04.06/28.E.[X-Entraînement] Conférence à risque - Mindblast, Cupidon et Dreams

La salle des dangers était totalement plongée dans le noir à l'exception d'un petit cercle éclairé en son centre, où se tenait Neith Harlow, avec quelques feuilles entre les mains. Pour seules informations, elle avait donné le lieu, l'heure et spécifié aux membres de son équipe de venir sans autre, en tenue de tous les jours. Aucun explicatif précis de ce qui allait attendre ses nouveaux agents n'avait été fourni. Une fois que tout le monde fut dans la pièce face à elle, elle regarda chacun des mutants d'un air presque maternel.

"Bien. Maintenant que tout le monde est là, nous allons commencer. Voici le contexte..."

Elle tendit à chacun une feuille. Sur le premier côté, il y avait une simple affiche annonçant une conférence, avec l'image du personnage concerné. Le genre de tract publicitaire qui se diffusait pur attirer du monde. En retournant la feuille, les mutants purent lire ce qui semblait être une lettre de menace de mauvaise qualité, tachée et mal photocopiée.

Spoiler:

"La lettre que vous pouvez lire au dos de ce tract a été envoyée au professeur Bhattacharya qui jugé préférable de présenter sa conférence malgré tout. Votre mission est la suivante: trouver si dans la foule se trouve le rédacteur de cette lettre, si oui l'arrêter sans esclandre. Vous devez éviter tout mouvement de panique, et de préférence ne pas vous faire repérer."

Elle leva une main, signifiant qu'elle ne répondrait à aucune question et d'ailleurs poursuivit rapidement ses explications.

"Vous serez jugés sur différents aspects: anticipations, adaptation, sens de l'observation, usage pertinent de vos pouvoirs, travail d'équipe... Même s'il ne s'agit que d'un entraînement, considérez-vous en situation réelle et ne négligez pas les conséquences de vos actes. Bonne chance."

Un léger sourire étira ses lèvres et la lumière blafarde et centrée de la salle des dangers conférait à Neith comme un petit air sadique. Elle recula et tourna les talons pour quitter la pièce et rallier la salle de contrôle. La porte se referma sur elle et plongea les trois mutants dans le noir.



[Pour ceux qui veulent une petite musique d'ambiance...]

Une lumière générale plus pâle commença à redonner un contour au décor. Apparaissant depuis la transparence, une salle de théâtre apparut tout autour d'eux. Frederik, Timour et Alexander se trouvaient au fond de la salle, à côté de la dernière rangée de siège, sur la droite. Dans leurs dos, un épais rideau de velours rouge séparait la salle de spectacle du hall principal. Face à eux, au fond, la scène était ouverte, et flanquée de deux sculptures sous lesquelles des portes closes devaient donner accès à des coulisses et des sorties de secours à en croire le symbole vert qui trônait sur chacune d'elles. Deux niveaux de balcons surplombaient l'ensemble.


Un brouhaha s'éleva rapidement, et tels des fantômes, des personnes apparurent de la même manière que le reste du décor. Frederik, Timour et Alexander furent traversés par certains d'entre eux, le temps que ces derniers prennent formes concrètes. Frederick fut d'ailleurs heurté par une petite tête blonde qui baragouina en zozotant un "pardon monzieur" avant de se faufiler prestement entre les gens en direction de la scène.


Il régnait dans le théâtre une ambiance rendue lourde par une chaleur qui aurait pu passer largement inaperçue si le fond de l'air 'avait pas été humide. Pourtant, les gens parlaient tous dans une cacophonie sans nom. Certains riaient, d'autres haussaient le ton. Toutes les chaises semblaient occupées et les deux allées ainsi que le fond de la salle étaient pris d'assaut par des personnes, certaines debout, d'autres sur des tabourets fournis à l'arrache. L'ensemble formait beau capharnaüm haut en couleur où se mêlaient des gens venus de tout horizons et de tout milieux.  

Sur la scène, seul se trouvait un grand écran pour la projection. Les bavardages se muèrent en une salve d'applaudissements quand l'homme se trouvant sur le prospectus que les mutants avaient en main se présenta devant la foule.

Spoiler:

Ainsi donc, Timour était venu à la convocation en jean, tee-shirt noir et baskets. C'était pratiquement le seul type de fringues qu'il possédait. Pourquoi se compliquer plus la vie ? Il aurait voulu déplaire à sa référente en venant dans une tenue excentrique, il aurait bien été en peine de le faire, à moins d'aller piquer dans la garde-robe disco de Ryoichi. Pourquoi pas cette espèce de cape jaune canari que le camarade de chambrée ne portait jamais (et pour cause) ? Mais bref, Timour n'avait pas joué les rebelles. Il était dans la quasi même tenue que MindBlast, l'inscription revendicatrice en moins.

Il se méfia immédiatement du regard affectueux de la prof. Il se tint les bras balants, impassible. Puis il prit connaissance du recto et du verso de la feuille. Un conférencier pro-mutant, des menaces d'un anti-mutant. Voici ce qu'il interpréta au premier regard.

Les consignes étaient claires. L'empathe n'eut pas le temps de lancer une bordée de questions car la prof lui coupa le sifflet. Il fronça les sourcils alors que le décor se formait, et rangea le document dans sa poche arrière de jean.

Bon, le fou (la folle) pouvait être n'importe qui. L'hypothèse d'un enfant surdoué en orthographe n'était pas à exclure, donc il fallait garder l'esprit ouvert. L'empathe regarda donc d'un oeil non indifférent cette gamine zozotante qui les traversa.

Entendant les paroles de Fred, Timour hocha insensiblement la tête, même si une légère crispation de mâchoire l'agita.

"Ok, MindBlast."

Chuchota-t-il en appuyant bien sur le nom de code. Il en avait de bonnes lui. Comme si l'empathe pouvait sonder une foule si compacte en un clin d'oeil. La pression pesait sur ses frêles épaules.

Tandis que le créateur psychique s'éloignait, et sans un regard superflu pour Dreams, Cupidon chercha des prospectus/programmes à distribuer.

Si une autre personne avait déjà pris ce rôle, il saurait la persuader de partager "généreusement" le travail. Il laissa traîner son oreille sur les paroles du conférencier.

Alexander avait rejoint la salle des Dangers sans grande motivation. S’entraîner à régler les soucis des autres quand on était incapable de s'occuper des siens avait quelque chose de plutôt désagréable. La situation fut rapidement présentée par leur référante qui préféra les laisser dans le flou pour ce qui était des questions.

Ils auraient à découvrir par eux-même quel était le type de menace précise. Tentative de meurtre à l'arme blanche ou à l'arme à feu, avec une bombe, peut-être un incendie ou de la fumée. Il se pourrait même que ce soit un mutant derrière tout ça, même si ce scénario serait tordu sans doute étant donné le thème de la conférence à défendre.

Observant les lieux qui prenaient vie autour d'eux, Dreams posa son regard sur les balcons et acquiesça à la proposition de Mindblast.

" Je vais monter pour avoir une vue d'ensemble. Je passe par le hall. " indiqua-t-il avant de faire ce qu'il venait d'annoncer.

Il faudrait avoir les yeux partout. La nouvelle équipe ignorait ce qu'elle cherchait précisément.

En s'avançant dans la salle, Fred dû presque jouer des coudes. Les gens tâchaient de lui faire de la place, mais la densité de la foule était telle qu'il progressait difficilement. En observant autour de lui, il remarqua néanmoins que celle-ci était tout particulièrement hétéroclite. Hommes et femmes de toutes origines se serraient les uns contre les autres. Les âges semblaient aussi être très variables. Il repéra quelques enfants, beaucoup de jeunes adultes et un bon nombre de personnes âgées. Ces dernières étaient pour la plupart déjà toutes assises d'ailleurs, leur ancienneté ayant favorisé leur confort. Mais plus encore, Fred nota pas mal de mutants. En effet, plus d'une trentaines de personnes qu'il pu observer avaient des caractéristiques du gène X visible. L'un, au crâne chauve, arborait une multitude de petites cornes jaunes semblables à une crête de punk (d'ailleurs comme il n'était pas très loin, l x-men pu entendre ce dernier s'excuser auprès de la personne derrière lui parce qu'il lui bouchait partiellement la vue sur la scène), un peu plus loin une femme au regard inquiétant semblait voir toute la salle avec ses yeux de caméléons aux mouvements indépendants l'un de l'autre, près du mur deux gosses identiques à la peau rouge comparaient des cartes d'un jeu à la mode pour passer le temps... Et ce n'était qu'un petit échantillon. En se retournant, il repéra en hauteur, à plusieurs mètres au-dessus de l'entrée de la salle, la fameuse régie. Une série de petites fenêtres alignées laissaient entrevoir les ombres du personnel qui y travaillait, sans qu'il ne puisse en cerner le nombre ou même le moindre visage. Quand enfin il atteignit l'avant, il repéra sans mal une espèce de sécurité quelque peu rudimentaire. Habillé en civils, deux vigiles se trouvaient devant chacune des portes donnant accès aux coulisses et issues de secours. Leur oreillette et leur radio avaient une taille les rendant aisément visibles. D'ailleurs il saisit une bribe de conversation entre les deux hommes les plus proches, à peine atténuée par le brouhaha qui commençait à s'atténuer avec la venue sur scène du conférencier. Ils ne semblaient pas trop se soucier de la discrétion.

"... de limiter le nombre d'entrées. C'est bien trop risqué."
"C'est pas pour rien qu'il y a un certain nombre de places. Le professeur est vraiment inconscient."

Maintenant qu'il était plus proche, Fred remarqua sur le côté de la scène, à moitié dans les coulisses, une chaise et une femme qui se tenait debout à côté, et qui semblait inspecter un instant le haut des rideaux plongés dans les ténèbres avant de venir fixer presque avec tendresse le professeur qui s'adressa à la foule avec son micro.

Spoiler:

"Mesdames et messieurs, merci d'être venus si nombreux. Je ne pensais pas avoir un tel succès! Nous ne pouvons hélas pas pousser les murs mais le service de sécurité essaie de trouver des sièges supplémentaires. Hélas je crains que beaucoup d'entre vous ne soient contraints de rester debout pendant toute la durée de la conférence. Que ceux-ci se rassurent, ils auront droit à une double tournée générales de petits fours pour leur courage!"

Quelques personnes dans la salle étouffèrent des rires alors que d'autres applaudissaient.

Cupidon de son côté, préféra chercher des prospectus. Il ne remarqua aucun présentoir, ni même qui que ce soit en train d'en distribuer. Néanmoins il nota sans mal la présence récurrente entre les mains des gens autour de lui de l'affiche que lui-même et ses coéquipiers  avaient reçus de Neith, ainsi qu'un petit livret plus dense avec une autre photo du conférencier en couverture. Tout comme Fred, Cupidon pu constater la grande variété de personnes qui patientaient dans la salle. Pas très loin de lui, un jeune homme affublé d'un museau paraissait d'avantage renifler que lire le prospectus qu'il avait. A côté de lui, une femme à l'apparence tout à fait humaine s'éventait avec l'affichette et Timour remarqua que ses mains possédaient en vérité seulement quatre doigts griffus. Elle paraissait s'impatienter, ce que l'empathe confirma d'un rapide scan de ses émotions. En laissant traîner ses oreilles, il entendit de tout autour de lui.

"..Trouver une place. J'ai bien cru qu'on y arriverait pas!.."
"... Clim en panne ou quoi? Et bien sûr mon ventilo de poche est dans mon autre sac à main..."
"... Cours à l'uni. Ce type a de la suite dans les idées! L'année passée il a donné un séminaire sur la culture mutante en Europe. Tu savais qu'en Russie..."
"... eux une lingette rafraîchissante?..."
"... lais m'inscrire mes ses cours son complets jusqu'au prochain semestre. Y'a plus qu'à espérer que quelqu'un se désiste..."
"... précédente conférence. Je te filerai le lien, son exposé à Boston était fasci... Chut! Il va parler!"

Les conversations autour de lui s'atténuèrent pour cesser quand la voix du conférencier s'éleva au sujet des places.

Alexander n'entendit pas les mots exactes de son côté. L'épais rideau de velours isolait parfaitement la salle de théâtre du hall. En sortant, l nota qu'il ne restait plus grand monde. Face à lui, d'imposantes portes vitrées donnaient sur la rue partiellement animée. vers les murs à sa gauche et à sa droite, des tables venaient d'être placées et trois personnes s'affairaient pour étendre une nappe et aligner des gobelets et des boissons. Un homme en civil, mais dont l'oreillette blanche était visible au cordon qui la reliait à une radio à sa ceinture, était aux prises avec une vieille dame sur une chaise roulante automatisée.

Spoiler:

"Miracle! Mais enfin, vous êtes de la sécurité ou non? Une petite métisse blonde, c'est pas passe-partout quand même! Elle a une fleur blanche sur son gilet beige."
"Je crois qu'elle est entrée dans la s..."
"C'est à l'église qu'on croit, jeune homme! Seigneur! On ne peut vraiment pas compter sur la jeunesse... MIRACLE!!!"

Termina-t-elle en faisant pivoter sa chaise vers l'épais rideau avant de s'avancer. Mais Dreams ne s'attarda pas sur le hall. Il monta les marches de l'escalier le plus proche pour rejoindre les accès aux balcons. Il nota sur le palier la présence d'un grand bar où deux femmes s'affairaient pour aligner des amuses-gueule sur des plateaux. Il repéra rapidement de chaque côté des escaliers des portes. En poussant la première il vit le balcon inférieur, et à sa gauche, quelques marches menant au balcon supérieur. La foule était ici aussi assez dense et toutes les places assises étaient prises. Sur sa droite, il repéra une autre porte avec une feuille scotchée dessus où il était inscrit "ne pas entrer". Ici cependant, aucune trace d'un quelconque personnel de sécurité.

Spoiler:

Le hall d'entrée était particulièrement calme, si on mettait de côté une vieille femme qui se disputait avec un homme de la sécurité. Visiblement, elle cherchait sa petite fille qui ressemblait étrangement à celle rencontrée rapidement dans la salle de conférence. Mais ce n'était qu'une simulation, l'utilité immédiate de lui ramener l'enfant lui paraissait être plutôt limitée, à moins que Neith n'ait prévu quelque chose de précis.

Dans l'immédiat, Alexander remonta par les escaliers et remarqua les collations qui se mettaient en place. Sans s'attarder davantage dans les lieux, il entra dans un des balcons. Il jeta un rapide coup d'oeil plus bas, cherchant rapidement ses camarades du regard, avant de remarque la porte qui devait mener à la régie. Il était clairement indiqué de ne pas entrer, mais y jeter un coup d'oeil n'était sans doute pas une mauvaise idée, d'autant que la conférence démarrait : la personne à protéger était arrivée et parlait. A voir ses traits, il était probable que la vieille femme et la fillette soient de sa lignée directe.

Dreams s'approcha de la porte de ce qui devait être la régie et l’entre-ouvra discrètement pour observer d'éventuelles présences, quitte à totalement entrer si la voie était libre.

Le plan de Timour tombait à l'eau, aucun prospectus dans la zone. Les gens avaient leur propre flyer, sans doute pas aussi complet que celui des X-Men, pourvu d'un verso fort imaginatif et menaçant.

L'empathe ouvrit les yeux et les oreilles, notant la présence de quelques mutants aux physiques marqués. Il se demanda la proportion de chance pour que leur individu soit un mutant... Il ne fallait rien négliger. Des porteurs du gène X frustrés et tarés, l'Azéri en avait connu et en connaissait toujours...

En parlant de mutante, la femme griffue s'impatientait. Timour aussi ! Certains avaient chaud. Heureusement, le conférencier commença. Vu l'affluence, il n'y avait pas besoin de chercher une place assise.

Timour progressa sans se presser dans l'allée (celle de gauche sur le plan), vers la scène, en scannant autour de lui. Il essaya de capter au vol une émotion négative, que ne manquerait pas de provoquer le discours du conférencier chez le malotrus.

Il ratissa en ciblant au hasard cinq esprit à la fois, sans s'attacher aux émotions sans intérêt. On est empathe où on ne l'est pas ! Les gens comprendraient aisément qu'il veuille se rapprocher du Maître...

A l'étage, Dreams s'approcha de la porte de la régie et, décidant de passer outre l'ordre scotché dessus, l'entrouvrit pour jeter un observer ce qui se passait derrière. L'ensemble apparemment très bien entretenu ne grinça même pas, offrant à Alex toute la discrétion nécessaire à son méfait. Il pu remarquer une longue pièce agrémentée d'une série de fenêtre permettant une vue imprenable sur toute la salle du théâtre. Au fond, une autre porte identique à celle où s'était posté Alex, était fermée. Les lumières étaient tamisées, et seule une table était couverte du matériel nécessaire au bon fonctionnement du théâtre. Les autres semblaient d'avantage faites pour supporter les affaires des régisseurs. Deux vestes étaient étalées sur l'une, tandis que des ventilateurs assez silencieux tournaient sur l'autres, rafraîchissant l'espace et conférant jusqu'au mutant une petite brise agréable. Deux personnes se trouvaient là.


La plus proche du x-man était une jeune femme plutôt jolie, avec des rastas. Elle avait écarté deux tables et se tenait debout contre la fenêtre, scrutant la salle. A côté d'elle, sur une chaise à roulettes, un homme nettement plus âgé aux cheveux blancs était légèrement penché en avant et tripota la console pour faire baisser la lumière dans la salle et accentuer l'éclairage sur la scène. Tous deux conversaient, mais à mi-voix, sans doute pour ne pas prendre le risque d'importuner d'éventuels spectateurs qui, n'ayant pas trouvé de siège, se tiendraient proches de la porte.


"...Trop de monde."
"Je suis bien d'accord, ma puce, mais Kavi tient à ce qu'un maximum de personnes l'entende."
"Au mépris de la sécurité? Et avec une clim qui fonctionne pas? Et je parle même pas des menaces."
"Je sais... C'est pour ça que je veux que tu garde un oeil sur la salle. Si tu repère le moindre début de malaise..."
"J'ai déjà mis le numéro des urgences sur mon portable. Y'a plus qu'à appuyer sur la touche d'appel. Mais je suis pas formée pour repérer des psychopathes."
"Ne t'en fais pas. Il a dit qu'il y aurait des gens dans la salle pour ça."
"J'espère... Mais est-ce que ça suffira? Si ça déconne, on arrivera jamais à évacuer tout le monde sans qu'il n'y ait des bless... Hey, je crois que j'ai repéré un de ces gars. Y'en a un avec un truc sur l'oeil qui mate la foule au lieu du prof."
"Je te l'avais dit. Fais comme lui, y'aura jamais de paire d'yeux en trop."




En bas, Timour progressait lentement en direction de la scène. Les gens lui faisaient de la place sans mal, mais la densité de la foule de la foule aidant, la chaleur commençait à se faire ressentir pour l'azéri. Utilisant son pouvoir au petit bonheur la chance, il fut étonné du nombre d'émotions négatives qui traversaient l'assistance. Pour la plupart, il s'agissait d'exaspération, et à en croire les prospectus que les gens s'agitaient pour avoir un peu d'air, il pu avancer sans prendre trop de risque que la chaleur devait en être la cause. Pendant un instant, il repéra même une franche colère venant d'une femme qui tapota du pieds en fixant la nuque de l'homme qui, devant elle, se croyait discret en répondant à son téléphone avant que le voisin ne le somme de raccrocher au nom de la bienséance. A mi-parcours cependant, une émotion se détacha du lot. Un homme debout dans le couloir dégageait une nette nervosité. Bien qu'en apparence il avait l'air tout à fait détendu, ses émotions, elles étaient limpides pour l'empathe.


Alors que les lumières diminuaient dans la salle, il sorti de sa poche un téléphone portable et pianota rapidement quelques chose sur un vieux clavier avant de fixer l'homme sur la scène. Il ne semblait pas éprouver de rage ou de colère, juste un stress intense alors qu'il levait fréquemment les yeux vers le haut de la scène, au-dessus du conférencier mis à présent en évidence par l'éclairage.



De son côté, Fred faisait de son mieux pour essayer de repérer des individus louche. Sans compétences liées aux émotions ou à la télépathie, il fit apparaître une espèce de monocle sur son oeil pour y voir plus clair. Bien que la vue soit quelque peu améliorée, la teinte de son pouvoir noyait les apparences sous la couleur rouge. Ce qui ne l'empêcha pas de déceler les expressions des visages. Les gens les plus proches de lui le regardèrent avec curiosité, avant d'en revenir à la conférence qui se poursuivait. Tout le monde ou presque semblait d'ailleurs s'y intéresser. Il décela quelques expression de lassitudes et de fatigue, alors que les gens s'aéraient comme ils le pouvaient avec les prospectus. D'ailleurs lui-même ressentait la chaleur de manière assez peu agréable. Il nota que la foule dans le couloir semblait s'écarter progressivement, jusqu'à-ce qu'il distingue, entre les personnes, le visage peu avenant d'une femme âgée de type afro-américaine. Sur une chaise roulante automatique, elle progressait vers la scène en bousculant presque les personnes sur son passage. Le regard qu'elle posa un instant sur le conférencier n'était guère plus sympathique.



Sur la scène, le professeur s'avança tout en débutant son exposé à proprement parlé. Entre ses doigts, il tenait une petite télécommande et fit apparaître sur l'écran blanc derrière lui une série de graphismes.

"... Voici depuis début 2045 le nombre de mutants victimes de crimes racistes dans le seul état de Louisiane. Ces chiffres ont été fournis par la police de Nouvelle-Orléans. Mais je ne suis pas d'accord sur cette façon de faire. Pour vous comme pour moi, il ne s'agit en aucun cas de chiffres, il s'agit de visages et de noms... Valéry, Martins, Gwen, Liam, Walter..."

Les graphismes furent remplacés par des photographies de gens, certains parfaitement ordinaires, d'autres avec un physique qui ne laissaient que peu de doutes quant à la présence du gène X. L'écran fut recouvert d'une multitude de portraits.

"... Jusqu'à preuve du contraire, chacune de ces personnes était un être humain. Alors en vertu de quoi l'état les a-t-il considéré comme des victimes mutantes? Le simple fait de les écarter du commun des mortels leur donne-t-il le droit de légitimer leur mort? Voilà où je veux en venir. Imaginez un seul instant que le mot mutant, ou n'importe lequel de ses dérivés du plus flatteur au plus insultant, n'existait tout simplement pas. Imaginez qu'il n'existe plus de mutants, mais simplement des gens d'horizons différents. Ne pensez-vous pas que la haine s'en retrouverait diminuée?"

Spoiler:

L'exaspération que Timour sentit n'eut pas de mal à le convaincre lui-même du même sentiment. Il faisait si chaud qu'il partagea les pensées intimes de ses cibles, et s'essuya son front bombé du revers de la manche.

Il assista aussi à un micro-conflit entre une spectatrice et son voisin, ce qui le fit également bondir d'impatience colérique. Ces gens ne pouvaient pas garder des émotions tranquilles ? Ne faisait-il pas son job et ne tentait-on pas de brouiller les pistes ?

Grinçant des dents, il garda le fil de son observation. Enfin une émotion plus intéressante lui parvint. Un type nerveux.

Un coup d'oeil rapide arracha une pensée de satisfaction à l'empathe : le mec semblait détendu, calme... en apparence. C'est donc qu'il tentait de cacher des sentiments coupables. Cupidon n'était pas un adepte des préjugés - professionnalisme oblige - mais il trouva que le gaillard avait franchement une mauvaise tête. Était-ce l'absence de sourcils ? Les lèvres trop colorées ? Le teint pâle ?

Timour garda l'homme dans sa zone de contrôle et s'arrêta dans l'allée en se haussant sur ses pieds pour observer la scène. Faire comme les autres quoi. Il remarqua le petit jeu de sa cible. Portable, plafond...

Pour plus de sûreté dans la communication, Timour fit semblant de prendre une photo de l'orateur avec son smartphone, puis pianota un SMS à ses comparses. Il fallait les prévenir du potentiel danger au dessus de la tête du professeur.

SMS à MindBlast et Dreams a écrit:

Suspè rePré /!\ il rgard le plafon dessu le conf. gaf o piège. Il a un vieu tel é surman 1 complice

L'empathe gardait la tête froide. Avant de s'emballer il continua les investigations.

Timour se concentra sur l'homme stressé pour sonder les sentiments qu'il ressentait précisément à l'égard du conférencier. Lorsque ce dernier égraina des noms et montra des photographies, l'empathe fut également très attentif à la réaction émotionnelle que l'un ou l'autre pourrait provoquer chez le suspect.

Cela devrait permettre de déterminer dans quel camp classer ce drôle de gars, ami ou ennemi.

Alors que ses camarades lui faisaient quelques commentaires concernant des personnes louches remarquées dans la salle, Alexander avait ouvert la porte et repéré les personnes en charge de la régie. Visiblement, elles étaient toutes les deux inquiètes sur la situation, tant du côté des éventuels malaises à cause de la température et du regroupement, que du côté du danger représenté par les menaces.

Décidant de jouer la carte du bobard, l'asiatique inventa rapidement une histoire.

- " Bonsoir ? " commença-t-il pour s'introduire rapidement, passant la tête par la porte toujours entrouverte, sans rentrer entièrement pour ne pas se montrer trop imposant.

- " La mère de Kavi m'a proposé de surveiller la conférence depuis la régie afin d'avoir la meilleure vue possible. Elle a dit que je serai plus efficace depuis ces hauteurs là. Mais je ne veux pas vous déranger pendant votre travail... " termina-t-il pour ne pas paraître insistant.

Il verrait bien si la sauce prenait. S'ils étaient de potentiels alliés, les garder éveiller serait tout de même préférable.

Parfaitement mêlé à la foule, Timour concentra son attention sur l'homme au téléphone. Ce dernier semblait plus absorbé par son appareil que par la conférence. Il baissait régulièrement les yeux sur son vieil appareil qu'il rangeait dans sa poche, puis sortait pour contrôler l'écran, puis rangeait à nouveau, puis sortait, puis pianotait rapidement quelque chose, puis le rangeait, et ainsi de suite. Timour perçu clairement chez lui un certain stress, qu'il révéla partiellement dans son expression alors qu'il se retournait pour jeter un coup d'oeil rapide en direction des lourds rideaux qui séparaient la salle du hall principal. Il en revint à la conférence qu'il semblait malgré tout suivre, du moins superficiellement. Quand les photographies apparurent sur la scène, l'homme n'y prêta aucune attention. Plus porté sur son téléphone, il en contrôla une fois encore l'affichage avant qu'un nom mentionné par le conférencier, perdu entre tout plein d'autres, ne provoque une réaction autre que le stress. L'azéri ressenti nettement un pincement au coeur, teinté d'une tristesse qui, bien qu'elle ne soit pas intrusive, restait bel et bien présente. Pour la première fois depuis le commencement de la conférence, l'homme parut s'apaiser quelques secondes, alors qu'il fixait la mosaïque de visages. Mais la minute ne s'écoula pas qu'il recommençait déjà à pianoter sur son téléphone. Tout à son observation, ce fut à peine si Cupidon sentit les premières gouttes de sueur perler à son front. La chaleur devenait vraiment pénible.




Après avoir reçu le message de l'empathe, Fred tâcha de repérer l'individu. Malheureusement, la foule compact l'empêcha de trouver le suspect en si peu de temps et le jeune homme, suivant les informations lues, tâcha d'observer au mieux les hauteurs au-dessus de la scène. Si son monocle fraîchement réapparu baignait tout de rouge, il nota assez rapidement que ses difficultés à discerner clairement le "plafond" étaient surtout dûes aux projecteurs qui l'aveuglaient. Leur lumière ciblée sur la scène en était presque douloureuse et quand le norvégien ferma un instant les yeux, il voyait encore des tâches lumineuses danser sous ses paupières. Un regard de plus et il entrevit quelque chose bouger par-delà les spots, sans savoir, de sa position, s'il y avait réellement quelque chose ou si ce n'était qu'une illusion dû à sa vision éprouvée. Alors qu'il était concentré, il fut légèrement percuté par la vieille dame en chaise roulante qui maugréa un "pardon" de mauvaise humeur avant de passer devant le premier rang. Elle ne jetait plus un regard au conférencier et semblait plutôt chercher quelque chose ou quelqu'un dans la foule.




A l'étage, Alex tenta le tout pour le tout. Alors qu'il poussait la porte, les deux regards se tournèrent rapidement vers lui. L'homme se redressa même pour faire un commentaire mais il se figea quand Dreams balança son alibi. La fille aux dreads écarquilla sensiblement les yeux et tourna la tête vers son père qui, lentement, se rassis sur sa chaise.

"La mère de Kavi... Bien bien... Chérie, vas donc nous chercher un pichet d'eau au bar, à trois et sans clim on va vite avoir soif."
"Mais Pap..."
"Plate, l'eau. Pas celle qui me file des aigreurs d'estomac. Dépêche-toi, s'il te plait."

Après un dernier regard pour Alex, elle se dirigea vers la porte opposée sans discuter d'avantage.

"Mettez-vous à l'aise jeune homme! La mère de Kavi a bien raison, c'est ici qu'il y a la meilleure vue sur la salle."

D'un geste ample du bras, il indiqua les fenêtres qui, comme Alex le voyait, confirmait largement son propos.




Sur scène, la conférence se poursuivait.

"... Il n'y a encore pas si longtemps que ça, dans notre propre pays, les indiens, ou même les afro-américains, venu ici par la volonté des blancs, n'étaient pas considérés comme des êtres humains. L'homme qui se disait alors évolué ne considérait même pas que son semblable puisse avoir une âme, sous prétexte qu'il avait une apparence différente..."

Le tableau n'afficha plus de portrait, seulement une sorte d'image où des traits instables se côtoyaient par paire.

"... Voici le caryotype d'une personne d'origine asiatique..."

Il cliqua et une seconde image, quasiment identique apparu à côté.

"... Celui d'une personne originaire du Canada..."

Le professeur fit s'afficher une troisième image identique, puis une quatrième.

"... Un caryotype d'Afrique du Sud, et un d'Europe de l'Est. Vous constaterez qu'ils sont tous identiques. Pourtant, l'un d'entre eux est mutant. Un indice? Il n'est pas canadien."

Il y eut une série de petits rires amusés dans la foule.

Spoiler:

La tristesse brièvement ressentie par la cible indiqua à Timour que celle-ci était proche d'une des victimes énoncées par le conférencier. Deux autres choses l'intriguèrent. Les regards vers les lourds rideaux rouges, et l'utilisation d'un vieux téléphone. Pourquoi pas un vrai smartphone moderne ? Pouvait-on ranger ce type parmi les marginaux de la société, éventuellement mutant et débrouillard ?

Se mordant la lèvre, Cupidon se perdait en conjectures.

SMS à MindBlast et Dreams a écrit:

"lé rido o6"

Tapota-t-il à la vitesse de l'éclair pour signaler à ses camarades que le potentiel danger pouvait venir du plafond comme des côtés de la scène.

Il chercha des yeux cette Afro-Américaine en pétard, brièvement décrite par MindBlast. Timour sentit la sueur perler sur ses tempes et ouvrit la bouche pour respirer l'air saturé de dioxide de carbone.

N'écoutant que d'une oreille la conférence, Cupidon ne comprit par la blague sur les caryotypes canadiens. Les petits rires le surprirent et le sortirent de sa torpeur suante.

Excédé par la chaleur, et convaincu par le (moyennement) suspect numéro 1 que quelque chose se passait sur scène ou dans les coulisses, l'empathe joua des coudes pour se rapprocher de la scène. Il continua à scanner les esprits sur son passage en cherchant les plus fortes émotions, comme la colère et la haine.

Il se rapprocherait ainsi de la fameuse veille femme et la prendrait dans son filet, en plus de récolter éventuellement d'autres informations émotionnelles.

Les talents d'acteur d'Alex semblaient avoir été efficaces. S'il avait su que jouer l'hypocrite auprès des invités bourgeois de ses parents lui seraient utiles un jour en mission, il n'aurait pas voulu le croire. Toujours était-il que l'homme l'invita à rentrer, en proposant à la jeune fille à ses côtés d'aller leur prendre de l'eau. Avec un sourire gêné pour celle-ci alors qu'elle partait à contre-coeur, Dreams entra un peu plus dans la pièce et referma la porte, avant de s'approcher du régisseur.

- "Jolie vue en effet." confirma le garçon alors qu'il sentait à plusieurs reprises son portable vibrer.

Jetant un coup d'oeil rapide aux messages, il demanda finalement :

- "J'ai un ami dans la salle qui m'a indiqué qu'il avait cru voir quelqu'un se déplacer au-dessus de Kavi. Il y a des passerelles au-dessus de la scène, vers les projecteurs ? Qui pourrait y accéder en pleine conférence ?"

Scrutant un peu plus attentivement le public, Alex chercha du regard ses camarades avant de remarquer Timour, semblant intéressé par un groupe de gens dont l'un d'eux était sans doute le suspect, puis Fred qui s'adressait à un vigile. Un nouveau message lui indiqua que ce dernier tentait de rentrer dans les coulisses. Restait à savoir s'il y parviendrait. Dreams tapa habilement un message d'une main à destination de son équipe, en passant rapidement son regard du téléphone à la scène.

Alex a écrit:

Je surveille depuis la régie.

Si Fred ne parvenait pas à atteindre les coulisses, il faudrait peut-être endormir le vigile qui faisait trop bien son travail, paradoxalement.

Timour, plongé dans ses pensées, finit par émerger un instant pour renvoyer un SMS à ses camarades. Alors qu'il cherchait à repérer la femme décrite par Mindblast, il ne remarqua pas grand chose, et pour cause, de sa position, les personnes debout dans le couloir lui masquaient considérablement la vue. Cupidon se mit donc en mouvement, scannant aussi rapidement que possible les cibles par groupe de cinq, flirtant avec ses limites. Il ressentit quelques onces de colère, mais rien qui le lui parut se porter vers la scène. Les sentiments négatifs se rapprochaient plus de l'incompréhension et de l'énervement probablement dû à l'inconfort des températures de la pièce. Remontant l'allée, il finit néanmoins par capter une colère qui se démarquait des autres. Passablement remontée, la petite dame décrite par Frederik se trouvait là, longeant l'avant du premier rang, en balayant la foule du regard. Un sentiment plus marqué, frôlant la haine, se détacha nettement quand elle jeta un coup d'oeil en direction de la scène. Mais cette attitude s'estompa sous de la surprise quand une autre personne du premier rang poussa un petit cris, faisant sursauter la dame âgée. Timour remarqua sans peine de par la gestuelle expressive de spectateur en question que ce dernier avait dû se faire rouler sur le pied par la femme en fauteuil qui, bien loin de se confondre en excuse, lui fit un geste limite méprisant avant de poursuivre sa route, dans la direction de l'azéri.




De son côté, Fred tenta le tout pour le tout en misant sur ses talents de comédien. Il se rapprocha des vigiles, jouant l'ébauche d'un malaise inévitable. Les deux hommes, se reportèrent naturellement sur lui.


Le premier, avec son début de barbe, semblait souffrir de la chaleur lui aussi, à en croire les grosses gouttes qui lui perlaient sur le front. Il devait faire une bonne tête et demi de plus que le norvégien. Cependant, il paraissait limite gringalet à côté du second, chauve, qui lui flirtait avec les deux mètres pour une largeur d'épaule assez conséquente. Contrairement à son collègue, il ne paraissait pas affecté par les températures, à en croire son haut à manches longues et 'absence totale de marque de sueur. Ce fut ce dernier qui répondit.

"Oui, bien sûr... Je m'en occupe."
"Mmmmkay."

Fit le premier vigile, probablement satisfait d'avoir à limiter ses mouvements. L'afro-américain le plus imposant posa une énorme main sur l'épaule de Fred, pour le stabiliser, et recula en douceur en l'attirant avec lui pour ouvrir la porte sur les coulisses. Mindblast repéra rapidement la configuration des lieux. Une petite rampe montait de quelques afin d'atteindre une rambarde à hauteur de la scène. Il passa vers l'arrière des rideaux, d'où il entrevu clairement le conférencier, avant que celui-ci ne disparaisse de sa vue en s'approchant trop des spectateurs. Au fond, le couloir se séparait en T. Celui partant à gauche devait permettre de contourner la scène par l'arrière, et celui à droite... Difficile à dire avec exactitude où il menait. Certainement à des loges, et nécessairement à une sortie de secours à en croire le petit panneau vert fléché qui se trouvait contre le mur. Le vigile tira un tabouret qui se trouvait derrière les rideaux et fit d'autorité s'asseoir Fred.

"Pose-toi quelques instants, jeune homme. Dès que tu auras repris ton souffle, je t'accompagnerai à l'air libre."

Il fouilla dans sa poche arrière et sortit une petite bouteille d'eau qu'il conserva dans sa main quelques secondes. Celle-ci se couvrit lentement de givre entre les doigts du vigile avant qu'il ne la tende au jeune mutant, lui offrant ainsi de l'eau bien fraîche. Mais avant que Fred n'ait pu prendre la boisson rafraîchissante, un grésillement, suivit d'une voix dont il ne perçut pas distinctement les mots, se fit entendre dans l'oreillette du vigile qui fronça les sourcils.




En hauteur, la jeune fille venait tout juste de quitter la salle rapidement. Alex poursuivait son travail, soutenant ses coéquipiers depuis son excellent point de vue. L'homme ne paraissait pas le lâcher du regard alors que celui de l'asiatique, profitant de son promontoire, vit Timour s'avancer vers la scène et nota ensuite que Fred semblait atteindre son objectif puisqu'il venait de passer la porte des coulisses que le second vigile refermait avant de reprendre sa position initiale. Le régisseur répondit de manière assez sibylline aux questions d'Alex.

"C'est possible d'y accéder. Les passerelles permettent d'atteindre matériel d'éclairage et les accroches de décors et rideaux, pour l'entretient, les réparations, diverses mises en place..."

Phénomène assez intéressant pour Dreams, alors qu'il observait ce qui se passait, un mouvement particulier attira son attention. Les deux vigiles sur la gauche, ainsi que celui en poste à droite, là où Fred avait disparu, portèrent à quelques instants près tous une main à leur oreillette pour lever avec une synchronisation presque effrayante leurs yeux vers la régie.




Sur scène, la conférence se poursuivait, encore et toujours.

"Vous constaterez donc qu'il n'y a pas de différence fondamentale entre un humain et un mutant. Rien, hormis un simple gêne à peine identifiable, ne sépare un nouveau-né purement humain d'un future mutant potentiel. Et encore! Chez certains enfants, le gêne X ne se démarquera jamais."

Une nouvelle image s'afficha sur l'écran géant. Dessus, on retrouvait l'image du conférencier, entouré de plus d'une trentaine de personnes, dont la femme que Fred avait pu apercevoir dans les coulisses, et l^homme que Timour avait observé un peu plus tôt.

"A ma droite se trouve un collègue de l'Université, spécialisé en génétique. Il s'est amusé à tester une palette d'élèves pour tâcher de détecter des porteurs du gêne X, dont mes élèves, que vous voyez sur cette photographie. Croyez-moi ou non, mais près d'un tiers se sont révélés positifs à l'examen, et pourtant... Ma classe ne compte deux mutants. Le gêne X ne voit pas nécessairement son porteur développer des compétences hors normes, ce qui prouve bien que de humain à mutant, il n'y a qu'une différence purement subjective."

Spoiler:

Timour fronça les sourcils en constatant les sentiments quasi-haineux de la vieille femme du devant. Fred avait eu raison de la lui signaler celle-là. En plus, elle se dirigeait vers lui après avoir roulé sur le pied d'un spectateur.

Fixé sur ce qu'il allait faire dans les prochaines secondes, l'empathe prêta l'oreille au conférencier, et l'oeil à ce qu'il projetait. Il reconnut sur l'écran ce même type à l'allure louche qui avait manifesté des sentiments de crainte et de tristesse.

Ainsi ce mec était un collègue du prof, spécialiste en génétique et adepte des expériences sur le gêne X. Cela confirmait ce que Cupidon avait pensé : il s'agissait d'un allié du prof, venu lui aussi pour veiller à sa sécurité. Chou blanc donc.

SMS de Cupidon à Dreams et MindBlast a écrit:

"modif le premié suspè è pa 1 komplis du kriminel c le typsurlafoto"

Tapota-t-il à toute vitesse sans trop se soucier de la bonne compréhension du message par ses deux camarades. Mieux valait informer Dreams qui avait trouvé le poste d'observation idéal.

Puis l'empathe revint à ses affaires. Lâchant son scan général qui avait tendance à le fatiguer, il cibla la vieille furie et s'informa directement de ses sentiments à l'égard du conférencier.

Il garda l'oeil sur elle, aussi.

Seul avec l'homme, Alex retrouva ses points de repère en observant la conférence. On lui confirmait bel et bien qu'il y avait un accès aux hauteurs, ce qui n'augurait rien de bon. Puis soudainement, son regard accrocha les vigiles par la synchronisation de leur étrange mouvement à l'oreille, caractéristique d'une communication entrante. Impassible, Dreams ne manqua pas de remarquer tous les visages se tourner vers la régie, et plus indirectement vers lui.

- " Des aigreurs d'estomac, hein ? " répéta le garçon avec un sourire amusé, avant de tourner à moitié la tête vers le régisseur.

Est-ce que cette histoire d'eau était un signal ? Quelque chose semblait avoir éveillé la méfiance toute justifiée de l'homme qui devait l'avoir transmise à sa fille. Dans le fond, avec les questions posées, il y avait de quoi.

- " Je ne vous ai pas menti quand je vous ai annoncé vouloir protéger Kavi. Je pense fortement que quelqu'un va tenter quelque chose. Si vous voulez également la protéger, je vous suggère sincèrement d'envoyer quelqu'un vérifier les passerelles. J'ai peur qu'il n'y ait quelqu'un ou quelque chose qui risque de lui faire du mal. Quant à moi, je ne souhaite pas faire de mal à qui que ce soit. Au contraire. " termina-t-il, les mains le long du corps, avant de faire quelques pas pour s'éloigner du régisseur tout en restant face à lui.

D'ici à ce qu'il lui saute dessus, il valait mieux être prudent. Le neutraliser ne serait de toute façon pas très difficile. Se dirigeant finalement près de la porte par laquelle il était arrivé en reculant lentement, Alex finit par prendre son téléphone pour prévenir ses camarades.

Dreams aux autres a écrit:

Suis soupçonné. Suis cible des vigiles.

Réussir à rester discret allait être plus que compliqué à présent. C'était dommage de se mettre à dos de potentiels alliés alors que les vrais ennemis continuaient leurs magouilles. A moins que le père ou la fille n'y soient mêlés en réalité. Impossible de le savoir à présent. La fille était peut-être de mèche. S'il avait vu l'homme soupçonné par Timour, il aurait pu tenter une corrélation hasardeuse entre leurs styles vestimentaires. Puis soudainement, Alexander tiqua. Si c'était bien sa fille la responsable, elle avait tout intérêt à faire venir les vigiles vers la régie pour les éloigner de la scène. L'homme serait donc innocent. Mais pas sa fille. Sans détour, Dreams demanda :

- " Votre fille aurait des raisons d'en vouloir aux mutants ou à Kavi ? "

Dans ce genre de scénario, Alex n'avait aucun mal à imaginer que la mère soit morte à cause d'un mutant et que la fille ne cherche à se venger, ou tout autre raison d'un scénario que Neith aurait confectionné. Mais il était difficile de tirer des plans sur la comète à ce stade. Dans l'immédiat, il y avait peut-être quelques informations à tirer du régisseur avant de s'enfuir.

Timour baissa les yeux sur son portable, transmettant un nouveau texto à ses camarades. Pendant ce temps, la petite vieille continuait son avancée et il pu distinctement entendre le souffle rauque et agité de la dame. La colère semblait bien présente, n'arrangeant rien à l'état déjà bien remonté de la femme qui, arrivant à la hauteur d'un spectateur debout, poussa un grognement grossier en le contournant. Son regard se portait majoritairement sur la foule où elle semblait chercher quelque chose, ou quelqu'un. Cependant, son regard revenait régulièrement au conférencier, aidant considérablement l'empathe à cibler les sentiments de la vieille dame à l'égard de Kavi. La colère et le reproche dominaient largement, suivis de près par une teinte de tristesse qui se faisait rapidement remplacer par de l'inquiétude quand le regard âgé fouillait les spectateurs. Elle poursuivit son avancée sur quelques mètres et grogna contre la personne suivante sur sa route à savoir... L'azéri en personne. Qui fut détourné un court instant de son observation par un homme de large stature en sueur et talkie à la ceinture, s'excusant en passant à côté de lui pour remonter l'allée dans la foule.




Dans les coulisses, Fred poursuivait sur son jeu d'acteur. Passer à l'arrière lui facilita grandement son observation. Les projeteur, visant l'avant de la scène, possédaient un angle nettement moins aveuglant depuis sa position. Alors qu'il levait les yeux une fois encore vers les hauteur, il n'eut plus le moindre doute. Il vit distinctement une ombre passer derrière l'un des spots, suivit d'une seconde silhouette, puis une troisième, avant qu'elles ne soient hors de sa vue.
Le vigile, lui, avait patienté, le temps que son "patient" du moment soit installé. Il ne sembla pas relevé l'exclamation du norvégien, visiblement concentré sur les crépitements de son oreillette. Mais il finit par se reporter sur lui, avec une expression sereine de ceux qui sont habitué à gérer les situations de crise.

"Oh non, gamin. Je ne te laisse pas tant que tu ne vas pas assez bien pour marcher jusqu'à la sortie."

Il se leva cependant et recula fit à peine quelques pas pour entrouvrir la porte et adresser quelques mots à son collègue de l'autre côté.




Dans la régie, la situation était tout autre. L'homme semblait plus intéressé par la gestuelle de Dreams que par son travail. Il sembla écouter avec intérêt les paroles de l'asiatique, mais afficha à leur suite une expression d'amusement ironique.

"Allons... Un honnête garçon aurait commencé par ne pas évoquer la défunte madame Bhattacharya. Mais cela me rassure, si c'est vous la menace, vous ne vous êtes visiblement pas assez informé sur votre cible pour réussir votre coup."

Il ne détacha pas un seul instant son regard scrutateur d'Alex, allant jusqu'à faire pivoter sa chaise pour mieux l'avoir en vue. Visiblement, il ne semblait pas vraiment prendre le x-man pour une menace sérieuse, mais cela ne l'empêcha pas de poursuivre pour autant.

"Je vous conseille vivement de cesser de baratiner et de revoir votre version des faits quand vous vous expliquerez avec les agents de sécurités. Ceux-là mêmes que ma fille est allée chercher. Et si vous êtes réellement innocent, j'ose espérer que vos histoires ne donneront pas des ouvertures à un quelconque fanatique. En attendant... Je vous déconseille vivement de quitter cette pièce. Et donnez-moi ce téléphone."

A son tour, l'homme se releva lentement, mais sans s'avancer pour autant. Il se contenta de tendre sa main, paume vers le haut, pour que Dreams y pose son téléphone. Cependant, rien n'arrêta le recul du jeune homme qui pu atteindre la porte sans encombre.



Sur scène, le conférencier poursuivait.

"J'en viens donc à me demander de quel droit avons-nous dû donner un nom à de simples êtres humains dotés de compétences hors normes comme s'ils étaient une espèce différente ou pire, une menace."

L'écran redevint blanc, n'affichant plus la moindre illustration pour l'instant.

"Nous l'avons vu à travers l'histoire, juger et cataloguer ce qui est différent de nos critères de normalité, et peu importe l'époque, n'a jamais apporté que destruction. Tout comme d'autres mots pourtant descriptifs se sont vus devenir obscènes quand la normalité, évoluant, a finit par les considérer comme racistes, le terme de "mutant" ne devrait-il pas dès maintenant être considéré comme inutile?"

Un léger brouhaha approbateur s'éleva dans la salle tandis que Kavi, soumis lui aussi aux températures, se passa un mouchoir sur le front avant de défaire les boutons des manches de sa chemise.

Spoiler:

Soupir d'exaspération dans cette chaleur de plus en plus étouffante. La vieille, au vu de ses sentiments et de son attitude, était clairement une amie voire parente du conférencier. Elle lui en voulait sans doute d'être venu, d'avoir tenu à faire se présentation malgré les menaces anonymes... Et elle avait peur pour lui. Encore chou blanc ! L'empathe commençait à se demander si le trouble-fête était venu ! L'ordre de mission ne précisait pas que c'était forcément le cas. Mais il fallait tenir sur la durée de la conférence.

Agacé par la chaleur, et tout en épiant l'avancée de la vieille, Cupidon se fit la réflexion que le danger venait peut-être de là : la température. Après tout, la lettre anonyme ne menaçait pas seulement Kavi Bhattacharya, mais aussi sa famille et ses adorateurs, donc tout le monde.

Mais il tritura son smartphone dans sa main moite sans oser écrire cette idée aux autres. Par contre il reçut un SMS de Dreams dont il prit rapidement connaissance. Son cœur fit un léger bond.

Justement, un type patibulaire armé d'un talkie venait dans sa direction. L'empathe devait faire quelque chose, pressentant que l'homme se dirigeait vers Dreams.

La vieille en fauteuil s’apprêtait à le percuter. Il lui décocha une flèche de totale confiance en lui, histoire qu'elle le remarque d'une part et qu'elle se confie à lui d'autre part. Il cibla aussi le mec bourru et lui imposa un fort sentiment de découragement. Aussi fort que possible. Il voulait que l'homme se sente accablé, déprimé, et renonce à sa mission, quelle qu'elle fut.

Fred n’avait pas rêvé, il y avait bien une non deux non trois ombres, menace était bien plus inquiétante que prévue….Comme il se l’était imaginé, il n’y avait pas qu’un homme isolé, mais plusieurs. Cependant son plus gros problème était paradoxalement quelqu’un qui était la pour prévenir ce genre de menace. Le norvégien avait espéré que le vigile le laisserait seul libre d’agir, cependant sa réponse était sans appel, il resterait avec lui tant qu’il ne serait pas remis.
Alors que le vigile se dirigea vers la porte Fred sentit son portable vibrer pour la seconde fois,  le cœur battant la chamade, car il se devait d’agir Fred regarda son portable, il lu message de Timour sans répondre, puis regarda celui d’Alex, ce dernier avait été repéré, était-ce le message que le vigile avait reçût...

Fred répondit alors à Timour et Alex.

SMS de Fred pour Timour et Alex a écrit:

Menace repérée, trois pers au nivo des projecteurs, vais surement avoir besoin de soutien….

Fred lança un regard en direction du Vigile, le blondinet était incertain, révéler sa vraie nature était prendre un risque que le Garde fasse le rapprochement avec Alex et le prenne pour l’un de ses complices….cependant a trois contre un Fred risquait de ne pas faire le poids… nan il devait tacher de convaincre le gardien, mais sans se révéler, a moins qu’il se soit déjà percé a jour, auquel cas il ne servait a rien de jouer la comédie…Fred décida de s’en tenir a son premier choix il serait alors temps d’aviser si les choses tournait mal.


Gardant son jeu d’acteur, Fred appela le gardien d’une voie timide:  

« Monsieur »

Puis captant l’attention de son interlocuteur il ajouta d’une voie Naïve :


« Monsieur, c’est normal que des gens soit au dessus de la scène ? »

Montrant visiblement l’endroit où il avait vu les silhouettes se déplacer et croisant les doigts pour que le vigile lui fasse confiance.

Alexander soupira. La situation n'allait pas du tout dans le bon sens. Neith devait se dire qu'elle lui donnait une bonne leçon si c'était elle la responsable. A moins que Danger ne fasse toute cette partie de la simulation seule ? Il n'en savait trop rien. Toujours était-il que dans l'immédiat, il était toujours considéré comme l'un des potentiels ennemis et le régisseur ne changerait pas d'avis. Peut-être fallait-il allait dans son sens pour que finalement, il l'écoute.

- " Je ne suis pas la menace. Mais comme vous l'avez dit, vous laissez le champs libre à ceux qui le sont en rameutant les vigiles ici. Je ne suis qu'un leurre. "

Attendre les gardes n'aurait servi à rien. Ils ne l'auraient pas davantage cru même en essayant de montrer pattes blanches. Et le temps qu'éventuellement ils comprennent, il serait trop tard. L'important était aussi de ne pas faire usage de son pouvoir pour garder un effet de surprise. Pourtant, se débarrasser de la contrariété que représentait l'homme le démangeait assez. Mais il faudrait bien qu'il prévienne les vigiles. Un nouveau message de Fred était arrivé. Dreams le parcourut avant de verrouiller son téléphone au cas où il serait pris.

- " Ils sont tous les trois en haut. Il est trop tard. Bonne soirée. " conclut Alex avec un sourire poli en décalage avec ce qu'il venait de dire.

Ce n'était qu'une simulation de toute façon. Si tout se terminait mal, il n'aurait pas réellement de soucis à long terme en se faisant passer pour un des terroristes. Calmement, Dreams ouvrit la porte pour ressortir de la régie et aller se mêler à la foule du balcon. Il imaginait sans peine que les vigiles soient déjà très proches, et repasser par le hall d'entrée paraissait risqué.

Alors que Timour interprétait les émotions de la vieille femme, il fut interrompu par un message sur son téléphone. La vieille baragouina quelque chose d'incompréhensible qui, étant donné son ton, pouvait aisément passer pour des paroles insultantes. Elle se figea pourtant au milieu de son monologue insaisissable, touchée de plein fouet par le pouvoir de Cupidon. Elle s'immobilisa totalement et fixa l'azéri d'un air hésitant, et surtout nettement moins agressif. Décontenancée par la confiance que le x-man vouait en lui-même, elle sembla se recroqueviller sur son fauteuil.
Diversifiant ses compétences du même coup, Timour envoya son pouvoir sur le mastodonte qui lui passa à côté pour filer au travers de la foule vers les épais rideaux délimitant le hall. Alors que le sentiment de découragement commençait à s'infiltrer, Cupidon eut subitement la sensation de se heurter de plein fouet à un mur. L'homme se figea brusquement, avant de se retourner, balayant la foule du regard. Il porta une main à sa ceinture, tripotant le talkie avant de parler. Ses propos totalement noyés par la conférence, son regard passa sur Timour et s'y arrêta de longues secondes. Seulement l'azéri fut détourné de la scène par la voix de la femme qui se décida à s'adresser à lui.

"Excusez-moi jeune homme, auriez-vous vu une petite métisse aux boucles blondes? Elle s'appelle Miracle, et zozote un peu. S'il vous plait, elle est tout ce qu'il me reste depuis la mort de ses parents."

Sans doute partie pour s'épancher dans la foulée, elle alla jusqu'à poser une main ridée sur l'avant-bras de l'azéri, l'obligeant presque à lui porter attention à elle et non à ce qui l'entourait.




Du côté de Fred, l'homme de la sécurité acheva d'échanger quelques mots avec son collègue avant de refermer la porte à l'appel du garçon. Il revint rapidement vers lui s'enquérir de son état. Le jeu d'acteur de Mindblast aidant, le bonhomme affichait une mine réellement inquiète, qui s'apaisa sensiblement quand Fred évoqua les hauteurs. L'homme posa un doigt sur ses lèvres pour intimer le silence au x-man. Il se redressa pour jeter un coup d'oeil à la scène, avant de lever les yeux. Son ton baissa pour devenir un murmure.

"Chut, c'est normal, oui. Le professeur n'est pas au courant, c'est une surprise."

Sur le ton de la confidence, il poursuivit.

"Ses élèves sont en train de préparer une chute de ballons et confettis, pour célébrer la vingtième conférence pacifiste du professeur."

Sautant du coq à l'âne, il demanda.

"Comment tu te sens? La chaleur est plus supportable ici, non?"




Face à Dreams, l'homme se redressa lentement, sans pour autant s'avancer. Il fronça les sourcils et parut serrer les dents face aux propos tenus par Alex. Il répondit sur un ton où flottait comme une menace.

"Alors vous avez commis une grosse erreur en venant jusqu'ici."

Il ne bougea cependant pas, et laissa au x-man tout le loisir de reculer jusqu'à la sortie. Il afficha néanmoins un air de parfaite incrédulité quand Alex prononça ses derniers mots avant de filer pour se mêler à la foule.
Le balcon était quant à lui noir de monde et Dreams eut bien de la peine à se frayer un chemin parmi les spectateurs qui agitaient prospectus et éventails en quête d'un peu d'air. Il se fit même copieusement râler dessus par un ado dont la vue sur la scène fut obstruée par son passage. En jetant un coup d'oeil derrière lui, le mutant constata que la porte de la régie était restée fermée et que l'homme ne semblait pas s'être lancé à sa poursuite, pour le moment...



Sur scène, le professeur recula de quelques pas vers son pupitre derrière lequel il se pencha pour farfouiller et sortir une bouteille d'eau.

"Veuillez m'excuser pour ce petit intermède. Sachez que je vous partage votre épreuve."

Il indiqua d'un geste de la main les projecteurs avant de prendre une grande gorgée d'eau, encouragé par quelques gloussements amusés dans la salle. Tout en refermant la bouteille, il poursuivit.

"Poursuivons. Partons à présent du principe que le vocabulaire ne différencie pas le mutant de l'humain. Cela n'enlèvera pas pour autant la notion de danger ressentie par le commun des mortels, nous sommes d'accord sur ce plan. Si ignorer un mot pouvait faire cesser la haine, ça se saurait."

Il repoussa un peu ses manches et se gratta distraitement l'avant-bras gauche tout en continuant sa conférence.

"Ne nions pas l'évidence. Certains pouvoirs sont dangereux. Mais plus encore, certaines personnes possédant ces pouvoirs sont dangereuses. Ces derniers mois l'ont déjà suffisamment prouvé rien que sur le territoire Américain."

Spoiler: