01.02/07.C.Blythe - La Torture de la Solitude

Matinée ordinaire, la jeune femme se dirigea dans son lieu de travail, avec un nœud à l’estomac. En effet, quand son petit était là, elle était obligée de se lever plutôt pour le préparer à aller chez la nourrice. A présent, elle patienta à cogitant de son incompétence, ronger par des remords.
5 minutes de trajets, voilà le temps qu’il fallait à Sélène pour aller à son travail, équivalent à un commentaire dans une radio plus la diffusion d’une chanson. Sortant de la voiture, elle laissa perdre son regard dans les cieux cléments pour ce jour. Elle se souvenait qu’hier, la présentatrice de la météo annonçait un temps radieux, avec des températures élevées d’après ses dires. Peut-être qu’elle avait raison pensa Sélène.
Puis après ce petit temps mort, la jeune femme entra dans le bâtiment de son travail. Elle était serveuse, un métier qui ne lui plaisait guère, mais qui avait néanmoins l’avantage de permettre de payer les factures et que le patron ne cherche pas à connaître le passé de ses employés, tant que ceux-ci font leur travail. Et Sélène faisait bien son travail ou du moins, elle arrivait à faire le strict minimum pour que son patron n’ait à rien à lui reprocher.


Elle se dirigea en direction des vestiaires pour prendre ses vêtements de travail et se changea. Elle le fit dans le silence. Il n’y avait personne, ses collègues n’étaient pas arrivés. Sélène regardait sa montre. Mince ! Elle avait bien vingt minutes d’avance. Oui, à présent qu’elle était seule, elle avait beaucoup de temps à utiliser, à profiter. Pourtant, cela ne lui faisait pas plaisir. Là, se mettant son visage dans ses mains, elle essaya de ne pas à pleurer et attendit que le temps passe, un temps qui semblait s’allonger pour la jeune femme. Elle se demanda si l’éternité ne lui était pas accordée à cet instant…. La dureté de l’attente était pénible et elle espérait même que le marchand de sable, Morphée, la ramènerait un temps dans son royaume

Quelques secondes s'écoulèrent alors que Sélène était plongée dans ses réflexions, seulement perturbées par les ronronnements des chambres froides. Mais le silence fut bientôt troublé par une conversation animée à l'extérieur. On y reconnaissait une voix féminine et une autre masculine, néanmoins Sélène ne pouvait discerner clairement ce qu'ils se disaient. Juste après, la porte des vestiaires s'ouvrit violemment pour laisser entrer une jeune demoiselle:


Il s'agissait d'Abby, une des serveuses qui travaillait au restaurant avec Sélène. Tout indiquait qu'elle n'était pas vraiment d'humeur aujourd'hui... D'autant plus, qu'elle venait manifestement de se lever au vue de ses cheveux humides et de sa tenue somme toute assez négligée. Elle accrocha sa veste en soufflant ostensiblement alors que derrière elle, un jeune homme écarta les bras, sidéré.


Mike tira une dernière bouffée de sa cigarette avant d'en jeter le mégot pour entrer à son tour. Le jeune homme était l'un des cuisiniers du restaurant et Sélène n'avait pas eu l'occasion de lui parler beaucoup, excepté pour des banalités. Il arrêta Abby par le bras, la forçant à se retourner pour lui faire face:

"Bibiche! J'le voulais pas moi! Je pensais que ça te faisait plaisir!"

Abby lui lança un regard noir et l'ignora tout en se dégageant de son étreinte. Elle ouvrit son casier et s'empara de sa tenue de travail avant d'ajouter froidement:

"Tire-toi Mike. Je me change."

Comprenant qu'il était inutile d'insister plus longtemps, le cuisinier partit rejoindre ses fourneaux, laissant Abby et Sélène seules. La serveuse remarqua enfin sa collègue qui pu constater qu'Abby la dévisageait, légèrement inquiète.

"Salut Sélène... T'en fais une de ces têtes!" Abby enfilait sa tenue sans quitter du regard la jeune femme. "Moi non plus, ça n'va pas trop... Mike est passablement agaçant en ce moment..." Ajouta la blonde comme pour inciter sa collège à la confidence ou donner l'envie à Sélène d'en demander plus.

Elle s'assit à coté d'elle et la prit doucement par l'épaule:

"Quelque chose ne va pas? Le patron te pose problème? T'aime pas le job?" Tenta la blonde pour comprendre les causes du malaise apparent de Sélène.

En cuisine, on entendait le bruit des verres et déjà une odeur d'huile flottait dans les airs... A l'horloge, il ne restait plus que cinq minutes avant que le service ne commence...

Le visage dans ses mains, le bruit d’une dispute arrivait jusqu’aux oreilles de Sélène. Cette dernière releva la tête doucement, même si l’air d’un cadavre restait marquer sur sa façade. Elle ne put s’empêcher d’écouter la conversation qu’on lui offrait, sachant pertinemment que cela était indiscret. Cela changeait les idées de la jeune femme pour un instant. Les deux personnes qui s’engueulaient étaient Mike et Abby. Sélène avait entendu que ces deux-là étaient ensembles, pour autant elle ne s’était guère intéressée à leur histoire, juste pour maintenir une conversation avec une personne. Mike semblait douer dans ce domaine, car lui aussi il utilisait cette méthode pour maintenir la conversation avec Sélène, pour parler des choses banales, sans véritables importances, comme deux petits vieux voulant passer le temps en commérage et en conversation inutile. Quant à Abby, Sélène la connaissait un peu mieux, elle aimait parler et détaler sa vie ainsi que la vie des autres. Leur dispute n’aura plus de mystère pour mademoiselle Matthew dans quelques minutes, le temps que Mike décidera de partir.

Quand celui-ci décida enfin de s’en aller, sa copine se retourna et parla à sa collègue, en demandant des nouvelles. Mais cette dernière n’avait pas envie de parler de cela, surtout à une personne dont elle n’était suffisante proche. C’était une connaissance de boulot, rien de plus pour elle, même si de temps en temps elle devait assouvir la curiosité de Abby. Retrouvant un petit sourire, rien d’extraordinaire, elle lui dit de manière ironique:

« Tu as vu juste, c’est bien le patron. Je trouve qu’on est mal payé par rapport au pourboire que nous recevons. Pas toi ? »

Puis elle lâcha un petit rire jute avant de se lever, car il ne restait plus que cinq minutes avant de travailler. Mais il fallait que Sélène lâche une petite info, même fausse, pour que son amie, si on peut le dire, puisse se consacrer entièrement en son déballage de vie.

« Pour tout te dire, j’ai mal dormi. Mais je vois que le réveil t’a aussi été dur ? Et qu’est-ce que Mike t’a encore fait ? Allez, racontes moi tout avant qu’on aille travailler.»

Au fond d’elle, Sélène espérait que Abby ne commence pas à pleurer, juste pour ne pas devoir la remplacer avant que sa collègue se remette de ses émotions. Sa journée était assez pourrie, autant ne pas compliquer son travail, même si cela aurait le mérite de la fatiguer le soir.

Presque flattée d'avoir trouvée la cause de la tristesse de Sélène, Abby passa une main dans ses cheveux et croisa les jambes. Néanmoins, lorsque Sélène se mit à rire, son visage prit une moue perplexe.

"Disons que le patron nous paie en tant que serveuse, les pourboires sont un plus... Mais c'est net...on mérite mieux!" Conclut la blonde, un peu hésitante. Manifestement, elle ne savait pas si sa compère avait blagué ou non.

Abby resta assise alors que Sélène s'était levée. Elle gardait son regard fixé sur sa collègue, devinant que ses problèmes de salaire ne pouvait pas être la cause de cet abattement. L'explication vint et il était impossible de savoir si Abby l'avait gobé ou non. Elle se contenta d'acquiescer à l'excuse de la mutante. En revanche, Abby ne se fit pas prier deux fois avant de tout expliquer de ses problèmes de couple à la jeune femme:

"C'est un peu spécial... Faut que tu m'dise ce que tu en penses! Hier soir, il est arrivé à mon apart' avec un cadeau... Tu vois, j'étais hyper contente parce qu'il m'avait offert quoi... genre deux-trois bouquets de fleurs avant, mais là ça avait l'air assez gros et c'était pas de fichus fleurs, pour une fois..." Visiblement, Abby tenait pour acquis que les filles en avaient toutes assez de recevoir des fleurs dans une relation de couple. "Alors j'ai déballé le cadeau et tu devineras jamais ce qu'il m'a acheté!" Ne laissant même pas le temps à Sélène de chercher une réponse, elle lâcha: "...une tenue d'infirmière cochonne! Tu te rends compte! On sort ensemble depuis deux mois et il m'offre déjà ça! Je lui ai rien dis sur le moment mais ce matin quand il m'a demandé comment j'avais trouvé le cadeau avec son air tout fier, j'ai pété un cable, genre "pour qui tu me prends? Pour une de tes trainées de jeu vidéo ou pire!" enfin bref, j'te laisse imaginer..."

Pour une réponse, Sélène était servie! Et Abby avait l'air intarissable comme s'il fallait qu'elle déballe tout à la première personne venue. Elle aurait certainement poursuivie et envisager la situation sous tous les angles, mais voilà que la troisième et dernière serveuse venait de faire son entrée:


Il s'agissait de Maria, un émigrée espagnole, doyenne des employés du restaurant. Elle avait son franc parlé et en général, personne ne lui cherchait des noises. Tom, l'un des cuisiniers, disait à qui veut l'entendre, qu'elle couchait avec le patron, qui lui avait octroyé pas mal de droits au restaurant et notamment celui de diriger la salle, dont les deux serveuses en pleine discussion. Elle salua d'un signe de tête ses collègues et se changea machinalement. Abby conclut à l'adresse de Sélène:

"Bref, j'ai l'impression d'être un objet sexuel pour lui. T'en penses quoi, toi?"

Une fois habillée, Maria partit en direction de la salle et s'arrêta juste avant d'y entrer. A sa tête, les problèmes relationnels d'Abby, étaient le cadet de ses soucis.

"Je veux vous voir en salle dans une minute, les filles... Une minute!" Rappela t-elle d'un ton injonctif.

Sur ce, Maria disparue dans le restaurant. Abby ne bougea pas d'un pouce, comme si elle n'avait rien entendue. Manifestement, la serveuse n'était guère motivée par son travail et elle ne s'en cachait pas. Elle attendait juste la réponse de Sélène qui sonnerait pour elle comme le top départ de sa journée, mais pas avant. Il ne restait que trente secondes à Sélène pour lui dire ce qu'elle en pensait, si elle ne voulait pas avoir un quelconque retard... Toutefois, Sélène savait que Maria était du genre...intraitable!

[Hrp: Si tu rejoins la salle, je te laisse le soin de sa description et du type de restaurant dans lequel tu te trouves. Tu peux choisir une illustration et un fond d'ambiance si tu le veux! Fais-toi plaisir!]

[Tu n’auras pas besoin de me le dire deux fois :p]

Le moment où Sélène faisait un peu d’humour, elle sentit la main d’Abby. Gênée sur le coup, elle prit sa main et lui fit un sourire en même temps, comme pour la remercier de ce geste si particulier. Certes Sélène savait que sa collègue arrêterait bientôt ce manège et qu’elle ne chercherait sûrement pas à comprendre, mais cela avait au moins le mérite de redonner un peu de réconfort.
Puis Abby se lança dans son déballage de vie. Sélène suivit avec intérêt la conversation, rien que pour oublier ses propres problèmes. Quand sa collègue énonça que les jeunes femmes commençaient à se lasser de recevoir des fleurs, Sélène sentit qu’un nœud se formait à l’intérieur de son ventre, enviant ses marques d’amour. Mais elle ne voulut pas perdre la face et continua à faire comme si cela ne la touchait pas, comme si ces paroles n’avaient pas d’importance en apparence. Et la révélation de sa collègue lui permit d’un, d’oublier ce nœud, de deux, d’éclater de rire. En effet, quand elle avait entendu que le copain de sa collègue lui avait offert une tenue infirmière sexy, elle ne put se contrôler de rire. Sachant que cela allait sûrement mettre mal à l’aise sa collègue, elle essaya d’étouffer ses rires comme elle le pouvait et prit le bras de sa camarade pour lui dire.
Sauf que la patronne des serveuses fit son entrée et salua comme un terminator. Sélène avait une piètre opinion de cette femme qui avait de l’ambition, même si c’était un petit restaurant. Certes elle ne restera pas longtemps, mais il fallait bien dire que sa mini-patronne allait l’agacer pendant un moment. Cette bonne femme devrait sourire pour une fois et prendre un peu de temps avec les autres si elle désirait les diriger. Cela serait un bon début.

Puis quand Abby termina, attendant que Sélène y réponde sauf qu’elle ne fit rien. En effet cette dernière s’était laissée un peu submergée par le décor que sa mini-patronne avait planté. Se retournant vers celle qui avait besoin d’une réponse, elle ouvra la bouche, mais n’eut pas le temps de dire un seul mot ou tout simplement produire un seul son. L’espagnole leur ordonna d’être dans la salle dans une minute, trop peu pour faire un long discours, mais bon il fallait bien faire avec ce qu’on l’a. Sélène dit à Abby :

« Ma pauvre ! Mike fantasme peut-être sur les infirmières. Peut-être tu peux lui faire plaisir et accomplir ton propre fantasme… ou tu peux mettre la tenue qui t’a offert et lui dire qu’il ne pourra plus toucher ton joli corps pendant une semaine…. Maintenant, allons au travail. Nous reprendrons cette discussion après le travail si tu le souhaites. »

Finit-elle avec un sourire. Puis Sélène se dirigea dans le restaurant-bar. C’était un lieu chaleureux, petit, suffisant pour une ville. Le bois est omniprésent dans les structures, faisant penser à un lieu où les cow-boys pourraient venir pour boire un bon vieux whisky.



Sélène pouvait voir à droite, le lieu où elle devait fréquenter une grande partie de sa journée. Des tables arrondies trouvaient au milieu de la salle alors que des tables des années 60 se trouvaient sur les côtés. Il en avait 5 tables des années 60.





A gauche, il y avait la sixième table des années soixante. Mais aussi une autre salle, visible, avec une table de billard, servant juste de lieux de passages et d’amusements pour ceux qui ne veulent profiter que le côté bar et non restaurant. Généralement, les jeunes et les habitués à la bibine se retrouvaient de ce côté-là.



La porte d’entrée se trouve en face du bar, permettant ainsi de voir directement le barman qui n’est rien d’autre que le dirigeant. Ainsi voici où Sélène travaillait et où elle était fier de passer un petit moment avec ces gens qui lui ont offert un simple travail sans rien demander autre chose.

Abby n'avait fait montre d'aucuns signes apparents d'agacement lorsque Sélène retint son rire. Après tout, la situation était franchement désopilante. Du moins, d'un point de vue extérieur!
La serveuse était ravie de l'intérêt que portait Sélène à ses histoires de cœur et aux paroles de réconfort de la mutante, elle répliqua:

"Assouvir mes fantasmes? Ses fantasmes, ouais! Les mecs sont vraiment tous pareil! Pas sûre que si je porte sa tenue, il accepte de me laisser tranquille... Mike veut tout le temps..." Abby eut soudain une bouffée de chaleur et son visage vira au rouge. Elle préféra se taire pour une fois et elle rejoignit sa collègue.

Abby avait certainement envie de remettre ça lors de la pause mais pour l'instant elle partit en trainant des pieds dans la salle, en direction de Maria. Elle avait suivie machinalement Sélène et l'Espagnole observa d'un œil noir ses deux recrues approcher.

"Parfait mesdemoiselles. J'espère que vous êtes motivées ce midi..."

La tortionnaire cheftaine se tourna alors vers le barman qui n'était autre que le patron:


Il portait son habituel chemise rouge et affichait son éternel sourire idiot. C'était le genre de patron assez cool avec ses employés et son attitude frisait bien souvent la bêtise. On se demandait fréquemment comment il avait pu devenir propriétaire d'un tel restaurant. Il compensait son coté laxiste avec l'autoritarisme de Maria et c'était sans aucun doute pour cela qu'il l'avait embauché. Il posa ses deux mains sur le comptoir et observa Sélène et Abby d'un air vaseux:

"Bon les filles... Aujourd'hui, il va falloir vous préparer... On vient de m'appeler pour me dire qu'un car entier de touristes débarquait pour manger ici..." Il consulta sa montre d'un air sérieux qui ne lui allait décidément pas du tout. "...dans une demi-heure!" Il se mit à rire, au comble de la félicité.

Maria leva les yeux au ciel, habituée aux bizarreries de son patron puis elle lança:

"Abby, tu t'occupes aujourd'hui de nettoyer les chiottes. Sélène, tu fais la salle. Passe juste la serpillère, le boss s'est occupé du balais ce matin. Je veux que tout soit fini dans une demi-heure pour l'ouverture."

Le ton était sec et les deux jeunes femmes avait intérêt à se mettre au boulot au plus vite. Complètement à coté de la plaque, Josh, le patron, commençait à laver ses verres, le sourire aux lèvres. Maria, quant à elle, partit dehors installer la terrasse. Elle n'était pas du genre à trainasser et elle attendait le même dévouement dans le travail, de tous les employés.

La serpillère et le sceau se trouvait dans un placard des vestiaires et Sélène put remarquer que, malgré le coup de balais donné par le patron, le sol n'était pas très clean. Outre cela, la salle était vaste, et elle savait qu'elle allait devoir faire vite pour finir à temps la serpillère.
Sélène, en avait conscience, passer la serpillère était beaucoup plus crevant qu'il n'y paraissait, mais au moins, elle avait évité la corvée des toilettes. Abby jeta un regard désespéré à sa collègue et partit en direction des WC, les épaules voûtées...

Sélène ne put sourire face à la réponse d’Abby, qui semblait montrer qu’elle était déboussolée face à ce terrible problème épineux, piquant qu’elle semblait recevoir comme s’il y s’agissait d’un vaccin. Enfin de compte, la tenue d’infirmière avait bien une connotation symbolique.
Rentrant dans la salle, les deux jeunes femmes furent accueillies par les paroles de Maria, qui semblait ressembler à ce moment précis, plus à une mère qu’à la patronne. En même temps, elle devait avoir l’âge d’être grand-mère. Celle-ci se tourna vers le patron, un mec sympa, même si le terme d’autorité ne serait pas utilisé pour le décrire. Pour autant, les serveuses doivent le reconnaître, il savait maintenir son bar-restaurant en état quand des mecs bourrés, des gens voulant que les serveuses fassent des extras, ou autres commençaient à mettre le chaos dans ce lieu. C’était en quelque sorte un gros lion aimant l’oisiveté sans pour autant ne pas défendre son territoire contre les intrus. Ce dernier, avec un air plus que sérieux qui ne semblait pas lui aller en passant, dit qu’un car de touriste allait venir dans ce bar dans… une demi-heure. Sélène leva les sourcils, voyant le bordel dans la salle et sachant qu’elle doit commencer dès à présent le travail si elle souhaite finir le travail à l’heure ou du moins avant l’arrivée des touristes.
Puis l’espagnole balança ses consignes de manière désespérée. Elle ne devait pas au courant de ce petit détail, mais elle ne semblait pas broncher. En même temps, elles n’avaient pas le temps de se plaindre, il fallait que le travail soit fait dans les délais donnés. Sélène soupira quand elle sut qu’elle fera la salle et vit la face déconfite d’Abby. Puis quand Maria s’en alla, Sélène se dirigea vers sa collègue chargée des toilettes pour poser ses mains sur les épaules et essayer de la réconforter comme elle le pouvait.

« Bonne chance »

Abby avait débuté une journée de merde, avec un copain de merde qui semblait chercher la merde…. Et à présent elle doit nettoyer la merde. Merde ! Cela faisait marrer dans le fond intérieur de Sélène de cette ironie que sa collègue était en train de subir. N’était-ce pas l’ironie du sort ou le destin ? Mais elle n’avait pas le temps de rêvasser.

Ainsi elle se dirigea vers le placard, à côté des vestiaires, pour prendre le sceau et la serpillère, puis ramena ses deux instruments de travail jusqu’au bar pour prendre l’eau et le produit d’entretien se trouvant sous le bar. De là, elle vit son patron nettoyant les verres. Cela la fit sourire de le voir travail de manière intensive. Mais le temps lui manquait pour s’amuser de cette situation. Mettant le sceau sous le robinet, elle mit l’eau chaude plus le produit d’entretien et le laissant pour aller en salle et mettre les chaises sur les tables. Dès qu’elle finit cela, elle revint vers son sceau qui finit d’être rempli. De là, elle prit son sceau lourd, en faisant attention à son boss, pour arriver en salle. Et elle commença à faire le nettoyage de la salle. Avait-elle le temps, cela elle ne le savait pas, mais si il lui restait le temps avec avoir nettoyé la salle, elle remettra les chaises et passera un coup de chiffon sur les tables et commencera à préparer la salle pour que les gens puisse déjà s’assoir et commander, même si l’ordre n’avait pas été donné.

[Hrp: Il faudrait que tu indiques la ville dans laquelle le restaurant se trouve dans le titre de ton message. Merci!]

Sélène passa la serpillère pendant plusieurs minutes éreintantes tandis que Josh, l'air hagard, l'observait faire en nettoyant à présent le comptoir. Dehors, on entendait le bruit de chaises que l'on déplie, et des tables qui raclent le sol... A l'intérieur, Abby pestait contre les clients qu'elle jugeait peu portés sur l'hygiène au vue de l'état des toilettes. En bref, tout ceci était très banal pour Sélène. En revanche, ce qui l'était moins, c'était le fourgon noir stationné non loin du restaurant.


Sélène pouvait le voir par la fenêtre qui donnait sur la rue. Les vitres n'étaient pas teintées et la jeune serveuse put constater que, sur le siège conducteur, il y avait quelqu'un caché derrière une paire de jumelle, occupé à espionner le restaurant. Dès qu'elle surprit Sélène qui l'observait, la personne baissa ses jumelles et posa ses mains sur le volant. De son poste, les traits de cet individu était impossible à voir pour la mutante...

Malgré ce détail, plutôt étrange en soi, le passage de la serpillère se poursuivit sans autre incident notable. Entre temps, Maria était rentrée et avait donné un coup de main à Sélène pour finir avant que le restaurant n'ouvre ses portes. L'aide de l'Espagnole ne fut pas superflue et permit de finir la salle au bout de la demi-heure espérée. Les tables furent aussi disposées de manière à recevoir les touristes sur de plus grandes tables. De même, Abby après avoir jeté ses gants hygiéniques avait rejoint la salle et manifestement, elle souhaitait vouloir s'arrêter un moment. Malheureusement pour elle, le crissement des pneus sur les graviers avertit tout le monde de l'arrive imminent de clients et Maria, après avoir filée à la fenêtre, annonça:

"C'est parti! Le bus est arrivé..."

Josh sourit et ajouta:

"Mesdemoiselles, affichez vos plus beaux sourires!"

A peine eut-il fini sa phrase que la porte du restaurant s'ouvrit sur un homme aux traits tirés par la fatigue:


Il avait manifestement l'air au bord de la dépression nerveuse et au brouhaha extérieur que faisait la flopée de touristes ce n'était guère étonnant. Il s'approcha de Maria, sans faire attention à Josh et lui demanda:

"Nous avons appelé tout à l'heure... Le car de touristes... C'est nous. Nous sommes une trentaine..." Il était essoufflé et Maria afficha un large sourire avant d'inviter l'animateur à faire entrer les touristes...

L’Espagnole se dirigea vers Sélène et Abby et les poussa gentiment en direction de la porte d'où déboulèrent d'abord cinq, puis dix, puis vingt clients qui se massèrent aussitôt à l'entrée. Ça braillait, bavardait, gesticulait, s'impatientait... En clair, ça jouait avec les nerfs des personnes qui n'étaient pas en vacances! Abby fut interpelée par une famille avec six enfants réclamant une table. Quant à Sélène, elle fût accaparée par trois personnes âgées:


Ils avaient l'air complètement loufoques avec leurs boucles d'oreille et leurs bérets, sans doute s'agissait-il d'une nouvelle mode... Des Français sans aucun doute...

"On veut une table pour trois personnes mademoiselle!" Commença le vieux à gauche en s'approchant tout près du visage de Sélène qui put sentir l'haleine tout mais sauf fraîche de son client.

"Et un cendrier!" Ajouta la vieille dame en levant un doigt impérieux.

Et le service ne faisait que commencer...

[Blythe se trouve sur la route 10 en Californie, à côté de la frontière de l’Arizona]

Sélène passait la serpillère. Seuls les bruits des toilettes où Abby pestiférait contre les clients la faisait sourire. Contre toute attente, elle vit Maria finir avant elle et lui donner un coup de main, permettant de préparer la salle. Ainsi quand la tâche fut finie, Sélène pensait pouvoir prendre un peu de temps, tout comme Abby qui avait fini sa tâche ingrate. Là, les yeux de Sélène se baladèrent et elle vit une camionnette noire ne devant pas s’y figurer ici. Plus intéressant, un homme semblait épier le restaurant pour une obscure raison ou du moins, Sélène l’espérait, car elle ne voulait pas quitter cette ville comme elle avait fait auparavant.
Mais elle n’eut pas le temps de pleurer sur son sort. Maria annonça que le bus était arrivé. Le boss rajouta qu’elles devaient faire leur plus beau sourire. Sélène n’appréciait pas d’accomplir cela, mais cela permettait de recevoir des meilleurs pourboires. Ainsi elle fit son sourire de travail, pour montrer la bonne humeur, mais si la réalité n’était pas au rendez-vous.

Là, un jeune homme, charmant malgré que la fatigue fût incrustée sur son visage, entra dans le restaurant. Il annonça que c’était lui qui avait appelé le restaurant et qu’il avait une trentaine de personnes sous sa coupe, une trentaine de touristes. La garce poussa gentiment Abby et Sélène vers la porte pour qu’elles s’occupent des clients. Cette garce ne voulait pas recevoir les clients, surtout si elle pouvait s’occuper d’un jeune homme.


Les clients de massaient devant la porte. Vu le bouquant, ces personnes semblaient être en vacance et le montraient bien. Ne voulant pas s’énerver, Sélène se reconcentra et montra son plus beau sourire de façade qu’elle pouvait faire. Elle attendait quand une famille de six enfants interpellait Abby. Puis cela fut le tour de Sélène, avec trois personnes âgées. Une personne âgée demanda une table. Sélène eut une légère envie de nausée dû à l’haleine de son client. Néanmoins elle ne le montra pas, habituer à des odeurs plus affligeantes comme on pouvait en trouver dans des toilettes. Puis la dame ordonna un cendrier.

« Bonjour. Tout d’abord, permettez-moi de vous installer. »

Sélène indiqua une petite table à l’extérieur dans un coin tout en prenant les menus, pour que les personnes âgées, qui ne sentaient pas d’une odeur enviable, ne gênent pas les autres clients. Elle passa au bar pour prendre le cendrier et dit à son boss :

« Il y a un fouineur sur le parking, dans le fourgon noir. »

Puis elle rejoint ses clients et les emmenaient à leur place et plaça le cendrier sur la table. Quand les trois êtres ayant un pied dans la tombe étaient assis, elle dit en donnant les menus:

« Désirez-vous boire quelque chose en attendant que vous choisissiez votre menu ? »

Elle attendit la réponse en préparant son calepin au cas où si ces personnes voulaient déjà commander.

Les trois vieux se firent indiqués la table et ils ne bronchèrent pas, s'installant en terrasse. Fort heureusement et comme bien souvent, le temps était au beau fixe et la température avoisinait les vingt degrés malgré l'hiver.

Au commentaire de Sélène à propos du "fouineur", Josh répliqua sur un ton léger:

"Oui, Maria m'en a parlé. Ça fait trois jours qu'il est là, elle m'a dit qu'il changeait de place chaque jour. Bouah, ça fait rien, ça doit être des squatteurs. Au pire, j'ai mon fusil!" Il tapota alors le dessous du comptoir puis il ricana bêtement et partit en cuisine en secouant la tête, manifestement amusé par sa propre remarque.

Sélène repartit donc en terrasse pour rejoindre ses trois clients et elle remarqua que Maria s'occupait de placer rapidement les gens en distribuant machinalement quelques menus alors que, déjà Abby était partie préparer ses premières boissons.
Une fois le cendrier posé sur la table, la vieille écrasa son mégot et comme ses compères, elle entreprit d'étudier le menu. Sélène, leur proposa les apéritifs. La mutante aurait aussi bien pu leur donner les clés du paradis qu'ils auraient souris de la même manière!

"Oh béh oui, béh oui! Comme d'habitude André... Fanny?" Demanda l'un des vieux, en français tout en consultant ses amis du regard.

"Oui! Mettez-nous trois martinis. Du rouge! J'suis assoiffée!" Renchérit la vieille en brandissant comme tout à l'heure, son index. Son anglais était impeccable.

"Et apportez-nous directement un pichet de 50 cl de votre "vin rouge"!" Acheva le vieux en ricanant de concert avec ses deux amis. De toute évidence, ils n'espéraient pas trouver du vin rouge, digne de ce nom aux Etats-Unis.

La terrasse était désormais presque remplie et les gens avaient tous des cartes en mains. Beaucoup s'étaient réfugiés aux tables qui étaient à l'ombre d'un grand saule pleureur. Sélène pouvait sentir une odeur de crème solaire de la table voisine. C'était une famille de roux à la peau très blanche. Ils se plaignaient déjà du soleil, eux qui n'avaient pas eu la chance de se retrouver sous l'arbre... Ils réclamèrent rapidement...

"Un parasol! Le soleil tape dure à cette heure là! On va revenir de ce voyage avec un cancer de la peau!"

Il s'adressait à Sélène et avait une main en visière pour se protéger des rayons du soleil. La jeune mutante était clairement face à des touristes qui n'avait pas dû payer bien cher leurs voyages aux vues de circonstances politiques actuelles mais qui restaient très exigeants et entendaient le faire comprendre à la serveuse!

Sur le parking, la porte arrière du fourgon venait de s'ouvrir...

Malgré l’hiver, le temps était radieux et même la température était en rendez-vous. Ainsi la jeune femme n’avait pas besoin de prendre un petit gilet pour se tenir chaud à l’extérieur. Et quand la jeune femme rentra pour prévenir son patron du fourgon noir, elle ne savait pas si elle devait rire de la réponse perverse de son patron ou simplement ignorer. Elle le savait comique à son temps perdu, mais pas puéril devant une crainte de ses employés.

Puis retournant à la table des ancêtres, la mutante remarqua que Maria plaça les dernières personnes pendant qu’Abby commença à préparer les boissons pour sa table. Et elle vit aussi que le fait de mettre un cendrier rendait si heureux ses clients qu’elle s’en foutait comme si la fin du monde n’avait pas d’importance. Seule la commande avait une importance. Ainsi elle nota que les personnes âgées voulait trois martinis plus 50cl de rouge.
Mais elle n’eut pas le temps de remplir satisfaction à sa tablée, vu qu’une autre table réclamait ses services. Ainsi une famille rousse voulait un parasol pour se protéger du soleil. Sélène fit un signe de tête qu’elle avait eu l’information et alla directement chercher un parasol se trouvant dans le lieu où on range les parasols pour l’emmener et ainsi satisfaire la demande des camions.

Puis elle rentra dans le bâtiment, prit la commande de sa tablée pour l’emmener comme convenu. De là, elle vit que le fourgon avait ouvert ses portes. Une peur commençait à s’implanter dans Sélène, une boule grandissait dans son thorax. Elle craignait que la personne se trouvant dans le fourgon ne fût venu pour elle. Elle ne voulait pas fuir de nouveau. Néanmoins, elle avait des commandes à faire, des clients à satisfaire et ainsi elle essayait de se reconcentrer pour voir si d’autres clients n’avaient pas besoin d’elle, à l’extérieur comme à l’intérieur. Sachant qu’elle était à côté de la famille des roux, la mutante dit d’une simple voix.

« Avez-vous choisi votre commande ou désirez-vous du temps, agrémenté avec un apéritif ? »

Sélène avait un sourire de façade, semblait contenter ses clients, essayé de montrer une personne sûre d’elle. Mais en réalité, la peur l’habitait. Elle avait un œil sur le fourgon, espérant ne pas voir le malin dans son ventre. Elle commençait à même devenir parano sur ses bords même si elle essayait à tout prix de le dissimuler. Un véhicule se trouvant sur un même parking, dans une petite ville, était une chose troublante signifiant soit que la personne avait des intentions peu honnêtes ou que ça soit un détective, deux choses qu’un restaurant voulait éviter. Seule l’attente allait donner la réponse à Sélène.

Le patriarche de la famille rousse observa Sélène non sans dédain. Manifestement, il n'appréciait pas trop que l'on propose des apéritifs à sa petite fratrie... Il répondit alors d'un ton sec:

"Nous ne prendrons pas d'apéritifs, en revanche on veut bien commander tout de suite. On prendra trois menus enfants dont deux steaks-frites et un jambon-frites et pour nous ce sera deux salades composées... La mexicaine et...une paysanne." Informa le père de famille en déplaçant son index sur le menu.

"Marie-Héloïse, cesse d’embêter ton frère! Charles-Henry, tu lâche la couette de ta sœur I-MME-DIA-TE-MENT!" Articula la mère en prenant son fils ainé par l'épaule. Déjà, la petite fille geignait -ou du moins faisait semblant- en poussant un gémissement aiguë et particulièrement désagréable. Une fois que sa mère eut le dos tourné, elle tira la langue à son frère et lui sourit d'un air narquois.

Mais, l'attention de Sélène était surtout accaparée par ce qui se passait sur le parking et notamment sur ce qui allait sortir du fourgon. Et il y avait de quoi! Trois personnes sortirent du véhicule, déguisées d'une drôle de façon et surtout fusil à pompe ou mitraillette, en mains:


Deux de ces femmes filèrent aussitôt en direction du restaurant. La première tira en l'air à plusieurs reprises et aussitôt les gens se mirent à hurler quand d'autres, restèrent tétanisés sur leurs chaises. Certains, et c'était une minorité, levèrent les mains en l'air. Quant à la troisième femme, Sélène ne savait pas où elle était partie mais elle s'était dirigée vers l'arrière du bâtiment.

La seconde prit Sélène par la taille et braqua aussitôt son arme sur la tempe de la mutante.

"Toi, la serveuse, tu vas être bien gentille et tu vas me suivre tranquillement à l'intérieur du restaurant. Un geste de travers et jt'explose ton jolie minois pour prendre l'un des gosses à ta place..." La jeune femme désigna la gamine, la fameuse Marie-Héloïse, de son autre main. L'enfant ne bougea pas d'un pouce, les yeux révulsés de terreur."Je ne te conseille pas de tenter quoi que ce soit, gamine..." Murmura la braqueuse, à l'intention de Sélène. Ses lèvres frôlaient l'oreille de la mutante et ses paroles sonnaient comme une menace parfaitement réelle.

A ses cotés, la première femme annonçait:

"Nous sommes les Americans Girls!" Le nom de ce groupe n'était pas inconnu de Sélène, il y a une semaine, ces mêmes braqueuses avaient dévalisés un autre restaurant à Palm Springs, plus à l'ouest de la route 10. C'était leur mode opératoire: s'en prendre à de petits commerçants, dans de petites villes. Le braquage de Palm Springs avait fait une victime... "Déposez vot' blé et vos bijoux bien en évidence sur vos tables. Celui ou celle qui n'obéit pas, j'lui éclate la tronche!"

Aussitôt, les gens commencèrent à entreposer leurs biens sur les tables, tandis que celle qui tenait Sélène à sa merci, l'incita à avancer en direction du restaurant. Le canon de l'arme était bien maintenu contre le crâne de la mutante et la braqueuse avait le doigt sur la gâchette, prêt à faire feu...

Sélène était là, entrain de noter la commande de la famille de roux. Le patriarche parla pour tous et la mutante eut un pincement de cœur, en voyant les enfants. Cela lui faisait repenser à son enfant qu’elle avait dû l’abandonner à son père, pour ne plus être une menace. Ce ravinement de cette douleur lui coûta une larme qu’elle ne put cacher… Mais tout cela fut gâcher par l’arrivée de trois drôles de femmes.

Quand Sélène entendit les coups de feu, son premier réflexe fut de s’allonger au sol et de mettre les mains sur la tête, comme si sa vie passait en premier, comme si les autres individus n’avaient peu d’importance, chose en partie vrai. Mais elle fut vite relevée par une des braqueuses et fut prise en otage. La femme ayant accomplie ce méfait avait clairement stipulé que si Sélène accomplissait un acte stupide, elle périrait et c’était un enfant qui prendrait sa place. Son instinct lui dictait de ne rien faire, pour sauvegarder les gamins se trouvant à la tablée, pour protéger Marie-Héloïse. Et là, Sélène essaya de surmonter la peur, d’envisager l’irréparable, les actions possibles. Elle commençait à devenir courageusement.
Cela ne voulait pas dire que la peur ne l’habitait plus. Non ! La mutante en pleurait, tremblait de tout son corps et c’était l’une de ces femmes qui auraient pu supplier son ravisseur de ne lui rien faire. Mais Sélène en avait décidé autrement, ne disant rien et laissant juste ses larmes et ses tremblements comme signe distinctif de sa soumission. Elle n’arrivait pas à contrôler ce stress, cette peur de mourir, mais elle prenait son courage à deux mains pour qu’elle soit la seule et l’unique otage de ce groupe peu honnête.

Puis l’une des braqueuses s’annonça. Sélène eut un flash. Elle avait déjà entendu ce petit groupe, ces mécréants qui ne braquaient que les petites villes, les petits commerçants, rien de dangereux en soi. Elle se souvenait que le dernier de leur casse avait coûté une vie. Ses souvenirs n’étaient pas précis, la peur peut-être. Elle se demandait si c’était le gérant qui était mort, ou une personne peut coopératif, à moins que ce n’était ni plus ni moins l’otage lui-même. Dans tous les cas, Sélène n’était pas rassurée et suivait à la lettre les instructions. Etant donné qu’elle ne savait pas comment ses pouvoirs pourraient être utiles (surtout si son ange gardien ignore la nature de ses pouvoirs :p), elle ne pouvait pas exprimer son côté mutant. Elle optait ainsi sur la coopération de son patron ou d’une idée lumineuse d’une personne dans la salle, voir même d’un miracle comme la trinité d’une vieille, d’une féline ou d’un mafieux… Sélène avait besoin d’aide et elle espérait que la chance allait lui sourire avant que la Mort lui donne son baiser.

Un vent de panique soufflait sur le restaurant. Quand Sélène entra dans la salle, toujours menacée par l'arme de la braqueuse, elle put découvrir la troisième braqueuse, occupée à pointer son fusil à pompe sur Maria et Josh. Ils levaient tous les deux les mains en l'air et Josh paraissait encore plus stupide qu'à l'accoutumée. Maria, quant à elle, semblait anxieuse mais pas effrayée. Abby avait mystérieusement disparue et l'on pouvait croire qu'elle avait prit la fuite. Son petit ami se trouvait néanmoins dans la salle avec deux autres cuisiniers, les mains sur le bar, le dos face aux braqueuses. A la terrasse, Sélène devina sans mal que ses clients étaient en train de se faire dépouiller par la première braqueuse.

"Toi, le patron, tu vides ta caisse et tu remplis ce sac du liquide!" Ordonna la troisième braqueuse en lui jetant un sac de toile d'une taille moyenne. Le patron ne bougea pas d'un pouce, ouvrant et refermant simplement la bouche. Il semblait paralysé.

"Sinon, tu peux dire adieu à ta serveuse." Ajouta celle qui tenait Sélène. Elle semblait ravie d'avoir trouvé une proie aussi docile que la serveuse.

Malheureusement pour l'otage, cette déclaration arracha juste un hoquet de terreur de la part de Josh qui resta obstinément au même endroit. Alors que le canon de l'arme s'appuyait avec plus de force sur la tempe de Sélène, Maria intervint:

"Je m'en charge..."

Elle s'empara du sac de toile au pied de Josh et ouvrit la caisse avec ses propres clés. Elle commença à en vider les billets et les pièces pour les fourrer dans le sac. Étrangement, il n'aurait pas dû y avoir autant d'argent liquide dans la caisse, à cette heure de la journée, alors qu'aucun client n'avait réglé d'addition. Mais là, bien au contraire, la tiroir-caisse était très fourni en billets... A croire qu'il n'avait jamais été vidé. Les braqueuses avaient forcément eu vent de cette information...

La situation se présentait plutôt mal et Josh allait se faire dépouiller de toutes ses économies qui en somme avait l'air très importantes vu la taille du sac. Aucun allié et aucune aide ne semblait sur le point d'arriver pour sauver la mise de Sélène. Elle était seule, pour le coup, et ne pouvait se fier qu'à ses compétences, quelles qu'elles soient.
Le sac se remplissait progressivement et Sélène sentit que la pression de l'arme sur son crâne était moins forte, signe que la braqueuse était distraite par le magot qu'elle voyait s'accumuler...

Chaque instant de la vie est un pas vers la mort
Pierre Corneille
Extrait de Tite et de Bérénice

Entrant dans la salle, Sélène vit la troisième braqueuse pointant son fusil sur son patron et sa compagne, si on pouvait le dire. Les deux avaient les mains levés. Les deux semblaient être coopératifs. Tandis que son patron, Josh, était paralysé par la peur par la plus grande surprise de Sélène, Maria n’avait aucunement peur de la situation, mais craignait quelque chose, comme si elle était anxieuse que le braquage se passait bien.
Mais la mutante n’avait pas le temps d’y penser, comme submerger par sa propre peur. Elle ne vit pas que le sac jeté au pied du patron, comme si son cerveau n’était plus connecté. Sélène se disait qu’elle était dans une belle merde et que sa chance de rester en vie frôlait du 0 absolu. Pour autant, son instinct lui dictait de continuer, de ne pas perdre confiance, que sa chance arrivera avant qu’une balle l’atteigne… D’un coup, elle chercha Abby des yeux, pour essayer de trouver du réconfort… Rien… Peut-être qu’Abby s’était caché ? Sélène l’espérait fortement, sinon cela annonçait le malheur, chose que la mutante ne voulait pas subir.

Mais le temps n’y était pas et les braqueurs étaient là pour le butin. Les actions s’enchaînèrent. Dès que le sac était au pied du gérant, Maria dit qu’elle s’en chargeait. Les tiroirs de caisses semblèrent être remplis, chose anormale car il n’avait jamais d’argent à cette heure. Comment est-ce possible que tout ce blé soit là et que par la même coïncidence, des braqueurs viennent braquer ? C’était ironique, absurde…Et là tout se révéla, les paroles de Josh sur les fameux squatteurs : Maria qui disait que ce n’était rien et qui changeait de place chaque jour, son anxiété, ce blé. La colère monta jusqu’aux joues de Sélène. Difficile de dire, mais elle savait que cela allait mal finir. Et quand la mutante sentit que la pression de l’arme de son agresseur était moins pressante, elle savait que c’était le moment d’agir.

Et là, à ce moment précis, tout le temps où elle avait pratiqué le self défense revenait comme si cela ne l’avait jamais quitté. Elle revoyait ces moments comme si c’était hier, revoyant Max le servant d’agresseur et que les autres membres du groupe l’aidaient à perfectionner sa technique, revivant ainsi ses échecs et ses réussites. Et là, Sélène se disait qu’elle n’avait pas le droit à l’erreur. Mais elle s’était montrée docile et surtout, que personne ne savait qu’elle était capable de ce prouesse. Ainsi elle avait la surprise à son avantage, en espérant que la braqueuse à l’extérieur était occupée à autre chose que regarder l’intérieur du Bar.

Les réflexes devaient être là. Ainsi quand la braqueuse lâcha un peu de pression sur son arme, montrant sa distraction, Sélène fit une prise pour désarmer l’arme de son ravisseur et fit une prise pour la mettre à terre. Tout cela devrait se faire en quelques instants, si Sélène n’avait pas perdu la main. Puis elle s’approcha de la braqueuse ayant le fusil à pompe, espérant que cette dernière soit surprise, pour donner un coup faisant abaisser le fusil à pompe de sa main libre et ainsi mettre un bon coup de cross avec son autre main, espérant mettre la méchante dans les pommes. Par la suite, la mutante revint vers la braqueuse sans arme apparente pour lui donner un bon coup de cross, permettant ainsi à Sélène de braquer la dernière braqueuse. Tout cela devait se faire en quelques secondes et sans un seul coup de feu, si la chance était avec Sélène.

Si tout cela était fait, et que la troisième et dernière valide des braqueuses n’avait pas encore réagi, Sélène la braquerait et attendrait de voir sa réaction. Si la méchante levait son arme, essayait de faire un mouvement suspect, pire, essayerait de prendre un enfant en otage, Sélène n’hésiterait pas à tirer. Aucun enfant ne devrait connaître ce sentiment de terreur, personne !

[Hrp: Il est possible d'entreprendre qu'une seule action en noir dans un post, j'en ai compté au minimum quatre, ici. Même si les actions sont rapides et suivent un enchainement logique, tu ne peux pas en faire succéder plusieurs (sauf cas précis tel que des petites actions, ce qui est d'ailleurs le cas dans ta première action ou tu désarmes puis met à terre la braqueuse qui te menace) car durant le temps où tes actions se succèdent, il peut se passer d'autres choses, utiles ou non, à toi ou tes ennemis, notamment dans la résolution de ton premier acte. Je résoudrai donc uniquement la première de tes actions. Bonne chance!^^]

Sélène avait décidé d'agir et c'est sans ennuis que la jeune femme parvint à désarmer celle qui, quelques secondes auparavant, la menaçait. L'adrénaline, les compétences en self-défense et l'effet de surprise lui permirent ensuite de prendre le dessus sur son adversaire à présent clouée au sol par une clé de bras.
Tout sa passa alors très rapidement: Josh poussa un cri terrifié tandis que les cuisiniers s'étaient retournés d'un même mouvement pour voir ce qui se passait. L'autre braqueuse pointa aussitôt son arme sur Sélène.

"Toi... Espèce de..."

Mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase car l'une des carafes en grès du restaurant, venait de s'abattre sur son crâne. Le tout émit un craquement sinistre à peine couvert par le bruit que fit le pichet en éclatant. Et, c'est avec surprise que Sélène découvrit que son aide providentielle était en réalité... Maria! Celle-ci l'avait prise de revers et en toute discrétion. La sauveuse de Sélène avait l'air très concentré et elle fixait le corps de la braqueuse, étendu sur le sol. Sans attendre une seconde de plus, l'Espagnole fila vers Josh et lui donna une claque assez violente pour le sortir de sa léthargie.
Sélène ignorait pourquoi Maria avait agit ainsi en priorité et n'eut pas le temps de réfléchir à cette action car la porte menant au vestiaires s'ouvrit brusquement sur une quatrième femme, masquée et déguisée. Elle n'était pas sortie du fourgon puisque la troisième se trouvait toujours à l'extérieur en terrasse et que les deux autres étaient maitrisées. La nouvelle braqueuse avait son arme pointé sur la mutante:

"Relâche-la immédiatement." Le ton était sec et Sélène entendit distinctement le cliquetis caractéristique d'une arme que l'on charge.

La serveuse reconnut sans difficultés, à sa voix, que la quatrième braqueuse n'était autre qu'Abby...

Les réflexes de Sélène étaient toujours là. Ainsi elle réussit bien à mettre son agresseur à terre, sans aucune difficulté apparente. Pourtant, elle ne réussit pas à enchaîner son plan, dû à sa lenteur. La braqueuse avec un fusil à pompe pointa son arme sur Sélène, et pendant une fraction de seconde, elle crut qu’elle était une personne morte. Néanmoins, par la plus grande chance, la braqueuse tomba dans les pommes grâce à une action de Maria. Celle-ci prit une vase et balança sur la tête de la braqueuse, sauvant les miches de la mutante. Et là, Sélène ne comprit plus rien de la situation.
Et là, elle vit Maria essayer de ramener Josh à la raison. Mince, Sélène ne pensait pas que son boss était aussi trouillard que cela. C’était le premier à se vanter de son courage, le premier à s’amuser du danger et là, il était le dernier à vouloir faire quelque chose. Mais rien. Et là, un bruit porte s’ouvrit, depuis les vestiaires, puis la voix d’Abby demandant qu’on relâche la braqueuse avec des bruits d’armes bien significatifs. Sélène sentait que le monde ne tournait pas rond, mais Abby ne la décevait pas. Sélène savait que le monde était pourri et c’était sa faute si elle n’avait pas vu avant.

Lâchant doucement la clef de bras, elle savait que la situation allait retourner à l’avantage de la braqueuse. Ainsi, se rappelant que Josh avait une arme sous le comptoir, Sélène recula d’un pas, à l’opposé de Josh pour qu’Abby puisse ne plus voir son patron, si la chance étai avec la mutante.

Sélène venait de relâcher son ennemie qui se releva et poussa la mutante sans ménagement avant de ramasser son arme au sol. En un éclair, elle fut auprès d'Abby, à deux mètres de Sélène:

"Tu vas prendre cher la serveuse!" Elle pointa aussitôt son arme sur la jambe de Sélène dans l'objectif évident de la neutraliser...définitivement.

Heureusement, Abby n'était visiblement pas d'humeur à laisser sa compère blesser son ancienne "collègue." Il semblait clair à présent qu'Abby, récente employée comme Sélène, avait postulé dans ce restaurant dans un but bien précis: espionner pour mieux voler.

"Nan, laisse-la. Prenons Crazy Girl sans oublier le blé et tirons-nous vite. Hot Girl, t'as finis en terrasse?" Hurla Abby de plus en plus tendue.

"Ouais ça vient!" Répondit la braqueuse de l'extérieur avant de hurler: "Magne ton cul, la vieille! Passes-moi ton bracelet!"

Manifestement l'une des clientes de Sélène refusait de donner son précieux bijou et la mutante put entendre, la voix de Fanny, la vieille femme à la cigarette, rétorquer qu'elle n'avait pas peur de "petites branleuses", à son âge avancée. Sur ce, un coup de feu partit et des hurlements se firent entendre à l'extérieur. Une folle de la gâchette!
Sélène ne pouvait rien voir de la scène en terrasse et seulement imaginer... A l'intérieur, Josh, Maria et les cuisiniers se regardaient, effarés.

Pendant ce temps là, Sélène s'était imperceptiblement déplacée de façon à cacher Josh à la vue d'Abby. Malheureusement pour la mutante, si la vue d'Abby ne couvrait plus son ancien patron, il restait celle de l'autre braqueuse qui elle, surveillait particulièrement voir presque uniquement, la mutante et le moindre de ses déplacements. Elle ne dit rien au mouvement de Sélène et se contenta de lancer à Maria, sans quitter la mutante du regard:

"Toi, la fille à la carafe, tu nous file le sac et au plus vite!"

L'Espagnole n'avait plus trop le choix et après son "coup d'éclat", elle devait abdiquer. Elle donna donc le sac rempli de billets. Il devait y en avoir pour 3000 dollars environ. Mais c'est précisément au moment où le sac passa de la main de Maria à celle de la braqueuse que Josh dégaina son fusil. La perte potentielle de son argent venait de redonner de la vigueur au restaurateur!

"Lâche le sac...ou...ou bien... je tire!" Bafouilla t-il en pointant son fusil sur la braqueuse.

Celle-ci ne s'était manifestement pas attendu à un tel retournement de situation et visiblement Abby n'était pas au courant que Josh possédait sa propre arme.
Maria jeta alors un coup d’œil nerveux à Sélène et lui désigna la braqueuse qui se tenait le plus près de Sélène, c'est-à-dire celle qui tenait l'argent, d'un signe de tête insistant. La mutante ne vit rien de particulier concernant la braqueuse, seulement qu'elle tenait à présent le sac, les bras écartés, hésitante.

[Désolé du retard, j’ai mis du temps à savoir quoi répondre]

Sélène fut poussée sans ménagement par la braqueuse. Elle se doutait que sa prise avait blessé l’orgueil de cette dernière. Et quand celle-ci pointa son arme sur Sélène, cette dernière crut qu’elle allait finir à l’hôpital. Elle prit peur de la situation, comme si elle venait de jouer avec le feu… Peur brut, elle dût se taire et attendre… l’adrénaline n’y était plus, ne la portant plus. Le moment opportun de se terrer était venu. Mais rien ne se passa comme prévu.
La braqueuse dehors sembla s’occuper de dépouiller les touristes, mais ma française semblait faire de la résistance. Un bruit se fit entendre, Sélène eut un moment de faiblesse, de culpabilité. Si elle avait réussi son coup auparavant, elle aurait pu ou du moins, elle aurait réussi à sauver cette personne, même si cela reflétait plus d’un rêve que de la réalité. Elle se sentait inutile, surtout étant donné qu’elle était une mutante, elle se sentait chargé d’une mission envers les autres. Et ce devoir qu’elle n’avait pas répondu augmentait la frustration, la peine de ne pas pouvoir protéger son propre fils contre les menaces extérieures en plus d’être elle-même une menace.

Puis celle qui venait de subir la clef de bras vint réclamer son dû vers Maria. Cette dernière passa le sac sans trop de volonté, laissant paraître juste la frustration. A ce moment, Josh vint enfin à sortir son arme pour le pointer à la braqueuse qui tenait le sac. A ce moment-là, Sélène vit Maria montrer désespérément cette braqueuse pour une raison inconnue. Et là, Sélène se souvint que cette femme était une folle de la gâchette aussi. Ainsi cette dernière devait hésiter à prendre son arme ou non. Et le fait qu’Abby n’avait pas donné l’information que Josh avait une arme prouvait qu’elle ignorait ce contenu. Ainsi la jeune femme devait être surprise de ce retournement de situation pour la énième fois.

Ainsi Sélène s’approcha vite vers la braqueuse à la condition qu’Abby soit surprise de ce retournement de situation et qu’elle ne semble plus vouloir pointer son arme sur Sélène pour que cette dernière puisse prendre l’arme de la braqueuse qui tenait l’argent et l’utiliser comme bouclier contre Abby.

[Hrp: ton diagramme a été mis en place, tu peux désormais faire usage de ton pouvoir!^^]

Sélène courut donc en direction de la braqueuse au sac et au même moment, Maria fonça pour percuter Abby. Les deux voleuses, surprises par ces attaques combinées, tombèrent à la renverse et un coup de feu partit. La balle fila au-dessus du comptoir et se ficha dans les étagères de coupe à glace dont plusieurs explosèrent en projetant une pluie de verre à travers toute la pièce, dans un vacarme assourdissant. Dans la confusion la plus totale, Abby cria en se débattant mais Maria avait pris le dessus et immobilisait à présent son adversaire en l’écrasant de tout son poids. L’Espagnole vu son aisance et sa certaine assurance n’avait certainement pas été serveuse toute sa vie…

Quant à Sélène, elle eut plus de mal car sa tentative pour désarmer la braqueuse s’avéra plus difficile que prévu. Son adversaire l’avait vu arriver, au dernier moment, mais cela avait suffi à celle-ci pour qu’elle se défende avec acharnement, compliquant la tentative de désarmement de Sélène. La mutante reçut alors un coup de coude assez violent en pleine mâchoire. Le choc, fort douloureux, la sonna pendant quelques secondes… Suite au coup de feu, la braqueuse de la terrasse n’allait certainement pas tarder à débouler dans le restaurant…

La scène se déroula en une fraction de seconde. Sélène plongea sur une des braqueuses pendant que Maria s’occupait de l’autre. Mais au même moment, une balle siffla dans les cieux pour atterrir à l’étagère. Sélène ne se rendit pas compte et s’occupa de son opposante, vu que sa vie en dépendait.
En effet, Sélène n’avait pas pris le dessus sur la braqueuse, vu que cette dernière l’avait vu venir. Pire, elle réussit à mettre un coup cross dans la mâchoire de la mutante. Cette dernière fut sonnée quelques instants. Tombant sur le côté, elle savait au fond d’elle que son opposante venait de reprendre le dessus. Mais elle ne pouvait pas abandonner à ce moment, car sinon d’autres personnes périront. Cela était certains dans son esprit.

Quelque chose dans son esprit lui disait que la braqueuse se trouvant à l’extérieur était responsable du tir et que c’était une fine gâchette. Mais pouvait-elle risquer la vie de ses camarades ? Sélène n’avait pas le temps d’y penser, même elle n’y pensa pas. Seule sa réaction fut de retourner à la charge pour sauter sur celle qui lui avait mis un coup crosse.

Son objectif était simple, elle devait éviter de se faire tirer, elle devait l’assommer. Ainsi en lui sautant dessus, elle essaya de prendre l’arme de côté à son adversaire à deux mains pour lui permettre de tirer comme une corde et ramener ainsi la tête de la braqueuse pour lui permettre de mettre un coup de boule. Soit elle arrivait à l’assommer, soit elle se faisait repousser.

L'action pour le moins bien pensée de Sélène parvint à ses fins. Malgré le coup de coude de la braqueuse, l'adrénaline et la nécessité du moment donnèrent toutes les forces nécessaires à la mutante pour effectuer sa riposte. Attrapant l'arme de ses mains, Sélène l'attira vers elle et la braqueuse, refusant instinctivement de lâcher son arme, approcha sa tête suffisamment près de celle de Sélène pour que celle-ci puisse effectuer son coup de tête. L'impact fut silencieux et presque indolore pour la mutante.

La braqueuse observa Sélène en louchant pendant quelques secondes puis elle tituba de quelques pas avant de tomber en arrière.

"Tanya!" Cria Abby sans se soucier des noms de code à présent. "Bordel Tanya! Garance qu'est-ce c'que tu fous!"

La dite-Garance qui n'était autre que la braqueuse de la terrasse, entra alors et tira aussitôt sur Maria qui maintenait Abby au sol. Le tir partit et atteignit l'épaule de Maria qui poussa un cri de douleur. Abby en profita pour se libérer en se débattant. Meurtrie, l'Espagnole s'effondra au sol, incapable de retenir plus longtemps l'ancienne serveuse. Garance s'empara alors du sac d'argent alors qu'Abby venait de récupérer son arme.
Mais une nouvelle détonation retentit dans le restaurant. Un nouveau coup de feu était parti. Tous se retournèrent et virent Josh, tremblant, ruisselant de sueur, son fusil laissant échapper un mince volute de fumée. Il avait tiré sur Abby. Le coup avait atteint le flanc droit de l'ancienne serveuse qui s'effondra au sol. Tout comme Maria, elle semblait blessée mais pas grièvement.

Garance, la dernière braqueuse encore debout, recula de quelques pas et murmura à son intention:

"Ouais... Bah moi j'me tire!"

Elle tourna les talons et sortit hors du restaurant, le sac d'argent en main. Le copain d'Abby, cuisinier du restaurant, était à présent auprès de sa copine et prenait la tête d'Abby entre ses mains. Josh venait de poser son arme en prenant plusieurs grandes inspirations. Il n'avait manifestement plus la force de se battre pour son argent. A l'instar des autres cuisiniers, il semblait préoccupé par l'état de Maria. Enfin, l'un des cuisiniers s'était emparé de son téléphone portable, sans doute pour appeler la police et les urgences.

Dehors, les clients crièrent, certainement surpris de revoir la braqueuse, d'autant plus que celle-ci venait de tirer plusieurs coups en l'air pour assurer sa fuite.

Tout se passa comme prévu. Ainsi quand Sélène sauta sur son adversaire, l’adrénaline et la nécessité du moment donnèrent des avantages clefs à la demoiselle et cette dernière réussit à mettre un coup de boule à son adversaire, la mettant KO par la même occasion. Là, la mutante entendit Abby appeler ses complices par leur vrai nom. Ainsi cette dernière semblait désemparer de cette situation qui lui échappait. Celle se trouvant à l’extérieur, à la terrasse, vint et tira un coup en direction de Maria. Cette dernière fut touchée et Sélène fut choqué par la même occasion, n’ayant à peine le temps de réaliser ce qui venait d’arriver. De là, Maria s’effondra de douleur et Abby put reprendre son arme pendant que celle de la terrasse vint prendre le sac.

Mais un nouveau coup partit. Josh venait de se réveiller. Il tira un coup contre Abby, pour essayer de faire quelque chose. La balle toucha le flanc de la braqueuse, Abby. Sélène ne sut pas quoi faire se retournant étonner comme tous les autres personnes. Là, sur le moment, elle aurait aimé d’être resté au lit, car c’était à présent une journée de merde. La personne dont elle avait un peu d’estimer dans ses lieux venait de la trahir… Néanmoins, Sélène éprouva de la piété envers son ancienne collègue et voulut pendant une fraction de secondes lui prêter secours. La seule chose qui l’empêchait d’aider Abby fut la réponse de la dernière braqueuse valide qui voulait prendre la poudre de l’escampette. Sélène se rappela que l’une de ses clientes avaient été tuée par cette femme. Elle sut qu’à ce moment que cette braqueuse devait être arrêtée le plus vite possible.

Commençant à reprendre ses esprits, elle vit que Josh était auprès de Maria tandis que Mike se tenait auprès d’Abby. Sélène ne prit pas le temps de s’arrêter vers ses deux-là. Elle sortit quelques secondes après la braqueuse, tandis que celle-ci tira des coups au ciel pour protéger sa fuite. Sélène se baissa et prit un caillou. De là, quand la braqueuse se dirigera vers le vanne ou non, Sélène lancera le caillou comme une balle de base Ball en utilisant sa géokinésie pour augmenter la vitesse et la précision du caillou afin de mettre KO la dernière des braqueuses et ainsi pouvoir soigner les personnes dans le besoin en toute sécurité.

En terrasse, tous observèrent Sélène, les yeux ronds. Personne n'avait pensé que quelqu'un du restaurant irait poursuivre une braqueuse dont on voulait se débarrasser. Les clients se fichaient de l'argent et n'aspiraient qu'à confier leur traumatisme à une cellule psychologique. Néanmoins, ils observèrent la scène avec attention car si la braqueuse était toute seule avec l'argent c'était sans aucun doute parce que les trois autres avaient été neutralisées et que cette dernière voleuse fuyait désespérément. Le moment était décisif.
De son coté et contre toute attente, Sélène put constater qu'il n'y avait aucun mort à l'extérieur. La vieille femme qu'elle avait servi tout à l'heure était bien en vie, seulement elle n'avait plus de bracelet au poignet et elle tenait son mégot entre ses lèvres, manifestement incapable de le lâcher. Pourtant un coup de feu avait été tiré, c'était certain.

S'apprêtant à utiliser son pouvoir, Sélène intervint pour arrêter l'ultime braqueuse. Elle ramassa donc un caillou dont la taille pouvait lui assurer l'effet désiré et lança la pierre. Celle-ci fila droit vers la base du crâne de la braqueuse qui le reçut de plein fouet. L'objet contondant avait parcouru une bonne quinzaine de mètres et sous l'impact, Garance émit un hoquet de stupeur. Elle lâcha alors le sac d'argent et le sac de bijoux/objets personnels qu'elle avait récupéré en sortant et s'effondra comme une masse sur les graviers. C'en était fini des American Girl.

En terrasse, personne ne bougea pendant plusieurs secondes. La plupart étaient surpris par l'adresse au lancer de Sélène, d'autres restaient immobiles à contempler le corps inerte de la braqueuse. Puis la vieille dame se leva et vint vers Sélène:

"Merci beaucoup, ma pt'ite, tu nous as sauvé! Beau lancé en tout cas!"

Le patriarche de la famille de roux se leva et enchaîna:

"Ah... ça! C'est sûr! Même en Écosse on ne lance pas aussi bien!"

La serveuse allait pouvoir recevoir les honneurs qu'elle méritait à présent... Toutefois, Sélène remarqua qu'une voiture était garée près du van. Adossée au véhicule -une décapotable- se trouvait une jeune femme:


Elle observait la scène avec attention. Son visage était décontractée mais ses mains appuyaient fermement sur ses avants-bras, comme si elle était tendue. Un léger sourire de satisfaction flottait sur ses lèvres et elle avait sans aucun doute assisté au coup d'éclat de Sélène. Son regard restait posé sur l'héroïne du jour et manifestement elle attendait quelque chose.

Mais, Sélène ne vit plus l'étrangère car elle fut brusquement submergée par une dizaine de touristes qui l'entourèrent. Accaparée de toutes parts, les clients remerciaient la mutante à grand renfort d'accolades et de pleurs. Les touristes avaient vécu une sacrée histoire qu'ils n'oublieraient pas de si tôt! Josh sortit alors, accompagné de quelques cuisiniers:

"Ça alors! Mon...mon...argent est toujours là! Qu'est-ce qui s'est passé? Co...comment? Qui?"

Josh tourna son regard vers Sélène où tout le monde s'agglutinait. Dès qu'il comprit que son employée était celle qui avait stoppée la dernière braqueuse, il écarta les bras, prêt à remercier chaleureusement Sélène. Et déjà, des sirènes se firent entendre au loin...

Sélène poursuivit la braqueuse avec pour unique but de l’arrêter. La peur l’habitait, mais ne la dominait pas. La jeune femme savait que cela était risqué, mais cela valait la peine d’être accompli. Ainsi ayant passé le pallier de porte, elle ne vit rien. Cela bouleversa, car il n’y avait ni cadavre, ni sang. La vieille femme était saine et sauve. Mais Sélène ne put s’arrêter à ce détail et continua sa route en prenant un caillou et usant sa télékinésie masquée par une lancée de balle digne d’un match de haute compétition pour essayer d’atteindre la braqueuse. La pierre fila comme jamais une balle ne fera, droit dans la tête. Sélène vit avec joie que cela mit KO la dernière braqueuse. Cette dernière tomba, laissant tomber tout ce qu’elle avait pu porter. D’un coup, un silence s’installa. Là, Sélène crut que tout le monde était mort, car seules les mouches pouvaient être entendues. Aucune respiration, aucun mouvement, seule la marque de la stupeur se trouvait sur tout leur visage.

Puis tout un coup, la vielle présumée morte quelques secondes avant vint vers Sélène pour la remercier, tout comme le patriarche des roux. Mais Sélène ne fit pas attention à ces deux personnes là, car elle avait son regard et son attention sur une autre personne. C’était une femme sur une décapotable, avec un air sérieux, semblant tendu, mais aussi ravi de quelque chose. Sélène se demandant bien pourquoi, voulut la rejoindre pour savoir ce qu’elle voulait. Mais les dizaines de touristes la submergèrent. Sélène se sentit mal à l’aise, voulant fuir. Elle aurait aimé la situation quelques secondes plutôt qu’à ce bain de foule non mériter selon elle. Ainsi elle fit un sourire, mais garda la tête baissée. Là, Josh sortit avec des cuisiniers, se trouvant encore à l’ouest comme d’habitude. Il cherchait du comment au pourquoi. Mais Sélène n’eut pas le temps de lui répondre, elle avait encore des priorités à accomplir. Ainsi la seule réponse qu’elle pouvait lui donner fut :

« Maria ! Il y a une trousse dans le vestiaire si mes souvenirs sont bons. Je vais aller chercher pour elle et … Abby. »

Elle essaya de rentrer dans le restaurant mais en même temps, elle entendit les sirènes. Qu’importe, elle essaya de voir si elle pourrait être utile aux blessées et ainsi elle essayerait à tout prix de rentrer et de chercher la trousse si possible. C’était une façon à elle de ne pas faire descendre l’adrénaline et ainsi que ses nerfs lâchent. Elle savait qu’elle risquerait de craquer après ces moments forts en émotion. La mort l’avait failli cueillir, elle voulait prendre du temps à être seule et à pouvoir ainsi se ressourcer. Elle savait que les blessées avaient de l’espace et c’était ainsi que son action se dirigeait par là.