03.06/03.E. [X-Entraînement] A vos caddies et périls - Féral, Poïesis

Aaron observa les étagères et constata qu'ils ne semblaient pas trop solides.  Du moins, à la condition de frapper là où la structure était la plus faible.  Il songeait déjà à développer instantanément des capacités de breakdance et d'arts martiaux afin de se projeter contre la partie la plus basse et d'y ficher un coup de pied afin de renverser la rangée sur lui.  Il n'était pas trop certain, toutefois, que l'effet d'un tel coup ne ferait pas tomber l'étalage de produits sur la rangée de l'autre côté et, honnêtement, il préférait ne pas heurter d'éventuelles victimes dans l'allée suivante.  Ouais, bon.  Ils n'étaient peut-être pas les méchants finalement.

Le jeune mutant en arrivait à la conclusion qu'il aurait dû payer plus d'attention en cours de physique quand un des soldats menaça de jouer au plus malin avec Lazare.

-J'sens plus mon bras, mec.  Les balles, ça te f'ra pas du bien. prévint-il son coéquipier, pour lui rappeler le réalisme de la simulation.

Il fut interrompu par un autre qui décida de lui faire un tatouage maison, en poussière.  Il paraissait que les marques de bottes étaient à la mode cette année.  Aaron grommela tout de même pour signifier qu'il n'aimait pas particulièrement la sensation et réalisa qu'il s'était gouré.  Ce devaient être eux, les numéros.  Du coup, c'était forcément eux les vilains de l'histoire.  La conscience tranquille de s'être ainsi blanchie elle-même, Aaron sentit même le poids de ce mauvais rôle s'enlever de sa conscience.  Et il devait avouer que ça faisait du bien de ne plus avoir un genou dans le dos.  Non mais, à croire qu'il avait dit qu'il aimait qu'on lui frotte des bouts de jambes sur le corps.  Le maître-nageur reprit son souffle et réalisa au même moment que celui qui venait de se relever ne l'avait libérer de son obstruction que pour en mettre une à Féral.  Pour le coup, ça vaudrait peut-être le coup de s'improviser breakdancer.

-P'tain, couche-toi! voulut-il prévenir le mutant.

Poïesis balança son poids sur son épaule valide afin d'être à peu près perpendiculaire au sol et fit pivoter ses jambes afin de tenter de faire trébucher le militaire à la crosse.  Ça, c'était pour les jeux de jambes qu'il venait de subir.  L'idée lui avait bien traversée l'esprit de plutôt faire tomber Féral sur le carcajou, mais l'idée d'avoir sa petite vengeance l'avait emportée.

-Laissez-lui le temps, les mecs! tenta-t-il maladroitement de se justifier.

Le soldat poursuivit le mouvement sans se soucier des paroles de Poïesis mais ne fut pas à même de voir ou éviter le jeu de jambes de ce dernier. Il trébucha en même temps que sa crosse rencontrait les mains de Féral placées en écran. Le choc fut amoindri par la perte d'équilibre du soldat qui plaça un juron.

Les deux autres ne manquèrent pas de réagir, le numéro 3 en tirant une salve de balles dans le corps du carcajou, juste à côté de Féral, le numéro 1 en braquant fermement son arme en direction de la tête de Poïesis.

Les paroles de ce dernier et l'attitude calme de son comparse canalisèrent cependant la nervosité des soldats.

"Hep-hep-hep je suis à un doigt de vous étendre on se calme TOUT DE SUITE."

Intima-t-il aux deux mutants. Le soldat numéro 2 s'empressa de rétablir son équilibre et les coups de feu ayant été tirés il repoussa d'un coup de pied vengeur la jambe traîtresse de Poïesis et tint son arme d'une main pour prendre de l'autre une seconde paire de menottes.

"C'est mieux comme ça ! Fais pas l'mariole..."

Il mit le premier bracelet au poignet gauche de Féral et tira dessus.

"Aller les mains dans l'dos. Tain tu sais pas manger proprement ou quoi ?"

Railla-t-il avec un mépris un peu tendu devant les ongles poisseux de Féral. Il entreprit ensuite de le menotter dans le dos.

Le soldat numéro 1 ne s'amusa plus à titiller Poïesis avec sa botte, il recula d'un pas.

"N'aggravez pas votre cas on va sortir tranquillement d'ici et réfléchissez plutôt à votre avocat. Il va vous en falloir un très bon vu vos prouesses des dernières 24 heures."

Poïesis ayant vue sur le rayon légume il aperçut toujours un soldat genou à terre en couverture de ses compagnon, l'autre étant occupé à soupeser une pastèque miraculeusement épargnée.

À peine eut-il enclenché son mouvement que Poïesis réalisa le stupide de son acte.  Ils étaient à deux doigts de les tuer, et il avisait Féral de ne pas faire de stupidités, puis la première chose qu'il faisait, c'était non pas de défendre son comparse, mais de leur point de vue, d'attaquer l'un de leurs preneurs d'otages.  Définitivement, depuis cet épisode très récent de secours en mer, quelques petits détails étaient similaires.  Les engourdissements, les rencontres surprises en face à face, et les prises d'otages, notamment.  Au moins, il avait réussi à déstabiliser suffisamment le garde pour que Féral puisse recevoir le coup sans se le prendre de plein fouet.

En réponse à son geste, Aaron entendit un juron étouffé par une salve de balle.  Par réflexe, il cala sa tête dans ses épaules, le front contre le sol, et crut voir au passage un canon pointé sur lui.  L'instant suivant il se demandait s'il était mort.  Il ne ressentait pourtant pas de blessure.  Peut-être avaient-ils tiré dans son bras engourdi?  Il aurait dû sentir le sang couler dans son dos, ou quelque chose.  Et puis, il entendait encore les soldats.  Et on lui repoussait la jambe, qu'il avait laissé s'affaisser mollement au sol.  Il sentait son cœur battre à 100 milles à l'heure contre le plancher, à travers sa combinaison.

Aaron releva finalement la tête pour voir qu'une arme était belle et bien pointée sur lui et que, plus loin, un soldat les tenait toujours en joue, alors qu'un autre s'amusait avec une pastèque.

-Q... Quelles prouesses?  On est accusés de quoi au fait? demanda-t-il en espérant ne pas se faire ruer de coups.

"Terrorisme, association de malfaiteurs, violation de propriété d'Etat, du secret défense, vol, espionnage en bande organisée et tentative de corruption d'un agent fédéral. Mais le Procureur vous dira tout ça en détail."

Répondit abruptement le soldat à la question de Poïesis. Une voix féminine agréable résonna dans les haut-parleurs.

"Chers clients, votre super-marché fermera ses portes dans 3 minutes, 45 secondes et 56 centièmes. Nous vous invitons à vous diriger vers les caisses."

"Allez on s'active."

Dit alors le soldat en faisant signe à celui qui tirait sur le poignet de Féral. Voyant que ce dernier mettrait de la résistance à se faire attacher dans le dos, il se contenta de fermer les menottes sur les bras tendus puis d'envoyer un coup de crosse peu amical dans les reins du Français. C'était peut-être aussi sa réponse à la remarque du mutant.

Un soldat vint prendre le pack de bière et le café, un autre s'occupa de relever Aaron avec brutalité.


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