02.03/18.L.David online de bon matin

Ayant vaincu les revendications modernistes de Swift, leur architecte intérieure, Lily-Rose avait aménagé son bureau de la façon la plus old-fashionned qui fut.


Elle s'y trouvait donc, en ce matin du 18 mars 2045, depuis plus de deux heures. Aussitôt réveillée, de bon matin, elle avait pris un shaker d'un demi-litre de café américain et s'y était rendue.

9h30 à l'horloge. Elle avait passé le temps sur internet, à collecter quelques news, et imprimer les plus saillantes. Elle avait aussi compilé un petit dossier sur son ordinateur où elle stockait quelques articles en vue de les envoyer sur les boites mails des élèves. Ces jeunes gens étaient plus occupés à batifoler qu'à aller aux nouvelles, les nouvelles viendraient donc à eux !

Mais depuis quelques minutes elle avait laissé en plan cette saine activité pour régler des petites affaires de famille. Ou plutôt de familles. Elle jonglait donc entre son compte de banque en ligne, une boite email et divers sites marchands ou d'enchères.

Habillé d'une chemise et d'un costume léger, Mask avait l'apparence d'un homme de son âge, assez grand, carré d'épaules, les cheveux grisonnants bouclés et les yeux bleus clairs.


Il tapotait sur son ordinateur, ou bien se plongeait dans la réflexion, ou bien dégustait quelques gorgées de café. Il avait laissé la porte entre-ouverte pour que les élèves le trouvent facilement en cas de besoin.

A peine avaient-elles posée le pied au sol après tant d’heures de vol, qu’Eden expliqua à Alyson comment se rendre à Graymalkin le plus simplement possible.
De toute façon, malgré son accent purement Germanique, son Anglais n’était pas en reste.

Le soleil brillait d’un ton clair et mordoré, ses rayons dépeignait sur les murs de la citée un balais d’ombres chinoises d’une complexité que l’homme ne serait jamais capable d’atteindre.

Rues après rues, le taxi qui conduisait Alyson à son point de rendez-vous les dévalaient à grande vitesse. Des hauts et des bas, les uns après les autres s’enchainaient en une suite apocalyptique et nerveuse.
Dans un crissement de pneus, le véhicule s’arrêta devant un bâtiment à l’allure atypique.

Après avoir payé et remercier rapidement le chauffeur, la mutante s’arrêta quelques minutes pour observer le lieu.
Au-delà d’un parc verdoyant, elle aperçue que quelques fenêtres ouvertes perçaient un mur d’enceinte d’une imposante stature.
S’avançant dans la cour, ses pas l’amenèrent rapidement à une porte de bois haute de plus de deux mètres.

Personne pour l’accueil ? Etranges, les habitudes américaines. Mais au vu de l’heure presque matinale, il était plus ou moins normal que peu de monde soit présent.
Sans dire un mot, Alyson pénétra dans l’enceinte fortifiée et après avoir avisé un des jeunes qui passaient devant elle, s’informa de l’endroit où se situait le bureau de cette directrice, donc la blondinette avait fait allusion.

Finalement, le chemin était simple… Toujours tout droit, ou presque si on prend en compte les aléas des couloirs.

Quelques minutes de marche plus tard, la mutante de se retrouva devant une pièce relativement grande dont la porte était entrouverte.
Elle posa sa valise contre l’embrasure de la porte, et y frappa comme le voulait la coutume.

— Miss Donowho ? Mon nom est Alyson Lightman… Je viens d’Allemagne. (Elle fit une pause, essuyant sa robe de la poussière accumulée à l’extérieur.) C’est une de vos élèves : Eden Marshall qui m’a envoyé vous rencontrer…

Cachée derrière son ordinateur, le visage de la directrice en était majoritairement dissimulé. La seule chose qui dépassait était le haut de son crâne, ce dernier coiffé par une chevelure courte et bouclée.

*La directrice serait un homme ? La blondinette a consommé quoi avant de m’envoyer ici avec ces infos ?*

Mask décrocha son regard de l'écran et le dirigea vers la visiteuse. "Il" fit aussi rouler légèrement son siège pour se déporter un peu plus vers la jeune fille et supprimer ainsi l'obstacle de l'écran d'ordinateur.

Car c'était bel et bien une voix masculine qui répondit à Alyson.

"Entre donc Alyson. Comment s'est passé le voyage ?"

Mask remarqua bien entendu l'aspect un peu fripé des vêtements de la jeune fille, ainsi que sa valise. L'homme se cala confortablement dans son fauteuil en cuir et offrit un large sourire à la petite nouvelle.

"Ah oui, d'Allemagne, je me souviens. Wraith n'a pas eu de problèmes pour te trouver ? Elle t'a parlé des noms de code j'espère ? Le mien est Mask. Assied-toi et raconte-moi. Tu veux du café ? Tu dois être sur les genoux après ce périple."

Il rangea grossièrement quelques paperasses éparses. Danger l'avait averti de l'arrivée d'Alyson et d'Ulysses. La directrice se réjouissait de voir arriver ces jeunes gens pour agrandir la "meute". Cependant elle ne parvenait pas à se souvenir dans quel groupe la jeune fille avait été inscrite. L'organisation n'était pas le fort de David.

Un bruit de roulement se fit entendre, et tout en déplaçant son fauteuil, un homme d’âge mur croisa le regard éberlué d’Alyson. En plus de ça, sa voix n’avait rien de féminine, bien loin de là d’ailleurs, plutôt rocailleuse même…

*Sérieusement la blondinette a une cataracte fortement développée ou je rêve !*

Ce qui suivit représentait la banalité à l’état pur… Comment ça va ? Vous avez fait bon voyage ? Rien de vraiment intéressant à vrai dire. Mais de part son éducation, la Germanique ne dit pas un mot, attendant la suite des présentations.

Un rapide rangement de bureau, un sourire qui aurait se faire voir comme niais… Il – ou peut-être « elle »… – ressemblait plus à un de ces bureaucrate américain passant le plus clair de son temps derrière un bureau à surfer sur des sites pornos…
S’asseyant en face de lui, la valise posée sur le côté droit de la chaise, Alyson s’enfonça lourdement dans l’assise.

Après autant d’heures de vol, et les fauteuils de l’avion – dont le confort laissait plus qu’à désirer d’ailleurs –, ses muscles fessiers n’auraient pas dit non à un repos bien mérité dans un lit. Néanmoins, Alyson n’en démontra rien, préférant faire bonne figure devant « lui ».

— Je ne refuse rarement un café… Mais bien noir de préférence. Pour le voyage… Ca peut aller, outre un steward qui n’arrêtait pas de se faire des films en me regardant, tout s’est bien passé.

Par contre, Eden avait omit de lui parler des « noms de code », ou alors s’était-elle endormie pendant son cours sur Graymalkin et tout ce qui entourait le bâtiment… Les personnes trop professorales l’ennuyaient tellement qu’elle finissait par s’endormir en les écoutants.

— Autrement je doute avoir grand-chose à vous raconter Mister Mask… Sauf peut-être que l’histoire des noms de code m’est totalement inconnu. J’avoue que Wraith doit posséder le pouvoir d’endormir quiconque, car en tous cas, c’est l’effet qu’elle m’a fait en parlant autant durant le voyage. (Remettant sa chevelure d’ébène en arrière, elle lui posa une question.) Est-elle toujours aussi bavarde ?

Mask fronça légèrement les sourcils devant le regard fortement surpris de la jeune femme. Puis se frotta la gorge. Bien entendu la directrice se rendit compte qu'elle était sous forme de David. Non qu'elle l'ignorait, elle le savait. Mais elle ne faisait pas autant la différence que les élèves.

Le métamorphe eut en tout cas un petit sourire et un regard malin lorsqu'Alyson évoqua l'épisode du steward. Le directeur observa distraitement la morphologie de la jeune mutante. La demoiselle semblait tout à fait consciente de ses charmes.

"Les mecs se font souvent des films sur toi ?"

Demanda-t-il d'un ton curieux et amusé. Une rapide détection lui suffit à cerner la nature des pouvoirs d'Alyson. Un pouvoir plutôt ... ajusté.

Mask eut à son tour une expression de surprise quand la brune émit son opinion concernant Eden.

"Tiens, non, elle n'est pas spécialement bavarde. Pas avec moi en tout cas, ha ha ha ! Wraith est télékinésiste. C'est une fille très dévouée, perfectionniste, et très professionnelle. Quand elle part en mission en tout cas. Elle a sans doute voulu te mettre à l'aise. Tu peux être sûre qu'elle n'a voulu que te venir en aide, et sûrement pas t'endormir. Vous vous êtes bien entendues quand même ?"

Il attrapa sur le petit meuble derrière lui un thermos de café. Il dévissa le gobelet, auquel il adressa un bref coup d’œil pour voir s'il était propre. A peu près. Il souffla dedans.

"En tout cas c'est plutôt rare que tout se passe bien quand on va chercher un petit mutant égaré ! Souvent les choses tournent au vinaigre d'une manière ou d'une autre, ha ha ! Donc je suis bien content, si le bavardage de notre Wraith, et les beaux yeux de ce steward, ont été les seuls problèmes."

Il rit d'un bon rire jovial en versant le café dans le gobelet. Le liquide était aussi clair que du thé noir à peine infusé. Il le tendit à Alyson en braquant ses yeux clairs sur elle.

"Le nom de code sera ton nom mutant. Il doit être idéalement court, percutant, et en lien avec ton pouvoir."

Le directeur/la directrice lui posait la question qui ne fallait pas… Les hommes n’étaient finalement poussés que par leurs besoins sexuels. Comme un animal lors de la saison des amours, à la différence que chez l’être humain, cette saison perdurait de Janvier à Décembre…

Soudain, Alyson se sentie testé, étudiée intérieurement. Ses yeux se fermèrent évoquant un léger signe de malaise. Personne jusqu’à lors n’avait eu l’audace de fouiller son esprit. Tout du moins personne depuis Lukas.

Mask – comme il/elle voulait qu’on l’appel(le) – lui décrivit la Wraith connue. Effectivement, une description pareille collait plus à la blondinette qu’elle avait rencontrée au CEAM.
Tout du moins, plus que le placebo de professeur en quoi elle s’était mutée dans l’avion.
Sur l’entente, trop rien à redire ; sauf peut être les sensations de son corps lors de leur première rencontre. Ensuite, si ça aurait été quelqu’un d’autre, certainement qu’elle aurait vécue la même chose…

*Helena…*

Tout sourire, elle se remémora la première fois où elle avait connue cette femme si particulière, l’endroit, même l’instant où sa main l’avait touchée pour vérifier si elle était en vie… Chaque instant lui revenait désormais en mémoire, tout autant que la douleur…

Après s’être avisé du regard sur une thermos posée derrière lui/elle. Il/elle souffla dans le gobelet afin d’y chasser une quelconque poussière.
Alyson écouta ses paroles avec un calme morose, la couleur du café lui fit l’effet de n’être finalement qu’un substitut de théine mal infusée. Pourtant elle se retint de faire part de son appréhension quand à son goût, préférant répondre à ce flot de question.

— Si vous considérez qu’apprendre à une bande d’ahuri les bonnes manières, alors oui, il y a eu effectivement d’autres problèmes. (Elle posa un œil intrigué sur le gobelet en tentant de sentir l’arôme qui s’en échappait.) Pour mon nom de mutante, je ne sais pas vraiment encore quoi choisir… Mais ce genre de choses ne fait pas trop… Ecolier ?

Tout à son honneur, elle avala le liquide d’un trait, désirant éviter au maximum de s’imposer un goût pareil à son palet habitué au café Allemand.
L’amertume coula le long de son œsophage, lui brûlant une partie de l’estomac en y pénétrant. Après leur discussion, elle devrait se renseigner sur l’emplacement d’une possible infirmerie ; car là, du bicarbonate s’imposait…

Mask sourit à cette remarque additionnelle d'Alyson.

"Je vois. Problèmes que tu as réglé de façon musclée ?"

La jeune fille avait donc un caractère bien trempé, voire dominateur. Avec un tel pouvoir "guerrier", ce n'était pas forcément surprenant. Mais la directrice en ressentit toutefois un léger malaise. Tout comportement de ce type la ramenait un peu à Walentyn, même s'il fallait qu'elle se garde de tout jugement hâtif.

Le métamorphe observa Alyson boire son café sans enthousiasme flagrant. Il s'adossa à son siège.

"Tu as le temps d'y penser, mais c'est indispensable en mission. Cela n'a rien d'enfantin. Le nom de code est une tradition des X-Men, association formée il y a de nombreuses années par Charles Xavier, puissant télépathe. Le nom de code est très pratique, il garantit l'anonymat vis-à-vis des humains. C'est aussi une part essentielle de notre identité, tout comme notre don."

Il but avec gourmandise quelques gorgées de café.

"J'ai pris le nom de code de Mask en 1999. Je suis en effet métamorphe, je peux prendre l'apparence de n'importe qui. As-tu de la famille Alyson ? Tes parents, frères et sœurs, sont-ils au courant de ton pouvoir ?"

L’homme lui offrit un sourire un peu étrange. Tout en lui répondant par une question qui semblait parfaitement inutile au vu de sa manière de parler de cette altercation.
Si Lukas aurait été là, certainement qu’il aurait pu lui décrire la scène avec diplomatie, chose qui lui était impossible.

D’un ton professoral, il se mit à lui expliquer l’utilité du nom de code. Protéger son anonymat auprès des humains, et surtout perpétuer les idées de leurs prédécesseurs, les X-men…
Alyson écouta attentivement ses paroles, les buvant comme un bon vin.
Quelques bribes d’informations ressurgirent dans son cerveau ; la télévision n’était au final, pas qu’une invention ayant pour but d’abrutir les gens, parfois elle pouvait servir de mine d’intérêts… Rarement, c’est sûr… Mais ça arrivait.

Ses parents lui avaient même raconté que quelques uns de ses ancêtres en avaient côtoyés, sans jamais en dire plus.
En parlant de sa famille, voilà que la directrice masculine lui demandait s’ils étaient au courant… Dans un pays comme l’Allemagne, ou la mutation pouvait être considérée comme une bénédiction, tout le monde ou presque savait qui était mutant, et qui ne l’était pas.

— Je suis fille unique malheureusement, mes parents n’ont réussit à n’avoir qu’un seul enfant… Et de surcroît, ils sont au courant de ma mutation. Ce fut eux qui m’ont aidé à l’accepter comme un don, et non comme une malédiction. (La mutante s’affala sur sa chaise, replaçant le bas de sa robe correctement.) Mais votre pouvoir de métamorphose possède t’il des limites ? Personnellement, le mien est encore… Impétueux !

Métamorphe ? Voilà ce qui expliquait son corps d’homme, malgré son nom de femme. La blondinette n’avait peut-être rien fumé, mais dans tous les cas, l’étonnement était de mise lorsqu’on s’attendait à rencontrer une femme… Et que c'était un gaillard pareil qui se présentait à vous...

*Moi qui croyais posséder un pouvoir particulier… Là, c’est passe-partout au moins !*

"Ça c'est vraiment bien, des parents qui acceptent la mutation de leur enfant. Tu as eu de la chance. Pas mal de jeunots ici ont plutôt eu un paquet de problèmes. Pas tous, loin de là."

Commenta Mask en passant mentalement en revue quelques cas d'élèves de l'Institut. Ce qui était plutôt original chez Alyson, c'était la bonne volonté manifeste de ses parents de l'aider à mieux vivre ce don tombé du ciel.

"Tes parents doivent être des gens très bien, pour avoir une telle ouverture d'esprit. Ils doivent t'aimer beaucoup."

Mask tempéra l'opinion qu'il s'était fait de la jeune fille. Son comportement, sa façon de s'habiller ou de parler, tout cela lui avait donné l'impression d'une jeune fille individualiste. Mais l'estime qu'elle portait à ses parents modifiait sensiblement cette impression.

Il se balança très légèrement sur son siège de bureau et pointa son index vers le plafond.

"Ah, chaque pouvoir a ses limites. Souvent il est plus difficile de poser les limites de son pouvoir que de les repousser. Oui bien sûr mon pouvoir est limité. Si j'avais consacré ma vie à m'entraîner, à façonner mon pouvoir en l'utilisant dans les situations les plus variées, je serais bien plus efficace encore. C'est une gymnastique permanente. Plus tu t'exerceras, plus tu auras de la maîtrise, plus tu progresseras."

Il tapota le rebord en bois de son bureau et plissa les yeux. Il fixa Alyson intensément.

"Mais avant de repousser les limites, il faut les établir. As-tu des difficultés à utiliser ton pouvoir ? Montre-moi ce dont tu es capable. Sans casser le matériel."

Précisa-t-il avec un sourire en coin et un regard éloquent à son écran d'ordinateur. Il reprit d'ailleurs la souris pour effectuer quelques clics. Si Alyson trouvait son pouvoir "impétueux" c'est sans doute qu'elle le maîtrisait mal. Or un tel pouvoir mal maîtrisé pouvait rapidement occasionner de gros dégâts, voire des blessés.

Mask observa attentivement l'arme que lui présentait Alyson. Ses yeux bleus clairs se fixèrent ensuite sur le visage de la jeune mutante.

"C'est très impressionnant. Mais une chose me chiffonne. C'est un objet clairement fait pour blesser ou pour tuer. Comment ... as-tu accueilli ce don spécial ?"

Le directeur fixa à nouveau l'objet apparu par la seule volonté de la Germanique. Il poussa un léger soupire.

"Comment te sens-tu lorsque tu la fais apparaître ?"

Le métamorphe était intrigué par ce pouvoir, même s'il avait déjà vu des mutants capables de créer et d'animer des objets par leur seule pensée. Il se demandait toujours "où" de tels objets se trouvaient lorsqu'ils n'étaient pas invoqués. Ces questions métaphysiques ne trouvaient hélas aucune réponse.

Passablement neutre, Alyson tenait sa création dans sa main droite, le bras tendu.
De sa voix presque chaleureuse, la directrice s’enquerra de sa propre réaction lors de la première utilisation de son pouvoir.

Les lourds souvenirs, ainsi que la douleur de son réveil lui revint en mémoire. Les blessures du passées restaient toujours présentes dans son corps malgré les années.
Néanmoins, la mutante n’ignorait pas les années qui suivirent… Ni même le nombre incalculable de fois où son pouvoir s’était manifesté lors de ses rares colères.

Préférant éviter de faire un geste inutile, Alyson fit disparaître l’arme dans sa main.

Une phrase quelque peu étrange suivit un soupir, quelles étaient ses sensations lorsqu’elle faisait apparaître son katana ? Elle ne devait pas réellement connaître, ni peut-être comprendre la douleur de se faire arracher une partie du corps à chaque fois qu’on faisait appel à son pouvoir…

— Blesser ou tuer… Ce sont des mots bien trop… Forts pour décrire mon pouvoir. (Alyson s’enfonça contre le dossier de son fauteuil, laissant son regard voguer dans la pièce.) Etant donné que ce n’est qu’une facette de mon pouvoir, j’avoue avoir eu du mal à accuser le coup. Mais le temps passant, j’ai appris à faire avec.

Elle avoua tout de même que le fait de ne pas avoir un pouvoir « commun », comme celui qui possédait certains de ses anciens « amis » lui posait parfois quelques problèmes moraux.
Comment éviter un véritable carnage lorsque l’on n’est pas entièrement maître de son pouvoir ?

— Vous a-t’on déjà arraché une partie de votre peau ? Comme ça, sans raisons apparentes ? Moi, c’est ce que je ressens à chaque fois que j’utilise ma mutation. (Retenant une larme de douleur, l’Allemande reprit ses explications.) En ce qui concerne le moral par contre, je préfère éviter d’y penser… Mes parents ont souvent étés là pour m’aider lors des rares moments de doutes. Pour le reste, je sais prendre sur moi…

Et maintenant, qu’allait bien pouvoir penser la directrice ? Même si Alyson doutait réellement d’un intérêt que pouvait avoir un tel jugement, elle préférait savoir sur quel pied danser.
Qui plus est lorsqu’il s’agissait de la directrice du futur bâtiment où elle passerait très certainement encore quelques temps…

Il est vrai que Mask ressentit plutôt du soulagement lorsque l'arme retourna dans les mystérieuses limbes dont elle était tirée. L'homme écouta la jeune fille et observa aussi ses traits, ses silences, ses regards. Mask haussa un sourcil quand Alyson prétendit que blesser ou tuer étaient des mots trop forts. Que faire d'autre avec un katana ? Il laissa poursuivre la mutante.

"Hmmm ... ce doit être très douloureux, j'imagine."

Le regard de David se fixa brièvement sur son écran d'ordinateur.

"Tu dois beaucoup souffrir, n'est-ce pas ? Ton pouvoir s'est sûrement manifesté à des moments de forte émotion. Tu as du être complètement désorientée. C'est une phase très difficile."

Et cette fois encore, elle songea qu'Alyson avait eu beaucoup de chance que ses parents soient compréhensifs. Mask voulait toutefois en savoir un peu plus. La jeune mutante paraissait - et prétendait - s'être endurcie suffisamment pour gérer son pouvoir et les problèmes moraux qui pouvaient en découler. En effet sa physionomie et sa manière posée de parler indiquait un grand sang froid. Mais elle nota que la jeune fille n'avait rien dit des utilisations de son ou ses pouvoirs.

"Je ne pense pas que tu puisses esquiver les questions morales que soulèvent ton pouvoir, Alyson. Dans quelles occasions l'utilises-tu ?"

L'homme prit une gorgée de café et enchaîna par une autre question.

"Et qu'est-ce qui te semble le plus important pour la suite ?"

Mask restait volontairement vague dans la formulation. Il croisa ses mains sur son ventre et fixa un regard attentif sur la jeune femme.

Non sans être condescendant, l’homme lui offrit sa façon de penser. La difficulté… Une sensation tellement habituelle pour Alyson qu’elle s’en était faite presque une sœur.
Après pas mal d’années à errer de squats en cloaques insalubres, cherchant sa place dans ce monde d’humains, elle avait fini par se lier d’une paradoxale amitié avec tout ce qui était difficile, voir irréalisable.

*Quelles occasions ? Mais toutes bien sûr ! Même pour aider une grand-mère à traverser la route…*

Cette possible réponse l’effleura assez rapidement, préférant plutôt attendre la suite des choses. Le regardant boire à nouveau de ce liquide noirâtre infâme, elle s’attendit à une suite logique de paroles paternalistes.
Un peu plus et un pincement l’aurait prise au cœur…

— Mon moral est perpétuellement au beau fixe… Même si cela ne se voit que très rarement. Ensuite, je préfère utiliser mon pouvoir en dernier recours. Vous savez, j’ai bien d’autres cordes à mon arc.

Les entraînements au dojo lui avaient bien sûr permis de se défendre efficacement, mais tout autant à prendre sur elle, comme elle l’avait expliqué juste avant.

— Malgré que mon orgueil ne doit pas dépasser la hauteur de mes chevilles… Je dirais que le plus important à mes yeux serait de survivre. (Alyson croisa ses jambes, dévoilant une partie de ses bottes noires.) Néanmoins, tout dépendra de la suite des évènements, je n’aime pas particulièrement perdre du temps… Donc si je peux servir à quelque chose, dites le moi !

Damian avait fini de ranger sa chambre. Il ne savait pas vraiment où se diriger, il pensait toujours à fond à Mia et à la courte incursion qu'ils avaient pu avoir tous les deux. Ils avaient eu du temps pour se découvrir plein de points communs.

Bref, il l'avait dans la peau. Et elle aussi c'était encore mieux.

En passant près du bureau de la Directrice il ne put s'empêcher d'y jeter un oeil. Il y avait deux personnes à l'intérieur. Un mâle dans toute sa splendeur qui incarnait une virilité perdue, qui devait être Lily-Rose... toujours extravagante malgré son âge mûr.

Et une jeune fille à l'accoutrement extravagant avec un léger accent. La conversation que Damian captait tournait autour des pouvoirs, surement ceux de la jeune fille.

Il avança plus près, pour que Lily-Rose puisse le remarquer, il ne voulait pas paraitre impoli.

"Hum hum... Bonjour... LR... M'selle... Juste pour vous dire que l'on est bien rentré de Louisiane et que tout va bien!..."

Quand la jeune fille se retourna il lui fit un signe de la main, comprenant qu'il s'agissait d'une nouvelle arrivante.

Mask sourit devant l'enthousiasme et la détermination manifestés par Alyson. Il précisa d'un air amusé.

"Je parlais de la morale, pas de ton moral mais je suis heureux d'entendre qu'il est au beau fixe !"

Sur ces entrefaites arriva Damian, toujours aussi courtois et calme. Mask lui fit un bref signe de tête.

"Entre donc Hawkeye, viens faire la connaissance de ... Alyson, en attendant son nom de code."

Il accompagna sa proposition d'un geste de sa main large et virile, puis reposa les yeux sur la mutante au katana.

"Survivre, c'est fait. Dans cette baraque tu ne risques pas grand chose à moins de ... Hmmm Hawkeye ce serait pas mal que tu briefes complètement Alyson sur les Dangers de Graymalkin ..."

Il adressa un clin d'oeil au mutant chanceux. Il glissa à nouveau son sourire sur Alyson.

"A moins que Wraith t'ait déjà parlé de ce genre de choses ? Bref ici tu seras chez toi, et tu vas amplement avoir de quoi aider la veuve et l'orphelin, c'est pas ça qui manque, ha ha ha !"

Il pivota devant son écran et fronça les sourcils.

"Rappelle-moi qui tu allais chercher en Louisiane, ma mémoire me joue des tours. Mettez-vous à l'aise, j'ai un petit quelque chose à finir sur l'ordinateur ..."


[HRP. Juste pour vous prévenir d'une absence jusqu'à lundi, si vous voulez discuter entre vous (ou sortir XD), aucun souci, ne m'attendez pas pour enchaîner plusieurs posts. ]

Lily-Rose, avec son avatar masculin lui intima d'entrer et lui présenta Alyson. Une nouvelle recrue sans nom de code apparemment. Elle lui dit qu'il pouvait également briefer la nouvelle sur Graymalkin. Une tache plutôt sympathique, la jeune fille était... Agréable à regarder.

Il répondit à la directrice sur son voyage.

"Je suis allé aider Mia à chercher des éléments sur son ancêtre mutant... Et c'était plutôt fructueux"

Alyson pivota vers lui pour l'observer, tandis que Lily-Rose continuer ses tâches de directrice. Un boulot à plein temps.

Elle lui posa une question, maniant un anglais très classe, très poli.

"Enchanté de faire ta connaissance Alyson. Je suis Damian alias Hawkeye, oeil de faucon comme disent les frenchies... Au départ j'ai choisi ce pseudo parce que je ne rate jamais rien avec un objet ou une arme, mais en fait grâce à Lily-Rose j'ai su que ce n'était qu'un pouvoir annexe de ma mutation, qui me permet d'influer sur les probabilités. Et toi??"

Lily-Rose paraissait vraiment concentrée sur sa tâche. Surement résoudre quelque problème administratifs ou quelques échanges avec des sénateurs ou d'autres membres du pays. Des choses passionnantes pour une vieille dame.

Elle décroisa les jambes dans un geste élégant et fixa son regard dans le sien. Elle se mit à sourire légèrement consciente du charme qui émanait d'elle. Damian se demandait bien à quoi elle pouvait penser. Mais elle n'arriverait certainement pas à la cheville de sa belle porto-ricaine.

"Tu sembles sûre de toi, ma belle... Mais si ça peut te rassurer, tu ne m’intéresses pas... Donc pas besoin de te la jouer femme fatale... Mais si tu veux me montrer ton pouvoir suis moi dans le jardin, on va s'amuser"

On avait même plus le droit de scotcher sur une belle fille, elles devenaient tout de suite agressives. Il lui fit tout de même un grand sourire, pour lui montrer que lui aussi pouvait jouer.

La directrice continuait à s’afférer sur son ordinateur, les laissant s’amuser dans une joute verbale assez sympathique.

D’ailleurs cette dernière avait prit une tournure des plus étonnantes, Damian lui avait proposé de se rendre dans le jardin afin de tester ses capacités sur lui.
Dommage… Le grand brun finirait très certainement avec quelques éraflures, ou peut être même plus. Néanmoins, Alyson se dit qu’il valait mieux éviter de trucider les membres de cet Institut à peine arrivée.

Après s’être levée calmement, la Germanique prit sa valise en main, et passa l’embrasure de porte calmement.
Se retournant, elle posa son regard sur la directrice, toujours aux prises avec son ordinateur.

— Vous m’excuserez, mais je dois allez apprendre à ce jeune homme les rudiments de politesses qui sied aux nouveaux arrivants. A très bientôt j’espère Miss Donowho.

Ses pas résonnèrent alors dans le couloir, les claquements de ses talons sur le sol résonnaient en bruits sourds contre les murs.
Sans se retourner elle sentit la présence de Damian à quelques mètres d’elle, et s’adressa à lui.

— Par contre, le dernier ayant eu l’audace de m’appeler ma belle, a mal fini… Tu pourras demander à la blondinette, elle est au courant !

Spoiler:

Absorbé(e) par sa tâche, Mask ne suivait plus la conversation des jeunes gens. Néanmoins l'avertissement que proféra Alyson à propos des yeux de Damian et du corsage le tirèrent un instant de sa concentration, et il esquissa un sourire. Cela confirmait qu'Alyson n'était pas une tendre avec les hommes ...

Mask attendit la réponse d'Hawkeye avec intérêt et amusement, sans toutefois en avoir l'air. Il copiait collait différents blocs de textes ce qui ne l'empêchait plus d'écouter les deux mutants plein d'hormones.

Un duel dans le jardin ... David tiqua mais bon. Il leva le nez de l'écran pour s'adresser à Damian.

"Fais attention à son katana, c'est pas de la blague mon bonhomme. Il te faudra plus que de la chance."

L'informa-t-il, solidarité masculine oblige. Il ajouta néanmoins.

"Les informations que vous avez trouvé me branchent bien, on en reparlera tous les trois, avec Ondine. Amusez-vous bien mais pas de bêtises et allez voir votre mail après, je vous envoie quelques articles."

Puis, après avoir suggéré aux deux jeunes gens de laisser la porte entre-ouverte, et avoir salué Alyson, Mask/David s'affaira à transférer les extraits de presse dans la boite des X-Men.

[Message envoyé]

Antoine s’était réveillé tôt comme souvent lorsqu’il dormait dans un lieu qu’il ne connaissait pas vraiment. Tout ici était différent de ce qu’il avait connu jusqu’alors et cela commençait par son environnement. Outre le climat bien plus chaud, San Francisco et Graymalkin Industries en particulier manquaient d’endroits plus « naturels » ou il aimait tant passer des heures.

Comme souvent il était très discret et évoluait loin du regard des autres. Il entrerait dans le cercle quand il le jugerait bon mais pour l’instant, c’était un peu trop prématuré. Antoine évoluait en silence et savait plus ou moins où se rendre.

Il avait à cœur de faire les choses dans l’ordre et voulait informer la directrice des lieux de son arrivée, c’était là la moindre des choses. Il ne tarda pas à arriver dans un bureau à l’ancienne décoré de meuble rustiques bien que joliment ouvragés. Derrière l’immense bureau se tenait un homme d’âge mûr, plutôt de forte stature entrain de pianoter sur son clavier.

Le jeune homme prit rapidement conscience de son environnement et se manifesta peu après avec tact et douceur.

« Toutes mes excuses pour le dérangement, je suis Antoine et viens d’arriver de France, peut être que Mia vous a déjà parlé de moi ? »

De façon tout à fait étrange, il était plus ou moins en confiance ici.

« Je vous dérange peut être, je peux repasser si vous le souhaitez… »

Peu après le départ animé des deux jeunes gens, Mask reçut la visite d'un nouveau visage. Il se frotta le menton en fixant ses yeux gris clairs sur le jeune homme. Il sourit devant ses paroles plus que polies et respectueuses ... c'était bien le style français. Son accent achevait d'ailleurs de le trahir.

Mask fit un large signe de la main pour que le visiteur prît place. Il détailla sa tenue et son aspect général.

"Tu rigoles tu ne me déranges pas du tout, assied-toi. Oui bien sûr, je sais que tu es dans nos murs depuis cette nuit. Il est quelle heure chez toi, 17 ou 18 heures ? Ça va ? Pas trop cassé ? Tu as pu fermer l’œil ?"

Il attrapa son thermos de café dilué et le montra à Antoine.

"Du café ? Si tu as des questions je t'écoute. Je suis Mask, je co-dirige cet établissement un peu particulier."

Antoine sourit doucement, plutôt énergique comme accueil et chaleureux qui plus est. On était loin de ce qu'il avait vécu à la base militaire il n'y avait pas longtemps. Le fait de discuter avec une personne censée faisait du bien.

"Pour répondre à vos questions dans l'ordre, je dirais que je suis un peu fatigué mais rien d'insurmontable je vous rassure. En ce qui concerne le café, votre proposition est gentille mais je vais devoir décliner. N'étant pas un grand buveur de café je fais de la tachycardie à la moindre tasse et par ailleurs cela m'empêcherait de dormir..."

Antoine regarda autour de lui encore une fois, il avait chaud ici, il n'était pas habitué à ce genre d'endroit trop citadin.

"Avez vous un parc dans les environ, ou encore mieux un semblant de forêt? Je dois dire que cet endroit me met assez mal à l'aise malgré le respect que je vous dois, il faut dire que j'ai l'habitude des endroits plus sauvages..."

Pas mal de question se bousculaient dans son esprit en fait et il les posaient un peu comme elles lui venaient.

"Comment s'organise la vie ici? En corollaire à ma question suis je restreint dans mes déplacement ou mes horaires?"