03.05/15.Sc.The roof is on fire [Pedro, Malo et Dakota]

Il faisait étonnement chaud pour un mois de mai. Les rues de Chicago étaient particulièrement animées en ce lundi matin. Aux alentours de la Legacy Tower, le phénomène était d'autant plus marquant, par le simple fait que la moyenne d'âge semblait tourner majoritairement aux alentours de l'adolescence. Les gens parlaient avec animation, haussant parfois le ton pour se faire entendre dans un capharnaüm auditif terriblement urbain.


A même le sol, un jeune homme venait de concevoir son autoportrait à coup de craie sur le trottoir. Sur les quelques marches bordant une entrée surélevée face à la tour, des jeunes étaient assis. Les x-men purent se séparer sana aucun problème, mettant en place un plan qui n'avait strictement rien à voir avec une admission en école d'art.



Pedro fut forcé de s'éloigner avant de pouvoir trouver un bâtiment en construction temporairement arrêtée pour cause de grève. En se faufilant sur le chantier, il pu monter sans peine assez haut pour se parer d'ailes et prendre son envol. Rien ni personne ne parut le remarquer et il s'éleva dans le ciel de Chicago pour se retrouver à la bonne hauteur pour atteindre le toit. Les vents changeants en altitude lui posa quelques difficultés, le déviant fréquemment de sa piste d'atterrissage. Mais il parvint finalement à bon port et pu prendre des vies du toit qu'il envoya au téléporteur.

Malo reçu diverses prises de vues du toit, lui permettant de visualiser le lieu sans trop de problème. Emportant Dakota, il rejoignit Pedro au sommet du building…

- Yihaaaaaaa......

L’atterrissage de Zooman fut épique. Comme d'habitude. Il enfila un t'shirt après avoir fait disparaître ses larges ailes. Il profita de la vue pendant quelques secondes et se pressa de faire sa part du boulot. Il s'appliqua pour prendre quelques photos et permettre aux deux gnomes de rappliquer rapidement. Le jeune homme soupira en pensant qu'il allait se coltiner la présence de Malo pendant le reste de la mission. Bien qu'il l'appréciait, il n'avait toujours pas trouvé le moment de désamorcer la situation tendue qui les liaient. De plus, Clara était dans le même bateau, à croire que le destin cherchait à compliquer la situation. La présence du lémurien n'était pas pour le rassurer davantage. Dakota était un emmerdeur sur pattes et il s'entendait un peu trop bien avec le breton. Pedro eut soudain la crainte de jouer au moniteur de colonie de vacances.

- Le premier qui moufte, j'le jette dans le vide.

En attendant ses camarades qui ne devaient pas trop tarder, Pedro fit le tour du propriétaire et inspecta le toit. Le but était ainsi de débusquer toute présence humaine ou un quelconque système de surveillance et/ou d'alarme. Il chercha également à trouver un accès qui leur permettrait d'atteindre l'intérieur de l'immeuble. Ce serait ballot d'avoir fait tout ce trajet pour rester bloquer bêtement au sommet de la tour.
Pedro se balada sur le toit sans trop de mal. Personne ne se trouvait sur place et aucun système de surveillance n'était visible. Il repéra une sorte de piste d'atterrissage pour hélicoptère, et une petite passerelle menant de la plateforme à une porte comportant une serrure mais pas de poignée à proprement parlé. Non loin, à espaces régulier, des bouches d'aération laissaient entendre un long et régulier vrombissement. Il remarqua aussi quatre énormes blocs surmonté qui comportaient sur leur côté des espèces de portes métalliques fermées par un cadenas.

Planqué en compagnie de Dakota au rez-de-chaussée du bâtiment en construction, Malo avait suivi l'envol de Pedro avec une certaine appréhension. Le mutant ailé était assez difficile à fixer et personne ne semblait remarquer son ballet aérien. À l'atterrissage de leur camarade, le gamin poussa un petit soupir de soulagement. Certes, les relations étaient assez tendues entre eux depuis quelques temps et Clara n'avait vraiment rien fait pour arranger les choses mais le Breton n'était pas du style à ressasser indéfiniment une rancune. En dépit de la trahison, réelle ou supposée, du Sud-américain, Malo œuvrerait de son mieux pour le succès de la mission. Il avait beau être de tempérament plutôt vif, le coup de gueule passé (accompagné ou non de coups de poings d'ailleurs), il n'en tiendrait pas particulièrement rigueur à son opposant. Le plus pesant était, en fait, l'absence de mise au point qui n'avait pas permis de vider l'abcès avant ce jour...

La photo du site arriva bien vite sur le téléphone du gamin. Avec un petit sourire satisfait, ce dernier jeta un dernier regard vers le sommet du building puis revisualisa l'écran qui indiquait le point de chute.

"Prêt ?", demanda-t-il, pour la forme, à son jeune complice avant de lui saisir la main et de se téléporter avec lui sans attendre la réponse.

Une fraction de seconde plus tard, les deux enfants se retrouvèrent pratiquement au septième ciel. L'atterrissage avait été d'une précision millimétrée et Pedro dut pratiquement faire un pas de côté pour éviter de se faire marcher sur les pieds...

Pendant que leur aîné faisait un tour à la recherche d'un moyen d’accéder à l'intérieur de l'immeuble, Malo porta son attention sur le petit héliport. Qui dit piste d'atterrissage sur le toit, dit également moyen d'y accéder depuis le bâtiment...

Une petite téléportation plus tard et Breizh se retrouva devant la porte au bout de la passerelle. L'examinant, le garçon chercha à l'ouvrir afin de pénétrer le plus rapidement possible dans l'immeuble.
Malheureusement, celle-ci était verrouillée et l'absence de poignée indiquait qu'il fallait une clé pour pénétrer dans l'édifice. Faite de métal, la porte semblait d'une solidité conséquente, le genre qui ne céderait certainement pas sous quelques coups d'épaules.

Toutes les raisons étaient bonnes pour ne pas faire ses devoirs, et sauver le monde aussi ! Alors récupérer des trucs dans un appartement en douce, c'était du gâteau et il serait ptête même rentré pour aller regarder sa série à la télé. En plein centre ville, Dakota glandait avec Malo en attendant que Pedro monte en haut de la tour. Le blond n'était pas sûr que la mission serait de la tarte avec des bleus comme ça, mais il devrait faire au mieux comme d'habitude pour qu'ils s'en sortent vivants !

Louchant sur une pancarte proposant le troisième burger gratuit pour deux achetés, Dakota sentit à peine Malo lui toucher la main lorsque soudainement il se retrouva dans le ciel. "Prêt." lâcha-t-il pour la forme un peu trop tard. Pedro commençait déjà à lui chercher des noises en menaçant de le jeter par dessus bord s'ils parlaient. Le garçon aurait bien répondu quelque chose, mais dans le doute et à cause de son pouvoir peu utile pour voler, il préféra se taire et lui faire une grimace dès qu'il eut le dos tourné.

Finalement, la seule porte visible ne semblait pas être décidée à s'ouvrir. Se dirigeant vers la grille d'aération, le gamin demanda " On est à quel étage là déjà ?". Puis il commença à triturer la grille pour voir si y'avait moyen de la défaire ou essayer de voir si c'était jouable de passer par là. " Au pire il pourrait toujours vérifier si y'avait pas un laveur de carreaux sur une nacelle dans le coin.

Un vent assez brutal s'éleva pendant quelques secondes, déstabilisant le breton légèrement en hauteur et plus exposé que les autres, mais sans la moindre gravité. Au loin, les bruits de la ville leur parvenaient très difficilement, donnant malgré tout une sensation de calme aux trois mutants. Face à une grille d'aération, Dakota remarqua que celle-ci était fixée par de simples vis, sans aucune attache verrouillée et pour cause, la sortie s'avérait plutôt petite. Seul un jeune enfant pourrait s'y glisser, mais impossible de voir bien loin. La forme arrondie du premier coude limitait la visibilité, sans compter qu'il n'y avait pas d'éclairage à l'intérieur.

Un peu plus loin, un ronronnement commença à se faire entendre. Un bruit de simple moteur qui se mettait en route un peu plus loin sur le toit. Pourtant, il n'y avait toujours pas âme qui vive dans cet endroit apparemment désert pour le moment.

Et mince ! La porte était vraiment fermée... Dommage, cela aurait quand même été bien plus pratique pour accéder à l'intérieur de l'immeuble. Tout en faisant le dos rond pour laisser passer la bourrasque de vent, Malo observa ce que faisaient ces camarades. Visiblement, ils n'avaient pas été plus heureux que lui et aucun accès évident n'avait encore été découvert.

Reportant son attention sur la porte qui lui résistait, le gamin fronça les sourcils, hésitant à tenter un coup. Il repensait à ce qu'il avait déjà fait, une fois, face à une porte verrouillée. Un petit saut "en aveugle" de l'autre côté. Les risques étaient limitées en fait. Même s'il ne voyait pas directement le point de destination, il y avait normalement derrière une porte, un espace suffisant pour qu'une personne s'y tienne. Et, dans le cas, présent, il devait se trouver un petit palier devant un escalier descendant dans les profondeur du gratte-ciel.

"Pedro, j'vais voir derrière la porte !", se décida soudain Malo, prévenant par la même occasion ses camarades.

Et aussitôt, le gamin se téléporta, visant un point imaginaire situé à une cinquantaine de centimètre derrière le panneau verrouillé. Une fois arrivé à destination, il refit une téléportation immédiate, pour revenir à son point de départ, visualisant dans le même temps les informations relatives à l'environnement dans lequel il avait "atterri".

Malo disparut de la vue de ses camarades pendant quelques très courts instants. Calibrant son saut sans point de destination claire, il apparut de l'autre côté de la porte, un pied sur le pallier, l'autre dans le vide au-dessus des premières marches menant aux étages inférieurs. Déstabilisé, il revint à son point de départ et, le vent des hauteur n'aidant pas, il trébucha et bascula en avant, se rattrapant à la porte, non sans un "bong!" bien sonore que Pedro et Dakota purent entendre.

Ne comprenant pas tellement le manège de Malo qui apparaissait et disparaissait (on aurait dit qu'il clignotait), Pedro éclata de rire en voyant le gamin se manger la porte dans un bruit de métal.

- Ah ah ! Ça sonne creux !

Le colombien s'arrêta net en se rendant compte qu'il avait oublié les tensions qui régnaient entre eux. Il se contenta alors de hausser les épaules, comme pour signaler que s'il le fallait, il n'assumait pas sa plaisanterie.

- Y'a quoi derrière ? Tu penses que tu peux nous ouvrir de l'intérieur ?

Puis il se tourna vers Dakota en lui désignant la grille d'aération.

- Et toi ? Tu penses que tu pourrais passer dans ce trou ? Pas trop la trouille ?

Avec un petit sourire en coin, Pedro enchaîna et proposa une nouvelle alternative.

- Sinon, je peux toujours aller tenter de prendre une photo de l'appart' du gars si les vitres ne sont pas trop...

Il fut interrompu par un bruit de moteur qui venait de démarrer plus loin sur le toit. Sur ses gardes, le mutant chercha l'origine de ce son.

Défaire des vis avec les ongles, c'était pas un truc facile à faire. Il allait à coup sûr s'esquinter, et le soucis des doigts, c'est qu'on s'en servait assez souvent. Le soucis c'était surtout que derrière, il n'avait aucune idée de la façon dont ça continuait. Alors ok, il pourrait peut être se faufiler, mais pour rester coincé comme un débile, c'était hors de question !

Revenant vers le reste du groupe, Dakota se tint un peu pour éviter de se vautrer avec le vent. Ca avait pas l'air comme ça, mais il avait l'impression qu'il pourrait s'envoler comme une plume. Malo essayait d'aller voir derrière la porte en disparaissant puis revint en même pas une seconde. Mais déstabilisé, il se vautra contre la porte en faisant un bong marrant. Le blond ne put s'empêcher de rire même s'il essaya de rester sérieux. Ils étaient en mission, et c'était un pro quand même ! Mais fallait avouer que la phrase de Pedro n'arrangea pas son calme.

Lorsque ce dernier commença à lui demander des infos et s'il avait la trouille, Dakota réagit vivement. " Bien sûr que non j'ai pas peur ! On voit rien derrière la grille, ça se tire. On sait pas où ça va, ça sert à rien. Mais Malo pourra bien ouvrir la porte je suis sûr ! Au pire il se jette dans le vide et regarde par la fenêtre pour se téléporter !" Ca serait toujours ça pour arriver en plein dans l'immeuble.

Le bruit qui venait de s'activer sur le toit intriguait Pedro qui allait voir. Baillant nonchalamment, Dakota ne comptait pas se fouler pour le moment. Il se contentait de suivre le groupe.

Tandis que Dakota se rapprochait de Malo, légèrement dévié par des bourrasques qui ne cessaient de se succéder sans pour autant le faire tomber, Pedro s'éloigna du duo. Le bruit du vent faussa une ou deux fois son ouïe, le faisant prendre deux, puis trois directions successives avant qu'il ne repère plus loin la source du bruit.

Un système de rail longeait le bord du building, façade opposées à l'appartement. Sur celui-ci, placée à quatre mètres l'une de l'autres, deux grandes roues s'étaient actionnées, remontant chacune deux épais câbles de métal avant de se déplacer de quelques mètres sur la gauche. Le mécanisme s'immobilisa quelques secondes, puis les roues se remirent à tourner, mais dans l'autre sens.

Tout en se frottant le front, à l'endroit exact où sa tête avait heurté la porte métallique, Malo lança un regard noir à Pedro. Le latino ne perdait vraiment rien pour attendre... Mais bon, il serait temps d'exercer des représailles après la mission. Pour le moment, il y avait un travail à faire...

"Y'a un escalier qui descend, juste derrière.", informa-t-il ses camarades. "J'ai pas eu le temps de vérifier si la porte était déverrouillée ou pas. On y retourne..."

Aussitôt le Breton se téléporta pour arriver à proximité de Dakota.

"J't'emmène et j'reviens chercher Pedro si la porte est fermée ?", demanda-t-il au blondinet. "C'est p't'être le moment d'appeler Eko..."

"Tendant la main, il attendit que Dakota la saisisse pour se téléporter avec le jeune mutant de l'autre côté de la porte. Ayant déjà repéré les lieux une fois, Breizh était confiant dans ses capacités à se réceptionner correctement en dépit des marches. Et il faisait également confiance au lémurien pour avoir assez de dextérité pour éviter une surprise. Il ne resterait plus ensuite qu'à ouvrir la porte de l'intérieur pour laisser entrer Pedro. À moins qu'il ne faille aller le chercher par un petit "saut" savamment calculé...

A quelques mètres de Malo, Dakota commenta "Putain ça caille quand même." Pedro était parti chercher le bruit bizarre et les deux jeunes se retrouvaient enfin tranquilles. Visiblement, ils n'allaient pas rester à chômer comme le blond l'espérait si on en croyait la téléportation du dernier instant. Surtout qu'il appelait Eko " Ouai, ouai. On verra plus tard. Ce con serait capable de se jeter dans le vide..."

Bon, c'était probablement pas le cas, mais Dakota préférait quand même avoir toute sa tête pour l'instant. Observant une seconde la main tendue, le gamin finit par s'en saisir en soupirant. "C'est bon je vais pas me vautrer." Il était surement un peu trop sûr de ses capacités mais il n'avait aucune envie de se transformer.

Grâce à son passage express, Malo ne fut pas surpris par l'existence des escaliers et pu, de sa main libre, attraper la rampe métallique de l'autre côté et se réceptionner, les pieds à deux arches d'écarts dans une position inconfortable mais sans la moindre chute pendant les premiers instants.

Refusant toute transformation Dakota suivit le mouvement, et dans l'effet de la téléportation, il manqua une marche et trébucha dans les escaliers. Heureusement pour lui la main de Malo encore dans la sienne le retint suffisamment pour lui permettre de se rattraper in extremis à la rampe à son tour, sans le moindre mal mais avec une courte frayeur.

La lumière pleinement allumée par le précédent passage du breton leur permirent de constater que le seuil était tout juste assez grand pour qu'une personne puisse s'y tenir. L'intérieur de la porte comportait bel et bien une poignée et, en l'actionnant, il réalisa qu'elle n'était pas verrouillée, probablement avec une pointe de déception pour sa courte perspective d'une téléportation "savamment calculé" avec le colombien.

Les escaliers s'enfonçaient dans les étages inférieurs, mais au-delà de deux niveaux, c'était le noir complet.

Les mains sur les hanches, Pedro attendit patiemment le retour de ses équipiers. Ne sachant que faire, il pensa à Clara. Et à Eden. Et à une certaine partie du corps d'Athenodora. Et à... La porte s'ouvrit. L'animorphe fut satisfait de ne pas avoir à subir une téléportation. Son petit doigt lui disait que le breton n'avait pas forcément de bonnes intentions à son égard et il préférait ne pas en avoir le cœur net.

- Hey Chicos ! J'ai failli attendre !

Sans les remercier, Pedro entra à l'intérieur du bâtiment, en bousculant presque ses camarades. Il était temps qu'il prenne les choses en main.

- Allez, laissez le grand passer devant.

Le colombien descendit quelques marches avant de s'arrêter net. Visiblement, il était en pleine réflexion et descendre davantage aurait pu le déconcentrer.

- Alors attends... On doit aller au 62e, c'est ça ? On est au combien là ? Pas envie de me taper quarante étages à pied.

Du regard, il chercha un panneau, une affiche qui aurait pu le renseigner. Les escaliers, c'était long, mais c'était sûr. Il était très improbable qu'ils y croisent qui que ce soit, ou même une caméra de surveillance.

"Eh... La prochaine fois, on te laissera dehors !", grommela Malo au passage d'un Pedro visiblement un peu pressé.

Enfin, pressé, pas tant que ça finalement. Après avoir joué au fier-à-bras et roulé les mécaniques pendant quinze secondes et demi, le frimeur s'immobilisa, l'air hésitant. Que passait-il donc ? Celui qui s'affichait partout comme le chef des x-men aurait-il peur du noir ?

Goguenard, le jeune Breton lui lança un regard amusé.

"Ouai, ouai, au 62°, c'est ça... T'es déjà fatigué ?", ironisa-t-il. "De toute façon, on t'attend ici. Tu m'enverras une photo quand tu y seras arrivé et j'te rejoins avec Dakota..."

C'était vrai, au fond. Pourquoi seraient-ils trois à se fatiguer dans les escaliers alors qu'un seul suffisait pour guider le groupe ? Enfin, ce raisonnement aurait été celui d'un garçon bien plus calme et posé que ne l'était Malo. Pressé d'en découdre, ce dernier doubla Pedro et commença à descendre les marches jusqu'au palier inférieur. Là, il chercha un interrupteur pour éclairer la cage d'escalier.

Aller vite, d'accord, mais ce n'est pas pour autant qu'il faille se rompre le cou en loupant une marche dans l'obscurité.

Bordel de cul de babouin ! Dakota eut l'impression de tomber dans le vide l'espace d'un instant avant de ne sentir qu'un semblant d'escalier du bout du talon. Totalement déséquilibré, il manqua de se vautrer en beauté et se rattrapa de justesse à une rampe. "Putain mais fais gaffe ! grogna le môme en colère. Un peu plus et il allait se péter la cheville ! Une seule évidence à ses yeux, c'était la faute de Malo, même s'il venait de le retenir et qu'il lui avait déjà été conseillé de se transformer. A croire que le Breton avait fait exprès juste pour lui montrer qu'il aurait mieux fait de l'écouter !

Lorsque Pedro les percuta en passant, le blond eut une sacré envie de pousser l'autre dans les escaliers pour se venger, même s'il savait que c'était dangereux et qu'il ne fallait pas chahuter. Mais l'envie était pourtant bien présente ! Lorsque Malo se décida à partir devant Pedro arrêté, Dakota ne réfléchit pas très longtemps et se lança à son tour derrière son camarade.

De sa position initiale, Pedro ne remarqua rien qui puisse indiquer l'étage. Seul un logo sur la porte, représentant un cercle entourant un "H" gigantesque, confirmait à ceux qui s'apprêtaient à sortir la présence d'une piste pour hélicoptère. Malo doubla sans peine le colombien pour descendre les étages. Alors même que, arrivant sur le pallier, il tendait une main en quête d'un interrupteur, un petit grésillement se fit entendre et trois étages supplémentaires s'éclairèrent d'eux-mêmes aux niveaux inférieurs.

Observant le mur, il ne repéra aucune trace d'interrupteur. En revanche, il y avait une porte, sur laquelle étaient peints deux chiffres: 71. En observant un peu plus en hauteur, lui et Dakota purent remarquer un petit dispositif blanc, trop étrangement formé pour être une caméra de surveillance, mais justifiant  sans mal le fait que les lumières s'allument d'elle-même. Il ne s'agissait que d'un petit détecteur de mouvements.

Eclairage automatique déclenché par leurs mouvements... C'était quand même beau, le progrès ! Voila qui allait faciliter grandement la descente malgré l'achluophobie de Pedro... De plus, comme dans tout immeuble moderne, le numéro de l'étage était clairement indiqué sur la porte, côté cage d'escalier.

"On est au 71^ème ! Neuf étages à descendre à pieds, ça ne sera pas trop difficile pour toi ?", s'enquit Malo, d'un ton moqueur, à l'intention de son camarade resté prudemment sur le palier supérieur. "Je comprends bien, qu'à ton âge, il faut te ménager..."

Adressant une grimace ironique à Dakota qui l'avait suivi, le Breton poursuivit sur le même ton rieur.

"Tu viens ? Papi préfère laisser agir les jeunes quand y'a un risque..."

Décontraction apparente et insouciance de façade, voila le moyen principal qu'avait trouvé Malo pour évacuer le stress qui commençait à le saisir au moment de vraiment passer à l'action. De plus, si tout cela pouvait se faire en se moquant gentiment de leur aîné, sauveur autoproclamé du monde à temps perdu, ce ne serait que meilleur.

Essayant de regarder au plus loin, Breizh hésita à se téléporter de nouveau pour s'éviter la fatigue d'une marche forcément éreintante puis il haussa les épaules. Après tout, il était en excellente condition physique quoiqu'en disent certaines mauvaises langues qui médisaient sur un embonpoint imaginaire et il était parfaitement capable d'effectuer le trajet à pieds et d'arriver à destination sans l'ombre du moindre essoufflement.

Adoptant pour une fois un rythme normal, le gamin amorça la descente, attentif au moindre bruit suspect et observant chaque palier avant de l'aborder. Il ne s'agissait pas qu'une porte s'ouvrit de façon brutale sur leur passage avant qu'ils n'aient pu atteindre le 62^ème étage...

Ce fut Malo qui distingua le numéro de l'étage. Et celui-ci ne rata pas l'occasion de se moquer de l’expérimenté du groupe. Pedro fronça les sourcils. Si le mioche voulait lancer l'offensive, il aurait un client à la hauteur.

- Laisse tomber gamin. On en reparlera quand t'auras du poil au zizi.

Puis, après avoir haussé les épaules, le colombien se plaça finalement en queue de peloton pour fermer la marche. Il resta à l'affut du moindre bruit suspect, mais sans trop y croire. Qui viendrait les débusquer dans cet endroit oublié du reste du monde ? Ainsi, il descendit tranquillement les marches, tout en bougonnant dans sa barbe.

- N'empêche que c'est long, neuf étages. Pffff...

Dakota ne manqua pas de ricaner à propos des chamailleries de Malo avec Pedro. Étrangement, dès qu'il était question de blagues pipi-caca, le gamin se sentait tout à fait dans son élément ! Prenant la suite de son plus jeune camarade, le blond étouffa un bâillement et commença à descendre les escaliers en ralentissant sa route par moment uniquement en fonction du Breton. Il ne s'attendais pas vraiment à être enquiquiné ici. Et puis au pire ils aviseraient ! Contrairement à Pedro, descendre des marches ne gênait pas du tout le môme. C'était surtout les monter qui était chiant !

L'équipe de mutants descendait donc les marches de cette cage d'escalier. A chaque étage franchi, un étage plus bas s'allumait. Le miracle de la téchnologie! Malo en tête ne remarqua rien de suspect sur le plan visuel, pas plus que Dakota, et encore moins Pedro. Néanmoins, en tendant l'oreille ils purent saisir quelques petites choses.

Au niveau du 70ème, un aboiement strident caractéristique d'un petit chien se fit entendre, faisant monter la tension d'un cran... Avant qu'une voix de vieille dame hurlait sur un ton mielleux à peine perceptible à travers la porte.

"Non mon Kiki, l'ascenseur c'est par là, mon Kiki. Il faut aller promener, Kiki. Viens Kiki! C'est bien mon Kiki!!"

L'aboiement cessa et la voix s'atténua, signe que la personne s'éloignait.

Vers le 68ème, un son régulier d'aspirateur se faisait entendre, assorti d'une interprétation étrangement bien réussie du Barbier de Séville.

"Ah, bravo Figaro! Bravo, bravissimo! Bravo ! Lalala Lalala Lalala LAAAAAAAAAA!"

Les étages suivants se passèrent dans un calme vaguement dérangé par un petit courant d'air remontant les escaliers, venu d'on ne savait trop où. Et enfin ils arrivèrent face aux chiffres "62", soigneusement peint sur la porte, comme aux autres niveaux.

Après avoir lancé un regard noir à Pedro suite à sa dernière remarque, Malo se renfrogna et, ignorant définitivement son aîné, effectua sa descente prudente. Pas de poils... Mais pour qui il se prenait, l'autre là-haut ? Et qu'est-ce qu'il en savait d'abord ? En plus, c'était même pas vrai... Même que... Bref, ce n'était pas le sujet du jour et il y avait mieux à faire que de débattre sur la pilosité supposée ou imaginaire du jeune Breton.

Boudeur, Breizh était enfin arrivé au niveau du 62^ème étage, suivi comme son ombre par un Dakota, bien insouciant. Entre un Sud-américain hâbleur et un Nord-américain désinvolte, heureusement qu'il restait un représentant du vieux continent pour apporter un peu de maturité dans cette équipe...

S'immobilisant un (très) court instant dans la cage d'escalier, Malo poussa résolument la porte et entra sur le palier.

Bon, où se trouvait la porte de ce foutu appartement ? Contrairement à ce que croyaient certains, on n'était pas en vacances et il y avait un travail à effectuer...

Il s'ennuyait, c'était bon. Il ne se passait définitivement rien. Ils étaient dans un immeuble totalement silencieux si on oubliait les locataires assez normaux. Ils ne croisaient personne. " Il se passait plus de truc sur Om quand même..." fit remarquer le môme en freinant soudainement derrière Malo pour éviter de le percuter.

Le garçon tenta de passer la tête au dessus de l'épaule du Français pour pouvoir lui aussi voir quelque chose. Ils étaient arrivés à l'étage recherché. Il allait peut être se passer un truc ? Ils rentreraient pour le goûter à ce train là...

La porte du 62ème s'ouvrit sans même l'ombre d'une résistance. Face aux trio, un large couloir s'étendait jusqu'à une sorte de baie vitrée éclairant à elle seule tout l'espace. Le sol était recouvert d'une moquette beige impeccable. Sur le haut des murs, de petites frises discrètes en relief donnaient un petit air classieux. Même les appliques, chromées et brillantes bien qu'éteinte, conférait à l'ensemble un côté design qui respirait scandaleusement la richesse des habitants. Sur la droite, comme sur la gauche, légèrement décalées les unes des autres, se trouvaient deux portes.

Sur le mur se trouvaient les plaquettes caractéristiques indiquant les noms des occupants. La toute première sur la gauche affichait en une police légèrement stylisée: "Watson-Lane".

Bon, tout allait bien pour le moment. S'il fallait en croire les différentes indications visibles, ils se trouvaient au bon endroit et ce, sans aucun obstacle majeur. Les choses se déroulaient trop facilement, voila qui n'était pas normal...

Montrant du doigt la plaquette de la porte à gauche, Malo commenta rapidement.

"Watson, C'est bien le nom du gus chez qui on va ?", demanda-t-il par pure formalité. "Qui c'est ce Lane avec qui il crèche ? Ça voudrait dire qu'il est peut-être pas seul chez lui..."

Regardant ostensiblement sa montre, le Breton poursuivit.

"Vous avez des nouvelles des autres qui devaient arriver par le bas ? Faudrait peut-être les appeler..."

En tout cas, il était hors de question qu'il prenne la peine d'envoyer un message à Clara. Après tout, c'était au commando venant du rez-de-chaussée de s'inquiéter de la position de l'autre équipe et pas l'inverse.

Dans l'attente d'une réponse hypothétique, Malo alla regarder les autres plaquettes à proximité des différentes portes, histoire de savoir qui logeait au même étage que leur cible.

Pedro écouta la question de Malo sur l'identité de Lane et finit par hausser les épaules.

- J'en sais rien moi. C'est sûrement sa gonzesse.

Puis, voyant que le breton se mettait à faire le tour des autres portes, le colombien l'invectiva mais à voix basse.

- Mais t'es stupido ou quoi ? Qu'est-ce tu fous ? C'est ici, tu vois bien ! Allez ! Viens te téléporter derrière !

Et il ajouta, avec un sourire sadique :

- Et si on t'entend hurler de douleur, on essaiera de te rejoindre.

En attendant, Pedro fit apparaître des oreilles et une truffe de chien et se colla à la porte, tentant de repérer tout son ou odeur suspects.