquilles, suffisamment pour pouvoir y établir un campement secret..." expliqua Steve. "Sinon, physiquement... Disons que Pestilence porte bien son nom. Il ressemble un peu à une momie. Tu ne pourras pas te tromper."

"Alors on est d'accord, la couronne est pour moi !" confirma Mai avec un sourire satisfait. "Mais je te conseille de faire preuve d'un peu plus de respect pour nos frères mutants, sans quoi tu risques de finir la tête dans la vase avant d'atteindre Pestilence." recommanda-t-elle en agitant l'index.

Steve la saisit par le bras pour la presser vers la bouche d'égouts.

"Allons-y pendant que la voie est libre." leur dit-il, visiblement soucieux de désamorcer une conversation houleuse.

Mai et Steve délogèrent la plaque d'égout. Une odeur désagréable de crasse et de poussière mêlée d'un vague refoulement d'égout les assaillit à la gorge. La jeune femme descendit les échelons, suivie de Steve.

Une fois en bas, Gregory put contempler une galerie assez large en vieilles briques suintantes d'humidité. De l'eau croupie, pas beaucoup toutefois, stagnait dans une rigole centrale. A intervalles réguliers dans le plafond, d'autres plaques d'égout diffusaient de maigres rayons de soleil éclairant le tunnel.


L'odeur ambiante perturbait l'odorat affuté de l'homme-félin. Mai reprit la parole en réponse à Gregory :

"Disons que j'attendais le moment propice pour passer à l'action. Durant ses années de tyrannie, Pestilence a eu le temps de se faire des ennemis... beaucoup d'ennemis. Des mutants, principalement, même s'il lui est déjà arrivé de chercher des poux à des humains, pour une raison qui échappe à la plupart d'entre nous : les Morlocks vivent en retrait par rapport aux humains, mais ils ne cherchent pas spécialement à leur nuire pour autant. La devise, c'est "chacun chez soi et les vaches seront bien gardées". Il a eu l'occasion de se mettre à dos d'autres clans Morlocks, d'autres villes, mais je ne suis jamais parvenue à un accord avec eux : ils veulent tous accéder au trône de Londres." expliqua Mai tout en guidant les deux garçons dans le conduit partant sur la gauche. "Et je les comprends ! Sauf que je suis pas partageuse, moi."

Elle s'arrêtait de temps en temps aux intersections pour s'orienter. Le long du chemin, Steve sema de petites billes chinoises en verre.

"Je préfère être sûr qu'on ressortira facilement en cas de besoin." expliqua-t-il à Gregory.

"Comme je te disais, je pense que les conditions sont réunies pour passer à l'action. Entre vous deux, et excuse-moi Steve, mais t'es quand même une putain de menace ambulante, et cet autre mutant qui a débarqué hier, je pense qu'on peut faire basculer la donne. Mes partisans sortiront de l'ombre quand la situation basculera en notre faveur. S'ils voient qu'on chie dans la colle, ils se mouilleront pas."

Ils empruntèrent une galerie plus étroite sur la droite. Leur chemin semblait rétrécir en entonnoir, et les tunnels se faisaient de plus en plus secs et vétustes.

"Voilà, je pense que tu sais à peu près tout. Enfin, à part pour l'autre type, mais j'en sais pas plus que vous sur lui. Il est venu me trouver hier, et tout ce qu'il m'a dit, c'est qu'il a un vieux compte à régler avec P." précisa Mai en baissant la voix.

Gregory comprit pourquoi : une silhouette était visible au bout de la galerie, adossée contre le mur. Il s'agissait d'un homme. Le trio s'approcha de lui, Mai la première. L'homme esquissa un mouvement vers la poche intérieure de sa veste et Mai leva immédiatement les deux mains devant elle, prête à se défendre si le type sortait une arme quelconque.
Il resta silencieux, mais le craquement d'une allumette retentit alors dans le silence de la galerie, et une petite flamme vint éclairer brièvement son visage aquilin tandis qu'il s'allumait une cigarette. L'homme devait avoir la petite trentaine. Mine patibulaire, nez acéré, yeux clairs, cheveux bruns mi-long et légèrement ondulés. A son oreille gauche brilla un anneau. Il portait une veste en cuir par-dessus un débardeur noir, un vieux jean et des bottes de moto.

"Euh... Mai... Tu es sûre que..." commença Steve non sans incertitude devant l'énergumène.

Mai, qui s'était relaxée en voyant la cigarette, leva simplement une main pour réduire Steve au silence. Le jeune homme ne se fit pas prier mais se plaça légèrement en retrait, derrière la silhouette de Gregory.

"Chimère." salua simplement la jeune femme.

Ces tunnels, cette puanteur. Ca rappelait des souvenirs à Walentyn. De mauvais souvenirs. Celui du meurtre d'Otto. Celui de sa vendetta avortée. Celui de la course-poursuite dans les égouts de la ville, dont il n'avait réchappé que de justesse, inexpérimenté qu'il était à l'époque face à des mutants.

Mais aujourd'hui, tout était différent. De l'eau avait coulé sous les ponts (même si pas suffisamment pour nettoyer cette portion des égouts). Walentyn avait roulé sa bosse, affronté des mutants autrement plus redoutables que ce rat d'égouts de Pestilence en la personne des Pères Fondateurs et il évoluait désormais dans un environnement principalement mutant. Il se sentait plus fort qu'autrefois, à armes presque égales avec Pestilence. Sa vengeance avait refroidi, elle avait muri en arrière-plan de son cerveau, jamais totalement absente. On disait bien que la vengeance était un plat qui se mangeait froid, non ?

Cependant, le Polonais savait que cette affaire personnelle n'était pas la raison de sa présence ici. La vie avait repris son cours au Old School, avec son lot de gamins à aller chercher aux quatre coins du monde. De par son passé, il avait été désigné d'office pour s'occuper du gosse Arkin, et pour une fois, Walentyn n'avait pas protesté : c'était une occasion en or de joindre l'utile à "l'agréable". Car planter son couteau papillon dans le ventre de Pestilence serait forcément agréable. De plus, ses collègues ignorant tout de son passé hormis le fait qu'il ne fallait pas lui chier dans les bottes, il aurait semblé étrange qu'il refuse de se rendre à Londres.

Comme promis, la petite Asiat' s'était pointée au rendez-vous. Son look n'était pas sans lui rappeler Emily, d'ailleurs, en nettement moins classe.

"Rift." salua-t-il simplement après avoir tiré une longue taffe de sa cigarette. "Ils sont en pleine présentation de nouveaux venus, c'est le moment idéal pour frapper, leurs sentinelles télépathiques ont l'esprit tourné vers les nouvelles recrues." indiqua-t-il tranquillement, tout en observant de son oeil perçant le jeune mutant qu'il était venu chercher.

Ca faisait un petit quart d'heure qu'il patientait dans le noir, et il avait eu l'occasion de se renseigner un peu sur les allées et venues.

[Hrp : lorsque tu utilises ton pouvoir ou tente une action nécessitant un arbitrage, formule-le plutôt comme une tentative avec les effets escomptés. Le MJ indiquera le résultat dans le post suivant ]

Mai hocha la tête aux propos du dénommé Chimère.

"Parfait, on aura l'effet de surprise de notre côté." confirma-t-elle avec enthousiasme.

"Des surnoms ? Tu plaisantes, Rift c'est mon vrai nom ! Le nom que j'ai choisi en naissant à ma vie de mutante, pas celui que des humains ont gribouillé sur une fiche d'état civil ! Mais c'est sûr que quand on est né avec une cuillère en argent dans la bouche, on a plus de mal à abandonner les titres à particules..." rétorqua Mai avec humeur.

Elle s'était momentanément détournée de l'homme et faisait face à Gregory, apparemment indifférente à sa soudaine transformation.

"Euh... oui si on parlait plutôt du plan, Ma... enfin Rift ?" suggéra craintivement Steve.

Mai dévisagea Gregory encore quelques secondes, puis tourna la tête vers Steve.

"Puisqu'ils présentent de nouveaux membres au clan, on va faire passer Chimère et ton pote qui n'assume pas pour des nouveaux." expliqua-t-elle, avant de retourner la tête vers Gregory. "J'espère que ce sera pas trop dur pour toi de faire semblant d'être un mutant." insinua-t-elle avec provocation.

"Au moment où on vous présentera au clan, on passe à l'attaque. Steve, je compte sur toi pour refiler la coulante ou la gerbe à ceux qui tenteront de nous arrêter. Chimère et Gregory, faudra distraire Pestilence pendant que je lui tombe sur la couenne."

Amusé, Walentyn se contenta d'observer les deux mutants se bouffer le nez en fumant sa cigarette. Ne manquait plus qu'un paquet de popcorn. Il avait observé avec intérêt la transformation de Gregory. Voilà qui était rassurant, il n'était pas venu chercher un mutant totalement manchot. Il semblait posséder quelques bases qu'ils pourraient développer par la suite s'il acceptait de rejoindre les X-men. De plus, il serait peut-être à même de coacher la petite Jameson.

"Je peux même faire bien plus que de le distraire..." répondit Walentyn une fois le plan exposé, la voix d'un calme inquiétant.

Le mutant envoya son mégot valser au loin d'un pichenette et se décolla du mur.

"Bon, on a pas toute la nuit, vous règlerez vos histoires au pieu, ça ira plus vite." leur lança-t-il avec désinvolture.

[ HRP : Désolé pour la méprise ! Je ferai attention à l’avenir ]

Mai retroussa le nez devant l'haleine fétide, mais soutint la défiance de Gregory jusqu'à ce qu'un soupir excédé de l'inconnu ne lui rappelle que le temps leur était compté. Elle émit un bruit de succion méprisant et fusilla Gregory du regard, un regard qui laissait sous-entendre qu'ils étaient loin d'en avoir fini.

Elle prit la tête, flanquée de Steve. L'inconnu marchait nonchalamment deux pas en arrière, à la hauteur de Gregory. Au loin, des éclats de voix commençaient à leur parvenir.

De vrais petits coqs... Toutefois la combattivité de Gregory était favorablement perçue par le Polonais, qui n'appréciait guère les chiffes molles. D'ailleurs, il commençait à se demander si le freluquet qui accompagnait Gregory n'avait pas oublié ses valseuses chez maman.

Walentyn ferma donc la marche avec Gregory, l'occasion idéal pour lui glisser deux mots avant d'entrer dans le repaire des Morlocks.

Sans autre forme d'introduction, il envoya un message télépathique au jeune homme.

*Félicitations, tu viens de te mettre à dos une bonne partie des Morlocks qui se terrent ici.* l'informa-t-il. *Méfie-toi de la gonzesse.* ajouta-t-il, avant d'enfin se présenter.

*Je m'appelle Walentyn, je suis venu ici pour te rencontrer et te faire une proposition. Entre autres. Je fais partie d'un groupe qui lutte justement contre l'intégrisme mutant, qui au final nous fait plus de tort qu'autre chose. Si on ressort d'ici vivants, on pourra en discuter si tu veux.*

Il regardait droit devant lui, comme si de rien n'était.

Le quatuor pénétra soudain dans une galerie plus large, de forme circulaire et voutée. Des spots et autres éclairages d'appoint sur trépieds étaient disposés çà et là, éclairant ce qui ressemblait fort à un campement "relativement" confortable compte tenu de la précarité de l'existence des Morlocks. La cavité était pourvue de tentes et tentures, de hamacs et autres couchettes. Ici ou là, des réchauds étaient en accès libre. Des noeuds de câblage qui descendaient d'un trou pratiqué dans le plafond fournissaient de l'électricité, probablement volée au nez et à la barbe de la municipalité, à différents appareils plus ou moins vétustes ou de récupération : des télévisions, du petit électro-ménager, et même quelques ordinateurs portables.

La grande cavité était vide, de même que les deux grottes situées au bout d'un tunnel à droite et à gauche, et qui présentaient le même type d'installations.



Un tunnel partait de la cavité principale, au fond, et les voix que les "rebelles" pouvaient entendre provenaient de cette direction. Mai poursuivit son chemin vers cette galerie et ils débouchèrent sur ce qui avait tous les airs d'une salle du trône, dans laquelle tous les Morlocks semblaient réunis. Ils devaient être une trentaine maximum, et témoignaient pour la plupart des mutations physiques impressionnantes, si ce n'était hideuses. Quelques individus, néanmoins, avaient une apparence ordinaire, mais ils étaient largement minoritaires.

La salle du trône était une grotte identique à la précédente, quoique légèrement plus petite. Des tentures arborant les armoiries de la famille royale d'Angleterre pendaient au mur, élimées, parfois déchirées, mais tout de même reconnaissables pour un anglais.


Un long tapis reliait l'entrée au trône, qui ressemblait fortement à une chaise de contention sortie tout droit d'un asile psychiatrique, et que l'on avait agrémentée d'un coussin pourpre à liserés dorés. Les lourdes entraves en cuir pendouillaient d'ailleurs encore aux accoudoirs. Sur le trône siégeait un individus dont il était difficile de déterminer s'il était vivant ou mort. Vêtu d'une sorte de toge en tissus éculés et qui recouvrait jusqu'à sa tête émaciée, le mutant à la peau parcheminée et au nez décomposé pointait un doigt crochu vers trois jeunes mutants, des adolescents, qui étaient agenouillés sur le tapis au centre de la pièce, au milieu de la foule de Morlocks qui formait un cercle autour d'eux. A première vue, il n'y avait pas d'autre issue que l'entrée qu'ils venaient d'emprunter.


Mai et Steve pénétrèrent discrètement dans la salle du trône, se mêlant à l'assistance sans se faire remarquer. Mai échangea ensuite quelques mots à voix basse avec un Morlock particulièrement imposant.

"Toi, insignifiant petit être, dis-moi en quoi tu peux te montrer utile envers les Morlocks et envers leur chef incontesté." croassa Pestilence, la voix rauque et sifflante.

"J-Je c-contrôle les ondes électromagnétiques..." bafouilla l'un des novices à genoux.

"Hmm..." pesa Pestilence. "Voilà qui est intéressant..."


[Hrp : compte tenu qu'il y a désormais deux PJ actifs dans ce sujet, vos actions obéissent aux règles indiquées dans ce <sujet>. N'hésite pas à poser des question <ici> si quelque chose n'est pas clair.]

Walentyn esquissa un sourire en coin. C'est qu'il était futé, le môme. En tout cas, il avait du flair, mais compte tenu de son pouvoir, c'était peut-être normal.

*Disons que la tête de Pestilence est un petit extra...* répondit-il sombrement.

Pour le télépathe, le sens propre aurait suffi : lobotomiser Pestilence serait sûrement aussi savoureux que de l'abattre, néanmoins ça le priverait de lire la souffrance dans le regard de son adversaire. Une fin trop facile, donc, mais dont l'ex-mafieux se satisferait à défaut de mieux.

De par son caractère et sa situation, il se revoyait un peu en Gregory, quelques années plus tôt. Il s'était lui aussi lancé tête baissé dans une vendetta, avant de s'apercevoir qu'il se jetait à pieds joints dans une affaire qui le dépassait de loin. Le Polonais n'était pas du genre à verser dans le sentimentalisme, toutefois pour avoir vécu la même chose que le jeune homme, il ressentait d'autant plus le besoin de le prendre sous son aile.

*Je pourrais lui soutirer des infos sur ta frangine, mais si c'est toi qui le cuisines, je pourrais facilement lui faire la peau en loucedé.*

[HRP : Serait-il possible de m'envoyer le titre de la musique ? Elle est absolument géniale ! Désolé pour l'intrusion abusive, mais je ne savais pas où demander]

Mai gratifia Gregory d'un regard en biais, puis reporta son attention sur la cérémonie. Pestilence avait congédié d'un geste de la main le jeune mutant qui avait parlé le premier, puis s'était tourné vers les deux autres, qui énumèrent à leur tour leur pouvoir : un garçon dont le corps n'était qu'une masse dégoulinante de boue et une jeune fille au crâne chauve et translucide, qui étaient semble-t-il d'émettre de la lumière.

Les trois furent acceptés sans épreuve particulière, et Gregory put remarquer que Steve sembla ruminer sombrement quand Pestilence donna son verdict. Mai sortit alors du rang.

"Ah... Rift... Que me vaut cette énième irruption ?" grinça la momie méphitique.

"J'ai moi aussi de nouvelles recrues à te soumettre." expliqua la jeune femme en tendant le bras dans la direction de Gregory et Walentyn.

Tous les regards, parfois plusieurs regards par mutants lorsqu'ils possédaient plus d'une paire d'yeux, se tournèrent vers les deux mutants. Un murmure parcourut l'assemblée.

Une grosse patte velue poussa Gregory en avant.

"Hum... voilà un mutant entre deux eaux..." commenta Pestilence en se penchant en avant pour observer Gregory de son oeil torve, ses doigts noueux agrippés à ses accoudoirs.

Un entente tacite s'était télépathique instaurée entre deux les mutants vengeurs. C'était plutôt une surprise pour Walentyn ; jusqu'ici, les gamins qu'il était allé chercher s'étaient au mieux montrés méfiants envers lui, et étant lucide, le Polonais comprenait pourquoi. Néanmoins, la vengeance pouvait avoir raison de la prudence aussi bien que de réticences sociales, ce qui expliquait l'association étrange d'une téléporteuse arriviste, d'une poule mouillée rousse, d'un héritier de grande fortune et d'un escroc repenti.

Une promesse. Walentyn ne se souvenait même plus à quand remontait la dernière qu'il avait faite. Dans son milieu, on évitait le plus souvent d'avoir à en faire, mais celle-ci ne lui coûterait pas bien cher.

*OK, t'as ma parole.* répondit le mutant, avant de s'avancer sur le tapis.


Il se concentra sur les mutants présents pour tenter d'identifier ceux qui pourraient avoir pour mission de protéger Pestilence.

Chimère repéra deux mutants, les plus proches du trône, l'un à gauche, et l'autre à droite. Ils n'étaient pas immédiatement près du souverain des Morlocks et se mêlaient à la foule, mais ils se tenaient suffisamment près de lui pour pouvoir intervenir.

Il y avait une créature mesurant bien 2 mètres de haut, noire et recouverte d'une sorte de carapace osseuse. Sa bouche était une gueule s'ouvrant à la fois verticalement et horizontalement. Des rastas étaient visibles sur son crâne, qui n'avait plus rien d'humain. De longues griffes paraient ses mains et la lourdeur de ses mouvements laissait supposer que sa masse corporelle se déplaçait assez peu rapidement.

Le second avait une stature ordinaire, mais sa peau était recouverte d'écailles verdâtres peu ragoutantes. Il avait en outre les oreilles pointues et de petites cornes sur le dessus du crâne.

Walentyn communiquerait télépathiquement ses éventuelles trouvailles à Gregory.

Pestilence se caressa pensivement le menton tout en observant Gregory discourir, puis laissa échapper un rire sec, soupir d'un caveau qu'on ouvre.

"Mai, dis-tu ? Ce serait bien la première fois qu'elle se rendrait utile" ironisa le monarque avec un regard perfide vers l'intéressée.

"Tu m'intrigues, Créature, et pourtant quelque chose en toi m'est familier... C'est difficile à cerner avec ces taches et ce faciès déformé..." reprit la momie avec un geste vague de la main.

Il semblait toutefois dans de bonnes dispositions envers Gregory, du moins esquissait-il un sourire sans lèvres, l'air amusé. Il n'avait pas encore porté son attention sur Walentyn.

Bon, le show était en marche. Il fallait que chacun d'entre eux joue parfaitement son rôle, comme les différents instruments d'un orchestre. Sauf que Gregory et lui venaient de convenir d'une partition secrète. Une fois qu'ils auraient déclenché leur plan, leurs alliés de circonstances se retourneraient probablement contre eux, d'où la nécessité pour eux de frapper uniquement lorsqu'ils seraient sûrs de toucher.

Profitant de ce que l'attention était monopolisée par Gregory, Walentyn tenta de projeter une illusion sur l'assemblée : lui à genoux près de "Créature", bien docilement. Ca lui aurait fait mal de courber réellement l'échine devant cette raclure de Pestilence. Une fois son illusion en place pour tout le monde sauf Gregory (qui devait être en mesure d'observer ses déplacements pour synchroniser ses actions), Walentyn quitta sa position et entreprit de se diriger vers le trône, en veillant à "supprimer" le bruit de ses pas.

Gregory put donc voir une copie de Walentyn dans sa vision périphérique, à genoux près de lui, tandis qu'un autre Walentyn se dirigeait vers le trône par le côté droit, que couvrait le garde du corps à rastas.

Arkin serra les poings et attendit la suite des évènements.

Sur son côté gauche, Gregory pouvait percevoir quelques mouvements diffus dans l'assemblée de Morlocks, sans bien pouvoir voir, de par sa position soumise, ce qui se passait sur le côté.

Le garde du corps encorné s'approcha du trône et glissa quelques mots à l'oreille du monarque, qui posa son coude sur son accoudoir pour se tenir la tête, légèrement penchée sur le côté. Ses yeux se réduisirent à deux fentes noires.

"Hmm... Oui, c'est bien cela..." reprit Pestilence. "Tu me rappelles furieusement les rejetons d'Arkin." dit-il, avant de congédier son garde du corps d'un geste négligent, comme on chasse une mouche.

"Voilà une bien étrange coïncidence, compte tenu du fait qu'Arkin vient de perdre, si j'en crois mes sources, l'une de ses héritières." poursuivit la momie sur un ton badin, tout en entrelaçant ses doigts, les coudes posés sur les accoudoirs.

Il tourna son visage vers l'ersatz de Walentyn, un rictus fendant ses lèvres gercées.

"Et tu choisis mal tes amis, qui plus est."

Il poussa un soupir sifflant et théâtral.

"Ah, ces histoires de ce famille..."

Il tendit faiblement la main en direction du Walentyn à genoux, mais rien de particulier ne se produisit, si ce n'était que le tapis à cet emplacement se mit à grésiller doucement et se désintégrer. Pestilence arqua un sourcil et se redressa sur son trône.

"Mais qu'est-ce que... ?"

Une rumeur traversa l'assemblée de Morlocks, tandis qu'une bulle translucide se matérialisait silencieusement derrière le trône.

[Hrp : l'ordre des tours est libres, vous pouvez poster dans l'ordre qui vous semble le plus pertinent en fonction de la situation.]

Comme dans un rêve, Walentyn s'était placé à portée de Pestilence. Il avait attendu des années ce moment, et il avait quelque peu de mal à croire qu'il le tenait maintenant comme un rat, et d'autant plus de mal à croire que son intégration des X-men l'avait conduit jusqu'ici.

Le mafieux sortit son Balisong de sa poche et l'ouvrit d'une passe certes élégante, mais qui était plus le fait de l'habitude que de la réelle volonté d'impressionner, puisque quasiment personne, en particulier le principal intéressé, ne pouvait le voir. C'est alors que Pestilence esquissa son geste en direction de sa copie, qu'il avait laissée en arrière.

Aïe, Walentyn n'avait pas prévu que le chef des Morlock réalise aussi rapidement à qui il avait affaire. Se pouvait-il que Mai les ait vendus pour profiter de la pagaille ? C'était une possibilité, étayée par l'apparition synchrone d'une bulle de téléportation dans le dos du monarque.

*Petite futée...*

Walentyn n'avait aucune confiance en Mai. L'ambition était incompatible avec la loyauté, aux yeux du mafieux. Il ne s'était de toute façon manifesté à la téléporteuse que pour rencontrer Gregory, la petite arriviste ne lui était plus d'aucune utilité, désormais.

Avec autant de Morlocks réunis, il fallait frapper maintenant et prendre la tangente.

Walentyn leva le bras et asséna un coup de couteau à Pestilence en visant l'estomac. Il aurait pu viser une zone plus radicale, mais l'estomac avait l'avantage d'offrir une mort particulièrement douloureuse et lente.

Le couteau de Walentyn s'enfonça dans le ventre malingre de Pestilence comme dans du beurre. Le mutant se plia en deux sur son trône, la voix étranglée dans sa gorge, tout en posant ses deux mains sur sa blessure.

Des cris de panique et d'horreur fusèrent dans l'assemblée de Morlocks, qui ne voyait que leur roi se vider de son sang sans raison particulière.
Le garde du corps à rastas voulut se porter au secours de Pestilence, mais fut intercepté par le bond de Gregory, qui couvrit le dos de Walentyn. Ses coups de griffes crissèrent sur la carapace osseuse du mutant noir, mais son attaque à la jugulaire sembla lui donner plus de fil à retordre. Son cou était apparemment moins renforcé, de par la nécessité de pouvoir pivoter normalement. Du sang noir gicla sur le visage et dans la gueule de Gregory.

Dos à Gregory, Walentyn put voir Rift surgir de sa sphère translucide, une hache de pompier entre les mains.

"Non ! Imbécile, tu vas tout faire foirer !" s'écria-t-elle avec fureur devant l'état de Pestilence. "Tu ne me voleras pas ma couronne !" ajouta-t-elle, bien décidée à en découdre bien qu'elle n'ait pas connu la position exacte du Polonais.

Le mutant vert à cornes se précipita aux côtés de Pestilence et l'aida à s'extraire de son trône. Il se dirigea vers le fond de la salle, derrière le trône, et fit pivoter un pan de mur, révélant une galerie obscure et dérobée.

Certains Morlocks avaient pris la fuite, mais la plupart semblaient se préparer à combattre l'ennemi étrange et invisible qui était venu les frapper au cœur de leur repaire secret. Des armures de pics, des auras de flammes, des arcs électriques commençaient à apparaître autour de certains membres autour d'eux.