03.05/15.Sc.L'art du lard ou le lard de l'art? [Athenodora, Aberthole, Clara et Timour]

Chicago était une ville qui inspirait un élément essentiel de la culture américaine, à Athenodora. Ce n’était ni l’art, ni la culture que l’on pourrait qualifier de conventionnel, mais plutôt ce petit quelque chose qui faisait que les légendes devenaient, naturellement au fil du temps, des mythes incontournables même pour les plus incultes des gens. Certains argueraient sans doute que cela était lié à la nature même de la jeune allemande, mais pour elle la ville de Chicago était et resterait éternellement, la cité du crime, celle de Al Capone et des fameux incorruptibles. D’ailleurs, l’étaient-ils réellement incorruptibles ? C’était là, une interrogation qui avait toujours sommeillé dans son esprit de criminel européen.

Mais en ce lundi matin plutôt ensoleillé, la hors-la-loi ne préparait pas le moindre mauvais coup car elle se retrouvait à devoir faire semblant de s’intéresser à une séance de portes ouvertes dans une école d’art quelconque. Dans les faits, Athenodora s’intéressait principalement à une une forme d’art bien précise, celle qui pouvait se transformer artistiquement en espèces sonnantes et trébuchantes, pour reprendre l’ancienne expression. Mais malheureusement pour elle, aujourd’hui elle devait se contenter de faire semblant de s’intéresser au travail de pseudo artistes encore boutonneux pour certains, qui s’imaginaient déjà sans doute être les futurs Van Gogh Picasso ou bien encore, Rodin. Bien qu’elle ne reniait pas le talent artistique de certains individus, pour Athenodora une école d’art était surtout un rassemblement de jeunes désœuvrés qui ne savaient pas vraiment quoi faire de leur vie. Pour certains de ces étudiants, leurs parents avaient vraiment de l’argent à jeter par les fenêtres, c’était certain.

Cela étant, la jeune allemande avait gardé ses pensées pour elle et avait acceptée de jouer le jeu puisqu’il fallait ‘’infiltrer’’ pour mieux pénétrer. En réalité, elle ne savait pas trop ce qu’ils étaient sensé trouver : des papiers, des documents, des fichiers informatiques… En fait, ils n’étaient même pas certain de trouver quoi que ce soit d’intéressant et à ses yeux, cela relevait d’un véritable travail d’amateur. En même temps, hormis elle-même ils étaient tous des amateurs, des cambrioleurs à la petite semaine dont l’amateurisme la faisait presque sourire. Comme son nom l’indiquait, la cambriole était un art, pas un simple passe-temps pour oisifs, fut-ils mutants, désœuvrés. Mais bon… Elle n’était qu’une invitée dans cet institut, alors elle se devait de faire un effort afin de ne pas se montrer désobligeante envers ceux qui l’accueillait

Voilà pourquoi Athenodora se retrouvait ici, en compagnie de trois adolescents. Bien entendu, il ne fallait pas oublier les trois autres, ceux qui empruntaient la voie des airs. Ceci étant, elle préférait se concentrer sur son propre groupe au lieu de s’inquiéter de celui dont elle ne faisait pas partie. Prévoyante, la jeune femme avait même prévue une raison afin de justifier de sa présence en ce lieu réservé aux futurs étudiants. Faisant fi des saccageurs de bien public à l’image de ces mauvaises graines qui dégradaient les trottoirs avec leurs graffitis pseudo artistique ou bien encore de ces apprentis philosophes des bacs à sables qui gênaient le passage en direction de l’intérieur de la tour, Athenodora avait emboîté le pas à ses trois petits poussins transgéniques.

D’un commun accord, il fut décidé que le groupe devait se séparer afin de couvrir une plus grande surface en un minimum de temps. C’est donc d’un pas lent et incertain, que la jeune femme les quitta donc afin de s’aventurer dans les allées du rez-de-chaussée. Flânant ici et là, elle tenta de repérer les différents points susceptibles de les intéresser : toilettes, portes menant aux étages… des brefs et rapides coup d’œil en direction du plafond afin de repérer d’éventuelles caméras de surveillance à cet étage… Et entre deux, un intérêt feint pour les quelques œuvres exposées ici et là par les étudiants actuels. Pour certains, la fortune n’était ni pour demain, ni même pour après demain, c’était une certitude.

Après avoir fait un premier tour rapide auprès des différents exposants, Athenodora dirigea ses pas en direction de Timour. Elle avait vu ce dernier s’enquérir de quelques documents, sans doute réservés aux futurs étudiants potentiels. Et elle pensa alors qu’il y avait peut-être quelque chose d’intéressent dans le lot. D’un air innocent, elle demanda à l’azen :

‘’Tu as pris de la documentation ? Quelque chose t’intéresse ?’’

Ce à quoi, le mutant lui répondit brièvement en la faisant profiter de ses trouvailles. Pour la jeune allemande, le document le plus intéressant était, sans le moindre doute, le plan des lieux. Tout comme Timour, son œil exercé ne manqua pas de noter la présence de ces fameuses portes qui ne débouchaient apparemment sur rien hormis un mur. Pour sur, cela était une chose des plus intrigante.

‘’On devrait aller faire un tour dans les étages, voir ce que l’école peut offrir d’autre aux futurs étudiants’’

Dit-alors la jeune allemande, en tapotant doucement l’endroit du plan ou se trouvait l’une de ces fameuses portes sans issue. Demander ouvertement ce qui se trouvait derrière ces dernières ne donnerait sans doute rien, si ce n’était un mensonge et, éventuellement, un certain sentiment de soupçon à leur égard. Alors que s’ils s’y rendait directement… Soit personne ne les arrêtaient et ils découvriraient la vérité derrière ce plan incomplet, soit on les en empêchaient et cela confirmerait alors que quelque chose se dissimulait derrière ce qui pouvait apparaître comme étant une simple erreur sur le plan.

Timour semblait émettre des doutes silencieux concernant la subtile proposition de la jeune allemande, d’aller visiter un autre étage en empruntant l’une de ces mystérieuses portes qui ne donnaient sur rien. Le mutant ne lui fourni pas vraiment de raison à ce manque évident d’entrain, mais cette dernière ne s’en offusqua pas plus que de raison et préféra, justement, se faire une raison. Alberthole et Clara avaient apparemment eu la même idée qu’eux, tout au moins concernant le fait d’aller en direction des dites portes et les avaient rapidement précédé. Cela étant dit, leur technique d’approche paru fort peu discrète à Athenodora, plus habitué à une certaine forme de discrétion certaine. Mais elle ne pouvait pas leur en vouloir car, après tout, contrairement à elle ce type d’action interdite n’était pas leur profession. Preuve en était, leur accessoire principal qui se voyait, littéralement, comme le nez au milieu de la figure et qui dénotait très clairement d’une envie de se faire remarquer par le plus grand nombre.

De son côté et après quelques secondes de réflexion, Timour avait pris une décision. Comme l’avait pressenti la jeune femme, celui-ci préféra opter pour la sécurité lié au nombre, plutôt que de multiplier les possibilités de réussite. Il invita alors Athenodora à le suivre, ce que cette dernière accepta, résignée, de faire. Timour et elle demeurèrent toutefois en retrait de Alberthole et de Clara, pour éviter de rajouter au manque de discrétion de ces deux derniers qui avaient, allez savoir pourquoi, décidé d’aller au-delà de leur mission initiale en interagissant avec une des œuvres post moderne de manière purement gratuite. En la regardant de plus près, Athenodora cru rêver. C’était bien un homme, scotché contre le mur ? C’était… De l’art ? Ca ? Dans une pensée intérieure,la jeune allemande se dit alors que sa petite nièce de quatre ans pourrait, elle aussi, devenir une très grande artiste avec ses fabuleux gribouillis enfantin qui ne ressemblaient à rien… Décidément, elle était plus douée pour revendre les œuvres d’art, que pour les apprécier.,

Bien qu’elle l’avait acceptée, Athenodora trouvait cependant que la décision de Timour reflétait un certain manque de confiance en lui. Sans doute était-elle influencée par sa propre expérience en solitaire, mais elle pensait que le jeune mutant avait besoin de se sentir rassuré grâce à la présence des autres auprès de lui. Peut-être était-ce vrai, ou peut-être pas, difficile à dire étant donné que la jeune femme ne le connaissait pas très bien… En fait, elle ne le connaissait même pas du tout. Ce même Timour la sortit de ses pensées, en lui indiquant de manière discrète les vertes flèches situées à hauteur de plafond. Si la signalétique était la même partout dans le monde, ces flèches indiquaient normalement une sortie. Les portes d’entrée de la tour n’étant pas visée par ces dernières, il s’agissait donc d’une autre sortie. Logiquement, sans doute de secours. Ces mêmes pictogrammes indiquant visiblement l’opposé des mystérieuses portes du plan, elle en déduit donc que celles-ci ne permettaient pas de quitter les lieux par le bas… La question qui se posait était donc de savoir vers ou, ou vers quoi, ces portes sans visages pouvaient bien mener.

Soudain, Une alarme retentit et ce fut immédiatement la panique dans tout l’étage. Quelqu’un avait déclencher l’alarme incendie, ce qui fit naître des cris irraisonnées et des réactions aussi insensées que irréfléchies dans la foule des étudiants exposant et les visiteurs présent. Au bout d’un moment, quelqu’un hurla afin d’ordonner à tous le monde de quitter les lieux. Un responsable ou bien un enseignant sans doute, ce qui irrita Athenodora en train de maudire l’imbécile qui s’était amusé à créer cette panique dont ils n’avaient vraiment pas besoin. Quoi qu’il en soit, sortir de là n’était pas une option acceptable pour la jeune allemande et c’est pourquoi, profitant de la cohorte désordonnée des visiteurs, elle souffla à Timour de rapidement se cacher quelque part afin de ne pas être embarquer par un éventuel membre de l’école d’art faisant une dernière et rapide ronde d’inspection. Après quoi, la jeune femme elle-même obéit à son propre conseil et se dépêcha de trouver refuge derrière une quelconque colonne ou bien encore une quelconque et volumineuse œuvre exposée, en espérant être assez discrète pour ne pas se faire elle-même remarquer.

Après avoir esquivé avec habileté deux jeunes filles, typée gourdasse et victime de la société de consommation qui régnait en maître incontesté sur la majorité des jeunes gens de leur âge, Athenodora réussi à se dissimuler aux regard des autres personnes présente à l’étage. Pourquoi gourdasse ? Est-ce que la jeune allemande n’aimait pas les futiles américaines accroc au dernier gadget à la mode ? Que nenni, que nenni, en réalité cette juste dénomination lui était tout simplement venu naturellement, en constatant avec effarement que une alerte incendie semblait émoustiller les deux jeunes filles en question au point de plus s’inquiéter d’en informer l’intégralité de la planète, plutôt que de penser tout d’abord à leur propre sécurité. Fallait-il leur dire, que le monde entier se moquait royalement de ce qui pouvait bien leur arriver ?

Non… Outre le fait qu’elle n’avait pas de temps à perdre à réveiller des neurones inexistant chez les deux gourdasses en question, Athenodora n’était pas cruelle au point de briser des illusions, furent-elles complètement insensées.

La mutante avait donc trouvé refuge derrière une immense œuvre, ressemblant apparemment à un œuf gigantesque perché sur un socle. L’équilibre de l’ovoïde était visiblement aussi tordu et incompressible que l’esprit de son créateur, Ce dernier ayant sans doute voulu exprimer de manière abstraite une quelconque référence à la fragilité de l’existence et à son équilibre des plus précaire, ou bien alors une quelconque autre vision artistique tellement alambiquée que seul l’artiste en question était en mesure de la comprendre… Si tant est qu’il y avait réellement quelque chose à comprendre derrière son œuf géant,

Tandis qu’elle attendait patiemment que les gens évacuent les lieux, Athenodora demeura aussi immobile et silencieuse que possible afin de demeurer ignorée de tous. Evitant de jeter des regards autour d’elle jusqu’à ce que le silence soit revenu à l’étage, la mutante. Ecouta d’une oreille distraite les différentes réactions des gens. Certains, doté d’un cerveau digne de ce nom, se dirigèrent sans faire d’histoire en direction de la sortie. D’autres, nécessitèrent un sérieux rappel à l’ordre de la part des responsable de l’école chez qui un certain agacement senblait poindre dans la voix… Ainsi que dans les aigus d’ailleurs. Un léger sourire triste se dessina sur les lèvres de la jeune allemande, tandis qu’elle se disait intérieurement que ces jeunes n’avaient vraiment aucune idée de la véritable notion de danger. Pour elle qui avait été dans l’obligation d’en prendre rapidement conscience des son enfance, cette simple constatation était navrante en tous points. Mais dans le même temps, c’était aussi la raison pour laquelle ses activités douteuses et amorales lui étaient toujours possible : la naïveté des uns, remplissait les comptes bancaires des autres.

Lorsque finalement plus aucun bruit ne fusa de l’étage à la suite de l’évanouissement progressif du brouhaha de la foule, Athenodora attendit encore une poignée de secondes avant de se risquer à jeter un coup d’œil discret tout autour d’elle. Une fois fait le constat que tout danger imminent d’être repérée était écarté, la jeune allemande quitta sa cachette. Dire adieu à cette véritable horreur ne lui causa aucune difficulté et son auteur pouvait être entièrement rassuré, jamais elle ne viendrait lui voler ses futures œuvres. Faisant quelques pas dans la pièce, Athenodora retrouva rapidement la trace de ses trois compagnons de mission. Ceux-ci s’étaient déjà agglutinés devant la fameuse porte sans visage et elle les rejoignit sans plus tarder. Leur attitude, apparemment passive, la laissa perplexe. Qu’attendaient-il donc pour tenter d’ouvrir cette fameuse porte ?