04.06/27.L. Réunion autour d'un thé

Mask sourit, soulagée et contente que le jeune Breton démontre un plus grand enthousiasme que ce qu'elle avait pu craindre. C'était même une très bonne nouvelle, et Jane aussi exprimait sa bonne volonté et son amabilité. La doyenne n'était plus préoccupée que par Blancpoil. Elle plongea son regard sur le parc, et notamment les arbres bien verts et majestueux, appel à la promenade.

Machinalement elle prit son téléphone et pianota un SMS à l'attention d'Aurock.

Mask à Aurock a écrit:

"Ok j'essaierai mais il faut qu'on se parle avant. Où es-tu ?"

Puis elle le rangea dans la poche de son tailleur.

Préoccupée, Lily-Rose s'absorba dans des pensées divergentes. Elle serra son poing droit dans sa main gauche et massa nerveusement. Des visages et des pensées s'entrechoquaient, voilant ses sens pendant quelques instants. Elle ne vit ni Jane partir, ni Malo s'attarder, ni Senna entrer. Malgré les coups à la porte, puis les petits bruits discrets de sa canne à chaque pas, elle ne l'entendit pas non plus.

Heureusement, Hermès eut la bonne inspiration de l'appeler par son nom. Elle se tourna comme un automate, avec un léger temps de retard, et se composa un sourire.

"Bonjour Hermès."

Dit-elle en le détaillant pour voir s'il avait changé. Son sourire se fit plus sincère à mesure que les souvenirs du mutant ailé ressurgissaient. L'homme semblait soucieux. Il ne vint pas s'asseoir pour le moment et baissa le ton, après un bref regard dans le fond de la salle. Lily-Rose ne suivit pas son regard mais en profita pour rassembler ses esprits. Elle se leva du canapé en écoutant ses paroles. Elle aussi alla directement dans le vif du sujet.

"Dans le Delaware ? Mais de qui parles-tu ?"

Elle se sentit honteuse de ne rien savoir sur les "confrontations" passées de Vadim et Lazare.

"Je ne sais rien de cette affaire. De quoi s'agit-il ?"

L'air innocent, Malo se dirigeait lentement, très lentement, vers la porte du petit salon, espérant ainsi glaner quelques informations sur les raisons de la venue de ce Hermès. Certes, il n'avait pas été invité à écouter la conversation à venir mais, personne ne l'ayant (encore ?) prié de quitter rapidement les lieux, il pouvait estimer légitimement avoir le droit de se trouver là. De plus, si l'homme ne faisait qu'une simple visite de courtoisie à Mamie, pourquoi se mettre à parler si bas, au risque d’attiser encore plus la curiosité du gamin.

C'est donc en toute légitimité, du moins à ses yeux, que ce dernier tendit l'oreille pour ne perdre aucun mot de l'échange verbal. Et, Bingo ! Voila que ça parlait de son pote russe, ainsi, accessoirement de Lazare. Qu'est-ce que Vadim pouvait donc avoir à faire avec Hermès ? Et quel était le rapport avec Boris ? Il n'était pas retourné en Russie, celui-là, après s'être cassé les dents sur les portes fermées de Graymalkin Industries ? C'était du moins ce que ZeroG lui avait toujours affirmé et Malo n'avait aucune raison de mettre en doute la parole de son ami.

En tout cas, même aussi incomplète que ça, l'information valait le coup et il fallait rapidement en faire bénéficier une des personnes intéressées. Où donc pouvait traîner Vadim à cette heure ? Après le report de la virée prévue en ville pour cause de réunion inintéressante, comment le jeune Slave avait-il choisi de passer le temps en attendant le retour de son complice ?

Fronçant les sourcils en essayant de dissimuler l’excitation qui montait en lui, le Breton s'efforçait d'afficher toujours un air détaché, espérant masquer le fait qu'il avait intercepté une partie d'une conversation qui ne lui était pas destinée. Il accéléra un peu le pas pour sortir du salon, jugeant qu'une téléportation directe n'était peut-être pas opportune devant témoins.

Par contre, sitôt passé la porte, Breizh disparut pour se rematérialiser dans sa chambre. Déçu de la trouver déserte, il envoya aussitôt un bref SMS à Vadim pour le mettre au courant et le localiser afin de pouvoir le rejoindre éventuellement.

Chambre (non jouée) puis ?

En observant la réaction de Lily Rose, Senna eut un petit doute. Elle avait ce regard un peu perdu des personnes qui sortent de l’hôpital après un long séjour. Le regard fixe et légèrement déconnecté ell lui répondit par des questions. Senna fronça les sourcils et eut un petit doute sur le fait de s'adresser à la bonne personne. Où était passer la vraie Lily rose qui était a la tête des X-men et qui les avait rassemblé.

Il finit par s'assoir en face d'elle en couchant sa canne sur le cotés du fauteuil, à porter de main et dis.

" Lazare et Vadim ont tout les deux eu affaire à Arcade avant de v'nir ici. C't un groupe d'humain qui traque les mutants et les tuent. Et peu de leur proies s'en sortent. Y sont organisé et y z'ont pas mal de thunes. Je n'ai pas l'intention de mettre vos élèves en danger. Je veux juste les voir pour leur poser des questions et savoir ce qu'y savent sur ses types."

La main droite de l'homme serra nerveusement l'accoudoir du canapé tandis qu'il disait comme pour se justifier.

" C't une affaire personnelle. J'ai promis d' m'en charger."

Étant dos à Malo, et peu désireuse de disperser son attention, Mask ne remarqua aucunement l'écoute indiscrète du garnement.

Alors que son smartphone vibrait dans sa poche, annonçant l'arrivée d'un message, elle resta concentrée sur son interlocuteur.

"Tu veux dire... qu'une de tes connaissances a été victime de ce groupe ?"

Demanda-t-elle sans détour, en s'asseyant à nouveau mais cette fois dans le fauteuil en face d'Hermès.

Elle fronça les sourcils, très désagréablement surprise de cette macabre nouvelle. Si des humains traquaient les mutants dans le Delaware, il fallait sans aucun doute agir.

"Seulement dans le Delaware ? Cet État faisait partie des États Mutants Unis. Pendant peu de temps, mais cela a peut-être suffi pour que les mutants abusent de leur pouvoir et s'attirent la vengeance de ce groupe ?"

Mais cette hypothèse était valable uniquement si seul le Delaware, et pas d'autres anciens UMS, était concerné. Or les propos d'Hermès n'étaient pas clairs là-dessus. Lily-Rose replongeait dans son passé de Mère Fondatrice (ou plutôt, Fille Fondatrice, vu la piètre position qu'elle occupait dans la hiérarchie du groupe terroriste ...) éphémère et cela lui donna quelques fourmis dans les doigts ... Son corps évolua vers celui d'une jeune fille au visage porcin, très sombre, coiffée de longs cheveux blonds ondulés. Elle portait un pull à grosses mailles bleu marine, un pantalon de sport et des rangers.


Très à l'aise dans ce nouveau corps juvénile, elle s'enfonça dans le fauteuil, croisa une jambe (musclée) sur l'autre et joignit ses deux grosses mains grises aux ongles épais sur sa cuisse. Sa voix fut plus rauque. Elle plissa ses yeux bleus clairs.

"Qui est ce Boris ? Une de leurs recrues ?" Demanda-t-elle rudement, avant de se souvenir de la question d'Hermès.

"Ok bien sûr que tu peux leur parler. Attends je te donne leur numéro..."

Elle se tordit pour sortir son smartphone de sa désormais poche de pantalon, et remarqua la réponse d'Aurock. Avant de la lire elle alla dans le répertoire pour dicter à Hermès les numéros de Malo et Vadim. Elle n'avait pas celui de Lazare. Elle se souvint qu'elle ne le voyait pas souvent, celui-là. Il avait brillé par son absence à la réunion du matin.

"Tu peux essayer avec ZéroG et Breizh déjà. Féral j'ai des doutes. Il a pas l'air très impliqué. D'où tu connais tout ça sur eux ?"

Elle respirait mieux, dans ce corps. Cette sensation de plénitude lui confirmait que Neith avait sans doute tort d'insister pour qu'elle reste le plus souvent en Lily-Rose Donowho. Mais la télépathe avait fait tellement d'efforts pour reconstituer le mental de la doyenne, qu'elle n'osait pas la contrarier sur ce sujet.

Senna hésita avant de répondre à la première question de Lily Rose. Puis il se dit qu'il devait se montrer honnéte si il voulait vraiment voir les deux X-men. D'une voix sourde, il finit par dire.

" Ma soeur... On a pas eut de nouvelle pendant un moment. C'était pour elle que je m'étais rendu a Chicago la premiére fois. Je pensais que les Pére fondateurs étaient mêles à sa disparition? Mais je faisais fausse route. On l'a retrouver morte dans une ruelle."

Elle finit par lui demander si ça ne se passait que dans le Delaware. L'homme secoua la tête et fut surpris de voir la vieille dame changer d'apparence. pourtant il répondit sans se démonter

" Angleterre, Russie, France, Chine, Inde. Ils sont partout ces salops."

La dernière phrase fut dite avec un certains dégout, Tandis que la nouvelle Lily rose continuer de lui poser des questions et notamment sur Boris. Senna parut un peu surpris qu'elle ne sache pas de qui il s’agissait. Il récupéra les numéro de téléphone en expliquant

" Voyons vous devez surement le savoir, c'est un ami de Vadim. Ils se sont rencontré en Russie dans une fausse école pour Mutants et ils sont tout les deux arrivés a Graymalkin en même temps. Boris est un mutant capable de repérer le géne X. C'est un petit chauve avec une peau grisâtre toute fripée."

Il se tut pour observer sa réaction et voir si ça lui disait quelque chose.

" Il devait retourné en Russie pour une raison inconnue. Mais vous avez surement du le croisez quand les deux gosses sont arrivés ici. L'ennui c'est que Boris n'est jamais rentrer chez lui. Je voulais savoir si Vadim savait quelque chose."

Le fait de ne pas avoir ce lui de Lazare le préoccupa un peu plus. Le gars avait survécu à une attaque direct des chasseurs d'arcade. Il aurait pu le renseigner sur leur matos. Lily-Rose lui demanda comment il en savait autant. Senna haussa les épaules

" Ca fait des plombes que j'suis dans c'tte merde et j'ai pu piquer un ordi portable à un de ses types à New York. J'ai faillis y passer." Il reprit son souflle avant de reprendre son explication"

"J'ai eu un coups d'main. Une mutante, qui se la pète à tout connaitre sur tout et qui peut rien dire. Elle m'a contacté à l'hosto pour causer de ma frangine et m'guider dans mes recherches. C'qu'j' sais c'est qu'Arcade est un club de chasseur privé et vraiment fermés. .  Un truc façon club de chasse pour fils de riche à l'anglaise et y ont de gros moyens, Pour eux, les mutants sont de grand prédateur et ils ont juste décidé de se mesurer à eux. Aucuns noms n'apparait à part celui d'Arcade, sinon ils se donnent des noms de code avec des chiffres. Je me dis que si y se sont pas encore attaqué a vous c'est que les X-men leur font peur."

Senna regarda sa montre et finit par se lever tandis qu'une petite paire d'aile poussait sur la canne qu'il venait de frôler du doigt. Le bâton se releva et alla se coller dans sa main avant que les deux ailes ne disparaissent.

"Écoutez, Vos marmots seront en sécurité, j'irais pas risquer leur vie. Mais je dois trouver Lazare! C't'un types avec des yeux jaunes? Je le trouverais peut être dans sa chambre. Vous pouvez surement me dire où elle est? Oh et Je vous tiens au jus. Promis!"

Senna boita vers une des fenêtres qu'il ouvrit tandis que deux paires d'ailes noires poussaient dans son dos. Il attendit la réponse de la phacochère avant de s'envoler.

Steal se sentit attristée par la confession de Senna sur la mort de sa sœur. Une mort brutale, insupportable. Elle comprenait qu'il veuille tout mettre en œuvre pour la venger. Ou du moins, l'expliquer.

Un peu plus mécontente intérieurement, elle soupira par le groin. Elle ignorait tout des circonstances exactes de l'arrivée de Vadim. Mais à qui en vouloir ? Si ce n'est à elle-même, de ne pas s'être assez renseignée. Et ne pas s'être laissée avoir par Mystique aussi.

Et voilà que ce Boris avait disparu. Senna soupçonnait ce groupe, Arcade, dont les activités révoltaient la doyenne dans sa chair même.

Elle croisa les bras sur sa poitrine, assez peu formée. Ces "chasseurs" de mutants auraient peur des X-Men ? Probable. Mais il fallait les arrêter et elle ne pouvait qu'approuver la démarche du mutant ailé.

"Tu sais que tu peux compter sur notre aide et j'ai confiance en toi. Nos ennemis ne manquent pas mais hésite pas si tu as besoin de plus que de simples renseignements."

Gronda-t-elle, d'une voix ronflante où perçait néanmoins des accents de jeune fille. Mais Senna était pressé d'aller aux infos, c'était compréhensible.  

"Attends une seconde."

Dit-elle d'un air bourru. Elle utilisa son pouvoir et détecte facilement la localisation approximative du mutant sauvage.

"Son pouvoir est dans le parc, dans les environs du mémorial ... Fais gaffe hein... il est aussi impulsif dans l'genre."

Il savait à qui elle pouvait faire allusion. Et Mask n'avait aucune envie que l'histoire se répète, même si elle faisait confiance à Hermès.

Une fois l'homme envolé, elle se rappela du SMS d'Aurock et en prit connaissance. Elle répondit de ses doigts épais, trébuchant un peu sur les touches trop petites.

Mask en réponse à la réponse d'Aurock a écrit:

Prafait j"aaarrive

Et sur ce elle se mit promptement sur ses deux rangers et se dirigea d'une démarche chaloupée jusqu'au sous-sol.

salle des dangers

Senna écouta ce que lily rose avait a lui dire. Il pourrait compter sur eux en cas de probléme. Senna se contenta de hocher la tête d'un aire entendu en disant.

" J'y penserais"

Elle lui précisa aussi où était Lazare. elle le mit en garde sur le caractère de Lazare. Oui il n'avait pas trop de mal à s'imaginer à qui elle faisait référence, il en avait encore quelques profonds souvenirs. Il ne répondit pas et s'envola tandis que deux aile poussaient sur les poignées de la fenêtre et s'agitérent pour la refermer dans un claquement avant de disparaitre.

Mémorial

 piscine (  chambre non joué)

Elle était montée tranquillement dans sa chambre, au moins histoire de se doucher et de se changer. Elle s'était surtout contenté de se rhabiller en blanc, et d'hésiter sur ce qu'elle pouvait faire ensuite. C'est ainsi que, vaguement vautrée sur son lit, elle réfléchissait et établissait une liste des endroits potentiellement occupés. Le salon par exemple, était pris aux dernières nouvelles par un japonais affamé. Elle ne savait pas trop s'il y était resté ou non, mais il était facile de supposer qu'à cette heure-ci, d'autres élèves pourraient y venir. Et elle aurait un petit l'air bête si le revenait, vu qu'elle en était partie. Il penserait vraiment qu'elle était partie à cause de lui. C'était plutôt vrai, mais ce serait dommage que quelque chose puisse confirmer ça.

Il y avait aussi la piscine. Elle ne détestait pas ça, elle n'avait juste aucune envie de rester en compagnie du couple fourmilier et succube, ou même avec cette nouvelle venue. Quelqu'un qui rejetait plus ou moins un autre mutant uniquement à cause de l'aspect de celui-ci ne lui semblait vraiment pas être quelqu'un de très fréquentable. Il y avait aussi la cuisine, mais elle n'avait plus rien à y faire. Et surtout, elle hésitait sur ce qu'elle pouvait faire. Elle pouvait reprendre son entrainement personnel avec les balles de jonglage, ou même essayer de lire ce bouquin pour l'école. Elle détestait plutôt la lecture, donc elle avait déjà assez bien repoussée de quelques jours cette tache particulièrement pénible, et elle pouvait encore la retarder.

Elle se décida finalement, attrapant son petit sac blanc qui contenait notamment ses balles et y fourra en plus, sa liseuse et sa tablette, avant de descendre au petit salon. A son grand soulagement, personne n'y était excepté la douceur et la chaleur du soleil. L'endroit était vide, parfaitement désert, et elle devrait pouvoir y être tranquille un moment. Avec un peu de chance, les autres préféreront profiter du bon temps à l'extérieur ou au pire, préférer le salon et la T.V. Dans tout les cas, elle en profita pour prendre quelque peu ses aises, et se vautra plus qu'elle ne s'assit sur un des espèces de canapé.

Puis, elle tira sa tablette de son sac. Elle avait bien envie de profiter du calme de l'endroit pour regarder tranquillement un film. Une de ses cousines éloignées s'était mise à regarder des films étrangers et lui en avait conseillé quelques uns. Elle n'avait pas encore vraiment eu l'occasion de visionner tout ça, et le moment semblait parfait. Elle se contenta néanmoins de glisser le son au minimum, pour faire travailler un minimum ses oreilles, et ne prêta aucune attention au reste.

cuisine et couloirs

Timour en se promenant avait repéré une grappe d'esprits près de la piscine. Cela augmentait ses chances d'y trouver enfin Barbie. Il avait scruté et re-scruté le SMS d'Eden. Pourquoi avait-elle écrit que la mutante d'Amérique du Sud était son "alter-ego" ? C'était assez intriguant. L'empathe n'avait rien répondu encore à la blonde irritable. Il savait qu'il pouvait feindre n'avoir pas encore lu son message, s'il la croisait.

Du coup il avait flâné un peu dans les couloirs, cherchant un peu au hasard sur les moteurs de recherche des éléments sur l'AEE, et ne trouvant que des banalités.

C'est le nez dans son portable qu'il se dirigea vers la piscine mais tout en restant dans le bâtiment. Il voulait d'abord épier à une fenêtre. Il approcha alors du petit salon. Une faible petite musique retint son attention et il vit une silhouette installée confortablement sur le canapé en gros cuir marron.

Il haussa les épaules, mit les poings dans ses poches de jean et traversa l'espace pour aller observer à la vitre de la véranda qui permettait de voir les alentours de la piscine.

Un regard en biais lui fit reconnaître Chih-Nii, la fille à la valise, toujours de mauvais poil à son égard, absorbée dans la contemplation de sa tablette.

"YES Barbie !!" S'écria-t-il victorieusement en reconnaissant la silhouette pulpeuse de l'Argentinoise dehors près de la piscine. Il frappa dans son poing de satisfaction.

Et il en profita pour sonder ce que le nom de Barbie inspirait au cœur froid de la grogneuse. Autant se renseigner.

Le film était sympa. Elle était obligée de se concentrer sur les sous-titres parce qu'elle ne parlait malheureusement pas la langue, mais ça restait correct. Si concentrée, qu'elle ne se rendit compte de la présence de l'alien que lorsqu'il se fut planté devant la vitre de la véranda. Il n'avait rien dit, et elle ne dit rien non plus. Elle préférait encore qu'ils s'ignorent, tant ce dernier lui semblait beaucoup trop étrange à son goût, et ne le regarda pas non plus d'avantage même si elle ressentait à nouveau cette répulsion envers lui.

Lorsqu'il dit, enthousiasme, le nom de Barbie, ses yeux se lèverent vers lui en réflétant une certaine surprise. Lui-même pouvait d'ailleurs sentir que la répulsion habituelle avait laissé place à l'incompréhension la plus totale, qui se mélangea ensuite peu à peu à une pointe de dégoût et d'irritation, revint vers la plus totale incompréhension, avant de revenir à son aversion première envers l'alien. Elle avait bien du mal à comprendre pourquoi il pouvait être content de voir cette fille-là. Elle ne savait même pas s'il était au courant des discriminations de cette dernière envers d'autres mutants ou non. Néanmoins, le fait était que Barbie faisait bien ça, et que la chinoise ne cautionnait définitivement pas ce genre de choses. A en juger par la voix de l'alien, ils semblaient être ami, mais Barbie semblait si superficielle qu'à nouveau, elle n'y comprenait rien. Mais dans le fond, ce n'était pas ses affaires.

Elle ne devrait sans doute pas s'interroger autant juste pour deux personnes qu'elle évitait déjà dans tout les cas, et se demanda alors si l'alien partirait bientôt rejoindre Barbie pour lui laisser un peu d'espace dans le petit salon. Elle faisait mine de se concentrer sur son film, mais elle se concentrait surtout sur les bruits que faisait Timour, afin d'être sure de savoir quand il partirait.

Timour s'amusa intérieurement de l'envahissement que sa simple présence provoqua dans l'esprit de la Chinoise. Il était évident qu'il gâchait son visionnage de film, la mutante n'étant plus capable d'ignorer son camarade. Enfin, elle tentait bien de le faire physiquement, mais lui voyait clair dans son intimité mentale.

L'empathe apprit en outre qu'un même fil de mépris liait ensemble Barbie et lui dans le cœur froid de cette damoiselle. Qu'avait pu faire la belle Argentine en si peu de temps pour élever sa réputation presque au niveau exécrable de la sienne ?

Cela excitait bien sûr sa curiosité et sa malice.

Ayant ciblé les personnes autour de la piscine, l'empathe décida de ne pas se précipiter dans les retrouvailles avec sa cyber-amie. Au contraire, il s'assit dans le fauteuil perpendiculaire au canapé de Chih-Nii et croisa une jambe sur l'autre. Puis il resta immobile comme un moustique au bord du lit de sa proie.

Sauf que son regard opaque ne désignait rien d'autre que la baie vitrée et ses pouces tournaient l'un dans l'autre, tandis que son pied gigotait.

Utilisant son pouvoir étendu de lecture émotionnelle, Cupidon sonda à distance le cœur d'Aaron, afin de savoir comment il se sentait. Ensuite il ferait comme pour Chih-Nii et chercherait à savoir ce que Poïesis ressentait à l'égard de Barbie. Inutile de tester l'expérience sur Damian qui se dérobait toujours aux investigations "comme par hasard".

Dans le petit salon le calme régnait donc en maître, ponctué par le chant discret de la tablette de la Chinoise et les froissements du jean de l'Azéri.

Non seulement il ne partait pas retrouver cette nouvelle qu'il semblait pourtant connaitre, mais en plus, il osa s'installer ici. Et c'est ici qu'elle réalisa pourtant qu'il était bien silencieux. Il n'avait pas encore dit une seule chose bizarre, ou un mot autre que "Barbie". Sa répulsion laissa place à la méfiance et l'interrogation: il était peut-être en train de préparer un drôle de truc. C'était peut-être même quelque chose en rapport avec Barbie. En tout cas, il y avait tout de même une certitude dans tout ça. Il la connaissait déjà, et peut-être même avant qu'elle n'arrive ici. Et c'était bien ça qui la rendait perplexe. Elle ne comprenait pas pourquoi il s'obstinait à rester ici alors qu'il était heureux de la présence de son amie. A moins que ce ne soit parce que Damian et Aaron étaient dans les parages. Peut-être même qu'il était plutôt intéressé par elle. Une hypothèse comme une autre, mais qui l'amusait beaucoup. Elle avait aussi conscience qu'elle se réjouissait certainement du malheur d'autrui, mais elle imaginait plutôt mal quelqu'un d'aussi superficiel que Barbie s'intéresser à quelqu'un comme lui.


Un peu plus détendue, elle se cala d'avantage dans son canapé pour être plus confortablement installée, et son attention revint entièrement à son film. Elle était déjà partie de deux endroits à cause de certaines personnes, elle n'avait pas envie de repartir encore. De toute manière, il semblerait qu'elle n'aurait la paix nul part donc elle pouvait aussi bien se faire une raison. Et c'était même un entrainement absolument parfait : se concentrer sur son film et le faible son tout en sachant qu'à côté d'elle se trouvait quelqu'un qu'elle n'avait pas envie de fréquenter. Le film que sa cousine lui avait conseillé n'était pas tellement le genre qu'elle adorait. C'était trop romantico-niais pour elle, mais ça restait toujours mieux que de lire son bouquin pour l'école ou pire : essayer de faire la conversation avec quelqu'un.

Timour resta de marbre, et s'occupa simplement à remonter ses chaussettes l'une après l'autre, avec lenteur. Comme sa voisine se tenait bien calme elle aussi, il put prendre toute la concentration nécessaire pour son espionnage émotionnel.

L'humeur d'Aaron et ses sentiments envers Barbie étaient simples et clairs. Un type nature, franc et cordial. Le genre d'allié qui va bien dans une équipe car pas contrariant.

Le sondage était positif, satisfaisant même. Cupidon en était à se demander s'il sonderait l'Argentine, quand il perçut les changements d'émotions chez sa discrète voisine. En tout cas elle eut une pointe de joie, qui se confirma par sa position plus détendue.

Cupidon n'aimait pas l'idée qu'on puisse se sentir bien en présence d'un empathe. En sa présence. Surtout elle. Certes il y avait l'interdit posé par Neith Harlow sa référente mais...

Mais, il y avait l'interdit posé par Neith Harlow sa référente, et télépathe. Maudite fut-elle !

Il respira calmement, se gratta nonchalamment le mollet de la jambe repliée par dessus l'autre, et décocha à Chih-Nii une flèche de dégoût pour le film qu'elle regardait.

Puis il brisa le relatif silence d'une voix chantante qu'il essayait de rendre un peu rauque sur la fin des phrases pour accélérer la mue masculine.

"T'as vu ma pote Barbie ? Sympa hein la meuf ! J'la connais. C'est moi qui l'ai amenée ici."

Et il fit mine d'observer la piscine par la baie vitrée, comme si la dénommée Barbie pouvait l'apercevoir d'un moment à l'autre. Il concentra très vite ses pensées là-dessus, dans l'idée d'imprimer le minimum de souvenirs de son forfait innocent. La fourbe télépathe n'aurait pas l'idée de farfouiller des trucs aussi insignifiants qu'une banale conversation avec une Chinoise de mauvais poil.

Elle était bien ici. Même s'il y avait l'alien, la simple pensée qu'il pouvait s'intéresser à Barbie et qu'il y avait de grandes chances qu'il se prenne alors un rateau suffisait à la rendre plus détendue vis-à-vis de lui. En plus, il l'ignorait ce qui l'aidait beaucoup. Mais le hic provint surtout de son film. Autant de sentiments amoureux, de décisions aussi illogiques, et d'autres, commencèrent à la dégouter. Il faudrait vraiment qu'elle dise à sa cousine que ce genre de films n'étaient pas vraiment son genre. Enfin.... Si elle trouvait une manière polie et assez discrête pour lui faire comprendre. Comme si elle n'épprouvait pas suffisamment de dégoût sur le moment, l'alien décida de lui parler et ce sentiment enfla en elle.

Mais en comprenant qu'il avait vraiment l'air de beaucoup s'intéresser à cette fille, le dégoût fit de nouveau place à un vague amusement. Elle laissa de maigres secondes s'écouler avant de daigner lever les yeux de sa tablette : dans le fond, elle n'avait pas plus envie que ça non plus de lui parler, donnant lieu à des sentiments assez contradictoires chez elle.

"Je l'ai vu", répondit-elle à contre-coeur sans rien en montrer. "Elle connais aussi Damian, il est en train de lui faire une visite guidée"

Et ça l'amusait. Elle était amusée parce qu'elle voyait beaucoup plus une fille comme Barbie s'intéresser à quelqu'un comme Damian que comme Timour. Puis, elle haussa les épaules.

"Tu peux aller lui dire bonjour, tu ne seras pas mouillé", précisa-t-elle, puisqu'il avait dû voir Barbie vers la piscine. "Elle ne fait que bronzette, je crois qu'elle ne se baignera pas."

Le ton de sa voix restait parfaitement neutre, mais son mépris lui, était grimpé en flêche dès la dernière phrase. A ses yeux, il n'y avait absolument rien de pire que ce genre de comportement. Les gens comme Barbie existaient, elle le savait. Barbie n'était pas du tout la seule mutante à faire de la discrimination envers les autres mutants, et c'était aussi à cause de ça que des trafics de mutants existaient. Mépris, colère, tristesse, c'était tout ce que ça pouvait lui évoquer, et elle préfèra retourner sur son film. Timour pouvait bien continuer de parler, elle entendrait de toute manière.

Étrange, cet amusement qui remplaçait le dégoût alors que la conversation s'engageait sur le sujet de Barbie. L'empathe sentait pourtant très bien que le mépris de la Chinoise à son propre endroit ne diminuait pas.

Mépris plus amusement ça pouvait donner du sarcasme, selon une équation bien connue de l'ex fan de Walentyn. Il adressa à Chih-Nii un regard coulant, avant de pousser mentalement un soupire d'exaspération.

Damian ! Ce maudit dragueur de bombasses se mettait sur son chemin ! Pire, il prenait sa place en faisant la visite guidée. Timour enragea d'autant plus qu'il était seul responsable, à force de faire poiroter la belle Argentine... ou bien c'était la chance de Damian qui l'avait tenu à l'écart... Tout se tenait : Barbie avait parlé à Damian de son impatience à voir Cupidon, et l'Américain avait activé son pouvoir pour ne pas croiser son chemin.

Ses doigts marquèrent une crispation infime en crissant sur les accoudoirs du fauteuil puis il répondit d'un ton léger.

"Ok c'est cool ! Avec lui elle risque pas de recevoir un pot de fleur sur la tronche, de marcher sur une peau de banane ou sur le panard de Danger ou de voir la bouche de Tonga."

L'empathe se concentra à nouveau, visant cette fois sa copine de blog qui faisait bronzette. Il sonda son cœur pour prélever directement l'info qui devait être à portée d'antennes : ses sentiments sur Hawkeye.

Si elle avait le béguin... malheur à elle !

Concentré sur son enquête, Timour répondit distraitement à Chih-Nii.

"Et toi, tu viens pas ?"

- On dirait pas. Elle est plus intéressée par son film que par ta belle personne, Tim. Va comprendre pourquoi !

Sean était apparu dans la pièce. Il n'aurait dû être que de passage mais en remarquant Timour, il avait décrété qu'il avait besoin de chambrer quelqu'un. Et forcément, l'occasion était trop bonne d'enquiquiner l'adolescent. Ou... ou était-ce un réflexe protecteur ? Il savait que Cupidon était dangereux. Il l'avait prouvé avec Vesna et Eden.

Il était enfin sorti de sa chambre dans laquelle la déprime l'avait saisi. Il vivait très très mal ce qu'il avait surpris dans la chambre de Ryo. Et encore était-ce un euphémisme : il s'était tout bonnement senti trahi. Oui, c'était stupide. Eden ignorait ses sentiments et Ryo... Et bien Ryo l'ignorait complètement. Encore heureux que le japonais se souvienne encore de son prénom. De plus, on ne peut pas dire que Sean avait été démonstratif auprès de la belle blonde. Le genre de compétition qu'il perdait un peu trop facilement. Il n'était pas bon à ça, c'était tout.

Donc après avoir, de rage, dévasté sa chambre puis l'avoir consciencieusement rangée (il ne faut pas pousser, non plus), il était descendu pour trouver... pour trouver quoi, en fait ? A manger ? De l'espace ? Un bon film ?... De la compagnie ?

Il s'avança dans le petit salon dans lequel Chih-Nii et Timour discutaient le bout de gras. Ce mélange était bizarre. Voir le petit gris avec la belle asiatique était antinomique. Presque contre nature. N'y avait-il pas plus différent l'un de l'autre ? Et surtout, connaissant les capacités du mutant et sa propension à utiliser son pouvoir à tort et à travers, il craignait que la jeune fille ne soit une nouvelle cible pour lui.

- Je vous dérange pas j'espère ? dit-il arborant un léger sourire forcé.

Il n'avait pas l'air particulièrement réjoui et elle entendis de léger crissements. Manifestement, elle avait peut-être bien vu juste : il ne semblait pas très ravi de comprendre que Barbie pourrait être intéressée par un autre que lui. Intérieurement, son amusement grandissait d'avantage. Elle savait très bien que ce n'était peut-être pas très gentil, mais tant pis. Pour une fois, ce n'était pas lui qui l'embêterait. Mais ensuite, il énumèra la liste de ce qui ne devrait pas arriver à Barbie, et elle fronça les sourcils quelques courtes secondes en levant rapidement les yeux vers lui. Elle ne voyait pas particulièrement pourquoi il avait parlé de la bouche de Tonga. Peut-être que Timour savait déjà en réalité ce que sa belle amie pensait déjà des mutants comme Tonga.

"Elle a déjà vu Tonga", dit-elle, en se retenant de justesse de cacher son mépris et dédain. "Elle l'a vu à la piscine, quand il en est sorti."

Et qu'elle a très mystérieusement décidé de ne pas se baigner....

Et ça, c'était quelque chose qui ne l'amusait déjà plus beaucoup. Les autres pouvaient ne rien dire et continuer d'apprécier une telle personne, mais en ce qui la concernait, elle ne risquait guère de changer d'avis. Pour elle, Barbie était déjà la personne la moins fréquentable de l'endroit, et peut-être parmis toute personne vivante sur terre. Mais c'était sans doute parce que dans son cas, cette attitude n'était pas sans lui rappeler un drame qu'elle avait vu.

Timour osa d'ailleurs lui demandait si elle ne venait pas, et Sean arriva dans un timing absolument parfait pour lui répondre. C'était vrai, sauf qu'elle n'aurait jamais parlé de "belle personne" pour désigner l'alien. Il était bien trop bizarre à ses yeux pour ça. Mais elle restait assez contente de voir qu'en plus, c'était un membre de sa nouvelle équipe qui venait plus ou moins à sa rescousse.

"Je reviens de la piscine. Tu ne déranges pas".

La première phrase était une réponse plus précise à l'adresse de Timour, et elle se réjouissait de pouvoir le dire. La dernière chose dont elle avait envie, c'était de se retrouver à la piscine avec Barbie et l'alien, et encore plus si ça devait se jouer à "qui draguera le mieux Barbie en premier". La deuxième phrase était d'avantage pour le nouveau arrivant, et dans le même temps, elle se redressa un peu pour faire un peu de place sur son canapé, au cas où Sean voudrait s'asseoir. Elle ne le connaissait que peu, mais il était toujours plus bienvenu que l'alien.

Timour recevait les précieuses informations en gardant une immobilité de faucon en marbre, quand la voix de Sean fit brièvement vaciller sa concentration. Il ne prêtait pas trop attention aux évolutions rapides du mépris et de l'amusement de Chih-Nii, bien que cela lui semblât étrange.

"Hé man !"

Il dut s'efforcer de regarder et entendre le voisin de chambre, tandis que son esprit continuait à exfiltrer les renseignements du coeur chaud de l'Argentine.

Il sourit et se cala dans le fauteuil avec confiance. Il balaya l'air d'un geste négligent de la main.

"Nan elle aime pas son film. T'oublie qu'en plus d'être beau je suis empathe, je sens tout ce que vous pensez avant même que votre cerveau le sache, les mecs."

Il rigola et coula son regard sombre sur la jeune femme. Il reprit sur le sujet de Barbie.

"Si elle a vu sortir Tonga de la piscine j'comprends tout de suite grave mieux pourquoi elle veut plus s'baigner!"

Avec ce qu'il avait lu dans les coeurs d'Aaron, Chih-Nii et Barbie, il commençait à entrevoir ce qui avait pu se passer. Une embrouille à base de fourmilier plein de poils et de puces. Ce fut à son tour d'éprouver à la fois amusement et mépris.

Quelque chose le fit naturellement tiquer chez Sparrow et comme d'habitude, ses sens empathiques furent plus rapides que lui. Il eut cependant la pudeur (mais en était-ce ?) de prendre son smartphone et tapota un message...

Spoiler:

Dans l'éventualité où Sean aurait son smartphone sur lui, il y aura sans doute une sonnerie ou un vrombissement dans la poche concernée.

Sean s'installa sur le bout de canapé que Chih-Nii venait de libérer pour lui tout en répondant à Cupidon :

- Si y'a un truc que j'oublie pas, Tim, c'est que t'es empathe.

Et un doué a priori. Il n'était certes pas très au courant de ce que pouvait faire un empathe moyen. Mais vu la démonstration qu'il avait fait de ces capacités lors de leur dernière mission, Sean estimait que dans son petit monde, oui, Timour était pas trop mauvais.

Pendant ce temps, Chih-Nii et Timour discutait de quelqu’un. Cette personne devait être une nouvelle qu'il avait aperçu en matant à droite et à gauche avant de se décider pour le petit salon. Il avait un peu entendu la conversation des deux avant de leur signaler sa présence. Une fille, la piscine et Damian. Sacré lui. Déjà à se consoler de la disparition de son ex. Il avait donc cru comprendre en tout cas que le petit gris connaissait la nouvelle arrivante. En pensant à toutes ces histoires de cœur, ses pensées revinrent à la scène qu'il avait surpris tantôt.

Son téléphone sonna. Un message. Qui ? Il l'extirpa du jean qu'il avait passé la-haut avant de descendre. Timour ?...

Après avoir pris connaissance du message, il pianota :

Spoiler:

Il termina son message, l'envoya et reprit la parole :

- Tim, viens pas trop fureté dans mon cerveau. J'aime pas ça, tu le sais. Je diffuse peut-être, mais je te prierais de faire comme si tu sentais rien. C'est plus urbain...

Et puis de toutes les manières, à un moment donné vous saurez tous pour le nouveau couple de Graymalkin. Il sentit une onde de colère fuser de nouveau.

Il soupira. Ne pas y penser, ne pas y penser. Il reprit d'un ton badin :

- On est pas bien là, tranquilles, détendus, sur la canapé, à profiter d'une bonne compagnie, loin de toutes ces histoires d'amour d'ado attardés ? Tiens, il parait qu'ya un couple qui se forme avec une p'tite nouvelle et notre Damian préféré. Tout le monde en parle... C'est pas ennuyeux tout ça ?

Elle ne se souvenait pas avoir entendu jusqu'ici que l'alien était empathe. Mais bon : ce n'était pas comme si elle avait pu s'intéresser à lui. Il avait parfaitement senti qu'elle n'aimait pas vraiment son film, tout comme il devait sentir à quel point elle n'appréciait guère plus sa présence. Il était donc bizarre en plus d'être assez masochiste, et elle haussa brièvement un sourcil lorsqu'il jeta un regard dans sa direction. Il était peut-être juste vraiment très stupide. Elle ne savait pas trop, et elle ne voulait pas savoir. Rien ne pouvait l'intéresser chez un type comme lui. Absolument rien. Surtout qu'il avait l'air de partager l'avis de Barbie sur les mutants comme Tonga : donc définitivement la preuve qu'il n'était pas fréquenté. Et qu'il l'écoeurait très profondément.


"Il le sait déjà", répondit-elle à Sean sur sa dernière tirade. Et elle rendit un regard à Timour, tout en pensant à quel point elle pouvait bien le mépriser. Puis, elle reporta son attention sur Sean. "Il est ami avec elle, donc il sait déjà probablement tout ça. Mais il se sent trop bien ici pour l'accueillir."

Une précision qu'elle avait rajouté exprès. En y réflechissant, Timour avait surtout juste l'air un peu pathétique à rester ici au lieu d'aller voir son amie. Il faisait le fier ici, mais dans les faits, il avait vraiment l'air d'avoir la trouille. Elle avait donc très certainement visé juste en supposant qu'il était très intéressé par Barbie. Elle allait donc laisser Sean en penser ce qu'il veut, tout comme elle laissera Timour digérer ça ou non, et elle retourna tranquillement sur le visionnage de son film un court instant.

Sean se cala un peu plus profondément dans le canapé

- Tu veux dire que ce pauvre Tim aurait les foies ? Nananan, tu l'as pas vu affronter une grotte vivante à lui tout seul. C'est pas le genre de type à laisser filer une blonde avec un jongleur. Merde alors, c'est le grand Cupidon, après tout !

Il sourit au petit gris et ajouta :

- Vas-y mec, te laisse pas impressionné. Montre-leur que t'en as !

Il se questionna d’ailleurs quelques instants sur la morphologie du mutant. Avait-il un appareil génital comme un être humain normal ? Il n'irait pas creuser la question mais cela l'intrigua.

Se concentrant sur Chih-Nii, il osa la déranger dans le visionnage de son film :

- Alors, ça se passe bien ici ? Désolé mais on a pas vraiment eu le temps de se causer toi et moi. Maintenant que nous sommes coéquipier, ma foi, j'ai décidé de mettre ma timidité de côté et oser t'aborder.

Il dit cela sur le ton de la plaisanterie, mais, ma foi, il y avait un fond de vérité. Ce n'était pas foncièrement quelqu'un de timide mais parler à la jeune fille, surtout après l'esclandre qu'il avait fait lors de son arrivée, lui était bien plus difficile qu'il ne l'aurait souhaité.

Timour était content que Sean n'oublie pas, très content. En revanche, quand il consulta le SMS qui venait de biper, il fronça (mentalement) les sourcils. Le copain voulait garder ses petits secrets pour lui tout seul ? Après l'affirmation écrite, l'Azéri en reçut la confirmation orale. Et peu de secondes plus tard, une onde de colère en provenance de Sparrow. C'était trop détaché des paroles et trop fugace pour être lié à l'espionnage empathique...

L'empathe tourna la tête vers son comparse et tiqua sur "ces histoires d'amour d'ado attardés"... y'avait bien une anguille sous roche dans le coeur de l'ex-coéquipier ! Avec toute cette concentration sur l'affect de Sean, Timour faillit manquer sa pique sur "le couple qui se forme avec une p'tite nouvelle et notre Damian préféré". C'est la réplique de Chih-Nii qui le remit sur ce fil. Il cligna de ses grands yeux opaques alors que Sean renchérissait.

Après un bref instant d'immobilisme, l'empathe se mit à rire.

"Barbie avec Hawkeye ? Vous êtes fous les mecs !"

Et en effet, il était goguenard. La bonne blague ! Néanmoins il sauta sur ses deux jambes avec énergie.

"C'est clair c'est trop saoulant toutes ces histoires ! Bon j'vais aller lui dire bonjour car là ça craint trop elle doit déprimer à mort de pas m'voir. C'est une sacrée gonzesse la meuf mais c'est grave une geek vous devez bien vous entendre normalement toutes les deux j'comprends pas !"

Après un clin d’œil ironique à la tablettophile chinoise il s'étira et tapota un nouveau SMS pour son camarade.

Spoiler:

Poussé par la curiosité, il rechercha si la lecture du SMS donnait à Sean des émotions particulières, notamment sur le chapitre des "amoureux". Y'avait vraiment un truc qui coinçait là-derrière et ce n'était pas le voeux pieux de Sparrow sur le respect de l'intimité mentale qui allait réfréner l'empathe. Tant que ça restait de la simple lecture de pensées en vue d'aider son prochain...

Sean rentra un peu dans son jeu. Au moins, il avait vraiment l'air quelqu'un d'amical. C'était toujours un bon point à prendre, en sachant qu'ils se retrouvaient dans la même équipe. Du moins, elle préférait que ce soit Sean plutôt que Timour ; l'un des deux était trop bizarre et trop masochiste à son goût. Toutefois l'alien préféré réagir comme s'ils disaient des inepties, et elle haussa très légèrement les épaules. Dans le fond, elle était presque certaine qu'il n'en menait pas large.

Il décida tout de même d'aller la voir, et elle se retint tout juste de rire. Barbie n'était surement pas en train de déprimer. Elle était seule avec deux garçons à la piscine, et en petit bikini, et elle n'avait pas du tout mentionné l'alien. Alien qui adressa une autre pique à la chinoise, et elle ressenti beaucoup d'écoeurement. Elle ne risquait pas de s'entendre avec Barbie, et il le savait s'il avait lu ses émotions un peu plus tôt.

Sean quant à lui... Décida de l'aborder en parlant de sa timidité. Elle le regardait surtout avec un regard particulièrement perplexe sans trop savoir quoi répondre. Elle voulait bien causer ou du moins, donner l'impression de le faire, mais là comme ça, de but en blanc, elle ne savait pas quoi répondre.

"Heu... Ca se passe bien. Et pour toi? "

Elle ne voyait rien d'autre à dire. Intérieurement, elle espérait surtout qu'il soit du genre bavard et monopolise la conversation. Ca lui éviterait l'embarras de devoir trop parler.

Le message du petit gris le mis fortement mal à l'aise. Quoi, on ne pouvait pas causer avec une fille, même jolie, voire très attractive, sans être soupçonné de vouloir la choper ?

Il sentit le sang gagner ses joues. Merde, il piquait un phare. Les alarmes de Timour devait être au rouge ! Il tapota sur son téképhone une réponse à l'empathe :

Spoiler:

Mais c'était comme pisser dans un violon :l'empathe comprendrait son trouble. En, même temps, merde, comment ne pas craquer devant un si jolie minois. Et puis ce côté fille glaçante, f=genre impénétrable, avait quelque chose de... comment dire... charmant.

Elle lui répondit succinctement et lui retourna la politesse.

- Moi ? Ben, ouais, ça va, ça va... J'aime pas trop l'idée d'être loin de chez moi, de ma ville, mais bon, ma foi, on est nourri, logé et très prochainement éduqué par un ancien mercenaire terroriste mutant. What else ?

Il ricana. Ça, c'était pour cacher son trouble. Entre l'affaire Eden, son cousin et ces histoires de mutants terroristes qu'il devait combattre, non, il n'allait pas si bien que ça. Mais, bon, pour une première conversation avec la jeune fille, il éviterait la tête sur son épaule, les pleurs et le pouce dans bouche. Il attendrait un petit peu...

- Maintenant qu'on est équipier, je suis désolé de te demander ça, mais, bon, ici il paraît que c'est pas malpoli. Quelle est ton pouvoir ? Moi je peux voir de très loin, sur différentes ondes. C'est pas le truc le plus impressionnant du monde mais, bon, j'aime ça...