01.02/07.C.New York - Première nuit dehors

Si Derrek s'abîma les coudes en se jetant au sol, il put être heureux de remarquer que rien n'explosa. Le T-shirt contre le visage, dans le doute, il crapahuta à quatre pattes jusqu'aux bistouris qu'il avait vu près de la table. Heureusement, la fumée bien que commençant nettement à empêcher de voir à plus d'un mètre ne parvint pas à cacher la vision des deux petites armes au mutant lorsqu'il parvint à s'en rapprocher, grâce à sa mémorisation de leur direction. Pendant ce temps, des bruits de pas répétés et très discrets se firent entendre vers la porte.

Armé de ses scalpels, Derrek se redressa soudainement, avec tout le courage et le désespoir dont il pouvait faire preuve, la graisse du burgers dégoulinant le long des deux scalpels qu'il tentait de maintenir le plus fort possible malgré tout. Il découvrit ce à quoi il faisait face :

Spoiler:

Et si Derrek jusque là avait tenté d'oublier sa peur, la surprise qui s'y rajoutait le fit paniquer un court instant. Court, car l'homme en face de lui donna un coup de poing monumental qui envoya le jeune homme dans les vapes sans autre forme de procès au contact du sol. Les secondes suivantes furent floues. Du mouvement, un cri suraigu suivit d'un plus grave. On le déplaçait. Puis plus rien.


Avec un mal de crâne notable, Derrek entrouvrit les yeux. Il était assis sur une chaise, l'avant du corps tombant sur une table en fer. C'était probablement la froideur de celle-ci au contact de son visage qui l'avait réveillé. Ses mains étaient bloquées par des menottes dans son dos, et accrochées à la chaise. Il était dans une salle entièrement blanche de cinq mètres carrés avec une étrange lumière bleue qui éclairait l'ensemble. L'un des murs était recouvert d'une vitre noire.

En face de lui, un homme attendait patiemment le réveil du mutant, les mains croisées sur la table.

Spoiler:

Et cet homme, Derrek le connaissait bien. C'était Adriam Ackerman, un des hauts membres du RA!D. Il lui sourit légèrement.

" Derrek... J'espère que tu n'as pas trop mal à la tête... J'avais demandé qu'on utilise des fléchettes tranquillisantes. Mais tant que tu es vivant et en forme... "

C'était un scientifique de génie qui travaillait dans la recherche des énergies propres à bas coût.

Derrek réussi à s'emparer des scalpels qu'il avait remarqué le matin même dans la planque qu'il considérait presque déjà comme son nouveau chez lui alors que cela faisait même pas vingt-quatre heures qu'il y était arrivé pour la première fois. Il s'était certes écorché les coudes mais l'information de douleur qui aurait put en découler dans une situation normale n'arriva même pas jusqu'à son cerveau. L'adrénaline faisait son travail. Il serrait les bistouris dans ses poings aussi fort qu'il pouvait. La graisse de son double cheese lui recouvrait encore les mains et ne facilitait pas une prise efficace de ses armes de fortune.

Mais Derrek faisait face. Il ne voyait pas loin, il ne pouvait même pas voir ses propres mains distinctement. Au bruit, ils était plusieurs, au vu de la grenade qu'il avait envoyé, ils était bien équipés : Derrek savait pertinemment qu'il n'avait aucune chance mais il était bien décidé à ne pas se rendre sans combattre.

Dans l'obscurité créée par la fumée, il vit une silhouette se dessiner. C'est un membre d'un commando d'infiltration, comme ceux qu'on voit dans les films avec leur combinaison intégrale et leurs lunettes à vision dans le noir qui émettent cette lumière verte si caractéristique. C'en fut trop pour Derrek, il lâcha ses scalpels bien décidé à prendre la fuite, mais c'était déjà trop tard. Il perdait déjà connaissance : l'homme qu'il venait de voir lui avait asséné un coup de poing.


Quand Derrek repris connaissance, attaché sur une chaise au milieu de ce qui était visiblement une salle d'interrogatoire, il était ankylosé de partout. Il n'avait aucune idée du temps qui s'était écoulé depuis que ces soldats étaient venu le chercher dans la cave du vieux Brad. D'ailleurs il n'avait aucune idée de si il s'agissait de mercenaire ou de soldats officiels. Enfin il n'en avait aucune idée jusqu'à ce qu'il relève la tête et reconnaisse Adriam Ackerman. C'était donc le RAID qui était venu le chercher. Finalement c'était logique puisque c'était eux qui avait fait placardé son visage partout dans la ville.

La première chose à laquelle pensa Derrek fut de lui cracher au visage, mais il ne le fit pas. Cela n'aurait servi à rien, ce mec était intelligent et il ne laisserait pas emporté facilement. Il se contenta de lui répondre avec un ton qui trahissait la haine et la colère qu'il portait en lui :

"Si vous vouliez que je sois en forme, il ne fallait pas me faire kidnapper par un bande de mercenaire spec-ops. Bien sûr que j'ai mal au crâne, vous savez pas le coup que m'a donné votre mec."

Il marqua une légère pause, le temps de reprendre sa respiration, puis repris en laissant moins les mots se bousculer entre eux :

"Et puis qu'est ce que vous voulez? Mon père m'a dit de disparaître, j'ai disparu. C'est vos affiches de merde qui m'ont fait exister, avant personne ne me connaissait à part un clodo et ses chats. Ça vous apporte quoi de faire de la pub pour le RAID en tant que gardien de difformité de la nature?"

[NB : Le personnage s'appelle Adrian et non Adriam. C'était une faute de frappe, mes excuses ]

Adrian sourit à Derrek. Visiblement sincère, il lui lança :

" Oui, je sais, ce sont des brutes. Mais ils sont efficaces, c'est bien une chose que je ne peux pas leur retirer. "

Le scientifique s'assit dans le fond de sa chaise en écoutant le mutant parler.

" Ton père est un imbécile et un monstre. Comment peut-on dire à son fils de se suicider ? Allons Derrek. Nous ne sommes pas des monstres. Nos objectifs sont purs même si nos moyens le sont moins. Mais il faut être réaliste. Nous ne sommes pas dans un monde innocent. Nous devons avoir une poigne de fer dans ce que nous entreprenons pour pouvoir espérer un jour obtenir des résultats. "

Adrian soupira puis se rapprocha de la table en y posant ses coudes, les mains jointes du bout des doigts.

" Ce que nous voulons Derrek, c'est toi. Pas comme une marionnette. Pas comme un monstre de foire. Mais comme l'un des notres. Tu es quelqu'un qui semble avoir une intelligence prodigieuse Derrek. Personne ne s'en est réellement rendu compte avant moi et je t'offre une autre vie que celle que tu semblais embrasser dans les rues, avec ce clochard et ses chats. D'ailleurs... "

Le scientifique se tut un instant, cherchant à la façon dont poser sa question.

" Sais-tu exactement ce qu'il leur fait ? Nous avons découvert une créature qu'il cachait dans une salle. Il avait de la fourrure par endroit et beaucoup de sang. Nous pensons que c'était un des chats. Il a tué un homme Derrek. Si tu sais quelque chose, il serait bon qu'on en sache plus à son propos. Ce clochard est peut être autre chose que ce qu'il prétend. Nous essayons de le faire parler, sans succès... Enfin. Bref. "

Adrian regarda le mutant, observant ses changements d'émotions, avant de lui sourire.

" Ce que je te propose Derrek, c'est de t'engager parmi nos scientifiques qui travaillent à embellir ce monde. Je suis persuadé que tu seras capable de grandes choses parmi nous. Tu seras payé. Tu pourras circuler librement. Tu auras une vie à toi."

Certain de lui, Adrian proposa :

" Si tu souhaites quelques minutes de réflexion, je peux sortir. Mais il me faut une réponse très rapidement. Je suis désolé de te presser ainsi. "

Etrangement, Adrian semblait prendre soin de Derrek, bien loin des manières dont il avait été amené ici.

Derrek serra les poings mais il écouta Adrian sans mot dire.

Le discours était pas mal construit. Rien d'incohérent n'était dis. Il avouait ses erreurs et s'en excusait même s'il ne les regrettait pas. Derrek ne voulait pas l'admettre au début mais il était bien possible que ce scientifique du RAID dise la vérité.

Et cela l’embêtait plus que tout, il leur en voulait à mort, mais ne trouvait rien à redire aux arguments qu'on lui soumettait. Au fur et à mesure du discours la rage animale qui l'habitait au debut de l'entretien le quitta peu à peu. Mais il n'était pas prêt pour autant à abdiquer et à suivre tête baissé ce membre de l'organisation qui s'était tant servi de lui.

Certes la situation qu'on lui proposait était franchement plus enviable que ce qu'il avait connu depuis qu'il avait quitté son père, mais c'était trop beau pour être vrai. Comment être sûr qu'ils n'allaient pas recommencer à l'exploiter? Comment être sûr de ne pas se retrouver face à face avec son père un jour?

En effet son père l'avait trahi plus qu'il n'aurait put l'imaginer. Sur le coup il avait imaginé qu'il s'agissait d'un ordre du RAId auquel il obéissait aveuglement mais maintenant il doutait et c'était pire. S'il l'avait fait de sa propre initiative, s'il avait demandé à son fils de se suicider juste parce qu'il ne supportait pas de voir son visage transformé par la mutation... c'était vraiment un monstre, plus un monstre que lui en fait, un monstre qui ne méritait même pas de vivre.

Il ne pouvait pas se décider à la légère, il devait avoir plus d'informations et plus de temps. Aussi répondit-il :

"C'est bien beau ce que vous dites, mais vous comprenez que c'est difficile d'imaginer que vous êtes sérieux. En me virant, mon père m'a laissé entendre que c'était vous qui lui avait demandé de le faire.

Vous représentez bien les dirigeant du RAID n'est ce pas?"

Sans laisser le temps à Adrian de répondre il continua :

"Pourquoi vous croire plus que lui? Il est vrai que je ne suis pas vraiment dans une situation pour faire la fine bouche mais je suis sûr que vous comprendrez qu'avant de prendre un engagement comme celui-ci, qui durera sûrement toute ma vie, j'essaie de creuser un peu les choses. Vous me proposez de m'embaucher parmi vos scientifiques mais je n'ai aucun diplôme, même pas le bac. C'est un peu particulier comme offre. Et puis vous me dîtes que je pourrais circuler comme je veux et que je serais payé, mais vous avez vu mon visage..."

En disant ça, Derrek tenta d'accompagner sa parole d'un signe de la main, mais les menottes le rappelèrent à sa dure réalité de captif, il lâcha un grognement puis continua :

"... Vous imaginez que avec ce à quoi je ressemble me proposer une vie normale soit crédible. Et puis vous pensez que c'est en me maintenant attaché comme ça que vous me donnerez envie de vous faire confiance.

C'est un peu bizarre tout de même quelqu'un qui envoie des mercenaire pour me récupérer et après me propose un job de rêve. Si vous voulez que je vous crois, il va falloir un peu plus que quelques belles paroles. Vous avez qdu concert? Je ne sais pas moi : du fric? un contrat? la clé des menottes?"

De nouveau, Adrian apposa ses doigts les uns contre les autres en observant Derrek. Il le perça d'un regard et commença à répondre à ses questions, dans l'ordre.

" Ton père peut laisser entendre ce qu'il veut. Mais nous n'aurons jamais aucun intérêt à te perdre, que ce soit pour ce que tu es ou pour ce à quoi tu ressembles. Je représente les intérêts du RA!D en effet, mais pas ses dirigeants. J'ai carte blanche pour composer mes équipes. Et je suis certain que tu serais capable de grandes choses. "

Adrian mit de côté le fait que le mutant ne répondait à aucune question au sujet de Brad et se dit qu'il serait mieux de ne pas tout mélanger. Derrek semblait s'intéresser en priorité à sa situation, et c'était compréhensible.

" Tu n'as pas besoin de diplome pour être intelligent. Je crois en toi. Quant à ton visage, c'est hors de propos. Tu n'y es pour rien, et nous n'y sommes pour rien. Je ne te promets pas d'être normal car tu ne le seras jamais à cause de ta mutation. Tu seras ce que tu es actuellement dans les rues, ou avec nous. "

Remarquant que Derrek essayait de se débattre, le scientifique se leva et passa derrière le mutant pour lui défaire les poignets. En retournant à sa place, il répondit aux dernières phrases.

" Du concret ? Nous avons un grand projet en cours et les délais sont pour le moins tendus. Ce n'est pas un job de rêve. Il faudra travailler dur dans l'intérêt de tous. Tu n'auras pas de danseuses ni de champagne. Mais tu seras récompensés pour le travail fourni, naturellement. "

Soudainement, Derrek entendit une voix dans sa tête.

* Derrek ? Tu m'entends ? C'Brad. Ces fumiers m'ont enlevé aussi. Ca va ? Ils te font quoi ? Y veulent que j'leur cause des chats. Sont tarés ! *

" Tu auras un appartement et un véhicule de fonction. Ton salaire sera très intéressant et ton travail passionnant. "

* Y'm frappent. J'ai un gros baraqué qui'm'frappe !!*

" Puis nous travaillerons ensemble. Je pourrai t'aider."

Adrian sourit à Derrek.

" Alors ? "

Adrian avait des réponses à chacune des interrogations de Derrek. Des réponses bien pensées, des réponses qui venaient presque trop facilement. Certes ils l'avaient fait recherché et étaient à l'origine de cet entretien, ils avaient put le préparer et puis ses question n'étaient pas vraiment originales, mais il y avait quelque chose d'extrêmement déstabilisant dans la situation actuelle. Mais il n'y avais pas que du négatif. Malgré l'impression qui lui disait qu'il y avait quelque chose de cacher derrière cette proposition, Derrek n'arrivait à voir ce que c'était. Et en plus Ardian faisait preuve de magnanimité : il lui avait déjà ôté les menottes.

Derrek se frotta les poignets quelques instant pour détendre la peau qui avait été au contact trop réguliers de ces cercles métalliques. Brad essayait de lui parler par télépathie. Visiblement de son coté, l'entretien était beaucoup moins agréable. Il faut dire que le RAID s'était un peu des fanatique de la protection de la nature et qu'ils n'avaient pas vraiment du apprécier de retrouver un chat couvert de sang enfermé dans un placard. Derrek devait répondre à Brad, mais il n'était pas habitué à la télépathie et il lui faudrait sûrement quelques instants : c'était le moment de profiter de la pause pour réfléchir que lui avait proposé Adrian quelques minutes auparavant. Il tenta en attendant d'envoyer un message télépathique à Brad pour le faire patienter.

*Brad, je t'entends. Pour l'instant ils ne me maltraitent pas trop. Je vais essayer d'avoir un peu de temps pour qu'on puisse discuter plus longuement. Je te recontacte.*

Il pris alors la parole. Le ton de sa voix était calme, la colère ne guidait plus ses paroles ni ses actions, mais la haine, même si elle ne ressortait pas et que sa cible n'était plus très claire, elle avait plus de mal à disparaître. Il dit à Adiran en le regardant en face :

"Votre proposition est intéressante mais le changement dans ma vie qu'elle pourrait apporter est immense. Vous comprenez que je ne puisse pas faire ce choix à la légère.

Au début de cet entretien, vous m'avez proposé un temps de réflexion, je crois que j'aimerais en profiter."

Derrek avait insister sur le mot "entretien" comme pour faire remarquer que ça n'en était pas vraiment un, pour souligner l'écart presque absurde en le contexte et les paroles échangées. Il continua tout de même sans même faire de pause :

"Et si vous pouvez profiter de ces quelques minutes pour ramener un contrat de travail écrit, ça pourrait faciliter grandement mon choix."

Adrian s'enfonça au fond de la chaise et observa une seconde Derrek.

" Je comprends. On ne choisit pas un travail sans réfléchir. Mais garde en tête que ce genre d'occasion ne se représente pas dans une vie. Quant aux papiers, il me faudra tout de même quelques jours. Ton père a pour le moins accéléré les évènements. Ce n'était pas prévu. "

Le scientifique se leva, réfléchissant encore.

" Nous pourrions faire une période d'essai si cela t'aide à choisir. Mais je te laisse réfléchir quelques minutes. Je reviens. "

Ackerman pianota sur un petit digicode à côté de la porte ce qui la déverrouilla et disparut, laissant Derrek seul avec sa réfléxion.

Dans une des salles adjacentes, les mêmes râles de douleur que dans la cave de Brad se firent entendre. Quelques secondes passèrent, puis un cri suraigu lui provint, suivit de beaucoup de mouvement derrière la porte, des murs choqués, puis un long silence.

Adrian revint, quelques minutes plus tard, en prenant soin de ne pas ouvrir plus que nécessaire la porte pour entrer. Il avait visiblement chaud, comme en témoignaient les gouttes de transpiration qui perlaient sur son front. Il déglutit en souriant à Derrek et s'épongea à l'aide d'un mouchoir, l'air le plus naturel du monde.

" Alors. Est-ce que tu acceptes mon offre avec ou sans essai ? "

Pour le coup, Adrian semblait bien moins à l'aise qu'avant de sortir, comme si d'autres affaires occupaient son esprit.

Adrian ne fit pas de difficulté à accorder quelques minutes à Derrek pour réfléchir. Un bon point pour lui. Mais il dit explicitement qu'il ne pourrait avoir de contrat avant quelques jours. Un mauvais point ce coup ci. Ensuite il quitta la pièce.

Il composa un code sur le digicode à coté de la porte d'entrée puis sortit. Derrek essaya discrètement de discerner le code qu'il avait tapé mais il ne se faisait pas d'illusion. Il le faisait plus par acquis de conscience, pour se dire qu'il avait essayé. Dés qu'il eut quitté la pièce, Derrek lança des appels télépathique à Brad :

*Bradley! Bradley ! Tu m'entends??? Je suis seul maintenant, tu peux me parler.*

Pendant ce temps il tentait de peser le pour et le contre. Il n'arrivait pas à faire confiance à ce mec, Adrian Ackerman, mais il n'arrivait pas à être convaincu qu'il était en train de la trahir. Rationnellement il savait que le bon choix était d'accepter l'offre de cet homme. De toute façon il était à sa merci ici et s'il refusait il se retrouverait vraisemblablement mort ou maintenu dans une cage pour qu'on fasse des expériences sur lui. Mais émotionnellement parlant, il ne pouvait faire confiance à ces hommes qui l'avaient utilisé pendant des années, qui avait organisé un mensonge à son sujet. Et puis cette organisation représentait toute sa vie d'avant, ses parents ne vivaient que par et pour elle et ces parents, ils l'avaient trahir, ils avaient souhaité sa mort. Revenir travailler pour le RAID était perçu par Derrek comme un pas vers la réconciliation avec ses parents, une acceptation de leur mode de vie et de leur idéaux qu'il n'était pas possible pour lui d'accepter.

Et puis il y avait Bradley, visiblement ils lui faisait du mal. Derrek ne voulait pas travailler pour une organisation qui torturait les gens. Certes ce clochard, il ne le connaissait pas vraiment. Il n'avait passé que quelques heures avec lui, mais il lui avait offert le gîte et le couvert, pas le palace mais il avait partagé ce qu'il avait. Et Derrek se sentait un peu coupable de le laisser se faire tabasser à quelques mètres de lui.

Bref son cœur lui disait qu'il ne pouvait accepter cette offre. Mais sa raison lui disait clairement qu'il n'avait pas le choix. Il lui fallait accepter. S'il refusait il avait toutes les chances de mourir et ce n'était pas parce qu'il acceptait ce contrat qu'il était obligé d'adhérer à leurs idées.

Quand Monsieur Ackerman entra dans la pièce à nouveau, Derrek avait préparé sa réponse à la question qu'il attendait. Mais il fut surpris quand il le vit passer la porte, il semblait mal à l'aise, comme si quelque chose n'allait pas. Ne sachant comment aborder le problème, Derrek continua sur ce qu'il avait prévu et répondit à la question qu'il avait tout de même posé :

"JE crois que je fait prendre la période d'essai, on verra si avec le temps je peux m’habituer à travailler pour vous."

Adrian eut un demi sourire pour Derrek. Cela devait être un bon début, pour lui.

" Très bien. Tu verras, tu n'auras aucun mal. Nous commencerons par quelques tests pour évaluer dans quels domaines tu es le plus à l'aise ou celui que tu préfères. Il y a de nombreuses voies possibles pour faire avancer notre science. Et toute aide est précieuse. J'espère sincèrement que tu trouveras ta place parmi nous, Derrek. Et s'il te plait, ne nous condamne pas tous parce que ton père t'a fait du mal. "

Le scientifique se leva et composa de nouveau le code trop rapidement pour que Derrek ne puisse retenir particulièrement les chiffres. Ca se baladait vers le 2 et le 3 et autour du 8... Rien de très utile en somme. Adrian passa devant pour arriver dans un couloir perpendiculaire à la sortie. Il observa sur sa gauche et invita Derrek à sortir en faisant barrage de cette direction. D'un bras presque protecteur dans le dos du mutant, il indiquait de prendre sur la droite en sortant.

Et il y avait de quoi. En effet, derrière Adrian, à une dizaine de mètres se trouvaient quatre hommes vêtus d'équipements anti émeutes tels que des habits en kevlar, des masques de protection et de grands boucliers. ils semblaient se préparer à rentrer dans une salle semblable à celle dont Derrek sortait, mais fermée. Contre le mur du couloir, en face de la pièce, des traces de sangs avaient giclé. Conscient que la vue devait laisser quelques questions en la défaveur du RAID, l'homme intervint :

" C'est la créature qui était dans la salle de la cave qui a fait ça... Tu comprends pourquoi nous aimerions savoir ce qu'elle est. "

Visiblement pressé d'en finir, Adrian mena Derrek à travers quelques couloirs jusqu'à une pièce qui était une chambre.

" Je vais te laisser te reposer ici. Il faut que je termine quelques affaires urgentes et que je règle des affaires administratives que tu amènes afin d'en terminer le plus vite possible. Je reviens te voir dans un peu plus d'une heure ou je t'enverrai quelqu'un pour te parler de la vie ici. Les repas, les heures de travail, te faire visiter. "

Alors qu'il allait partir, il rajouta, soudainement.

" Ha. Oui. Tu partages ta chambre avec un résident du RA!D. A voir les affaires, tu sais quel côté de la chambre est le tiens. "

Sur ces mots, il disparut en refermant la porte, laquelle n'était pas protégée par un code d'accès. La chambre n'était pas particulièrement spacieuse, et possédait deux lits répartis au fond à gauche et à droite. Il y avait un bureau, des sanitaires, des rangements quelconques et des tables de chevets. L'ensemble ressemblait à une chambre d'hotel moyenne. Comme indiqué, des affaires étaient rangées et on voyait aisément que quelqu'un vivait déjà ici bien que tout soit en ordre. Une horloge indiquait les quatorze heures.

Le sourire qui répondit à l'expression de son choix d'accepter l'offre qui lui était faite inquiéta plus Derrek qu'elle ne le rassura. Il se dit qu'il était sûrement parano mais il n'arrivait pas à considérer ce sourire comme un signe de sympathie ou de joie, il le voyait plutôt comme un le signe du contentement apporté par une manipulation réussie, par la moquerie par avance de ce qui allait lui arriver.

Il le fit sortir de la salle, ils étaient seuls tous les deux pour se déplacer dans les couloir, c'était plutôt bon signe sur ce qu'allait devenir la vie de Derrek, mais il ne se faisait pas d'illusion, cela ne signifiait qu'ils lui faisait confiance : Le bâtiment était rempli de garde, bien plus équipé que lui et bien mieux entraînés. D'ailleurs en sortant, il put en voir un échantillon : quatre hommes super-équipés se préparaient à entrer dans une salle d'interrogatoire. Les murs de cette salle étaient recouverts de sang. Il y avait du avoir une véritable boucherie à l’intérieur. D'après Adrian c'était la créature qui était dans le placard de chez Brad qui avait fait ça, cela paraissait bizarre à Derrek, aussi quand il lui demanda implicitement s'il ne savait pas des choses sur ce que cette créature était, il répondit :

"Je ne peux pas vous en dire beaucoup. Tout ce que je sais c'est qu'hier soir, il n'y avait rien dans le placard et on y a enfermé juste un petit chaton. Un petit chaton tout mignon. Mais au vu du sang j'imagine que ce n'est pas ce que vous avez trouvé."

Ils continuèrent jusqu'à une chambre qui allait visiblement être la sienne. Adrian le laissa là puis partit sans traîner. Il dit qu'il allait faire les procédure administrative pour officialiser l'entrée de Derrek dans le RAID, mais Derrek doutait toujours de sa sincérité. La chambre n'était pas luxueuse mais il y avait tout de qu'il fallait, mais ce n'était pas cela qui le frappait pour l'instant : Il se retrouvait seul dans une pièce non sécurisé. Il hésitait s'il devait voir ça comme une opportunité de fuir ou comme un signe qu'il n'avait pas besoin de le faire, un signe qui lui disait que Adrian avait peut-être était plus sincère qu'il ne l'avait pensé.

Enfin il était seul et la pression retombait un peu. Il se laissa tomber assis sur le lit. Il se mis à repenser à tout ce qui lui était arrivé. Il repensa alors à Bradley et essaya de le recontacter. Il ferma les yeux, écoutant au fond de son esprit si il n'entendait rien. Il mumurait :

"Bradley....Bradley... tu es toujours là?"

Brad ne répondit pas immédiatement. Puis soudain, il l'entendit l'appeler dans sa tête avec une émotion palpable.

* Derrek ? Derrek. Viens m'aider. Y'm frappent. J'en peux plus. Aide moi. Le code de ma porte est 64826. Je suis attaché à une chaise. C'est Ewan Baldwin qui a la clé. Y veulent que j'leur cause du chaton. Y disent qu'il a failli buter une autre mercenaire. Y z'ont dit qu'ils retourneraient à ma planque pour buter les autres chats si je parlais pas... Mais j'sais pas quoi leur dire. Derrek, aide moi Derrek !! Je t'en supplie...*

Le p'tit vieux semblait pleurer, visiblement à bout. Il fallait avouer que la situation avait bien évolué depuis le matin. La liaison télépathique se rompit. La couleur était silencieux. Derrek était seul dans sa chambre.

Quand Brad répondit mentalement à son appel, Derrek fut presque déçu. Tout aurait été plus simple s'il n'avait pas répondu. Il ne se serait pas posé de question et il se serait résigné à sa nouvelle vie. Mais en même temps, Brad l'avait aidé quand il se sentait seul et il ne se sentait pas de l'abandonner. Et puis personne ne viendrait le voir avant une heure entière, il pouvait bien consacrer ce temps libre à essayer d'aider Bradley.

Derrek commença à chercher quelque chose à se mettre sur le dos qui serait plus discret dans ce complexe que ce qu'il portait actuellement : une sorte d'uniforme de scientifique du RAID, une tenue normale qui pourrait donner l'impression qu'il fait déjà partie des meubles. Il ne pourrais pas faire en sorte qu'on ne le voit ni qu'on le prenne pour un autre, avec sa carrure et son visage si particulier, ça semblait impossible, mais il se disait que s'il faisait les choses avec suffisamment d'aplomb et d'assurance, les gens le laisseraient faire, pensant que s'il n'avait pas le droit de le faire il se cacherait ou serait stressé.

Pendant ce temps, il refit ce qui avait semblé marcher quelques instants auparavant, il murmura en y pensant très fort :

"Bradley, je vais venir t'aider mais est ce que tu sais où se trouve la salle où tu es? Tu peux m'indiquer le chemin? Comment je peux trouver cet Erwan Baldwin et comment je peux lui prendre ses clés? Pour le chaton, j'ai vu la salle où il était, c'était plein de sang partout. T'es sur qu'il est pas vraiment dangereux? Pourquoi tu l'enfermais dans le placard chez toi?"

Dés qu'il se serait changé, il retournerait vers les salles d'interrogatoire. Même s'il ne savait pas où exactement, Bradley devait sûrement être par là-bas.

Derrek ne trouva des affaires à se mettre sur le dos que celles de la personne qui vivait dans la même chambre. Et la tenue qu'il pouvait revêtir était soit celle d'un garde ou celle d'une unité anti-émeute. Toutes étaient marquées sur l'épaule d'un écusson représentant un aigle bleu et marqué SECURIT'ACE. (l'image n'est pas à jour)

Spoiler:

Il y avait également un casque anti-émeute de posé sur le côté de l'étage. Le mutant avait donc le choix entre ces deux accoutrements.

Le contact télépathique reprit aux questions orales de Derrek.

* J'sais pô où j'suis. C'est une salle avec une lumière bleue et une grande vitre. Baldwin, c'est un grand costaud hawaien un peu. Il a des bras de boeufs. J'sais même pas comment tu peux prendre les clés... J'sais pas où il s'est barré en plus. Ca avait l'air de chauffer dehors alors il est parti. *

Aux questions sur le chaton, Brad réfléchit avant de répondre :

* Quand il perd sa peau, il ressemble à un lépreux et il souffre autant. Il pèle sa fourrure en prenant une forme humanoïde. Il est totalement taré quand on le voit sous cette forme. Y'a que quand il est en animal que j'arrive vraiment à communiquer avec lui. Son esprit devient plus rudimentaire et plus concentré. Il est dangereux si tu veux le voir quand il est en sang. Sinon en animal il est normal ! J'veux pas qu'ils le butent. Il y est pour rien. Il souffre déjà assez. J'l'ai trouvé dans une marre de sang dans la rue. Y mérite pas qu'on l'emmerde... Je sens encore quelques hommes à une dizaine de mètres de moi. Tarde pas...*

Brad semblait prêt à aider Derrek à se rapprocher de lui avec le jeu du "tu chauffes tu refroidis".

En fouillant dans les placard de son "colocataire", Derrek trouva quelques affaires à se mettre sur le dos. La première chose qui le surpris fut les logos que ces vêtements arboraient, un aigle bleu parqué du nom SECURIT'ACE. Cela l'intrigua beaucoup : pourquoi il n'y avait pas le logo du RAID ? Certes SECURIT'ACE ressemblait à un nom d'entreprise de sécurité, logique pour des mercenaire ou des gardes, mais si les gardes restaient suffisamment longtemps pour avoir une chambre, pourquoi il n'avaient pas pris le temps de mettre le logo du RAID sur leurs uniforme? Si c'était pour être discret, pourquoi mettre un logo alors? Enfin plein de questions se bousculaient dans le tête de Derrek, mais il n'avait pas le temps pour ça maintenant et puis il n'avait pas grande chance de trouver seul des réponses à ses questions.

Il enfila l'équipement anti-émeute qui avait l'énorme avantage d'aller de pair avec un casque qui couvrirait son visage et mis les vêtements de garde dans le sac poubelle de la chambre.

Ensuite il sortit dans le couloir et commença à se rapprocher des salles d'interrogatoire. Afin de s'assurer de la direction et de se diriger avec plus de précision, il tenta de reprendre le contact avec Bradley :

*Je suis en chemin mais je vais avoir besoin de ton aide pour qu'on se retrouve*

Derrek marchait sans s'arrêter ni regarder autour de lui dans l'espoir de trouver un panneau, il faisait confiance à Brad. Néanmoins, il essayait de mémoriser le trajet qu'il suivait afin de pouvoir retourner à sa chambre en cas de besoin.

Tout équipé de sa sécurisante armure, Derrek sortit de sa chambre. Les couloirs étaient vides. En avançant dans ceux-ci, il remarqua les classiques encarts de sortie d'urgence. Des flèches sur les murs indiquaient les secteurs. Laboratoire, Infirmerie, Accueil, Réfectoire, Armurerie, Salles d'interrogatoire, Salle de repos, Chambres, Administration, Chambres d'isolement. Heureusement, le mutant avait une vague idée de la bonne direction à prendre s'il voulait retrouver Brad. Ce dernier reprit d'ailleurs contact :

* Je sens une présence près de moi. Il est devant ma porte. Il entre. *

La communication s'arrêta alors quelques instants. Les couloirs autour de lui étaient toujours désert. Des écrans dans certains angles de couloirs semblaient diffuser des informations. Le logo de son armure y apparaissait régulièrement. Soudain, Brad reparla :

* Il m'emmène. Y'm dit qu'ils me réinterrogeront bientôt ! *

Bradley n'était pas très bavard, enfin pour autant qu'on puisse déjà parler de bavardage pour des communication télépathiques. Ce n'était pas très pratique pour localiser l'endroit où il était détenu, mais au moins Derrek restait concentré. Les couloirs s'étaient avérés vide jusqu'à maintenant mais Derrek se préparait à voir débarquer d'un moment à un autre, un groupe de mercenaires qui pourraient bien essayer d'engager la conversation et devant lesquels il faudrait faire illusion.

Alors que le jeune mutant se dirigeait vers le secteur des salles d'interrogatoire, Brad repris contact. Apparemment on le déplaçait. Ca n'allait pas aider Derrek à le retrouver.

Supposant qu'on ne l'éloignerait pas trop des salles d'interrogatoire puisqu'ils prévoyaient de l'interroger à nouveau, Derrek continua son chemin dans sa direction. Il ne pressait pas spécialement le pas et en prfoiter pour preter attention à ce qui était écrit sur les écrans d'information. Le logo utilisé était oujours le même, celui de SECURIT'ACE, jamais aucune trace de celui du RAID. Cela intrugait beaucoup Derrek : Adrian lui avait-il menti? Travaillait-il vraiment pour le RAID ou pour quelque chose d'autre? Ou alors ils étaient peut-être dans un centre appartenant aux mercenaire parce que Adrian ne voulait pas avoir de prisonnier dans ses labos ou ne disposait pas des infrastructures nécessaires pour les interrogatoires. Tout cela était plus qu'obscur.

Derrek tenta de reprendre le contact avec Brad' :

* Bradley, normalement je devrait ne plus être très loin de toi, mais il va falloir que tu m'aide pour la suite.*

Les écrans diffusaient des informations, et vantaient notamment les qualités de la SMP Securit'ace. Rapidité, efficacité, précision et discrétion semblaient être les points mis en avant. Leur rayon d'action semblait être principalement en Amérique du Sud et en Europe de l'Est.

Derrek entendit Brad :

* Je me rapproche de toi. Je... *

Et soudainement, à une dizaine de mètres devant lui, apparurent un homme et le clochard. Le premier était en tenue noire avec le logo Securit'ace sur les épaules et avait un couteau fin de chaque côté de sa ceinture, dans le même genre que ceux que Derrek avait eut le temps de voir alors qu'il était armé de scalpels. Les deux hommes s'avancèrent vers le mutant, prêts à le dépasser pour aller dans la direction opposée.

Brad fixait Derrek, bien conscient que c'était lui sous l'équipement. Ils approchaient.

Les informations diffusées sur les écrans confirmaient qu'il se trouvait bien dans des bâtiments appartenant à la société Securit'ace. Mais ce qui semblait bizarre, c'était leur spécialité pour l' Amérique du Sud et l'Europe de l'Est. Derrek avait été récupéré à New-York : ville qui ne rentre pas vraiment dans l'une de ces deux zone géographie. Bon certes il venait d'Allemagne qui était parfois rattaché à l'Europe de l'Est et le RAID était actif dans pas mal de pays d'Europe de l'Est, mais c'était tout de même étrange qu'aucune mention du RAID ne soit faite.

Derrek en était là de ses réflexions quand il tomba face à face avec Brad et son "guide". Il fallait agir vite et bien, il n'avait pas le droit à l'erreur. Derrek s'approcha donc des deux hommes et s'adressa au garde :

"Je vais prendre le relais. Je m'occupe du clochard. Il vient de me dire qu'il avait changé d'avis. Tu peux retourner à tes activités,je l'emmène."

Derrek avait essayé de le dire avec le plus d'assurance possible, mais pour que cela fonctionne il aurait besoin d'un peu d'aide de la part de Brad. D'ailleurs il tenta de lui faire savoir :

*Brad, je vais avoir besoin de ton aide pour faire illusion. Si tu peux me donner quelques infos sur ce que je suis sensé savoir en tant que vrai garde, ça serait super*

A la surprise de Brad et de Derrek, le garde se débarrassa de son prisonnier sans demander son reste.

" Ouai vas-y, récupère-le, il pue trop la mort ce déchet. "

Le garde s'en alla sans résister sous le regard furibond de Brad.

" Je pue ? Comment ça je pue ? Tu t'es regardé hé connard ! Casse toi ouai ! T'as intérêt à pas rev'nir me faire chier. "

Le soldat du securit'ace leva un doigt d'honneur au dessus de son épaule en quittant le couloir, pas plus vexé que ça de se faire insulter par un paria de la société. Le clochard se tourna vers Derrek.

" J'ai lu dans la tête de Baldwin qu'ils sont en train de mettre au point une arme bactériologique dans les labos du RA!D. Ils pensent que tu peux dupliquer les connaissances des gens. Ils t'appellent le projet twin. Ils ont même pensé à te cloner pour les aider à terminer leur truc. C'sont pas des gens bien ici Derrek. Faut pas rester là. Faut récupérer le chaton et partir rapidement. Il est encore en salle d'interrogatoire. Mais y'a un garde devant. J'vais me cacher dans ta chambre. Va l'aider et on part vite !"

Sans laissa le temps à Derrek d'objecter le moindre élément, Brad disparut.

Devant la porte de la salle indiquée télépathiquement par son camarade, Derrek put en effet remarquer qu'il y avait un homme en armure anti-émeute avec le bouclier qui gardait la porte. Remarquant celui qu'il croyait être son collègue, il l'alpagua.

" Ben t'es pas en congé cet aprem Chris ? "

Le garde ne fit pas de difficulté à lui remettre la garde de Bradley. Cela surpris Derrek, car il n'avait donné ni son nom ni aucune information permettant de vérifier qui il était, mais cela l'arrangea bien. après réflexion il compris même pourquoi cette décision n'était pas si illogique que ça : après tout il avait l'apparence d'un de ces collègue et le garde n'avait aucune raison de soupçonner qu'un intrus déguisé était entré dans le bâtiment puisque l'alarme n'avait pas été déclenchée.

Depuis qu'il était rentré ici, Derrek avait passé la majeure partie de son temps l'esprit torturé par mille question et ce travail de la raison avait fait disparaître sa colère, cela avait ancré et durci la haine qui l'habitait mais la colère avait presque disparu. Aussi fut-il étonné que Brad soit autant à fleur de peau, surtout pour un truc aussi évident que son odeur et par quelqu'un d'aussi insignifiant qu'un garde mercenaire. Mais il ne releva pas, il n'avait pas le temps d'avoir une vraie discussion avec Bradley maintenant.

Brad lui expliqua le plan que cette organisation avait pour lui. Cela semblait gros, même un peu trop gros, mais il y avait des informations exactes. Par exemple il ne lui avait jamais parlé de son pouvoir et le RAID en avait connaissance. Derrek aurait bien voulu avoir plus de détails. Le fait de s'enfuir d'un centre d'une organisation comme le RAID n'était pas sans conséquences, avant de le faire, Derrek voulait être sur que ce à quoi il échappait valait vraiment le risque pris. Il n'en serait surement jamais complètement certain, mais tout ce qu'il pouvait savoir en plus serait bon à prendre. Il s'adressa donc à Brad :

*Brad, ce plan du projet Twin me paraît un peu trop gros pour être crédible. T'es sur de ce que t'as lu? Tu sais pourquoi ils veulent construire cette arme bactériologique?*

En suivant les instructions de Brad, Derrek trouva sans mal la salle où était retenu le chaton. Il y avait un grade devant la porte, un garde en armure anti-émeute. Visiblement il connaissait le compagnon de chambre de Derrek et l'équipement avait créé la confusion. Derrek devait faire illusion, mais ça n'allait pas être facile face à quelqu'un qui connaissait celui qu'il était censé être. Il lui répondit tout de même :

"Bah je devais, mais finalement ils m'ont rappelé. Soit-disant que il y a plus de taff à cause des trucs qui sont arrivé ce matin. Donc je suis là. D'ailleurs ils veulent te voir, je sais pas trop pourquoi. Je prends ta relève."

Brad répondit à Derrek alors qu'il retournait à la chambre.

* C'est ce qu'avait Baldwin dans sa tête de gland. L'est con comme ses pieds ce mec. Du coup il a pas tout compris ! M'enfin. Et le projet Twin, c'est pas en place. J'sais pas d'où ils sortent ça. Ils étudient l'hypothèse. L'arme je sais pas. Veulent vider des zones trop peuplées. Un truc du genre. C'était même pas clair dans sa tête... Il a pas l'air de se poser trop de questions c't'abrutis. *

Face à Derrek masqué, le garde resta immobile quelques secondes en secouant la tête.

" Tu vas voir qu'ils ont trouvé ma bouteille de pinard dans le placard. Je vais me faire démolir. "

Le garde commença à partir, puis se retourna vers Derrek.

" Ouvre pas la porte au fait. Le truc dedans est dangereux. Il a été un peu tabassé mais fait gaffe. Il a tué le nouveau à midi. Billy. Je sais pas si tu l'avais croisé. Puis il a fait une entaille au bras de Josh... Il avait le muscle en charpie. C'est pire qu'un ours ce truc."

L'homme s'en alla avec son équipement lourd laissant Derrek seul devant la porte.

* Je suis dans ta chambre. J'attends. *

Brad répondit aux questions de Derrek, mais il n'apporta pas vraiment d'informations nouvelles. Cela embêtait un peu le jeune mutant à écaille car il aurait bien aimé savoir un peu plus entre quoi il était en train de choisir. En partant avec Brad, il savait à peu près à quoi s'attendre : une vie nocturne, une fuite continuelle dans les milieux underground. Mais en restant ici il n'avait qu'une vague idée. Il s'imaginait bien les premières semaines, avec une chambre à lui et accès au confort moderne. Il travaillerait la journée dans un labo et subirait des examens médicaux approfondis. Mais ces examens seraient-ils juste une phase à passer ou une réalité qui lui prendrait toutes ses journées? Ressembleront-ils à des examens médicaux normaux ou plus à de la dissection? Il savait qu'au début il n'aurait qu'une liberté limité, mais la fuite limite aussi la liberté. Comment savoir si ici cela avait une chance de s'améliorer avec le temps? Comment savoir si ils allaient continuer à le traquer pour toujours ou s'ils se lasseraient vite? Bref Derrek était en proie au doute. Mais dans ce doute, la fuite semblait moins incertaine et laissait plus de place à l'espoir. Son choix était donc finalement déjà bien enclenché..

Le second garde ne posa donc pas plus de problème à Derrek que le premier. C'était impressionnant à quel point il était facile de mentir au gens. Il l'avait déjà fait pas mal, comme tout ado qui cache des choses à ses parents, mais cela marchait beaucoup moins bien avec les gens qu'il connaissait qu'avec ces inconnus. Il laissa donc le garde s'imaginer lui même une réalité à partir de son mensonge, bien plus complexe que ce qu'il avait lui même imaginé.

Ensuite il essaya d'ouvrir la porte de la cellule du chaton. Il ne fallait pas traîner, le garde qui était parti voir son supérieur allait vite comprendre qu'il s'était fait mené en bateau et l'alarme allait être déclenchée.

Derrek put ouvrir la porte qui de ce côté ne semblait pas être verrouillée. A l'intérieur de la pièce, il y avait le même mobilier que dans la salle dans laquelle il s'était réveillé quelques temps plus tôt. Au lieu d'un chaton, Derrek trouva un être humain. Du moins quelque chose s'en approchant.

C'était un être à la peau grise entièrement nu qui était prostré dans un angle de la pièce. Sa colonne vertébrale était nettement visible et ondulait la peau de son dos. Sa cage thoracique était de la même façon apparente et chaque côte était marquée. La musculature de la créature était notoire. Le plus étonnant résultait dans ce qui ressemblait à un masque rappelant les médecins du XVIIe siècle, avec un long bec et cachant la moitié supérieure du visage. Quelques tâches de sang parsemaient sa peau lisse. Quant à savoir si c'était le sien, c'était une autre histoire.

Spoiler:

La créature porta ses yeux bleus sur Derrek et se releva, plaquée contre le mur, en serrant la mâchoire. Le regard d'abord apeuré se fit plus sévère en remarquant qu'il était seul. Jugeant probablement que son ennemi était vulnérable, la chose se fit plus menaçante en lui faisant face et en avançant d'un pas, prête à l'attaquer de ses ongles crochus.

La porte de la salle n'était pas verrouillée, cela paru étrange à Derrek, comme si le RAID voulait qu'il s'échappe. Tout était trop facile, mais cela ne l'encourageait qu'encore plus à partir et à s'enfuir. En effet si le RAID était assez manipulateur pour faire en sorte de mettre en place sa fuite tout en faisant qu'il pense que c'était son idée, il ne ferrait pas bon se retrouver entre ses mains; il n'y avait plus aucune chance que sa vie en travaillant pour eux ressemble à ce qu'ils lui avaient décrit.

A l’intérieur, Derrek se retrouva face à face avec quelque chose d'assez proche des descriptions qu'il avait eux du chaton dans sa forme "humaine". C'était plus qu'horrible à voir, mais le plus dérangeant était que l'agressivité dont lui avait parlé Bradley. Il faisait mine de l'attaquer à mains nues.

Normalement avec son équipement anti-émeute, il ne devrait pas risquer grand chose face à quelqu'un de non armé, mais ce qu'il avait entendu sur les blessures des gardes qui avaient essayé d'interroger le chaton-garou lui faisait douter que la manière forte aie une quelconque chance de réussir. Immédiatement il appela donc Brad à l'aide :

*Brad. Je crois que je vais avoir besoin de ton aide. J'ai retrouvé notre ami, mais il est hors de contrôle. Il essaye de m'attaquer*

Derrek remonta la visière de son casque afin de dévoiler son visage marqué par la mutation. Restant sur ses gardes et prêt à attaquer avec le tonfa livré en série avec l'équipement anti-émeute, il essayer de jouer la psychologie avec le chaton-garou :

"Je ne suis pas comme les autres. Je n'ai pas envie de te faire mal. Tu te souviens de moi, j'étais chez Brad."

Lorsque Derrek remonta sa visière, la créature sembla hésiter et s'immobilisa. Soudainement, elle leva la tête comme si quelque chose volait dans la pièce puis se reconcentra vers Derrek. Elle lança, dans un souffle court :

" Ami. "

La créature commença à se déformer comme si son corps devenait de la pâte à modeler, à la seule différence que les os craquaient et que certains semblaient percer la peau de ce qui allait devenir le chaton. Tels des branchages dans des flots, les os sortaient et replongeaient sous l'épiderme meurtri avant que ce dernier se couvre de poils roux pour redevenir l'adorable félin.

*C'bon. Je l'ai calmé j'crois. Son esprit a changé. J'sens du mouvement chez toi ! Fais gaffe !*

D'étranges bruits ressemblants forts à des grognements de cochons se firent entendre de l'autre côté de la porte entrebâillée. Un garde emmenait un étrange personnage haut de deux bons mètres qui venait de se faire interroger. Totalement chauve, il avait un nez proche du groin et des oreilles tombantes sur le dessus du crâne. Il portait un marcel dégueulasse et un pantalon de jogging bleu avec des rayures blanches sur le côté des jambes. Ses mains et ses jambes étaient liées par des menottes, le faisant avancer à petit pas.

Spoiler:

Adrian sortit également de la salle et indiqua :

" Ce mutant est intéressant. Préparez-le à être déplacé au labo du RA!D en fin de journée. Quelques gênes pourraient être utiles. "

Le garde acquiesça et poussa le porc d'un coup de genou dans le coccyx.

" Allez, avance gros lard. Plus vite que ça. Bouge !"

Le mutant poussa un grouinement mécontent et essaya d'accélérer le pas autant que l'envergure de ses pas le lui permettaient tandis qu'un certain nombre de bruits cadencés approchaient en sens inverse. Quatre hommes en équipement d'intervention bloquaient le passage. Adrian les interrogea :

" Que se passe-t-il messieurs ? "

Derrek put reconnaitre la voix du garde qui était devant la salle du chaton quelques minutes plus tôt.

" Il est dedans, votre mutant. Derrek Bergenmeyer. Il est déguisé en Securit'ace et il a essayé de m'éloigner de la porte. Je suis allé chercher des renforts. Cet idiot croyait que j'allais pas remarquer le changement de voix. On m'a signalé que le clochard était dans sa chambre. Il doit vouloir se tirer."

Contrarié, Adrian se tourna vers la porte derrière laquelle Derrek se cachait. Il lui lança en haussant la voix pour être entendu.

" Tu me déçois Derrek. Je te propose une nouvelle vie et de quoi passer outre ta mutation, mais les mutants tels que toi êtes tous les mêmes monstres. On vous tend la main et vous nous bouffer le bras avant de disparaitre comme des voleurs ou de vous attaquer à notre pays entier. Vous êtes la plaie du XXIe siècle. A défaut d'être une larve, tu aurais put être un pion utile."

A ce moment là, la voix de Brad retentit, un peu tard.

* Ils savent où je suis Derrek ! Et toi aussi ! *

Le scientifique conclut à l'intention des gardes.

" Messieurs, je vous laisse le préparer à l'embarquement de 19h. Il rejoindra les labo avec Monsieur Wagner ici présent. "

Le garde et l'homme cochon disparurent à la suite de l'homme de science tandis que les gardes se préparaient à forcer la porte lorsque l'un d'eux remarqua qu'elle était déjà ouverte. D'un puissant coup de pied qui fit voltiger Derrek, ils firent sauter la porte et pénétrèrent dans la pièce avec rapidité pour encercler le mutant. L'un d'eux sortit une matraque électrique et frappa Derrek qui perdit connaissance. Il était déjà au sol, il ne chuterait pas au moins...


Derrek se réveilla dans une pièce entièrement vide en béton. Un filet d'air s'échappait d'une porte métallique lourde au bout de ce qui ressemblait à un début de couloir sur un mètre. Assis dans un coin, l'homme cochon caressait du bout de l'index le chaton au travers des barreaux d'une petite cage dans laquelle le félin était endormi. Un Securit'ace se tenait debout devant une autre porte en face de celle métallique, armé d'un fusil à pompe. En revanche, aucune trace de Bradley.

Le cochon semblait de mauvaise humeur. Il ne cessait de maugréer des insultes à l'encontre des Pères Fondateurs.