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 Voyage avec un loup en Alaska

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MessageSujet: Voyage avec un loup en Alaska   Voyage avec un loup en Alaska EmptyLun 20 Jan - 18:01

Lors d’une dispute qui eut lieu au retour de Khane, Pedro accusa Blancpoil d’idéaliser sa vie en meute et d’oublier que les loups n’étaient que des animaux sauvages qui ne valaient pas mieux que les hommes. Ceci blessa profondément le louveteau qui, sans trop y croire, proposa au colombien de l’accompagner lors de son retour en Alaska. Contre toute attente, Pedro accepta.
Pendant son voyage, il prit des notes dans un petit carnet tenu secret. Mais son existence a rapidement été connue des autres mutants et il paraîtrait que certains aient osé l’emprunter, « juste pour voir ». Voici ce que Pedro y a consigné.


Voyage avec un loup en Alaska


Voyage avec un loup en Alaska Wolf_warrior_by_aktuell-d6ufsyw

Jour 1

Personne ne me fera croire que nous sommes encore aux États-Unis. À peine sorti de l’avion, le froid m’a sauvagement agressé et une fine couche de fourrure est instinctivement apparue sur la majeure partie de mon corps. Il n’était pas très tard dans l’après-midi, mais il faisait nuit noire. Pendant le vol, Alex m’avait expliqué que les nuits, ici, durent plusieurs mois. Pays de fous…
On nous a conduits, Athenodora, Alex et moi à l’intérieur de l’aéroport pour y réceptionner notre « bagage ». L’aéroport d’Anchorage est ridiculement petit par rapport à tous ceux que j’ai vus auparavant. On dirait un pauvre hangar avec quelques boutiques de souvenirs minables. Nous n’avons pas attendu trop longtemps, fort heureusement. Un type au faciès indien s’est approché avec un chariot sur lequel était posée une grande cage. À l’intérieur se trouvait Blancpoil. Alors que, comme tous les passagers du vol, je m’étais longuement étiré, me plaignant des sièges trop durs et des repas atroces, le louveteau, lui, ne pouvait s’empêcher de bondir de tous les côtés, contenant difficilement son bonheur. Et dire qu’il avait voyagé dans la soute…
Quand Blancpoil est sorti de sa prison, on nous a expliqué qu’il devait porter une muselière et être tenu en laisse. J’ai compris qu’il prenait sur lui-même car il ne voulait pas foutre le plan en l’air. Il était censé être un chien, et les chiens ne protestent pas contre les humiliations subies. Du coup, quand on est monté dans le taxi qui nous a emmenés à l’hôtel, je me suis foutu de sa gueule en lui lançant des « Assis ! », « Couché ! », « Donne la patte ! » ou « Fais le mort ! ». Ça n’a fait rire personne.


Jour 2

Je me suis réveillé à sept heures du matin. J’ai eu la désagréable impression de ne pas avoir dormi de la nuit. Peut-être parce qu’il faisait toujours aussi noir… Je ne vois pas comment je m’y ferais. Nous nous sommes retrouvés dans le hall de l’hôtel et, après un petit-déjeuner un peu craignos à base de poisson, nous nous sommes rendus à pied (et à pattes) à la gare. J’ai enfin trouvé ce qui était plus désagréable que de marcher dans la neige : marcher dans la neige boueuse. Cette bouillasse marron s’est glissée dans mes chaussures et je me suis senti gelé et sale à la fois.
Je m’étais attendu à un train à vapeur vieillot, comme dans les vieux films en 2D, alors j’ai été agréablement surpris quand j’ai aperçu la locomotive moderne suivie de ses wagons. Ce n’est pas aujourd’hui que je dirai au revoir au confort. Nous nous sommes installé seuls dans un compartiment et le long voyage vers les territoires intérieurs de l’Alaska fut agréable. Blancpoil était d’excellente compagnie et il contenait difficilement son enthousiasme à chaque fois qu’il apercevait un lac, un sapin ou même un simple rocher couvert de neige à travers la fenêtre, et ce malgré l’obscurité.
Au bout de quelques heures, nous sommes enfin arrivés à Fairbanks, la deuxième ville de l’état qui abrite presque cent mille personnes dans son agglomération. Autant dire qu’on est loin de l’idée qu’on se fait du trou du cul du monde. Du coup, on a réussi à dégotter un hôtel pas trop miteux dans une rue où j’ai immédiatement repéré une dizaine de bars, un casino et un club de strip-tease.
Plus tard dans la soirée, alors qu’Alex venait de trouver un péquenaud pour nous conduire dans l’arrière pays demain matin, j’ai proposé d’aller se faire une virée dans le coin. Les autres ont accepté un peu à contrecœur, je crois. Mais au bout du troisième bar, j’ai clairement vu qu’ils faisaient la gueule, surtout quand je me suis mis à chanter du Shakira torse nu sur le comptoir. J’ai même vu Blancpoil secouer la tête tristement. Pas grave, j’ai continué à m’amuser sans eux.


Jour 3

Saloperie de mal de tête ! C’est vrai que j’ai pas dormi de la nuit mais je me suis bien marré ! Les filles du coin sont plus chaudes que la température extérieure ! Quand  je suis rentré à l’hôtel, sur les coups de cinq heures du mat’, le type nous attendait déjà dans son pick-up et Athenodora était installée à l’avant. Je me suis fait sermonner par Alex et je lui ai fait remarquer qu’il n’avait pas besoin d’utiliser son pouvoir pour endormir les gens, tellement il m'a gonflé…
Emmitouflé dans de grosses peaux de bêtes, je me suis installé sur la plateforme arrière en compagnie de Blancpoil qui me regardait d’un très mauvais œil. La route est vite devenue très cahoteuse et je n’ai jamais réussi à m’endormir plus de quelques minutes. J’ai rapidement remarqué que l’obscurité se faisait moins lourde qu’à notre arrivée. Je distinguais déjà mieux les silhouettes qu’offrait le paysage. Et j’ai eu l’impression que le ciel était passé à une teinte bleue marine. J’ai surtout vu que Blancpoil tirait une gueule pas possible et évitait toute conversation. J’ai compris plus tard que j’étais bien au chaud… dans des peaux de loup.
Le type a finalement stoppé le moteur sur un chemin au milieu de nulle part. Il nous a expliqué que plus loin c’était le parc national du Yukon et qu’il ne pouvait s’y aventurer en voiture. On a tous compris que c’était ici qu’on se séparerait. J’ai immédiatement senti une boule se former au fond de mon ventre. En regardant autour de moi, je ne voyais que de grands arbres sombres et le silence était glacial lui aussi. Je crois que même en atterrissant sur Vakhtos, je m’étais senti plus à l’aise. Histoire de faire comme s’ils nous accompagnaient un peu, Athenodora et Alex ont marché avec nous pendant un p’tit bout de chemin, peut-être un quart d’heure pas plus. On a débarqué dans une clairière et Blancpoil a déclaré que nos chemins se séparaient ici. Il m’a demandé si j’étais toujours d’accord. J’ai rigolé et dit que je n’étais pas un froussard, mais en fait je n’en menais pas large. La trouille, je l’avais plus que jamais.
Enfin, après quelques embrassades, ils ont fini par repartir. Je les ai regardés s’éloigner. Peut-être parce que je me rendais compte que j’allais vraiment être seul sans eux… et peut-être aussi pour mater une dernière fois le joli p’tit cul d’Athenodora.


Jour 4

La nuit a été difficile mais j’ai réussi à me reposer. Blancpoil avait repéré une grotte un peu à l’abri du vent, pas très loin de l’endroit où nous avions quitté nos amis. En me réveillant, je me suis rendu compte que ma fourrure avait poussé suffisamment pour me stabiliser à une température correcte. Du coup, j’ai viré mes fringues et fait un petit paquet que j’ai planqué dans la grotte. Je les récupérerai au retour… si je les retrouve et si je crève pas avant.
Blancpoil m’a annoncé que nous avions un long chemin à parcourir et qu’il ne voulait pas que je lui fasse perdre son temps. J’ai réussi à faire apparaître des pattes de loups et quelques transformations ont eu lieu dans mon squelette pour que je puisse me mettre à quatre pattes. Mais en voyant son regard, j’ai compris que le résultat ne devait pas être joli-joli.
Courir dans la neige est une expérience plutôt grisante, bien qu’exténuante. Et bien entendu, y’a que des montées et des descentes en Alaska. Mais surtout des montées, j’ai eu l’impression… Je n’ai toujours pas aperçu le soleil mais la lumière est celle du petit matin, avant l’aurore.


Jour 5

Hier soir, nous nous sommes couchés le ventre vide. Mais la fatigue a pris le dessus. Quand je me suis réveillé, Blancpoil était en train de bouffer une sorte de rat ou d’écureuil. J’ai pas voulu savoir et j’ai failli gerber. J’aurais du prendre quelques paquets de tacos…
Avant de repartir, Blancpoil a reniflé le vent pendant quelques minutes. Il m’a expliqué qu’il cherchait à distinguer des odeurs connues. À sa façon presque humaine de hausser les épaules, j’ai compris qu’il n’avait rien capté. Puis, après avoir brièvement pissé contre un arbre, on a repris la route à travers la forêt.


Jour 6

La dernière nuit a été particulièrement difficile. Nous étions abrités derrière un rocher et nous avons du rester collés l’un à l’autre. Faut pas que ça se sache. En plus, cet abruti a hurlé à la mort pendant une bonne partie de la nuit. Personne ne lui a répondu. En me réveillant, j’ai eu de terribles crampes au ventre. J’étais tellement affamé que mon estomac avait décidé de me torturer. Blancpoil m’a ramené un lapin. Je ne sais pas quelle était la couleur de sa fourrure car il était atrocement mutilé et ressemblait plus à une masse sanguinolente qu’à autre chose. D’ailleurs je ne suis même pas sûr que c’était un lapin. Finalement, c’était pas trop dégueu.
Nous avons parcouru encore un bon paquet de kilomètres. Blancpoil a hurlé, pissé et reniflé mais aucune trace des ses congénères. Il est de moins en moins bavard.


Jour 8

Les jours se suivent et se ressemblent. Les paysages d’Alaska sont aussi beaux que monotones. Heureusement, la lumière est désormais suffisante pour que je puisse davantage me repérer. Mais le seul son qui m’accompagne est la respiration haletante de mon compagnon qui m’ouvre le chemin. J’ai beau savoir qu’on tourne en rond, il fait comme si de rien n’était. Hier soir, je l’ai entendu sangloter et prier la Mère-Lune. J’ignore si on est perdu, mais Blancpoil n’est pas bien, c’est certain.

Jour 11

J’écris dans mon carnet juste pour me réchauffer. En ce moment Blancpoil fait les cent pas à l’extérieur de la grotte où nous avons élu domicile pour la nuit. Je commence à me demander sérieusement si sa meute n’est pas imaginaire. Après tout… c’est un humain mutant, pas un loup.

Jour 12

Ce matin, alors que je dévorais mon tartare de lapinou quotidien, Blancpoil a déboulé dans la grotte et m’a presque sauté dessus. Son visage était lumineux. « Viens voir ! Viens voir », il m’a dit. Je l’ai suivi et nous avons marché presque une heure. Près d’une grande rivière, il m’a enfin montré ce qu’il voulait me montrer et m’a ordonné : « Sens ! Sens-moi cette odeur. » J’ai répondu : « Sans façon, amigo. Je viens de déjeuner. » Il est vrai que je n’ai pas l’habitude de renifler de la merde en général mais si je dois reconnaître que la crotte était joliment moulée.
Toujours aussi enthousiaste, il m’a raconté que c’était un loup qui avait fait ça, qu’il y en avait d’autres plus loin, qu’il avait enfin retrouvé leur trace, que c’était génial et tout et tout… Puis il a détalé en gueulant que je devais le suivre. J'ai hésité à ressentir de la satisfaction ou de la crainte.
Nous avons suivi leur piste toute la journée. À la vitesse où nous avons progressé, Blancpoil estime que nous les rattraperons demain.


Jour 13

Après un réveil matinal, nous avons repris la route. Rapidement, nous les avons effectivement rattrapés. Nous étions sur une colline qui surplombait une vaste plaine et on a vu une quinzaine d’ombres qui se glissaient entre les arbustes couverts de neige, environ trois cents ou quatre cents mètres en avant. J’ai senti un frisson me parcourir l’échine. Je crois qu’on devait être dans le vent, car les loups nous ont vite repérés. Blancpoil m’a demandé de rester sur place et il est allé à leur rencontre. Avec mes yeux d’aigle, j’ai pu observer la scène touchante des retrouvailles. C’était bien sa meute. J’entendais des grognements et des jappements. Et je voyais des yeux noirs qui se tournaient parfois vers moi.
Au bout d’un temps qui me parut éternel – faut dire que je me les pelais sévère, sur ma colline – Blancpoil est revenu. Les nouvelles n’étaient pas géniales. Les loups refusaient que j’intègre temporairement leur meute. Je n’étais qu’un sale humain et techniquement ils n’avaient pas tort. J’ai dit à mon camarade que je suivrai la meute à distance dans un premier temps, que je me ferai petit. Il est reparti vers les siens et quand il a fini par revenir, il m’a annoncé que j’étais finalement accepté, mais que j’avais effectivement intérêt à ne pas trop l’ouvrir car mon cas avait divisé le clan. J’ai fait ce que j’ai pu pour ressembler le plus possible à un loup et j’ai même produit des odeurs avec des glandes situées entre les coussinets de mes pattes.
L’accueil a été pour le moins glacial. J’ai suivi le conseil de mon ami et j’ai baissé les yeux. La meute a repris son chemin, comme si de rien n’était, et je me suis placé en queue de peloton pour mieux pouvoir les observer. J’ai vu que le loup qui menait la troupe était plus grand et plus costaud que les autres. Plus tard, Blancpoil m’a appris que c’était le chef de la meute et qu’il s’appelait Fort-Noir. Il a ajouté que je ne devais pas l’approcher.


Jour 16

Ces derniers jours ont été difficiles. Même si Blancpoil vient parfois m’expliquer ce qui se passe et ce que je dois faire (c'est-à-dire suivre le troupeau et fermer ma gueule), j’ai bien compris qu’il préfère être avec ses congénères. Et aucun autre loup ne cherche ma compagnie. Comme je suis incapable de chasser, je dois me contenter de racler les carcasses après le passage de tous les autres. J’ai connu des situations moins difficiles pour mon amour-propre… Mais je tiens bon.
De plus, j’ai déjà pu observer la vie des loups et en tirer quelques premières conclusions. Je n’ai pas vraiment l’impression de m’être trompé en affirmant que ceux-ci vivent selon un schéma de hiérarchie bien définie. Les anciens notamment possèdent un statut particulier et gare à celui qui ne respecte pas cette règle. Ces « doyens », comme on les appelle, participent également à l’éducation des louveteaux en leur contant des mythes et légendes. Les femelles semblent à disposition des mâles dominants mais je n’ai pas osé dire à Blancpoil que j’avais eu raison sur ce point. Il semble tellement heureux, tellement dans son élément… Et je dois avouer que la meute est sacrément soudée. On ne laisse tomber personne quand une difficulté se présente. J’ai même surpris une louve qui m’attendait alors que je traînais un peu. J’ai tenté de lui sourire mais elle a détalé. Fait chier, même ici, je les fais fuir…


Jour 19


Mes efforts commencent à payer. Un vieux loup m’a rapporté un beau morceau de viande d’élan. Blancpoil m’a aidé à le remercier en traduisant mes propos où je devais faire allusion à la Mère-Lune. Cela fait plusieurs fois qu’il évoque cette Mère-Lune. Elle doit être une sorte de divinité autour de laquelle gravitent toutes leurs croyances. J’ignorais que les loups, et les animaux par extension, avaient une vie spirituelle. Et là où ils sont plus forts que nous, c’est qu’il n’y a pas de sacrifices, pas de prêtres, pas de commandements et pas de guerres de religion.
J’ai remarqué que mon camarade daignait m’accorder un peu plus d’attention depuis peu. Je pense que beaucoup de loups pensaient que je n’allais pas faire long feu ou que j’allais les trahir. J’avoue ressentir une certaine fierté en écrivant ces mots. Je commence à m’intégrer à la meute.


Jour 20

Nous n’avons pas bougé aujourd’hui. Visiblement, nous resterons ici pendant quelques temps. Cela me convient, l’endroit est plutôt chouette : nous dormons dans une caverne située au milieu d’une petite forêt au pied d’une montagne. Un lac se trouve juste à côté. Désormais, la lumière est presque celle du jour et je n’ai plus besoin d’user d’artifices pour y voir. Tout à l’heure, alors que je jouais avec les louveteaux sous le regard attentif et bienveillant des doyens, Blancpoil m’a appelé. J’avais remarqué auparavant qu’il était en grande discussion avec Fort-Noir et d’autres mâles.
D’une voix grave et solennelle, Blancpoil m’a longuement expliqué que les loups avaient des rites, en rapport avec la Mère-Lune. Il s’agissait de quatre rites de passage, appelés « éveils », que chaque membre de la meute devait réussir. Le premier éveil est… l’éveil, tout simplement. Il s’agissait de la naissance. Le deuxième éveil est l’éveil de l’esprit, qui arrive à la petite enfance : c’est le moment où le louveteau prend conscience du monde qui l’entoure. Le troisième est l’éveil du corps : c’est le passage à l’âge adulte. Le quatrième est l’éveil du cœur : c’est le moment ou le loup trouve un ou une partenaire. Viens en dernier le rappel à la Mère-Lune. Il n’a pas eu besoin de préciser de quoi il s’agissait
Il a ajouté que visiblement les anciens avaient considéré que je n’avais accompli que le premier des quatre rites et qu’il me fallait passer les autres. Je ne savais pas comment prendre la nouvelle. Cette mise à l’épreuve était-elle une preuve de confiance ou un moyen de se débarrasser de moi ? J’ai décidé de rester positif et de choisir la première option. On ne se débarrasse pas du fantastique Zooman aussi facilement ! Même quand il ressemble plus à un corniaud fatigué qu’à un X-man.


Jour 21

C’est avec une grande fierté (forcément) que Blancpoil est venu m’annoncer qu’il allait me prendre en main pour me préparer à mes futurs rites de passage. C’est sympa de sa part, parce que j’avoue que je commençais à trouver le temps long.
Le soleil est maintenant visible et je peux observer son reflet dans le lac autant que je veux. Ce soir, j’ai essayé de hurler avec la meute. Parfois, j’oublie que je suis humain, j’oublie d’où je viens, ça en devient presque terrifiant.


Jour 27

Voila de nombreux jours que l’entrainement a commencé et c’est moins facile que je ne l’avais imaginé. Blancpoil m’emmène quelquefois dans la forêt juste « pour regarder », comme il dit. Il a précisé aussi que je ne devais pas seulement user de mes capacités afin de réagir par rapport au monde extérieur, mais je devais également comprendre de quoi il est fait. Il voudrait que je m’imprègne de cet état d’esprit et il essaye au maximum de me montrer à quel point la nature peut reposer sur un certain équilibre et qu’il impactait jusque dans les relations qu’on pouvait entretenir avec les autres races, dont les loups entretiennent malgré une certaine relation diplomatique. Va raconter ça aux lièvres qu’on se bâfre tous les matins…
En plus j’ai eu l’impression d’être tombé dans une secte naturaliste californienne. Je me suis senti moins dépaysé du coup.


Jour 33

Même si son discours est un peu chiant, je commence à comprendre ce qu’a voulu dire Blancpoil. Je pars de longues heures dans la forêt et j’essaye de rester à l’écoute de la nature. Je me suis même surpris à repérer des animaux pourtant inaudibles et à anticiper le mouvement des branches.
Aujourd’hui, j’ai encore passé une bonne partie de l’après-midi à jouer avec les autres. Aucune agressivité dans ces batailles, même si personne n’oublie la hiérarchie pendant les joutes. La jeune louve, qui s’appelle Neige, s’est amusée à me mordiller le derrière. C’était agréable mais je me suis senti mal à l’aise parce que je sais que Blancpoil l’apprécie beaucoup.
Je suis également très populaire auprès des jeunes louveteaux à qui j’ai appris à marcher en bombant le torse et en tortillant le croupion. Aucun loup n’avait eu autant la classe auparavant.
Je crois que je suis bien intégré à la communauté même si certains vieux font encore la gueule. Je regrette de ne pas pouvoir communiquer directement avec eux.


Jour 39


Ce matin, Blancpoil m’a mis la pression. Mon second éveil est pour très bientôt. Il m’a donné quelques conseils et m’a ressorti quelques préceptes complètement perchés. Mais je l’aime bien. Il est la gentillesse incarnée. C’est dommage qu’on n’ait pas appris à se connaître plus tôt.
On était assis sur un large rocher plat et on regardait le lac en se racontant des souvenirs de Graymalkin et de nos voyages intergalactiques. Alors que je lui rappelais l’épisode de Clara à poil pour la cinquante-troisième fois, Blancpoil a pris un air sérieux et s’est mis à se livrer un peu plus. Il m’a notamment révélé que tous les cinq ans environ, il y avait un grand rassemblement de meutes sous l’égide d’un grand conseil. Apparemment, c’était un truc super solennel et très important. On y évoquait des potentiels litiges, des droits de succession ou des nouvelles meutes. Puis d’une voix presque éteinte, Blancpoil m’a avoué son rêve le plus cher : un jour, il unifiera toutes les meutes et il en serait le grand chef. Il m’a cloué le bec. Moi, mon plus grand rêve c’est de rouler une pelle à Eden dans son costume de super-héroïne, alors j’ai rien dit et on a continué à regarder le lac.
Chose amusante (ou pas), ce soir Fort-Noir est venu me renifler le cul. J’ai été ému par tant de considération de sa part, car il semblerait que c’est un honneur. Sauf qu’il avait toujours son expression sévère quand il s’est éloigné. Est-ce que c’est ma faute s’il n’y a pas de PQ chez les loups ?


Jour 42

C’était le grand jour. Et puisque j’en écris le compte-rendu dans mon carnet, ça veut dire que j’ai survécu. Finalement, je n’ai pas du faire grand-chose et j’ai compris que j’avais été évalué préalablement. Le rite de passage consistait à une grande cérémonie où toute la meute, orchestrée par les anciens, était réunie et chantait en chœur les louanges de la Mère-Lune et demandaient sa bénédiction et sa protection pour le nouvel éveillé que j’étais devenu. Le spectacle était surprenant et carrément puissant. J’ai senti chaque poil de ma fourrure se dresser. Je crois que je n’ai jamais ressenti une telle émotion. Et je me sens tout con de le dire mais, depuis, je me sens différent, comme si j’avais passé un cap, comme si j’avais enfin trouvé ma place dans ce monde. Merde, c’est Blancpoil qui avait raison, les loups ne sont pas des animaux décérébrés et sauvages. Mais je ne saurais pas dire s’ils valent mieux que les hommes. À vrai dire, j’m’en fous.


Jour 45

On a directement enchaîné avec le troisième rite. J’ai vraiment un emploi du temps de ministre en ce moment. Ce troisième éveil ne m’a posé grand souci. Il s’agissait cette fois-ci d’une épreuve de force et d’endurance, que seuls des loups adultes pouvaient réaliser : participer a une chasse commune de plusieurs jours et ne pas mourir de faim ou de froid. En trois jours, l’affaire était pliée. Bon, j’ai un peu triché. Non, pas triché, plutôt abusé de mes capacités. Le caribou que j’ai blessé mortellement a eu l’honneur de se faire choper par le seul loup capable de monter à un arbre, sauter dans le vide, planer sur une dizaine de mètres et assommer sa proie d’un coup de sabot dans la tronche. Je crois que les autres se sont aussi bien amusés.
La cérémonie de ce soir a été présidée par Fort-Noir et il m’a reconnu comme membre de la meute. Y’en avait bien quelques uns, au fond, qui faisaient la gueule. Les mêmes qui espéraient me voir crever quand on a débarqué il y a … déjà plus d’un mois ! Le temps est si vite passé. Nous avons fait la fête, ou quelque chose qui y ressemblait. Je bondissais de tous les côtés en jappant. Puis Blancpoil m’a appris que mon nom dans la meute serait « Danse Avec Les Loups », avant d’éclater de rire. J’ai pas compris. Ensuite, il m’a expliqué que Fort-Noir avait estimé que les siens ne pouvaient me faire passer le dernier rite, du fait de mon appartenance à la race des hommes. Il me faudrait donc trouver une compagne parmi les miens. J’ai connu mission plus désagréable, mais plus facile surtout. Du coup, j’ai annoncé que je repartirai le lendemain. Les travaux à Graymalkin ont du suffisamment avancer pour que je revienne sans avoir trop de boulot à fournir.


Jour 46

Au moment de partir, Neige est venue frotter son museau contre ma nuque. Les autres loups sont restés à distance mais ils m’ont regardé m’éloigner avec Blancpoil dans un dernier hurlement groupé. C’était intense.
On n’a pas marché très longtemps. Une petite ville se trouvait à une vingtaine de kilomètres du lac et on a convenu que je retrouverais le monde des hommes en ces lieux. C’est donc à la lisière de la forêt que Blancpoil m’a fait ses adieux. Il était un peu ému, mais pas autant que moi, pour tout avouer. Il m’a dit qu’il était fier et heureux que j’aie pris le temps et la peine de venir voir comment se passait la vie chez lui.
Il m’a aussi demandé de passer le bonjour à tout le monde, et plus particulièrement à Jane, Alex, Dakota, et Malo qui lui manquaient. Je lui ai promis de le faire. Il m’a dit également qu’il espérait que je réussisse là où il avait échoué, et que je puisse montrer à Tonga le bon chemin, pour qu’il ne s’égare pas. Là, j’ai rien promis. Faut pas déconner. Enfin, il m’a fait jurer de ne jamais révéler quoi que ce soit sur le grand rassemblement de meute, ou toute information qui pourrait compromettre la tranquillité des siens.
C’est donc le cœur serré que j’ai rejoint mes semblables et j’ai prié la Mère-Lune pour ne rien oublier de ce que j’avais appris avec les loups.

PS : Et merde, mes fringues...

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