02.03/13.L.Crémaillère - Piste de danse

Suivant les plans de réaménagement conçus par Emily, le hall avait été déblayé et repeint dans des tonalités claires qui donnaient une impression d'espace à l'entrée du bâtiment. Sorte de compromis entre le buffet garni du jardin et le concert à l'arrière du bâtiment, le hall s'improvisait piste de danse dînatoire, avec son espace dépourvu d'obstacles et les quelques tréteaux placés le long des murs afin d'offrir rafraîchissements et snacks, sous les dispositifs optiques vigilants d'une Danger sobrement plantée dans un coin de la pièce.


Un ordinateur portable connecté à la sono diffusait une playlist sur laquelle les jeunes X-men s'étaient mis d'accord. Des titres de genre très différents venaient mettre l'ambiance, complétée par des spots au motif et à la couleur réglés sur aléatoire.

Du temps était passé. Son plâtre n'était qu'un souvenir récent. Il en avait bien chié pour se remettre. "Coup de chance" lui avait dit le doc' lors de la radiographie de contrôle avant le retrait du plâtre, la rotule s'était bien fendu et quasiment aucun éclats ne s'étaient infiltrés, du coup cicatrisation rapide et quasiment aucune liaison interne. Comme quoi.

Forge, le vieux dingue avait reussi à remettre Cerebra en marche, désormais la recherche des mutants était plus simple.

La rénovation et parfois la reconstruction de la base de Graymalkin était bien avancée, on pouvait maintenant y vivre convenablement d'autant que le Président des USA avait publiquement salué les X-Men, qui avaient eu droit à une large couverture médiatique des plus favorable.

Leur organisation était donc devenue une organisation de notoriété publique. Paradoxe quand on pense qu'il y a quelques temps à peine, ils étaient des pouilleux, des crèves la faim, vivant dans les égoûts. Leur situation s'était plutôt bien améliorée.

Aujourd'hui, 13 mars, une grande fête était organisée par les élèves à Graymalkin, en l'honneur de la pendaison de crémaillère de leur nouvelle demeure. Les services du Président avaient gentiment fait livrer un magnifique buffet pour l'occasion. Damian avait quand même de sérieux doutes sur la question. Un président sans idée derrière la tête?? Etrange...

Un représentant officiel serait même présent au début de la soirée.

Tout cela était important, mais il n'arrivait pas à penser à autre chose qu'à Mia, sa coéquipière porto-ricaine. Ils avaient grave sympathisé depuis la mission pour récupérer Forge. Elle avait un je-ne-sais-quoi qui l'a rendait particulièrement attirante, elle était très belle ce qui ne gachait rien, mais elle avait passé pas mal de temps avec lui sans que rien ne l'y forçait. Elle avait été patiente, particulièrement patiente avec lui, pourtant les premiers temps de réeducation n'étaient pas les meilleurs mais elle avait gardé le sourire, motivant le jeune homme. Il n'avait pas eu particulièrement de chance avec lucy qui était partie sans prévenir. Mais Mia c'était autre chose. Il s'était toujours demandé ce qu'elle pensait vraiment de lui. L'aimait elle?

Bien sur il ne doutait pas qu'elle avait elle aussi des sentiments envers lui, mais étaient ils ceux qu'il pensait?

Après avoir fixé un horaire de rendez vous à la belle porto-ricaine, ainsi que le lieu (le grand hall aménagé pour l'occasion) sur un joli carton d'invitation accompagné d'une rose rouge, qu'il avait posé sur son lit. Il s'était mis sur son trente et un.



Il était descendu dans le hall, encore vide. Encore légèrement gêné par sa jambe sans que cela ne remarque trop. Et il attendait Mia espérant qu'elle répondrait à son invitation, ne sachant pas trop comment serait sa réaction. Finalement, il devait avouer qu'il était très stressé, une boule dans la gorge.

Il n'osait pas regarder la voie d'accès menant à l'étage des chambres, il décida donc de souffler un grand coup en laissant perdre son regard dans l'immense salle, tout en gardant une deuxième rose contre lui, attendant de voir si la belle Mia allait répondre à son invitation.

"Tenue correcte exigée" faisait partie de ces expressions qui contribuaient inévitablement à éloigner Luz des soirées. Le simple fait de ne pouvoir venir vêtu comme on le souhaitait était une entorse à une liberté fondamentale, qui lui pesait d'autant plus qu'elle faisait partie de ceux dont l'apparence était impossible à négliger. Et puis, contrairement à certain(e)s de ses camarades, elle n'était pas très "fringues élégantes", peut-être parce que celles-ci étaient inadaptées à son teint.

Sauf que, sauf que cette soirée "tenue correcte exigée" avait lieu en sa propre demeure. Pire, c'était une soirée qui faisait office de remerciements, en plus de permettre d'inaugurer la nouvelle version de l'Institut qui, si elle était bien plus confortable, avait perdu le petit côté sauvage qui séduisait l'Espagnole. De remerciements. Comme s'il fallait forcer les gens à s'habiller en pingouins ou en Cendrillons pour leur exprimer de la gratitude. Luz avait songé au boycott, avant de se raviser en repensant aux conclusions auxquelles elle était parvenue à la suite de la mission précédente. Elle était une diplomate, et si ce buffet n'était pas une opération diplomatique, que pouvait-il être ?

Il lui avait donc fallu se mettre en quête d'une robe, opération qui lui avait pris un très long après-midi, non pas à cause de son indécision, mais à cause de la valeur des étiquettes, inadaptées pour la plupart à son budget. Finalement, elle avait craqué sur une robe droite, orange, qui lui laissait le dos nu, une sensation plutôt étrange. Le choix des chaussures avait été bien plus rapide - se sachant plutôt grande, Luz avait opté pour des petits talons. Elle soupira en tendant les billets à la vendeuse, pensant au nombre de joints dont elle se privait pour faire plaisir à Lily-Rose.

Spoiler:

Sa préparation avait été plus rapide que ses colocataires, puisqu'elle n'avait pas à se soucier de sa coiffure. Elle se contenta de larges boucles d'oreilles assorties à sa robe, d'un collier d'argent simple - héritage de sa grand-mère maternelle - et d'un peu de mascara. Le miroir lui renvoya une image à laquelle elle n'était pas habituée, mais au moins ne ferait-elle pas honte à l'Institut.

Avec précaution, elle finit par rejoindre le hall. Elle savait que Roxie préparait quelque chose, mais préférait attendre un peu avant de découvrir de quoi il s'agissait. A tous les coups, ce serait bruyant. Inspectant la piste de danse installée pour l'occasion, elle vit un Damian sur son trente-et-un, semblant attendre quelque chose, ou quelqu'un.

*Wow.*

La question de la honte refaisait surface : si tous ses camarades étaient vêtus de la sorte, Luz était persuadée de ressembler à une gueuse. Afin de masquer son embarras, elle décida d'aller aborder son charmant coéquipier.

- Damian ! Tu es splendide ce soir.

Avisant seulement la fleur qu'il tenait, elle lui jeta un regard interrogateur.

- Je crois que ça se met à la boutonnière. Si tu veux un regard féminin pour savoir comment la placer...

Même si en cet instant, Luz se sentait plus adolescente que féminine.

Bon bon, la salle était un peu vide. Pas encore peuplée de people. Sans doute que Mia ne tarderait pas trop à arriver, enfin du moins si elle répondait dans en positif à son invitation. Damian essayait d'imaginer la splendide porto-ricaine en robe de soirée, pomponée et tout ce qui va avec... Son sang ne fit qu'un tour et il sentait la chaleur lui monter le long du cou.

Finalement depuis son arrivée au old school tout un tas de choses s'étaient passées. Il avait rencontré des gens formidables, une nouvelle famille d'accueil, il s'était fait des amis, des enemis et aussi, plus important il s'était trouvé un objectif dans la vie.

Alors qu'il était perdu dans ses pensées, la voix de Luz le sortit de cet état.

"Oh Luz... Merci, mais toi aussi je me dois de te retourner le compliment, tu es très belle!"

dit-il en regardant sa coéquipière qui ne les avaient pas vraiment habitués à ce genre de vêtements. On sentait qu'elle n'était pas à l'aise mais la robe lui allait bien, léger maquillage autour des yeux. Efficace.

"Je suis content de contempler la Luz en tenue de soirée" dit il avec un sourire joint à une légère courbette pas très à l'aise par manque d'habitude de porter un costume.

Elle enchaina avec un regard interrogateur alors qu'elle venait de remarquer la Rose qu'il tenait entre les mains. Elle lui proposa son aide pour agrafer la rose sur sa boutonnière. Méprise.

"Effectivement ça pourrait être une idée mais je préfère la garder avec moi pour l'instant... Je pense l'offrir à quelqu'un"

Il repensa à Mia qui devait toujours être en train de parfaire sa tenue, et surtout il espérait qu'elle pensait à lui en se préparant.

Mia venait d'arriver sans qu'il l'ait entendu. Son cœur se mit à battre la chamade, cognant fort contre sa poitrine, et déclenchant une vague de chaleur le prenant du ventre qui montait ensuite tout doucement. Ses tempes étaient elles aussi surchargées par les battements.

Elle était venue, cela voulait donc dire qu'elle partageait son attirance. Et pour couronner le tout elle était magnifique, la splendeur incarnée. Jusqu'au léger parfum qu'il ne parvenait pas à identifier, mais qui lui parvenait doucereusement. Elle était tout simplement enivrante dans sa globalité. Du coup, il se trouvait un peu pataud sur le coup.

"Heu... Non... je discutais avec Luz... Tu... Tu es très belle"

Il était scotché devant elle. Oubliant quelques temps la rose qu'il tenait entre les mains. Ses pensées se mélangeaient dans sa tête. Il aurait pu dire quelque chose de plus construit que ca, au moins le compliment était clair et venait du coeur.... Il l'a détaillé des pieds à la tête. Superbe brin de femme. Pour lui?

Damian s'avança vers Mia, lui tendit la rose qu'il lui réservait après avoir faire une légère courbette.

"un modeste cadeau, une belle rose pour ma splendide coéquipière" Il failli se raviser pensant à Luz, pourvu qu'elle ne le prenne pas mal.

Il se redressa et lui tendit nonchalament son coude comme il avait vu le faire dans certains films pour aller en soirée.

Le compliment de Damian arracha un petit sourire bref à Luz.. Bref, car lorsque Mia entra en scène, l'Espagnole comprit qu'il ne s'agissait que de pure politesse. Lorsqu'un mec était réellement troublé par l'élégance d'une fille, il réagissait exactement de cette façon : en bafouillant, ou en ayant une brève absence, correspondant sans doute à une comparaison entre la réalité et les recherches personnelles sur internet.

La Portoricaine avait un point en commun avec Luz : elle était latine. Mais elle, c'était dans le sens positif du terme, celui qui faisait fantasmer les hommes sur tous les continents. Le pire étant qu'à peine arrivée à l'Institut, elle s'était déjà montrée des plus utiles en mission, et sans elle, les Blue Lagoon seraient peut-être encore en train de fuir un des robots de Forge. Une pointe de jalousie émergea chez l'Espagnole, qui la camoufla derrière un sourire "je-suis-vraiment-heureuse-pour-vous-vraiment-je-vous-jure-si-si" de façade. Et ravala les remarques acerbes desquelles elle aurait volontiers ponctué chacune de leurs réparties.

*"Je ne suis pas en retard j'espère ?" Bien sûr que si, tu es en retard, ça fait partie du cliché numéro six des comédies romantiques, même moi je sais que c'est au mec d'attendre. "Tu es ravissante Luz" Il manque "...mais bon, toi à côté de moi, c'est une ortie voisine d'une orchidée, même si je consens à te lâcher des conseils de style pour que tu aies l'air moins ridicule". Et puis "Une belle rose pour ma splendide coéquipière, par opposition à la grande moche que je devais me coltiner depuis le début, bon sang, c'est injuste qu'ils m'aient pas mis avec la bombasse russe des Pink Ladies, je mérite mieux que ça moi !"

Mais après une échange de compliments durant lequel elle dut se retenir d'éclater de rire, elle comprit qu'elle n'était plus la bienvenue. Du reste, elle n'avait pas exactement envie de les voir se peloter. Ce qui allait arriver, c'était évident, au point de rendre toute la mise en scène un poil superflue. Autant les laisser afficher leur amûr à tous, et tant pis pour les egos sensibles qu'ils flatteraient. D'un coup, Luz avait vraiment, vraiment envie de retourner dans sa chambre et de la transformer en aquarium.

- Bon, et bien, je vais vous laisser. Félicitations, vous...

Le sarcasme étant un animal sauvage, il ne pouvait être éternellement enchaîné.

- ...vous êtes très beaux.

Le sourire commercial disparut dès qu'elle eut le dos tourné. La réception diplomatique la gonflait déjà.

Jardin

Mia avait répondu à son compliment et lui en avait retourné un à son tour. Décidément c'était une très belle journée. Elle resplendissait de beauté, elle était tout simplement magnifique. Tout se bousculer dans sa tête : sentiments, crainte, peur, envie, désir. C'était nouveau finalement pour le jeune homme, qui avait été globalement seul la plupart du temps.

Elle avait même hésité pour dire qu'elle le trouvait beau.

"Merci..." Il ne sut pas trop quoi dire de plus pour l'instant. Gêne de la situation. Finalement ce n'était pas une simulation ce que l'on voyait dans les films.

Luz décida de s'en aller. Damian se demanda si c'était à cause d'eux qu'elle partait? Peut être se sentait elle de trop? C'est vrai qu'il l'avait un peu swappée à l'instant, mais bon certaines circonstances exceptionnelles l'éxigeaient. Et l'amour en était une non?... Enfin, Damian l'espérait de tout son coeur... Il fallait maintenant passer au plus dur : se jeter à l'eau, voir si la personne aimée partageait la même chose que lui. C'était une autre paire de manche.

"Merci Luz... J'espère que tu..." Partie...

Il se tourna vers sa superbe cavalière, toujours à son bras, plongeant ses yeux bleus dans les siens.

"Décidement j'ai de la chance tu es vraiment très belle..."

C'était sorti comme cela. Il le pensait vraiment et il dévorait d'envie de la prendre dans ses bras. Pourtant il se retenait, jusqu'à en trembler... Et si elle ne voulait pas?

Il noya le poisson et regarda autour de lui. Pas âme qui vivent... La chanson qui passait arrivait à son terme. Avec de la chance, et il en connaissait un rayon, ce serait un Slow... Il le fallait.

"La piste est à nous... si on en profitait pour l'occuper et danser... Belle jeune dame?..."

Luz se décida à prendre congé d'eux, un peu brusquement, d'un air cordial mais sans attendre que Damian finisse de parler. Etrange... Elle ne savait pas trop comment fonctionnaient les mutants mi humains, mi légumes. Elle n'avait pas eu sa dose de chlorphylle? Elle n'avait pas assez de plantes à fumer et était en manque?

Elle oublia vite la plante verte lorsque son cavalier lui adressa de nouveau la parole avec un autre compliment sur les lèvres. Un sourire amusé étira ses lèvres.

"De la chance? Quoi de plus normal pour un mutant spécialisé dans la chance?" fit-elle d'un ton légèrement amusé.

Elle sentit le bras de Damian trem.bler légèrement, elle se demanda s'il avait encore mal à la jambe et qu'il refusait de le montrer. Elle se sentit inquiète pour lui, ce qui la surprenait. Pourquoi se préoccuper autant de son état? Ses questionnements intérieurs semblaient vouloir mettre à jour une chose qu'elle avait occulté depuis quelques temps, volontairement ou non. Son invitation à danser tomba à pic, elle en profita pour se ressaisir et lui offrit un sourire charmant.

"Avec plaisir, voyons comment tu te débrouilles maintenant que tu es guéri et valide."

Elle se demanda quel style de musique passerait aprés la fin du morceau qui se terminait presque. Elle était curieuse de découvrir les talents de danseur de son cavalier et ne put s'empêcher de le lui demander.

"Que sais-tu danser au fait?"

Bien le moment du contact était arrivé. Tout se déroulait pour le mieux, il était quasiment seul avec la belle Mia, elle était venu à son rendez vous, il ne restait que la musique.

Coup de chance ou pas, la musique enchaina sur un morceau assez calme propice à la danse à deux. Un vieux slow des années 90 composé par un vieux groupe de hard rock, qui, il fallait bien l'avouer à ce jeu là étaient les meilleurs. Une aubaine...

Il regarda la belle élémentaire qui semblait sous le charme du mutant chanceux, qui pour le coup, l'était vraiment. Allait il pouvoir passer le cap...

"Grâce à toi et à ta patience, ça devrait le faire..." lui répondit il avec un sourire.

"Je ne suis pas vraiment un grand danseur, hormis les trucs de base, les slows et les pas rythmés que j'avais appris pour les représentations au cirque... Mais bon là sur un slow je devrais y arriver... Mais je suis certainement moins doué que toi sur ce terrain là... Il parait que vous avez la danse dans le sang..."

Il enchaina sur ces derniers mots, en s'avançant doucement vers la jeune femme. Il fit attention à ne pas la brusquer, et fit comme s'il s'agissait d'un objet précieux.

Prenant l'initiative de la rapprocher de son corps comme il le souhaitait, il lui passa les deux bras autour de la taille, faisant attention à sa robe et surtout à l'endroit où il posait ses mains - les filles sont parfois susceptibles avec certaines parties de leur anatomie-

Son coeur battait si fort la chamade à son contact qu'il était persuadé que Mia devait soit l'entendre, soit le ressentir au toucher.

Il sentait le sang qui lui tamponnait les tempes, le rendant sûrement rouge comme une tomate trop mure. Enfin c'était l'impression qu'il avait de cette sensation.

Il pouvait sentir son corps contre le sien, et son odeur si délicieuse, comme une sorte de drogue imparable qui l'attirait vers elle. Il attendait de voir sa réaction à son approche, certainement maladroite mais sincère...

Une petite voix en lui n'arrêtait pas de lui crier "serre là fort, embrasse là" mais il résistait. En fait il ne savait pas, un peu comme tous les hommes quand ils étaient amoureux. Oui c'était bien le mot.

Il mourrait d'envie de la serrer fort contre lui et de l'embrasser, cela devait aisaiment se deviner de l'extérieur.

"Mia... Je..."

C'était une situation qu'elle n'aurai jamais osé rêvé, un rendez-vous galant avec Damian dans un cadre de rêve! Graymalkin avait bien changé depuis l'arrivée de la portoricaine. Elle avait du mal à croire qu'un mois à peine était passé entre son arrivée, la mission Forge, la rééducation secrète de Damian, les moments passés avec lui à parler, se ballader et autre. Elle se rendait compte que sa vie n'avait plus rien à voir avec celle qu'elle avait avant de rencontrer les mutants de Graymalkin.

Elle était heureuse ce soir, oui, c'était le mot. Et il lui proposait de danser, ce qu'elle avait bien sûr accepté. Comme par un heureux hasard, un slow avait commencé, un morceau excellent d'après ce qu'elle pouvait entendre, un trés vieux morceau qui datait bien avant leur naissance mais qui illustrait bien la magie du moment.

Damian avouait connaitre seulement quelques danses simples et des bases, il parla même de pas rythmés appris au cirque.

"ça ira amplement, il n'est jamais trop tard pour apprendre et progresser. Par contre tu généralise vite là, c'est vrai que la danse m'est naturelle mais ce n'est pas le cas de tous les latinos."

Elle faisait cette remarque avec un sourire doux, indiquant clairement qu'elle n'avait pas été vexée mais plutôt amusée par la remarque naïve de son partenaire. Ce qui ne le rendait qu'encore plus touchant à ses yeux.

Il se rapprocha de lui pendant qu'elle lui répondait, l'enlaçant contre lui, non en posture de slow mais les deux bras autour de sa taille. La latina se sentit rougir, il la troublait profondément et la tenait comme un amoureux. Se pouvait-il qu'il soit sincèrement attaché à elle? Elle n'osait trop espérer. Plaquée sontre son torse, ne sachant que faire de ses mains qui n'avaient pas trouvé le point d'appui habituel pour danser, elle finit par les poser sur ses épaules. Elle eut l'impression de s'accrocher à lui comme une noyée qui se sentait couler dans un abysse sans fin. Une boule se formait dans son ventre, l'irradiant de chaleur.

*Oh mon dieu! Je vais me noyer!* pensa-t-elle, ses yeux plongés dans les lagons bleus du jeune homme. Curieuse pensée venant d'une élémentaire d'eau mais qui traduisait au mieux les sensations qui la sumbergeaient. Le coeur de Damian battait à tout rompre, elle pouvait le sentir à travers sa veste et sa chemise, dérisoires barrières qui ne pouvaient masquer les émotions du jeune homme qui commençait à rougir de plus en plus. Le coeur de Mia se rythmait à l'unisson à celui de Damian. Elle réalisait qu'elle avait nié une évidence. Ce qu'elle avait pris au départ pour une forte attirance associée à une grande complicité n'était pas qu'une attirance.

*Je... je suis...* elle n'arrivait pas à oser se le dire, elle bloquait encore.

Damian commença à murmurer, hésitant et troublé.

Au son de sa voix émue, une barrière s'effondra en Mia, elle venait de comprendre et d'accepter.

*Oh mon dieu, oui, je l'aime!*

Ne laissant plus la peur la dominer, elle avait décidé de lâcher prise et de se laisser porter par ce que la vie lui offrait, ce qui devait finalement se voir lorsqu'elle lui répondit d'une voix légèrement rauque.

"Oui."

Ce n'était pas une question, mais une réponse à une question qui n'avait pas été posée. Elle se mordit la lèvre inférieure quelques secondes, légèrement effrayée par cette nouvelle sensation de liberté. Elle ne savait pas ce qu'elle allait devenir, elle ne contrôlait plus rien, mais une chose était sûre, Damian avait pris une grande place dans sa vie et elle tenait à lui. Elle tremblait légèrement, encaissant ces révélations intérieures qui lui tombaient sur la tête d'un coup, les yeux aggrandis par l'envie, l'espoir d'un baiser qui les libèrerait de cette terrible attente.

La latina rougissait, elle aussi, alors qu'il commençait à la serrer contre lui. Elle se retrouvée plaquée contre sa poitrine, elle finit par poser ses mains sur ses épaules. Une position très agrèable, sentir l'être aimé contre soi, sentir son coeur, son parfum, respirer au rythme de ses inspiration, et être envahi par sa propre chaleur.

Damian se sentait tout chose au contact de la féminité de Mia. Les pensées se bousculaient en lui. Les sentiments l'envahissait, et il sentait bien que pour elle, c'était la même chose. Ce ne pouvait être que la même chose. Pourtant il avait toujours cette appréhension en lui, l'idée de faire fausse route, de se tromper sur les informations que les gestes et attitudes de la jeune femme lui renvoyait.

Oui il l'aimait. Cet amour ne troublait il pas son jugement? Son interprétation des signaux que lui envoyait la belle porto-ricaine?

De toute façon il n'y avait qu'un seul moyen de percer à jour ce mystère. Il fallait lui avouer ses sentiments, se laisser porter. Mais bon c'était plus facile à dire qu'à faire. Il se demandait si les autres garçons étaient aussi hésitants que lui, dans ce genre de situation? Après tout, s'il se trompait, ce serait peut être difficile à vivre pour lui comme pour elle, mais la vie continuerait sans eux et il faudrait bien qu'ils s'y conforment... Mais pourrait il accuser le coup de cet échec? Pourrait il vivre à l'idée que quelqu'un d'autre que lui partage des moments intimes avec l'élue de son coeur? Pourrait il rester ami avec elle? Difficile à dire.

Il n'y avait qu'une solution pour le savoir. Alors qu'il se décidait maladroitement en bégayant ce qu'il se préparait à lui dire, elle lui répondit *oui*...

Comme pour étoffer cette réponse si courte, qui pouvait signifier tant de choses, le temps sembla ralentir, alors que la vitesse de ses battements cardiaques, elle, augmentait. Il la vit qui se mordilla la lèvre inférieure quelques secondes. Le moment de vérité approchait.

*Mon dieu ce qu'elle était craquante* pensa t'il. Pour illustrer sa moue si délicieuse, elle se mit à trembler légèrement illustrant le fait qu'elle aussi vivait quelque chose d'intense de l'intérieur. Plus de doutes, ça ne pouvait être que la même chose que lui se mit-il à espérer, avant de se rapprocher jusqu'à toucher son front avec le sien, et contempler les yeux de sa coéquipière grands ouverts plongés dans les siens.

Il n'en pouvait plus. Il approcha un peu plus, ferma les yeux et posa ses lèvres sur les siennes. Un baiser magique où tout le stress, et les sentiments accumulés se libérèrent d'un seul coup, au profit de cet instant qu'il espèrait voir durer une éternité.

Timour avait consacré du temps à passer et repasser son smocking pour être le plus classe des aliens. Il descendait néanmoins les marches quatre à quatre, guidé par la musique tendre qui émanait du hall. Ça alors, quelle surprise ! Il n'y avait que Damian et Mia. Enfin, ils étaient si proches et enlacés que Cupidon dut s'approcher à pas feutrés pour s'assurer de leur identité. Olala, Damian qui touchait ses lèvres !! Warning rouge !!!

Qu'ils étaient beaux ! Cupidon sentit une drôle de grosse vague de chaleur lui parcourir le corps. Il se sentit rougir - phénomène qui ne se voyait guère chez lui - et son petit cœur s'emballa. Un ravissement léger et prometteur s'engouffra dans ses veines. Une boule se formait dans son ventre, l'irradiant de chaleur.

Difficile de dire de qui ça venait, mais comme Luz n'était pas là, c'était forcément pas de lui ! Et puis elle avait plus tendance à le refroidir qu'autre chose. Autre indice, depuis quelques temps Timour ne parvenait guère à lire les émotions de Damian. L'empathe tituba légèrement, comme s'il était un peu ivre, jusqu'aux tables de friandises. Il brancha ses sondes empathiques sur la belle Mia en robe bleue, et s'imprégna de l'amour naissant féminin ... Waw ... le trip total.

"Hawkeye, t'es vachement un beau gosse. J'te kiffe à mort ..."

Dit-il de sa voix fluette, pour lui même. Aucune chance que le jeune couple entende avec le bruit de la musique. C'est vrai qu'il ressentait une sacré envie de se pendre au cou du mutant chanceux !! C'était même sacrément flippant. Etourdi, l'alien en smocking noir se tourna vers les rafraichissements, dans l'idée de s'occuper les mains. Un verre de coca. Parfait. Bordel, qu'est-ce qu'il était kiffant Damian ... L'attirance était délicieuse, et pleine d'espérance ... et ce baiser gracieux ...

Timour sirota discrètement son coca, tout en s'appuyant de l'autre main contre la table. Il observait le couple de son regard vide, sa tête bombée oscillant au rythme lent de la musique. Il attendait de recevoir in live les sentiments que le courageux baiser de Damian inspireraient à Mia ....

Bon, il avait franchi le cap et il ne le regrettait pas, la pression s'était évacuée immédiatement. Elle avait répondu favorablement à sa "demande", c'était comme si ils avaient toujours été fait l'un pour l'autre. L'une des mains de son amante remonta jusqu'à prendre place sur sa nuque et ses doigts glissèrent dans ses cheveux.

Sensation électrique à ce contact. Des sensations nouvelles s'ouvraient au jeune homme qui n'aurait jamais imaginé cela.

Elle prit même l'initiative dans leur échange en duo se montrant plus audacieuse. Ses lèvres s'entrouvrirent et elle vint glisser sa langue à la recherche de la sienne. Le french kiss... Il sentit alors qu'ils étaient encore tous les deux sous l'emprise de l'un et de l'autre, qu'elle se rapprochait de son corps jusqu'à être totalement collée contre lui. Il pouvait sentir son corps répondre au sien, et bon il fallait dire ce qu'il en était Mia était dotée d'un corps aux courbes parfaites.

Il sépara ses lèvres des siennes pour pouvoir la contempler et elle ouvrit les yeux à son tour pour le regarder.

Elle ardait un grand sourire qui montrait sa satisfaction, un grand sourire auquel il répondit, puis elle ferma ses yeux de nouveau et en réclama un autre. Ils échangèrent un nouveau long et tendre baiser avec plus d'assurance, moins troublé par le désir. Il laissait libre cours à ses mains dont l'une s'était rapprochée de sa nuque si douce sur laquelle il recevait la caresse de ses cheveux fins, et l'autre lui caressait le dos.

Quand le "moment" fut venu, comme s'il avait repris le contrôle de son esprit. Il prit une pause dans leur échange amoureux. Il recula un peu la tête pour la contempler, elle, l'objet de son désir. Elle était superbe, à croire que l'amour embellissait les femmes. C'était certainement vrai. Enfin si elle avait des sentiments pour lui, il se doutait que c'était le cas après cet échange fusionnel, mais à quel point?... D'ailleurs pourquoi se poser autant de questions? Il fallait qu'il le lui dise... Elle avait plus d'expérience que lui...

Il lui murmura donc doucement ce qu'il avait dans le coeur.

"Mia... Je t'aime"...

Tout était dit.

Il ne voulait pas en dire plus pour l'instant de peur de paraître trop jeunot pour elle, trop inexpérimenté. Pourtant il crevait d'amour pour elle et rêvait de le crier à tout le monde, ici à Graymalkin. Il voulait la serrer extrêmement fort contre lui pour lui montrer la force de ses sentiments.

Il l'embrassa de nouveau après lui avoir tendrement caressé la joue, puis ses magnifiques et langoureuses lèvres.

Et c'est là qu'il remarqua Timour sur une chaise au bar en train de siroter discrètement son coca, il était appuyé de l'autre main contre la table et les observait, le regard vide, la tête bombée oscillant au rythme lent de la musique.

Damian interrompa son baiser, faisant un discret signe des yeux à sa compagne.

"Salut Timour t'as la classe ce soir!"

Et bras dessus dessous il s'approcha avec Mia du jeune Azeri pour ne pas paraître incorrect. Bien qu'il n'avait qu'une envie, trouver un coin tranquille et embrasser Mia à nouveau... Toute la nuit... Toute la vie...

Timour se sentait chavirer devant la fougue passionnée du cœur bondissant de la Porto-ricaine. Il vécut exactement la même transe, au point de ressentir le contact des lèvres du jeune homme sur les siennes, et tout comme Mia il n'aspirait qu'à s'enfouir en lui et recevoir toute sa chaleur virile. C'était un grand moment. Il en avait les mains moites, son verre de coca glissait entre ses doigts.

La pièce tournait autour des deux amants, autour de lui. Ses pensées stoppèrent leur cheminement, laissant place à l'amour, la joie et le désir le plus brut. Feu, alcool, passion, tout son être bouillonnait et n'aspirait qu'à encore plus de chaleur et de braises.

Ce n'était pas le verre de coca qui allait les lui apporter ... mais l'empathe ferma les yeux et bénéficia de chaque onde de plaisir émanant d'Ondine. Et c'était un feu d'artifice ! Il approcha ses lèvres fines à son verre de coca, pour mouiller sa langue au liquide acide, sucré, et pétillant. Serait-il un jour abreuvé ? Il espérait que ce ne serait jamais le cas et savoura ce moment de plénitude.

Quand il ouvrit les yeux, Damian, l'objet de son désir, et sa belle Amazone étaient là, bras dessus bras dessous. Timour remit son verre sur la table, d'un geste lent et timide.

"Ça, ça me fait plaisir. Toi aussi t'es pas mal."

Lui répondit-il en clignant des yeux, où pétillaient des étoiles. Combien aurait-il donné pour que ce bel amant l'embrasse à nouveau, maintenant, tout de suite, passionnément, à la folie ?

L'empathe se détacha de la table et s'approcha de Damian. Il lui fit un petit signe pour parler dans son oreille, afin que sa cavalière n'entende pas. Tant pis pour les bonne manières. Cupidon aurait bien mordillé cette oreille du beau garçon de cirque.

"Alors mec ? T'as vu comme je progresse ? Grâce à mon intervention psychique, cette meuf est à toi pour toute la soirée. Profites-en ! Tu me remercieras plus tard. Et si t'en veux une deuxième ... envoie-moi un texto !"

Lui murmura-t-il, en en profitant pour caresser discrètement la nuque du bel homme, l'air de rien. Pourquoi cette fourberie ? Il n'en savait rien, ça lui était venu comme ça. Timour n'avait pas influencé Mia, mais il lui plaisait que Damian le pense, et qu'une déception amère s'empare de lui ...

Puis il regarda alternativement les deux fougueux danseurs, d'un air béat. Il se mordilla un peu la lèvre, tel un petit garçon Breton qui aurait bu en secret une bolée de cidre.

Timour lui rendit le compliment. Il avait l'air un peu dans les vaps. Le petit Azeri se détacha de la table et s'approcha de Damian. Il lui fit un petit signe pour parler dans son oreille, afin que sa cavalière n'entende pas. Pas très bien élevé le bougre.

Il lui dit un truc qui fit froid dans le dos de Damian. Il regarda du côté de sa cavalière. Non ce n'était pas possible, pas après toute la proximité et le temps qu'ils avaient passé ensemble. Tous les moments de contacts défilèrent devant lui en un instant, la première fois qu'il l'a voyait, la mission, son aide et sa patience pour que la réeducation douloureuse se passe bien, tous ces moments où la jeune femme et Damian s'étaient rapprochés, ce ne pouvait pas être l'oeuvre de Timour? Si? Il n'avait pas été là à chaque fois qu'ils s'étaient confiés l'un et l'autre... Même si le doute était là, ce soir n'était qu'une conclusion de sentiments partagés, après tout elle était venu à son rendez vous... Ce ne pouvait pas être sous l'effet du pouvoir de Timour impossible...

Le doute...

L'Azeri caressa discrètement la nuque du bel homme, l'air de rien, alors que tout se bousculait dans son esprit, doute, amour, confiance, trahison.

Mia réagit au contact sur la nuque de Damian en lui envoyant un pique sur son identification à Walentyn, était ce sous le coup de l'empathie de Timour?

Un peu chamboulé Damian recula un peu et se détacha en se tenant la tête. Bon il fallait réagir et en avoir le coeur net. Après tout c'est pas comme s'il venait d'avouer ses sentiments à une possible marionnette manipulée par Timour.

D'un autre côté, ce n'était pas possible. Pourquoi? Il ne pouvait pas faire fi de la somme des moments qu'ils avaient passé ensemble ces dernières semaines. La franchise. Il devait être franc avec elle, il l'aurait été avec les PF, Eden ne se serait pas fait enlever, et la plupart des élèves de l'école n'auraient pas du risquer leurs vies pour elle, et la couardise de Damian.

"Mia?"

Il l'attira un peu plus loin. Loin de l'aura de Timour, il ne savait même plus si son pouvoir pouvait agir à distance. Il lui parla doucement pour pas que l'Azeri entende.

Tout en gardant l'une de ses mains dans la sienne il lui caressa la joue de l'autre et s'approcha pour la confidence.

"Je... Je... Tu sais ce qu'il vient de me dire?... Qu'il est en train d'agir sur toi avec son pouvoir... Je ne sais plus quoi penser, pourtant je me dis que ce n'est pas possible avec tous les moments que l'on a vécu ensemble... Dis moi que ce n'est pas vrai? Les embrassades de tout à l'heure n'était pas juste une manipulation? Tu ne m'auras pas oublié demain? Je suis vraiment fou d'amour pour toi et..."

Sentant des larmes monter, et ombrer son regard, Il déposa un baiser sur les lèvres de son amour en proie au doute déclenché par l'empathe.

Timour avait rarement ponctionné un sentiment aussi farouchement amoureux que celui de Mia. Une sorte d'amour brûlant et avide, une rage d'aimer. La frontière avec le désir n'était pas nette. La mutante voulait clairement sauter sur son amant et passer le reste de la nuit avec lui, mais quid, quand cette soif ardente serait assouvie ? L'empathe, qui n'avait guère porté attentions aux préliminaires, demandait à voir. En tout les cas, grâce à l'Ondine, il prenait son pied. L'amour féminin avait un côté succube qui le mettait en transe. La fille avait du caractère.

Branché en permanence sur les émotions de Mia, Timour perçut les infimes variations de son humeur. Une pointe de gêne s'exprima lorsqu'elle se rendit compte de la présence de l'Azéri. Il rit en pensée. La Mia n'est pas partageuse ! Que c'était savoureux, ses efforts de mondanité polie.

"Ben ouais ! Et vous aussi vous déchirez."

Répondit-il simplement, encore chaud bouillant de l'expérience. Hop voilà qu'elle fut surprise de son geste tendre à l'égard de Damian. C'est vrai qu'elle ignorait qu'il bouillait du même amour qu'elle. De son amour à elle.

"Pas besoin d'être une fille pour baver devant Chimère. C'est le meilleur d'entre nous."

Il haussa les épaules, l'air totalement indifférent à la pique lancée par Mia. Quelques semaines auparavant il n'aurait pas supporté cette remarque, mais il avait fait du chemin, avec Arkin notamment. Cette pique confirmait que la belle Porto-ricaine n'avait aucune idée de ses capacités, et cela emplissait Timour de joie.

Côté Damian, pas besoin d'être empathe pour voir que ça se bousculait dans sa caboche. Timour observa sa réaction en gardant son sourire d'enfant saoul. Puis il vit Hawkeye, tout troublé, attirer sa belle à quelques pas, se montrant d'une impolitesse peu commune ! Laissé seul, Timour revint vers la table et la longea pour conserver la bonne distance de quelques mètres entre le couple et lui.

Voilà plusieurs jours que le fan de Walentyn avait remarqué, non sans en concevoir une joie intense, qu'il pouvait désormais influencer le cœur des gens à distance. Un pas qui le rapprochait de Désir, la maîtresse-empathe. Il s'était évidemment bien gardé de le révéler à quiconque.

Toujours branché sur Mia, Timour se demandait ce que Damian disait. En même temps ... le mutant chanceux était tellement prévisible. Il ne l'avait jamais entendu mentir, ni dire du mal de quiconque. Toujours sympa, toujours franc. Le pote idéal. Le pote de Timour, d'ailleurs.

Aussi, l'empathe se doutait que Damian racontait toute la vérité, rien que la vérité, à se chère et tendre. Disait-il qu'il valait mieux en rester là dans leur relation ? Possible... mais non, il l'embrassait ! Un vrai chevalier n'aurait pas abusé plus longtemps d'une marionnette.

Disait-il carrément que tout était manigancé par Cupidon ? Vu comme il faisait en sorte que son ami n'entende pas, et connaissant la franchise de l'Américain, c'était fort probable. Faux frère ! Ah et pourquoi Décibel n'était pas là quand on avait besoin de sa Grande Oreille ...

Eh bien tant pis.

L'empathe imposa donc à Mia un sentiment de méfiance à l'égard de Damian, en s'assurant bien que ce sentiment resterait vif face à l'amour endiablé de la demoiselle. Méfiance, incrédulité, soupçons ... les ingrédient parfaits d'une scène de ménage. Il espérait ainsi se protéger de toute coalition des deux amoureux contre lui. Diviser pour mieux régner. C'était sûrement un proverbe inventé par Walentyn ça.

Ayant posé son verre de coca vide, Timour prit quelques popcorns, tel un malheureux laissé seul par de bien méchants "amis". Il guetta même la porte pour voir si quelqu'un allait le sortir de sa solitude.

Elle venait de sentir une profonde méfiance envers Damian visiblement au vu de sa réaction. Elle semblait blessée au lieu d'être apaisée par sa franchise. Elle s'écarta de lui.

Comme si elle était en proie au doute. Cupidon pouvait il la manipuler? Elle semblait en proie à un fort sentiment intérieur et visiblement celui-ci n'allait pas à l'avantage du mutant chanceux qui pour le coup ne l'était plus du tout...

Les mots qu'elle lui administra dans la face lui brisèrent le coeur : Je ne comprends pas, tu t'es servi de lui pour m'influencer? Depuis quand ça dure ce petit jeu... Il vit le monde s'écrouler autour de lui, alors qu'il venait à peine de se bâtir.. Toutes les épreuves qu'il avait traversé depuis sa plus tendre enfance, les malheurs, avaient été un peu oubliés quand Mia l'avait embrassé... Et puis, tout venait de partir dans les abymes. Ce n'était pas juste.

Il put voir ses lèvres trembler de chagrin, Damian savait ce qu'elle avait traversé et elle était encore fragile de tout ce qu'elle avait vécu depuis le mois dernier. Cupidon jouait il avec ses sentiments? ses émotions? Dans quel but?

Les larmes montèrent aux yeux du mutant de Chicago. Il ne put les retenir un instant de plus, toute sa vie venait de se briser en l'instant, et visiblement ça ne servait à rien de polémiquer. Elle venait de lui cracher du venin à la figure, malgré ce qu'il avait vécu pendant ces quelques semaines. Il l'aimait plus que tout ce qu'il y avait sur cette terre, et voir toutes ces journées balayées c'était trop... C'était Cupidon, il le savait c'était son pouvoir, il s'en était dejà servi ainsi.

Entre deux sanglots... "Mia pas toi... Non pas ça... Pas ça, pas après tout ce que l'on a vécu... Je t'aime à en crever... Je..." A quoi bon. Elle n'était plus elle même, et si ça se trouve elle allait le haïr si Cupidon en avait envie...

Il se sentait con, nul, abattu, plus rien n'avait de sens. Tout ce qu'il avait prévu, tout l'amour qu'il avait entassé, et mit du temps à combler venait d'être balayer en un instant. Il en tremblait de rage, de colère... Il avait envie de tout casser. Il fallait qu'il répercute sa colère sur quelque chose.

Il enleva sa veste et défit sa cravate, honteux, plus besoin de ça. Bafoué et humilié dans son amour propre. Cupidon "son ami" venait lui aussi de le trahir en manipulant certainement la personne qui comptait le plus pour lui au monde.

Regardant son aimée une dernière fois, brûlant d'amour et de la fougue d'adolescent bourré d'hormones. Il prit sa décision.

"Mia... je ne peux pas vivre sans toi, pas après ce que l'on vient de vivre... Je préfère partir que de ne plus t'avoir..."

Il la laissa là... Ca ne servait à rien de discuter. Il était seul depuis le début de sa vie, il était peut être destiné à cela... Tel Job dans la bible, le revers de la chance était peut être la solitude. Il était sympa et tout le monde se retournait contre lui, manipulés ou pas. A quoi bon discuter avec une fille au tempérament de feu? Il ne servait plus à rien ici. Pourrait il la reconquérir un jour?

Il venait d'être trahi de la pire façon qui soit. Tout se bousculait dans sa tête d'adolescent.

Il s'arrêta devant Cupidon qui contemplait la scène. Il était prêt à lui faire payer... La rage monta en lui, il en avait les poings qui tremblaient et tous ses muscles contractés...

Il leva le poing prêt à atomiser son camarade... Mais... A quoi bon... Ca ne changerait rien... Il repporta sa colère sur un tabouret montant se trouvant à côté de lui et le défonça sur le bar. Ca ne sert à rien mais ça soulage.


"T'es content?... Moi... Moi qui te considérait comme un ami, je... Je me suis même défoncé à chercher ta balle fétiche... Et c'est en la manipulant elle que tu me remercies... Tu me déçois mec... tu me dégoûtes!... Va crever!... A part Mia, vous me dégoûtez tous... J'me casse d'ici... Au cirque j'avais pas tous ces problèmes..."

On ne jouait pas avec l'amour... Surtout avec quelqu'un qui n'en avait jamais eu... Orphelin un jour orphelin toujours. L'amour de Mia et sa confiance, c'était la meilleure chose qui lui était arrivée. Il venait en un instant de perdre, l'un et l'autre pour le plaisir d'un ado difforme. Quelle merde la vie parfois!

Il se retourna une dernière fois pour contempler l'élue de son coeur. Plutôt crever que la perdre à jamais.

"Mia... Je t'aime... Ne l'oublie jamais... Jamais..."

Chambre des garçons.

Tout allait comme sur des roulettes. Mia passait de l'amour à la colère et arrivait à bon port, la méfiance. Bientôt, il le sentait, la dispute allait éclater. Mimant l'indifférence, Timour empoigna son téléphone portable et entreprit un petit SMS à sa meilleure amie. Une vieille affaire à régler.

Timour à Roxie a écrit:

ROX fo kon svoi g du lour pour toa ((sur Meat Loveuse)) 1 bon nouvL é 1 movèz tu veu lakel -Qpidon-

Tapotait-il à la vitesse de l'éclair. La souffrance de Mia était palpable, elle voyait toutes ses certitudes s'ébranler, s’effondrer sous elle. Sa méfiance nourrissait déception et tristesse, la descente aux enfers.

A peine eut-il appuyé sur la touche "envoyer" que son regard de moustique fut attiré par Damian ôtant sa veste et sa cravate. Le garçon semblait bouleversé, complètement désorienté. L'empathe s'en trouvait indifférent, trop d'émotions contraires saturaient la pièce, c'en était écœurant. Oh oh ... Cupidon regarda en contre-plongée ce grand gaillard en chemise de bal qui le toisait. Vu comme ses poings tremblaient, le chanceux allait faire une bêtise. Timour se sentit un moment saisit de panique. Y'avait-il la moindre "chance" d'esquiver le coup de poing d'un Hawkeye au bord du gouffre ?? L'innocent garçonnet resta transi, le portable serré dans sa main, les bras le long de son corps, les yeux vaguement orientés vers le poing rageur de Damian.

Cupidon ferma les yeux et poussa un petit cri aigu, juste avant d'entendre s'exploser un meuble contre un meuble. Par réflexe il fit un bond de côté et mit son coude devant sa figure. Son cœur battait à fond.

Mais Damian se mit à débiter toute sa haine. Timour, à peine miraculé, en fut bien sûr consterné. Rassemblant son courage, il brailla à plein petits poumons, ce qui était tout juste suffisant pour surmonter la musique.

"... C'est ça !! J'hallucine !! C'est quoi ton délire !! Pourquoi tu dis pas que je t'ai manipulé pour que tu retrouves ma balle, hein ? Pendant qu'tu y'es ! Et d'où tu m'accuses bordel ?? Putain t'es shooté à la colle !!!" Fulminait-il.

Le beau cavalier laissait la belle cavalière toute seule ... c'était le moment pour Timour de parfaire son crime ( = le meurtre de la soirée romantique de Damian et Mia).

L'empathe imposa cette fois un sentiment de colère chez Mia, de colère envers lui, Timour. Nul doute qu'il n'aurait pas trop à forcer ... mais cela lui permettait de focaliser Mia sur lui, la retenir un peu et ... terminer en apothéose.

C'était un mauvais moment à passer qui lui apporterait la gloire.