01.03/07-13.C.Buenaventura - Colombie

Jesus eut un vague regard plutôt vide quand Pedro s'exprima sur une quelconque contrepartie gagnée au détriment des clandestins. Il n'avait pas franchement l'air de le prendre au sérieux. Et ne rit pas. Juanito, lui, afficha l'espace d'un instant une expression outrée, avant de saisir qu'il ne s'agissait que d'humour. La fatigue accumulée, le relâchement de la pression, tout se mélangeait et donnait quelques difficultés au colosse pour conserver un total détachement des choses. Il finit par s'asseoir, histoire de se remettre les idées en places plus sereinement. Seul Jesus finit par lâcher, sur un ton plutôt monocorde.

"Tu me fais pas peur, gamin."

Ce devait être de l'humour aussi, à en croire la légère crispation au coin de ses lèvres qui devait s'apparenter au commencement de l'ébauche d'un sourire. Crispation qui disparut l'instant d'après. Même sur le ton de la rigolade, on ne déconnait pas avec le cargo bien-aimé de Jesus. Et la tête plutôt peu avenante du capitaine fit éclater Juanito de rire, ce qui lui valu un regard assassin qui l'obligea à étouffer tant bien que mal son hilarité. Jesus finit par hausser les épaules.

"Tu es assez grand pour choisir la vie que tu veux mener."

Pour le reste, le capitaine estima que Pedro avait pris assez de risques pour voir un minimum de réponse.

"Par bonté d'âme, c'est un bien grand mot. Ici, on a tous été des clandestins. Maintenant qu'on a un vrai travail, une vraie vie légale, on voit ça comme... Notre façon à nous de donner à d'autres la chance qu'on a eu."

Quant à la nana des FARC...

"Jimenez faisait la loi à Buenaventura. A coup de chantage, elle arnaquait pas mal de vaisseaux. Nous, on a jamais cédé, et en l'ignorant, les autres ont commencé à refuser d'entrer dans son jeu. Elle devait vraiment croire qu'elle pourrait faire un exemple avec la Pacifìco, mais manque de pot, on est vraiment des gars honnêtes. Je pense qu'à défaut, nous faire couler aurait été un bon moyen de pousser les autres à payer de nouveau."

Pas de Pedro définitivement installé sur leur navire, donc. Juanito qui s'était reprit fixa le jeune homme, un peu déçu sans doute. Mine de rien, il s'y était attaché, au colombien. Le cargo devint beaucoup plus silencieux peu à peu. Les machines étaient à présent arrêtées, certainement pour faciliter le débarquement illégale sur une quelconque plage peu fréquentée de Los Angeles.

Une fois de plus, Pedro n’avait pas d’autre choix que de faire confiance à Jesus. S’il disait qu’il était honnête, il ne pouvait que le croire. Il en était de même pour le ‘cas Jimenez’ : le capitaine était convaincu de sa malhonnêteté et il était difficile de penser le contraire. Mais n’y avait-il pas quelqu’un au-dessus d’elle qui tirait les ficelles ? Une autre question occupa l’esprit du mutant. Que feraient-ils d’elle ? S’ils la remettaient aux autorités, ce sera sa parole contre la leur et cela pouvait se révéler dangereux pour l’équipage du Pacifico, même s’ils se débarrassaient de toutes les preuves. Peut-être Jesus avait-il prévu quelque chose de plus… radical.

Le jeune colombien haussa les épaules, il se foutait pas mal de ce que Jimenez allait devenir, et décida de ne pas formuler ses interrogations. D’ailleurs, il entendit les moteurs du bateau ralentir, ce qui conclut parfaitement cette conversation à l’ambiance un peu pesante.

« Les clandestins vont débarquer maintenant, c’est ça ? Qui sait, je vais peut-être partir avec eux. Finalement, j’en suis un, moi aussi. Ça nous fait un point commun. »

Un petit sourire à la fois triste et amical fit furtivement son apparition en direction de Jesus et Juanito. Puis, quand ils n’eurent plus rien à dire, Pedro prit congé en prenant la direction de la cabine pour récupérer son sac à dos.

Alors qu’il arpentait l’un des étroits corridors du navire, le garçon se rendit compte que même s’il avait agi avec courage, les vrais héros c’étaient eux, des gens qui prenaient quotidiennement le risque de finir leurs jours à l’ombre, juste pour rendre service à des personnes désœuvrées. Mais ce qui impressionna le plus Pedro, c’était que tous ces efforts étaient faits gratuitement sans aucune reconnaissance publique en retour. Des héros de l’ombre. L’idée l’effraya : quel était l’intérêt de se mettre en danger si l’on n’obtenait rien en contrepartie ? Il ne put s’empêcher de rire en songeant à la naïveté de ses amis.

Une fois ses quelques affaires en main, le jeune mutant retourna sur le pont pour voir un peu où se trouvait le cargo. Il avait compris que les clandestins allaient débarquer incessamment sous peu, et il voulait savoir quels étaient les projets d’Eden. Dans tous les cas, il devrait la suivre.

Toutes les informations n'étaient pas nécessairement bonnes à savoir. Remettre Jimenez aux autorités semblait être dans les idées du capitaine. Mais jusqu'où pourrait-il être sincère avec un jeune qui n'avait fait qu'un bref séjour parmi son équipage? Les révélations faites, Jesus tira un peu sur l'un des bandages qu'il avait au poignet en baissant les yeux dessus. Un léger soupire, preuve peut-être d'une déception semblable à celle de Juanito lui échappa, sans que rien de bien amical ne vienne toujours prendre place sur son visage.

"C'est comme tu le sens, gamin. On peut te débarquer avec eux ou t'emmener jusqu'au port. T'es pas hors la loi que je sache."

Le colosse de son côté finit par se relever, en regardant Pedro s'en aller. Il ne dit pas au revoir, et détourna les yeux en pinçant les lèvres. Plus tard, arrivé sur le pont, dans la nuit qui commençait très légèrement à pâlir, Pedro pu appercevoir au loin les lumières de la côtes. Au plus près, une tâche sombre laissait deviner des côtes non habitées, quelques falaises, et certainement des plages où seront débarquer les clandestins.Une imposante main se posa alors sur son épaule. Juanito n'en avait pas terminé. Il tendit au colombien une enveloppe contenant une somme appréciable de dollars.

"N'oublie pas ta paie. Une semaine de taff doit être rémunéré."

Il confia la somme à Pedro et afficha un sourire un peu triste malgré tout.

"Il y a mes coordonnées dedans. Si un coup tu change d'avis, ou si tu veux juste voyager, tu pourras toujours nous trouver! Bonne chance pour la suite, gamin. Tu vas nous manquer. File vite!"

Il indiqua du bout de l'index l'autre côté du pont où les canots étaient à nouveau préparés, tous munis de leur moteur. Certains membres de l'équipage s'activait pour aider les clandestins à embarquer sur les bateaux de sauvetage.

Les membres de l'équipage avaient eu l'amabilité d'attendre un peu avant de jeter par-dessus bord tout ce qui avait traîné dans les conteneurs. Eden eut juste le temps de récupérer son sac, pour passer la bandoulière par-dessus sa tête, et l'ajuster sur son épaule. Malgré la cohue dans leur habitacle de métal, elle constata non sans un certain soulagement que son téléphone portable était intact, protégé par les quelques vêtements de rechange dans lesquels elle l'avait enroulé. Après avoir rallumé l'appareil qu'elle glissa dans la poche de son jeans, elle jeta un regard circulaire. Peut-être qu'elle irait retrouvé Pedro au port, elle n'en savait encore rien. Mais il avait l'air volontaire pour la suivre, ce qui l'avait plutôt rassurée. Préférant attendre pour se faire une idée définitive, elle donna un coup de main à tout le monde, chargeant les affaires sauvées par les mexicains. Quand ce fut fait, elle aussi mit la main à la pâte pour permettre aux personnes d'embarquer sur le premier canot, jetant quelques coups d'oeils furtif vers le pont où elle aperçu finalement Pedro pour lui faire un petit signe de la main.

« J’suis pas hors-la-loi, encore que je n’ai pas de visa, mais vous avez vu comment je suis parti précipitamment de Colombie. Je vous avais pas vraiment menti, j’ai cherché à échapper à mon père et à une vie qui ne pouvait pas me convenir. Ce qui est certain, c’est que la providence vous a mis sur mon chemin. Je ne vous remercierai jamais assez, capitaine. »

C’étaient les derniers mots que Pedro avait dit à Jesus. Il se souvenait encore de sa situation quelques jours en arrière, quand il venait de débarquer à Buenaventura et qu’il ne savait absolument pas comment il parviendrait à rejoindre les Etats-Unis. Et voila qu’il apercevait les premières lumières de cette terre promise, à seulement quelques kilomètres du cargo. Jamais son avenir tant rêvé ne lui avait paru aussi concret. Cette idée l’effraya un peu lorsqu’il sentit la lourde main amicale de Juanito se poser sur son épaule.

« Hey ! Tu m’as fait peur. Mon premier salaire ? Muchos gracias amigo ! »

Le jeune mutant se saisit presque avec émotion de l’enveloppe. C’était la première fois qu’il gagnait vraiment de l’argent et il pensa alors à l’autre enveloppe, celle qui se trouvait dans son sac, et qui contenait des billets appartenant à son père. Finalement, il ne les avait pas dépensés et il n’en avait plus envie. Le colosse semblait ému du départ de Pedro et ce sentiment était réciproque. Le garçon avait trouvé chez ce bonhomme la figure paternelle qui lui manquait. C’était un mec bien, droit et il pouvait certainement plier une poutre en acier avec son petit doigt. Il faisait un bien meilleur modèle que son propre père.

« Merci pour tout. On s’oublie pas, hein ? Je vous donnerai des news, promis. »

Il tendit la main, histoire de le saluer une dernière fois, mais il aurait presque préféré une accolade. Seulement, sa virilité en aurait pris un coup et avec la jolie blonde dans les parages, pas sûr que ce soit une excellente idée. Enfin, il se rapprocha du groupe des clandestins qui commençait à remplir le premier canot, à la recherche de la blonde en question. Il l’aperçut rapidement et répondit à un signe de main qu’elle lui adressait. Il ne pouvait s’empêcher de sourire.

« Tout se passe bien ? Prête à remettre le pied sur la terre ferme ? En revanche, tu vas pas retrouver ta tranquillité tout de suite : je pars avec toi dès maintenant. C’est vrai quoi ? Pourquoi attendre ? »

Le jeune homme resplendissait de joie de vivre. Pour la première fois depuis son départ de Bogota, il se sentait enfin en sécurité, il avait confiance en l’avenir et surtout il se sentait complètement libre.

le premier canot commença sa descente vers l'eau. Pour libérer de l'espace aux matelots qui continuaient à s'activer, Eden recula de quelques pas, en profitant du même coup pour se rapprocher de Pedro. Il faudrait qu'elle lui demande comment il faisait pour rester aussi énergique après une telle nuit! En tout les cas, son enthousiasme avait le mérite d'être contagieux. Elle répondit à ses premières questions par un simple hochement de la tête. La terre ferme... Elle avait beau apprécier l'océan et avoir grandit non loin des plages de Santa Monica, le plancher des vaches restait à son sens un bien meilleur support pour les êtres humains qu'un navire sur les flots.
Elle ne cacha pas non plus un certain amusement à le voir si prompt à la suivre. C'était fou comme les gens avaient chacun le façon de réagir à un changement dans leur vie.

"Tu m'as l'air bien pressé!"

Ce qui pouvait se comprendre. Pour ce qu'elle en avait vu, Pedro semblait faire partie des aventuriers, de ceux qui voulaient expérimenter une autre vie. Restait à savoir si celle qu'il lui serait donné d'éprouver à San Francisco allait lui convenir. D'ailleurs, avait-elle déjà parlé de San Francisco? Il y avait pas mal de choses à dire encore.

"Tu es déjà venu aux Etats-Unis ou c'est ta première fois?"

Le second canot à son tour mis en place, et les derniers clandestins furent invités à y monter. Eden s'avança à leur suite pour y embarquer. Quelque chose lui disait qu'il n'était pas sur ce cargo depuis bien longtemps. Sans doute des détails insignifiants qui le différenciaient encore des membres de l'équipage mis à mal par la rudesse de la vie en mer.

Le canot descendait lentement vers la surface de l’océan. L’enthousiasme de Pedro ne baissait pas, bien au contraire. Un coup d’œil d’Eden lui fit comprendre qu’elle ne partageait pas son énergie, ce qui le fit sourire. Il savait très bien qu’il tomberait de sommeil dès que la tension et l’excitation retomberaient. Mais pour l’instant, il finissait de vivre l’un des événements les plus importants de sa brève existence et son taux d’adrénaline ne baissait pas. Peut-être une prolongation de ses aptitudes animales ?

« Pressé ? Mais pourquoi ne le serai-je pas ? J’imagine que t’as déjà vécu un truc similaire, toi… Comme tous les membres de… l’endroit où on va. Ça t’a fait quoi ? »

En réfléchissant un peu, le colombien se douta que les autres jeunes gens qu’il allait rencontrer n’avait peut-être pas quitté leur ancienne vie avec autant de bonheur que lui. Il haussa les épaules. Personne n’avait dû les obliger à le faire. Eden lui demanda s’il avait déjà mis les pieds aux Etats-Unis.

« Techniquement parlant, non. Ça fait même que quelques jours que j’ai quitté la Colombie pour la première fois. Mais j’ai toujours adoré les Etats-Unis ! Je lis des comics depuis toujours ! »

Il regretta un peu cet aveu, espérant que la jolie blonde ne le trouve pas trop puéril.

« Du coup, j’ai appris l’anglais comme ça. Je m’en sors pas mal, non ? »

Et encore une fois, Pedro arbora un grand sourire satisfait, toujours aussi charmeur et impatient. Heureusement, il était temps d’embarquer. Il suivit donc Eden dans le second canot et s’assit à côté d’elle. Son regard se porta immédiatement en direction du continent et il chercha à discerner dans l’obscurité les contours de la côte américaine. La température matinale encore un peu fraîche le fit frissonner.

Eden parut pensive un instant. Un coup d'adrénaline suffisamment brusque pour lui filer de l'énergie à revendre... Oui, ça lui était déjà arrivé. Les circonstances avaient été plus que motivantes pour rester mitigé au moment de dormir. Et puis ça avait donné le tour. Pour n'avoir vécu que la finalité de l'aventure à bord du cargo, elle n'y avait pas trouvé toute l'action nécessaire, ce qui ne l'empêchait pas de comprendre Pedro. Il ne devait cependant pas être le seul. Les quelques personnes assises autour d'eux parlaient, certains à mi-voix, d'autres avec plus d'enthousiasme, mais le silence n'était clairement pas maître à bord du canot.

"Les X-men."

Juste pour préciser. A dire vrai c'était très secondaire pour le moment. Elle ne retint pas un certain amusement. Lire des comics ne faisait pas partie de ses activités. De fait, elle n'avait jamais réellement eu d'activité de loisir qui n'ait pas été validé et choisi par son père. Quand ses camarades de classe parlaient émission de télé et bandes dessinées à la pause, elle révisait les cours. Les bons résultats n'étaient que le fruit du travail, soit disant. N'empêche, elle était passée à côté de beaucoup de choses.

"Tu me conseilleras? Je n'ai jamais lu de comics. Le résultat est pas mal, tu parles bien je trouve!"

Il se débrouillait bien mieux en anglais qu'elle en espagnol. Quand l'embarcation toucha l'eau, le matelot à bord défit les cordes et lança le petit moteur. Son ronronnement poussa bientôt les personnes présentes à hausser un peu plus le ton pour s'entendre. Eden cala un peu mieux son sac sur les genoux et croisa ses bras dessus. Heureusement son gros sweat la protégeait du froid.

"Puisque c'est ton premier jour sur le sol américain, je te propose un petit déjeuné à Santa Monica avant d'aller prendre l'avion jusqu'à San Francisco. J'ai déjà les billets."

Les X-men… Ce mot ralluma les étoiles dans les yeux de Pedro qui aurait presque pu s’assoupir. Cela sonnait comme une équipe de super-héros dont il dévorait les aventures étant petit.

« Génial, ça a l’air terrible. »

Dans ses projets les plus fous, le colombien s’était imaginé plus comme un justicier solitaire mais devoir partager la gloire ne le gênait finalement pas tant que cela. Il se dit que c’était une première étape, qui serait nécessaire pour aborder sereinement sa nouvelle vie. Il serait entouré et conseillé avant de prendre son envol et de devenir le plus grand héros de l’humanité. Pour l’instant, il appréciait la compagnie d’Eden, toujours aussi amicale avec lui qui fit même mine de s’intéresser aux comics.

« Oh, j’imagine que quand on a vécu soi-même des aventures incroyables, ça doit être un peu fade d’en lire. »

Puis il accepta le compliment sur sa maîtrise de la langue anglaise avec un sourire à la fois timide et fier. S’il ne pouvait pas encore s’empêcher de déclamer quelques expressions en espagnol, dans l’ensemble il pensait vraiment avoir le niveau pour la vie quotidienne aux Etats-Unis. Quant à son accent… Cela lui donnerait un peu plus de personnalité.

Le canot démarra enfin et le doux ronron du petit moteur fut une délivrance pour Pedro qui quittait enfin le cargo de Jésus et Juanito, pour qui il n’eut aucune pensée, tout comme pour Esteban à Buenaventura. À ses côtés, la blondinette se blottit sur elle-même, avant de lui annoncer la suite du voyage.

« Un vrai p’tit déj américain ? J’en rêve ! »

Occultant le fait qu’il allait prendre l’avion pour la première fois de sa vie, le ventre de Pedro exprima son approbation d’un énorme gargouillis qu’Eden entendit forcément. Le garçon émit alors un bâillement forcé pour tenter un peu tard de cacher le bruit, ce qui finit par le faire bailler réellement. Il comprit alors qu’il était dans un état de fatigue avancé. Ce petit trajet en bateau fut perçu par ses muscles et son esprit comme le début d’un long repos mérité. Le colombien dut faire un effort intense pour ne pas sombrer alors que la côte approchait de plus en plus.

Eden n'afficha qu'un petit sourire sympathique quand Pedro mit en avant la différence entre lire des aventures et en vivre soi-même. C'était certainement ça, et elle ne pouvait décemment pas nier une certaine euphorie, une satisfaction du travail bien fait, ou même de violents piques d'adrénalines. Mais certaines aventures n'étaient pas forcément agréables à éprouver en vrai. Son avis sur le sujet restait plutôt mitigé, et elle ne cherchait pas particulièrement à l'approfondire d'avantage. D'autant plus que le vent frais et la fatigue se faisait cruellement ressentir.

L'avancée du canot lui fit tourner la tête vers la rive qui se détachait en une tâche plus claire, bordée par endroit de lumières colorées artificielles, sur la base sombre de l'eau. La terre ferme lui avait quand même manqué, même si, bizarrement, elle ne ressentait pas l'excitation qu'elle aurait dû à l'idée de retrouver le sable des plages de sa ville natale. A croire que ses origines géographiques étaient passées sur un plan qui la laissait indifférente. Elle frotta ses bras pour se réchauffer en revenant à Pedro. La perspective d'un bon petit déjeuné était autrement plus intéressante.

"Avec les pancakes et tout ce qui s'ensuit."

Et un chocolat chaud. Ou un thé. Le fraîcheur nocturne devint un peu moins gênante quand le canot ralenti, quelque peu secoué. Le calme permettait néanmoins aux embarcations de se rapprocher sans peine de cette partie de la plage. Non fréquentées, ils accostèrent dans la pénombre. Quelques matelots allumèrent des lampes torches pour permettre à tout le monde de récupérer leurs affaires, et surtout de voir où mettre les pieds. Eden n'avait plus rien dit. Elle partageait la fatigue de Pedro. Trouver un endroit pour grappiller quelques heures de sommeil ne leur ferait pas de mal.



[Fin! ^^
+ 3 points de pouvoir.]