02.03/17.C.Allemagne - Dresde, une petite ville sans histoires... Ou presque...

La secrétaire parut songeuse un instant. Elle leva un index pour signifier quelques petites secondes d'attente et fouina consciencieusement parmi quelques post-it collés le long du rebord de son bureau. Elle en saisit un avec un sourire victorieux.

"Oui oui oui, tout à fait! Il m'a contacté il y a quelques minutes. Un homme tout à fait adorable! Il m'a tellement aidé! Vous devez être mademoiselle... Hm... Alyson? Il ne connait pas encore votre nom mais m'a fait savoir que vous étiez intéressée par le dossier USA."

Derrière Alyson, à quelques mètres, un léger son de froissement de tissu trahit le mouvement de la personne assise en retrait. Il ou elle, difficile à dire, s'était selon toute vraisemblance sensiblement redressé(e), apparemment à l'écoute de la conversation. Sans lui prêter la plus petite espèce d'importance dans l'immédiat, la secrétaire enchaîna. Elle se révéla d'ailleurs particulièrement bavarde et lança un flot d'informations dont la plupart seraient très certainement d'une inutilité affligeante.

"Je m'appelle Wilma et j'aide Lukas. Il se trouve que je suis une grande fan de la cause mutante sur sol américain, alors quand il m'a parlé d'ouvrir officiellement un centre... Oh, on ne fait pas vraiment dans l'héroïque, mais c'est déjà pas mal. Vous savez que ces personnes aux Etats-Unis avaient réussi à libérer le président américain? Ils ont même chassés des mutants dangereux de la maison blanche! C'était incroyable! J'aurais voulu être une petite souris pour me glisser à la conférence de presse du président."

Tout en déballant son flot de paroles, ses mains s'agitaient dans les airs. En simultané, une queue préhensile glissa hors de sous sa jupe pour ouvrir un tiroir de son bureau et s'enrouler autour de ce qui ressemblait à un album photo qu'elle porta jusqu'à ces mains sans pour autant cesser de parler.

"Voyez-vous, je conserve minutieusement toutes les informations relatives aux mutants aux Etat-Unis. J'ai ici toute une série de coupures de presse, mais ce n'est pas ce qui devrais vous intéressé, non. Ce qui pourrait vous être utile, c'est..."

Pour la première fois, elle marqua une pause de quelques secondes. Humectant son doigt du bout de la langue, elle fit tourner des pages où des coupures de journaux, des photographies, des post-it, et tout un tas de papiers divers et variés étaient collés dans une pagaille qui ne devait être ordonné que pour son esprit à elle. Son doigt finit par s'immobiliser sur un des articles, issu d'une petite case d'un fait divers quelconque.

"San Francisco! Voilà. C'est en Californie. Beau climat paraît-il. Il y a l'océan à proximité. Ça donne envie d'aller visiter ne trouvez-vous pas? Mais... Ça fait loin tout de même. Nous n'avons pour le moment pas de section hors de Dresde, et aucune communication avec ces mutants. Lukas a dit que vous aviez l'air de vouloir vous y rendre, c'est bien cela?"

Elle se pencha un peu vers Alyson en tournant son album pour lui permettre de regarder les pages si l'envie lui en prenait.

Alors qu’Alyson s’attendait à une toute autre réponse, la mutante derrière son bureau se mit à déblatérer toutes sortes de compliments envers Lukas. Elle l’appela d’ailleurs par son prénom et ajouta même qu’aucun d’entre eux ne connaissait son nom.
Alyson préférait éviter de donner son nom dès les premiers abords, question d’habitude certainement.

La personne assise à l’entrée avait fait un mouvement trahissant largement son intérêt pour cette discussion. Alyson ne pu se retenir de jeter un regard au dessus de son épaule.
Son regard scruta l’homme/la femme qui semblait s’être relevé de son fauteuil, et ce mouvement l’avait relativement interpellée.
Qui à part des mutants connaissaient ce centre ? Quelques humains peut-être, malgré tout la mutante préféra éviter de se retourner complètement et finit par reprendre le cours du flot de paroles de la secrétaire.

Et voilà que les compliments fusaient à nouveau. A croire que cette Wilma aurait été capable d’ériger une statue à la gloire de Lukas, en tout bien tout honneur bien sûr…
Elle lui parla pendant de longues minutes, de choses guère réellement intéressantes. Un moment, Alyson se senti presque s’endormir tellement les paroles de Wilma étaient soporifiques.

Un sourire se dessina sur le visage de l’Allemande quand elle vit une queue porter une sorte de livre dans les mains de son interlocutrice.

*Pratique… Et relativement intéressant…*

Ce sentiment fluctua dans son corps, passant de son échine à ses reins avec une vitesse fulgurante. Alyson s’étonna à ressentir pareille sensation devant une femme au physique aussi atypique. Mais ce membre supplémentaire lui retint l’attention jusqu’à ce que les doigts fins de Wilma s’arrêtent sur une coupure d’un journal Américain.
La mutante reconnu rapidement cette ville de l'extrême ouest Américain, et surtout sa si belle proximité avec l'océan Pacifique. Ses plages de sable fin, et son soleil quasi perpétuel...
Lentement d'une voix presque inaudible elle souffla le nom de la ville, comme pour mieux s'en assurer.

— Effectivement, je pensais m’y rendre rapidement… Lukas a la langue bien pendue dites-moi… Enfin bon, du moment où mes valises seront faites, je prendrais l’avion pour San Francisco… Si bien sûr ce lieu existe réellement.

Son regard glissa à nouveau dans la direction de la personne assise à l’entrée.
Faisant fi du fait que Wilma lui tourna le livre vers elle, Alyson s’approcha de cet étrange personnage.

— Si le voyage vous intéresse, la présence d’une seconde personne ne serait pas déplaisante. (Elle s’abaissa à hauteur de son visage.) A moins bien sûr que ma présence ne vous dérange…

Encore une fois son arrogance et sa douceur verbale avait (semble t-il) interpellé son nouvel interlocuteur. Relativement fière d’elle, elle fixa l’endroit de la casquette où devait – en théorie, car on n’est jamais sûr de rien – se trouver ses yeux.

Toute émoustillée par cette histoire de voyage vers le nouveau monde, Wilma remua sensiblement sa queue de gauche à droite, inclinant la tête sur le côté en émettant un gloussement digne d'une fillette en train de choisir la guirlande à mettre sur un sapin de noël. Elle retourna néanmoins le livre dans son sens à elle dès l'instant où Alyson sembla s'en désintéresser pour le feuilleter à nouveau, cherchant une éventuelle information contraire à celles qu'elle avait donné à la jeune femme. Décrétant très arbitrairement qu'elle n'avait commis aucune erreur, Wilma hocha la tête en confirmant.

"Si si, c'est bien San Francisco! Mais je n'ai pas le nom exact. Tout du moins je ne crois pas l'avoir."

Elle récupéra le livre entre ses mains pour fouiner un peu plus loin dans les articles de presse. Savait-on jamais, un détail peut-être important pourrait lui avoir échappé, alors autant se servir de la distraction d'Alyson pour relire deux ou trois paragraphes.

La personne sur la chaise eut à nouveau un léger mouvement quand Alyson s'adressa à elle. La tête sembla se tourner de quelques centimètres dans sa direction, mais sans plus. Le rapprochement poussa même l'inconnu(e) à se redresser sensiblement, comme pour mieux prendre appui sur le dossier dans une posture moins somnolente. La tête se redressa encore un peu plus et sous la visière, quelques mèches blondes apparurent un peu mieux, ainsi qu'une paire de prunelles d'un vert tirant légèrement sur le gris, scrutant la mutante d'un air assez distant.

Aaaah, l'Allemagne! Pays de ses ancêtres. Tout du moins de certains d'entre eux. Jamais Eden n'aurait pensé pouvoir y mettre les pieds un jour, et pourtant ce fut chose faite. Dommage que la destination ne soit pas celle de la ville d'origine de sa mère biologique, mais elle n'allait pas s'en plaindre. Ici il lui avait été possible de tester ses connaissances dans la langue de Goethe, ce qui n'était pas pour lui déplaire.

Pour une fois, elle avait eu une adresse un peu plus précise où se rendre. Alors quand elle s'était retrouvée face aux différents noms sur les plaquettes de l’immeuble, elle n'avait pas beaucoup hésité. Le seul désagrément avait été que la dénommée Wilma, fort bavarde, n'avait aucune mademoiselle Lightman dans sa liste de membres de l'association. Mais qui savait, l'heure avait été trop avancée, autant attendre un peu tout simplement. Bien emmitouflée dans son survêtement, capuchon rabattu sur sa casquette fétiche des Chicago Bulls, elle s'était sentie méchamment rattrapée par le décalage horaire. Les paupière closes, elle n'aurait su dire combien de temps elle avait exactement somnolé. La seule chose certaine était qu'elle avait émergé une petite dizaines de minutes avant que la porte de l'ascenseur ne s'ouvre sur une femme au style vestimentaire peu commun. Ce fut à peine si elle avait suivit le déplacement du regard. Inutile de s'emballer sans la moindre confirmation. Mais l'heure correspondait gentiment. Néanmoins, ce qu'elle remarqua avant tout fut plutôt le casque de moto.

Puis la conversation. San Francisco, mutants, maison blanche, président... Tant de paroles familières qu'elle s'était instinctivement redressée un peu plus. Par politesse cependant, elle choisit de ne pas chercher à se mêler au flot de paroles sans fin de la secrétaire. Autant attendre qu'elles terminent de parler avant d'ajouter son grain de sel. Grain qu'elle n'eut d'ailleurs pas besoin de mêler d'elle-même. Le rapprochement nouveau la poussa à un peu plus de tenue. Le prénom, le lieu, le timing... Il ne manquait plus qu'un léger détail à contrôler. Mais avant ça...

Eden redressa très lentement la tête. Non pas par un quelconque soucis de style, mais plutôt pour analyser de bas en haut le phénomène Alyson. Intéressant, ce soucis du détail, ce ton mielleux, ce rôle si merveilleusement rodé. Elle aussi aimait bien jouer, elle le faisait toujours, mais dans un registre radicalement différent. Elle attendit quelques instants, en lui rendant un regard neutre, peu impliqué, plutôt à la frontière de l'indifférence. Finalement, un sourire empli de douce innocence vient étirer ses lèvres, et elle répondit en allemand, la langue d'Alyson, avec un léger accent anglais...

"Pas le moins du monde. Je suis même prête à vous offrir le voyage... Pour autant que votre nom soit bien Lightman."

Quelle intrusion pourrait s'avérer la plus marquante? La physique ou la morale?

"Troubler"? Pendant un instant, Eden douta de sa compréhension de l'allemand. Elle ne voyait pas vraiment en quoi le choix de ce mot avait sa place dans un tel contexte. Pourtant, il fallait bien reconnaitre qu'il y avait quelque chose d'encore inconnu pour elle, pour ce qui était des réactions auxquelles il lui avait été donné de faire face. La réponse lui parut plus que satisfaisante. Certes, elle n'avait pas beaucoup d'expérience en matière de recrutement, mais Jun avait été autrement plus compliquée à trouver. Alyson lui donnait pour le moment l'impression de se comparer à un jeu d'enfant.

Du moins jusqu'à-ce qu'une chaîne fasse son apparition dans le champ de vision de la télékinésiste. Le visage toujours un peu trop inclinés, les traits d'Alyson furent hors de sa portée lorsque celle-ci se redressa. Ce qui ne fut pas le cas de ses hanches, derrière lesquelles elle vit les mains se glisser, ni de la chaîne qui, comme mue de sa propre volonté, s'enroulait à présent autour d'une cuisse. Réalisant que son attention ne se portait pas nécessairement à l'endroit le plus convenable, elle finit par relever d'avantage la tête, saisissant la visière de sa casquette pour la redresser un peu, et forcer le prochain contacte visuel.

"Purement, bien entendu. Loin de moi l'idée de chercher des ennuis."

Quoique ce ne serait pas la première fois. Mais dans le cas présent, ses motivations étaient on ne pouvait plus pacifiques. Il ne restait qu'à déterminer si les désirs d'évasion d'Alyson n'étaient qu'une idée lancée en l'air ou une réelle envie de changement.

"Je serais tentée de dire que la hasard fait bien les choses, mais ce serait tout de même hypocrite. Je viens justement de San Francisco et je vous cherchais pour vous proposer de rejoindre notre groupe aux États-Unis."

Eden préféra jouer la carte de l'honnêteté dès le commencement. Inutile d'y aller par quatre chemins. D'autant plus que quelque chose chez elle semblait avoir clairement déranger Alyson. Il y avait comme une tension, une prise de recule, et l'apparition de ce qui, selon toute vraisemblance, devait être le pouvoir de la jeune femme. Forcément, quelque chose dans son attitude avait provoqué ça.

Sur la défensive, la demoiselle? C'était légitime. Mais au moins, pour le coup, Eden eut finalement la certitude que ce qui était trop beau ne pouvait décemment être vrai. Trop simple jusqu'ici, les choses allaient enfin se corser. Et pas nécessairement pour lui rendre la diplomatie plus aisée. Si seulement le nom avait correspondu à une jeune fille de son âge, ou plus jeune, le genre à pouvoir lui accorder un minimum de crédit tout du moins. Là, elle se sentait partir avec un malus mémorable.

Eden resta parfaitement stoïque cependant. Même quand les pouvoirs d'Alyson semblèrent... S'emballer? Ou peut-être n'était-ce que pour l'impressionner. Dans le second cas, il fallait avouer un qu'il y avait un certain effet. La dernière chose qu'elle voulait, c'était bien déclencher un conflit physique. Elle inclina sensiblement la tête sur le côté, jetant un coup d'oeil à la secrétaire toujours occupée à feuilleter son album.

Quant elle en revint à Alyson, son attention avant tout attirée par le mouvement de cette dernière, elle ressentit clairement comme un très vieux sentiment de malaise. Celui d'être clairement jugée, estimée ou cataloguée. Ce n'était comme toujours qu'une impression fugace. Le temps lui avait appris à côtoyer ce genre de regard au quotidien. Le ton employé en revanche différait vraiment de ce qu'elle avait connu. Elle aussi se permit son analyse personnelle, mais sans paraître scruter impunément Alyson. Un simple regard posé, dont la neutralité disparut sous une expression tout naturellement avenante, fut tout ce qui transparut avant qu'elle ne reprenne le masque de la gentille fille qu'elle était.

"... Eden Marshall. Enchantée."

Spontanément, elle tendit sa main, presque comme une mise à l'épreuve. Allait-elle se prendre au jeu de la défensive et l'ignorer en affichant à nouveau son pouvoir? Ou lui serrer la main tout simplement? Si le divertissement avait été de mise, elle aurait lancé un pari sur le sujet. Mais puisqu'Alyson semblait maîtriser l'anglais à la perfection, il n'était plus utile qu'elle ressasse les détails de ses cours d'allemand.

"Navrée d'entrer en matière de cette façon. J'imagine que je dois manquer cruellement de crédibilité, non?"

Forcément.

D’un visage étrange, à la limite du masque de carnaval, la jeune femme la fixait de ses grands yeux vert émeraudes.
Les yeux interrogeaient ses actes, le moindre mouvement fait par la mutante.
Alyson contenait la volonté qu’elle avait de l’attraper par le menton afin d’avoir les réponses tant attendues. Quoi qu’elle fasse, partout où elle allait, la mutante était jugée.
Alors qu’en était-il réellement de cette jeune femme au physique si agréable ? Elle ne savait qu’en dire ou même en penser.

Une mélodie s’échappa du fond de sa gorge, une présentation aussi simple que discrète. Les paroles de celle qui se prénommait finalement « Eden Marshall » furent les derniers remparts qui existaient entre les deux femmes.
Avec sa présentation Alyson savait quoi en penser, sinon la brune aurait eu tôt fait de la réduire en charpie.
Repoussant les idées aussi saugrenues qu’étranges, elle répondit à Eden par le même geste qui s’offrait à elle.
Leurs mains tendues finirent par se serrer l’une et l’autre.

Son pouvoir se manifesta alors que la poignée de main allait bientôt s’arrêter ; une fine chaine se glissa sur l’avant bras d’Eden, serpentant le long de son poignet jusqu’à son coude.

— Ni voyez ici aucunes menaces. Mais c’est ma manière de comprendre qui vous êtes réellement… Mutante ou humaine ?

Les pieds fixés sur le sol, le dos droit, Alyson fut prise d’un sourire cynique.

— Si votre crédibilité en a prit un coup, je vous assure que ma confiance en moi en a prit de même… (Elle lâcha la main d’Eden, glissant ces dernières dans ses poches.) Vous me cherchiez, vous m’avez trouvé ! Qu’attend-on nous pour partir maintenant ? Si vous voulez faire plus ample connaissance, mon appartement n’est pas loin… Et mon lit est assez grand pour deux.

Une légère pointe, pour déstabiliser à nouveau son interlocutrice… A la manière dont elle avait réagit – semblait-il – à la réaction de sa chaîne, ces paroles finiraient bel et bien par la mettre mal à l’aise.
Quel jeu agréable ! Alyson en frémissait d’avance !

Finalement la réaction fut moins défensive qu'elle ne l'aurait pensé. Elle ne baissa pas les yeux lors de la poignée de main, se disant qu'elle avait encore une opportunité de convaincre Alyson de la suivre à San Francisco. Elle aurait tout aussi bien pu y aller toute seule, mais quand on pouvait avoir un guide qui avait pour devoir de l'accompagner à bon port, pourquoi se priver? Ce n'est que quand leurs mains allaient se relâcher qu'elle se figea.

Ses prunelles se baissèrent instantanément sur cette chaîne qui s'enroula, envahissant son espace personnel sans son autorisation. Les muscles de son bras se crispèrent sensiblement, trahissant une envie de le retirer vivement, ce qu'elle ne fit pas. Elle ignorait s'il fallait considérer celle-ci comme une menace et jugea qu'en l'absence de la moindre certitude, il valait mieux docilement rester immobile, avant de prendre la moindre décision. Grand bien lui en fit puisque selon toute vraisemblance, il ne s'agissait pas d'une attaque. Ce qui ne l'empêcha pas de conserver le visage sensiblement baissé, même en ayant relevé les yeux sur Alyson, pour garder dans sa vision périphérique le mouvement de l'envahisseur. En quoi un tel objet pouvait-il la percevoir? Par le biais de ses réactions? Eden avait au moins l'avantage de maîtriser suffisamment ses émotions pour les écarter de ses actes. Si tant était qu'on puisse considérer ça comme un avantage. Sur son ton toujours aussi calme, elle répondit à la question de l'allemande.

"Mutante."

Un simple mot qui cataloguait pourtant tout ceux qui le prononçaient, d'une manière ou d'une autre. De fait, elle réalisait que c'était la première fois qu'elle le disait spontanément à une inconnue. Les enjeux était ici radicalement différents. Elle ne voyait pourtant pas en quoi la confiance d'Alyson avait pu être ébranlée. Envers autrui, elle l'aurait compris, envers elle-même ça lui échappait totalement. Trop inexpérimentée dans les émotions pour l'instant, sans doute, Eden resta statique, ne mettant que son bras en mouvement quand sa main fut libérée, pour le pivoter en douceur, paume vers le haut, se détachant de la chaîne pour finalement se relever et le laisser tomber le long de son corps.

Quoi qu'il en soit, elle avait réussi sa mission. Pour le moment, Alyson semblait prête à tout quitter pour la suivre à San Francisco. Une réussite sur toute la ligne. Quoique... Parfois, il y avait des mutants étranges dans ceux que Lily-Rose envoyait chercher. Non pas de pouvoir ou d'apparence, mais bien de caractère. Pour un peu, elle aurait presque pu prendre ça pour des avances, si Eden pouvait décemment envisager ce genre de proposition. Ce n'était qu'une mise à l'épreuve de plus, ou plus simplement une bête proposition amicale. Elle eut un petit sourire de gratitude. Mieux valait partir sur la solution la plus simple sans y chercher d'arrière pensée, quitte à passer pour une cruche.

"C'est gentil, mais j'ai déjà une chambre dans une auberge de jeunesse. Vous devez avoir pas mal de choses à mettre en ordre, alors... Je vais plutôt vous laisser préparer vos affaires. Sauf si vous avez besoin d'un coup de main. Un avion part pour les Etats-Unis demain matin."

Le silence se faisait pesant, l’une et l’autre continuaient à se focaliser sur la seconde avec une interrogation presque palpable.
Une scène vidée de son oxygène les englobaient, dévorant leurs réponses à une vitesse exponentielle.
Toujours aussi calme et stoïque, seuls les yeux d’Alyson bougeaient, étudiant le moindre mouvement d’Eden.

Seul un mot percuta ce silence de mort de plein fouet, balayant tout sur son passage.
Un plaisir intense parcouru l’Allemande de haut en bas, elle venait de rencontrer une autre consœur, et outre Wilma – il fallait le dire, n’était pas le genre de mutante pour qui on aurait donné la vie –, Eden était la partie mutante dissimulée.
Une peau fine, doucement maquillée, quelque peu marquée aussi par de longues heures de voyage et un décalage horaire relativement délicat.

D’un simple sourire – forcé ? – Eden déclina son offre, tout en lui offrant une invitation d’un tout autre genre. Elle voulait l’aider à préparer ses affaires ? Rien que l’idée de la voir se perdre entre les robes noires et les sous-vêtements en dentelle, la fit sourire plus qu’elle ne l’aurait voulu.

— A moins que vous n’ayez l’envie de vous retrouver les mains dans ma valise, je pense pouvoir y arriver seule… Je vous dis à demain alors… (Elle passa à côté d’Eden, puis reposa un regard sensuel sur cette dernière.) A l’aéroport, porte 13… Celle des départs pour les USA…

De la gestuelle au regard, tout paraissait d'une sensualité gracieuse chez Alyson, ce qui avait, outre la capacité d'intriguer, aussi celui de pousser Eden à une certaine méfiance de façon subjective et injustifiée. Ne sachant trop sur quel pied danser, elle opta pour son expression type de la brave fille bien élevée et, dans un mouvement calme, enfonça sa main gauche dans la poche de son sweat. Inclinant à peine la tête, elle rendit au regard lancé par Alyson un simple sourire enfantin, les yeux plissés, rabaissant de sa main droite la visière de sa casquette précédemment redressée.

"A demain, oui. Dix heures."

Puis après avoir suivit des yeux le départ de la jeune femme, se posant bien plus de questions qu'elle ne le devrait, elle se rassit quelques instants.


Dans le dos d'Alyson, Wilma agita une main pour un au-revoir qui passa inaperçu, mais qui combla suffisamment la secrétaire, avant qu'elle ne se plonge à nouveau dans son album. L'ascenseur n'avait pas bougé, personne ne l'avait emprunté. L'allemande pu sans autre y prendre place pour rejoindre le rez-de-chaussée. Quand les portes s'ouvrirent, elle se retrouva nez-à-nez avec un visage connu à présent, celui de Lukas.

"Oh! Alyson! Avez-vous trouvé ce qu'il vous faut?"

Un peu dépareillé, il replaça le col de sa chemise avant d'ajuster son manteau noir.

[HRP]Première tentative d'utilisation des codes couleurs... En espérant qu'elle soit mise en place convenablement...[/HRP]

Tout en quittant Eden, Alyson se perdit dans ses pensées.
Le frottement de l’ascenseur dans le tunnel vertical qui l’amena au rez-de-chaussée la fit à peine bouger un œil.
Sortant de la cabine elle se retrouva face à une personne qu’elle avait quittée quelques heures à peine auparavant : Lukas.

Toujours aussi propre sur lui-même, le mutant ajusta sa tenue en quelques mouvements calculés.
Réprimant un sourire forcé, Alyson posa un regard sur lui dénué d’une quelconque animosité.
Finalement, c’était grâce à lui qu’elle avait pu rencontrer Eden. Mais surtout en apprendre un peu plus sur son possible avenir à San Francisco…

— Oui, et même plus d’ailleurs… (Elle détourna son regard un brin osé vers le sol.) Par contre votre comité d’accueil à l’extérieur laisse grandement à désirer… J’avoue que ça me démange de leur apprendre le respect…

Alyson fit apparaître un étrange fourreau d’un blanc immaculé dans sa main droite.

Serrant cette partie d’elle-même tout contre elle, elle fixa Lukas d’un air amusé.

— Et si je vous faisais une petite démonstration de ma mutation… Je vous l’avais promit il me semble…

Son pouce caressa la garde de l’arme assez lentement, comme si elle caressait un chaton ronronnant dans ses bras.
Elle nourrissait un désir incommensurable, celui de lui prouver qu’il n’avait pas fait tout ce chemin pour rien. En espérant aussi qu’Eden l’observerait tout autant.

D'un air satisfait, le télépathe hocha la tête. Pouvoir aider des mutants semblait suffire à son bonheur et il pouvait sans peine ajouter Alyson sur la - pour l'instant - très courte liste de ses semblables que le CEAM avait pu soutenir d'une manière ou d'une autre. En revanche son expression s'atténue quelque peu quand Alyson fit une nouvelle démonstration de ses pouvoirs. Bien qu'en vérité, les mots semblent être surtout la cause d'une perte de motivation apparente. Il se retourna à moitié en direction de l'entrée, relevant une main contre son menton, prenant une attitude songeuse.

"Et bien..."

Apparemment hésitant, il se donna quelques secondes de réflexion avant de poursuivre, en en revenant à Alyson.

"Disons que je ne suis pas un partisan d'une quelconque forme de violence, néanmoins..."

Il entrouvrit un peu son manteau. La température du hall de l'immeuble était plus clémente que celle de l'extérieur.

"Ces charmants jeunes hommes ont tendance à effrayer nos semblables. Si vous trouvez un moyen de leur donner envie de partir, sans que ça ne fasse intervenir les forces de l'ordre ou ne provoque un mouvement de panique parmi des passants, je suis on ne peut plus intéressé par une démonstration."

Quoiqu'il semblait tout de même un peu dubitatif, sans doute par le fait que le bureau de son centre se trouvait ici-même et servirait nécessairement de bouc émissaire en cas de poursuite.

Lukas parut plus que perplexe lorsque la mutante lui proposa de donner un cours de bonnes manières aux jeunes qui se tenaient à l’extérieur.
Néanmoins, ce dernier lui expliqua que quelques mutants bien moins farouches qu’elle préféraient éviter l’approche du CEAM. Chose qui, – Alyson n’en doutait pas – empêchait une meilleure extension du groupement mutant auprès de leurs pairs.

Il n’avait pas tort finalement, éviter la maréchaussée, tout autant que les badauds… Une foule apeurée criant à tous va et courant en tous sens pose nombre de problèmes de gestion.
Surtout que la police et elle, n’était pas… Très amis ?

Gardant son katana derrière son dos, la Germanique sortit du bâtiment et retrouva à quelques mètres de leur précédente position les quatre mal-élevés.
Ouvrant d’une dizaine de centimètres la fermeture éclair de sa combinaison de moto, elle dévoila légèrement sa poitrine.
D’un mouvement de hanches hypnotique, elle passa devant eux le sourire aux lèvres et le regard libidineux.

Alyson étendit son bras tenant son katana, utilisant l'arme comme un bâton qu'elle coinça entre les mollets de l’homme qui faillit tomber.

— Que je suis maladroite ! J’ai faillis vous faire tomber ! Comme c’est dommage ! (Elle leur fit face, souriant encore plus.) Quoique finalement, ça ne vous aurait peut être arrangé le portrait… Votre pauvre mère doit bien se demander comment elle a pu vous faire naître…

Détournant le regard, Alyson se glissa dans une ruelle à quelques encablures.
Au moins, dans une zone moins fréquentée, elle risquerait moins de blesser une tierce personne. Surtout que présentement le but en était entièrement différent.

*Juste une démonstration… Pas de carnage comme la dernière fois… En plus Helena n’est pas là pour me couvrir à nouveau…*

Ses idées se tournèrent vers Lukas, c’était un brave homme, un peu proche de sa personne, mais sympa quand même. S’il avait été plus jeune, une sortie en tête à tête n’aurait pas été des plus déplaisantes d’ailleurs.

Derrière Alyson, Lukas s'avança jusque sous le porche, histoire d'avoir une vue d'ensemble. Le retour du directeur du CEAM avait eu pour effet de les faire se poser un peu plus loin, mais toujours contre la façade du bâtiments. L'un d'eux, clope au bec, cracha un large nuage de fumée nauséabond en indiquant les fenêtres du haut de l'édifice. Les quelques propos échangés n'étaient pas particulièrement audible dans la mesure où, comme la première fois, les bouches se fermèrent toutes à l'arrivée de la mutante.

Le plus proche ne pu décemment détourner les yeux. Il fallait dire qu'il était rare par les températures encore fraîches de Dresde de voir une jeune fille exposer ses atouts avec un regard suffisamment éloquent pour permettre au mâle lambda de se mettre tout un florilège d'idées interdites aux personnes de moins de dix-huit ans en tête. Celui au chapeau, peu intéressé, ne posa qu'un regard dédaigneux avant de se reporter sur le dernier qui, visiblement mal élevé, eut un petit sourire pervers en détaillant sans vergogne les hanches d'Alyson, allant jusqu'à incliner la tête en espérant saisir plus en détail la croupe de la mutante. Il n'en eut pas vraiment l'occasion.

Déstabilisé par la garde du katana, et bien trop diverti par le jeu de séduction d'Alyson, il perdit l'équilibre et, après avoir battu des bras dans le vide, se rattrappa là où il le pu, c'est-à-dire... Les mains en plein sur les seins de l'allemande. Son camarade libidineux éclata d'un rire gras instantanément, tandis que celui au chapeau fronçait les sourcils en s'écartant de la façade, répondant sur un ton sec.

"Qui t'as autorisé à venir nous adresser la parole, mutante?"

Le dernier, celui à la cigarette, lança la voix teintée de cynisme.

"Tu veux qu'on t'apprenne à te servir de ton couteau d'apparat, beauté?"

Les quelques passants de l'esplanade commencèrent à ralentir le pas, leur attention attirée par le ton peu agréable des hommes. A une terrasse, à quelques mètres, deux ados et une serveuse tournèrent la tête dans leur direction.

Spoiler:

Les plus bavard des quatre types eurent un bond, chacun s'éloignant l'un de l'autre pour sortir de la chaîne subitement apparue en remplacement de la lame. Les deux derniers posèrent un regard intrigué sur les maillons. Enfin du moins pour l'un. Le second, celui qui avait, par mégarde, peloté Alyson, en était vite revenu au décolleté de la mutante. Celui au chapeau qui avait bondit s'empressa de crier, histoire de bien se faire entendre de tous les passants.

"Encore un mutant qui se sert de ses pouvoirs contre les honnêtes citoyens!"

Le second, qui avait laissé tombé sa cigarette, se contenta d'un petit sourire mesquin tout en contournant la mutante. A la terrasse d'à côté, la serveuse, peu courageuse, s'empressa de rentrer tandis que les ados sortaient leurs téléphones portables pour filmer la scène avec un enthousiasme déplacé. Certains passants pressèrent le pas pour mettre de la distance tandis que d'autres, plus voyeurs, s'étaient franchement arrêtés pour regarder la scène. Près de l'entrée du bâtiment, Lukas semblait observer calmement ce qui se passait, faisant visiblement confiance aux agissements d'Alyson.

Spoiler:

Alyson les regarda esquiver assez facilement sa chaîne qui avait prit la forme d’un lasso à leurs pieds.
Revenant rapidement à ses mains, disparaissant tout aussi vite, il ne restait d’elles rien qu’un pâle souvenir.

La remarque de celui qui se prenait pour leur chef la fit amèrement sourire. Si cette foutue promesse faite à Lukas l’empêchait de les réduire en charpie, rien au contraire ne la forçait à leur apprendre les bonnes manières d’une toute autre façon…
Bien plus amusante celle-là.

— Des honnêtes citoyens qui s’en prennent à une pôvre mutante sans défenses ? (Alyson prit une moue désabusée, presque enfantine tout en prenant à parti Lukas qui se tenait toujours à proximité du bâtiment.) Vous rendez-vous compte ? Ils osent me traiter de mutante…

Se déplaçant vers les adolescents armés de leurs portables, la dite mutante se pencha à hauteur de leur visage. Plongeant son regard ténébreux dans ceux de ces gamins avides de sensations fortes, elle leur fit comprendre qu’elle n’y était pour rien.

— S’il vous plaît ! Soyez gentils avec moi, ces affreuses personnes veulent profiter de moi ! (Elle continua sa tirade théâtrale en les désignant du doigt.) En plus ils doivent vraiment avoir un souci avec leurs pantalons… Regardez-les… Malgré qu’un des leurs ai laaaaaargement profité de mon corps, ils ne bougent pas !
*Lukas, le spectacle vous plait-il ?*

Il ne manquait plus que les informations du jour pour rajouter à la honte qu’elle faisait naître en eux.
Quiconque la connaissait, savait que son tempérament calme cachait une manipulatrice qui jouait de ses charmes autant qu’elle le pouvait.
Sans jamais tomber dans la vulgarité, respect de sa personne oblige…

Appuyé contre le mur du porche, Lukas croisa les bras et ne retint pas un petit sourire amusé face au changement de stratégie d'Alyson. Se reprenant quand elle le prit a partit, il afficha une mine profondément déçue en secouant la tête d'un air navré avant de se reporter sur les quatre fauteurs de troubles.

Les adolescents, un peu moins convaincus, eurent un geste pour se relever à l'approche d'Alyson la vue d'un katana puis d'une chaîne avait eu de quoi les refroidir. Ils se regardèrent d'un air sceptiques, sans vraiment trop savoir quel parti prendre. L'un d'eux ne pu réprimer malgré lui un pouffement de rire quand elle évoqua le comportement lubrique du type déstabilisé, ce qui fit pousser à l'intéressé un grognement de mécontentement.

Cinq passants au total s'étaient ajoutés, regardant le spectacle d'un air intrigué. Toujours immobile dans son coin, Lukas prit la peine de répondre à Alyson par la voie la plus discrète pour un télépathe.

*Pas mal, pas mal... Laissez-moi vous donner un coup de main,*

Son regard glissa un court instant sur l'un des passants qui prit subitement l'initiative d'intervenir.

"Laissez cette pauvre fille tranquille! Vous terrorisez tous le quartier en restant là. Les mutants d'ici ne vous ont rien fait!."

Plus frustré et humiliés que honteux, les quatre hommes peinaient à cacher une colère naissante. L'un d'eux s'avança pour bousculer le passant.

"Mêle-toi de ce qui te regarde, papy!"

Laissant tomber sa cigarette au sol, le second l'écrasa du pied en lançant sur un ton ou perçait une certaine pointe de sadisme.

"ça suffit pour aujourd'hui. Tu veux jouer, beauté, alors tu vas servir d'exemple."

D'un signe de la main, il ordonna à celui qui avait précédemment peloté Alyson de se bouger. Obéissant, il remonta ses manches et s'approcha en faisant fi des ados qui filmaient toujours pour poser une main calleuse sur l'épaule de la mutante et la tirer en arrière.

Spoiler:

Peu réactif, et convaincu de sa supériorité, l'agresseur d'Alyson n'eut qu'un cri plus de surprise que de douleur quand, totalement déstabilisé, et tiré au sol, il vint percuter les pavés de la place. Son épaule heurta le sol irrégulier sous l'incrédulité de ses trois amis.

Les deux ados poussèrent une exclamation d'enthousiasme en se relevant pour mieux filmer la démonstration de la mutante. L'un d'eux alla même jusqu'à lancer un mot d'encouragement qui perdit de sa conviction sous le regard haineux du type au chapeau.

Pendant que son pote restait au sol, celui qui avait écrasé sa clope s'avança, suivit de ses deux acolytes, abandonnant le passant qui avait tenté de faire opposition. Ils allèrent entourer Alyson.

"Tu parles trop. Démontez-la!"

Le type au chapeau resta hésitant tout de même, mais le second, lui, obéit comme celui qui était encore au sol et glissa ses bras autour d'Alyson pour la bloquer.

Tout aussi zélé que son prédécesseur, et bien plus imposant qu'Alyson, son agresseur n'eut pas la présence d'esprit de frapper. Il se prit le manche du katana directement là où ça faisait mal. La douleur lui fit pousser une plainte rauque tandis que ses bras se relâchaient, le figeant dans une impuissance totale, ce qui permit à Alyson de lui placer un second coup en pleine figure de son adversaire. Sonné, il recula d'un ou deux pas, sur le point de s'effondrer.

Alyson n'eut pas le loisir de le voir chuter. Au sol, le premier homme qu'elle avait pu défaire s'était redressé à peine ce qu'il fallait pour agripper les jambes de la belle, offrant une occasion en or pour le type au chapeau qui lui tâcha de donner un coup dans le ventre d'Alyon. Déstabilisée, la mutante chuta, ce qui empêcha le cogneur de frapper réellement fort.

Le dernier qui avait donné les ordres allait à son tour se jeter dans la bagarre mais le passant précédent s'en était mêlé plus fortement, pour aller lui mettre un coup de poing peu mou qui avait au moins le mérite d'occuper celui-ci.

Quittant son poste d'observation, Lukas se dégagea du porche pour s'approcher, puisque la situation partait immanquablement dans une bagarre générale. Les deux ados poussèrent une exclamation de satisfaction en reculant, sans cesser d'enregister le spectacle tandis qu'une passante leur hurlait d'appeler la police au lieu de filmer.