Chambre de Ryoichi et Timour

Cette chambre était un vrai moulin. Ou pas. En fait, à bien y réfléchir, Pedro, Sean et Ryoichi avaient tous les trois une très bonne raison de se retrouver ici: c'était leur chambre. L'emportement de Pedro la surprit quelque peu d'ailleurs. Elle lui lança d'ailleurs un regard interrogatif avant de croiser le regard fixe de Ryo dont la question lourde de sous-entendus la laissa un instant perplexe. Mais après le commentaire très alcoolisé de Mbarou, elle jeta un coup d'oeil à Sean, en pleine conversation philosophique avec Morphée, puis à Pedro qui apporta un semblant de réponse tout en coupant court au moindre approfondissement. Par réflexe, elle leva les yeux vers le plafond en lâchant un soupire de dépit. Elle relança, poursuivant sur le sujet puisque c'était inévitable.

"Et bien, y'en a qui se sont pas ennuyés ce soir."

Mbarou avait l'air quelque peu à l'ouest. C'était quoi cette manie qu'avaient tout le monde à se torcher ce soir? Elle avait même de la peine à se relever et avait besoin de l'aide du mobilier. Quelque peu soucieuse sur le fait que la géante puisse se redresser du premier coup sans au moins chanceler, elle resta attentive à ses gestes en s'adressant à elle.

"Il va falloir que je te raccompagne à ta chambre et te mette au lit toi aussi?"

Quoiqu'étant donné sa carrure, Mbarou devait certainement mieux encaisser l'alcool que Sean.

"Tu pourras admirer mon dos tant que tu veux dans deux minutes mon lapin!" fit il avec un clin d’œil: "Mais j'ai l'impression que tu n'as, hélas, pas eu le droit à la moindre marque." ajoutât il avec un sourire rien de moins qu'ironique.

Eden avait, comme tout le monde, noté l'état de Mbarou et commença à s'approcher. Il s'interposa en secouant la main dans sa direction comme pour chasser une mouche: "Oust! C'est ma reine et elle est encore à moi pour la soirée!" Techniquement c'était plutôt le contraire, mais ça l'arrangeait bien.

Il prit deux secondes pour déposer le sac à dos à terre, avant d'aider la géante à se relever en calant un des bras de la géante autour de son coup et de pousser (et dieu qu'elle était lourde!!!).
"Et je crois que sa majesté à besoin de se coucher, pas vrai?" fit il à l'adresse de cette dernière. avançant de quelques pas, il se dirigeât vers la couche d'un Sean qui avait dût partager le destin de sa collègue quelques minutes plus tôt: "Comme vous le voyez Oh! Reine, votre royale couche a était préparée et chauffée." Il posa un pied sur le lit pour pouvoir se pencher le temps de tirer drap et couverture (et constater que Sean n'était pas totalement à poil, ce qui lui aurait donné une bonne occasion de se foutre de lui le lendemain): "Et votre royal doudou vous attend. Allez hop!" dit il en poussant la dragonne sur le black.

Il prit la peine de la retenir du mieux qu'il put, toujours d'un pied sur le lit, pour lui évité de s'affaler lourdement sur le lit, ce qui aurait certainement sonné le glas de se dernier et potentiellement de son passager: "Allez, Allez. On ne rechigne pas, on rentre ses jambes et on sert bien son petit doudou!" Fit il en poussant la dragonne en place, ses jambes dans le lit et ses bras au vice.

"Si c'est pas meugnon!" conclut il en regardant les autres occupant de la pièce, s’apprêtant même à cracher et siffler tel un chat pas content au premier qui voudrait foutre en l'air son œuvre.
Peut-être en tenait il une petite couche aussi. La pointe nécessaire pour être joyeux... et faire pleins de conneries.

La reine d'une nuit essayait de suivre la conversation s'en en comprendre les subtilités. De quelles griffures ils parlaient? Et de quels dos? Ils avaient été attaqués par un chat? Elle suivit du regard les personnes qui s’exprimaient avec un air ahuri.

Puis elle se laissa aidé par son prince, pour se relever. Mais quand il émit l'hypothèse d'aller se coucher, elle se mise à objecter.

"Mais non... Je... Je ne suis pas fatiguée... J'veux aller en boite danser."

Mais, sans avoir la force de opposer, elle se laissa accompagner dans le lit de Sean. Il y avait quelque chose de bizarre, quelque chose de pas normal. Elle ne savait quoi. C'était normal d'aller dormir avec Sean? Dans son lit? Elle ne savait pas quoi y penser. Ryo avait l'air si sur de lui. Mais il lui semblait bien que quelque chose clochait. Malgré tout elle se laissa faire et attrapa Sean dans ses bras comme lui disait son prince. L'avait-elle déjà fait avant? Était-elle la petite amie de Sean? Elle ne se souvenait plus.
Cette tête qui ne faisait que de tourner n'arrangeait pas le problème. Elle ne savait plus quoi penser. Elle c'était plainte un petit peu, mais le garçon n'y faisait cas.

Pour finir, elle s'endormit comme une masse. La journée avait été longue et l'alcool plus fort qu'elle ne l'avait imaginé. La position horizontal était agréable, le corps du jeune homme bien chaud, tout se qu'il lui fallait pour plonger dans les bras de Morphée. De toute, façon elle trouvera ses réponses demain quand elle se réveillera. Maintenant c'était l'heure de faire dodo, il avait dit Ryo.

Tout partait en sucette et Pedro hésitait entre deux réactions : soit il se mettait vraiment en rogne devant le manque de respect évident des autres pour son sommeil, soit il éclatait de rire devant la scène complètement invraisemblable à laquelle il assistait. Son caractère jovial finit par prendre le dessus.

- Nan mais c'est pas vrai... Regardez moi ces épaves ! Hey, attendez ! Faut immortaliser ça...

Ce qu'il avait proposé à Eden sur le ton de la plaisanterie devint une vraie idée. L'animorphe fouilla rapidement dans un tiroir et il en sortit un appareil photo. Il prit deux ou trois clichés.

- C'est juste épique. Une belle bande de poivrots. Hey ! À leur réveil, faudra leur faire croire qu'ils ont fait plus que dormir ensemble !!

Et il éclata de rire à nouveau. Mais son visage sembla se contrarier soudainement.

- Sérieusement, j'vais dormir où moi, maintenant ? Mbibi fait un bruit de mobylette en dormant et j'te raconte pas comment ça va gueuler quand l'un des deux va ouvrir les yeux.

Ok. Pas d'aide à Mbarou. Ryoichi était aussi fait que la géante bleue. Eden resta sceptique en observant le manège de l'asiatique, jusqu'à-ce qu'elle réalise que Mbarou, bien trop cuite pour riposter, se blottissait adorablement contre un Sean défroqué. Pour la peine, elle ne savait plus trop s'il fallait rire ou soupirer de dépit. Pendant une fraction de seconde, elle imagina la tête de Sean au réveil et malgré elle sans doute, l'ébauche d'un sourire étira nerveusement le coin de ses lèvres avant qu'elle ne se reprenne. Spontanément, elle leva les mains face à la défense de Ryo.

"Je vais faire comme si j'avais jamais mis les pieds dans cette chambre."

Et voilà que Pedro s'y mettait en prenant même des photos. Elle recula par précaution, pour s'assurer de ne jamais apparaître d'une quelconque manière sur un cliché.

"Heureusement que Mbarou a un bon sens de l'humour..."

Eden restait néanmoins certaine que ça e serait pas le cas de tout le monde et qu'il y avait des chances pour que Sean le prenne mal. Mais face à deux bout-en-train dont l'un était déjà pas mal alcoolisé, la californienne partait perdante. Au final, elle ne voyait plus trop ce qu'elle pourrait bien faire de plus dans cette pièce. Non pas qu'elle n'aimait pas rire, mais malgré tout, le faire au détriment du degré d'alcoolémie d'autres, même si ce n'était pas bien méchant, ne la mettait pas très à l'aise. Il aurait certainement fallu qu'elle descende plus d'un verre de punch pour en saisir tout l'aspect comique. Elle observa, pensive, le duo tendrement endormi.

"Si les chambres vides ne sont pas verrouillées, autant en piquer une, tu pourras espérer dormir un peu. Je t'amène demain, pour allonger un peu ta nuit."

Elle se tourna vers Pedro.

"Au fait, tu voulais pas me dire quelque chose?"

C'était tellement beau à voir. En plus Pedro abondait dans son sens. Eden par contre jouait les faux-culs. Y'avait une grande chance qu'une éventuelle fuite vienne de là si les deux tourtereaux n'avaient pas tout oublié demain.

"Oui" fit l'asiatique: "Elle à un gros sens de l'humour..." Et quel humour. Elle allait adorer ça!
Il s'écarta aussi pour laissé Pedro prendre quelques clichés.
Une fois fait il se fit la réflexion qu'il serait pas trop mal de leur couvrir l'arrière train, lorsque Pedro émit une hypothèse intéressante: *Leur faire croire plus que ça.* se dit il songeur tendit que Pedro et Eden conversait. Un sourire pensif se forma sur son visage, alors que ses neurones activés par l'alcool et les perspectives lui donnait de la suite dans les idées. En faite il se disait que s'ils étaient dans un animé, son visage ressemblerait certainement à quelque chose comme ça

Il s'approcha du couple ronfleur et s'accroupit pour tendre les mains vers le dos de Mbarou. Il fit glisser le zip de la robe de cette dernière, avant de prendre entre le pouce et l'index les deux bord de du vêtement et tira d'un coup sec jusqu'au hanche. Avant de rabattre la couverture et de se relever, il avait pût juger que le sous-tif de Mbarou ne semblait pas avoir trop descendu... Enfin de dos. Après il ne pouvait pas dire si le devant avait était emporté par la robe.
Debout et la couverture en place ça semblait aller... Y'a que Sean qui pouvait dire maintenant de là où il se trouvait.

"T'as raison Pedro. On pouvait pas les laissés s'en tirer à si bon compte hein?" Il leur fit son plus beau sourire machiavélique en passant à côté d'eux: "Oooh, je vais tellement adorer être là demain matin..."

Il se dirigeât vers son propre coin, sortie un pyjama de son armoire et commença à se déshabiller pour l'enfiler, à moitié planqué par son armoire, des fois qu'ils y aurait des intéressés.
Une fois fait, il se glissa dans son propre lit, un sourire satisfait aux lèvre: "Bin c'était une bonne journée. Je suis très content." conclut il autant à l'adresse de ses deux comparses que pour lui même.

Juste avant qu'il ne s'endorme il ajouta à l'adresse de Pedro: "Et t'en fait pas. Je sais pas pour Sean, mais je suis sur que Mbarou va adorer."

[Si personne ne lui parle...   Saut temporel]

Mbibi était allongé sur le côté avec Sean dans ses bras, profondément endormie. Elle ne risquait pas de bouger. Depuis sa transformation, elle avait prise l'habitude de ne plus bouger au lit. Sinon, elle risquait tout le temps de tomber.

Alors, même si elle avait les pieds qui sortaient du matelas, un bras qui sortait de l'autre côté et le dos à deux centimètre d'une chute. Elle n'avait aucun risque. A moins que Sean se réveille en hurlant et que dans la surprise elle engage un mouvement de recule, elle ne risquait pas grand chose.

Bien sur, ça allait finir mal. Il allait se réveiller, hurler, elle allait tomber et rien comprendre à la situation. Mais ça, c'était pour demain matin. Pour le moment elle dormait, inconfortablement, mais elle dormait.

  Saut temporel

Pedro observa le petit manège de Ryoichi avec des yeux écarquillés. Ce type était encore plus gonflé que lui. L'air de rien, il désapa Mbarou, histoire de rendre la situation encore plus savoureuse. Ou plus malsaine, question de point de vue.

De son côté, Eden semblait vouloir s'éclipser. Elle ne partageait pas l'enthousiasme des deux garçons, bien qu'elle se gardât de leur faire la morale. Et elle cherchait toujours une solution pour le sommeil de Pedro.

- Nan. T'inquiète pas. Dans l'état où ils sont, je me réveillerai forcément bien avant eux. Et puis Ryo me fera un compte-rendu approfondi.

Mais la jeune femme en rajouta une couche et le colombien se sentit immédiatement mal à l'aise. Il n'assumait plus ce qu'il voulait dire et la présence du prince de Mbibi n'aidait en rien pour lui faciliter la tâche.

- Ouais, heu, non rien... Enfin, ouais, j'voulais te dire que... que t'es... que je... enfin voila quoi, enfin tu vois... heu... bonne nuit... et merci...

Merci pour quoi, au juste ? Pedro le beau parleur semblait avoir perdu pied. Du coup, à moins qu'Eden ne décidât d'insister, le colombien se mit au lit et chercha à rapidement s'endormir.

saut temporel

Eden se mis une main sur le front en voyant Ryoichi aller jusqu'à mettre Mbarou en petite tenue. Là c'était limite quand même. Mais bon, il avait au moins eu la décence de la recouvrir et de lui laisser son soutien-gorge. Elle hésita sérieusement à s'en mêler, quitte à passer pour une rabat-joie, mais finalement elle renonça. Ce soir elle n'avait pas envie d'entrer en conflit avec qui que ce soit. Demain sera un autre jour.

Elle jeta un regard dubitatif à Pedro. S'il était sûr de pouvoir dormir... Même si elle doutait que le taux d'alcoolémie de cette fine équipe pourrait concurrencer celle régulière de Vesna, il n'en demeurait pas moins que le repos allait être de courte durée. Les nuits étaient toujours courtes quand la moscovite avait trop levé le coude. Ou alors Eden avait le sommeil trop léger et était trop prompt à soutenir sa camarade de chambre dans ces situations embarrassantes.

La gêne du colombien la surprit. Ce qu'il avait à dire était si personnel que ça? Ce dont il voulait lui faire part ne devait certainement pas nécessité une paire d'oreilles supplémentaires. Elle tiqua néanmoins sur le très rapide "que t'es". Aurait-elle fait ou dit un truc qu'elle n'aurait pas dû? C'était probablement ça. En tous les cas, il faudrait tirer cette histoire au clair, et en privé. Pedro semblait assez pressé de se coucher, ce qu'elle comprenait facilement.

"Bon, tu me le diras demain alors! Passez une bonne nuit!"

Et elle quitta finalement la chambre, prenant la peine d'éteindre et de fermer la porte.


[  Saut temporel ]

Les yeux grands ouverts, son pied frôla quelques secondes la jambe écaillée de Mbarou. Il frémit et s'écarta encore du corps de la géante au risque de tomber sur le sol.

Quelques instants plus tôt... Il était dans son lit et attendait Eden. Elle devait venir, elle le lui avait promis. Elle tiendrait forcément parole. Elle était du genre à faire ce qu'elle disait. Il ne se souvenait pas pourquoi elle lui avait promis. Mais ce n'était pas ça le plus important. Il s'était brossé les dents, s'était douché puis avait retiré son pantalon. S'était-il dévêtu avant de passer sous la douche ? Non, certainement pas. Pas pratique.
Il était donc dans son lit, le sourire au lèvre et, ma foi, un début d'excitation. Elle viendrait et pas que pour discuter. Que lui avait-elle dit ? Il ne se souvenait pas mais, ma foi, elle n'aurait pas à le regretter.
Puis la porte s'était ouverte.
- Me voilà, avait-elle dit langoureusement...

... Et il avait ouvert les yeux pour découvrir une poitrine dans son lit. Il sortit la tête des draps. Puis un visage. Il souleva doucement la couverture. Puis des jambes.
Son excitation retomba d'un coup. Il étouffa un juron de surprise et réprima son envie de sortir du lit en hurlant comme une midinette de film d'horreur. Un milliard de choses lui passèrent par la tête mais aucunes n'expliquaient pourquoi le dragon volant se trouvait dans son lit.
Il se trouvait face à deux urgences : comprendre et fuir.

Il observa son entourage, fébrile. Deux ronflements différents  qu'il avait déjà eu l'occasion d'entendre. Sa vision nocturne confirma ses craintes : ses deux locataires occupaient bien leur lit.
Bon, bien. Il respira deux ou trois fois avant d'être sûr d'avoir atténué son état de panique. Il devait bouger maintenant. Le bras de la géante était poser sur la hanche du jeune homme. Il tenta de le soulever doucement mais la jeune fille se colla tendrement à lui, par réflexe certainement. Son sein écailleux se colla contre son visage. Il était nettement plus doux qu'il ne l'aurait cru. Un début d'excitation le saisi. Quand il s'en rendit compte, le mouvement pour se débarrasser de l'étreinte de Mbarou fut plus brusque que cela n'aurait dû être. Il eu peur de la réveiller. Elle bougea, dérangée mais se contenta de se retourner de l'autre côté du lit. L'air bloqué dans ses poumons douloureux se libéra dans un chuintement de soulagement.

Que s'était-il passé hier ? Il jeta un coup d’œil sur le dos de Mbarou et constata que la fermeture éclair de sa robe était ouverte laissant deviner son soutien gorge qui avait, comme il avait pu le constater plus tôt, libérer un sein. Il déglutit. Allez au meilleur des cas, il s’était tout simplement assoupi avec elle pour une raison inconnue ; au pire des cas, ils s'étaient peut-être juste... touchés un peu. Il souleva de nouveau le drap pour constater qu'il n'avait plus de pantalon. Il déglutit de  nouveau. Ok, le pire était devenu pire. Avec effroi, il tenta de se convaincre que si quelque chose avait dû se passer entre lui et Mbarou, il s'en souviendrait forcément... non ? A la recherche d'une explication, il convoqua ses souvenirs. Eden l'avait fait sortir du salon... et l'avait emmené dans sa chambre... et... Putain, quoi après ???
Bon, puisque les souvenirs ne revenaient pas, il se devait de se sortir de ce mauvais pas.

Donc, désormais blotti au bord du lit, il décida qu'il était temps de fuir. Une jambe, puis l'autre, les fesses, le torse... tout ce qui faisait de Sean Dill "Sean Dill" sorti du lit. Il tâtonna et trouva son pantalon au bas de son lit. Il l'attrapa, ainsi que sa paire de chaussures, ouvrit la porte et s'esquiva. Il dévala les escaliers en caleçon, donna un coup d'épaule contre la porte d'entrée et déboula dans l'aube naissante qui nappait déjà le parc de Graymalkin. Il stoppa enfin et vomi longuement dans un parterre de glaïeul.

S'essuyant la bouche maladroitement, il prit une décision :

- Ok, coach, vous avez gagné. Plus jamais d'alcool.


[Saut temporel   ]

[Laboratoire  ]

L'humeur sombre, Ryoichi se dirigeât vers la douche, se laver de la sueur, la crasse, l'odeur de la course, ainsi que la mauvaise humeur des filles qui lui collait à la peau comme de la glue. C'était ça le pire d'ailleurs.
Il voulait pas se prendre la tête, pas après le coup de l'espace. Tout le monde faisait comme si de rien, mais lui n'avait pas oublié. Un trop gros changement dans sa vie.

Ruminant, il faisait de son mieux pour éviter ça justement, penser à autre chose tant qu'il était sous la douche. Le dernier album d'un groupe qui lui plaisait, la bouffe qu'il aimerait bien se faire après (parce qu'il étiat bien plus de midi et qu'il avait toujours rien manger, la bière qu'il allait se faire, la charmante petite asiatique, qui devait avoir pas qu'un peu de sang japonais dans les veines, vu sa tête et qu'il avait repèré quand il passait devant un bar d'un quartier branché.
Oulà! Les phéromones de Jane devait toujours faire effet! Vite, penser à autre chose...

Il termina par un bon jet de douche froide histoire de remettre tout à plat... Littéralement.
Bien qu'ayant échoué dans cette dernière mesure, il avait au moins la tête ailleurs. Un peu vidé d'ailleurs.

Une minute plus tard, il s'était installé devant la fenêtre, une serviette sur les hanches et une autre sur la tête, qui pendait, lui faisait comme un voile de bonne sœur.
Il se laissait sécher au soleil, faisant tourner un de ses couteaux, sur le bord de la table, songeant à ce qu'il allait faire plus tard. Commander, un truc? Sortir en ville? Prendre quelque chose à monter et s'installer "à l'américaine" dans un fauteuil à mater la télé avec une bière? L'idée d'un entre deux, prendre un truc dans le frigo et se trouver un coin dans le parc, voir dans la fôret, faisait doucement son chemin en lui.

Peut-être n'avait il pas tant changé... Peut-être valait il mieux qu'il évite les autres pour être tranquille lui même...

31.05.2045

[HRP. J'ai considéré logique que Timour ait repris sa place initiale dans la chambre de Ryoichi et Pedro, agrémentée  de Sean Dill, depuis l'épisode de Khane. J'espère que ça ne pose pas de souci.^^]

L'empathe avait de nombreuses raisons d'être de mauvaise humeur cet après-midi là. Déjà il y avait son hématome à la tempe et sous l’œil qui avait pris plusieurs teintes douloureuses et gardait sa marque plusieurs jours après leur mission. Ensuite il y avait la mission, parfaitement accomplie malgré des débuts chaotiques, mais à l'issue de laquelle les X Men s'étaient fait extorquer par l'ONE le matériel informatique récupéré chez Benedict au péril de leur vie. Ensuite la suppôt locale de l'ONE, Neith Harlow, lui avait fait l'affront d'un devoir supplémentaire. Timour s'était bien gardé de lui donner les documents qu'il avait pris pendant la mission dans le bureau de l'ami de Prodigy.

Mais le comble fut d'apercevoir, au hasard d'un regard blasé tendu par la fenêtre alors qu'il revenait de son entrevue avec Harlow, la Bécane de Walentyn sur le toit devant sa fenêtre !!

Timour s'était immédiatement approché, pestant et s'agitant en vain derrière les carreaux. Le crime était signé. Qui d'autre qu'une télékinésiste, avec peut-être l'aide d'une climatologiste de mauvaise foi, aurait pu installer le véhicule divin dans une position aussi précaire qu'incongrue ? L'angelot était blessé dans sa chair.

En tant normal l'empathe aurait pris des mesures immédiates et faciles pour obtenir le concours d'un ou plusieurs camarades pour ramener la moto sur la terre ferme, mais il avait du se contenter d'enrager en silence et promettre une vengeance à la vengeance, selon le cycle infernal bien connu.

Énervé, Timour s'était retranché derrière un ordinateur dans le salon. C'était le début d'après-midi, ses recherches étaient faites et il décida de remonter dans la chambre pour être plus tranquille pour la rédaction, même s'il serait plus difficile de faire abstraction de la pauvre bécane.

En entrant il vit la silhouette de Ryoichi, installé à la table près de la fenêtre, la tête partiellement couverte par une serviette et le corps fraichement douché.

Comme il l'avait déjà vu le matin, nul besoin d'entamer le dialogue. L'empathe en tenue des White Sox referma la porte et se dirigea vers son lit. Il s'y installa avec l'ordinateur portable sur ses cuisses. Il ne put néanmoins réprimer un soupir.

Entendant la porte s'ouvrir, Ryoichi se retourna pour constater l'entrée de Timour. Le héros de ces dames était arrivé dans son antre. Avec un gros soupir.
Le Japonais gloussa par le nez en l'entendant... Encore un autre dans l'ambiance: "Et bien... t'es heureux de vivre toi aussi tiens."

Il se leva pour se diriger vers son armoire, optant pour une tenue simple, plutôt qu'un costume. Finalement, il n'allait pas sortir... Ou peut-être que si. Il se tâtait encore un poil.

"Bon, au moins on sait pourquoi t'as une raison de tirer la gueule. Ou j'ai raté quelque chose?" fit il en choisissant finalement un polo blanc avec un petit dessin humoristique sur le sein gauche avant de mettre la main sur un pantalon blanc cassé.

Timour se mit en tailleur sur son lit grossièrement refait et leva le nez sur Ryoichi aux paroles de ce dernier. Il garda ses yeux opaques fixés sur lui quelques secondes alors que le voisin fouillait dans son armoire.

L'empathe força un sourire et un faux rire.

"T'as raté quelque chose c'est clair."

L'asiatique faisait forcément référence au petit mariage forcé orchestré par l'ange de l'amour. Le bruit de cette simulation érotique avait couru dans tout Graymalkin, jusqu'au bureau de la prof chouchoute du gouvernement et peut-être de la directrice. Une belle publicité pour les dons de l'empathe !

"Mais des raisons de tirer la gueule y'en a une chiée !"

Compléta-t'il élégamment, toujours friand de vocabulaire imagé de la langue américaine populaire.

Il se redressa et s'anima.

"J'en ai grave mare de cette prof là, du ONE ! Nous le gouvernement nous a piqué tout le stock d'infos qu'on avait récupéré !! C'est dingue et tout ce qu'elle trouve à dire c'est qu'ils nous feront un rapport quand ils auront fini ! J'en suis DINGUE ! MALADE ! On a risqué notre vie bordel ! Enfin pas la noob là, la meuf rousse, trop chiante et qui nous a largués en plein bordel ! Mais nous oui on a rencontré une mutante putain de flippante !..."

Il s'interrompit et grommela.

"En fait c'est toujours les meufs qui foutent le bordel ! Ça commence à me mettre GRAVEMENT en rogne !!"

Et il tapa son poing dans le matelas pour ponctuer sa diatribe, soulagé d'avoir enfin trouvé la cause de tout son martyre. Ah si Chimère était là jamais il n'aurait laissé les choses se passer de cette façon.

"T'es pas en rogne ??? Putain t'as ramené un Père Fondateur ici bordel !"

"Mmhhh." fit l'asiatique sur la tirade de Timour au sujet de la nouvelle prof. Personnellement il s'en foutait. Et même il la trouvait pas mal... Physiquement parlant. Pour le reste, peu lui importait, vraiment. Et les problèmes des autres n'étaient pas les siens.

Il se pencha un instant pour regarder l’empâte parler des filles et de son exaspération à leur sujet. Ce qui lui fit se demander quel âge il avait pour ne pas assumer de se prendre un retour de flamme des nénettes qu'il a salement foutu dedans. Enfin... Là aussi c'était pas son problème. La suite par contre...

"Et alors?" Et pour cause: les PF c'était un problème lointain pour lui à l'époque: "C'était l'objectif de notre mission. Si t'as des soucis avec ça, tu peux toujours en toucher deux mots à mamy. Pour le reste, il m'a rien fait ce type, alors on verra à l'usage si je puis dire."

Il fini de s'habiller, définitivement décidé sur le fait de devoir sortir de l'institut: "Je sais pas ce que vous avez tous, mais on dirait que vous tirez la gueule. Il s'est passé quoi ces dernières semaines? Contrecoup des missions?"

Derniers détails réglé, chapeau sur la tête, il était temps de partir: "Bon, je vais manger en villle. Trop de mauvaises vibrations ici. Sors couvert, je te le conseil."
Et à plus d'un titre, y'a bien des gens qui voudraient lui tomber dessus.

[ En ville ]

[Dsl je savais que j'oubliais une personne :s]

Le téléphone se met à biper

SMS de Ryoichi a écrit:

Déjeuner tardif dans un resto Japonais. RDV au Yuubi, 501 Balboa St à l'angle avec la 6th avenue.
Qui m'aime me suivent, pour les autres laissez votre mauvais karma à l'institut et venez manger un morceau.
Digestion au parc à côté plus tard dans l'après-midi.

Les épaules de Timour s'affaissèrent. Il n'avait pas trouvé en Ryoichi une oreille attentive à ses rancœurs et n'avait pas su prévoir son je-m'en-foutisme à son égard. Maudite, maudite Harlow. Il la détestait. La porte se referma derrière le samouraï.

Au moins, à défaut d'une discussion à bâton rompus sur leurs missions respectives, l'empathe avait gagné l'info selon laquelle d'autres que lui étaient de mauvais poil. C'était assez pitoyable pour un mutant tel que lui d'avoir besoin d'une telle communication.

Il soupira derechef et replongea sur son cahier. Autant se mettre à ce devoir... qui n'avançait guère. Son premier réflexe avait été de recopier la définition donnée par Wikipedia, à savoir :

Citation :

"L'empathie (du grec ancien ἐν dans, à l'intérieur et πάθoς souffrance, ce qui est éprouvé) est une notion désignant la « compréhension » des sentiments et des émotions d'un autre individu, voire, dans un sens plus général, de ses états non-émotionnels, comme ses croyances (il est alors plus spécifiquement question d'« empathie cognitive »). En langage courant, ce phénomène est souvent rendu par l'expression « se mettre à la place de » l'autre.

Cette compréhension se produit par un décentrement de la personne (ou de l'animal) et peut mener à des actions liées à la survie du sujet visé par l'empathie, indépendamment, et parfois même au détriment des intérêts du sujet ressentant l'empathie. Dans l'étude des relations interindividuelles, l'empathie est donc différente des notions de sympathie, de compassion, d'altruisme ou de contagion émotionnelle qui peuvent en découler."

Il bâilla, cherchant dans son cerveau ce qu'il allait pouvoir pondre sur "Empathie: les nuances entres le don humain et le pouvoir mutant."

Il joua quelques instants avec son stylo en le faisant tournoyer autour de son pouce, regarda son écran, son cahier, son écran ... Il mit son stylo en main et griffonna cette magnifique introduction pleine de promesses.

Le don humain d'empathie est très restrictif et même handicapant pour la personne, ce qui est tout le contraire du pouvoir mutant.

Cela serait certainement aussi sa conclusion. Il restait à écrire tout le reste. Quelle poisse ! Un vrombissement de son téléphone le fit bondir de son lit. Il alla chercher l'objet sur sa table de chevet et prit connaissance du message.

Il se rejeta sur son matelas en grommelant. Non, il n'avait pas envie de se départir de sa mauvaise humeur.

Couché sur le dos, téléphone tendue devant lui, il hésita un bref instant, puis décida d'envoyer un message à Wraith.

SMS de Timour à Eden a écrit:

On va cherché Zaaal?

Et il attendit une improbable réponse, prétexte à ne pas revenir sur son devoir dans l'immédiat.

Sean était plutôt sombre depuis son retour de New York. Comme la plupart des résidents de Graymalkin en ce moment. Mais lui l'était pour des raisons différentes.
Bien qu'il l'ait nié au début, il s'était en quelque sorte persuadé que son voyage pour sa ville natale serait un aller simple. L'attaque de l'immeuble lui aurait rendu son cousin. Enfin, en tout cas l'endroit où celui-ci devait se cacher. Pour ce new-yorkais encore plus new-yorkais que tous les new-yorkais, il était facile d'imaginer que Michael se planquait dans une cave du Queens ou dans l'une de ces horribles maisons pavillonnaires du New Jersey. Dans le coin, quoi.

Mais non. Il était de nouveau revenu à Graymalkin avec son florilège d'ado à pouvoirs. Putain. L'avoinée du flic de l'ONE l'avait également particulièrement marqué. Ils étaient tous là, la plupart dans un sale état, à écouter un rond de cuir leur faire la leçon. Le pire, c'est qu'il n'avait pas été tout le temps dans le faux. L'ONE avait été très bizarrement absent et les profs peu aidant. Mais l'échec de la mission leur appartenait, un point c'est tout.

Il entra dans sa chambre. Non, enfin, plus maintenant. Ce matin-là, il avait décidé de déménager. Pourquoi s’agglutiner à 4 alors qu'il y avait toutes ces chambres de libres ? Et puis il y avait ses colocs. Surtout le nouveau. Tiens, justement celui-ci était allongé sur son lit à trifouiller son portable à défaut de la tête des gens. Après avoir appris son petit jeu avec Eden et Vesna, il en était venu à le redouter. Il détestait l'idée même de devoir partager son espace avec un mec qui avait réussi l'exploit de sexualiser Eden Marshall.

Sean récupéra ses deux ou trois frusques qui traînaient dans un coin et lança au petit homme gris :

- Je squatte ailleurs. Vu que je risque de rester plus longtemps, je prends mes aises.

Une fois son message envoyé, Timour entendit la porte s'ouvrir et, après un temps d'hésitation, pencha assez vite la tête vers l'arrivant. Il s'agissait du grand Black qui partageait leur chambre. Il était déjà là lorsque le "revenant" était revenu de Khane mais Cupidon n'avait pas songé à changer de lit, puisque le sien avait miraculeusement échappé aux destructions des Csatars.

"Ah tu voulais pas rester, à la base ? Enfin cool que tu restes ! Tu vas te trouver un nom de code t'as besoin d'aide ?"

Réagit l'Alien de sa voix fluette, avant de se mettre à tousser et reprendre une position assise en tailleur. Sa voix voulut faire un drôle de saut d'octave mais il s'en empêcha.

Son poing sous le menton, il regardait le camarade récupérer des fringues. Il se forçait à ne pas regarder dans la direction de la fenêtre que donnait droit sur la pauvre Bécane de Walentyn.

Il se racla la gorge. L'observation visuelle lui indiquait que Sean tirait un peu la tronche, confirmant ainsi les dires de Ryoichi sur la mauvaise humeur ambiante. En même temps, Timour avait cru constater que Sean était souvent d'humeur maussade et d'ailleurs il n'avait jamais eu de grande conversation avec lui, depuis le peu de temps qu'il le connaissait.

"Tu vas pas t'arracher dans une chambre tout seul, si ??"

Il écarquilla ses grands yeux d'insecte, l'air vivement subjugué par le problème.

Il regarda quelques instants le petit bonhomme, indécis. Puis soupira. Bon après tout, même s'il devait être prudent, il n'était pas obligé d'être antipathique :

- Mouais, je reste. Un peu. J'ai pas fini de profité de l'hospitalité des X-Men. Quoique si ça continue comme ça, je me demande si partir ne serait pas la solution. Quant à mon nom de super-héros, c'est pas évident ? C'est Cool-man. No comment. Identité secrète.

Il fourra le reste de ses nippes dans son sac.

- Et ouais, je vais dans une chambre tout seul. J'ai besoin de faire le point et de pleurer sur mon sort. Ça occupe entre l'entrainement, le lycée et la recherche d'un boulot. Et je sais pas... Est-ce ton joli petit cul gris sur MON lit, anciennement tien, ou cette moto qui gâche la vue ?... J'ai l'impression que j'ai besoin d'un peu d'espace à moi. En attendant d'en finir avec mon problème familial.

Il jeta un coup d’œil à la fenêtre et, comme pour lui, il ajouta :

- Vous êtes sympas, dans l'ensemble, mais un peu timbrés. Pfff. J'aurais dû insister pour qu'Arkin m'aide à trouver mon cousin. Il est particulier, pas en forme mais plus efficace que la directrice...

Cool-Man ? Drôle de choix pour un nom de code. Mais Timour se limita à une expression lisse et neutre, vu que Sean ne voulait pas de commentaire. Pourtant il en aurait eu quelques uns, et pas des plus flatteurs ! Il concevait mal qu'un mutant ne souhaitât pas avoir la classe, et le nom de code en était l'attribut suprême.

Il frottait nonchalamment ses genoux tout en écoutant le camarade en mal de solitude et d'espace. Il le comprenait en un sens. Lui aussi avait apprécié les quelques jours d'absence de ses camarades envoyés dans des missions de plus longue haleine.

Il haussa un sourcil et eut un imperceptible mouvement de recul au fil du discours du (bientôt ex) voisin de lit.

"La dirlo c'est pas nouveau qu'elle est pas efficace, elle a enchaîné bourde sur bourde depuis le tout début. Chimère pouvait pas la saquer."

Dit-il en bombant légèrement le torse pour se grandir. Quelque chose le démangeait sévère au fond de lui. Mais nonobstant il prit sur lui et poursuivit d'une voix posée.

"C'est quoi ton problème ? Arkin est clamsé mais on est d'autres types ici à pouvoir le résoudre. Faut faire soi-même les choses ici bordel. Compte pas sur la vieille, nous on a déjà une sacrée expérience. Ça nous est déjà arrivé de partir seuls tranquilles en mission qu'on avait choisie hein. Avec Lens et toute une équipe d'intervention on avait même été chercher une bagnole quand on était à Chicago. On maîtrisait juste un peu nos pouvoir et on y est allé, alors aujourd'hui où on les maîtrise..."

Cupidon songea tout de même que vu l'état de certains au retour des missions, le mot "maîtrise" était peut-être exagéré. Cela lui amena une autre pensée en tête.

"Vous deviez pas récupérer des infos ? Nous putain on s'est fait tout chourer par l'ONE ! Ils ont fait pareil avec vous ?"

Sa voix monta d'un cran dans les aigus face à tant d'injustice.

Clamsé ? Il ne comprenait pas pourquoi le gris lui disait ça. Un peu abîmé, certes...

- Clamsé ? Attend, je sais pas si on parle du même mais...

Une idée en chassa une autre. Comment ça l'ONE ?

- Quoi ? Comment ça ? L'ONE vous a pris vos infos ?

Ça signifiait quoi tout ça ? Putain... Ça voulait dire que cette organisation gouvernementale les envoyait au casse-pipe et qu'elle récoltait les fruits de leur labeur. Une colère sourde commençait à naître au creux de son ventre. Lorsqu'il s'était engagé dans cette mission, il avait cru qu'il était proche de retrouver son cousin. Avec qui s'était-il entretenu à ce sujet ? N'était-ce pas la prof envoyée par l'ONE, Neith Arlow ?

Désormais, il se souvenait très bien de leur petite entrevue. Elle lui avait dit que Lorenzo avait vu son cousin à New-York. Cela l'avait décidé à prendre part à l'attaque de l'immeuble des PFs... Si au début il s'agissait de simples soupçons, Sean en était désormais convaincu, L'ONE les niquait profondément.

Il hésita quelques instants. Pouvait-il se confier à l'ET ? Il connaissait le bonhomme depuis peu. Après tout, il était sorti un peu de nulle part, sauvé soi-disant d'une situation et d'un endroit improbables. En même temps, avait-il le choix ? Il se leva et mis le son de sa

- Bon écoute. Je sais pas si tu es au courant mais...

Il s'arrêta quelques instants. Étaient-ils surveillés ? Il l'ignorait. Il avait tant vu de films où des micros étaient planqués dans des pots de fleurs... Il s’assit à côté de Timour. Il regardait trop la télé. Il murmura tout de même. Au cas où.

- Bon, pendant notre mission, Tonga a récupéré un disque dur avant que l'ONE ne mette ses sales pattes dessus. Je sais pas ce que c'est. Mais je suis d'accord avec toi : l'ONE se sert de nous pour... je sais pas trop. Mais cette histoire d'attaque d'immeuble et de récupération d'infos qui tournent finalement à leur avantage aux détriments des mutants est plus que suspect, non ?

Il s'approcha un peu plus du petit gris :

- Moi je suis pas là depuis longtemps. Je sais pas comment l'ONE s'est retrouvé à bosser avec la directrice du coin. Le seul truc que je sais, c'est qu'il est peut-être temps de reprendre les rennes et de découvrir ce qu'il se passe. En commençant par mettre notre nez dans ce fameux disque. T'en pense quoi ?

Timour ne ratait rien des faits et gestes de Sean. Il ne put qu'approuver énergiquement le fait que l'ONE avait pris leurs infos et décroisa les jambes pour s'asseoir plus conventionnellement sur le bord de son lit. Le Black l'avait rejoint et semblait cette fois vivement intéressé par la conversation. Le coeur de l'empathe battait à plein régime devant les précautions dont s'entourait le mutant.

Bien sûr l'Azéri se mit au diapason en se penchant vers son voisin, buvant ses paroles. Il exultait.

"Bordel ! Putain !" Susurrait-il avec toute la force de son murmure.

"Mais c'est clair que c'est hyper suspect merde ! Putain enfin je trouve un type qui trouve ça chelou ! Ryoichi en a rien à battre des magouilles d'Harlow ! Il préfère aller au restau alors qu'on se fait entuber grave putain !"

Timour était plus que partant pour dénouer cette supercherie, et il le fit savoir sans détour, ses bras se tortillant d'excitation.

"Pareil que toi je veux pas me laisser entuber bordel. Mais comment on peut faire ? La meuf Harlow est télépathe j'te rappelle, elle peut modifier les souvenirs des gens ! Elle peut tout nous virer du cerveau quand elle voudra ! Tu veux faire quoi contre ça ? Moi je l'ai vue ce matin elle ma déjà scanné le cerveau et elle m'a donné du taf pour que j'aille pas fouiller dans son bordel. Tu sais quoi elle m'a dit qu'il fallait genre qu'on attende que l'ONE nous fasse un rapport sur ce qu'ils auront trouvé dans les ordi qu'on leur a ramené au risque de nos vies !!! Bordel, y'a au moins un truc secret que j'ai pris sur place chez le pote de Prodigy et que l'ONE a pas eu ... J'ai eu putain de raison de jamais leur faire confiance et le garder dans ma poche ... Tu veux le voir ? C'est quoi ton histoire de disque ? Putain ça sent le pâté grave mec ..."

Il regardait Sean très fixement, comme pour sonder les tréfonds de son âme.

Avec tout ça il en oubliait totalement la question sur "Arkin" et le probable malentendu. Subitement, il se sentait pris dans un gros piège qui sentait mauvais et trouvait la bâtisse nettement moins accueillante.

"On est les X-Men on peut pas être les pantins du gouvernement bordel ! T'as un plan ?"

Il se mordait la lèvre, visiblement angoissé. Saen semblait prendre les choses au sérieux mais jusqu'où serait-il capable d'aller ? Quelle poisse. Pour le coup Timour regrettait la mort d'Arkin. Un vrombissement de son téléphone le fit sursauter. Il le saisit presque avec fièvre, imaginant un SMS de cette traitresse de Harlow. Mais ce n'était qu'une banale proposition de sortie par Jovanovic... un peu trop familière pour le coup. Voulait-elle renouer leurs relations passablement tendues ? Timour la rangea directement parmi les complices de l'espionne du ONE dans sa tentative de le détourner de l'objectif de Sean. Il enchaîna.

"C'est bon c'est Xéna qui nous invite à aller faire un tour de manège... Quand je te dis que y'a que toi et moi qui s'inquiètent vraiment de ce qui se passe ici... faut faire confiance à personne."

Sean était circonspect. Il n'aurait pas cru avoir aussi vite l'attention puis le ralliement immédiat de Timour. Il s'était attendu à un ou deux arguments en défaveur de sa théorie. Et à un brin d'hésitation. Mais non. Bon, il devrait faire avec.

- Un plan ?... Je t'avouerai que non, je n'en ai pas encore.

Il se gratta le menton :

- Par contre, j'ai un ou deux objectifs en tête. T'as raison, le problème c'est Harlow. Et pour le coup, j'ai pas de solutions, à part l'éviter. Ça risque de ne pas être si dur vu que les adultes du coin nous laissent à peu près tranquille. Pour en revenir aux objectifs auxquels je pensais, ya déjà comprendre ce que cherche l'ONE. Ils veulent nous protéger, nous contrôler ou je sais pas trop quoi ? L'autre objectif c'est de mettre la main sur les PFs.

Il s'arrêta quelques instants choisissant avec soin chacun de ses mots :

- Les PFs sont leur objectif principal à tel point qu'ils sont prêt à nous marcher dessus. Y'en a marre de faire les bons petits soldats sans savoir pourquoi et pour qui on le fait. Moi je suis pour qu'on débusque la secte mutante nous même. On obtiendra peut-être des réponses en empruntant cette voie...

Il sentit sa confiance en lui vaciller. Il n'avait rien d'un enquêteur. Mais bon, il savait par quoi commencer :

- Montre-moi ton truc secret.