Jour 2 - Où est Forge quand on a besoin de lui ?

Plusieurs dizaines de minutes après qu'un certain fourmilier ait vécu une bien mauvaise expérience, et l'ait généreusement faite partager à une de ses camarades, ce fut une sphère lumineuse qui passa le seuil de l'atelier. Samuel, comme il l'avait annoncé à Natasa, avait pour objectif de chercher des informations sur les ressources disponibles auprès de Danger. À toute vitesse, il n'avait eu à parcourir que quelques salles pour trouver le robot qui les avait sauvés, ce qui ne lui prit pas plus d'une trentaine de secondes. Il fut presque surpris de constater que la femme de métal était seule, en train de travailler, probablement sur les pièces qu'elle avait évoquées, avec une cadence mécanique.

Danger savait-elle lire ? La question traversa l'esprit du suédois car il avait récemment constaté que ce savoir, qu'il avait jusqu'ici toujours considéré comme élémentaire, n'était pas acquis par tous, notamment pas Blancpoil. L'androïde semblait néanmoins d'un tel niveau de sophistication que cette lacune, chez-elle, aurait été étrange. En revanche, l'adolescent n'en savait rien, elle avait peut-être besoin de ce qui lui servait d'yeux, ses capteurs visuels, qu'importe, pour faire ce qu'elle était en train de faire, et il aurait été malvenu, il supposait, de l'interrompre. À regret, il se matérialisa donc de nouveau, redevenant le garçon à l'air juvénile et d'à peine un mètre cinquante qu'il était. Il y avait mieux, pour exister face à un imposant robot de plus de deux mètres, mais il ne doutait pas que Danger soit assez vigilante pour ne pas l'écraser par mégarde.

-Hej, Danger !

Il fit quelques pas maladroits, s'approchant du colosse métallique. Sans trop savoir si elle serait en mesure de l'apprécier ou non, il lui adressa un sourire poli. Il se présenta brièvement, utilisant le pseudonyme qu'il avait choisi peu de temps avant d'être téléporté, comme les autres, sur Om.

-Élément Wisp. Excuse-moi de te déranger : on se demandait s'il y avait quelque-chose à manger sur ce vaisseau. Tu as une idée d'où on pourrait trouver ça ?

Sa voix était encore très aiguë, possédant à peine les premières intonations de la mue. Cela l'énervait assez, surtout lorsqu'il s'agissait d'une requête aussi sérieuse. Il aurait préféré passer pour un individu plus mature et digne de confiance, quand bien même il n'était pas sûr de mériter ces traits. Il continua cependant à afficher un visage agréable, appréhendant un peu la réponse de Danger, à qui il ne s'était alors jamais adressé directement.

Après avoir laissé Eden seule dans la salle que Athenodora ignorait encore être celle appelé d’embarquement, celle-ci gagna rapidement la pièce voisine susnommée par ladite adolescente aux cheveux d’or. Cette pièce, que la jeune allemande ignorait aussi être un atelier, lui fit marquer un temps d’arrêt lorsque son pied se posa sur le seuil de cette dernière. La première impression qui lui vint alors à l’esprit, fut celui d’une sorte de bric-à-brac entre les différentes caisses disposées ici et là et remplis de ce qui semblait être des pièces mécaniques, et ce qui s’apparentait apparemment à une sorte de plan de travail ou se trouvait la encore du matériel, ainsi que, à première vue, des outils plutôt perfectionnés. Bien plus que tout ce que l’on pouvait trouver sur Terre en tous cas.

Mais ce ne fut pas là la seule surprise de Athenodora, car une personne se trouvait déjà dans la pièce, un autre adolescent qui paraissait être encore plus jeune que Eden. Celui-ci faisait face à ce qui s’apparentait le plus à la description de la californienne et, accessoirement à ce fichu hologramme qui l’avait mise dans ce pétrin, concernant la dénommée Danger, qui semblait attendre quelque chose tout en fixant l’adolescent inconnu. Bien qu’elle n’en dit mot, Athenodora fut étonnement surprise par la physionomie de Danger. Elle était grande, très grande même, elle faisait sans le moindre doute plus de deux mètre ou deux mètres dix de hauteur et associé à son physique peu commun, cela la rendait assurément inquiétante… Pas forcément dangereuse, mais inquiétante… Encore que si elle s’appelait Danger, ce n’était certainement pas pour rien, songea intérieurement la jeune allemande tandis qu’elle fit quelques pas de plus dans la salle une fois sa surprise passé.

Athenodora ne savait pas vraiment ce qui était en train de se passer entre l’androïde et l’adolescent, mais elle préféra garder le silence et attendre la suite des évènements avant de faire quoi que ce soit pour les déranger..

Samuel ne s'attendait pas réellement à une réponse aussi rapide et directe. Il avait à peine eu le temps de penser que la tournure de sa phrase était un peu complexe, et qu'il aurait peut-être du la simplifier légèrement pour faciliter sa compréhension par l'androïde. Toutefois, celle-ci ne paraissait avoir aucun mal à interpréter ses propos. Avait-elle en revanche pensé au fait que toutes ces substances lui étaient parfaitement inconnues ? Les noms n'étaient pas particulièrement appétissant, mais en songeant au nombre de terriens qui avaient du goûter de tels mets, il réalisa bien vite sa chance.

-Merci, fit le suédois en hochant la tête. Je suppose que tout ça est comestible pour les humains ?

Il ne manqua pas de noter que Danger préférait insérer dans ses élocutions le minimum de verbe, et les conjuguait encore plus rarement. Se pouvait-il que les arcanes de la langue lui soient plus difficile à percer que les phrases réflexives, ou était-ce ce qui s'approchait d'un trait de personnalité ? L'adolescent hésita à poser la question. L'apparence de son interlocutrice ne l'incitait pas vraiment à se lancer dans des discussions amicales, quoiqu'elle ne soit pas encore la plus effrayante entité qu'il ait croisé jusqu'ici. La mutante, encore plus grande que le robot, et couverte d'écailles, lui avait fait une impression particulièrement forte : d'autant qu'elle était arrivée blessée. Finalement, sa curiosité, une force chez-lui presque irrésistible, prit le dessus.

-Excuse-moi si c'est indiscret, mais, est-ce que tu te considères comme une personne ? Je veux dire, tu as l'air capable de faire tout ce qu'une personne peut faire, et même plus. On devrait te considérer comme tel, du coup, non ? Ça n'est pas parce que tu es faites de circuits plutôt que de vaisseaux sanguins qu'on devrait te voir autrement. Moi, hier, je n'étais fait de rien de tout ça, ni vaisseaux sanguins, ni circuits, et j'étais quand même une personne. Ça n'est pas un critère, pas vrai ? Et dans ce cas, ça paraît important de savoir pourquoi tu es si dévouée à notre équipe. Est-ce que tu dirais que tu nous aides de ton plein gré, ou que quelque-chose dans ta programmation t'y oblige ?

Les mots s'étaient enchaînés à une vitesse surprenante, surtout pour Samuel qui n'était plus du tout habitué à parler. Le rythme, à l'oral, il le réalisait, était beaucoup plus élevé. Il n'avait pas eu le temps de constituer ses phrases exactement comme il l'aurait voulu ; lorsqu'il se contentait d'afficher ses propos de façon lumineuse, il disposait au moins du temps qu'on le lise pour formuler sa première réplique. Il avait un peu bégayé, et quelques tournures étaient assez étranges ; il espérait quand même que l'androïde comprenne. La réponse l'intéressait réellement.

Des pas dans son dos le firent presque sursauter. Cela lui fit une impression bizarre, sa poitrine se soulevant brusquement. C'était ça, aussi, d'avoir un corps. L'adolescent se retourna pour dévisager l'individu qui venait d'entrer.

Il s'agissait d'une femme, mais là encore, si elle ne rivalisait pas avec Danger en terme de stature, elle était considérablement plus grande que lui, d'au moins vingt centimètres. Et il n'était même pas question du poids. La jeune x-women (qui était néanmoins il en était presque sûr, la personne la plus âgée qu'il avait croisée jusqu'ici dans la forteresse) était à l'évidence beaucoup plus musclée que lui. Beaucoup plus entraînée, beaucoup plus apte au combat, sûrement. Avait-il vraiment sa place parmi tous ces athlètes ? Quand il avait été recruté, il n'était qu'un pur esprit et la question ne se posait pas, à présent...

-Hej ! Samuel, se présenta-t-il simplement, se désignant rapidement d'un signe de main et lui adressant un sourire. Ceci fait, le suédois fit un pas de côté pour lui laisser la possibilité d'être en face de l'androïde, songeant qu'elle venait probablement ici pour interroger elle aussi le robot.

Dans un silence religieux, Athenodora avait écouté ce qu’elle ignorait être la seconde interrogation de l’adolescent, vis-à-vis de l’humanoïde d’acier. La jeune femme trouva d’ailleurs que sa question était empreinte d’un profond aspect philosophique, plutôt étonnant pour son âge… La nature de l’être et de l’humain, voilà qui était un bien vaste sujet en réalité. Ceci étant dit et bien que elle-même n’était pas contre le fait de disserter longuement sur le sujet, Athenodora songea cependant qu’il y avait bien plus important pour le moment, surtout dans la situation qui était visiblement celle de tous les gens coincés dans cette étrange forteresse volante. Mais après tout… Elle avait elle-même était une adolescente et elle ne pouvait renier le fait qu’elle avait été aussi curieuse que le jeune garçon qui s’adressait au simulacre de personne qui le toisait de toute sa hauteur avec son dédain mécaniquement glacial, typique d’une machine.

Toutefois, la réponse de Danger étonna grandement Athenodora lorsque l’androïde se mit à citer des noms de philosophe, de penseurs et de scientifiques terriens, accompagnant chacun d’entres eux d’ouvrages de référence dont ils étaient les auteurs. Apparemment, le tas de ferraille qui prétendait ne rien savoir de la nature de l’être paraissait tout de même en connaître un bout sur la littérature humaine. C’était aussi étrange, que intriguant. Danger n’avait pas répondu ouvertement à l’interrogation de Samuel, mais elle lui avait offert de nombreuses références afin de satisfaire sa grande curiosité… Seulement, cela ne servirait sans doute à rien, car l’allemande doutait assez fortement qu’il existe une quelconque bibliothèque dans cette forteresse avec les ouvrages cités. Sa réponse avait finalement été celle d’une machine, rien de plus… Une sorte de borne d’informations très évoluée, avec juste une compilation de données diverses et variées, qu’elle ne pouvait que débiter froidement. D’humaine, Danger n’avait en réalité que l’apparence… Encore que… La encore, tout était extrêmement relatif.

Lorsque enfin on remarqua sa présence, Athenodora fit un signe de la main à Samuel qui venait de se présenter à elle de manière presque convenue.

‘’Athenodora’’

Lui répondit-elle tout simplement, dans un anglais fortement empreint d’un accent guttural propre à la la langue germanique qui était initialement la sienne. Visiblement, l’adolescent ne semblait pas surpris de voir apparaître une toute nouvelle tête, ce qui pouvait laisser supposer une habitude certaine de la chose. D’ailleurs, combien étaient-ils dans cette fameuse forteresse ? Quand Danger tourna son regard dans sa direction en un silence des plus pesant, la jeune femme lui rendit la pareille en la fixant à son tour. Il était difficile de dire à quoi pouvait bien penser une machine, lorsque celle-ci vous regardait de son regard vide de toutes émotions.

A l’invitation muette de Samuel à venir le rejoindre, Athenodora déposa la main droite sur la sangle de son sac de voyage et commença à se diriger dans sa direction et celle de Danger. Vu de près, celle-ci paraissait encore plus grande, encore plus impressionnante, encore plus… Terrifiante ? Peut-être… Après tout, ne venait-elle pas de dire à l’adolescent, qu’elle était supérieure aux humains ? Elle prétendait être là pour aider ces fameux x-men dont la jeune allemande ignorait encore tout, mais qui pouvait dire si cela était réellement la vérité. Même sic ela était effectivement le cas, qu’est-ce qui l’empêcherait de finalement se retourner contre eux ? Rien, absolument rien en fin de compte.

‘’Alors c’est ça, Danger.. ?’’

Demanda Athenodora, dans une interrogation qui n’attendait bien entendu pas de réponse à proprement parlé, tout en dardant son regard sur l’androïde. Elle le détailla longuement, curieuse de voir un véritable androïde pour la toute première fois de sa vie et elle devait bien avouer une chose : Danger était vraiment impressionnante dans la réalité, bien plus que ne pouvait le laisser supposer son hologramme devant les grilles de l’institut. Puis, elle tourna son regard en direction de Samuel et lui dit :

‘’Elle a raison tu sais, tu ne devrais pas la considérer comme un être vivant. Ce n’est qu’une machine très perfectionnée, destinée à imiter les humains… Un assemblage de circuits imprimés et de métal, enfin, j’imagine, dans lequel on a entré des informations sur différents sujets… C’est juste une banque d’information, rien de plus. Comme elle vient de le dire, elle ne fait que ce pourquoi on l’a programmé. L’apparence humaine, c’est juste pour rassurer, encore que ses concepteurs ont une drôle de vision des humains.’’

Acheva Athenodora, tout en portant à nouveau son regard sur l’androïde. Oui, son aspect anthropomorphique était similaire à celui d’un humain, mais lorsque l’on y songeait bien la ressemblance s’arrêtait là. A son tour, Athenodora osa une première question qui faisait presque naturellement suite à la réponse de Danger concernant son rôle dans cette forteresse.

‘’Tu viens de lui dire que tu étais là pour protéger ces fameux x-men, mais qui t’a programmé dans ce but et pour les protéger de quel... Danger ?’’

En effet, là était la véritable question en réalité. Que Danger soit humaine ou pas, était sans la moindre importance. Athenodora avait bien entendu d’autres questions à poser à l’androïde, mais du peu qu’elle avait pu en voir elle avait compris qu’il allait lui falloir adapter ses questions aux réponses typiquement logique de l’androïde.

Cependant, l'ironie de la chose la fit légèrement sourire... Protéger du danger par un "danger"... quelque part, c'était assez drôle quand on y songeait.

Malgré la réponse assez détachée qu'il reçut de la part de Danger, et le fait qu'il ait à peine entendu parler des auteurs qu'elle citait, Samuel ne se démonta pas. Le comportement de l'androïde n'était pas très éloignée de ceux qu'il avait pu observer dans les films de science-fiction, et autant dire qu'il en avait vu un paquet. Cela faisait pas mal de temps qu'en matière de scénario, le mythe du robot destructeur était globalement passé. Les choses les concernant, à présent, étaient beaucoup plus modérées ; ils ne se révoltaient pas systématiquement contre leur créateur à partir du moment où ils réalisaient que c'était la meilleure façon de garantir leur bien-être. Le commentaire d'Athenodora à ce propos mérita qu'il y réagisse.

-Je n'ai pas dit être vivant ou humain, j'ai dit personne ! C'est vraiment différent, même si je ne sais pas trop comment le décrire. Peut-être je devrais lire tout ça, maintenant que je peux. Mais enfin, une personne a une Histoire dont elle peut se souvenir, par exemple. Tu peux faire ça, pas vrai Danger ? Et puis, elle peut agir seule aussi, elle est indépendante. Tu n'as pas vu quand elle nous a tous sauvés... ?

À ce moment de la conversation, Samuel se rendit compte qu'il ne connaissait pas grand-chose de son interlocutrice. Même en fouillant dans, justement, sa mémoire, il ne parvenait pas à dénicher un seul souvenir où elle aurait eu une place. Il était pratiquement sûr qu'elle n'était pas là lorsqu'ils avaient été tous téléportés par les attaquants, ou quand ils avaient tous été amenés sur le vaisseau par l'androïde. Son accent germanique ne lui rappelait personne non-plus, si ce n'était quelques uns des rares suédois encore mal assimilés à la sphère anglophone. Il savait qu'il y avait eu une allemande, et qu'elle faisait partie de ceux qui n'étaient malheureusement pas revenus. L'adolescent inclina la tête sur le côté.

-Tu étais sur quelle planète ? demanda-t-il gentiment.

Des cris d'oiseaux firent alors irruption, annonçant probablement la proximité de spécimens aviaires assez nombreux, enfin, si on faisait l'analogie avec la faune terrestre. Voyant que Danger, dans sa description de l'espèce, n'avait pas l'air particulièrement inquiétée, après un moment de flottement, l'adolescent choisit de ne pas s’alerter davantage.

-Ils ne sont pas dangereux, donc ? J'espère que le vaisseau ne trouble pas trop l'écosystème...

Le suédois trouva amusant que l'androïde précise que la chair des animaux extraterrestres, sans ajouter quoi que ce soit à ce sujet. Il n'avait guère envie de tuer tout ces oiseaux, qui ne devaient pas avoir l'habitude de trouver de la résistance à cette altitude, même si leur rythme de reproduction élevé suggérait que leur population se renouvelait facilement. Se souvenant que Danger paraissait travailler avant qu'il arrive, il annonça au robot :

-Je ne vais pas te déranger plus longtemps. On rediscutera une autre fois de cette histoire de personne, si tu veux. Merci pour tout !

Il interrogea la jeune femme du regard. Il ignorait si elle comptait profiter de sa sortie pour poursuivre la discussion avec Danger, dans lequel cas il sortirait sans attendre pour rejoindre Nataša.

Si elle avait vu, lorsque Danger les avaient sauvé ?

Quelle sotte question que voilà ma foi… Comment aurait-elle pu le voir, alors qu’il y avait à peine trois jours de cela Athenodora ne connaissait absolument pas ces fameux x-men et leur étrange institut. Samuel paraissait s’imaginer qu’il suffisait de penser et de se souvenir pour être une personne, à défaut d’un être vivant, ce qui, pour la jeune allemande, relevait plutôt d’une vision très idéaliste concernant les intelligence artificielle et leurs similarités avec l’être humain. Toutefois, elle préféra ne pas contrarier l’adolescent sur la question, la situation actuelle ne se prêtant guère à une profonde discussion philosophique et le dit point étant, effectivement, fortement sujet à débat. Quand Samuel l’interrogea à la suite sur la planète d’ou elle provenait, Athenodora marqua un bref temps d’arrêt avant de se ressaisir.. En d’autres circonstance la question lui aurait fait douté de la santé mentale de l’adolescent, mais étant donné ce qu’elle venait de vivre et d’apprendre de la bouche de Eden…

‘’Je viens d’arriver de la Terre, il y a à peine quelques minutes.’’

Finit-elle par lui répondre dans une évidence des plus flagrante, ne pouvant pas réellement concevoir la possibilité d’avoir été sur une autre planète que celle qui l’avait vu venir au monde, avant de se retrouver entraîner dans cette curieuse forteresse. L’habitude l’aiderait sans doute à prendre conscience qu’elle se trouvait désormais sur une planète étrangère, mais Athenodora ne comptait certes pas demeurer dans cet endroit jusqu’à ce que ce moment arrive.

C’est alors que retentit un effroyable vacarme, heureusement assourdit par les murs épais et dénués de toute ouverture en direction de l’extérieur, qui surpris l’adolescente et la jeune femme. Mais avant que la moindre inquiétude ne puisse pointer le bout de son nez, Danger les informa de la nature précise de l’origine de ces bruits qui ressemblaient fortement à des piaillements d’oiseaux. Les quelques explications de l’androïde semblèrent confirmer la première impression de Athenodora concernant la nature des responsables de ce bruit. Il s’agissait effectivement d’oiseaux, ou tout au moins une forme de vie équivalente. Enfin, peut-être… Difficile d’en être sur, sans les voir de ses propres yeux. Selon Danger, ces créatures ne représentaient pas vraiment un… Danger, ce qui rassura très clairement les deux humains à ses côtés.

‘’Dans ce cas, il suffira de les laisser tranquille et de faire en sorte de ne pas empiéter sur leur territoire et tout ira bien.’’

Lança Athenodora, aussi pragmatique que à son habitude. C’était d’ailleurs là un de ses credo, vivre avec les autres sans se mêler de leurs affaires, c’était le plus sage afin de ne pas avoir d’ennuis avec qui que ce soit… Ou quoi que ce soit. Sa supposition était basé sur sa connaissances des mœurs animalières des animaux terrestre, mais en toute logique ce devait être là un principe universelle. Elle l’espérait en tous cas.

Alors que Samuel semblait prêt à laisser l’androïde terminer son travail en cours, Athenodora demeura sur place afin d’entendre ls réponses de Danger à ses deux interrogations. Si la seconde ne lui paru guère surprenante, ce ne fut pas le cas de la première qui lui apparu alors comme étant digne d’une histoire de science fiction des plus rocambolesque. Faisant fi du fait qu’elle ne savait pas ce qu’était réellement cette fameuse salle des dangers et qu’elle ne connaissait, ni d’Eve, ni d’Adam, le Xavier et les shi’ars susnommés par l’androïde, Athenodora tenta de comprendra clairement les fait énoncé par Danger : premier point, elle était donc une création auto construite, issu de cette fameuse salle des dangers. Une intelligence artificielle qui avait comme soudainement vu le jour dans cette cet endroit de l’institut, ou plutôt au sein de son système informatique. On pouvait donc dire que Danger était, véritablement, la fille de la salle des dangers. Deuxième point, cette salle des dangers s’était affranchie d’une sorte de verrou de sécurité et pouvait donc tuer ceux qui s’y trouvait… En soi, cette seule idée était des plus effrayante, assurément. Soudain, un point de détail alerta l’esprit de la jeune allemande, mais avant qu’elle ne puisse en faire part à Danger Deux autres personnes pénétrèrent à leur tour dans la pièce.

Tournant son visage dans leur direction, Athenodora reconnu l’adolescente blonde qui l’avait accueilli lors de son arrivée, mais demeura dans l’inconnu par rapport à l’autre adolescent bien plus jeune qui l’accompagnait. La première se fit cependant un devoir de les présenter l’un à l’autre, avant de s’enquérir auprès de l’androïde de la présence et de l’attitude à adopter vis-à-vis des créatures extraterrestres en train de prendre leur marques sur la forteresse volante. Celui-ci la rassura, à son étrange et froide façon, sur la manière d’agir avec ces créatures volantes et sur leurs éventuelles intentions., tandis que Vadim, qui était apparemment russe ou tout au moins issu d’un quelconque pays de l’est, adopta le comportement totalement déplacé d‘un vulgaire touriste en train de contempler un quelconque vestige historique, en filmant Danger avec son téléphone portable. L’absurde appelant sans doute l’absurde, Danger sembla répondre au geste du jeune russe par une pointe d’humour… Depuis quand une machine, aussi perfectionnée fut-elle, avait-elle la capacité d’appréhender la nature même du concept d’humour et d’en user de la sorte ?

Mais presque aussitôt, comme une correction de donnée érronée, l’androïde repris son sérieux et présenta un refus d’être filmé en arguant d’une raison aussi logique que légale concernant le droit à l’image. C’était tout simplement surréaliste, à n’en pas douter. Préférant ne pas s’embrouiller l’esprit avec cette situation des plus incongrue et les fameux woebegs ne représentant apparemment pas un réel danger, Athenodora préféra rester concentré sur sa délicate discussion avec Danger. Toutefois, elle se permis de dire à l’encontre des personnes et autres entités présentes dans la pièce, la chose suivante :

‘’Si c’est du graviers que veulent ces animaux, il suffira de leur en donner et ils nous laisserons tranquille.’’

La jeune allemande annonça cela presque comme quelque chose de naturelle, oubliant totalement que personne ne connaissait la nature de son pouvoir mutant et, accessoirement, qu’elle ne pourrait pas en produire des tonnes et des tonnes en une seule fois. Mais si ces volatiles de l’espace étaient patient, elle pourrait sans doute leur en fournir suffisamment afin qu’ils n’envahissent pas trop les espaces de vie des bipèdes déjà présent dans la forteresse volante, à défaut de pouvoir leur fournir de quoi combler leurs nids. Ne les ayant pas encore vu de ses propre yeux, Athenodora n’avait cependant pas encore pris conscience de la difficulté qui pourrait naître de leur cohabitation. Après cela, elle revint sur Danger et lui dit :

‘’Poursuis jusqu’à l’épilogue et réponds à cette question Danger : Tu as dis que tu t’es crée ce corps après avoir transcendé le protocole de sécurité visant à assurer l’intégrité physique des x-men. Mais tu as aussi dis que la salle des dangers avait poussé un des élèves au suicide après s’être affranchi de ce même protocole de sécurité. Tu es une intelligence artificielle née d’un système informatique sans conscience, tu avais donc le contrôle de la salle des dangers, n’est-ce pas ? Si tu es née avant que ce protocole de sécurité ne soit devenu obsolète, alors c’est toi qui a poussé cette personne au suicide… Pour quelle raison, devrions nous alors te faire confiance lorsque tu dis que tu es là pour protéger les x-men ? Qu’est-ce qui t’empêche de recommencer encore, puisque tu n’es plus limité par ce protocole de sécurité ?’’

Athenodora avait essayé d’employer un raisonnement aussi logique, de la logique informatique de l’androïde. Elle avait voulu éviter d’y inclure un quelconque raisonnement humain, bien qu’elle n’était pas certaine d’y être réellement arrivé. C’était la première fois qu’elle s’adressait à une intelligence artificielle de ce niveau après tout, on était bien loin de son petit ordinateur et de sa ridicule capacité à réagir en fonction de ses actions sur son clavier.