Jour 3 - Chasse à la batterie

Bruit d'ambiance

En cette nuit paisible dans la forêt tropicale de cette planète verte, un commencement de lueur vint troublé l'ordre naturel des choses. Bien loin de se sentir déranger par ce qui paraissait être un étrange feu follet naissant, les créatures du coin poursuivaient leur mélopée nocturne. Le feu follet s'agrandit bien vite, passant d'une flammèche incertaine à une étrange forme géométrique en deux dimensions. Prenant l'apparence d'un cadre rectangulaire, il émit un craquement électrique avant que des formes n'en bondissent pour chuter sur l'épaisse et souple litière naturelle.

Clara, Tonga, Malo, Dakota, Samuel et Blancpoil eurent la désagréable surprise de chuter d'un petit mètres, le portail ayant eu comme un léger décalage en hauteur. Se heurtant les uns aux autres, les six mutants marqués par leur passage depuis la forteresse volante purent admirer le panorama alors que, dans leur dos, la preuve de leur arrivée se volatilisait purement et simplement.

Arrivés sur une espèce de promontoire où la vue était appréciable, ce qui attira l'attention des mutants dans un premier temps fut d'abord le ciel. Débordant d'étoiles non reconnaissables, celui-ci commençait à s'éclaircir du fait de l'arrivée de l'aube. Mais plus encore, une danse de couleur silencieuse s'exécutait, dans des nuances de vert, traçant un chemin mouvant dans les cieux.


A leurs pieds, quelques dizaines de mètres plus bas, la forêt avait disparu au profit de ce qui paraissait être une cité de pierre éclairée de grandes torches. A cette distance, il était difficile pour chacun d'eux de déterminer la nature exacte de ses habitants, mais des formes bipèdes minuscules étant donnée la distance, semblaient toutes se diriger vers un même endroit.



[Ainsi débute votre mission, mes chers mutants. Veuillez m'indiquer dans votre premier post ce que vos personnages ont pris avec eux. Tenue, accessoires, etc. Ainsi que la personne qui transporte le radar à batterie qui vous sert également de ticket de retour pour Khane.]

"Ouch…"

Le souffle coupé par sa chute brutale et inattendue, Malo s'était retrouvé à terre, manifestant par un borborygme toute la surprise qui était la sienne avec une arrivée aussi brutale. Manifestement, Danger connaissait quelques difficultés dans le réglage de l'appareil comme en témoignaient les coordonnées imprécises du lieu d'atterrissage.

Essayant de se relever rapidement, le gamin se vit plaquer au sol par ses camarades, tombant à leur tour de l'ouverture rectangulaire pratiquée dans l'espace à un mètre environ du sol. Bon, au moins cet incident aura eu le mérite de recevoir Clara dans les bras (mais aussi Tonga, Blancpoil et les autres), ce qui en d'autres occasions (pour la réception de Clara uniquement) n'aurait pas manqué de ravir le Don Juan en culottes courtes.

Vêtu sommairement d'un short et d'un chandail en toile épaisse, avec à la ceinture un solide poignard trouvé dans les entrepôts de l'Ordre, le jeune Breton put enfin se remettre sur pieds pour jeter un coup d'œil sur les environs. Émerveillé, il leva les yeux vers le ciel aux couleurs changeantes dont le spectacle le laissa un moment sans voix. Difficile de croire qu'un tel monde pouvait dissimuler, en son sein, des dangers mortels.

S'avançant sur le promontoire, le garçon déposa à ses pieds le sac à dos contenant quelques effets chauds et deux gourdes d'eau pour découvrir, s'étendant en contrebas, la cité de pierre. Un premier signe de civilisation était perceptible, comme en témoignaient les torches allumées et les silhouettes qui s'agitaient entre ses murs.

"Eh… Vous aviez pas dit que la planète était habitée ?", s'étonna Malo en regardant ses camarades, membres involontaires de la première expédition sur ce monde "paradisiaque". "Amis ou ennemis ? Ça va pas être de la tarte de déterminer ça avant qu'il ne soit trop tard…"

Semblant se rappeler soudain la raison de leur présence en ces lieux, Breizh sortit l'espèce de radar que ses camarades lui avaient confié – choix par défaut finalement, le Breton se révélant être le seul à pouvoir conserver l'équipement en utilisant son pouvoir – et le consulta, cherchant à savoir où se trouvait les batteries par rapport à leur position actuelle.

Le radar afficha un triangle en son centre, et un petit point se mit à apparaître, vers la limite du cercle. La direction générale indiquait clairement la cité qui s'étendait à leurs pieds. L'écran eut comme un soubresaut lumineux, puis émit un léger grésillement pendant lequel il afficha de la neige avant de réafficher la direction initiale. En revanche, la pente escarpée déconseillait tout chemin en ligne droite. Il allait leur falloir passer par le flanc de la cité pour rejoindre la direction indiquée, en longeant la lisière de la forêt encore endormie.

- Qu'est ce que...

Et vas-y que je tombe sur le gosse...
Tonga roula sur le coté pour esquiver les suivants, se transformant d'entrée de jeu en pangolin par réflexe.
Cette armure d'cailles, c'est fun, mais ça a un souci majeur. Genre Tonga avait réussi à se dégoter un T-shirt noir, bien à sa taille et tout... et bam, les écailles sont passées au travers et ont fait des trous partout.
Il restait à Tonga que cet espèce de harnais à chiot, parfait pour y accrocher une laisse, mais aussi n'importe quoi d'utile.
Et des trucs utile, Tonga n'en avait vraiment trouvé lors de la fouille du nouveau QG. Pas grand chose, pour être honnête.

A coté de lui, tomba son sac, prévu pour s'accrocher sur les attaches plastiques du harnais. Il contenait un second T-shirt, mais moins joli, une couverture et une gourde d'eau.

Le minimum syndical pour fourmilier explorateur extra-planétaire, quoi.

Se relevant avec tout le monde, il eut la même réaction que le reste du groupe...
- Tiens, la dernière fois qu'on est venu, y'avait que de la jungle et des animaux chelous...

Il répondit d'entrée à Malo, avec son tact légendaire et son efficacité dans les relations à autrui:

- Ma façon de penser, c'est simple. Partir du principe qu'ils sont hostiles et être agréablement surpris du contraire.

Tonga attendit les instructions de Malo concernant les batteries. Mais de toute façon, avec la poisse qu'ils avaient, elle serait sans doute dans un coffre-fort, au milieu du grand temple du plus grand dieu de la planète, dans la ville juste devant, gardée par trouze millions de gardes. Ou un truc du genre.

"Waaaah " lança Dakota de surprise en se vautrant au sol. C'était comme louper une putain de marche. Pire, il eut le souffle coupé quand cet abruti de Tonga lui tomba dessus. Le garçon se releva immédiatement après avoir roulé de côté pour éviter de se prendre le suivant. Après un rapide tour d'horizon pour vérifier qu'ils étaient en sécurité, le blond observa le joli ciel qui s'offrait à eux. Sidéré par la beauté de la nature, il y alla de son petit commentaire : " On dirait trop la route arc-en-ciel dans Mario Kart… Truc de ouf…" Puis en regardant la ville, Dakota resserra son manteau près du corps qui avait au moins l'intérêt d'être à sa taille.

Malo observa alors son radar à ce moment là et le blond ne manqua pas de se rapprocher de lui pour regarder aussi. Il voulait voir. " Montre. Mais montre j'te dis !" ponctua une tentative pour tirer un peu à lui le radar. Il ne comprenait pas en quel honneur c'était l'autre garçon qui avait le droit d'utiliser le radar. Dakota se trouvait bien plus calé en technologie que Malo, même si ça se résumait à regarder le point au final.

Il fallait voir le bon côté des choses. Ca se transformait en chasse au trésor maintenant leur aventure. On restait dans le thème des pirates de Khane au moins ! Et ce n'était pas pour déplaire au petit mutant. La direction indiquée était celle de la ville, mais de là où ils étaient, ce n'était pas très facile de descendre. Ils devaient contourner par un bord de forêt pas rassurant du tout.

Soudainement, une odeur lui attaqua les narines. Dakota se tourna immédiatement vers Tonga et lâcha sans gêne pour l'afficher " Vas-y putain, tu pues trop Tonga, mets-toi loin ! " Ils devaient se taper ce boulet de mutant con comme une poignet de porte. Pourquoi aucune autre équipe l'avait récupéré ? " On peut toujours leur filer Tonga en offrande pour qu'ils deviennent nos potes." suggéra le garçon au sujet du peuple inconnu, pour en remettre une couche.

Après tout, il y avait Clara à impressionner. Elle allait bien finir par se rendre compte comment Dakota était carrément plus classe que Malo ! Il n'y avait pourtant là aucune volonté de se trouver une copine. C'était juste pour impressionner et pouvoir se la jouer !

En attendant, il fallait se rendre à la ville. "Bon, moi j'y vais, on se rejoint en bas hein ! C'est le premier arrivé qui gagne !" Sans laisser le temps à quelqu'un de réagir, le môme inconscient décida que c'était le meilleur moment pour commencer à se la jouer cool. Il se transforma volontairement en Eko et décida de descendre la pente avec autant d'agilité que le singe pouvait en fournir.

Alors que Tonga donnait son avis sur l'attitude à avoir vis-à-vis des formes qu'ils apercevaient au loin, Dakota pris d'un enthousiasme débordant, se transforma en Eko pour dévaler la pente plus qu'abrupte en direction du bas à peine discernable dans l'aube encore naissante. Samuel lui emboîta le pas en se transformant à son tour. La descente du suédois fut repérable pour ses camarades. Il dépassa rapidement le lémurien bleu pour disparaître plusieurs dizaines de mètres plus bas sous le couvert de la lisière de la forêt. Eko, quand à lui, mis un peu plus longtemps à disparaître de la vue de ses camarades restés en haut.

Malo, Tonga furent les premiers à voir les imposantes torches au sommets des constructions commencer à s'éteindre les unes après les autres alors que le rideau de lueurs vertes s'estompait. Portant son écho au-dessus de la canopée un bruit étrange s'éleva de la cité.





[HJ]Suite de l'aventure pour Dakota et Samuel, par là![/HJ]

Voir Tonga attendre patiemment ses instructions avait un côté agréable pour Malo. Il semblait être reconnu comme le chef du petit groupe, ce qui avait de quoi flatter l'ego du jeune adolescent. Bon, d'accord, s'être vu confier la responsabilité du radar y était certainement pour beaucoup pour asseoir sa position au sein de la bande, mais c'était flatteur malgré tout. D'autant que, comme disait un penseur célèbre du XXème siècle (un dénommé Lebrac, si Malo ne se trompait pas), "le chef, c'est celui qui a le plus grand zizi".

Certainement vexé par cette évidence, certains semblaient décidés à contester cette état de fait. Avant même que Malo n'eut le temps de réagir, Dakota et Samuel partirent ventre à terre (enfin, façon de parler en ce qui concernait Wisp) pour dévaler la pente à toute vitesse et filer vers la ville qui devait abriter les batteries recherchées.

"Eeeeeh, attendez...", commença le gamin. "On doit rester groupé, si y'a du danger..."

"Cause toujours", semblaient dire ses camarades en continuant leur course folle. Finalement, ne restaient sur le promontoire que Malo, Clara, Tonga et Blancpoil. Les début du Breton comme chef commençaient vraiment mal...

Regardant les trois autres, le garçon eut une petite grimace.

"Bon, y'a plus qu'a descendre nous aussi...", décida-t-il. "Tonga et Blancpoil, vous pouvez y aller rapidement à pattes ? Je vous attends en bas avec Clara."

Voila le vrai pouvoir d'un chef : faire comme si la situation était sous contrôle et donner l'air d'avoir décidé ce qu'on ne pouvait pas empêcher...

Tournant la tête pour essayer d'estimer où aller arriver Samuel et Dakota, Malo se concentra, visualisant une arrivée dans la ville, le plus près possible de sa périphérie. Focalisé sur l'utilisation de son pouvoir, il ne prêta pas particulièrement attention à l'extinction des torches et se contenta de lever la tête en entendant le bruit étrange. Ce dernier le conforta dans l'idée qu'il fallait faire vite.

Tendant la main à Clara, le jeune garçon attendit que sa camarade la lui prenne pour se téléporter immédiatement à l'endroit repéré.

"Wow.." Clara s’écrasa lamentablement au sol, tandis que les autres se dégageaient, mais elle n'eut pas le temps de s'écarter à son tour alors qu'elle essayer de se remettre du choc de la téléportation. Vu le nombre de téléportation qu'elle avait subit depuis qu'elle connaissait les X-men, elle avait espérer pouvoir s'y faire, mais visiblement ce n'était vraiment pas son truc. Craignant de s'être casser quelque chose pendant atterrissage, elle commença par inspecter son corps à la recherche de la moindre éraflure ou du moindre membre en casser avant de se rappeler qu'elle n'était pas en verre. Soupirant de soulagement, elle fouilla les poches de son pantalon en toile à la recherches des 4 billes et de son système de lentille de longue vue qu'elle avait ramené de Vakthos.

Clara se releva en époussetant le long manteau et l’espèce de long débardeur qu'elle avait trouvé dans l’entrepôt de Khane avant de partir en mission. Elle avait chaussée des espèces de botte avec un système de fermeture ressemblant à des scratch. Clara avait longuement penser prendre un couteau. mais elle avait fini par se dire que ce ne serait pas forcement une bonne idée qu'elle prenne une arme blanche. Et avec un peu de chance elle trouverait un arc

La réaction des autres sur le ciel lui fit relever la tête. Clara resta bouche bée devant le spectacle qui s'offrait à elle tandis que les autres était déjà en train de s’organiser. Elle ne réagit qu'une fois qu'elle repéra la main de Malo dans son champs de vision. Clara sursauta et sourit à son ami pour cacher l’angoisse qu'elle avait de subir une deuxième téléportation aussi vite. Mais bon elle n'avait pas le choix elle était encore le boulet que devait se trainer les autres en mission.

" C'est trop dommage qu'on ait pas d'appareil photo, C'est trop beau ici."

Puis se décidant, elle attrapa la main de Malo en fermant les yeux. elle espérait qu'ainsi le voyage serait moins violent

Le gamin joue au chef ? Sérieusement ? Qui est le trépané abruti qui a décidé que le duo de marmots du lot seraient les meneurs de l'expédition ? Quel âge ils avaient tous, d'ailleurs ? Blink et Icegirl donnaient dans les 14 ans à tout péter, le lémurien semblait en avoir encore moins. Samuel à pleine plus vieux et Blancpoil... Tonga n'arrivait pas à évaluer son âge. Quelle équipe, mon dieu.
Après Monkey-man et le fantôme qui dévalent la pente à toute berzingue, voilà que Justin et Selena se font des mamours. Sérieusement, voilà ce qui chiait dans l'équipe de Om: les gosses.
A croire que dans le tas, Tonga soit le seul qui ait déjà fini sa puberté.

Les deux mamoureux s'attrapaient la main pour se téléporter au devant des problèmes. Bon dieu ce que c'était agaçant...


- Si vous le voulez bien, on se taillera des pipes plus tard, les enfants.

Trop tard, les deux avaient déjà cligné dix mêtres en contrebas...
Et voilà, ça court partout sans réfléchir. Y'a du bruit d'un instrument à vent, des torches qui s'éteignent, on est au milieu d'une jungle hostile, et eux ils galopent au devant de leur mort. Crétins.

Tonga avait un choix à faire au final. Soit partir tout seul, se trouver une arme et ramener la batterie tout seul comme un grand pour que Danger récupère tout le monde avant qu'il y ait un mort, soit jouer au baby-sitter pour jeunes mutants pré-pubères et tenter de les protéger dans une jungle extra-terrestre hostile tout cherchant la batterie.
Entre le singe fou, et le couple de n'amoureux, ça semblait partir au suicide collectif que de vouloir les gérer. Avec un peu de bol, ils auraient les jetons et resteraient tous ensemble, voire mieux, ils n'attaqueraient pas pour chercher Tonga avant d'avancer. Ouais, plan A, bitches, Tonga is in da place.

- Perdons pas de temps en salamalecs.

Tonga finit par longer la pente sur plusieurs dizaines de mêtres, ventre à terre en passant le long du sol, pour chercher un autre angle de vue sur la cité mayalienne.


Les autres se demanderaient sans doute pourquoi il ne les auraient pas rejoints, mais tant pis. Le temps pressait. Plus vite il aurait cette merde, plus vite tout le monde rentrerait à la maison.

Malo et Clara disparurent sans plus laisser de trace, abandonnant Blancpoil et Tonga sans autre. Ce dernier partit donc en suivant le bord du promontoire qui effectuait une pente douce sur le côté de la cité, lui offrant une vue constante de ce qui se passait en bas, du moins superficiellement. Suivit par Blancpoil qui n'avait pas émit la moindre objection, il pu constater que de plus en plus de formes bipèdes commençaient à se masser paresseusement dans les rues, partant plus ou moins toutes dans la même direction.

Le son qui s'était fait entendre ne retentit plus. En revanche, d'autres torches imposantes continuaient de s'éteindre.

Au bas de la pente, après quelques fourrés, Tonga déboucha sur ce qui était clairement un chemin qui, sortant de la forêt, conduisait droit à la cité. Sur le bord de celui-ci, posté dans une position assez incongrue, une drôle de créature semblait méditer.

Spoiler:

Bon, le loup était avec Tonga. De tout le groupe, c'était celui qui semblait être le plus impliqué et responsable. Une bonne chose, en somme. Il essayait de suivre des yeux les mouvements du reste du groupe, au moins partiellement, mais rien.
Ce feuillage est pas très pratique. Si le groupe se fait écorcher, ça va être sa faute, sûr. D'un autre coté, même si ce sont des gosses, ils sont 4, dotés de pouvoirs suffisamment puissants pour survivre. Bon, un souci à se faire en moins. Et puis c'est pas Tonga qui les avait mis là.

Merde.
Le son a stoppé. Quoi que ça signifiait, c'est fini. Merde.
Mais pour le coup, un malheur n'arrivant jamais seul, Tonga se retrouve en face d'un autochtone, en suivant le chemin.
Ils sont foutus bizarres les autochtones... Il lévite, ou alors y'a un bout de son corps qu'on voit pas ? On dirait un version fille, blanche et sexy de Maitre Yoda.
Et puis, à tout les coups, ce truc parle pas anglais... évidemment.
Autant lui parler en Hiri Motu, Tonga aurait autant de chances.

(Anglais) "Hey salut ! Y'a un fast food dans le coin ?"

Tonga s'était fiché devant la créature en espérant ne pas perdre trop de temps... Mieux valait un sherpa dans une cité comme ici, et si c'était une société civilisée, ce truc ressemblait à un shaman. "Ressemblait"...

Et Blancpoil ? Tonga ne s'en occupait pas, il espérait juste qu'il le suive.

En s'approchant, Tonga pu voir que la version féminine de Yoda semblait comme tenir en équilibre sur... Son ongle. Du moins c'était l'impression que ça donnait. Quand il émergea pleinement de la forêt pour arriver sur le chemin, la créature ouvrit spontanément les yeux en retombant sur son arrière-train. Clairement surprise, elle n'afficha pas la moindre agressivité en regardant le fourmiller s'approcher. Au contraire même, elle posa ses mains sur ses genoux et s'inclina vers l'avant, plissant exagérément les yeux comme pour observer le mutant avec plus d'attention. Quand il se planta devant elle et parla, elle eut un léger sursaut... Puis afficha un large sourire.
Elle joingnit ses mains, l'une sur l'autre, paumes vers le sol, et inclina la tête en avant.

"Atlem, yequoma. Hem is tahir lem lat."

Elle redressa la tête puis se releva avant de poursuivre.

"Ke ton "luya-un-fastfoudanlkouin"?"

Elle leva les mains, cette fois-ci paume vers le haut et haussa les épaules, dans une gestuelle qui n'était pas sans rappeler l'incompréhension humaine.

Blancpoil avait suivi les autres sans trop rechigner, trop occuper a renifler les alentours, toujours dépaysé par cette fabuleuse planète. Sa meute serait surement contente d'habiter dans ce coins, même s'il faisait beaucoup trop chaud a son gout. Et puis tout le monde s'était dispersé. Ne restait plus que Tonga. Le louveteau ne voulait pas rester seul ici, pas après ce qu'ils avaient vécus le premier jour. Alors il suivit la bestiole, sans poser de question et sans l'ouvrir, chose rare pour être remarquée.

La petite pente qui menait a la cité les amena a une rencontre étrange. Il y avait un genre d'humain bizarre qui faisait il ne savait quoi. Blancpoil l'avait a peine remarqué qu'il était allé se cacher derrière un feuillage. Lui se méfiait des bipèdes. Et puis maman lui avait toujours dit de s'en méfier de toute façon. Ils étaient méchants et trouaient la peau des autres animaux pour s'en faire des secondes peaux. Bah oui ! Le cuir, il venait d'où, hein ?

Tonga, lui, il avait pas froid aux yeux. Il allait la voir comme ça, sans réfléchir. Blancpoil, resté en retrait, regardait la scène. Sa petite tête blanche poilue dépassait d'une grosse feuille. C'est pas qu'il aimait pas son coéquipier, mais si il venait se faire ouvrir en deux, il l'aurait pas volé a être imprudent comme ça. Chez lui, il aurait été dévoré par un ours ou par l'un des siens. Mais ici non, apparemment. La bipède sembla entamer une conversation avec lui. Blancpoil tendit l'oreille, mais il n'était pas bien sûr que les deux se comprennent. A vrai dire, il n'était pas sur de la comprendre elle. En tout cas, elle ne semblait pas agressive. C'était un genre de mutant alors ?

Le louveteau se décida a sortir de sa cachette, puis se dirigea vers la scène improbable d'un pas peu rassuré. C'était peut-être une ruse de bipède, si ça se trouvait !

A-alors ? Elle a dit quoi ? Elle va pas nous manger ? demanda-t-il a Tonga.

Ce serait bien étonnant. Toutes les bestioles du coin essayaient de les becter depuis qu'ils étaient arrivés ici. Blancpoil la détailla d'un air circonspect, Peut-être qu'il pourrait essayer de comprendre ce qu'elle disait. Après tout, il parlait un peu aux autres animaux.

Il hésita un instant, puis fit la révérence traditionnelle de son peuple, une patte allongée vers l'avant et échine courbée, n'oubliant d'incliner respectueusement la tête.

Moi, c'est Blancpoil. Et lui Tonga. dit-il en se désignant lui-même ainsi que Tonga de son doigt griffu.

Il espérait avant-tout une réponse de sa part. Avec un peu de chance, il pourrait comprendre un peu de ce qu'elle baragouinait.

Face au mutisme de Tonga, la crature inclina la tête sur le côté, attendant toujours. Quand Blancpoil se décida à sortir, elle planta immédiatement son regard sur lui, pour se mettre à genoux, prête à se relever. Quand le louveteau se mit à parler, elle parut se détendre, et afficha à nouveau un sourire et acheva de se relever pour s'approcher, en douceur. A la gestuel de Blancpoil, elle s'immobilisa et, réitérant le mouvement qu'elle avait fait face à Tonga, elle joignit ses mains l'une au-dessus de l'autre, paumes vers le pas, et inclina également la tête.

Gardant un silence quasi religieux, elle s'accroupi devant Blancpoil pour se mettre à sa hauteur et écouta attentivement ce qu'il disait. Elle plissa les yeux en signe de concentration, cherchant à décoder les paroles du mutant. Elle mit quelques secondes à répondre, cherchant des équivalence dans sa propre langue, puis lentement, elle leva une main et pointa du doigt le lupin en parlant avec une légère hésitation.

"Anpoual..."

Puis elle pointa Tonga et poursuivit.

"... Ytonnga."

Elle plaqua une main contre sa gorge et poursuivit.

"Hem ton Yahazi."

Elle tapota une fois encore la base de sa gorge en répétant.

"Yahazi."

A nouveau l'étrange son s'éleva. Ici sous le couvert des arbres, il était plus ténu, mais restait clairement audible. La femme-lézard se redressa et tourna la tête en direction de là où le chemin perdait de sa canopée pour mener à la cité. Elle tendit le bras dans cette direction.

"Hem ojil hoa'so..."

Elle fit quelques pas en direction de la ville, puis s'arrêta pour se tourner vers les mutants. Elle fit un signe de la tête dans la direction qu'elle prenait.

"Lam kusmi el hem?"

Elle fit quelques pas de plus, puis attendit.

Oooook...
On avait trouvé un sherpa. Qui devait s'appeler "Yahazi"... C'est un peu strange comme nom, mais ça passe.
Blancpoil avait tenté un jet de diplomatie alien, et visiblement, c'était un coup critique, en plus avec les modificateurs de mignonesse des deux peluches sur pattes, c'était super cool.
Bon.

Bon.

Tonga ne pouvait plus abandonner Blancpoil. Les autres étaient en groupe, mais lui, il serait seul avec un alien si on le laissait là. Pas cool.
Fait chier.

Tonga suivit docilement l'alien en espérant déboucher sur la cité avec un guide.

Il se tourna vers Blancpoil en même temps et lui dit: "Si j'ai bien compris, il ou elle s'appelle Yahazi, et veut nous emmener dans la cité. On ne connait pas ses intentions, alors, tu ne touches à rien, tu ne manges rien, tu ne bois rien, tu ne grognes pas, tu n'épouses rien et tu évites au max les regards d'autres autochtones."

Blancpoil secoua vivement la tête d'un air ravi lorsque l'alien tenta de prononcer leur nom. Bon, c'était pas tout a fait ça, mais au moins, elle n'était pas agressive. Un soulagement pour lui, vu les animaux qu'il y avait dans la jungle. A cette pensée, il tourna la tête distraitement en direction de la forêt. Il se demanda un instant ce qu'il était advenu de la mère des gros chats après que l'humaine de métal ne soit intervenue. Si ça se trouvait, les petits étaient sans défense. Il en eut de la peine.

Il reporta son attention sur... Yahazi ? C'était son nom a elle ? Bon bah les présentations étaient faites. Malgré tout, le lupin prit un air dépité. Il ne comprenait strictement rien a ce qu'elle baragouinait. Faudrait qu'il travaille un peu sa communication. Pour un ambassadeur non-officiel, ça passait moyen. Mais bon, c'était un premier contact plutôt convainquant malgré tout. Et puis c'était rigolo de discuter avec des races qu'il ne connaissait pas. Le manque de compréhension n'entachait pas sa bonne humeur.

Le gros son retentit encore une fois. Il capta l'attention de l'alien qui se dirigea vers son gros terrier de pierre avant de leur faire signe. Blancpoil pencha la tête sur le côté. Elle voulait qu'ils les suivent ? Il hésita un instant, mais Tonga prit le pas et entreprit de la suivre. Le petit lupin sursauta avant de se lancer a sa poursuite.

"Hé ! Attends-moi !"

Il se plaça aux côtés de la bestiole qui lui donna des recommandations, auxquelles le petit loup répondit d'une moue. Sans compter son ventre qui se mit a gargouiller au même moment. Parler bouffe, ça lui donnait faim.

Ben pourquoi ? Ils ont pas l'air méchant. Pis pourquoi c'est toi qui décide ? Moi je l'aime bien.

Après quoi, Blancpoil rattrapa l'alien pour marcher a ses côtés, histoire de bien montrer qu'il l'accompagnait. Il tourna la tête en direction de Tonga et esquissa un sourire espiègle.

"Pis c'est "elle", d'abord. ponctuant sa phrase par un tirage de langue en règle, accompagné comme il se devait d'un bruit écœurant.

Ne restait plus qu'à voir ou elle les menait. Blancpoil en profita pour humer l'air de temps a autres, tout en observant l'architecture bizarre des autochtones.

La créature attendit que Tonga arrive à sa hauteur pour se remettre en route, non sans un hochement de tête à l'intention du mutant. Elle vérifia d'un court regard que Blancpoil se mettait lui aussi à leur suite et ralentit le pas pour lui permettre de les rejoindre. Elle inclina la tête en écoutant Tonga parler au louveteau, avec un air tant de curiosité que d'incompréhension. Mais quand le son caractéristique de la faim se fit entendre, elle passa une main écailleuse et griffue sous le bas de sa tunique pour atteindre une poche, et sortit une sorte de sac de cuir qu'elle entrouvrit tout en marchant. Elle en sorti des petits morceaux d'une substance sèche et noirâtre. Elle en prit deux et en glissa un dans sa bouche tout en présentant le second à Blancpoil, pour voir s'il le goberait.

Ce dernier prêtant une attention particulière aux odeurs perçu sans mal que le chemin sur lequel ils marchaient tous était vraisemblablement très fréquenté, principalement par une espèce qui s'avérait être celle de leur guide du moment. Au bout de plusieurs mètres, la terre céda la place à des pavés grossiers, enfoncés de manière irrégulières dans le sol. La lisière de la forêt semblait s'arrêter de façon très nette aux abords de cahutes silencieuses. Ils ne tardèrent pas à croiser d'autres créatures semblables, toutes tailles, tous styles vestimentaires confondus, arborant différentes teintes d'écailles allant du gris au brun en passant par du vert. Beaucoup portaient des armes, relativement rudimentaires, allant de la petite dague de pacotille à la lance lourde, mais aucun ne semblait chercher à s'en servir. Si certains avaient l'air franchement surpris ou même figés en voyant les deux mutants, ils paraissaient se détendre en constatant que Blancpoil et Tonga étaient accompagnés de l'une des leurs.

A mesure de leurs pas, le décor paraissait évoluer. Les cahutes étaient plus belles, plus grandes, mieux conçues, passant de simples rideaux de tissus à de réelles portes de bois, et de blocs de pierres grossières à des parois entières créées dans un emboîtement parfait de sculptures soigneusement travaillées. Un gros chariot avançait lentement sur les pavés irréguliers, tirés par deux de ces reptiliens, et sur lequel étaient entassées des fourrures animales dont les effluves partiellement disparue par le tannage n'étaient pas sans rappeler à Blancpoil une espèce de gros chat à quatre yeux.

Ok, ça puait le mauvais plan. Mettons nous deux secondes à sa place.
Tu es un alien intelligent qui vit au sein d'un société organisée primitive et tu pars en forêt. Tu tombes sur deux animaux dociles qui déblatères des sons que tu ne comprends pas et qui te suivent sans rechigner...
Et les autres au village ont l'air plutôt contents de te voir arriver avec ces deux animaux...

Punaise, on s'est fait avoir comme des bleus... On vient de se faire apprivoiser. La prochaine étape, c'est la cage ou la broche.
Tonga avait pas fait gaffe si Blancpoil avait mangé ce que lui avait filé l'alien...

- Hey gamin, tu l'as pas mangé ce qu'il t'a filé, hein ?

Il fallait se tirer d'ici, chercher cette foutue batterie et se casser de la planète... Pourquoi avait-il fallu que Blancpoil le suive au lieu de rester avec le groupe ? S'il n'avait pas été là, Tonga aurait déjà étripé l'alien, pillé son sac et foncé droit pour mettre à sac cette cité pour trouver cette foutue batterie... sans doute.
Au final, il se retrouvaient ensemble, en milieu étranger, sans plan ni rien, escorté aimablement par un alien dont on avait aucune idée de ses intentions... mauvaise idée, tout ça... mauvaise idée.

Oh wait... Un chariot de fourrure. Cette odeur, c'était des Simba ? Cette société avait visiblement un bon contrôle de la jungle avoisinante, et sans doute les armes et techniques qui vont bien pour abattre de telles bêtes, de la même façon que nos Cro-Magnons arrivaient à tuer du Mammouth.
Mais là, on arrivait au moment où il fallait faire quelque chose...

Tonga esquiva son guide et sauta dans le chariot à coté, se faufilant sur les peaux de Simba. De là, il chercha le bâtiment le plus décoré et le plus haut de la localité... Logiquement celui du chef, quoi.
Et Blancpoil ? Blancpoil s'était déjà attaché à l'alien. C'est lui qui avait commencé à parler, lui qui était tout sourire et tout et tout. Tonga se préoccuperait de le sauver une fois la batterie trouvée. Si il ne le suivait pas tout de suite, autant considérer qu'il était prisonnier de ces choses.

Le décor changeait au fur et a mesure qu'ils avançaient, passant a de simples constructions de fortune de bipèdes a des bâtiments plus ouvragés. Blancpoil observait d'un oeil curieux chacun d'entre eux. Au final, c'était un peu plus rudimentaire que chez les humains, a première vue du moins. N'y connaissant rien aux impératifs bipèdes, il se demanda a quoi tout cela pouvait bien leur servir. Lui et les siens se contenteraient volontiers d'une caverne pour se protéger des intempéries et être a l'abri des éventuels prédateurs. Leur passage parmi les autres indigènes se faisait d'un pas mal assuré pour le petit lupin. Mais aucun ne semblait agressif ou montrer les crocs. Et puis il y avait assez d'espace pour se carapater si jamais il y avait danger, même s'il y avait beaucoup de monde. Et se fiant a l'odeur, il pourrait bifurquer sur un terrain moins fréquenté pour se cacher. Enfin, on se rassurait comme on le pouvait...

L'alien lui présenta un truc qui ressemblait a une vieille racine noire. En tout cas, c'était tout sec. Blancpoil l'observa un instant, intrigué, puis releva la tête sur Yahazi. Elle semblait déjà l'avoir avalé. Ne pouvant l'identifier des yeux, Blancpoil se mit a humer quelques secondes la nourriture, vérifiant qu'elle ne contienne pas de substance toxique qui pourrait lui sembler familière. Après un instant d'hésitation, et se sentant plus contraint qu'autre chose, il finit par happer la substance, léchant au passage la main de l'indigène. Les nourritures bizarres, c'était pas vraiment son truc. Lui préférait une bonne pièce de viande. Rien que d'y penser, Blancpoil en salivait. Toutefois, il garda en bouche la substance, la mâchouillant précautionneusement pour en libérer les arômes. Si c'était pas bon, il pourrait toujours recracher. Il ne voulait surtout rien avaler sans être sûr de ne pas courir a sa perte. Mais comme l'autre en avait mangé, après tout...

C'est a ce moment que Tonga lui posa une question. Blancpoil tourna la tête dans sa direction, les joues gonflées par ce qu'il avait en bouche, comme un gamin pris en train de manger une confiserie.

"Bah euh... Ch'est pour pas la vekcher. Chez moi auchi on donne a manger aux j'invités." bredouilla-t-il la bouche pleine.

Il finit par ingurgiter ce qu'il avait en bouche par réflexe, avant de se rendre compte de sa boulette. Cependant, une odeur particulière capta son attention. ça sentait le gros chat comme ceux qu'ils avaient combattu. Son regard porta bien vite sur les chariots de fourrure. Aucun doute, ça venait bien de la-bas.

"Waaaaa ! Regardes la-bas ! Ils arrivent a tuer de si gros animaux, alors que nous, on y arrive même pas. Ils sont fortish !"

D'ailleurs, maintenant qu'il y pensait, le petit loup se serait bien planifié une rencontre avec ces animaux, histoire de leur parler. Ils pourraient peut-être devenir amis. Et puis c'était son travail d'ambassadeur après tout. Mais l'idée d'un second contact ne le déplaisait pas. D'ailleurs en joignant les deux bouts, peut-être que sa nouvelle amie Yahazi pourrait lui apprendre comment se défendre contre eux, s'ils étaient trop hostiles.

Il tira de ses crocs douceur les vêtements de l'indigène, excité comme une puce.

"Hé ! Tu pourrais m'apprendre a me battre contre eux ? Hein, dis ? Allez, s'teuplaiiiiit. Dites-moi comment vous faites."

Pour veiller a se faire comprendre, il joignit le geste a la parole: Il désigna les tas de peaux, mima de manière très peu convaincante le cri de l'animal en question, puis désigna Yahazi. Après quoi, il interpréta un combat avec ses deux mains, chacune d'elle représentant les deux créatures, le tout accompagné de "Pim !", de "Paouch !", bref, toutes les onomatopées qui lui passaient a l'esprit . Il fit s'étaler l'une de ses mains sur le sol, raide. De l'autre, victorieuse, il désigna a nouveau Yahazi en faisant oui de la tête. D'un geste du pouce, il se désigna lui-même en haussant les épaules, paumes vers le ciel, comme elle l'avait fait plus tôt.

Y'avait pas a dire, la gestuelle des bipèdes était vraiment pratique. ça ne lui avait finalement pas servi a rien de vivre avec les mutant pendant un temps. Il espérait seulement qu'il arriverait a se faire comprendre. Blancpoil n'avait jamais appris a se battre, excepté lors de ses jeux avec ses frères et ses soeurs. Pis tous les autres, ils avaient des pouvoirs cool et pas lui d'abord. S'il arrivait a se battre comme eux, avec un style exotique, il serait super méga trop fort !

Contrairement à l'aspect peu appétissant, le morceau indéfinissable prit par Blancpoil s'avéra tendre sous les crocs, et dégageait un goût proche de la viande séchée, si ce n'était une étrange impression de sucré qui persistait derrière. Bien que particulier, ce n'était en rien écoeurant. Dans la ville, le chariot avançait lentement, ce qui facilita grandement l'action de Tonga qui, grimpant tant bien que mal sur l'amas souple de fourrure, escalada l'ensemble jusqu'à son sommet. Toujours plus bas que les cahutes devenues imposantes, il remarqua plusieurs édifices imposants dont la silhouette obscure se détachait progressivement de façon nette du ciel s'éclaircissant. Trois d'entre eux s'avéraient particulièrement remarquables. Semblables à des pyramides aux formes travaillées, elles s'élevaient à plusieurs dizaines de mètres du sol. Le plus grand des trois était également le plus proche. A un peu plus d'une centaine de mètres de là, la rue s'élargissait jusqu'au pied du bâtiment. Toutes les créatures présentes semblaient prendre cette direction, bifurquant au bout de la rue où les deux mutants se trouvaient.

Le guide suivit des yeux le déplacement de Tonga avec un certain intérêt, qui fut détourné par Blancpoil dont le baratin terrestre semblait toujours dénué de sens à ses oreilles. Elle inclina la tête en se baissant vers le louveteau qui lui indiquait les peaux et fronça les sourcils d'une façon très concentrée pour essayer de saisir la gestuelle du mutant. Incertaine, elle marqua un temps d'arrêt comme pour réfléchir puis elle regarda autour d'elle, visiblement à la recherche de quelque chose. Trouvant certainement ce qu'elle voulait, elle pointa du doigt un de ses semblables qui, marchant plus loin, leur tournait le dos sur lequel était accroché un sac surmonté d'une imposante plaque de métal ouvragée.

"Hat'so."

Elle traça dans l'air un cercle du bout des doigts, avant de tapoter son avant bras. Puis elle mima des coups donné en ajoutant une onomatopée répétée.

"Bong! Bong!"

Puis elle plaqua ses mains sur ses oreilles en s'accroupissant au sol, serra un poing et abattit sa seconde paume sur ce dernier.

"Groar hamsil... Squish!"

Elle termina son récit en glissant son pouce le long de sa gorge, et jeta un regard interrogatif à Blancpoil, comme si elle attendait un signe montrant qu'ils se seraient compris.

Pendant ce temps, le chariot s'était immobilisé et l'un des reptiliens qui le tirait, agitait une main à l'attention de Tonga tandis que le second, affichant une expression courroucée, croisait les bras.

"Hash! Hash! Groar'em hem ton!"


[EDIT]


A une dizaine de mètres de là, courant dans les ruelles/sur les murs/sur les toits, Eko provoqua une série de cris de surprise en poussant quelques autochtones à s'écarter de sa route. A sa suite, son minuscule poursuivant le talonnait sans trop de mal et gagnait même du terrain en émettant une sorte de ronronnement strident, volant à quelques centimètres du sol. Ralenti par les créatures qui se trouvaient sur sa route, Eko se prit les pieds un panier lâché par un passant et chuta au sol, roulant sur les pavés jusqu'à déboucher à une dizaine de mètres du chariot couvert de peaux, non loin duquel se trouvaient Tonga, Blancpoil et leur guide. Sous le regard stupéfait des créatures présentes, Eko perdit sa fourrure bleue pour reprendre l'apparence de Dakota alors que, lui bondissant dessus, la bestiole qui le poursuivait s'agrippa à sa jambe pour lui planter douloureusement ses petites dents pointues dans le mollet.

P'tin, on peut pas faire de la reconnaissance tranquille, non...
Entre le louveteau qui tentait de jouer au padawan avec l'alien, et qui passait un peu pour un con à essayer de s'exprimer, la quiétude du marché venait d'être bouleversée par l'arrivée de cet enfoiré de Dakota.

- Le sale gosse...

Tonga n'aimait pas Dakota. C'était instinctif. Il y avait plusieurs raisons à cela.
Tout d'abord, Dakota lui avait pissé dessus. Certes par erreur, sans le vouloir, mais tout de même. De l'urine dans la couenne, c'est jamais cool, Tonga vous le dira, il le déconseille à tout le monde.
Ensuite, Eko était lui aussi une petite créature mignonne, agile et poilue, comme Tonga. Et on dira ce qu'on voudra, deux Ewoks, c'était toujours un de trop.
Et enfin, ce gosse était le genre incontrôlable, impossible à gérer et impossible à prévoir. Une plaie dans une mission, quoi. Il n'avait pas fallu longtemps au fourmilier pour s'en rendre compte, et en l'occurrence, tout indiquait qu'il ne s'était pas trompé.
Néanmoins, Dakota restait un membre de l'équipe terrienne sur la planète Om, et en tant qu'aîné du groupe, notre tamandua papou était obligé de veiller sur lui, qu'il le veuille ou non.
Voir ce jeune se faire littéralement agressé par une bestiole bizarre réveilla le mutant et il ne tarda pas à entre dans la danse. Du combat. De la fight.

- Blancpoil, protège le petit !, hurla t'il à son acolyte.

De là où il était, Tonga avait, à son sens, l'espace et le temps de bondir, toutes griffes sorties, bénéficiant d'un effet de surprise non négligeable et d'un bonus de pénétration dans la chair dû à la gravité.
Ce qu'il fit, donc, fut de courir sur quelques pas et de sauter de toutes ses forces, sortant ses griffes au vol en visant la bestiole maintenue dans la jambe de son infortuné compagnon.
Tant pis pour la mission, la sécurité du petit passe avant. Il ne s'était pas rendu compte du danger réel que courraient les membres du groupe avant de le voir en vrai. Conjecturer sur abandonner des membres et les retrouver ensuite, c'est une chose, réagir à un gamin attaqué par un animal alien, c'en est une autre. Et Samuel, Clara et Malo, où étaient-ils ? N'étaient-ils pas tous ensemble ?

Blancpoil observa attentivement la réaction de l'alien, une expression d'appréhension au visage. Il la regarda réfléchir, cherche il ne savait quoi, sans même savoir si elle avait vraiment compris ce qu'il essayait de lui dire. La communication n'était pas vraiment aisée. Tout aurait été plus facile s'il avait au moins pu déchiffrer leur langue. Puis elle pointa du doigt quelqu'un qui avait un drôle d'objet dans le dos. Le louveteau plissa les yeux pour mieux le distinguer: une grosse plaque de fer...

Yahazi dessina ensuite quelque chose au sol, puis fit quelques gestes pour accompagner son récit. Blancpoil observa son manège en fronçant les sourcils pour essayer de comprendre, mais il n'était sûr de rien.

*Alors... Ils se protègent avec ça ? Les humains aussi en avaient je crois. Comment ils appelaient ça déjà ?*

Lui qui pensait que ces alien se déplaçaient plus aisément ou étaient plus agiles, comme il avait pu le croire lorsqu'il avait vu Yahazi la première fois a se tenir sur un doigt, mais il ne se serait pas douté que ces bipèdes aient des moyens de se défendre similaires aux humains. Il n'était pas sûr que leurs méthodes lui conviennent, finalement. Cela dit, le matériau employé devait être très robuste pour résister au griffes des chats. Peut-être que des protège-bras dans cette matière pourraient lui servir, mais la zone recouverte serait un peu négligeable. ça ne valait pas une bonne carapace.

La deuxième partie était plus difficile a comprendre. Blancpoil ne saisissait pas le fait de se plaquer les mains sur les oreilles. Quoi qu'il en soit, les autochtones n'auraient surement pas grand chose a lui apprendre. Il en fut déçu.

Le petit démon déboula non loin d'eux, avec une grosse mouche en train de lui mordiller la jambe. D'abord surpris par tout ce remue-ménage, Blancpoil pouffa de rire en constatant que l'animal semblait un peu trop attaché a lui. Il n'osa pas imaginer ce que Dakota avait pu faire pour l'importuner. Mais il était toujours amusant pour lui de voir une grande créature avoir peur et se faire malmener par une plus petite. Heureusement que la loi du plus fort ne s'appliquait pas avec celle du plus gros.

Tonga lui somma alors de protéger Dakota alors qu'il bondissait toute griffe dehors pour s'occuper du gêneur. Le louveteau fronça des sourcils, son regard changea, le même que celui qu'il avait lorsqu'il avait essayé de protéger ses amis au péril de sa vie contre les chats, impétueux et déterminé. Sans crier gare, ne prêtant plus attention a son interlocutrice, il partit au pas de course en direction de la scène cocasse.

Il atteignit rapidement sa vitesse maximale, ajusta d'instinct sa trajectoire, et sauta d'un grand bon sur son objectif

Mais il ne visait pas la grosse mouche, ni même le petit démon...

Non. Il essayait d'intercepter Tonga en lui assenant un coup de tête dévastateur sur le flanc. L'inconvénient lorsque l'on sautait, c'était qu'on ne pouvait pas modifier sa trajectoire soit-même, en plus d'être linéaire. Tonga allait l'apprendre a ses dépends. Il ne voulait pas le blesser. Il aurait essayé de le mordre ou de le griffer dans le cas contraire, seulement lui passer l'envie d'attaquer a tout bout de chant.

Tonga qui était descendue de ses peaux pour parcourir la dizaine de mètres le menant à Dakota fonçait à toute allure. Ses griffes sorties, élan donné, il se replia pour sauter mais son élan fut douloureusement interrompu par la masse de Blancpoil qui s'écrasa contre lui. L'un contre l'autre, les deux mutants se renversèrent sur le sol et en raison de leur course, glissèrent sur les pavés pour finir à à peine un mètre du nez de ce pauvre Dakota.

"T'as pas honte de t'attaquer a plus petit que toi ? Espèce de lâche !"

Blancpoil n'aimait guère son coéquipier. Il ne jurait que par la violence et l'agression. Un peu comme Dakota dans une certaine mesure. Ce n'était rien de plus qu'un humain a l’apparence animale, mais il ne valait pas mieux qu'eux. Il ne cherchait pas a résoudre pacifiquement les problèmes, alors qu'il suffirait simplement de dialoguer pour régler un litige. L'éducation des loups avait appris a Blancpoil au moins une chose: "conserve tes forces pour les vrais batailles". Mais lui... ce n'était qu'un mutant belliqueux. Comment le louveteau pouvait-il les respecter après tout ce qu'il l'avait vu faire ?

Visiblement peu dérangé par le remue-ménage, la bestiole agrippée à la jambe de Dakota affirma sa prise en émettant une sorte de grognement se rapprochant d'avantage du bruit d'un vieux percolateur en fin de vie. La foule d'autochtone s'était brusquement reformée autour du trio de mutant, avec une curiosité méfiante. Certains avaient même sortis leurs armes et les pointaient sur nos héros plus ou moins velus. Ce fut en tout une demi-douzaine de lames/épées/pointes de lance/truc un peu tarabiscoté qui ne ressemblait même pas à une arme, qui furent braquées sur eux.

S'il en avait été capable, Eko se serait presque marré de la situation. Il était en train de jouer au cow boy et à l'indien avec un extraterrestre sur une autre planète. La course-poursuite s'était rapidement transformée en jeu pour lui, oubliant leur objectif principal ici, et il ne se montra pas du tout discret par la même occasion.

Son adversaire allait à vive allure, peut être même plus vite que lui ! C'était la deuxième fois en peu de temps qu'on le dépassait à la course, ce qui avait le don de le rendre bougon. Et évidemment, ces stupides autochtones faisaient tout pour le gêner dans son élan et laissaient traîner n'importe quoi ! Alors évidemment, la peluche bleue se prit une patte dans un panier. Il fit quelques pirouettes en se rattrapant habilement sur la tête, sur le dos et sur les fesses avant de finir sa course tout près de Blancpoil et de Tonga, et de perdre sa transformation en guise de clou du spectacle.

Malheureusement, le retour à l'état humain fut aussi surprenant qu'inattendu. Un peu sonné, Dakota observa autour de lui alors qu'il ressentait les quelques bleus qu'il avait encore dû se faire, à force de faire l'idiot. Non pas qu'il n'y soit pas habitué, mais la douleur était toujours la même. Sauf que cette saloperie volante, elle, n'avait rien oublié de la course-poursuite, contrairement au blond auquel il ne restait quelques vagues souvenirs de sa situation en singe.

La bestiole se jeta sur lui et lui planta les crocs dans le mollet. Dakota cria immédiatement alors que ses yeux s'embuaient en une fraction de seconde et essaya de virer la bête de plusieurs coups de pieds. Il entendit bien Tonga dire à Blancpoil de venir l'aider, mais ce faux frère n'avait pas voulu intervenir, et pire, il avait carrément arrêté le seul qui voulait virer la créature !

Gémissant de plus en plus fort à mesure que la douleur augmentait sous la perforation de la chair, Dakota, qui pleurait cette fois à chaudes larmes davantage par peur que par douleur, continuait de gigoter et donna un coup de talon plus fort que les autres en plein dans le visage de la mouche animale qui était en train de lui bouffer la jambe.

La foule se densifia presque immédiatement autour des trois mutants. Certaines des armes reculèrent sensiblement alors que Dakota se débattait face à son farouche adversaire modèle réduit. La bestiole se prit un pied sauvage dans la figure et lâcha instantanément prise en chutant au sol, les quatre fers en l'air en poussant un couinement strident, puis elle se retourna et fila prestement entre les jambes d'un autochtone d'à peu près la même taille que le mutant et, bien à l'abris derrière une cheville, poussa un "kssss" déplaisant à l'intention du garçon.

Les voix des créatures s'élevèrent en simultanés, dans un brouhaha insaisissable alors que, perçant la foule tant bien que mal, le guide de Blancpoil et Tonga essayait d'écarter ses semblables des trois mutants en mêlant ses invectives aux différentes discussions animées autour d'eux. Alors que le ton semblait monter entre les créatures armées et Yahazi, le son étrange qui s'était déjà élevé deux fois dans la ville retentit encore, faisant taire instantanément la foule qui, d'un même bloc, se retourna vers la pyramide que Tonga avait pu observé précédemment de son promontoire de fourrures.

En plein extension, dans l'accélération, Tonga allait pouvoir aider le lémurien chiant, jusqu'à ce qu'il se fasse tacler.
L'insecte géant avait un allié ?
Oui.

Cette andouille de Blancpoil.
Le louveteau venait de lui coller un tacle sur le coté, épaule en avant, le faisant valdinguer plus loin. Sans raison. Comme ça, pour le fun, sans s'expliquer.
Le fourmilier roula sur ce qui lui sembla être une éternité. Qu'est ce qui avait pris au loup de lui rentrer dans le lard, comme ça ? Tonga essayait juste d'aider Dakota, pour une fois. Et avec raison, puisque le marmot se faisait becqueter la jambe par une espèce de mouche géante, sous les yeux de Blancpoil qui ne faisait rien pour l'aider.

Ok, réaction simple, la plus logique pour le moment: Blancpoil est passé à l'ennemi.
Il s'est fait apprivoiser par l'alien, et ne reconnait plus ses alliés de ses ennemis. Pas de souci, gamin, j'en ai autant à ton service.

De son coté, Dakota avait pris le dessus sur son combat. L'insecte se carapatait derrière un alien, tel un chiot apeuré.
Puisque l'insecte était un familier des aliens et que le loup l'avait défendu au détriment de quelqu'un de sa race, les suppositions de Tonga s'avéraient encore une fois juste. Comme d'habitude.
Pas si sot que ça, le fourmilier décidait alors de laisser une chance à son ancien allié. Il allait ouvrir la bouche quand retentit dans la ville le même bruit sourd et grave qu'avant. Et cette fois, Tonga avait bien suivi d'où ça venait: la grande pyramide.

Pourquoi maintenant ?
Raaaah, tant pis pour la mission, on a un gamin sur les bras et un traître à coté.
Il s'avança en marchant vers Dakota en regardant Blancpoil et en lui hurlant au visage:

- Toi, quand tu auras compris que l'intérêt de ton espèce passe avant ta morale à deux balles, tu pourras peut-être me reparler. Maintenant avec tes conneries, Dakota est peut-être blessé parce que tu m'as empêché de l'aider. Dégage d'ici...Traître.

Il pressa le pas vers le petit démon en lui parlant:

- Ça va, gamin ? T'as rien de cassé ?