01.01/29.L.Old School - Débat intérieur...

Souffle rapide et bruyant. Visage renfrogné. Un tic nerveux déforme la commissure des lèvres. Kang-Dae parcoure de long en large le toit du vieux bâtiment slalomant entre une vieille table et quelques chaises toutes aussi défraichies.
La veille, le jeune coréen était un Yakuza plein d’avenir vivant dans l’opulence et une tranquillité somme toute, toute relative mais indéniable et désormais Kang-Dae devait vivre dans un taudis parmi les américains sans un sou vaillant en poche.

‘Merci Walentine ….’

Crache avec véhémence l’expatrié en poursuivant son circuit.

‘Merci beaucoup !’

Avec une rage indéniable, le coréen envoie balader du pied une pauvre chaise innocente qui va s’écraser sans réel dommage contre une paroi de bois cloisonnant certainement un abri quelconque.

‘J’aurais du le tuer….Le tuer !’

Mais ses dernières paroles ne reflètent pas ses pensées profondes, Kang-Dae sait parfaitement qu’il n’aurait pas pu tué Chang, le vrai Chang s’il eu été devant lui la veille. Du moins pas dans le cadre d’un meurtre sordide, sans raison personnelle et surtout pour complaire à un triste sir vivant dans l’opprobre.
Son pas, son pouls ralentit. La fureur qui l’habite se tarit peu à peu. Se dirigeant vers la chaise renversée, Kang-Dae la redresse puis s’assoit dessus dos à la cloison perdant son regard dans l’immensité du ciel.

En fait, Kang-Dae en voulait à Walentine de l’avoir dépouillé de tout sauf de son honneur de l’avoir obligé a devenir un Rônin….Certes c’était de la mauvaise foi évidente mais il était tellement plus simple de blâmer les autres que soit même.
Le pire en dehors de désormais vivre au milieu des Américains, des êtres arrogants, cupides et gras comme des cochons et que Kang-Dae devait vivre au milieu de femmes…. Oui de nombreuses femmes à en juger les tons féminins qu’il avait surpris en passant à proximité d’une pièce du vieil hotel ….
Un frisson parcoure l’échine de l’asiatique en pensant à tout les problèmes qu’elles allaient certainement créer……

D’ailleurs l’expatrié n’avait pas encore rencontré les dirigeantes de cet endroit ni les autres pensionnaires …. Puis regardant son costume froissé, le coréen s’interrogea sur son avenir …. Car au final le pire que Walentine lui avait fait était de l’avoir obligé à regarder au plus profond de son âme pour qu’il se rende compte qu’il ne savait rien faire de concret en dehors des arts martiaux…
Que Lui, Kang-Dae n’était rien d'autre qu’un looser comme le disaient si bien ces foutus Américains !

Splash ! Un pigeon facétieux venait de lâcher un surplus intestinale sur l'épaule de Kang-Dae.... Sa nouvelle vie démarrait sur des chapeaux de roues !

Vient de la salle à manger.

La porte menant à l'escalier sembla hésiter un peu. En effet, la poignée fut manoeuvrée et le battant s'ouvrit de quelques centimètres mais ce fut tout pendant quelques secondes. Puis, elle s'ouvrit lentement, poussée par l'épaule d'un grand chat gris. Le Maine Coon admira le superbe aménagement du toit digne de ce qu'attend tout squatteur normalement défoncé à la drogue dure. Dans le genre plongée aux enfers, ce mois de vacances pulvérisait ses espoirs les plus fous! Surtout qu'il fallait s'attendre à ce que ce mois dure... mais dure... disons, quelques années.

Janet espérait une contrepartie à la hauteur du monstrueux sacrifice imposé à son égo mais vu les moyens financiers de cette "école", elle ne pouvait pas espérer des miracles. Poussant l'équivalent félin du soupir, le chat se mit à explorer un peu le toit. L'air n'était pas froid, non. Une glace tombant du cornet pour tomber dans un corsage c'était froid. Là, c'était un peu comme avancer dans un bloc de neige qui comprimait chaque centimètre carré de la peau avec une attention glaciale toute particulière. Poussant son professionnalisme jusqu'à lui congeler la gorge, la météo lui apprit quelque chose qu'elle devait pourtant savoir depuis le temps : l'hiver était un privilège réservé aux pauvres dans les villes et aux stations de ski pour les riches.

Son odorat lui apprit une chose assez rapidement : elle n'était pas seule. Un mélange de transpiration, de savon et de... fiente? Il n'a tout de même pas...

Faisant pivoter la tête, elle repéra l'homme assis sur la chaise. Ses habits semblaient de bonne facture mais surtout étaient aussi frais que les siens. Visiblement, les arrivées en catastrophe n'étaient pas réservées à Janet. Avec un peu de chance, c'était encore pire que pour elle. Tant mieux, il n'y avait aucune raison pour que tous les problèmes du monde se réservent l'exclusivité de l'embêter, elle, Janet Margaret Jameson. Après tout, miss crocs et griffe se réservait le droit de nuire à quiconque et il fallait rétablir l'ordre des choses. Dédaignant l'asiatique quelques minutes, le chat parcourus le toit de long en large, farfouillant un peu partout. Une fois lassée de cet inventaire, elle sauta sur le parapet surplombant la rue et, sous les yeux du jeune homme, repris l'apparence de jeune fille.

Sourire Colgate, cheveux aux vent, jambes croisées, bras légèrement écartés et mains posés sur le mur. Position de combat classique version "loli chose" afin de soustraire de menus renseignements ou petits sommes de monnaie aux gentils messieurs.

"Bonjour! Moi c'est Janet. ça va?"

Bien sûr que ça n'allait pas, il ne fallait pas faire psychologie avancée pour le savoir. Mais ce serait agréable d'entendre quelqu'un se plaindre pour changer un peu.

Kang-Dae tentait d’imaginer mille et une manières de tuer le pigeon qui venait de lui ruiner son costume à deux milles dollars lorsqu’un chat sauta prestement sur le parapet non loin pour se transformer en une jeune demoiselle toute souriante et avenante.
Le coréen, de prime abord, hoqueta de surprise et en une stupide tentative de recul, surtout lorsque l’on est adossé à une paroi, se cogna l’arrière du crane contre la dite cloison.

Heureusement le choc s'avéra peu violent mais blessa plus l’amour propre du coréen, qui n'apprécia pas du tout d'avoir été surpris, que sa chair.

Se relevant prestement, Kang-Dae pointa un doigt accusateur et tremblotant vers la jeune fille puis grogna d'un ton fort peu amène :

‘Ne me refait plus jamais un coup comme ca ! J‘ aurais pu m’engluer les cheveux sur je ne sais quelle saloperie qui traine dans le coin !’

Avec brusquerie le coréen se passe une main en sa chevelure pour vérifier si sa prédiction s’avérera inexacte : ce qui heureusement fut le cas.

‘Tu as de la chance …..’

Poursuit Kang-Dae à l’attention de la Janet en l’observant avec suspicion puis , au bout d’une dizaine de secondes,enchaina sur un ton sec.

‘Ai-je l’air d’aller bien ? Tu as vu l’état de mon costume, de mes cheveux ?! ‘

Kang-Dae tourne sur lui-même comme pour montrer l’ampleur du désastre tout en pointant du doigt la vilaine tache d’un vert olivâtre qui macule son épaule.

‘Tu as vu dans quel trou on vit ?! Tu penses sincèrement que je vais bien en ce moment précis ?!’

Termine Kang-Dae en s’avachissant lourdement sur la chaise de bois la faisant gémir tout en secouant de droite à gauche sa tête avec une moue dédaigneuse.

La transformation subite de Janet impressiona l'asiatique. Visiblement, même face à des mutants au courant qu'ils venaient de mettre les pieds dans une ménagerie de type néo-bordélique continuaient d'être surpris de voir un chat leur adresser la parole. Il faudrait qu'elle continue comme ça, c'était très amusant. Voir même introduire un chat dans l'Old School pour regarder les élèves lui parler en croyant que c'était elle.

Notant dans un recoin ténébreux de son cerveau le futur plan machiavélique pour ridiculiser ses camarades, elle conserva son attitude pseudo-joyeuse face à l'inconnu au costard fatigué. Il avait dormi dedans? Il y avait des chances, effectivement. Quand il commença à la menacer, elle remarqua qu'il semblait avoir autant de capacité à se fondre dans le décor que l'huile de se mêler avec le vinaigre. Ou d'un caméléon sous un mauvais acide à rester invisible devant une toile d'art moderne. Face à la menace, elle pencha légèrement la tête de côté sans cesser de sourire.

"Oh? Ton pouvoir te permets de donner sans risque une claque à un tigre?"

Petit rire cristallin, le genre qui selon la circonstance fait sourire ou grincer des dents. Après un round d'observation, l'inconnu continua de se plaindre de façon plus précise. Visiblement, il semblait penser que ce lieu ne méritait pas l'honneur d'accueillir sa noble présence. Janet était d'accord mais avait un mode de pensée moins pessimiste : Elle n'avait pas à changer pour se fondre dans un environnement mais elle avait à modifier l'environnement pour que ça lui aille. Selon les endroits, on appelait ça l'ambition, l'engagement ou le courage. Janet en avait une vision plus proche du totalitarisme monétaire.

"Je ne dirait pas que c'est totalement un trou. Déjà, je croie bien que personne n'a dormi dans le lit avant moi. Vu le quartier, ce doit déjà être un super luxe!"

Elle sauta alors à terre, le faisant silencieusement de façon inconsciente et marchant en évitant tout gravier, débris ou endroit qui la ferait marcher en faisant du bruit. Il y avait une chose qu'elle avait remarqué en faisant son petit tour... Marchant vers une petite fenêtre éclairant l'intérieur du débarras, elle pointa d'un doigt manucuré des objets neufs encore dans leur emballage d'origine. Visiblement des accessoires de jeu divers et variés.

"Ces "professeurs" mettent de l'argent dedans pour que ça change un peu... Tu as combien à mettre dedans?"

Une bonne poire à pressuriser ça lui manquait. Mais Janet essayait de garder son apparence de petite fille sage malgré la colère qui couvait : Monsieur n'avait pas daigné dire son nom! Quelle grossièreté! Pour la peine, elle allait lui tirer les vers du nez sans rien lui révéler de sa petite personne! Non mais!

La mine renfrognée mâtinée d’un air patibulaire et d’un soupçon de défiance Kang-Dae observe attentivement la lolita cheminer de quelques pas avec une grâce en somme toute naturellement féline et ce depuis son assise.
La coupe de ses vêtements, son arrogance et sa manière d’agir lui rappelait furieusement quelqu’un….Lui en l’occurrence ….Cette fille devait être une véritable calamitée si Kang-Dae s’en référait à son propre passé….
D’après la première boutade assénée par Janet , accompagnée par ailleurs d’un rire bien agaçant et associée a sa démonstration de pouvoir précédente conforta le coréen dans l’idée que Janet devait être à même de pouvoir se transformer en n’importe quel animal. Mais au vue de son jeune âge, Kang-Dae doutait fortement que la demoiselle soit à même à se transformer en un redoutable tigre….
Néanmoins les paroles de la lolita dans lesquelles percée un brin de machiavélisme finirent par apaiser le feu qui coulait dans les veines de Kang-Dae et le firent même sourire.

‘Pour répondre à ta première question, je ne pense pas être en mesure de pouvoir gifler un tigre…Par contre une petite boule de poil crachouillant ne devrait pas me poser trop de problème.’

Répond le coréen en riant franchement, dévoilant une dentition parfaite, tout en repliant les bras à l’intérieur des coudes.

‘Quand à mes finances elles se résume à cela….’

Dépliant ses bras, Kang-Dae plonge ses mains dans les poches avant de son pantalon afin de les retourner, entièrement vides. Sentant le besoin de se justifier le coréen poursuit d'un ton embarrassé.

‘Je n’ai jamais été quelqu’un de vraiment prévoyant….Et franchement hier matin je ne pensais pas qu’à ce jour je parlerai à une ravissante demoiselle capable de se transformer en chat sur le toit d’un immeuble au cœur de l’Amérique.’

Le coréen reprend sa position initiale puis poursuit visiblement mal à l'aise :

‘Mais tu as raison…Mon comportement n’est pas digne…Ceux qui nous ont accueilli font tout ce qu’ils peuvent pour nous aider et je crois que je vais devoir mettre du lait dans mon vin je pense….’

‘Au fait je m’appelle Kang-Dae.’

Termine Kang-dae avec un franc sourire.

La petite Janet s'écarta du cabanon pour embrasser le toit d'un regard plus haut perché que celui du félin qu'elle était en arrivant. Oui, le bâtiment n'était pas de toute première fraicheur, un peu comme les autres du quartier. Cette fine équipe devait soit être franchement mal organisée soit...

Les principes de tactique et de stratégie étaient un concept aussi étranger au cerveau de Janet que le thé à la menthe à un alcoolique. A savoir elle savait que ça existe mais elle laisse ça pour les barbares. Toutefois, le stress des dernières vingt quatre heures lui avait montré l'utilité de rester discrète. Et tout ce bâtiment était discret. On était à mille lieux d'une opération gouvernementale et ça ressemblait bien plus à la préparation d'actions de guérilla urbaine. Lily-Rose paraissait pourtant bien au-dessus de ce genre de considération et tenait plus de la consommation de thé à la menthe justement. Toujours se méfier des buveurs d'eau chaude...

Janet fit la moue à la première tirade de l'asiatique.

"Huum. C'est vrai que le tigre c'est encore un peu loin... Mais c'est pas impossible... Enfin, j'arrive déjà à devenir quelque chose d'assez redoutable pour tenir tête à deux assassins mutants capable de faire du petit bois avec des militaires entraînés donc ça me suffit."

Le fait qu'elle s'était enfuie à quatrième vitesse n'était qu'un détail ridicule qui blesserait salement son égo si elle l'admettait. Il aurait fallu trouver une diversion et l'inconnu en fit une belle en révélant le non-contenu de ses poches. Janet était retournée s'appuyer contre la balustrade pour contempler d'un oeil faussement amusée les autres immeubles des alentours.

"Moi j'étais revenue aux Etats Désunis d'Amérique pour passer un mois de vacances. Très réussi... J'ai plus de 40 000 dollars sur un compte en banque pour payer mes futures études supérieures mais... ça va être dur de les sortir maintenant..."

Ce n'est pas qu'elle ait besoin de l'accord de ses parents : Cela faisait belle lurette qu'elle avait transféré l'argent à leur insu dans un paradis fiscal. Si c'était à elle il était normal qu'elle en fasse ce qu'elle veut. Mais les Pères Fondateurs l'avaient dans le collimateur et il ne vaut mieux pas sous-estimer la capacité d'un pays à surveiller les mouvements de fonds d'un compte en banque. Beaucoup de fraudeurs du fisc l'ont appris à leur dépend. Et ça mettrait le joli plan en l'air.

Janet se secoua. Elle venait de faire quoi là? De penser aux autres? Elle devait vraiment avoir faim...

"On dirait surtout qu'on a pas trop le choix... Heu... On a pas trop d'endroits où revenir...

Elle parlait surtout pour elle mais en fait elle généralisait à tout le monde. C'était un comportement habituel qui souvent se révélait faux mais qui, soufflait une petite voix désagréable à son cortex, se révélait malheureusement vrai aujourd'hui. C'était le genre de moments où son égo surdimensionné aurait accepté de se tromper. L'asiatique finit par se présenter.

"Clang-Dé?"

Janet levait un sourcil. Les sonorités asiatiques lui étaient inconnues, ne se mélant pas aux touristes d'extrème orient et n'ayant jamais adressé la parole à l'un d'entre eux (comme à l'immense majorité des peuples de ce monde qui méritaient à peine de respirer le même air qu'elle). Janet n'était pas raciste, non. Juste très intolérante envers tout ce qui contestait son rôle de centre du monde.

Haussant à son tour un sourcil dédaigneux, le coréen corrige promptement l’écorchage en règle de son prénom en assistant bien sur les syllabes. Tout comme l’aurait fait un instituteur débonnaire face à une élève peu attentive.

‘KANG-DA E . Tu peux y arriver en décomposant bien les syllabes, après tout dans ma langue tout est histoire de phonétique.’

Poursuit Kang-Dae sur un ton faussement professoral en se levant de sa chaise pour se rapprocher d’une démarche coulante en direction du parapet et observer la cité.
Le coréen frissonne, le climat sous ses latitudes et bien plus rude que sous les tropiques. Kang-dae se frictionne avec vigueur les bras, froissant plus encore son costume qui heureusement n’en était plus à ca prêt.

‘Comme tu le dis si bien, on ne peut plus revenir en arrière ou est obligé d’aller de l’avant….. Mais sans ressource cela risque de ne pas être évident….’

Lance le coréen sur un ton songeur tout en reculant de quelques pas puis Kang-Dae se retourne lentement cherchant du regard l’énigmatique demoiselle.

‘C’est bien beau d’être ici, en sécurité. De commencer une nouvelle vie….Mais sans argent comme fais je faire pour m’habiller correctement, entretenir ma coupe de cheveux et surtout poursuivre mon entrainement dans l’art du Hapkido Jin Jung Kwa…. Tu n’aurais pas 50 cents que je tente ma chance à la loterie ? Il doit bien avoir une loterie dans ce pays non ?’

Salle à manger

Luz avait pris les escalier prudemment, des fois qu'une marche s'effondre sous ses pas pourtant pas particulièrement pesants. Le décor paraissait bon marché même selon ses critères qui étaient tout sauf exigeants, mais cela lui enlevait l'angoisse toujours présente lorsqu'elle était dans des lieux luxueux d'abimer quelque chose par inadvertance. Ici, les murs sentaient tellement l'ancien qu'on aurait pu installer une plantation de cana dans une pièce sans que personne ne se rende compte de rien. Elle nota d'ailleurs cette idée dans un coin de sa tête afin de l'avoir sous le coude si elle se trouvait dans une situation désespérée vis à vis de sa consommation d'herbe. Elle imaginait déjà la justification : le besoin d'apporter un peu de nature dans ce décor intégralement artificiel. S'il le fallait, elle était prête à planter aussi autre chose, ça ne l'arrêterait pas.

Peu avant d'arriver, elle entendit une voix, signifiant qu'elle ne pourrait pas découvrir le panorama en toute quiétude. Comme elle n'avait pas le moindre plaisir à observer des métropoles, elle décida de n'en tenir rigueur à personne. Surtout qu'elle ne savait pas qui elle allait croiser. Des nouveaux, ou pas ? Si c'était encore une grande blonde méprisante, elle irait acheter les plans dans l'après-midi. Juste pour oublier.

La réponse fut à cheval entre les deux. L'Asiatique était nouveau, dans tous les sens du terme, puisqu'il ne semblait pas très bien parler. Luz était certaine que "Pakidoyinukawa" n'était pas un mot anglais, ni espagnol. Il faudrait sans doute lui parler lentement, mais le débit de l'Espagnole n'avait rien de frénétique. L'autre personne, elle l'avait déjà rencontrée, et aurait du mal à l'oublier.

- Hi, Catwoman.

Un coup d'oeil sur le débarras qui s'y trouvait suffit pour que Luz décrète cet endroit comme la place la plus cool du coin. Non seulement il y avait des plantes, de quoi jardiner - comme si son idée fantaisiste prenait d'instant en instant plus de cohérence - mais surtout un HAMAC ! Sa nonchalance quitta Luz durant quelques secondes, et elle se précipita dans le lit suspendu afin d'en tester le confort. Elle sentait qu'elle passerait beaucoup de temps ici. Un soupir de contentement s'échappa de ses lèvres, avant qu'elle se souvienne qu'elle n'était pas seule, et qu'elle ne se rende compte qu'il faisait un peu froid pour la bronzette prolongée. Elle se redressa sur ses coudes et regarda l'Asiatique.

- Salut. Moi c'est Luz.

Elle tenta quelques secondes de résister au confort du hamac, mais sa volonté n'était absolument pas entraînée, et elle se laissa retomber mollement. Elle fit juste basculer ses tentacules crâniens de part et d'autre du tissu d'un mouvement de tête pour qu'ils ne gênent pas sa station allongée, et ferma les yeux. Elle se sentait vraiment bien, loin des disputes.

- Je kiffe cet endroit.

Les mots étaient sortis de ses lèvres tant ils envahissaient son esprit. Elle les fit donc partager à son entourage, sans se préoccuper le moins du monde qu'ils soient d'accord avec elle. Du reste, s'ils ne l'étaient pas, ils ne revendiqueraient pas l'occupation de ce sublime hamac, et tout serait pour le mieux.

L'asiatique ne semblait pas apprécier que l'on déforme son nom. Très bien. Elle comprenait ce genre de chose. Après tout, ne pas parvenir à exprimer clairement le nom de la personne à qui l'on s'adresse c'est faire preuve d'une bassesse et d'un mépris profond envers la personne à qui l'on s'adresse.

"D'accord Clang."

Grand sourire colgate.

Ensuite, le gaillard remonta dans son estime : il se projeta dans l'avenir. Voir plus loin que jusqu'au repas suivant était une des marques de l'évolution qui avait séparer la branche humaine du reste de la création. Bon, par la suite, il faut bien admettre que Darwin se serait suicidé à observer ce que ses congénères sont devenus. Encore que, avec les mutants il aurait pondu un bouquin de dix mille page. Le chapitre qu'il aurait accordé à Janet aurait sûrement été savoureux, à chercher à comprendre la physionomie d'un chat qui changerait d'espèce à chaque fois qu'il avait le dos tourné. Souriant intérieurement à cette bonne blague qu'elle n'aurait pas hésité à jouer, elle leva un doigt comme un professeur que son élève dissipé n'a pas écouté.

"Quarante mille dollars c'est pas de la ressource? Je ne peut pas les retirer par carte banquaire mais faire retirer les espèces au comptoir..."

Quittant son poste, elle se mit à tourner autour de Cling comme un prédateur repu autour d'un morceau de barbaque fraîche, le détaillant de bas en haut et de haut en bas, de la pointe de ses chaussures défraichies à l'extrémité de ses cheveux post apocalyptiques.

"... Les gentils monsieurs des banques, ils donnent l'argent à d'autres gentils monsieurs... Pas à des gentilles demoiselles... Tu as fait des cours de théâtre, Clong?"

Le petit plan commençait à mûrir dans son esprit. Ce ne serait pas pour tout de suite bien sûr. D'abord, se faire oublier. Iguane et co devaient encore la chercher un peu partout dans le Delaware. Suivre à la trace un chat c'est comme avoir la garde d'un obsédé sexuel enfermé pendant dix ans dans une pièce noire et lâché brutalement dans un salon international du maillot de bain féminin. On dit souvent des trucs du genre "il était là il y a deux secondes..."

"Tu veux cinquante cent? Voilà un dollar. Si tu les acceptes, tu t'engage à prendre deux tickets de loto et tu peut faire ce que tu veux avec le fric. Si tu les refuses, tu garde la possibilité d'avoir 4000 dollars en commission le moment venu..."

Et elle avait sorti un billet froissé de sa poche! Elle n'avait pas beaucoup d'argent et ce sacrifice lui faisait horreur. Enfin, de toute façon, elle lui arracherai le billet des doigts s'il voulait le prendre pour lui rire au nez et lui faire sentir tout son mépris. Elle préparait déjà une tirade cynique et immonde quand la porte s'ouvrit pour laisser passer miss Gropoutou martien. Le billet rejoignit sa cachette avec une dextérité supposant un entraînement de fou furieux de mauvais payeur catégorie "Picsou puissance dix". Déjà, miss Jameson se fit affublé d'un surnom sentant le cuir noir, les poses lascives et les formes emplissant un costume très étriqué.

"Ce n'est pas Catwoman, c'est..."

Quoi? Catgirl? Sur le coup, Janet se rendit compte d'un vide aussi brutalement qu'un trou d'air avale un avion. Sa forme mutante, elle avait un nom? Pas Sacapus ou autre Minou... Non, un nom bien classe, bien impressionnant, admirable, bien... bien Janet quoi! Sur le coup, elle devint pensive. La demoiselle en question sembla se jeter sur le hamac et marqua son territoire de façon encore plus sûre qu'en urinant dessus. En voyant les deux tentacules de par et d'autre du hamac, Luz parvint à décourager Janet à essayer un jour de se coucher sur cet emballage à saucisson géant.

Visiblement, le froid n'avait pas trop d'emprise sur la créature verte que Jameson devait bien classer dans la catégorie humanoïde. Si certains, comme elle, avaient eu de la chance et avaient reçu une mutation bien classieuse, certains n'avaient pas eu de chance. Pourtant, physiquement, la demoiselle semblait très bien proportionnée et elle avait eu une mutation défigurante.

La nature fait bien les choses quand même.

Reprenant son rôle de petite fille modèle, Janet se lança dans un petit programme de collecte d'informations. Sans monsieur beau gosse et son fessier exterminateur, elle pouvait en apprendre un peu plus.

"Au fait, je m'appelle Janet Jameson mais vous pouvez m'appeler Marge, je préfère. J'ai toujours vécu dans les pays autour de la Méditerranée et je ne connais pas super bien les Etats-Unis. Je suis là parce que l'éventualité de casser la figure des Pères Fondateur ne m'intéresse pas. Je préfère leur casser tout le reste avant. Et vous?

Il ne fallait pas sortir d'une grande école pour voir qu'ils venaient d'un peu partout. Et ils avaient sûrement des motivations différentes et c'est ce point qui agaçait Janet. Il fallait qu'ils aient tous envie de casser la figure aux Papounets. Elle était venue ici à cause d'eux et la vengeance couvait comme une cocotte minute oubliée dans l'Etna quelques secondes avant une coulée de lave format Pompeï.

A l’entente des divers sobriquets que lui attribua Janet tout un panel d’expressions, un brin de stupéfaction un iota de mine outragé et un zeste de perplexité, déforma le visage du coréen tandis que ses poings s’ouvraient et se fermaient en une cadence de plus en rapide pour finir fermés tels des huitres.
De voir cette fillette tourner autour de lui évoquer en l’esprit de l’expatrié l’image d’un vautour planant et tournoyant autour d’une proie de choix. Cette fillette qui devait il y a peine quelques mois porter encore des couches osait sans retenue aucune le prendre de haut, lui manquer de respect !

Jamais on n’avait manqué de respect à Kang-Dae, jamais ! Cette situation le rendait plus que perplexe car face à cette situation originale le coréen ne savait pas comment se comporter ?
Balancer la petite du haut du toit ? Non trop disproportionné lui souffla son esprit .La fesser cul nul comme une fois il avait vu agir un père face à sa fille ? Non tu risque de passer pour un pervers. Ne rien…
Lorsqu’un misérable billet de un dollar s’agita devant son visage cela en fut trop pour Kang-Dae au bord de l’apoplexie. Le coréen allait répliquer par le biais d’une diatribe assassine lorsqu’une nouvelle voix féminine associé à 4000 dollars eut l’effet d’une douche froide.

Ravalant ses paroles, Kang Dae se tourna vers la nouvelle venue et la stupéfaction s’empara de lui. La personne qui se tenait devant lui aurait pu être qualifiée d’humaine si sa peau eu une couleur qui ne flirtait pas avec le topaze et si une chevelure eu remplacé les deux appendices qui garnissaient l’arrière de son crane.

Totalement interdit, Kang-Dae, le corps crispé, observe la nouvelle venue se présenter puis se précipiter avec une étrange lueur dans le regard en direction d’un hamac pour finir par se jeter dessus.

"Au fait, je m'appelle Janet Jameson mais vous pouvez m'appeler Marge, je préfère. J'ai toujours vécu dans les pays autour de la Méditerranée et je ne connais pas super bien les Etats-Unis. Je suis là parce que l'éventualité de casser la figure des Pères Fondateur ne m'intéresse pas. Je préfère leur casser tout le reste avant. Et vous?"

Cette phrase tira le coréen de de son état de stupéfaction qui difficilement décrocha son regard de la dénommé loose , peu être un nom de code ou un sobriquet pour reporter son attention sur la chipie qui plus tard deviendrait certainement une véritable harpie.

'Pour ma part je viens de la province Coréenne de Jeju, une ile tropicale situé pas loin du Japon.... La bas j'étais un Yak...Un homme d'affaire dans le...le relationnel....Voila....'

Le coréen sembla chercher du secours dans l'immensité de la strate nuageuse.

'Quand à ces pères fondateurs...J'en sais trop rien je n'ai jamais eu affaire à eux....Je sais juste qu'ils ont pris le pouvoir dans une partie de l'Amérique ...En fait ce qui m'intéresse dans l'immédiat c'est de pouvoir reprendre mon entrainement martial et apprendre à mieux maitriser mon talent de mutant.... Et aussi retrouver un certain standing... '

De son index Kang-Dae se tapote sa veste désormais d'un blanc douteux.

' C'est une horreur sans nom de ne plus rien posséder....C'est la première fois que cela m'arrive...C'est déroutant....'

Termine le coréen en déviant son regard en direction de la mutante avachie, histoire de tenter de deviner de quel pouvoir elle disposait ? Peu être un lien avec les plantes ou la nature songea Kang-Dae.

Luz nota que la gamine était plus bavarde en extérieur que dans la salle à manger. Sans doute était-ce son chat intérieur, son animal à moitié sauvage qui se révoltait contre l'urbanisation extrême de cette cité. Ou bien peut-être qu'elle l'avait effrayée la première fois, et qu'elle s'habituait maintenant à sa présence. De toute façon, il faudrait que ça arrive, car si l'Espagnole était capable de concessions, ce toit n'en ferait sans doute pas partie. Les yeux fermés, elle imaginait déjà comment tirer profit du matériel de jardinage à sa disposition pour rendre cet endroit déjà attrayant encore plus sympathique, mais le blabla environnant empêchait son esprit de conceptualiser correctement.

En plus, elle commençait à avoir froid. S'il faisait beau, il faudrait qu'elle teste la nuit à la belle étoile. Les températures les plus négatives ne pouvaient pas avoir un effet plus néfaste sur son organisme que l'affreux papier-peint de la chambre.

Elle se redressa donc et s'assit sur le hamac en regardant les deux camarades - il fallait qu'elle les appelle comme ça, c'était un fait - faire leur présentation. Il allait falloir qu'elle s'y colle aussi. Sentant que la fille-chat avait un caractère particulier, elle s'abstint de faire remarquer que dans son esprit, Marge n'était pas vraiment un nom préférable, puisqu'il lui évoquait une coupe de cheveux bleue défiant les lois de la gravité.

- J'viens de Séville. Et avant que vous me demandiez, je déteste la corrida.

Le problème était que les Espagnols pouvaient être écolos, mais la tauromachie était comme l'exception qui confirmait la règle. On n'y touchait pas, et Luz était en grande minorité chez elle, ce qui expliquait qu'elle se soit la plupart du temps abstenue d'en parler.

- Depuis que les Pères Fondateurs ont fait leur coup, j'ai du quitter le collège pour éviter les...ennuis...

Elle préférait ne pas se remémorer les quelques jours qu'elle y avait passés alors que le sentiment anti-mutant commençait à s'exacerber. Ils furent bien assez douloureux pour qu'elle décrète "plus jamais".

- Du coup, ici, c'est cool, j'suis dans une école de freaks, même si je me rends compte que les autres sont un peu moins freaks que moi, cela dit. Et si j'peux faire quelque chose qui ennuie ces abrutis de Pères, ça me fera plaisir.

Ayant rempli les formulations d'usage, elle en vint au point le plus important de la conversation, et se tourna vers Janet.

- T'es américaine, non ? Est-ce que tu saurais comment on fait pour trouver du cana ?

Le jeune asiatique ne semblait pas aimer du tout avoir la petite Janet qui lui tournait autour. Le plus amusant, c'est qu'il ne le cachait même pas. Toutefois, la jeune fille était déçue comme un enfant qui voit la suie retomber sur le sol, les cadeaux aux pieds du sapin et les traces de pas menant à la cheminée alors qu'il avait veillé pendant des heures avec un harpon et un filet. Elle n'aurait pas sa réponse de suite. Il ne l'aimait pas, c'était évident, mais il semblait avoir un amour de l'argent encore plus prononcé que celui de son père, ce qui était un exploit! Pour Janet, la fortune était un moyen, pas un aboutissement.

Elle eut tout de même une petite réponse de la part des deux mutants. Sans surprise, Shtong venait de Corée. Janet n'arrivait pas trop à faire la différence entre les différents asiatiques mais était assez cultivée question géographie que des gravures de mode comme Bling, on n'en voit qu'au Sud. Il parlait d'une petite île mais elle n'arrivait pas trop à faire le point dessus. Elle vérifira quand elle aura le temps. Pour Luz, c'était plus clair en tout cas. L'Espagne... C'était juste de l'autre côté de la Mer Méditerranée... Elles n'avaient pas été si loin que ça, surtout quand elle vivait au Maroc.

Les deux personnes n'étaient pas tout à fait au courant pour les Pères Fondateurs on aurait dit. Elle leur résuma la situation de façon grossière donc bigrement réaliste dans ce pays de grossiers personnages.

"C'est simple comme situation. Les Pères Fondateurs ont pris possession de la tête du pays le plus puissant de la planète en prenant les villes de l'Est. Mais l'armée est pas d'accord et c'est qu'une question de temps avant que beaucoup de monde de toute la planète se mette d'accord pour leur en mettre plein la figure façon Chuck Norris. Le problème, c'est qu'entre-temps les Papounets vont pourrir la réputation des mutants et après cette guerre tous les mutants auront la gentille étiquette de "C'était un Père Fondateur avant?" sur le milieu de la figure. C'est le moment de faire des bonnes actions comme botter quelques derrières avant les humains ou on aura un plan de carrière de taupe jusqu'à la retraite..."

Janet repris sa respiration. Le plan était général et très vague. C'est surtout qu'elle ne savait pas quels fesses botter (hormis celles d'Iguane) et que ses notions de politiques étaient assez faible vu qu'on s'intéresse peu à ce que l'on déteste viscéralement. Elle n'était pas chef militaire, encore moins cheftaine scoute. Elle croyait encore pouvoir rentrer chez elle à la fin du mois tant la situation lui semblait ridicule. Janet reporta son attention sur monsieur onomatopées qui hésitait encore à user de son art martial imprononçable pour sculpter les fesses pointées par le laser félin. Il semblait insister dessus et ça la fit lever un sourcil, geste involontaire rare.

"Heu... tu es venu ici pour t'entraîner? Tu veux dire qu'ils vont nous entraîner?"

Voila un truc qui la surprenait. Elle pratiquait du sport pour faire quelque chose de son corps surexcité par la mutation mais ne se voyait pas en faire plus que nécessaire. Pour le fait de ne plus rien avoir, elle compatissait. Vraiment. C'était un peu trop comme regarder un miroir déformant et la féline ramena donc son regard vers l'espagnole qui avait un bronzage chlorophyllien. Cette dernière semblait une alliée motivée, ayant aussi quelques comptes à rendre au Papounets. Bonne nouvelle. Janet en était un peu à court ces derniers temps donc ça lui faisait plaisir même si la personne qui la donnait avait autant de discrétion qu'un troupeau de chèvres sur Times Square. Par contre, la question suivante...

"Je... suis là que depuis pas longtemps. J'ai bien vu des gens qui en fumaient en cours de route mais..."

Cana = herbe de provence = shit = Marie-Jeanne = beaucoup d'autres sobriquets pour éviter de dire le mot qui fâche. Drogue. Enfin, celle-là n'était pas trop agressive et Luz donnait l'impression de planer de toute façon même sans aide chimique. Toutefois, la fois la plus récente qu'elle avait vu un fumeur aux yeux dans le vague, ce ne fut pas un moment à retenir.

"Ils étaient tellement... stones... qu'ils ont voulu m'arracher des poils pour les mêler à leur herbe pour voir si ça améliorait le goût... C'est à quelques rues de là... Tu ne peut pas les louper, ils doivent avoir les mains pleines de bandages à l'heure qu'il est."

Saisir un chat de type Norvégien avec de mauvaises intentions est à peu près aussi sûr que de glisser un bras dans un hachoir à viande en se demandant ce que ça va donner. Un animal normal se serait dégagé et aurait filé. Sauf que l'esprit n'est pas influencé par la matière, miss Jameson étant la preuve de l'inverse, aucun félin au monde n'étant aussi sournois, vicieux et cruel qu'une Janet de mauvais poil, qui n'as pas dormi, n'a pas pris de bain et qui voit que les premiers humains à s'intéresser à elle est une bande de camés. Elle avait donc veillé à ce qu'aucun doigt ne soit épargné avant de filer. La drogue les avait de toute façon bien abrutis et ils n'ont pas senti grand chose. Le retour sur terre avait du avoir la douceur d'un crash.

Alors donc 'la plante verte' venait de Séville et n'appréciait pas la corrida...ces deux indices auraient pu être des plus intéressants et fournir des indications quand à l'origine de la dite demoiselle si jamais ces mots eurent éveillé un quelconque souvenir en l’esprit de Kang-Dae, ce qui ne fut pas le cas…
Et comme le coréen ne voulait pas faire étalage de sa culture au demeurant fort limité, il se contenta d’un hochement de tête de bas en haut. C’est fou ce qu’un simple hochement de tête pouvait se montrer salvateur suivant les occasions et donner l’illusion de connaitre ou apprécier quelque chose que l’on ne connaissait pas.

Ce qui était sur c’est que la plante verte voulait elle aussi en découdre avec ces fameux Père Fondateur et qu’elle se considérait comme une sorte de paria qui à la vue de son apparence ce comprenait….Elle avait du en baver la petite pour s’intégrer avec les autres gamins de son âge….

En tout cas elle semblait réellement apprécier se prélasser sur cet étrange filet de pèche…Qu’elle idée de s’en servir pour dormir dedans….

La conversation des deux filles tournait autour du Cana et d’un moyen de s’en procurer et ne sachant de quel produit il s’agissait le coréen opta prudemment pour son hochement de tête si salvateur…. De plus la géologie venait s’ajouter à cette étrange conversation... Ce cana, d'après les indices délivrées par Janet, devait certainement être un produit à fumer....Certainement.... Un déclic se produisit dans l'esprit du coréen : les deux filles parlaient certainement de cette fameuse herbe qui faisait planer...Un produit de merde.... Le visage du l'expatrié s'assombrit.

'Tu ferais mieux de ne pas tenter de trouver du Cana...C'est un produit illicite en ce pays comme partout ailleurs je pense....Si tu veux mieux te sentir dans ta peau fait du sport !'

Lacha le coréen en un grognement en s'approchant de Luz.

'N'oublie pas que tu es ici pour t'entrainer ! Et ce Cana ne t'aidera pas ! D'ailleurs c'est quoi ton pouvoir ?'

Lance abruptement le coréen.

'Et pas de drogue entre ces murs...Sinon je te botte le cul ! J'espère que tu n'es pas une foutue camé !'

Luz avait posé sa question sans trop espérer obtenir une solution clés en main avec contacts, heure de rendez-vous et moyen de paiement en prime. Néanmoins, la petite lui affirma qu'il y'avait des camés dans le coin : elle ne se considérait pas comme une junkie, parce que même complètement stone, il ne lui viendrait jamais à l'idée de faire mal à un animal, mais ça voulait au moins dire que de la marchandise circulait. Elle notait le fait dans un coin de son esprit quand l'Asiat la surprit en lui servant un discours appartenant à la grande catégorie des pensées réactionnaires qui avaient le don de lui hérisser le poil. Discours qu'il agrémenta non pas de la mise en garde traditionnellement associée, mais d'une menace. Luz le fusilla du regard.

- Dis donc, ninja boy, j't'ai posé une question, pas demandé une leçon de morale. J'suis assez grande pour savoir ce que je fais.

Disant cela, elle s'était relevée, et s'aperçut qu'elle était légèrement plus grande que le Coréen, ce qui, dans son esprit, signifiait qu'il devait d'autant plus la fermer.

- J'aime pas le sport, c'est un truc de cretino pour être beau à défaut d'être intelligent. J'ai pas dit que j'voulais ouvrir une plantation de cana...

...non, cela, elle l'avait seulement pensé et rangé dans la catégorie "idées franchement difficiles à mettre en oeuvre".

- ...j'ai dit que je voulais un joint. Si on me gaule en train de tirer une taffe, j'irais au trou toute seule, si ça peut te rassurer.

Elle se rassit dans le hamac. Elle exécrait les donneurs de leçon qui considéraient que leur vision du monde devait s'étendre à tous. Ceux qui oubliaient que la vie pouvait être légèrement différente sur bien des points quand on ressemblait à...elle. Elle se rallongea brusquement et fixa le ciel avec un air mauvais.

- Et je te promets que si tu lèves la main sur moi, je te le rends au centuple.

Luz bouillonnait. Ordinairement, elle ne s'énervait à ce point que quand il était question d'écologie. Elle s'était habituée aux regards de travers des humains lambda, c'était un des éléments qui rendaient les bédo si importants dans son existence. Mais là, ce type qui l'assommait avec sa morale XIXème siècle, c'était un mutant, comme elle. En se passant les mains sur le visage, elle songea qu'elle n'était nulle part à l'abri des idiots. Certes, elle aurait du s'en douter, mais elle pensait que sa vision idyllique du refuge pour mutants mettrait plus de temps avant de voler en éclats.

Janet admira le ping-pong verbal comme un lutteur de catch qui avait l'impression assez étrange que tous les participants de la mêlée l'avait oublié. Extraordinaire... Elle savait qu'elle avait un don pour énerver les gens mais n'y était pas parvenue malgré ses efforts de diplomatie toute personnelle et ces deux-là se sont montés la tête rapidement sur un sujet de discussion totalement ridicule vue la nature des deux mutants. Elle croisa les bras et fit ce que fait tout chats dans ce genre de situation : elle se glissa entre les deux en zigzaguant, voulant attirer l'attention.

"Oui oui, joli discours... Des deux côtés... Mais il y a peut-être quelques détails qui vous échappent."

Elle sorti de l'axe de tir pour sembler être fascinée par une tache de graisse sur le sol. Elle avait la forme de l'Australie.

"Tout d'abord, les drogues, ce sont les personnes dans le relationnel qui les amènent et les vendent."

Elle avait déjà entendu le terme Yak même si elle n'en avait jamais croisés. C'étaient des concurrents aux amis de Papounets donc elle les mettait au même niveau. Tant de kilomètres pour tomber sur les mêmes spécimens, ça avait quelque chose de décourageant.

"Ensuite, tant qu'on sera aux Etats-Unis, on pourra oublier toute loi ou truc de ce genre."

Pour Janet, les lois n'étaient que de vagues conseils donnés par des riches pour contrôler les pauvres, mais depuis son arrivée aux Etats Désunis d'Amérique, ils avaient pris une nouvelle saveur, le genre faisandé.

"Les lois actuelles sont rédigées par les Papounets au Fondement Profond. Rien qu'avec votre enguelade, vous seriez tous les deux en prison pour des mois. Ce sont eux qui décident de ce qui est légal ou illégal et il faudrait que vous lisiez la brochure qu'ils fournissent... Être chopé avec de la drogue, c'est de la gnognotte comparé à ce qu'on risque on criant sur un mutant."

Janet était viscéralement contre la drogue, car c'était cher pour pas grand chose. Mais elle devait mettre un dernier point sur les I à Shtong.

"Et pour les camés, croit moi, j'ai vu les gens les plus riches et puissants d'Afrique se défoncer avec différents produits à tel point que leurs narines faisaient un blizzard quand ils éternuaient. Je préfère les gens planant avec assistance que ceux tuant la tête claire."

Tout d'un coup, Janet eut un très long frisson. En fait, elle tremblait même qu'elle dut s'étreindre les épaules pour essayer de stopper le mouvement quasi-convulsif. Les histoires de meurtres lui amenaient les images de cadavres un peu trop vite à l'esprit et bien qu'ayant passé son temps à fréquenter des pourritures ça avait toujours été dans une ambiance feutrée. Cette violence stupide et gratuite la sidérait. Pour essayer d'occuper son esprit, elle fit le point sur sa nouvelle cible mentale.

"Franchement, ce n'est pas le moment d'attirer les policiers. Si tu vas en tôle, comme tu est mutante tu risque de te réveiller au QG des Papounets avec une laisse dans le... autour du cou. Pour ce que j'en sait, ils sont capable du pire. Pour ce qui est de planer, peut-être que..."

Une idée malsaine vint dans un recoin encore peu usité de Margaret Jameson. La zone dite "autres pouvoirs mutants". Ayant longtemps été la seule mutante à sa connaissance, la notion de coopération venait très lentement, avec l'aisance d'un sachet de thé imprégnant un océan.

"... Peut-être qu'un des mutants du bâtiment a un pouvoir permettant ce genre de sensations... Ou de faire pousser des plantes à volonté...tout est possible..."

( désolé pour le retard mais au boulot c'est la folie en ce milieu de mois d'Aout ! )


Là d’où venait le coréen la plupart des femmes, a de rare exception prêt telle que Ji-Yang, était d’un tempérament plus calme pour ne pas dire soumise. C’était apparemment loin d’être le cas dans ce pays … Les hommes avaient accordé trop de pouvoir à leurs femmes qui désormais pensaient pouvoir tenir tête à leur pendant masculin. Déroutant mais fascinant.

En l’espace d’à peine quelques heures tout son monde s’était totalement écroulé à l’image d’un château de sable balayé par le ressac d’une mer houleuse. Au début c’était totalement rageant, personne n’aime être extirpé d’un monde quasiment parfait pour être plongé en un nouveau monde ou l’on n’est pas choyé, le centre de toutes les attentions.

Ici de l’autre coté de…L’Atlantide ? Ou Peu être bien le Pacifique ? Au fur et à mesure que le temps passait, Kang-Dae se rendait bien compte qu’il avait de sacrées lacunes et le mot était faible en culture… Il lui faudrait s’améliorer sur ce point et cette nouvelle vie qui démarrait lui en donnait l’occasion.

Au final la colère et l’aplomb des deux jeunes femmes associées à la tempête qui déferlait en son crane eurent raison de sa colère et de sa mauvaise foi, du moins pour le moment.

Et lorsque la jeune effrontée se glissa subtilement entre le coréen et Luz, comme ci elle aurait pu être en mesure de stopper une confrontation, cela amusa, comme le radieux sourire qui éclaircit son visage le prouva, Kang-Dae.

‘Vous deux vous ne savez pas ou est votre place en société…En Corée cela ne se passerait certainement pas comme cela…. Mais à Rome il faut vivre comme les Romen !’

Le coréen toujours souriant mais frissonnant avanca de quelques pas en direction d’une plante verte aux larges feuilles vertes pour la caresser avec délicatesse.

‘ Tu sembles connaitre pas mal de fait sur ces pères fondateurs, la tigresse et sur ce point la je te fais confiance : si tu dis qu’ils sont dangereux je veux bien te croire !’

Poursuit le Coréen en tentant de deviner quel type de plante il avait en face de lui, elle ressemblait vaguement à un des nombreuses espèces végétal tropicale mais sur certains points il devait y avoir de subtiles différences.

‘Au fait, je m’appelle Kang-Dae. Et toi ?’

Lâche sur un ton badin le coréen en se retournant vers Luz pour la détailler du regard : la jolie plante était plutôt jolie si on ne prenait pas en compte sa couleur de peau et les excroissances de la dite demoiselle. Mais ce vert n’était pas pour déplaire au Coréen qui lui rappelait la couleur qui prédominait dans la jungle.

‘ J’aime bien la couleur de ta peau finalement, c’est rafraichissant, reposant même. Et pour me faire pardonner je t’inviterai volontiers à manger un plat de Fugu. Mais ne t’inquiète pas je ne compte pas le préparer…Enfin je pourrais t’inviter lorsque je me serais renflouer.’

Puis le coréen se dirigea en direction de Janet.

‘Au fait Janet pour ta proposition, je suis partant ! Il faudra établir une stratégie pour que cela se passe sans trop de problème.’

Avec cet argent Kang-Dae serait en mesure de se racheter un matériel d’entrainement de se payer une année ou deux de cours et acceder à sa ceinture noire ce qui lui permettrait certainement d’enseigner par la suite.

'Tu parles d'autres mutants dans le bâtiment, ils sont nombreux ? Et tu connais leurs pouvoirs ? Et vous savez que ce l'on attend de nous désormais ? Il y aura certainement une réunion bientôt, une de vous deux en a entendu parlé ?'

Chambre d'Alexander and co

Timour grimpa les escaliers, ignorant si ses deux camarades Damian et Alexander le suivaient car son attention fut rapidement focalisée sur les voix qui lui parvenaient. Arrivé près de la porte dans la cage d'escalier, il ralentit et se posta en silence. Il perçut une voix mâle aux accents asiatiques qui posait des questions. Le cœur de Timour bondit dans sa poitrine. C'était vraiment l'instant cinéma !

Il franchit le seuil de la porte et scanda d'une voix frêle mais héroïque :

"Oui, il y a d'autres mutants dans le bâtiment ! Moi par exemple !"

Il tendit les bras et s'il avait eu une cape, nulle doute qu'une bourrasque se serait élégamment engouffrée dedans pour la faire chatoyer à la fin de la réplique.

Timour était de petite taille, habillé en jean fripé, en sweat shirt fripé et en tee-shirt des White Sox fripé. Il arborait une casquette de ces mêmes White Sox sur son crane qui semblait gros proportionnellement au reste, notamment à ses petites mains. Il avait le teint grisâtre, la mâchoire minuscule et des grands yeux de mouche.

Tout en faisant son entrée à point nommé, Timour observa avec curiosité les personnes présentes, essayant de les repérer toutes. Son cœur battait au grand galop devant sa propre audace théâtrale.

Enervée comme elle l'était, Luz fut prise d'une envie folle de faire ravaler tous ses mots à cette gamine, un par un, comme pour se venger de la déception qu'elle avait ressentie en découvrant qu'il n'y avait pas de véritable chat dans l'hôtel. Mais elle se retint, car elle s'apercevait d'une chose : si Kung Fu Jr lui faisait des critiques, des reproches, ou quelle que soit la façon dont on appelait les remarques dépréciant sa condition et ses opinions, miss Janet, elle, faisait des constatations. Elle ne lui disait pas "j'vais te tataner la tronche si tu fumes", plutôt "il va t'arriver des emmerdes". Et c'était sans doute vrai. Chicago n'était pas Séville, malheureusement.

Du coup, elle préféra demeurer silencieuse, ce qui finalement s'avéra un choix judicieux : la remarque machisto-rétrograde de l'Asiat' manqua de provoquer chez elle une crise d'apoplexie, qui aurait eu un bien mauvais effet sur un discours argumenté. Le temps qu'elle s'en remette et qu'elle retrouve à la fois son souffle et sa couleur - qui avait commencé à virer au bleu, l'équivalent Luzien d'un rougissement intense - il lui faisait un compliment. Un compliment ! Elle ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes, ne sachant absolument pas si elle devait répondre par un remerciement, une insulte ou une manifestation ostensible de mépris. Finalement, elle ne fit ni ne dit rien, ce qui lui évita de se tromper. Et un martien, comme elle, fit une apparition théâtrale au beau milieu de tout le monde. Elle n'était pas la seule ! Elle se permit donc de le saluer.

- Hello.

Elle se retourna ensuite vers Janet, ayant enfin rassemblé ses esprits en vue de l'établissement d'une réponse cohérente et circonstanciée.

- J'sais bien que c'est interdit. Mais imagine-toi une minute être à ma place. Ben y'a une époque ou le cana ça m'a quand même bien aidée à éviter de devenir une grosse dépressive.

Par exemple, l'époque où l'on commence à s'intéresser au sexe opposé. Luz s'était aperçue qu'elle avait les mêmes hormones que la moyenne de sa catégorie d'âge, sauf qu'elle était loin, très loin de provoquer l'effet réciproque, ce qui s'avérait très frustrant.

- Mais j'suis pas camée au point de tuer des gens pour avoir ma dose. Sauf qu'au milieu de cette ville toute moche et après avoir entendu certaines choses - elle ne prit même pas la peine de tourner le regard vers Kang - ça ferait carrément du bien. Même à toi, j'suis sûre.

Son regard retourna vers le ciel. Même lui, il était laid. Pas de joli nuage ou de belle teinte bleutée à observer. Finalement, elle préféra observer le petit martien qui les avait rejoints, histoire de voir comment s'en sortaient ceux qui, comme elle, portaient les marques de leur mutation du sommet de leur crâne aux ongles de leurs orteils.

Mister Bling avait visiblement quelques leçons à prendre en dressage de fauves. Pas un cours avancé bien sûr, celui qui spécifiait que gratter derrière les oreilles un félin à l'aide d'une brosse métallique pour décaper la peinture pouvait entraîner de légers soucis de santé. Et pas pour le félidé.

"Je connais très bien ma place dans la société, merci. Elle est tout en haut..."

Sous-entendu à peine voilé : au pied de mon trône, juste à côté de la gamelle et des jouets en caoutchouc, je te garde une place au chaud. C'était agaçant de lutter verbalement contre ce type, un peu comme les mannequins en bois sur lesquels s'escrimaient les chevaliers au moyen-âge : plus fort vous tapiez dessus, plus fort par simple effet de levier la grosse boule hérissée de pointes vous revenait dans la figure. D'ailleurs, il semblait avoir changé de cible, préférant entourer de ses verbes emballés de sucre la fille couleur cannabis. En fait... il la draguait? Décidément, ces mecs, tous les mêmes. A partir du moment que l'on était grande et avec des masses graisseuses bien réparties, ils vous couraient après sans honte. Croisant les bras et faisant la moue, elle se dérida à peine quand Blong accepta de jouer les acteurs dans la petite pièce banquière qui se préparait.

"Moui, d'accord... Je sait pas pour une réunion ou autre... Je ne suis pas là depuis longtemps."

A ce moment, la porte s'ouvrit à la volée sur un nouveau venu. La mise en scène explosive n'était pas la chose préférée de Janet et elle pivotait déjà vers l'entrée des escaliers, une remarque acerbe sur le bout de la langue. Elle n'alla pas plus loin, noyée sous un bafouillement où les deux mutants proches purent comprendre quelque chose qui se traduisait par : crotte.

Déjà, Luz marchait vers le nouveau venu qui lui paraissait plus bizarre qu'elle. Normale de se sentir rassurée dans ce cas. Sauf que miss Jameson était en train de faire fonctionner sa boîte à intrigues à fond de train pour parvenir à une solution. Elle n'en trouva pas. Il ne restait donc plus que la confrontation directe. Un cri de colère fusa donc de la petite poupée.

"Iguane! Tu m'as suivie jusque là? Bravo! Maintenant viens chercher ta récompense..."

C'était à peine croyable que cet homme de main des Pères Fondateur soit parvenu à la suivre du Delaware jusqu'ici en si peu de temps et avec une telle efficacité. Son pouvoir peut-être? Et bien, le triste sire allait tâter du sien. Droit dans ses bottes et l'air clairement furieuse, elle marcha vers le mutant. Deux pas plus tard, elle se ratatina pour prendre l'apparence d'un félin étrange, comme un chat haut sur patte d'une quarantaine de centimètres de long doté d'un pelage de léopards. Les grands yeux noirs de l'Oncille restèrent rivés sur le nouveau venu et les paroles de Luz restèrent loin du champ de perception de l'adolescente.

C'est où la jugulaire déjà?

Le sourire mauvais du prédateur rivé à la gueule, un long feulement promesse façon Black et Decker, le félin annonçait clairement la couleur de ce qui allait se passer. Mais deux mètres avant le début de la boucherie, tout se stoppa et l'animal huma profondément. Un bond plus tard et le chat reniflait le pantalon. L'odeur n'était pas habituelle. Ce n'était pas possible de changer comme ça d'odeur en si peu de temps. L'animal reprit forme humaine mais le visage énervé de Janet ferait presque regretter de ne pas avoir la forme féline.

"Tu n'aurais pas des parents dans le Delaware? Le genre bossant pour les Pères Fondateurs..."

La Chipie avait visiblement mal pris sa réplique des plus machistes quand à la place de la femme que sein de la société. D’ailleurs sa répartie associée à son regard hautain confirma Kang-Dae en son opinion que la jeune tigresse avait un potentiel certain dans l’art de la manipulation. Kang-Dae décida de garder un œil sur cette jeune fille et de faire attention au cours de ses futures tractations avec elle.
Quand au compliment de Kang-Dae à l’égard de Luz , a en juger la couleur bleuté qui en pigmenta son épiderme, eut visiblement un effet sur la dite personne. Le tout était de déterminé si c’était positive ou négatif…

Mais le coréen n’eut guère l’occasion d’approfondir le sujet car le grincement caractéristique d’une vielle porte suivi de quelques paroles prononcées sur un ton vaillant et haut perché le tira de sa réflexion.

"Oui, il y a d'autres mutants dans le bâtiment ! Moi par exemple !"


Un autre mutant donc, certainement un homme d’après sa réplique. Enfin ! Le coréen commençait à craindre de s’être retrouvé dans un pensionnat pour jeunes filles ou plutôt mutantes et cela n’aurait rien auguré de bon si les autres femmes ou filles de l’établissement avaient le même tempérament que Luz l’ombrageuse ou que Janet la manipulatrice.

C’est avec un empressement certain et un sourire radieux que Kang-Dae se tourna vers le nouveau venu.

Son regard s’écarquilla tandis que sa mâchoire s’affaissa. La petite créature qui se dressait face à lui n’avait rien d’humain en dehors de son aspect humanoïde et lorsque son regard d’airain totalement inexpressif se posa sur lui, Kang Dae ne pu s’empêcher de reculer de deux bon pas…
Mal à l’aise, Kang-Dae se frictionna la tète comme pour tenter de se remettre les idées en place. C’est alors que le coréen remarqua que le mutant portait un tee-Shirt marqué du sigle d’une équipe de base-ball et une casquette de la même équipe.

Même s’il ne connaissait pas cette équipe, le simple fait que cette créature porte des vêtements humains suffit à rassurer le coréen sur le fait que les aliens n’avaient pas encore envahit la terre et qu’il n’allait pas finir sa vie désintégré par un rayon laser ou encore le cerveau dans un bocal ou pire encore la tète greffée sur un ridicule chiwawa ….


Heureusement la vérité est ailleurs .


Luz et cela se comprenait au vue de sa apparence fut la première à accueillir le nouveau venu comme si de rien n’était et fut même a même de poursuivre sa conversation avec lui et Janet comme si de rien n’était.

Quand à Janet elle explosa de colère et se dirigea vers le nouveau venu en parlant d’iguane et en troquant littéralement son apparence de baby doll pour celle d’une sorte de chat à la fourrure tavelée pendant quelques instants pour finalement reprendre son apparence première et interrogé le nouveau venu au sujet du delaware et des pères fondateurs.

Tournant la tète de gauche à droite et clignant des yeux Kang-Dae se décida enfin de rompre son silence sur un sujet commun entre lui et le nouveau venu : le base ball.
Durant ses premières années de scolarité Kang-Dae eut l’occasion de pratiquer ce sport en activité sportive et même si plus tard il n’eut plus le temps de poursuivre cette activité sportive Kang-Dae conserva un certain attrait pour ce sport en suivant les matchs de la NPB.


‘….Salut ! Je suis un fan des Saitama Seibu Lions tu connais ? ‘


Lâcha Kang-Dae sur un ton hésitant.

Timour vit trois personnes dans le champ de vision : un homme, une fille et ... une mutante. Sa tête bloqua bien sûr devant cette dernière. Etait-ce un effet d'optique et un bonnet de lutin ? Timour cligna une fois de ses grands yeux sombres tandis que son cœur fit un nouveau bond. C'était une femme à la peau émeraude avec des sortes de tentacules sur sa tête ! Une vraie mutante comme lui ! Chauve aussi, et très très belle.

"..."

Et suprême stupeur de joie : elle passait ses beaux yeux bruns sur lui et le saluait tout naturellement d'une voix cristalline et douce. Timour profita de l'éternité de cette rencontre pour savourer l'apparition nimbée de lumière de la jolie, waw, très jolie et très incroyable créature.

Quant elle remit les yeux sur lui après un petit intermède vocal, Timour se sentit fondre comme un carré de beurre au micro-onde.

Au moment où il se demandait - non sans fièvre - si cette émotion venait de lui ou d'elle, une seconde secousse émotionnelle d'un type radicalement opposé vint le heurter. Il orienta son visage vers la source de colère qui venait d'imprégner son cœur éponge d'empathe. C'était la fille brune a l'air sage qu'il avait aperçu.

Les paroles qui accompagnèrent cette fureur subite n'aidèrent pas Timour à comprendre le problème. La suite fut encore plus effroyable car la femme devint bête sauvage, qui arbora un rictus carnivore et gronda à sa manière. Communications superflues pour Timour qui avait compris déjà le sentiment qui animait l'inconnue.

Il resta pétrifié le temps que l'animal se décide à bondir. L'Azéri protégea son visage de ses bras en prononçant un cri bref. Quand il rouvrit les yeux il était toujours vivant et la fille le toisait toujours d'un air irrité.

"Oh non pas dans le Delaware." S'empressa-t-il de répondre. Savait-elle donc quelque chose pour sa mésaventure avec Désir la Mère Fondatrice ? Cette mutante dominatrice et prédatrice s'était imposée comme sa nouvelle mère adoptive, mais qui le savait à par Walentyn, Emily et lui ?

Timour avança timidement sa main de l'attaquante toute proche et l'effleura, juste histoire de diminuer toute cette méchante colère et la détendre un peu. Son pouvoir était vraiment terrible. C'est la classe oui, mais c'est terrible. Heureusement qu'elle n'était qu'un gros chat et pas un tigre.

"Mais j'ai rencontré une femme Père Fondateur, qui s'appelle Désir comme pseudonyme. Elle voulait me kidnapper pour être son apprenti, mais Walentyn et moi on l'a envoyée bouler."

Il espérait que cette explication en plus de l'utilisation de son pouvoir minimisateur d'émotion suffise à rendre la femme-chat plus docile pour quelques minutes. La frayeur passée, Timour nota que la fille avait du rencontrer des Pères Fondateurs elle aussi.

"Pas d'bol je m'appelle pas Iguane, il manquerait plus que ça. Mais Timour. C'est qui Iguane ? Tu as vu des Pères Fondateurs ? Lesquels ? Combien ? Un seul ?"

L'empathe curieux revint sur le jeune homme entre-aperçu plus tôt. Il se souvint d'une forte pointe de surprise qu'il avait ressenti de la part de cet asiatique, au moment où Timour lui-même bloquait sur la plus belle mutante qu'il ait jamais imaginé. A présent le garçon était calme. L'empathe n'en crut pas ses oreilles et s'écria :

"Waw ils sont dans la ligue pacifique mais c'est tout ce que je sais. Tu connais le site baseballfan point com ? Tu peux revoir toutes les saisons de toutes les ligues depuis 2035 et c'est là que j'ai regardé un soir jusqu'à trois heures du matin le Championnat du Japon de y'a deux ans. C'était un championnat bourré de home run ! Tu regardes tout le temps ? On pourra se regarder les matchs ensemble par exemple ? On pourra même jouer à trois car si tu connais Alexander de Néo-Zélande il est très motivé pour que je lui apprenne le baseball."

Répondit-il volubilement au garçon, saisissant la balle au bond. Timour était tout éperdu. Il passait d'un pied sur l'autre et enleva sa casquette pour mieux la montrer à l'asiatique fan de baseball, comme il l'avait fait devant Alexander. Il n'osait pas se tourner à nouveau vers Luz. Mais il ne voulait pas que les filles s'en aillent si on parlait trop sport, donc il ajouta avec les yeux sur la fille chat.

"J'ai rencontré des gens de la police mutante. Un pouvoir psy et un mutant à tête de poule, en plus de Désir. Hé les filles, vous avez vu la bécane de Walentyn ? La classe non ? Tu l'as vu ?" Finit-il en se tournant cette fois vers Kang-Dae.

Martien ne semblait pas être préoccupé outre mesure par les regards qu'on lui lançait. Au contraire, sa réaction face à elle était...assez difficilement descriptible. Au moins, ça n'était clairement ni du dégoût, ni de la haine, ni du mépris, mais Luz n'était pas certaine de bien en comprendre le sens. Après quelques secondes d'observation, et après avoir appris que Martien s'appelait en réalité Timon, comme la mangouste dans les vieux dessins animés Disney, elle jugea qu'il changeait d'humeur trop vite pour qu'on puisse l'interpréter efficacement. Car après ce qui ressemblait à de l'admiration pour elle, il était passé en mode effrayé, puis en joyeux bavard, alors que l'Espagnole avait à peine capté pourquoi Janet était énervée.

Ces jeunes allaient beaucoup trop rapidement pour elle, il fallait qu'ils apprennent à être un peu plus tranquille, sinon ils ne vivraient pas vieux.

Pour tenter de calmer le jeu, elle tenta d'aiguiller la conversation dans le seul sens qui pouvait la concerner. Ce sens n'étant sûrement pas le base-ball - les sports de combat étaient stupides, mais permettaient de se défendre, alors que savoir éjecter une balle avec un bâton de bois ne sauverait jamais la vie de personne - elle revint sur les Pères Fondateurs, puisqu'elle faisait partie des ignorantes.

- Je savais même pas qu'il y'avait un Walentyn ici, alors sa moto...mais à quoi ils ressemblent ces Pères Fondateurs ? C'est des types comment, on voit direct qu'ils sont mauvais, ou bien ils sont normaux, mais méchants en fait ?

Elle savait qu'il était souvent difficile de juger les gens à leur physique. Parmi ceux qui du jour au lendemain s'étaient mis à l'agresser verbalement, il y'avait des beaux et des moches, des mecs et des filles, des idiots et des intelligents. Mais si Janet ou Timon pouvaient lui donner des astuces pour les différencier, ça ferait toujours ça de gagné.

- Et pis ça sert à quoi une police mutante ? C'est pour nous arrêter juste nous ? Genre si on fait un truc répréhensible ?

Les mauvaises nouvelles s'enchaînaient : si elle récupérait de la beuh, elle aurait une brigade spécialisée d'hommes-poulets sur le dos. Comme si les flics de base n'étaient pas assez pénibles avec leurs contrôles au faciès qui tombaient immanquablement sur elle. Elle poussa un long soupir.

- Mais quand est-ce qu'il se passera un truc de bien dans ce trou ?

Elle sentait son énergie diminuer graduellement. Et puis elle avait soif. Si les ennuis continuaient à s'amonceler, c'était décidé, elle viendrait camper ici jusqu'à ce que le destin arrête de s'acharner sur elle. Elle croisa les doigts en espérant qu'il change de cible, et suggéra mentalement Kang le macho ici présent.

HRP : désolé pour le retard, période de coupage de bois... /HRP

Janet avait le regard fixe sur l'inconnu et guettait le moindre geste. Il pointa timidement un doigt pour l'effleurer et elle sentit quelque chose d'étrange, comme si un boulon venait de sauter d'une cocotte-minute. Une légère chute de pression mais pas isolée, car il y avait quelque chose qui venait avec. Une sensation de... bien-être? D'affection envers... Luz? Pourquoi diable elle se calmerait comme ça, aussi facilement?! Jameson étant plutôt novice pour ce qui était pouvoir mutants chez les autres personnes, elle ignorait tout de l'empathie. Il fallait dire qu'elle en était sévèrement dépourvue par nature et qu'il est difficile de faire une description d'une chose dont on ne sait rien, un peu comme expliquer à une taupe l'apparence de la lune.

Les explications finirent par venir et elles ne contentèrent pas la fille-chat : Il ne semblait rien avoir à voir avec Iguane soit-disant. Ce qui convainquit Janet de l'absence de lien ne furent pas les explications vagues de l'homme aux grands yeux mais plutôt son instabilité émotionnelle. Il semblait sauter du coq à l'âne en permanence. Or Iguane tenait plus du majordome. Le genre reptilien mais majordome quand même. Toutefois, son récit fit poindre une once de compréhension, bien réelle celle-ci. Le jeune mutant avait eu le même parcours : Les Pères Fondateurs ont essayé de le recruter et il leur a glissé entre les doigts. Combien de mutants ont été faits prisonniers, victime de malchance? Sur le coup, elle s'éloigna de lui. En fait, elle s'éloigna des trois autres personnes présentes sur le toit.

Un malaise était grandissant en elle. Ayant l'habitude de côtoyer des jeunes gens issus de son milieu, ils étaient plus ou moins formatés. Or, même Kling, issu pourtant des rangs des personnes s'occupant de relations humains à coup de révolver, était capable d'être agréable sans artifices et même de ressentir vraiment des émotions sans être calculateur. C'était de vrais adolescents, ayant vécu plus ou moins normalement. La vision aussi claire que du pétrole de Janet vis à vis du reste du monde ressemblait à de l'apnée par rapport aux efforts qu'ils déployaient pour se supporter les uns les autres voir même s'apprécier.

Janet classa les informations d'importance : Il y a un type à moto qui devait être un prof de cette école décrépie. Il y a une police mutante belle et bien réelle. Luz n'aime pas la corrida. Blong et Timour aiment le baseball. Elle a faim.

"J'ai croisé trois membres des Pères fondateurs. Un qui ressemble à Timour en plus bronzé et plus... diplomatique. Une blonde avec un visage de sanglier. Un latino maigre. Les deux derniers ont massacré des militaires sans utiliser d'armes donc ils sont sûrement dangereux. Je n'ai pas vu de membres de la police mutante mais il faut dire que j'ai passé la plupart du temps sous forme de chat pour venir ici et un pied ressemble à un autre pied...

De sa position façon tour de contrôle, c'était facile à voir : les deux mâles bavaient littéralement sur la plante verte. Tous les mêmes... Les chances que cela lui arrive un jour approchant le taux de fécondité d'un moineau faisant son nid sur le tombeau de la centrale de Tchernobyl, elle ne pouvait s'empêcher de grimacer.

"Oh il va se passer quelque chose Louise. Des cours. On est dans une école donc il y aura des cours. Reste à savoir si on va aimer..."

Janet voyant les cours comme une armurerie où l'on faisait ses choix pour avoir l'arsenal nécessaire pour démolir les arrogants arrivistes qu'elle ne manquerait pas de croiser. Même pour les cours de mathématique. Mais son enthousiasme pour un cursus normal était un peu retombée depuis son arrivée ici.

Le nouveau venu Timour semblait être un véritable moulin à parole qui, à l’image de Janet, avait eu maille à partir avec ces fameux pères fondateurs…
Plus Kang-Dae en apprenait sur eux et plus le coréen prenait conscience que les actes de ces extrémistes desservaient la cause mutante : sauf si on désirait une confrontation violente entre l’homme et le mutant…
Que Timour connaisse la Ligue Pacifique même que de nom interpella et contraria quelque peu le coréen. C’était encore une preuve s’il en fallait une de son manque flagrant de culture car Kang-Dae était tout simplement dans l’incapacité totale de mettre un nom sur les sigles de l’équipe imprimés sur la casquette que lui montrait fébrilement le mutant grisâtre.

Il lui faudrait véritablement résoudre cette fâcheuse situation, peu être à l’aide de la lecture se dit intérieurement l’asiatique.

‘Bonne idée, la pratique du sport il n’y a que ce de vrai, pas vrai Luz ? ‘

Répondit l’asiatique en se tournant vers la femme à la peau d’émeraude tout en lui décochant son plus beau sourire.

‘Tu sais pour me relaxer je n’ai pas besoin de fumer cette merde de cana, je connais d’autres méthodes de relaxation. Si le cœur t’en dit, je pourrais te montrer un de ces jours une de ses méthodes ma belle.’

Enchaine Kang-Dae sur un ton enjoué en joignant les paumes de ses mains jointes vers le ciel tourmenté pour s’étirer.

‘Toute solution se trouve à travers le sport qu’importe soit il !’

Poursuit le coréen en se soufflant dans les mains tout en les frottant vigoureusement.

‘C’est la première fois que je ressens le froid…C’est vraiment désagréable comme sensation….Je me demande comment on peut vivre dans des endroits aussi glacial….’


Se caressant le ventre, le jeune coréen tourne son visage en direction de la porte donnant vers l'intérieur du vieil hotel.

'Ce froid et ce départ précipité de Corée m'ont ouvert l'appétit... Et comme je n'ai pas d'argent pour me faire livrer quelque chose de mangeable, je vais devoir me rabattre sur les frigos du coin....'

Puis prenant un air songeur le coréen regarde alternativement les deux personnes du sexe féminin présent sur le toit pendant de longues secondes.

' Une de vous deux sait cuisiner je présume....Quoique Luz me semble plus experte en la matière. Luz tu me me préparer quelque chose de léger, je me contenterai de quelque chose de simple mais de diététique, merci bien.'

Timour était trop ravi que Luz s'intéresse à son thème, aussi se risqua-t-il à se tourner vers elle, face à face ! Il se sentit à nouveau fondre et son coeur s'emballa. De ses grands yeux il pouvait fixer et observer à loisir la jeune fille car contrairement à un regard humain, le sien ne désignait rien de particulier. Il poursuivit donc avec allégresse.

"Je te montrerai la bécane ! Ah les Pères Fondateurs sont des mutants comme nous tous, certains plus que d'autres bien sûr. Physiquement, pas moyen de les distinguer, mais psychologiquement oui. Même étant gentils, ils vous oppressent en quelque sorte, tu vois ? On sent qu'on tourne à peine le dos et paf, un poignard entre les omoplates."

Il triturait sa casquette sans pouvoir détacher ses yeux ténébreux de la jolie Espagnole.

"La police mutante, c'est les larbins des Pères Fondateurs, car ils ne peuvent quand même pas exécuter eux-mêmes les trucs ingrats."

Quoique d'après la fille-chat au sale caractère, certains Pères Fondateurs faisaient eux-même la besogne peu ragoutante.

"Enfin c'est peut-être pas des Pères Fondateurs que t'as vu, mais juste des sous-fifres. Walentyn t'a dit que c'était des Pères Fondateurs ? Moi par exemple il m'a dit que Désir était une Mère Fondatrice, mais pas Ralph ni Pedro l'homme poulet."

Ca ne collait pas avec les manières de Désir, de tuer des militaires. En temps ordinaire Timour aurait demandé à Janet beaucoup d'amples détails sur sa rencontre avec l'animalerie ennemie, mais le petit bonhomme était occupé à dompter le trouble joli qui le ravissait. Puis il sentit une lassitude le balayer, alors que Luz poussait un soupir et se lamentait.

Il restait comme figé et transi et s'aperçut plus ou moins que Janet s'était prudemment éloignée. Le malaise qu'elle lui communiquait se dissipa au bout de quelques mètres. Mais Timour se sentait amer et inquiet. La fille verte ne semblait pas du tout considérer leur rencontre comme "un truc de bien dans ce trou".

Ce sentiment s'amplifia au fur et à mesure des paroles prononcées par Kang-Dae. Timour l'écouta en restant toujours face à celle que la fille-chat avait appelée Louise, absorbé par le vague. La situation lui échappait. Kang-Dae prenait des initiatives glaçantes. L'expression "ma belle" électrocuta l'Azéri. Il brûlait d'envie de dire à Luz que si elle voulait être relaxée et transportée dans l'extase l'empathe serait bien mieux placé qu'un coach sportif ! Mais il ne songea certes pas à révéler son pouvoir. Non, il préférait passer directement à l'action pour tuer le monstre dans l'oeuf.

Timour fit volte face vers le Coréen. Celui-ci s'étirait comme un frimeur sportif et passait une commande culinaire qui ne manquerait pas de heurter ces dames occidentales.

L'Azéri s'approcha de Kang-Dae en remettant sa casquette et toucha sa main étalée contre son ventre affamé.

"Moi j'ai pas froid regarde. Toi oui t'es glacé."

Il tourna la tête vers les filles, interpellées par le Coréen, en activant son pouvoir d'empathie pour lui imprimer un fort sentiment de dégoût.

Et Timour attendit sagement la suite de ces différents événements provocateurs.