Jour 3 - Y'a-t-il un médecin sur la planète ?

(hj : merci Alex de me permettre de rejouer)

Fébrilement, Pedro attendit le résultat de son petit discours. L'homme en face de lui arborait toujours un visage fermé et peu convaincu. Le jeune mutant sut qu'il n'avait pas fait mieux que ses camarades et il sentait que l'homme commençait à perdre toute confiance. Néanmoins, sa réaction le surprit. Plutôt que de chercher à en savoir plus, celui-ci décida que toute cette histoire, même si elle demeurait louche à ses yeux, ne le concernait pas. S'il avait été réellement agressé, Pedro aurait certainement réagi avec véhémence, mais l'homme avait accepté de soigner Mbarou. À la limite, si le rouquin ne le croyait pas, ça lui en touchait une sans faire bouger l'autre.

Ainsi, après avoir laissé Jane et Mia dans la salle d'attente (et un peu lorgné sur la femme à l'éventail), il suivit l'homme qui les conduisait à travers de nombreux couloirs. Tout en s'amusant des regards effrayés suscités par Mbarou, Pedro fit en sorte de mémoriser le trajet parcouru, en trouvant quelques points de repères facilement identifiables, au cas où ils devraient faire le retour seuls et plus rapidement que prévu. Le bâtiment se révélait assez grand et franchement labyrinthique.

Ils débouchèrent finalement dans une petite pièce et un vieil homme les accueillit après avoir failli mourir sur place en découvrant sa ravissante patiente. Pedro espéra très sérieusement que le docteur ne leur claquerait pas dans les pattes, au beau milieu de son intervention. Toutefois, il était satisfait qu'ils aient pu enfin trouver quelqu'un de compétent. Du moins, il fallait l'espérer...

Alors que Mbarou s'installait sur la table du laboratoire, ce qui donnait à la scène un aspect de vieux film de science-fiction des années 1950, le rouquin revint à la charge, toujours aussi curieux finalement sur l'identité de Pedro-Jim. Le mutant tenta de rester stoïque, mais il sentit la pression revenir. Était-ce de la pure curiosité ou bien l'homme tentait-il de piéger Pedro ? Dans les deux cas, le colombien allait devoir gagner du temps afin que l'opération de Mbarou ait bien lieu. Ainsi, il lui répondit d'un air désintéressé, sans donner trop de précisions, son regard fixé sur le travail du toubib. Mais à nouveau, il prenait le risque de donner des détails anachroniques ou totalement à côté de la plaque. Tant pis. Il ne fallait pas le braquer.

- Ma famille possède un vaste domaine, qui s'est agrandi lors de mon mariage avec mon épouse. Disons que je loue des parcelles de terrain à disposition de ceux qui veulent. Et comme l'Ordre touche également sa part du gâteau, tout le monde est content.

Dans l'urgence du moment, Pedro ne parvint pas donner d'explication plus convaincante. Il savait que cela amènerait d'autres questions et c'était presque ce qu'il espérait.

Observant Mbarou, l'homme émit un grognement à l'annonce de la dragonne. Il commenta :

" Pareil ou pas, c'est pas beau à voir. Un vilain coup de lame... Une lance, non ? "

A côté de Pedro, l'officier patientait immobile. Les précisions qu'il avait eut quant au domaine sur Unilis paraissaient lui convenir puisqu'il n'ajouta aucune nouvelle question qui aurait pu mettre en défaut le jeune homme. Silencieux depuis, il ne semblait pas avoir relevé le type de blessure indiqué par Paynn et observait de loin la manipulation de Satanas. Le médamane reprit :

" C'pas joli joli... Ca a commencé a cicatriser mais la plaie est sale. Ca fait quoi ? Un jour ou deux que vous avez été blessée, au moins. Il faut nettoyer tout ça... Serrez les dents. " indiqua-t-il en lui mettant un morceau de cuir dans la bouche après avoir manipulé quelques outils.

Immédiatement, MBarou eut la sensation qu'un liquide bouillant lui coulait le long de la plaie. Lorsqu'ensuite, le médamane commença à frotter doucement, la douleur lui donna quelques secondes d'inconscience. Elle avait la sensation que sa blessure se déchirait davantage avec une lenteur mesurée, amplifiant à chaque seconde sa souffrance.

Lorsqu'elle sentit qu'elle n'était plus manipulée, son guérisseur (ou son bourreau) se retourna et commença à écraser quelque chose dans un assiette aux bords remontants. Il mit la poudre dans un verre et mélangea d'autres liquides avec avant de touiller. Finalement, il y déposa une sorte de paille avant de tendre le tout vers la dragonne :

" Allez, buvez tout. "

Le liquide d'un jaune faisant sale était un peu amère et était loin de faire une boisson agréable à ingérer.

" Je reviens. " indiqua l'officier soudainement. " Attendez-là. " lança-t-il pour le garde.

La seconde suivante, il ouvrait la porte.

La femme sourit tour à tour à Jane puis à Mia sans se défaire de son regard perçant et de cet air sournois que lui trouvait la diablesse.

" Probablement. " se contenta-t-elle de répondre sans rien rajouter de plus clair.

Un silence gênant s'installa de nouveau dans la pièce. La femme continuait à s'éventer précieusement alors que l'homme avec elle restait de marbre en observant devant lui. Soudainement, il demanda :

" Et d'où nous venez-vous, charmantes dames ? "

Le regard de la femme prit alors un vague air prédateur, comme si elle attendait impatiemment la réponse des mutantes.

La géante était encore toute tremblante quand le médecin lui avait tendu le verre. La douleur avait été proche de l'insupportable et le vieux monsieur avait de la chance d'être encore en vie. Plusieurs fois, elle avait retenu un geste réflexe qui aurait pu y mettre fin et aussi à sa torture. Elle n'avait pas crié, mais elle n'avait pas pu retenir des gémissement ni quelques larmes qui coulèrent le long de ses tempes.

La géante bu la boisson qui était aussi carde que ça en avait l'air, mais après se qu'elle avait endurée, était un moindre mal. Elle hésitait entre remercier le bourreau ou lui deviser la tronche pour lui apprendre la médecine douce. Elle se résolu à le remercier, sachant qu'il lui avait surement sauvé la vie.

En tournant son regard vers Pedro, elle cru comprendre qu'il y avait un problème. L'officier était partit, il avait surement entendu le médecin dire que la blessure était vieille de deux jours et surement d'une lance, se qui ne jouait pas avec leur histoire. Mais elle ne pouvait rien faire pour le moment. S'enfuir allait être difficile, elle devait reprendre des forces. Ils devaient aussi retrouver Jane et Mia.

Elle décida de rester calme et d'essayer de reprendre un peu des forces. Elle fit aussi un tour de la salle du regard pour voir combien il y avait de portes ou de fenêtre dans la salle. Si jamais il fallait fuir.

L'officier se tut enfin. Alors qu'il ne l'espérait plus, Pedro eut droit à un moment de répit, sans questions, sans mensonges supplémentaires. En revanche, pour sa camarade, l'instant s'avérait plus douloureux. Le médamane semblait faire ce qu'il fallait pour que la mutante cicatrise enfin. Mais la médecine sur Khane était plus rudimentaire que sur Terre. Il fallait espérer qu'elle soit au moins aussi efficace... Pedro observait la scène silencieusement et avec grande attention. On fit boire à la dragonne un liquide qui, à la tête de Mbarou, semblait particulièrement âpre. Pedro croisa les doigts pour que cette boisson laissât toutes ses facultés à la mutante.

Tout à coup, le stress revint. Le rouquin ouvrit la porte, demandant au garde de l'attendre. Rien dans son attitude n'expliquait son besoin soudain de changer d'air. Avait-il enfin percuté à propos de la remarque du docteur sur la date de la blessure ? Dans ce cas-là, il aurait été plus probable qu'il interroge alors directement Pedro. Le mutant ne voyait pas pourquoi il devait s'inquiéter du départ de l'homme, néanmoins il ne put s'empêcher de le lui demander alors qu'il ouvrait la porte.

- Beuh ! Où allez-vous ?

L'interrogation était posée sur un ton plus candide et étonné que méfiant, un peu comme s'il émergeait de sa contemplation du travail médical et qu'il ne comprenait plus ce qu'il se passait. Comme s'il s'inquiétait de l'éloignement de leur sauveur... Et même si cette question éveillait les soupçons du type, elle permettrait aux deux Xmen de rester sur leurs gardes si la réponse ne leur convenait pas.

Dans la salle de soin, Mbarou ne remarqua que la fenêtre qui se trouvait à côté d'elle, dos au médamane. Lors de leur pérégrination pour atteindre cette pièce, les deux mutants savaient que celle-ci se trouvait au rez-de-chaussée. Une cour intérieure verdoyante en était la preuve, flanquée de petites haies discrètes et d'un banc autour d'une fontaine.

A la question de Pedro, l'officier répondit en ouvrant la porte.

" Je vais tenir au courant votre dame de l'évolution des soins et m'excuser auprès de mes prochains rendez-vous qui sont retardés. "

Disparaissant en refermant la porte, il ne restait plus que le garde comme réelle menace dans la pièce. Celui-ci patientait, regardant tantôt Pedro, tantôt MBarou et son soigneur qui s'activait. Ce dernier commenta :

" Bien, pour le moment ça devrait être suffisant. La blessure est désinfectée. Vous n'allez pas vous remettre en un jour, mais ça sera toujours mieux que si vous aviez attendu encore quelques heures sans rien faire. "

Sous la porte, les deux Terriens pouvaient remarquer des ombres défiler. L'homme commença à ranger ses affaires après les avoir lavées, puis s'approcha finalement du mutant :

" Vilain coup qu'elle a pris. C'était à l'arène ? Ca me fait penser que j'ai déjà pris un billet pour m'y rendre. Le grand Maître de l'Ordre sera là, et il parait même que le grand Maître du Culte nous fera l'honneur de sa présence. Lui qui n'aime pas les jeux en général... " annonça-t-il en se parlant à lui-même.

Une soudaine baisse de luminosité fit tourner la tête au médamane vers la fenêtre. Dans le ciel, un énorme ballon dirigeable naviguait au dessus de la ville, tel un gardien silencieux.

Les phéromones de faim lachés par Jane eurent tôt fait d'atteindre l'ensemble des occupants de la pièce, Mia comprise. Si le garde se contenta de rester stoïque malgré quelques gargouillis discrets provenant de sous son armure, la femme asiatique, elle, semblait avoir la solution à cette sensation.

Sortant un petit sac dissimulé entre elle et l'homme à ses côtés, elle y prit délicatement un petit biscuit qu'elle croqua doucement pour ne pas l'émietter. L'homme observait du coin de l'oeil la nourriture qui lui faisait envie. La femme sembla remarquer soudainement cet intérêt qu'on lui portait mais ne réagit pas, bien trop occupée à dévorer de moins en moins lentement son petit stock de gâteaux.

Néanmoins, il finit par craquer et tenta d'en saisir un dans le petit sac, sous l'oeil courroucé de l'asiatique qui ne manqua pas de lui donner une tape sur la main. Un échange de regard plus tard, ce fut Mia qui se leva, ne voyant que ce merveilleux met qui serait le seul capable de combler cet affreux manque qui lui trouait l'estomac.

Rapidement, les trois se mirent à se battre de façon plus ou moins vivace pour récupérer quelques biscuits, véritables diamants de ces moments de fringales, bientôt rejoints par le garde, qui ne s'était interposé au tout début que pour empêcher cette chamaillerie stupide avant d'y prendre totalement part.

Contre toute attente, Mia créa à partir de ses mains un puissant jet d'eau dont elle aspergea les trois autres. Le résultat ne manqua pas : totalement trempée, l'asiatique qui venait de prendre un look ridicule s'exclama en hurlant :

" Sorcellerie ! Cette femme est une sorcière et c'est son démon ! Garde ! Garde ! "

A cet appel, celui déjà présent dégaina son arme tandis que des bruits d'armures cliquetantes se faisaient déjà entendre dans le couloir. Mia eut néanmoins la satisfaction de saisir le petit sac telle une relique sacrée récupérée au fin fond d'un temple dans la jungle la plus perdue sur Terre. Il ne manqua plus qu'une musique de jeu caractéristique pour conclure le portrait de la scène, dans laquelle elle leva son butin triomphalement comme un trophée. *ta da da daaaaa zeldaesque*

Surpris, le garde ne sut comment réagir face au golem d'eau qui lui fonça dessus. Dans un réflexe désespéré, il appuya sur la gâchette de son arme et de celle-ci sortit un arc électrique qui vint percuter sans aucun effet Mia.

Lorsque le golem rentra en contact avec le soldat, celui-ci fut soudainement prit de tremblements, avant de s'effondrer au sol en lâchant son arme sous le regard terrifié de l'asiatique et de l'homme qui s'enfuirent immédiatement de la pièce.

Jane parvint juste à temps à ne pas donner son uppercut afin de d'éviter d'être électrocutée également.

Les deux mutantes entendirent la femme dans le couloir continuer à hurler, hystérique :

" Une sorcière qui fait jaillir de l'eau ! Elle est juste là ! "

Depuis leur position, Pedro et Mbarou entendirent clairement la phrase tant la voix portait loin.

Alors qu'elle regardait la sorte d'énorme zeppelin à travers la fenêtre, l'attention de la géante fut détournée par des bruits d'agitation dans le bâtiment. Elle tendit l'oreille en espérant que ces deux amies n'en étaient pas la cause. Mais elle comprit rapidement que Mia avait utilisé ses pouvoirs en entendant les cries d'une femme.

Sur le coup, elle eut l'envie de traverser la porte à toute vitesse pour aller au secours de ses amies, mais elle sentit qu’elle n’en avait pas la force. La meilleure chose à faire était surement de sortir par la fenêtre et de rejoindre les filles par la ruelle. Elle croisa du regard Pedro et comprit qu'il devait agir en équipe. Elle pouvait maitriser le médecin et espérait que Pedro pouvait faire de même avec le garde. Pour que son compagnon puisse attaquer par surprise, elle devait attaquer en première pour prendre toute l'attention du garde.

Elle se déplaça dans le dos du médamane, pour l'avoir entre elle et le garde. Elle passa un bras autour de la gorge et referma sa prise en triangle avant de le soulever vivement du sol. Le pauvre homme allait vite s'évanouir, privé de sang et d'air pour irriguer son cerveau. Un triste sort pour quelqu'un qui lui avait sauvé la vie. Mais si la prise ne durait pas trop longtemps, il ne devrait pas en mourir. De toute façon elle n'avait pas vraiment le choix, il fallait fuir par cette fenêtre rapidement et discrètement.

Si tout se passait, elle essaierait de piquer quelques ustensiles coupant avant de partir.

L'officier expliqua sereinement la raison de son départ et quitta la pièce. Pedro souffla. Tout allait comme sur des roulettes. Déjà, le chirurgien avait terminé son travail et commençait à ranger ses ustensiles. Le jeune mutant, lui, s'inquiétait à propos de la suite des événements.

- Comment ça « pour le moment suffisant » ? Vous pensez qu'il faudra encore des soins ? Vous ne pourriez pas nous fournir quelque chose pour empêcher l'infection ? Je sais pas... un onguent ou des comprimés...

Peut-être que sa requête ne correspondait pas à la médecine de Khane, mais contrairement au rouquin, Pedro se moquait d'éveiller les soupçons du soigneur. D'ailleurs, celui-ci semblait plus préoccupé par le spectacle qu'il s'apprêtait à aller voir. Comme sur Vakhtos, les combats dans les arènes semblaient avoir la côte. Dans d'autres circonstances, le colombien aurait bien tenté l'aventure car il était resté sur sa faim lors de son précédent périple. Mais ils étaient là pour soigner Mbarou, récupérer la batterie et rentrer à la forteresse. Pas plus. Alors que Pedro allait se féliciter d'avoir réussi la moitié de la mission, une voix féminine inconnue se fit entendre. Les paroles étaient indistinctes et le jeune homme stoppa tout mouvement pour en savoir plus. Que pouvait-il bien arriver ? Les filles patientaient gentiment dans la salle d'attente et elles savaient se tenir... en principe.

La voix cria une seconde fois. Cette fois-ci le message était clair et les yeux de Pedro et Mbarou se croisèrent stupéfaits. « Une sorcière qui fait jaillir de l'eau ? » Mia, forcément. Pedro se mit à bouillir intérieurement et marmonna dans sa barbe, suffisamment bas pour que seule Mbarou puisse distinguer ses paroles.

- Mais quel prétexte elle aura encore trouvé pour se faire remarquer ? Quelqu'un lui a dit qu'elle avait un gros cul, ou quoi ?

Pedro se rappela la première fois qu'il avait aperçue la jeune femme. C'était à la soirée d'inauguration de Graymalkin et elle avait littéralement arrosée une jolie plante verte... qu'on n'avait plus vue depuis, d'ailleurs. Dire que Mia avait le sang chaud était en-dessous de la vérité. D'habitude, cela excitait presque le jeune mutant, mais cette fois-ci, elle les mettait dans de beaux draps. Il fallait agir, et vite.

Le regard de la dragonne était clair. Il fallait neutraliser les deux hommes présents dans la pièce. Ainsi, Pedro profita des cris qui provenaient du couloir et qui attiraient probablement l'attention du garde pour se rapprocher de celui-ci à pas rapide. Puis, profitant éventuellement de la diversion de Mbarou, l'animorphe transforma son bras droit en patte de cheval pour décocher un coup rapide et brusque sur le crâne du garde. Le but n'était évidemment pas de tuer ou blesser l'homme mais juste de l'assommer... Et si celui-ci regardait dans la direction de Pedro, le mutant ferait la mutation le bras dans son dos pour ne pas éveiller les soupçons trop vite.

Si son offensive réussissait, Pedro serait trop heureux de soulager le garde de ses armes. N'en déplaise au rouquin, les rues de Khane n'étaient pas sûres pour des pauvres terriens en détresse...

Le médamane remarqua immédiatement MBarou lorsqu'elle se redressa, et tenta de l'arrêter dans son mouvement :

" Non, non , non. Vous, vous restez couchée ! " lui ordonna-t-il.

Mais la Dragonne était bien décidée à réagir aux cris qu'elle avait entendu et se saisit de l'homme trop surpris pour se défendre de prime abord. Néanmoins, il ne se laissa pas faire la seconde suivante, comprenant bien que l'étreinte n'était pas du tout amicale. Se débattant autant qu'il le pouvait malgré son âge, il décocha un coup de poing - ou de coude, MBarou n'avait pas vraiment vu - dans sa blessure.

Aussitôt, la grande mutante relâcha sa prise et se plia sous la sensation d'une douleur vive dans tout son tronc. Un voile blanc lui traversa les yeux alors qu'elle se tenait immobile, baissée. Une vague envie de vomir se rajoutait à la douleur et au malaise qu'elle avait failli avoir.

De son côté, le garde n'était pas resté sans réagir, et si son premier réflexe avait été de faire un pas en avant en sortant son arme, Pedro en avait lui profité pour transformer son bras, et avait donné un coup de sabot dans la tête de l'homme. Son casque avait résonné alors, et le soldat s'était étalé en avant en lâchant son arme, visiblement sonné.

Cette dernière glissa aux pieds du médamane qui s'en saisit en tremblant et en se mettant à la meilleure distance entre ces deux ennemis dangereux. Immédiatement, il tira d'une main peu habituée et bien trop tremblante. Un arc électrique partit à un bon mètre de Pedro et vint s'écraser contre un mur en y laissant une petite trace noir.

" Laissez-moi ! Je ne vous ai rien fait ! " hurla le vieil homme, visiblement à deux doigts de faire un malaise si on en croyait ses tremblements et sa voix vacillante.

Le garde était quant à lui à quatre pattes, encore incapable de réagir.

Au grand malheur de Mbarou, le vieillard c'était montré plus vif qu'elle ne l'aurait pensé. Plier en deux pour reprendre ses esprits et essayer d'atténuer la douleur qui irradiait de sa blessure, elle ne peut suivre l'action de Pedro. La géante ne releva la tête qu'au moment ou le médecin tira avec l'arme du soldat. Heureusement, il n'avait pas touché Pedro. Il était complétement paniquer et la géante imaginait pourquoi.

A le voir se plaindre ainsi, la mutante se sentait coupable. Elle l’avait attaqué alors qu’il lui avait surement sauvé la vie. Mais maintenant c’était trop tard, ils ne pouvaient plus faire marche arrière, surtout qu’il était armé.
Peut-être qu’il suffisait de l’effrayer pour qu’il se rende. La dragonne ne se sentait pas assez bien pour le frapper, mais elle savait comment lui faire peur.

Elle essaya de se redresser et de faire sortir des flammes de la peau de son visage et elle prit une voie grave pour dire : "Pose cette arme petit homme. "

S’il ne tombait pas dans pomme, Zooman pourrait surement le surprendre.
Si l’action fonctionnait, elle essayerait de prendre des outils coupant ou pointu avant de s’enfuir par la fenêtre.

Pedro ignorait si le garde était une cloche, mais le son du casque contre son sabot donna un joli fa dièse très harmonieux. La puissance du choc fut malheureusement insuffisante pour assommer définitivement l'homme mais celui-ci sembla temporairement dans les vapes... comme Mbarou d'ailleurs. Alors que Pedro allait ramasser l'arme qui avait échappé des mains du garde, il vit le vieux docteur s'en saisir et tirer dans sa direction. Fort heureusement, le vieillard tremblait comme une feuille et l'arc électrique le manqua de peu. Pendant une fraction de seconde, le mutant se demanda si une telle décharge était mortelle. Il avait cru comprendre que l'intensité du courant était réglable mais il ignorait à quel niveau se trouvait cette arme-ci. Pas le temps de tergiverser, le médamane restait vulnérable malgré son pistolet électrique et le garde restait incapable de réagir. C'était le moment de clore le débat alors que Mbarou profitait de la faiblesse de celui qui l'avait soignée...

Des pattes de grenouille apparurent à la place des cuisses du jeune homme. Et dans la foulée, profitant de la diversion de la mutante enflammée, il bondit sur le vieillard, légèrement sur le côté, celui où ne se trouvait pas le bras armé. Le but de la manœuvre était de faire chuter le médecin en arrière avec une sorte de placage « rugbystique » alors que le sabot venait heurter le pistolet pour désarmer l'homme, en envoyant le flingue loin du garde et du côté de Mbarou, tant qu'à faire...

Jane s'enfuit par la porte et croisa immédiatement un garde. Usant de ses phéromones à nouveau, elle fit demi tour immédiatement et repassa devant la salle d'attente afin que l'homme la suive. Derrière, un autre rentra dans le pas rapidement pour tenter de neutraliser la démone.

C'est à ce moment que Mia sortit également, sous sa forme de golem, et armée du pistolet. Elle prit la même direction que Jane qu'elle se rappelait avoir vu prendre les autres mutants, tandis que rapidement deux soldats arrivaient. L'un d'eux hurla à son camarade :

" C'est la sorcière d'eau ! Tirez ! "

Les deux sortirent leur arme et firent feu sur elle. Comme la mutante avait déjà eu l'occasion de le voir, les arcs électriques ne la gênaient pas du tout. Le remarquant également, les hommes rangèrent leur arme et essayèrent de trouver une solution pour vaincre leur adversaire. Ils se tenaient à bonne distance de Mia, conscient qu'ils n'étaient pour le moment pas en position de force.

Jane était plus loin dans les couloirs et elle se rendit rapidement compte qu'elle ne savait pas réellement où se rendre. La destination de Pedro et Mbarou était alors très vague dans son esprit, tout juste une direction. Et à présent, en plus des deux gardes qu'elle avait derrière elle, elle se retrouvait bloquée dans un couloir avec trois autre soldats devant elle.

Aucune échappatoire, seuls deux murs flanquaient la mutante, uniquement armée de ses biscuits.

Le médamane poussa un nouveau cri alors qu'MBarou le menaçait en prenant sa grosse voix. De la fumée s'échappa vaguement de son visage, mais ce fut suffisant pour que Pedro bondisse avec une énergie toute grenouillesque sur le vieil homme.

Bien que sa peur ait pu lui donner quelques réflexes améliorés, ceux-ci ne furent pas suffisant pour opposer la moindre défense au Brésilien qui lui retomba dessus. Néanmoins, Pedro ne parvint pas à plaquer le bras armé avec sa patte de cheval. Tout était allé beaucoup trop vite et le soigneur avait en plus tenté de se défendre, empêchant l'animorphe de rediriger son bras transformé.

Pourtant, aucun des mutants n'en pâtit. Le choc du contact au sol sonna le médamane qui lacha son arme dans un coin de la pièce, de façon totalement aléatoire.

MBarou tomba soudainement à genou. Un nouveau malaise plus fort que le précédent lui laissait un voile blanc devant les yeux et un déséquilibre qui cette fois persistaient. Elle devait faire un effort herculéen pour tenter de garder pied dans son monde. Patientant quelques secondes, elle parvint à se redresser et à y voir plus clair. Elle sentait une lourd barre à peine au dessus de ses yeux. Mais le moindre effort de trop serait cette fois suffisant à la coucher au sol.

Derrière la porte, les ombres s'étaient arrêtées et le brouhaha d'armure avait cessé. Néanmoins Pedro en était sûr : il y avait bien des hommes derrière la porte, silencieux. Il y avait fort à parier qu'ils risquaient d'entrer d'un instant à l'autre, à moins qu'ils n'attendent que les mutants sortent d'eux-même.

Malgré la violence du choc, l'attaque de la grenouille humaine avait dû avoir un côté presque comique. Le vieillard avait fait preuve de plus de résistance que prévu mais il était désormais dans les vapes et ne présentait plus aucun danger. Triste remerciement que les mutants adressèrent à celui qui leur avait sauvé la mise... De son côté Mbarou, justement, commençait à méchamment ressentir le contrecoup de son opération. La débauche d'énergie qui avait permis de neutraliser le médamane lui causait visiblement un gros malaise. Elle semblait prête à s'effondrer, mais elle tint bon.

Après s'être débarrassé de ses attributs (les pattes de grenouille, c'est moyennement sexy et peu commode pour se déplacer...), Pedro courut rattraper l'arme qu'il glissa dans la ceinture de son pantalon, le canon bien éloigné de son « canon » à lui. Le jeune mutant frissonna à l'idée qu'il lui arrive la même mésaventure que Tonga. Alors que Mbarou semblait enfin se redresser et recouvrer ses esprits, Pedro remarqua le manège qui se tramait derrière la porte. Des hommes postées derrière celle-ci semblaient être prêt à entrer en action. Évidemment, les cris du vieillard avait alerté la garde et le bazar qu'avait fait les filles n'avait certainement rien arrangé. Pendant un instant, Pedro ressentit un gros abattement.

- Y mierda... Pris au piège... À moins que...

L'animorphe tourna ses yeux en direction de la fenêtre qui donnait sur la rue. C'était la seule issue possible, au sens propre comme au figuré. Mais dans un premier temps, il fallait bloquer la porte pour empêcher les autres soldats de pénétrer trop vite dans la pièce.

Ainsi, après avoir gonflé ses bras de muscles de cheval (qui lui donnaient une force surhumaine, mais pas surnaturelle), Pedro renversa tous les meubles qu'il pouvait trouver devant la porte. Il se moquait pas mal du bruit qu'il faisait, puisqu'ils étaient apparemment repérés. Il fallait être rapide et efficace, et tous les meubles s'amoncelèrent rapidement pour former un gros tas devant le seuil de la porte. Il espérait juste que la porte ne s'ouvrait pas vers l'extérieur, auquel cas sa barricade s'avérerait beaucoup moins utile.

Ça faisait longtemps que la géante ne c'était pas sentit aussi faible. En faite non, quand Graymalkin c'était fait attaquer et qu'elle avait reçu des coups dans la tête en plein vol, elle c'était aussi sentit aussi faible. Mais elle avait l'impression que c'était il y a déjà longtemps.

Elle respirait profondément et lentement, en espérant que ça suffise à reprendre ses esprits. Mais même, si concentré sur son propre sorte, elle se rendit compte qu'il y avait un problème. S'ils ne faisaient rien, des gardes armés de pistolets électriques allaient rentrer dans la pièce sans compassion.

"Pe... dro... J'...peuplu... dois gagner du temps... Faut que j'me... repose un peu..."

Avait-elle dit avec difficulté.
Peut-être y avait-il quelque chose dans les affaires du médecin qui pouvait l’aider, il fallait qu’elle vérifie. Même si elle ne connaissait rien en médicament. Mais avant tout, elle devait observer sa blessure. Peut-être que le choque qu’elle avait reçu l’avait rouverte où briser une cote.

Jane était parvenue à s'écarter du groupe de gardes lorsque Mia pointa l'arme vers l'ammat d'hommes qui se battaient pour les biscuits. Lorsqu'elle appuya sur la gâchette, rien ne se passa si ce n'est un léger tremblement de l'arme. Lors des essais suivants, elle ne réagit même plus à l'enclenchement de son mécanisme, de la même façon qu'un jouet. Derrière elle, les deux soldats semblaient encore réfléchir au meilleur moyen de se débarrasser d'elle. Une parole échangée, et l'un des deux s'éloigna, laissant seul son collègue.

Plus loin dans le couloir, la succube remarqua qu'un petit jardin central avec une fontaine était à ciel ouvert. Les couloirs tournaient autour et le bâtiment devait avoir une forme de carré creux. Elle remarqua également que quelques gardes étaient devant une porte un peu plus loin, sur l'un des flancs du jardin.

Et ces gardes, Pedro les entendait à présent très bien. Lorsque le mutant avait commencé à barricader la porte, ceux-ci avaient tenté de l'ouvrir mais furent évidemment surpris de la résistance que celle-ci offrit une première fois. Les soldats essayèrent ensuite d'enfoncer la porte avec de plus en plus de violence dans une course effrénée contre le mutant. Heureusement, ce dernier parvenait à prendre de l'avance avec une bibliothèque et une commode qu'il parvint à pousser avec difficultés, malgré ses pattes animales. C'est à ce moment qu'il en entendit un hurler :

" Faites le tour ! Allez à la rue ! "

Quelques bruits d'armures se firent entendre alors que d'autres continuaient à faire pression sur la porte. Jane pouvait voir une partie des hommes se séparer et emprunter un couloir pour traverser le bâtiment.

MBarou quant à elle observa les affaires du médamane. Il y avait de nombreux flacons et ustensiles divers, parfois des plantes et des récipients, ou encore quelques bandages propres et autres lames. Enfin, il y avait encore un peu d'onguent au fond du mortier que le médamane avait utilisé, à côté duquel le pilon était couché.

Le pouvoir de Pedro était aussi utile qu'un couteau Suisse, se disait la géante en le voyant empiler les meubles devant la porte. Il avait réussi à leur faire gagner un peu de temps. Mais le crie d'un garde, de l'autre coté de la porte, fit comprendre qu'ils allaient bientôt être encercler. Il fallait agir rapidement et sortir de cette pièce avant d'être complètement bloqué.

De son coté, elle avait analysé les affaires du médamane sans savoir à quoi ceci pourrait servir. Le reste d'onguent et le bandage allaient être immédiatement utile. Le ustensiles et lames sûrement un peu plus tard. Mbarou pensa que tout pouvait servir plus tard, peut-être qu'il y allait avoir des élèves blessés quand ils allaient retourner à la base. Il fallait donc prendre le plus de chose possible.

Elle commença par s'appliquer l'onguent puis se banda rapidement avant de s'habiller. Puis elle chercha si le médecin avait un mallette pour y mettre le plus de produits et d'ustensiles possible.

"Pedro... faut qu'on sorte... rapidement..." Dit-elle en lui faisait un signe vers la fenêtre.