Jour 3 - Y'a-t-il un médecin sur la planète ?

Action de Pedro :

En entendant l'ordre adressé aux gardes, Pedro sentit son coeur s'emballer. Tout allait se jouer à la seconde près. Ainsi, il se rua vers la vitre et, après avoir fait réapparaître un sabot (mais en gardant ses supermuscles), y donna un coup violent pour la briser. Si nécessaire, il répéta son geste pour arriver à ses fins.

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Ecoutant les sages paroles d'Mbarou, Pedro fit voler en éclat la vitre de la pièce, tandis que la Dragonne tentait d'appliquer une nouvelle couche d'onguent et de se rhabiller aussi vite que possible. Aucune mallette ne fut trouvée néanmoins.

Les pressions sur la portes se faisaient de plus en plus menaçantes, jusqu'à ce qu'un coup différent se fasse entendre. Au travers de la plaque de bois, une lame se faisait remarquer. A présent, les gardes y allaient à la hache, visiblement pressés de mettre fin à cette situation.

Sans se faire prier plus longtemps, les deux mutants sortirent de la pièce par la fenêtre en prenant garde de ne pas se blesser sur les bris de verre. Mbarou se sentait légèrement mieux, comme si le contrecoup de la frappe sur sa plaie s'estompait. Elle prit tout de même grand soin dans son mouvement pour ne pas s'ouvrir davantage, sous son bandage.

L'un après l'autre, les deux X-men posèrent les pieds sur le sol de la rue qui se trouvait derrière le bâtiment. A l'explosion de la vitre, quelques passants s'étaient éloignés, effrayés, tandis que d'autres malgré tout prudents observaient à une certaine distance, curieux.

Soudainement, les deux mutants virent débouler trois gardes au bout de la rue. Une dizaine de mètres les séparaient. La rue continuait le long du bâtiment de la milice, et une autre était perpendiculaire près des mutants. Quelques chariots passaient, tirés par d'étranges créatures proches dans leur fonction du cheval, si ce n'est qu'elles étaient à plumes et avançaient sur leurs pattes arrières. Certaines étaient même sellés.

Mia s'approcha du soldat qui était resté. Celui sentait nettement que sa fin était proche, car il commença à trembler de façon assez visible. Puis la seconde suivante, le golem d'eau ceinturait l'homme avec une création liquide qui le paralysa de peur. La jeune femme n'eut aucun mal à saisir l'arme, mais le soldat la maintenait malgré tout solidement et ne comptait pas la lâcher. Elle sentit un léger tremblement provenant de l'arme.

Pourtant au bout de quelques secondes, alors que son corps était recouvert d'eau, l'homme céda l'arme et s'extirpa rapidement de la sorcière que Mia représentait pour lui, afin de fuir dans la même direction que son camarade quelques instants plus tôt.

Se dirigeant vers la pieuvre humain, la mutante tenta de tirer sur le groupe. Mais encore une fois, rien ne se passa.

Jane quant à elle prit la fuite, consciente que rester dans un nid de frelon risquait de lui laisser quelques cicatrices, ou pire. Elle s'élança dans les couloirs, cherchant la moindre sortie qui pourrait lui permettre de rejoindre la rue. Malheureusement, elle n'avait aucune idée de la direction à prendre, et étant donnée l'ambiance apportée par les mutants, mieux valait ne pas s'attarder.

Evitant les soldats amassés devant la porte, elle rejoignit par un couloir opposé le hall central. Elle n'avait croisé en route aucun soldat. Pourtant, elle remarqua quelqu'un se dirigeant dans sa direction depuis l'une des pièces adjacentes à l'entrée.

C'était un homme en armure intégrale qui approchait, avec un étrange outil à la main. Sa tenue rappelait dans une certaine mesure les gladiateurs avec un casque et des protections pour le corps. Il était équipé d'une arme ressemblant à un tromblon, avec un petit réservoir en dessous. Celle-ci était reliée à deux petites barriques dans le dos du soldat, que la carrure du personnage lui permettait de porter aisément.

Spoiler:

Remarquant Jane, l'homme s'immobilisa, puis se tourna vers elle en relevant l'arme. Il appuya rapidement deux fois sur la gâchette, et de petites séries de flammes sortirent de son arme en rythme. Mais il était encore trop loin pour atteindre la succube. Du moins, pour le moment. Il s'avançait.

La géante se sentait un peu mieux, pas de quoi se lancer dans un marathon, mais suffisamment bien pour ne pas tomber dans les vapes au moindre effort. Peut-être que le baume avait fait son effet. Malheureusement, le docteur ne gardait aucune mallette sur place. Mbarou n'aillant aucune envie de courir avec des scalpels effiler dans les poches, elle décida de ne rien prendre.

Une fois dans la rue, les choses n’avaient pas l'air de s'arranger. Un groupe de gardes était déjà sur place à une dizaine de mettre, leur fonçant droit dessus. Elle aurait beaucoup aimé leur montrer qu'elle aussi pouvait foncer dans le tas, mais elle n'en sentait pas la force, il fallait trouver autre chose.

Des chariots tirer par des sortes de poules-chevaux passait devant eux. Si elle arrivait à les effrayer et à faire foncer une partie sur les gardes, ça leurs permettrait de gagner du temps pour fuir. Une flamme dans les fesses était généralement très efficace pour effrayer n’importe quel être vivant. Mais la dernière tentative c’était soldé par un échec. Il fallait donc utiliser une façon bien plus primitive, mais qui avait fait ses preuves depuis la nuit des temps. La bonne frape dans le cul !

La mutante bleu s’approcha par derrière d’une des bêtes qui était tourné vers les gardes, leva le bras du coté non blessé et frappa de toute ses force le popotin de l’animal en poussant une hurler.

"HYYYYYYYYAAAAAAAAAAAA ! "

Pedro la suivra sûrement dans cette action pour bloquer les gardes.

La vitre explosa et immédiatement après, le sabot de l'animorphe disparut.

L'air libre, enfin ! Pedro aurait aimé prendre le temps de respirer un bon coup mais la liberté retrouvée était fragile. Déjà, les mutants apercevaient les gardes qui avaient anticipé leur fuite. Pour le moment, ils n'étaient pas nombreux, mais Pedro savait pertinemment que cela ne durerait pas. Ils devaient profiter de la légère avance dont ils bénéficiaient encore. La rue étroite était largement empruntée par des chariots tractés par d'étranges autruches au grand bec. Alors que les gardes, ayant repérés les deux jeunes terriens, s'approchaient dangereusement, Mbarou prit l'initiative d'obstruer le passage. Elle tenta d'effrayer l'une des poules géantes avec une bonne tape sur le croupion. Connaissant la force de la dragonne, Pedro sourit par avance en imaginant la réaction de la bête.

Mais, il devait également lui prêter main forte. S'ils pouvaient boucher le passage, leur fuite n'en serait que plus aisée. Pedro augmenta la masse musculaire de ses jambes sur le même modèle que ses bras, toujours aussi bien équipés. Ainsi, il se saisit d'un chariot proche et tâcha de le renverser au travers de la rue, pour en boucher le passage. Il fit en sorte de choisir un chariot où la présence de l'animal de traie ne pouvait pas trop en gêner la manipulation.

Que leur action combinée ait eu une réelle conséquence positive ou pas, Pedro attrapa le poignet de Mbarou et lui montra la ruelle qui partait perpendiculairement à la rue dans laquelle ils se situaient.

- Par là ! Vite !

Lorsqu'MBarou frappa le fessier de l'emplumé, celui poussa un glougloutement suraigu en faisant un petit bon sur place, et ni une ni deux, commença un sprint droit. Les deux mutants eurent à peine le temps d'entendre l'homme qui dirigeait la carriole hurler quelques insultes que celui-ci tombait en arrière dans son foin, devant la soudaine accélération du poulet qui chargeait droit sur les gardes.

Les hommes tentèrent évidemment de se jeter contre les murs pour éviter l'animal qui courrait bien au milieu de la rue, mais deux d'entre eux furent fauchés. Le chariot disparut ensuite à l'angle de la rue plus loin. Sonné, l'un des deux hommes tentait difficilement de se relever alors que l'autre semblait bien être mis hors d'état de nuire. Mais conscients de la menace, les deux autres se mirent à courir vers les mutants.

Rapidement, devant le tour de force de Pedro, ils s'arrêtèrent d'un coup, stupéfaits de voir le charriot se faire retourner tel un fétu de paille. Le garçon avait eu de la chance que le bois soit assez léger ! Evidemment, le poulet poussa le même glougloutement en s'affolant, sauf que celui-ci ne pouvait pas fuir à cause du renversement de son wagon et commença à faire du surplace et tentant de se détacher avec furie.

Les soldats firent un pas en arrière, et sortirent leur arme en pointant les deux Terriens, ou du moins ce qui dépassait de la carriole.

Faisant quelques pas derrière une colonne pour se protéger d'une éventuelle flamme, Jane tentait de négocier. Elle mettait en avant l'amitié et le devoir d'aider un camarade blessé, coûte que coûte.

L'homme s'approcha de quelques pas sans répondre, à une distance suffisante pour arroser de flamme la Succube si elle sortait de sa cachette et lui répondit :

" Ouai je comprends mais je fais mon boulot. Faudra dire ça à un juge. Alors rends-toi et tout ira bien ! Ca marche ? " demanda le soldat sans baisser son arme.

Ce n'était pas un bleu, visiblement.

Immobile devant le groupe d'hommes qui continuait à se battre pour le biscuit, Mia était soudainement prise de panique. Malgré sa forme de golem, elle se sentait affolée et abandonnée par Jane ou par n'importe quel mutant qui faisait parti du groupe de sauvetage d'MBarou. Toutes ses craintes contenues, liées à cette planète inconnue, semblaient ressurgir tout à coup.

Soudainement, l'homme qui était parti quelques instants plus tôt en laissant son camarade à présent inconscient revint. Il portait la même armure et le même lance-flammes que Jane se retrouvait à affronter à quelques couloirs de là, dans le hall.

Menaçant, il pointa son canon sur elle, et pressa quelques rapides coups sur gâchette pour tester le jet de flamme. Tout marchait pour le mieux, malheureusement pour elle. Il s'avança de quelques pas, juste assez pour être à la hauteur de la mutante golem.

Le bazar, que les mutants avaient espéré mettre dans la petite rue, eut bien lieu. La poule géante s'avérait plutôt être un dindon géant et, tel une boule de bowling, fit valser deux gardes. Puis Pedro fut lui-même surpris de pouvoir renverser aussi facilement le chariot. Cela permit aux mutants de gagner à nouveau du temps : les gardes marquèrent un moment d'arrêt devant l'exploit du colombien. Un large sourire se mit à apparaître sur le visage de Pedro et il allait une phrase bien sentie aux gardes bloqués. Mais ceux-ci se mirent à dégainer leurs armes. Le sourire disparut aussitôt.

- ¶µ†@¹ madre !

Le jeune homme se jeta à terre derrière le chariot, poussant Mbarou dans son élan. Pendant une fraction de seconde, Pedro pensa à l'arme qu'il avait subtilisé au garde. Mais il écarta l'idée. Il ne savait pas la faire fonctionner et il était en infériorité numérique. Non... la fuite était toujours la moins mauvaise des solutions. Profitant ainsi de ses membres toujours sur-musclés, Pedro attrapa Mbarou d'un bras (pour la soulager dans son effort) et partit ventre à terre, profitant de la protection sommaire qu'offrait le chariot, en direction de la rue perpendiculaire, pour se mettre à l'abri.

Si d'aventure les mutants parvenaient à pénétrer indemnes dans la ruelle, ils chercheraient alors un accès pour entrer dans l'un des bâtiments qui bordaient la rue, et cela si et seulement si il n'y avait aucun témoin. Le but du jeu était de semer leurs poursuivants. S'il y avait trop de monde, ils continueraient leur course...


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¹ © Mbarou

[Mbarou a prévenu d'un risque de non post en raison d'une connexion défaillante]

Grand bien fit à Pedro lorsqu'il se protégea des gardes grâce à la cariole allongée. En effet, le garçon vit un éclair passer au dessus de lui, et nul doute qu'il aurait probablement été touché !

" Halte ! " hurla l'un des deux soldats, alors que les mutants tentaient de fuir discrètement par la ruelle.

MBarou et Pedro rejoignirent en rampant la rue et finirent par se relever alors qu'il n'étaient plus des cibles privilégiées. Un cliquetis d'armure indiqua que les gardes avaient bien saisi ce qu'il se passait et s'approchaient.

La rue était vide à cette heure de la journée. Ce n'était pas un axe de circulation d'après ce que pouvaient voir les mutants, et l'étroitesse du passage était du même acabit que celui qu'ils venaient de quitter. Avançant aussi rapidement que possible, les deux camarades finirent par pénétrer dans la première bâtisse dont la porte n'était pas verrouillée. L'entrée était composée d'un petit couloir.

Une petite salle sombre sur leur droite semblait être un atelier. Quelques bottes et chaussures diverses étaient attachées contre les murs, et une forte odeur de cuir était présente. Quelques tables étaient positionnées parallèlement, sur lesquelles de nombreux outils étaient disposés. Devant, un escalier menait à l'étage supérieur du bâtiment depuis lequel des cris de nourrisson leur parvenaient.

" Très bien. " répondit simplement le soldat à Jane.

Soudainement, la Succube entendit quelque chose de métallique tomber à ses pieds. C'était une paire de menottes.

" Tu sais comment ça se met j'imagine... Sors avec les poings devant quand ça sera fait..."

Tout à coup, brisant le calme relatif de la situation, les deux présents entendirent un cri déchirant provenir de l'étage. Jane n'eut aucun mal à reconnaître Mia. Le garde commenta simplement :

" La sorcière passe un sale moment... "

Parfaitement paralysée par la peur, Mia ne réagit pas du tout à l'arrivée du soldat armé du lance-flamme. Ses membres tremblaient tous et une étrange sensation lui parcourait la poitrine, comme si son coeur défaillait en cet instant. Aussi surprenant, une sensation de froid et de crispation la parcourait par vagues à partir de la poitrine et se diffusait dans tout son corps.

Le golem d'eau était perdu, et son corps le lâchait. Ses membres ne lui répondaient plus. Une rapide image de Damian lui parcourut soudainement l'esprit, alors que le soldat décidait d'en terminer. L'homme appuya sur la gâchette de son arme, et une flamme prodigieuse en sortit en direction de la jeune femme.

En une fraction de seconde, une douleur terriblement vive lui lécha le corps tout entier. Elle sentait son buste partir en morceau, se décomposer particule après particule, sans être capable de se défaire. De la vapeur s'échappait abondamment de son corps liquide et elle se sentait littéralement bouillir sous l'assaut incessant des flammes.

Le soldat orientait méthodiquement son jet incandescent sur toute la sorcière, après s'être dans un premier temps concentré sur son bras gauche qui avait perdu près de la moitié de sa proportion. Un cri aigu de douleur était la seule chose qu'elle était capable de produire en guise de défense, avec la faible protection de son visage avec ses bras. Le résultat ne semblait malheureusement pas empêcher du tout l'assaillant de continuer en le décourageant. Derrière son masque, elle ignorait même qu'il souriait, heureux de réaliser correctement son travail en supprimant une sorcière de leur planète, un être malveillant, dangereux, et ayant pactisé avec les démons.

Mia fini par réagir à la sensation de douleur et se liquéfia pour se déplacer par téléportation hors de leurs portée derrière eux, bien décidée à trouver un endroit sécuritaire pour se régénérer.

"Woooowwhhh!!!" Avait crié la géante quand Pedro l'avait poussé pour la protégée. Le crissement d'un tir électrique au dessus de leurs têtes leur avertit qu'il en avait fallut de peu. Le jeune homme l’attrapa par la main et partit en courant pour rejoindre une zone plus sur. La mutante avait de la peine à suivre, mais heureusement pour elle, ils rentrèrent dans un immeuble proche pour se cacher. Elle était à bout de souffle et avait vraiment besoin de se reposer un moment. Malheureusement, se n'était pas le moment de rester sur place.

Mbarou montra l'escalier à son compagnon. "Il faut qu'on monte... Si on peut aller sur les toits, on pourrait peut-être s'envoler..." Dit-elle discrètement. Dieux sait se qui les attendait à l'étage, une mère et son enfant peut-être. Mais il fallait le faire le plus silencieusement possible et si possible, ne pas être repéré. Se qui n'allait surement pas être le cas vu sa gueule et sa taille.

Avant de monter l'escalier, elle se retourna et regarda s'il y avait un moyen de fermer la porte à clef. Si ce n'était pas le cas, elle prendrait un outil anguleux de l’atelier pour le glisser sous la porte et la coincer.

Le calme soudain qui se fit ressentir lorsque Pedro claqua la porte derrière lui fut un réel soulagement. Aussitôt, il fit disparaître tous ses attributs animaliers. Même s'ils n'étaient concrètement qu'à quelques dizaines de mètres du bâtiment qu'ils avaient fui, les mutant se sentirent enfin en sécurité. Un peu de répit s'annonçait et ce n'était pas du luxe.

La petite pièce sur leur droite semblait être l'atelier d'un artisan. Personne n'était présent, mais il ne fallait pas traîner ici. Alors que Mbarou chercher à coincer la porte, Pedro fureta également dans la pièce. Il chercha silencieusement des outils qui pourraient faire office d'armes blanches. Puis, le mutant emprunta une paire de botte à sa taille. Comme un certain Bruce Banner, Pedro éclatait littéralement ses vêtements lorsqu'il se transformait. Heureusement, cela ne le gênait pas vraiment. Puis, rapidement, il revint dans le couloir et écouta plus attentivement les bruits qui venaient des étages supérieurs. Le cri du bébé allait sûrement attirer quelqu'un...

- Il va falloir vite gagner le toit.

D'un geste rapide, il désigna l'escalier à sa partenaire.

Préférant se rendre, Jane finit par se passer elle-même les menottes aux poignets. Dans sa situation, elle préférait ne rien tenter de stupide, et personne ne pourrait lui en tenir rigueur. Satisfait que tout se soit passé pour le mieux, le soldat répondit sans aucune animosité :

" On va t'enfermer et tu seras surement interrogée avant d'avoir un procès. "

Quelques instants plus tard, deux soldats arrivaient et récupérèrent Jane. Le lance-flamme ne semblait vouloir s'approcher d'elle, conscient de sa vulnérabilité dans son armure.

La démone fut menée à un étage inférieur qui sentait le renfermé. Celui-ci semblait être une prison géante qui se prolongeait au delà de ce qu'était le bâtiment militaire. De nombreux couloirs parallèles abritaient sur le flanc des accès à des prisons faisant passer celles de de l'arène de gladiateur pour un hotel grand luxe.

Sans pouvoir vraiment se débattre, Jane fut finalement mise dans une cellule dans laquelle se trouvait déjà quelqu'un de faible corpulence, dans un coin, la tête dans ses genoux. Les soldats partirent finalement, abandonnant la mutante pour une durée indéterminée.

Menottes toujours aux poignets, dans une pénombre relative, Jane remarqua que la petite tête de son compagnon s'était relevée et elle reconnut immédiatement la gamine qu'elle y avait fait jeter quelques dizaines de minutes plus tôt.

Quelques torches éclairaient vaguement l'endroit de façon irrégulière et, par chance, l'une d'elle se trouvait devant la cellule. L'odeur n'était pas très agréable, mais il y avait de quoi s'y habituer. Chaque mur était constituée de pierres grossièrement taillées, et le plafond et le sol étaient lisses, et particulièrement frais.

Mia s'était téléportée dans un ultime instinct de survie à une position qu'elle ne connaissait pas. La mort prochaine semblait lui avoir donné une poussée de pouvoir inespérée et la jeune femme se matérialisa dans une caraffe d'eau, la faisant exploser alors qu'elle reprenait immédiatement forme humaine, à bout de force.

Tenant à peine debout, elle fit un rapide tour d'horizon de la pièce. C'était une chambre banale, avec un lit vide, une armoire, un petit bureau ainsi qu'une table avec une verre et une caraffe à présent répartie au sol.

Chancelante, la mutante posa une main sur le dossier de la chaise du bureau, puis s'écroula au sol. Une douleur extraordinaire venait de l'étreindre du côté du cou jusqu'à ses reins, englobant un de ses seins et le bras du côté gauche. L'instant suivant, elle perdit connaissance.

Mia était gravement brulée sur la moitié gauche de son tronc, et des vêtements semblaient être troués comme s'ils avaient été dévorés par une souris. Naturellement, la principale pièce de tissus manquante se situait largement sur la partie de son corps ayant subi les flammes. La peau était a la fois noire et rouge sur toute cette partie de son corps, et la blessure remontait même jusqu'au milieu de sa joue, englobant le lobe de l'oreille et l'arrière de la mâchoire.

Dans un coin de la pièce, derrière la mutante, un homme terrorisé se terrait, les yeux écarquillés en tremblant, incapable de croire ce qu'il venait de voir.

[ hrp : Mia est inconsciente pendant ton absence. Merci de m'indiquer ton retour s'il y en a un avant la fin de la mission. ]

Fier comme un coq, Pedro arborait à présent une magnifique paire de bottes fraichement réparées et était armé d'une sorte de pelle à tarte allongée, ayant probablement comme utilisation originale de décoller les semelles. Mais qu'importe, enfoncer la pointe dans quelqu'un ne le ferait certainement pas sourire, et c'était bien là tout ce qu'il voulait.

De son côté, Mbarou avait trouvé rapidement dans l'atelier une sorte de cale qu'elle adapta à la porte d'entrée sans aucune difficulté. Quelques secondes plus tard, le cliquetis d'armure des gardes se fit entendre, et une pression sur la porte fut exercée sans insister, avant que les hommes ne semblent s'éloigner pour tester les portes suivantes.

A priori en sécurité pour le moment, les deux mutants grimpèrent prudemment les marches et arrivèrent dans un petit salon modeste composé d'une table, de fauteuils dont un tricot traînant sur l'un deux ainsi que d'un berceau avec le chiard à l'intérieur qui s'égosillait. Quelques petits jouets en bois traînaient par terre, éparpillés dans un coin.

La salle était reliée à une chambre depuis laquelle apparut une femme, visiblement à bout de nerf à cause du nourrisson. Elle tenait déjà dans ses bras un enfant plus âgé, et le sermonnait sur une quelconque bêtise qu'il avait probablement faite dans l'autre pièce, tout en le ramenant dans la salle de vie.

Devant les deux mutants, l'un armé, l'autre sacrément impressionante, elle s'arrêta tout à coup et par réflexe fit un pas en arrière en tendant une paume libre vers les deux cambrioleurs :

" Non, non, je n'ai rien, je n'ai pas d'argent, s'il vous plait, ne nous faites pas de mal ! " cria-t-elle, apeurée par la présence surprenante d'inconnus armés chez elle.

Un grand soulagement envahit la dragonne quand elle comprit que le garde passait son chemin sans insister sur la porte. Une grande tension s'était envolée et elle se sentait toute molle. Il en faillit de peu qu'elle se laisse tomber sur les fesses, mais elle voulait éviter de faire le moindre bruit suspect.

Les deux compagnons grimpèrent prudemment l'escalier, mais les bruits produits par les enfants laissaient penser qu'il allait bientôt croiser quelqu'un. Se qui fut rapidement le cas quand ils atteignirent l'étage et qu'une femme apparue dans l'encadrement d'une porte. La bonne femme les prit pour des voleurs se qui n'étonna guère la géante.

Mbarou s’accroupit alors en position de soumission, pour montrer à la femme qu'elle ne lui voulait aucun mal, et commença le dialogue. Elle espérait que Pedro fasse de même, mais elle le savait trop fière pour s'humilier de la sorte.

"Pardonnez nous notre intrusion dans votre maison... Nous ne vous voulons aucun mal, croyez nous... Nous nous sommes échappé d'une arène illégale où nous avons été emprisonné. Maintenant tout le monde nous cherche, nos anciens propriétaires et les gardes… Comprenez que nous ne voulons pas mourir dans une arène. Nous vous demandons juste de nous laisser nous reposer quelques minutes avant que nous reprenions notre route. Si vous ne voulez pas prendre de risque, se que nous comprenons, nous quitterons immédiatement votre maison sans vous poser plus de problème. Nous voulons juste savoir s’il y a un accès sur le toit. Merci à vous, même en cas de réponse négative. "

Mbibi avait parler très vite et espérait que la femme soit généreuse.

Affolée, la femme écouta les paroles de la géante à genoux. Son regard passait successivement de l'un à l'autre des mutants, se méfiant de Pedro armé qui était tout proche du berceau du hurleur qui continuait son chant peu mélodieux.

Finalement, elle quitta le cadre de sa porte et pointa la chambre d'où elle venait :

" Il y a une terrasse toute petite à partir de la pièce ici. Partez maintenant ! Ou j'appelle les gardes ! " menaça-t-elle fébrilement en tenant un de ses enfants dans ses bras.

Méfiante, elle se mit dans le coin de la pièce, prête à réagir si les mutants tentaient une entourloupette.

La dragonne avait eu une inspiration géniale en bloquant la porte. Les gardes avaient en effet repris leurs recherches et ils les auraient retrouvé si Mbarou n'avait pas placé la cale. Les deux mutants se regardèrent en souriant, lisant le soulagement dans le regard de l'autre. Ils montèrent les quelques marches et débouchèrent dans une petite pièce. Mais Pedro n'eut pas le temps d'observer les lieux car une jeune femme fit son apparition juste en face d'eux. La peur se lut immédiatement sur son visage.

Heureusement, Mbarou réussit à la rassurer, du moins suffisamment pour qu'elle n'ameute pas tout le quartier par des cris stridents. Pourtant, elle jetait des regards inquiets en direction du colombien. Celui-ci se rendit compte qu'il tenait toujours l'arme trouvée au rez-de-chaussée. Il la mit dans son dos alors que la femme leur indiquait une issue, mais sur un ton menaçant. Cela ne plaisait pas à Pedro. Il craignait qu'elle n'appelle les gardes malgré tout dès qu'elle en aurait l'opportunité... Mais il n'avait pas d'autre choix que de lui faire confiance. À moins de la bâillonner pour la violer faire taire... Il préféra s'en tenir au plan.

Précédant Mbarou, Pedro s'engouffra dans la chambre et aperçut l'accès qui donnait sur la petite terrasse. Il s'approcha prudemment et jeta un coup d’œil discret. Il fallait surtout qu'il sache si la terrasse était visible depuis la rue ou peut-être du bâtiment dont ils s'étaient échappés. Si les conditions de discrétion (relative) étaient réunies, il sortirait pour trouver rapidement un accès au toit.

Il ne fallait pas traîner davantage.

Depuis la terrasse, les mutants remarquèrent qu'il était facile de grimper sur les toits à partir d'un muret qui protégeait des chutes éventuelles dans une grande cours intérieure. Heureusement pour MBarou et Pedro, la position du toit auquel ils accédaient était protégée par un autre bâtiment sur leur gauche assez grand, les empêchant de voir et d'être vu par la caserne militaire.

Tour à tour, les mutants grimpèrent et purent donner un coup d'oeil panoramique autour d'eux. Dans leur dos se trouvait la rue par laquelle ils avaient pénétré dans la demeure. Des gardes continuaient à courir dans tous les sens, mais ils semblaient bien plus nombreux qu'auparavant.

A leur gauche se trouvait le grand bâtiment les cachant de la caserne tandis que face à eux se trouvait la cours, et au delà, en faisant un détour sur les toits sur leur droite, continuait des zones pratiquables les dirigeant plus ou moins dans la direction du marché de leur arrivée, lieu de retrouvaille définit avec leurs camarades.

Si en revanche ils continuaient sur leur droite, ils iraient en direction de toits à perte de vue sans savoir ce qu'ils y trouveraient. Au loin, entre la zone du marché et les toits à perte de vue, se trouvait le dirigeable, qui naviguait toujours au dessus de la ville. De leur position, il était de côté, orienté vers la zone du marché.

La fillette observa Jane s'approcher, méfiante. Difficile de dire si c'était la Succube qui l'effrayait, ou celle qui l'avait envoyé en cage. Son regard suivit la mutante, décryptant ses moindres mouvements. Les sourcils froncés, elle l'écouta parler.

" C'est bien fait pour toi. " répondit d'abord l'enfant quant au fait que justice lui soit faite.

Un petit sourire se dessinait même sur son visage portant quelques traces de larmes mortes, lui laissant un vague air satisfait au visage. Lorsque la démone termina de s'excuser, la gamine ne sembla pas se démonter :

" Ouai, je t'en veux. Et puis quoi ? Chacun pour sa pomme. Pour ce que ça change. "

Voyant que Jane se présentait et tentait de faire ami-ami, la gamine se rembrunit à nouveau. Elle détourna le visage pour bien montrer qu'elle boudait, mais au bout de quelques secondes et le mur n'étant pas intéressant, elle finit par poser de nouveaux ses yeux sur la mutante.

" T'es quoi ? J'ai jamais vu un truc comme toi. Tu peux pas péter les barreaux avec tes cornes ? Ou péter la serrure ? "

Semblant se souvenir soudainement de la question de Jane, le fille lança :

" Et puis je vole pour bouffer. Parce que j'ai faim. Mon père il a pas assez pour nous faire manger tous les trois avec mon frère. Je suis pas une lutine, et je fais parti d'aucun groupe. "

Quelques secondes passèrent et la fillette laissa exploser à nouveau sa peine. Elle éclata en sanglots et se remit la tête entre les genoux en marmonnant :

" Je veux voir mon papa... "

En très peu de temps, les deux Xmen se retrouvèrent enfin sur le toit. Pedro s'arrêta quelques secondes et profita de la vue. Enfin l'horizon était visible, ce qui lui rendit une sensation de liberté retrouvée. Il ne put s'empêcher de sourire largement, partageant son soulagement avec Mbarou. Pendant quelques instants, il oublia même ses deux autres camarades d'infortune, probablement toujours coincées dans la caserne. D'ailleurs, rapidement la question de savoir s'il fallait aller les chercher se poserait. Les soldats ne semblaient pas être des fous sanguinaires, ainsi Pedro ne se fit pas trop de soucis quant à leur intégrité physique. Il n'y avait pas d'urgence.

- Allez, faut pas traîner.

Le jeune colombien se mit en marche. En effet, dans le cas plausible où la femme finirait par donner l'alerte, les deux mutants avaient intérêt à ne pas s'attarder dans le coin. Néanmoins, cette position haute était favorable, il fallait juste s'éloigner un peu. Les gardes continuaient à arpenter les rues et Pedro devina qu'ils étaient encore plus nombreux. Ils finiraient bien par venir chercher par ici. Aux yeux de la police locale, Mbarou et lui devaient être des monstres lâchés dans la nature et potentiellement très dangereux. Il fallait espérer que l'autre équipe avait trouvé la batterie, car il ne ferait pas bon de rester trop longtemps à Orderia.

Jugeant qu'il ne fallait pas trop s'éloigner de la caserne mais qu'il fallait éviter d'être vus (notamment à travers les nombreuses fenêtres du grand bâtiment à gauche), Pedro décida de faire un petit détour par la droite pour contourner la cour qui se trouvait devant eux. Cette direction correspondait également à leur point d'arrivée. Toutefois, le jeune homme fit en sorte de rester à proximité de la caserne militaire, en revenant sur la gauche, après la cour. Puis, lorsqu'il estima qu'ils s'étaient suffisamment éloignés, il chercha un abri temporaire. Le but du jeu était de trouver un lieu, toujours sur les toits, qui pouvait les cacher efficacement, leur permettre de surveiller si quelqu'un s'approchait et de prendre un peu de repos à l'ombre. Pedro se méfia également du dirigeable qui pouvait être mis à contribution dans la recherche des fugitifs.

Après quelques instants de recherche, Pedro trouva une construction assez grande, à côté d'une plus petite. En restant sur la seconde, contre le mur de la première, les deux mutants s'assuraient d'avoir de l'ombre et de se cacher du dirigeable, tout en gardant un oeil sur la caserne militaire et sur les toits alentours en passant la tête. Ils se trouvaient approximativement au bout de la rue dans laquelle ils avaient renversé la cariole, où l'une des autruches avait tourné en s'enfuyant.

L'activité semblait toujours être complète chez les miliciens qui arpentaient le secteur. Il n'y avait aucune trace visible de leurs deux amies. Le dirigeable quant à lui continuait à avancer vers le marché, avec une lenteur mesurée.

Mbarou du se forcer pour suivre le rythme de Pedro. Ils devaient trouver une cachette rapidement et le colombien n'allait pas la laisser respiré avant d'être en sureté. Elle posa une main sur sa blessure pour y appliquer une légère pression et marcha à grande enjambée. Heureusement pour la dragonne, elle avait des grandes jambes. Malgré tout, cette marche forcer autour de la cour était épuisante et elle se sentit rapidement à bout de souffle.

Le jeune homme trouva une cachette idéale, à l'ombre d'un bâtiment. La mutante s’assit contre le mur et remonta bien sa capuche avant de reprendre son souffle. Elle avait vraiment besoin de se reposer un petit moment et espérait qu'ils pourraient rester ici sans être dérangé. La planque avait une bonne vue sur le bâtiment militaire, se qui leurs permettaient de voire se qu'il si passait. Elle se demandait comment allaient Jane et Mia, et espérait qu'elles ne soient pas sortie par l'autre coté. Si elles étaient prises dans le bâtiment, ils allaient devoir aller les chercher. Mais pour le moment ils devaient reprendre des forces.

"Merci Pedro, tu as trouvé une cachette fantastique... J'espère que les filles vont bien... J'ai besoin de me reposer, j'espère que ça ne te dérange pas de rester ici un petit moment."

Elle s'appuya la tête sur le mur, ferma les yeux et essaya de reprendre des forces.

La fillette renifla et releva ses yeux mouillés vers Jane avec un vague air d'incompréhension.

" Cacher quoi ? "

Lorsque la succube lui annonça qu'elle était devenue ce qu'elle était d'un coup, sans raison apparente, la petite releva le museau pour observer sa compagne de cellule.

" T'as ptête une malédiction. T'as craché au visage d'une vieille dame ou t'as foutu un coup de pied à un chien ? C'était ptête une sorcière déguisée ! Il faut aller lui dire pardon et devenir quelqu'un de bien ! " annonça la gamine comme si tout était aussi simple que ça.

Quelques temps plus tard, difficile de dire précisément combien, une ombre apparut devant la geôle. La fillette s'était endormie, épuisée par ses pleurs, et Jane restait immobile et sentait lentement le calme ambiant et l'obscurité l'envoyer rejoindre Morphée.

Une forme humaine semblait observer les deux personnes dans la prison, sans dire un mot. On devinait vaguement un habit uni ressemblant à une robe, et un crâne parfaitement lisse. La silhouette était plutôt frêle, mais de taille adulte. A contre jour, difficile de voir de qui il s'agissait.

Soudainement, une voix fatiguée et étouffée murmura :

" Vous êtes des sorciers ? Réellement ? "

Difficile de dire à qui le pluriel s'adressait réellement. La fillette ne s'était pas réveillée. Son souffle régulier continuait à bercer Jane entre deux états. N'était-ce qu'un rêve ?


Sur les toits, Mbarou s'affessa, heureuse de pouvoir trouver un peu de calme. La pommade qu'elle s'était étalée lui faisait du bien, car elle s'était sentie un instant moins fatiguée, et sa blessure l'avait beaucoup moins lancée. La douleur n'était pas loin de disparaitre à certains instants, probablement dû à un élément de la composition de l'onguent agissant comme un antalgique.

La mutante se prit même à révasser. La situation dans laquelle elle s'imaginait était plus ou moins la même que celle dans laquelle elle se trouvait actuellement. Elle était assise, seule, sur les toits, alors que le ciel était sombre. La nuit était déjà présente depuis un certain temps, et quelques nuages étaient devinables grâce à la lueur de deux astres lunaires, l'un vert et l'autre rouge.

Se mouvant sur les toits de façon étrange, une ombre approchait. Partant d'un toit de départ, elle semblait s'étendre rapidement jusqu'à un autre, avant de rapetisser sur le nouveau toit, à la façon d'un accordéon. Petit à petit, MBarou voyait depuis une position céleste le fantôme noir se rapprocher de sa position sans pouvoir faire quoique ce soit. Jusqu'au moment où...

La mutante se réveilla et vit un homme dos au soleil face à elle. Seuls les contours de son visage étaient discernables vaguement. Le reste de son corps était éblouissant à cause de l'astre derrière lui, et toute tentative de le regarder plus précisément brûlait les yeux en laissant un artefact à la vue.

" Vous êtes... commença une voix âgée lorsque sortant d'une torpeur dont elle n'avait pas conscience, Mbarou sentit une main sur son épaule.

Tournant la tête, elle ne vit que Pedro, tandis que l'homme ombre avait disparu totalement. La mutante s'était endormie un instant, profitant d'un soleil qui lui réchauffait les écailles. Puis quand elle s'était agitée durant son sommeil, le Brésilien avait jugé préférable de la réveiller.

D'autant que quelques instants plus tard, il remarqua que des gardes arrivaient depuis le balcon par lequel ils étaient eux-même montés. Heureusement, il était le premier à les avoir vu. Eux ne semblaient pas très dégourdis, vêtus de leur lourdes armures.

La fillette n'était vraiment pas des plus rapides et intelligente. La succube pu même sentir qu'elle avait des croyances certainement enfantin, mais lié à une certaine forme de religion. Jane fronça des sourcils de mécontentement avant de se radoucir.


"Allons, ce n'est que des superstitions... Tout ça, c'est juste pour faire peur aux enfants, moi aussi on m'a fait le coup. Et je vois pas en quoi l'apparence est le signe de bonté."

Peu de temps plus tard, la fillette s’endormit. Ce fut à ce moment là qu'une ombre apparut devant la porte. Jane ne pouvait le voir entièrement à cause de l'obscurité, mais il semblait être plutôt grand mais frêle. Un allié potentiel ? La succube se leva et s'approcha de cet individu qui lui demandait si elle était une sorcière. Préférant laisser planer le doute, Jane lui sourit énigmatiquement avant de lui répondre.

"Ca dépend qui le demande mon cher... Qui êtes vous ? Et comment vous vous êtes introduit ici ? Par magie... Ou par un petit pouvoir génétique ?"

"Je..." parvint seulement à dire la géante avant de tourner la tête vers Pedro et de revenir sur la silhouette qui avait disparut. Elle fit plusieurs mouvement de tête, entre le Colombien, là ou aurait du être l'ombre et le reste du toit avant de se frotter les yeux et de parler de nouveau. "Tu l'as vu aussi?"

Ça ne devait n'être qu'un rêve, son ami allait la prendre pour une folle. Mais avant de lui raconter plus que ça, il fallait fuir rapidement, car des gardes étaient déjà sur les toits. La femme avait surement parlé, mais heureusement, Mbarou avait pu se reposer un peu et se sentait déjà mieux. Drôlement efficace la crème du docteur, elle n'aurait pas du le traiter de la sorte.

Quoiqu'il en soit, il fallait s’échapper vite et essayer de rejoindre la caserne, pour trouver les filles. Mais ils étaient coincés, s'ils se levaient et partaient en courant ils seraient vus. Il fallait traverser la rue en volant. Bizarrement, ça semblait être la solution la plus discrète. Pedro pouvait se faire pousser des ailes et elle pouvait donner une propulsion pour le décollage et pour amortir l'atterrissage. Ça semblait fou, mais ils avaient déjà fait pire.

"On rampe jusqu'au bord du toit, fait pousser tes ailes, je m'accroche dans ton dos et je nous propulse un coup pour traverser la rue. Essaye de nous poser en douceur, au pire je donne des impulsion pour nous ralentir."

Elle se rapprocha du bord et attendit que Pedro se prépare.

Perdu dans ses pensées - que nous ne pouvons retranscrire ici - Pedro ne remarqua presque pas que sa camarade s'était assoupie. En revanche, il sursauta quand celle-ci se réveilla en posant une question étonnante. S'il l'avait vu ?

- Qui ? Ton cul ?

Cette réponse fut surtout un réflexe car le mutant entendit le bruit des armures des soldats qui avaient débarqué sur le toit.

- Merde... Déjà là...

Malgré leur progression assez lente, les soldats approchaient dangereusement. Le regard que s'échangèrent Mbarou et Pedro était clair, ils devaient décamper rapidement. La caserne étant l'objectif principal, les mutants décidèrent de traverser la rue en planant. Celle-ci était plutôt étroite et le bâtiment cible était suffisamment bas pour espérer traverser sans encombre.

Le colombien rampa derrière la dragonne et arriva également au bord du toit. Pas le temps d'avoir le vertige, Pedro passa devant Mbibi et suivit ses instructions. Il s'accroupit.

- Si tu t'accroches dans mon dos, tu risques de prendre mes ailes dans la tronche. Tu devrais t'agripper heu... plus bas. Enfin tu vois.

Pedro avala sa salive. Même s'il avait un peu de mal à considérer Mbarou comme une fille, techniquement elle l'était. Il espérait qu'elle n'en profiterait pas trop.

Des ailes larges et puissantes apparurent dans le dos du jeune homme, ainsi que des cuisses de cheval et des pieds de grenouille. Ces deux derniers attributs permettaient d'envisager une prise d'élan tonique et stable (les pieds de grenouille pour empêcher de riper sur la prise d'élan). Puis lorsqu'il sentit que sa camarade était agrippée solidement, Pedro n'attendit pas davantage pour s'élancer dans le vide, les ailes largement déployées. La poussée de ses cuisses contre le béton fut horizontale pour ne pas s'élever vers le haut et ainsi profiter encore un peu du grand bâtiment qui les cachaient de la vue des soldats sur le toit. En fonction de l'efficacité de la manœuvre, Pedro se prépara à donner un ou deux coups d'ailes pour éviter un atterrissage trop brutal, ou même le crash fatal...

Face à Jane, la silhouette resta immobile un instant sans répondre. Puis finalement, elle lâcha :

" Seule la magie anime le monde. Je vous ai trouvé. " annonça l'être, satisfait.

La flamme derrière l'homme vacilla comme si un courant d'air assez fort venait de s'engouffrer dans le couloir souterrain. Il suffit d'une fraction de seconde pour qu'il ne reste plus qu'un mur devant Jane. Un clignement de paupières plus tard, elle était debout au milieu de la cellule. Une petite voix vint briser le silence de la pièce :

" Tu fais quoi ? " interrogea la gamine toujours dans son coin.

" T'es bizarre. Tu t'es levée comme si tu regardais un truc et tu as murmuré quelque chose. "

Soudainement, Jane sentit le sol se dérober sous ses pieds. Sans comprendre ce qui lui arrivait, elle se sentit tomber sans être capable de s'accrocher à quoi que ce soit autour d'elle. Elle entendit vaguement un cri de surprise de la fillette avant que celui-ci ne soit étouffé. Un écran noir d'une seconde la plongea dans l'obscurité totale, avant de soudainement toucher des dalles froides d'une pièce classique.

Se redressant, elle put observer plus en détail les lieux. Seule une table était dans un angle avec un chandelier et quelques livres posés en désordre. Etrangement, le reste semblait avoir été vidé. Deux portes sur des façades contigües étaient fermée, et un léger brouhaha extérieur était audible.

Usant de sa transformation, Pedro atteint ses limites en parties animales et il le sentit. Ses tempes subirent une étrange pression sous le coût de la concentration, mais il parvint à modeler son corps comme il le souhaitait malgré tout. Les deux mutants mirent alors en route leur plan et bondirent depuis le bord du toit. Sans surprise, leur puissance fut suffisante pour traverser la rue et Pedro put même se payer le luxe de jeter en oeil en dessous de lui un court instant. Apparemment, personne n'avait rien remarqué.

Mais soudainement, lorsque les mutants observèrent le toit qui s'approchait de plus en plus, une ombre s'étendit d'un coin à l'autre, avant de couvrir totalement la zone d'atterrissage visée par les deux compères. La surface était devenue particulièrement lisse et ténébreuse, mais rien ne put les dévier de leur trajectoire, pas même le coup d'aile de Pedro pour freiner leur chute vers l'inconnu.