01.02/04.L.Marin Headlands - Sur les traces des X-men

Vêtu de façon décontractée, Alexander observait le bâtiment, impassible. La nature reprenait ses droits et ce genre de décors post-apocalyptique avait quelque chose de réellement saisissant. Ce lieu avait été plus tôt habité par de nombreuses personnes. Des mutants, comme eux. Leur fin avait été bien triste et demeurait peu engageante pour leur génération. L'asiatique tourna la tête vers son frère qui vantait sa polyvalence. Alex soupira en se concentrant à nouveau sur l'édifice et la verdure qui l'attaquait. Le garçon préférait restait plus discret et ce n'était pas son genre de se vendre.

Près de lui, il y avait Timour, Clara, Donowho, Walentyn et Kallan avec qui il avait déjà parlé plusieurs fois. Chacun semblait s'occuper pendant que certains aventuriers allaient découvrir le bâtiment par l'intérieur. Lui préférait rester ici. Ce serait probablement plus calme et il n'éprouvait pas de curiosité particulière à découvrir les couloirs et les pièces en ruine. Le jeune homme tourna la tête vers Clara qui voulait rejoindre le groupe d'explorateur, brisant le calme relatif des lieux. Un peu plus et on se serait cru dans un temple. Il ne manquait plus que les singes qui criaient en fond sonore pour conclure ce tableau déroutant.

Assise dans son coin, Luz avait dans un premier temps été interrompue par l'inoxydable optimiste qu'était Timour, désireux de lui prouver qu'il pouvait tout gérer tout seul. Elle avait entendu parler de l'attirance amicale que pouvaient avoir certaines filles pour les gays, et se demanda un instant si l'inverse n'était pas vrai, et si l'Oriental ne souhaitait pas faire d'elle sa BSF. Ne sachant quoi lui répondre, elle se contenta de sourire pour ne pas le décourager, ne se rappelant de toute façon pas qui était cette Désir.

Puis elle retourna se perdre dans la contemplation de ce qui restait de l'Institut, temps dont profitèrent les plus aventureux pour se lancer dans les ténèbres. Lorsque l'information atteignit son cerveau, Luz sursauta, se releva, et courut vers le point de départ qu'ils avaient choisi, mais c'était trop tard : elle avait manqué le train. Pas de mygales et de serpents à sonnette. Et surtout, pas d'utilité pour son don, ce qui dans un sens lui enlevait un tas de responsabilités hypothétiques des épaules.

Elle décida donc de retourner vers les retardataires pour tailler le bout de gras en attendant que tout démarre. Elle s'arrêta entre les Frères ennemis.

- Dites, vous allez continuer à vous détester même si vous êtes menacés de mort ou pas ? Vous pourriez faire au moins la paix pendant une heure, non ?

Elle réfléchit quelques secondes, puis développa son argumentation.

- Prenez ça comme ça : si vous mourez bêtement parce que vous vous protégez pas l'un d'autre, ce sont des années et des années de haine future gâchées bêtement !

Pour l'Espagnole, il s'agissait plus d'un moyen de s'assurer qu'ils cibleraient bien les Pères Fondateurs si combat il y avait. Une des raisons de la sobriété du costume qu'elle s'était confectionné pour les missions grâce aux trouvailles des voleurs de l'usine textile était qu'étant naturellement verte et lumineuse, elle ne désirait pas attirer d'autant plus l'attention en s'habillant en jaune et rouge, pourtant des couleurs qui, trouvait-elle, lui allaient bien au teint.

Elle se moquait d'être multicolore en privé, mais un certain instinct de préservation lui dictait qu'il ne fallait pas appliquer ce théorème aux missions potentiellement létales.

Luz se retourna vers ceux qui étaient restés jusque là silencieux, et leur fit signe discrètement de ne pas quitter du regard les frangins durant la mission, en pointant deux doigts vers ses yeux, puis dans leur direction. Elle n'était pas certaine de parvenir spontanément à les faire s'embrasser, il lui faudrait l'herbe adéquate pour cela. Dans ce cas, la sécurité s'imposait.

Clope au bec, Walentyn se contenta de souffler la fumée par les narines à la question de Timour. Mais était-ce bien une question ? Il avait remarqué cette tendance de l'Azéri à lancer des questions en l'air sous le coup de l'excitation du moment, sans finalement sembler se soucier des réponses. Ce petit était bien trop lisible, même pour un non télépathe. Ses questions n'étaient que l'expression de ses désirs.

"Super idée. Je vous enverrai des oranges." répondit le Polonais, pince sans rire. Un casse ça demandait un minimum d'organisation et de cohésion, et pour l'heure, les gosses avaient déjà du mal à se diviser en deux groupes.

En même temps, ils n'avaient pas encore eu le temps d'apprendre à se connaître et à travailler ensemble. Une connaissance parfaite des complices, c'était la clé.

"Le braquage, c'est pas pour toute de suite, d'autant qu'on a les moyens de se faire du blé sans avoir à parader en justaucorps dans une banque, petite tête." ajouta-t-il en se rapprochant nonchalamment des élèves épars. Timour était comme un chiot. Il cherchait l'aventure, mais ils n'étaient pas dans un roman. Ici c'était la réalité. D'ailleurs, il se demanda pourquoi Timour n'avait pas songé à masquer la zone la plus remarquable de son anatomie. Son visage, évidemment.

"Tout doux, bijou." fit-il en tirant légèrement Timour en arrière par les bretelles de son body.

"Désir doit l'avoir assez mauvaise que tu lui aies filé entre les pattes. A ta place, je chercherai pas le contact." lui recommanda-t-il de son ton peu amène. "Et j'déconne pas, cette nana a un grain." ajouta-t-il, avant de relâcher l'ado, qui galopa jusqu'à Luz.

Il espérait sincèrement que l'empathe ne serait pas au rendez-vous sur Utopia. Cette fille prenait bien trop son pied en manipulant les autres. Bon, ça à la limite, Walentyn était bien placé pour la comprendre, mais Désir avait en plus une lueur sadique dans le regard, et le mélange des deux devait être explosif.

Walentyn rejoignit Kallan et se contenta d'un hochement de tête bourru au résultat de sa sonde psy. Evidemment, il était bien plus satisfait que sa mine renfrognée pouvait le laisser entendre, mais il n'était pas là pour distribuer des bons points et des images.

[Polonais]"Alors, miss, laisse-moi deviner : t'as décidé d'aller sur Utopia ?" lui fit-il, en désignant du menton le sac à dos qu'elle portait. Il y avait peu de chances pour qu'une trousse de soins soit nécessaire lors de l'exploration des ruines.

[Polonais]"Tu pourras garder un oeil sur notre graine de catcheur ?" ajouta-t-il avec un bref "suis mon regard" vers l'empathe agité.

Chimère ricana pour lui-même en écrasant son mégot du talon devant la démonstration d'auto-congratulation de Gabriel. Son frère, quant à lui, restait aussi calme et discret qu'à son habitude. Avec un grand frère aussi égocentrique que Gabriel, pas étonnant qu'Alexander soit devenu un ado réservé : Gabriel avait dû passer sa vie à meubler l'espace et lui tirer la bourre. Walentyn se prit à penser qu'effectivement, les Pères Fondateurs avaient bien besoin d'une cure de suffisance et de sur-confiance en eux, la présence de Gabriel était requise de toute urgence sur l'île.

Amusé, le Polonais se remit à marcher, s'enfonçant dans le parc en direction de la piscine afin d'avoir un autre angle de vue sur le jardin et la bâtisse.

Dommage qu'Emily n'ait pas été là, elle venait de louper une bonne vanne.

Il marcha parmi les herbes folles, rencontrant quelques vieilles ordures jetées là depuis bien longtemps mais suffisantes pour gâcher le paysage. Il aperçut plus loin un espace comportant des agrès de sport en extérieur. Des poutres et espaliers et faux murs de béton destinés à l'entraînement étaient maintenant couverts de mousses ou de tags. Un engin qui avait du être un lanceur de projectile trônait encore tête baissée, oxydé et parcouru de lierre.

Ses pieds crissèrent sur des seringues usagées et il repéra d'anciennes traces de cendres. Non loin de la piscine, il vit aussi des équipements analogues à ceux des skate-parc, en plus robustes et de taille supérieure. Un panier de basket, sans filet et rouillé, trônait plus loin encore.

Dans une autre direction, dans le bois, Walentyn aperçut émergent de la broussaille des pierres tombales entre lesquelles se promenait la queue touffue d'un chien errant.

Cette façade de la bâtisse lui apprit qu'un incendie avait endommagé en particulier l'aile ouest du bâtiment. De larges failles béantes parcouraient les murs là où ils n'étaient pas franchement écroulés, au niveau des étages. Des volatiles noirs y nichaient. Il s'envolèrent en protestant de leur cris inhospitaliers quand Walentyn fit mine de regarder cette direction.

Timour fut archi déçu que son idée de braquage ne plaise pas à Walentyn, mais il ne se laissa pas démonter pour autant. Il y avait quand même Luz dans les parages ! Il répondit donc à Walentyn l'air de rien, une fois qu'il eut rejoint le groupe, comme si les autres avaient pu suivre le début de leur conversation privée.

"Ouais bien sûr, on pourra demander à nos frères de Blackmétropolis de faire le casse pour nous ! On fait partie de leur bande maintenant hein pas vrai Sol ?"

Dit-il en remettant sa bretelle droite que les manœuvres du Polonais avaient entortillé. Il tourna ses beaux grands yeux noirs sur le voleur. Ses mises en garde concernant Désir avaient blessé sa fierté de super-héros de l'aéroport. Il répliqua d'un ton assuré.

"Ben ouais je sais qu'elle est complètement timbrée Désir, c'est clair. T'inquiète, faudra vraiment vraiment qu'elle me saoule pour que j'aille m'occuper d'elle."

Et il espéra que cette réplique bien dosée rassure Walentyn tout en montrant à Luz sa tempérance comme son envie d'en découdre. Timour n'en menait pas large avec ses deux idoles dans son entourage !

Il observa quelques élèves entrer dans le temple X-Men. Lors de sa première rencontre avec Aldo, Timour avait essuyé un relatif échec de son pouvoir, du moins la réaction de joie intense n'avait pas eu lieu comme prévu. Le franco-arménien était peut-être, en quelque sorte, un peu immunisé à l'empathie ? Ce trait aurait le mérite de dédouaner totalement Timour de la responsabilité de ce résultat décevant. Et comme le garçon manifestait le souhait ironique de rencontrer Désir, c'était peut-être une bonne idée en effet. Qu'il joue le bouclier humain face à Désir.

"C'est cool qu'on aille ensemble sur le Caillou alors ! Ok je te la présenterai !"

Lança-t-il à Aldo avant qu'il disparaisse dans le bâtiment. Il revint sur Luz, se dandinant, hésitant à suivre les autres ou rester ... Elle lui avait souri ! Yes 1 point pour toi Cupidon ! Il se frotta les bras. Il faisait peut-être un peu trop frisquet pour être en body finalement ...

Clara entra avec Taylor. Gabriel fanfaronna comme à son habitude. Pourtant il se gardait bien de prendre une décision ferme sur son groupe de destination. Que du vent ce type ! Les yeux insectoïdes de l'empathe observèrent ensuite Alexander. Impassible, effacé, comme d'habitude aussi. Timour s'étonna de l'intervention de Luz pour les "réconcilier". Cette fille était vraiment géniale, la Paix sur Terre incarnée ! L'empathe ne voulait pas être en reste.

"Sinon s'ils veulent se détester, facile il suffit qu'ils aillent chacun dans un groupe différent. Y'a deux groupes."

Il haussa les épaules, poussa un petit soupire, regarda la directrice pour voir si elle regardait Walentyn. Puis Kallan pour voir si elle allait suivre le mafieux qui s'engageait dans les allées herbeuses. Timour voudrait bien suivre Walentyn, mais il avait remarqué ses messes basses avec Kallan. Il en ressentait une jalousie grimpante et redoutait que la télépathe ne devienne sa préférée. C'était une gonzesse bien roulée en plus. Walentyn avait peut-être des visées sur elle. L'Azéri en était malade d'avance mais il ne se laisserait pas faire. Y'avait sûrement moyen d'embobiner la folle de Flesh pour chopper à deux Kallan dans un couloir et lui fiche la pâtée. Il rumina cela tout en s'agitant pour se réchauffer. Le stress ambiant restait diffusément imprégné dans son esprit.

Une musique lointaine venant du cœur du rez-de-chaussée se fit entendre par tout ceux qui étaient restés près de l'entrée, et même par ceux situés à l'écart.

Le volume était assez fort, on devinait que du coup ça devait bien décaper les oreilles pour ceux qui étaient plus près de la source.

Une nuée de corbeaux s'envola des étages pour manifester leur stupeur.

Gabriel regarda Luz d'un air étrange suite à sa remarque. Passant son regard sur son frère, il se demandait bien comment elle pouvait émettre une idée aussi absurde. Faire la paix? Mais pourquoi? Il avait les yeux bridés!! (logique de Gabriel). Surement les vapeurs de canabis avaient elles fait de nouvelles victimes parmi ses neurones...

Cela faisait un moment que la première équipe d'interventio navait pénétré dans le batiment. Gabriel restait toujours indécis. Mais sans doute l'inspiration du lieu, empreinte de traces d'agissement mutants, le réveilla quant à sa condition et ce qu'il pouvait en tirer.
"Je pense pouvoir faire mieux que ca même! Je serais le lien entre nos deux groupes! Je reste ici, je vais rejoindre les autres, mais j'accompagnerais également l'autre groupe sur Itu...Otap...Utilia... sur l'ile... Si là bas, les choses tournent au vinaigre, je pourrais revenir ici n un clignement d'yeux." Il s'arrêta deux secondes de parler, admirant son magnifique regard si naturel dans un morceau de verre cassé, puis repris en commençant à se diriger vers l'entrée empruntée quelques temps plsu tot par ses camarades. "Je vous laisse donc un morceau de moi en souvenir." Ajouta t'il en faisant une révérence.

Gabriel ferma les yeux et poussa fort afin de décupler son ego (traduction: de faire apparaitre son image astrale), ce qui en soi n'était pas très compliqué pour lui...

Et puis un son insupportable vint irriter ses oreilles si délicates. "Roxie?" Dit il en se retournant d'u ncoup. Non, c'était pire que cela...

Raoul en arrivant sur l'île avait, en accord avec sa nonchalance habituelle, piqué un petit somme. Il n'aimait pas les voyages, vraiment, ça le fatiguait beaucoup et l'énervait parce qu'il trouvait les avions trop petits. Une musique émergea du rez-de-chaussée du temple des anciens X-men ce qui le réveilla. Il regarda en direction du bâtiment fixement pour essayer de distinguer quelque chose.

"Mais qué sé passe-t-il là dédans?"

Il regarda à gauche, il regarda à droite, il sentait la marque que l'herbe avait laissé sur sa joue dans le processus d'observation, puis il décida finalement de se rendre sur place. Enfilant ses lunettes d'aviateur aux verres teintés de rose, il s'engouffra dans le bâtiment.

Vers l'intérieur du temple

Lily-Rose fit un clin d'œil à Clara et laissa la jeune fille pleine d'espérance rejoindre les explorateurs en herbe. Quant à elle, plus les minutes passaient et moins elle souhaitait se rendre dans la bâtisse. Tout n'y serait que crève-cœur et dégoût. Le simple fait que les jeunes prennent possession des lieux contribuaient à les lui rendre inaccessibles. Rien de tout cela ne lui appartenait plus, c'était une période de sa lointaine vie passée que pour rien au monde elle ne voulait revivre ni retrouver sous forme de lambeaux et de débris. Sachant les errances qui avaient ensuite été son lot personnel pour traverser l'adolescence.

Écoutant d'une oreille distraite les jeunes gens, elle constatait que bien sûr, pour eux tout cela n'était qu'un décor romanesque qui n'altérait en rien leurs petites chamailleries. Ils étaient effrayés, excités ou simplement en attente de leurs missions respectives. Elle remarqua la conversation brève entre les deux Polonais. Walentyn semblait préparer ses troupes et explorer le terrain en vue de la mission Cerebra. Il se promenait dans les environs, pendant que les élèves restaient timidement près du perron. Sa façon de considérer tout cela avec un sérieux au moins professionnel (si ce n'était simplement opportuniste ou de pure survie) la rassura pour le moins.

Comme tous les autres, Lily-Rose tourna la tête vers la bâtisse quand une musique de sauvages retentit. Elle grimaça. C'était quoi ça ??? La petite Roxane qui s'amusait avec son téléphone portable haut de gamme ? Tout était possible avec cette technologie moderne, et surtout avec la petite hurleuse.

Lily-Rose adressa un regard à Walentyn, style "ne faudrait-il pas que vous alliez voir ce que les élèves font là-dedans ?" car elle aussi remarquait que cela faisait une bonne heure que l'on restait là, alors que les Pères Fondateurs les attendaient sûrement sur Utopia.

Elle se leva, lissa son vêtement et sortit de son sac son téléphone. Elle envoya un message à Damian, Clara et Aldo, pour qu'il viennent prendre le transport en commun vers l'île. Elle dit aux autres, d'une voix ferme et déterminée :

"Bien, je pense qu'il est temps de partir, pour ceux qui ont toujours le courage de visiter Utopia."

Elle fit tinter les clés des deux vans de location utilisés pour venir jusqu'ici.

"Bonne chance à vous tous, que Dieu vous garde."

Elle héla ensuite l'aventureux télépathe, agitant les clé dans un signe de la main.

"Walentyn, si vous pouviez me retrouver le rasoir électrique de Wolverine, ce serait un cadeau merveilleux. Je vous fais confiance. A tout à l'heure."

Elle nota, avec amusement, la proximité des sonorités de ces deux noms que bien plus qu'une époque séparait. A part le côté loup solitaire il n'y avait décidément pas grand chose de commun entre les deux mutants.

Après de brefs au revoir, elle enjoignit le groupe Utopia à se mettre en route.

Mission Utopia

Citation :

Alexander : -1 point de réputation