X-Héritage
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Jeu de rôle par forum dans un univers futuriste et alternatif des X-Men.
 
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 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.

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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyLun 12 Mar - 13:24

Parapluie tourna son visage vers Ulysses et l'observa fixement, avec un brin d'étonnement dans son expression fiévreuse. Il se cala ensuite contre le repose-tête, en soupirant.

"Ça veut dire que ... je ne m'étais pas trompé, tu es prêt à le faire."

Il semblait avoir plus de peine à respirer. Il ouvrit le col de sa veste.

"L'intérêt est ... bien sûr ... ça ne te paraît pas évident au premier abord ... mais Al' est dangereux, trop dangereux pour l'humanité. Si tu m'aides, ce n'est pas un meurtre. C'est un acte de bravoure. Pour sauver de nombreuses vies. Actuelles, et à venir."

Il mit son poing ganté devant sa bouche et plissa les yeux pour tousser. Ulysses aussi ressentait des picotements oppressant dans sa poitrine.

"Tu n'en as pas assez de ta petite existence banale ? ... Voilà une occasion de ... te rendre utile. Pour nous tous. Pour ta famille ... tes amis ... pour Sarah, même. Pour les mutants comme pour les hommes."

Il se força à sa concentrer pour faire avancer la voiture, pénétrant par le portail largement ouvert par les bons soins de Poubelle. Les graviers crissèrent sous les pneus tandis que le panneau de défense d'entrer battait sous l'effet du vent.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyMer 14 Mar - 10:12

Ulysses écoutait les explications de Parapluie avec le même intérêt poli qu’il eût adopté pour un professeur d’allemand point trop ennuyeux, comme si le terrain sur lequel roulait la discussion n’avait rien d’exceptionnel. Il était difficile pour un observateur extérieur de déterminer ce qui relevait, dans cette apparente neutralité, d’un coup de poker d’un joueur habile dissimulant ses émotions ou d’une indifférente bien réelle de psychopathe.

Il y avait cependant une chose qui n’en laissait pas de préoccuper réellement le jeune homme, et c’était que Parapluie en sût à la fois tant et si peu sur lui. Il lui parlait de ses parents, certes, mais de Sarah surtout, et cela impliquait certainement qu’il l’avait un peu surveillé, ou bien qu’il lisait en lui d’une quelconque manière — car cette dernière hypothèse n’était pas non plus improbable.

Mais dans ce dernier cas, pourquoi tentait-il de faire appel à son altruisme et à son patriotisme ? A la bravoure ? L’adolescent supposait que n’importe quelle note psychologique dans n’importe quel dossier à son propos, au lycée par exemple, ou n’importe quel aperçu de sa personnalité, suffisait à expliquer combien il était peu sensible à des arguments de ce genre et combien son affection ne se gagnait qu’à la peine de relations strictement individuelles qui ne se laissaient pas subsumer en des principes plus généraux.

Le mutant haussa les épaules.


« Un meurtre reste un meurtre. »

Il n’y avait pas, dans son jugement un peu sec qui balayait les raisons morales invoquées par Parapluie (pour se rassurer soi-même peut-être ?) de désapprobation.

« Il y a souvent d’autres moyens. Vous pourriez l’enfermer, peut-être. Soigner sa folie. Ce genre de choses. »

Bien sûr, séquestrer ou droguer quelqu’un n’en étaient pas moins des crimes, mais l’esprit pragmatique d’Ulysses tentait d’envisager des solutions un peu moins extrêmes, dont l’intérêt n’était peut-être que de pousser Parapluie à s’exprimer plus en détail sur la question. L’adolescent se doutait bien que son interlocuteur avait sans doute déjà réfléchi à ces éventualités.

Le regard d’Ulysses quitta finalement la nuit pour se poser sur Parapluie. L’état de son compagnon de route ne semblait guère s’améliorer et lui-même devait bien s’avouer qu’il ne se sentait pas exactement au meilleur de sa forme. Tissant grâce aux dernières paroles de Parapluie un lien qu’il soupçonnait déjà depuis quelque temps sans avoir d’indice très probant pour le confirmer, il interrogea :


« Dangereux, comment ? Genre, comme une arme bactériologique ? Parce qu’à moins que vous ayez la grippe, que vous m’l’ayez transmise et que c’est une version qui se développe super vite, j’ai un peu l’impression d’avoir voyagé dans un bouillon de culture. »

Bref, Ulysses entendait bien forcer Parapluie à lui donner des raisons un peu plus convaincantes que « c’est un acte de bravoure ».
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyMer 21 Mar - 19:53

La voiture éclaira bientôt, au devant et sur les côtés, des monticules herbeux, mais aux formes trop anguleuses pour être naturelles. Parapluie stoppa d'ailleurs le véhicule juste après le portail. Après une sévère quinte de toux il remit son air hagard, et légèrement désabusé, sur son acolyte.

"Tu imagines bien que j'ai déjà essayé les autres moyens. Bien sûr qu'un meurtre reste un meurtre. J'en suis à la dernière extrémité. ... Et je ne suis même pas sûr d'avoir la force ... physique."

Il prit une longue et laborieuse inspiration.

"Al' est devenu fou à cause de son pouvoir mutant. En effet, il est devenu une arme bactériologique. Il peut rendre malade certaines personnes qu'il rencontre et qui ... attirent son attention. Pendant plusieurs années c'était des petites infections ... Mais maintenant ..."

On entendit le cri joyeux de Poubelle qui appelait sans doute ses deux amis. Parapluie brava le regard d'Ulysses.

"Mon père dirige un labo pharmaceutique. J'ai essayé tous les traitements. Le truc que j'ai ... est incurable. Le seul espoir qu'il me reste, c'est la mort d'Al, vu que ... cette maladie est liée à son pouvoir."

Il coupa le moteur, mais laissa les phares allumés.

"On va sauver le monde mais ... aussi notre peau. J'espère. Désolé p'tit gars."

Ulysses ressentit plus fortement les courbatures grippales apparues dans son cou. Une nausée plus franche s'empara de son estomac et de ses sinus. La silhouette sautillante de Poubelle revint dans la lumière des phares. Il exprimait son entrain et son impatience à grands gestes. Des frissons parcoururent le corps du mutant météorologue.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyVen 23 Mar - 19:50

Ulysses ne savait guère s’il devait être satisfait ou désolé d’avoir poussé Parapluie dans ses derniers retranchements. Sans doute avait-il désormais un exposé plutôt clair de la situation, mais il fallait avouer en contrepartie que les nouvelles n’étaient guère réjouissantes. S’il avait bien suivi ce que Parapluie lui suggérait, les courbatures qu’il sentait envahir son corps n’étaient que les signes avant-coureurs d’une infection beaucoup plus grave et qui lui coûterait probablement la vie.

Cette information avait le mérite de rendre la décision beaucoup plus facile à prendre. Ulysses avait beau nourrir depuis des années un comportement autodestructeur, en dernier recours, l’instinct de survie reprenait aisément ses droits et il n’avait absolument aucune envie de se laisser mourir pour préserver l’existence d’un psychotique doublé d’une souche ambulante de la variole. Entre lui et un fou inconnu et dangereux, le choix était vite fait.


« D’accord. »

Pas plus qu’auparavant, son ton ne suggérait qu’il fût particulièrement bouleversé par la situation. La nouvelle d’une mort inévitable s’ils ne parvenaient pas à leurs fins n’avait pas l’air de beaucoup le perturber et, de minute en minute, à mesure que la conversation se développait, les différents aspects de sa dangereuse personnalité se révélaient — les plus séduisants, qui lui permettaient d’agir rationnellement et calmement, comme les plus inquiétants, qui semblaient le dispenser de la morale.

Ce qui surprenant peut-être, ce n’était pas tant qu’en fin de course, il acceptât d’aider Parapluie à accomplir ses sinistres projets. Sans doute la plupart des humains fût arrivée, dans un cas semblable, à une semblable conclusion : se préserver était un impératif de l’espèce. Mais il était difficile d’imaginer qu’une personne saine d’esprit pût se laisser si aisément convaincre et ne pas éprouver, même après avoir examiné rationnellement la situation, une quelconque forme de culpabilité.

Mais pour Ulysses, il n’y avait de faute qu’objective et, objectivement, la raison était de leurs côtés. Bien sûr, la possibilité que Parapluie lui mentît planait toujours dans son esprit, mais il ne parvenait pas à imaginer d’explication plausible pour qu’un homme aussi manifestement malade montât une machination élaborée, exploitant sa condition, pour aboutir au meurtre d’un individu si manifestement coupable. Ulysses était méfiant, mais pas paranoïaque : il fallait des apparences de vérité pour alimenter ses soupçons.

Le jeune homme posa son regard sur Parapluie.


« Comment vous comptez procéder ? Parce que j’vous préviens, j’peux pas le foudroyer avec un éclair ou un truc du genre, hein. Et dans l’état où vous êtes et où j’vais pas tarder à me trouver, on risque de vite plus faire le poids. Lui, là, il semble en pleine forme. Vous avez une arme, peut-être ? »

Bien sûr, avec une arme, tout était plus propre et plus facile. Ulysses préférait éviter d’en arriver aux solutions les plus artisanales — même s’il se préparait déjà à ces extrémités. Il supposait de toute façon que Parapluie n’était pas venue jusque là sans avoir au moins le début d’un plan pour prendre le dessus sur son facétieux mais dangereux compagnon.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptySam 24 Mar - 10:25

Parapluie ne put contenir un soupir de soulagement suite à l'approbation d'Ulysses. Il soutint son regard, puis passa sa manche humide de pluie sur son front. Tout son visage était blême.

"Dommage ... j'y ai cru un moment."

Répondit-il quand Ulysses mentionna la technique de la foudre et les limites de son pouvoir. Parapluie désigna du pouce l'arrière du véhicule.

"J'ai un flingue, dans le coffre. Je pensais ..." Il s'interrompit, pris d'un haut-le-cœur assez violent, ses mains gantées se crispèrent sur sa veste. "... lui parler et quand il regarderait ailleurs, tirer à bout portant. Dans le crâne, derrière ..."

Impatient, Poubelle revint comme un cabri jusqu'à la voiture, côté Ulysses. Il semblait en effet en forme olympique. Le météorologue ressentit une bouffée de fièvre.

"Hé c'est pas le moment de dormir Andy et Ul' ! Regardez ce que j'ai trouvé !"

Il brandit un bidon en plastique d'une contenance de cinq litres, sans doute au quart plein, débouchonné. L'étiquette déchirée laissait voir cette inscription "Décap'ciment".

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Indifférent de la pluie, le blond crado secouait amoureusement le bidon, dont le contenu giclait ici et là. Il cala contre sa poitrine le récipient, pour saisir et secouer la poignée de portière.

"Allez sortez !"
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptySam 24 Mar - 16:04

Un signe rassurant dans un océan de troubles : la première pensée qui venait à Ulysses quand il s’exerçait à maîtriser son pouvoir n’était pas qu’il pourrait, un jour, foudroyer les gens. Malgré sa promptitude à accepter la nouvelle situation et sa volonté de prendre les dispositions nécessaires, le jeune homme était loin d’être porté au meurtre — il lui semblait que d’autres moyens étaient toujours préférables d’abord et que, pour son propre cas, contrôler ce genre de phénomènes était pour l’heure une perspective beaucoup trop éloignée pour qu’il songeât à s’en soucier.

Ces bonnes dispositions ne l’empêchaient pas cependant de trouver un peu à redire au plan de Parapluie. Dans le coffre ? Pourquoi diable laisser son arme dans le coffre ? N’était-il pas préférable de l’avoir toujours à porté de main ? Dans un épais manteau comme le sien, elle pouvait se dissimuler aisément. Mais sans doute son camarade d’infortune n’était-il pas un assassin professionnel et il était probable qu’il n’eût pas la même facilité que lui à envisager froidement les détails pratiques d’une pareille opération.

Cela dit, l’heure se prêtait d’autant moins aux reproches que déjà Poubelle revenait vers eux. Ulysses hocha la tête et commenta d’un air dégagé :


« Bon, eh bien, parlez-lui. Je vais récupérer l’arme. Et puis, ce sera plus facile pour vous si c’est moi qui m’en occupe, sans doute. »

Derrière cet altruisme qui cherchait à éviter à Poubelle l’épreuve d’appuyer soi-même sur la gâchette pour signer l’arrêt de mort de celui qui semblait être, malgré tout, sinon son amant, du moins son ami, se cachait des calculs beaucoup plus rationnels de la part d’Ulysses : s’il y avait une arme, il préférait qu’elle se trouvât entre ses mains plutôt qu’entre celles de quelqu’un d’autre.

Après tout, l’hypothèse que Parapluie mentît n’était toujours pas entièrement exclu et mieux valait mettre tous les avantages de son côté en cas de complications. Et puis, si Parapluie ne se résolvait vraiment qu’avec peine à un si sérieux recours, il était probable qu’au moment crucial, sa main tremblerait, et il était aisé de rater de la sorte une cible même toute proche : il était impératif de mettre toutes les choses de leur côté.

Sans laisser guère à son interlocuteur le loisir de répliquer, et aider en cela par l’arrivée tonitruante de leur future victime, Ulysses extirpa les clefs du contact et tourna un regard neutre vers Poubelle.


« C’bon, du calme. J’descends. »

Ses talents de comédien étaient saisissants (et glaçants) précisément en cela qu’il n’essayait nullement d’en faire trop, de simuler l’enthousiasme, de se trahir par une innocence excessive : il avait conservé l’air de réticence méfiante qui avait été le sien depuis le début de l’équipée, si bien qu’il semblait véritablement que, dans la voiture, Parapluie et lui n’avaient discuté que de football américain.

Laissant au conducteur la charge de distraire son ami, l’adolescent entreprit de faire le tour du véhicule et, grâce aux clefs récupérées, d’ouvrir le coffre, à la recherche du fameux revolver.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptySam 24 Mar - 16:52

Ulysses sortit de la voiture au moment où Poubelle ouvrait la porte. Le garçon au bidon ne sembla nullement se méfier de lui. Cependant il fronça les sourcils en voyant le beau camarade maladif se diriger en sens inverse.

"Eh tu vas où ? C'est là-bas que ça s'passe Ul' ! Et j'en ai marre de cette pluie ! Arrête-la !"

Grommela-t-il en reprenant son bidon à deux mains. La voix plaintive et souffrante de Parapluie s'extirpa de l'habitacle, pour réaliser sa partie du plan.

"Al' ... tu ... peux venir ?"

Mais étrangement, Poubelle balaya cette requête d'un geste de main sale, quoique partiellement lavée par la pluie. Il gardait ses yeux porcins fixés sur Ulysses. Celui-ci avait ouvert le coffre. Il y trouva un petit sac de sport en cuir, vide à l'exception d'un objet qui pourrait tenir dans la main. Une fermeture éclair barrait l'accès à l'objet convoité. En outre, dans le coffre se trouvait un sac de clubs de golfe.

Mais l'odeur caractéristique et immonde de Poubelle planait très près du calme mais nauséeux Ulysses. Le gaillard s'avançait pour le rejoindre, et poussait la curiosité jusqu'à regarder ses faits et gestes.

"T'as un cadeau pour moi ?"

Susurra-t-il en souriant avec gourmandise. Les sens d'Ulysses chaviraient. l'envie de vomir commençait à presser sérieusement ses entrailles. Un premier spasme secoua son estomac.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptySam 24 Mar - 17:13

Ulysses avait assez regardé les séries télévisées d’espionnage à ses heures perdues pour savoir que les plans les mieux conçus ne se déroulent jamais comme prévu — il était donc peu probable que le bricolage un peu douteux de Parapluie tînt tout à fait la route. Il fallait agir avec rapidité et décision s’ils ne désiraient pas que les choses se compliquassent inutilement.

L’adolescent contourna Poubelle et, après avoir haussé les épaules, jeta négligemment :


« J’fais tomber la pluie, j’l’arrête pas. »

C’était du reste la stricte vérité. Il n’avait pas de mentor et ne pouvait pas non plus passer son temps à s’entraîner : il avait fallu faire des choix et il s’était concentré à ce qui lui paraissait le plus utile et le plus intéressant. Il ne doutait pas qu’un jour il pourrait éclaircir les cieux, mais cette compétence n’était pas pour l’heure en haut de sa liste des priorités.

Mais, à l’heure actuelle, ses capacités ne lui semblaient pas d’un grand secours. Bien sûr, il pouvait rendre la vie très, très difficile, pour quelques minutes, à Poubelle. Une petite tempête de neige personnalisée. Un tel exercice cependant, s’il pouvait s’avérer utile, demanderait beaucoup d’énergie — une énergie qu’Ulysses, dans son état, ne sentait que trop qu’il ne pouvait pas dépenser à la légère.

Cependant, il avait l’impression que Parapluie ne se débrouillait pas à merveille dans sa partie des opérations et que les dépenses dangereuses seraient bientôt à l’ordre du jour. Poubelle en effet semblait dédaigner tout à fait son vieux camarade pour accorder à ses actions une intention dont l’adolescent se fût très volontiers passé — tant parce qu’elle gênait ses mouvements que parce qu’elle faisait empirer son état de santé.

Ulysses porta une main à son ventre. Serrer les dents était une stratégie payante, mais elle ne le serait plus longtemps. L’hypothèse que Parapluie lui eût menti lui paraissait de seconde en seconde moins probable et, d’une certaine façon, il le regrettait amèrement. Sans avoir le loisir de fouiller plus avant le coffre, l’adolescent se retourna vers Poubelle.


« Moi, non, on vient d’se rencontrer. Mais Machin, là-bas, p’t’être. Cela dit, tu vois, l’principe d’une surprise, c’est qu’i’ faut pas regarder. »

Le jeune homme luttait contre l’envie de vomir purement et simplement aux pieds de son interlocuteur en guise de toute explication. L’idée que l’exécution de leur plan était le meilleur moyen de combattre la maladie qui progressait à une vitesse inquiétante dans son corps n’était pas d’une aide médiocre pour rassembler son courage et le pur et simple instinct de survie commençait à se réveiller.

« Donc, en fait, ce s’rait un peu mieux si t’allais voir Truc. Quand on est pas sage, on a pas de cadeaux. »

Ulysses s’échinait à conserver une certaine désinvolture et une hostilité latente dans ses paroles, à ne pas modifier en profondeur son comportement. Alors, comme si la présence de Poubelle l’indifférait, et qu’il tenait pour acquis le départ de son interlocuteur, fort de ses excellentes raisons, il se reprit sa fouille dans le coffre, palpant les sacs pour tenter d’en deviner les contenus, mais sans les ouvrir, pour ne pas dévoiler la supercherie.

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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyDim 25 Mar - 19:14

Poubelle fut conquis par les paroles d'Ulysses, un sourire s'épanouit bientôt sur son visage crasseux. Ses petits yeux semblaient toutefois scruter le mutant avec grande attention, comme s'il attendait un événement. Il se passa le bout de sa langue sur ses lèvres.

"Ok c'est de ça que vous avez parlé tous les deux les p'tits futés ! Bah moi je suis pas sage, en général !"

Fanfaronna-t-il. Ulysses devina la présence d'un revolver dans le petit sac en cuir. Quand au sac de golf, il contenait quatre clubs et sans doute des balles.

La voix sensiblement agonisante de Parapluie résonna à nouveau. Le rideau de pluie se fit plus fin. L'homme malade s'extirpa de la voiture et s'exposa aux éléments.

"Al', fais ce qu'il dit, viens ..."

Râla-t-il à l'adresse de son compagnon des bennes à ordures, en s'affalant à moitié contre le toit de la berline. Mais Poubelle avait toujours cette petite lueur joueuse dans le regard.

"Votre cadeau ira pas loin ! Moi je veux baptiser Ul' !"

Le météorologue, toujours les mains dans le coffre, sentit encore une série de spasmes allant crescendo. Son abdomen était tout rigide. Les effluves étaient insupportables. Mais s'il levait les yeux du coffre il verrait surtout Poubelle, à un mètre de lui, décalé d'un pas par rapport à la voiture, armer son bidon dans sa direction, dans l'attitude clair de l'asperger de son contenu.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptySam 31 Mar - 16:00

Le seul avantage de ces circonstances nouvelles devait être, sans doute, qu’à mesure que la situation se développait, Ulysses et Parapluie se trouvaient justifiés dans leur entreprise par le comportement de Poubelle. Ce qui, quelques minutes plus tôt, avait été encore un meurtre concentré de sang froid, prenait avec les minutes qui passaient les allures de la défense la plus légitime.

Ce n’était pas seulement que la voix, de plus en plus lointaine, de son complice soufflait à Ulysses que s’il n’agissait pas plus vite, Parapluie ne serait plus qu’un souvenir et qu’il se trouverait plus dépourvu que jamais devant son étrange adversaire, mais encore que ce dernier semblait passer à la limite supérieure et, à la perspective de se faire asperger d’un détergent industriel, le jeune homme était loin de pouvoir rassembler assez de compassion en lui pour excuser l’insouciante folie de Poubelle.

Cependant, dans la situation présente, il n’était que trop clair qu’il n’aurait jamais le temps d’ouvrir le sac de cuir, d’extraire le revolver, d’ôter la sécurité et de faire feu sur Poubelle, avant que celui-ci ou décidât de le baptiser à sa manière, ou réagît plus vivement encore à ses intentions qui, alors, ne seraient que trop claires. Il fallait agir vite et bien, mais certes pas selon le plan qu’ils avaient d’abord arrêté.

Quoiqu’Ulysses répugnât à laisser la situation entre les mains de Poubelle, il lui paraissait n’avoir guère d’autre choix. Séparé de Poubelle par la voiture, son acolyte aurait largement le temps de retirer l’arme du sac et de l’utiliser avant que le fou furieux ne s’en prît à lui. L’adolescent pour sa part devait gagner du temps, quelques secondes tout du moins — et bien entendu, rester en vie.

D’un geste vif, il attrapa le sac en cuir et le fit glisser sur le capot de la voiture en direction de Parapluie, avec la secrète crainte que l’homme ne fût pas en état d’exécuter sa part du nouveau plan. Puis, sans attendre que Poubelle s’interrogeât sur le contenu du sac ou, plus simplement encore, l’aspergeât pour de bon avec sa trouvaille, Ulysses fit un bon de côté, en s’éloignant de la voiture.

Ce qui avait le double avantage de rester, pour quelques secondes tout du moins, hors de portée des aspersions assassines et de détourner son agresseur de Parapluie, si toutefois il s’obstinait à le suivre — et puisque Poubelle n’avait aucune raison de soupçonner que le sac contînt autre chose que le cadeau qu’Ulysses avait promis, ce dernier espérait qu’il s’obstinerait à le suivre.

Cette partie de quitte ou double eût sans doute paru plus certaine à Ulysses s’il ne sentait pas la maladie faire en lui un progrès fulgurant. Son bond avait été à peu près le seul mouvement un peu vif dans il se sentît capable et, en cas que Parapluie manquât son coup, il ne se voyait guère en position de fuir à toute jambes les assauts d’un Poubelle qui, lui, semblait en parfaite santé.

Ce fut donc dans les dernières réserves d’énergie que le mutant puisa pour créer, entre lui et son nauséabond ennemi, une tempête de neige fort restreinte : le vent s’était brutalement levée, la pluie transformée en neige et la température, tout autour de Poubelle, chutait à une vitesse vertigineuse de plus d’une dizaine de degrés. Le vent, le froid glacial et la neige le ralentiraient peut-être — au moins formeraient-ils une protection contre le détergent.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyMer 4 Avr - 19:57

Ulysses saisit et envoya le sac glisser sur le toit trempé de la berline. Sans attendre l'éventuelle bonne réception par le chauffeur, le jeune mutant fit un bond de côté pour esquiver le contenu du bidon.

Fidèle à son intention première, Poubelle balança en effet une belle giclure de décapant industriel vers son ami. Mais avec le coffre ouvert et le bond de côté, sa cible lui échappait. Poubelle gardait un sourire bon enfant, comme si la partie de cache-cache se déroulait à merveille.

"Manqué ! Tu vas pas t'en tirer comme ça, j'en ai trouvé plein d'autres là-bas !"

Claironna-t-il, tandis qu'Ulysses peinait à rassembler la concentration nécessaire pour lancer son attaque. Comme il l'avait pressenti, le lancer et l'esquive lui avaient coûté un gros effort. La fièvre ankylosait ses membres, les frissons trahissaient la précarité de son équilibre. Il n'aspirait qu'à calmer les douleurs sourdes de son corps. Malgré tout, et avec l'énergie du désespoir, Ulysse convoqua son pouvoir mutant, abattant soudain un rideau de neige entre lui et l'homme des ordures. Poubelle poussa un cri effaré de surprise.

"Hé ça pèle ! Tricheur !"

Protesta-t-il en se frictionnant et en essayant de couvrir son visage de la neige cinglante.

Ulysses, fiévreux, entendit du mouvement du côté de Parapluie, qui extirpait quelque chose du sac. Le flingue. Il se mit en position de tir, les bras sur le toit de la berline, mais le coup tant attendu ne partait pas. D'un clin d’œil, Ulysses vit que son complice chancelait. Son teint cireux et ses yeux brillants de fièvre n'auguraient rien de bon. Pris d'un spasme, Parapluie ne put se retenir de vomir de l'autre côté de son épaule.

Quant à Poubelle, il claquait tellement des dents qu'il était impossible de savoir ce qu'il criait dans sa tempête localisée. Sans doute quelque chose comme "Arrête !!" et sûrement des injures populaires.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyMer 4 Avr - 20:25

Pendant quelques secondes, Ulysses eut l’illusion que le plan retravaillé finirait par fonctionner et que, bientôt, la maladie l’abandonnerait en même temps que la vie Poubelle. Mais c’était sans compter sur le manque de courage de Parapluie ou tout du moins sur ce que le jeune homme, peu disposé à trouver à son complice d’un instant la moindre des excuses, interprétait comme un manque de courage.

Il n’y avait pourtant pas besoin d’être dans une très grande forme pour appuyer sur une gâchette et, immobilisé comme il l’était par le fugace blizzard, Poubelle formait une cible facile : à cette distance, même le plus maladroit des tireurs, selon Ulysses, eût été capable de finir une bonne fois pour toute l’affaire. Tout ce qu’il fallait, c’était un peu de sang-froid.

En temps ordinaires, l’adolescent eût probablement attribué cette erreur de Parapluie à une vie trop confortable dans le luxe de la grande bourgeoise, à la mollesse d’âme qui naissait nécessairement, selon lui, d’une éducation trop délicate — malade ou non, Ulysses était peu compréhensif. Mais dans la situation présente, son manque d’empathie confinait au désintérêt le plus total : il avait bien d’autres chats à fouetter que de spéculer sur la psychologie de Parapluie.

Le jeune homme n’en était pas encore aux vomissements, mais il n’en avait certes plus que pour une ou deux minutes : la fièvre et les frissons progressaient à une vitesse surnaturelle dans son organisme. Il fallait agir et rapidement ; cette fois-ci, c’était le pur instinct de survie, plutôt que l’esprit de stratège, qui parlait en lui et une conclusion s’imposait dans toute son évidence : on n’était jamais mieux servi que par soi-même.

Ulysses abandonna donc sa stratégie de retraite et se précipita vers la voiture, vers Parapluie et vers le revolver. Enfin, il se précipita autant qu’il lui était possible et sans doute devait-il bénir le Ciel, pour une fois, d’avoir été élevé à la dure. Ne pas écouter un corps qui souffrait, il savait ce que c’était et, même s’il avait conscience que ses efforts ne pourraient pas aller beaucoup plus loin, il n’avait d’autre choix que de tenter sa chance.

Après tout, s’il ne faisait rien, Poubelle reprendrait le dessus et il mourrait. S’il tentait quelque chose, il pouvait échouer et mourir, mais il restait une chance, peut-être infime, de réussir. Tout à gagner, rien à perdre en quelque sorte : c’était largement suffisant pour se lancer à corps perdu dans cette dérisoire mais décisive bataille.

Ce faisant, son attention s’était tout à fait détourné du microclimat qu’il avait créé autour de Parapluie et son contrôle sur les conditions atmosphériques s’était relâché : il avait besoin de la maigre énergie qu’il y eût dépensée pour parcourir le plus vite possible les quelques mètres qui le séparaient de Parapluie et de l’arme. L’heure n’était plus aux raffinements des diversions.

Autour de Poubelle, le climat commençait à reprendre sa course normale. Fort heureusement pour les deux malades, la soirée était pluvieuse, fraîche et venteuse, de sorte que le blizzard se dissipait plus lentement qu’il ne l’eût fait dans la canicule de l’été — mais il n’y avait là une différence que de quelques secondes, qui ne laissait aucune place pour l’erreur ou l’hésitation.

Mètre après mètre. Jamais course ne lui avait semblé plus longue. L’esprit aussi vidé par la concentration obstinée qu’il l’était par la fièvre, Ulysses progressait sans plus prêter la moindre attention à son environnement : quoi qu’il pût se passer, il n’avait qu’une seule chose à faire, qu’un seul recours, qu’une seule solution. Et s’il échouait, il ne pouvait qu’espérer que Parapluie se reprît et fît enfin feu — un espoir qui lui paraissait plus lointain encore que la voiture elle-même.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyMer 4 Avr - 20:58

N'écoutant que son brûlant instinct de survie, Ulysses relâcha son pouvoir et se précipita avec ses forces vacillantes jusqu'au poste de Parapluie. Il eut l'impression que le sol se dérobait sous lui à chaque pas, sous l'effet de la fièvre, mais il parvint à son but alors que Parapluie s'affalait au sol. Le gaillard s'était remis à tousser, après les vomissements.

Poubelle poussait vraiment des cris de rage, cette fois. Mauvais perdant, il invectivait Ulysses en pestant. Le malade atteignait enfin le précieux revolver, qui avait bien failli, dans la chute de Parapluie, glisser lui aussi par terre.

Ulysses, trempé par la pluie et noyé sous les injures du blond crado, mettait l'arme entre ses mains. L'arme qui semblait peser une tonne ! Et qui glissait à cause de la pluie ...

La silhouette de Poubelle était là, de l'autre côté du véhicule, ruisselante et encore frigorifiée. Des flocons encore intacts dans ses cheveux gras. Son expression avait changé, il était stupéfait de voir ce que tenait Ulysses entre ses mains. Cela le laissa sans voix. Ulysses eut une remontée acide. Un mélange de bile et de sang s'écoula dans sa bouche, soulevant un haut-le-cœur.

Accroché à son arme, le jeune homme puisa dans son sang froid et appuya sur la gâchette. Parapluie n'avait pas entièrement perdu son temps, l'arme était prête à tirer.

Un coup de feu retentit sur la décharge. La lourde masse de Poubelle tomba à terre, et disparut de l'horizon trempé et métallique d'Ulysses.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyMer 4 Avr - 21:15

Ulysses avait beau être un sportif, il avait beau avoir l’habitude de courir, de se battre, de rejeter les douleurs du corps loin derrière la volonté de l’esprit, il sentait que ses forces l’abandonnaient. S’il ne renonçait pas, c’était l’effet moins d’un vague espoir que d’une obstination profonde, que de la force vitale qui était la sienne, parfois brutale, froide, insensible au monde extérieur, mais indomptable et qui laisserait la chair mourir avant de s’éteindre elle-même.

Le jeune homme sentait son corps lui échapper. Il eût préféré encore des fractures. Un os brisé ne mentait pas, ne trompait pas, il n’était pas l’insidieuse et imprévisible montée d’une fièvre — c’était une chose simple et fiable avec laquelle l’on pouvait composer. Mais la grippe surnaturelle qui se développait en lui était un ennemi trop fuyant et trop insaisissable pour lui et le tempérament dominateur de l’adolescent s’y heurtait à un mur.

Il lui sembla qu’une éternité avait séparé le début de sa course de l’instant où ses doigts se posèrent en tremblant sur l’arme. Ce qui se passait autour de lui, il l’ignorait. Il n’entendait pas les invectives de Poubelle, ni la pluie battre sur le toit de la voiture, ni, au loin, le vent qui agitait les arbres. Son esprit progressait brutalement, d’étape en étape, abstraction faite de tout ce qui ne servait pas son projet unique, comme le sang par grand froid se retire de tout ce qui peut être sacrifié parmi les membres du corps pour ne nourrir plus que les seuls organes vitaux.

Si Ulysses n’avait pas appris à chasser depuis son plus jeune âge, s’il n’avait pas eu avec les armes à feu une familiarité intime et un peu sauvage, sans doute eût-il été incapable, dans son état, de viser correctement, d’appuyer sur la gâchette. Ses gestes purement mécaniques puisaient dans le fond informulé de son éducation, une éducation déficiente, pauvre et cruelle parfois, mais qui, ce soir-là, lui sauvait la vie.

Le coup de feu partit — la détonation retentit dans la pluie. Ulysses n’avait pas fait dans le détail : la tête, c’était ce qu’il avait visé. Il n’avait pas songé à immobiliser Poubelle ou bien à faire de lui un cadavre présentable avec une rose de sang sur la poitrine, il ne s’était pas soucié de la réaction de Parapluie quand, plus tard, il découvrirait le visage explosé de celui qui avait été, malgré tout, son ami. Pas de demi-mesure.

A bout de forces, le jeune homme laissa le revolver tomber sur le sol boueux. Il n’avait pas l’énergie pour tirer un second coup et de toute façon, si Poubelle avait survécu au premier, c’était qu’aucune des balles que l’arme pouvait encore tirer ne serviraient à rien. Ulysses n’avait plus la force de se battre et plus la force de s’enfuir : si la bataille n’était pas finie, alors il l’avait perdue.

Sans le vouloir, il s’adossa à la voiture et se laissa glisser le long de la portière. Dans le ciel nocturne, les nuages commençaient à se fragmenter ; les gouttes d’eau s’espaçaient et bientôt, peut-être, il cesserait de pleuvoir. Assis dans la boue, Ulysses observait, sans pouvoir faire autre chose, ce spectacle familier, qui résonnait en lui plus qu’en aucun être humain.

Péniblement, il détacha les yeux de ce qui avait toujours constitué pour lui le tableau de son être et tourna le regard vers Parapluie, songeant à moitié que, peut-être, son intervention avait été malgré tout trop tardive et que la maladie avait emporté l’homme avant que la mort de Poubelle ne pût le sauver.

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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyJeu 5 Avr - 14:37

Après la terrible scène, Ulysses se laissa sombrer. Il n'y avait plus aucun mouvement ni bruit du côté des deux autres personnages de ce pluvieux tableau. Il s'écoula ainsi de longs instants, qu'Ulysses avait du mal à mesurer, tant la fièvre le plongeait dans un semi-délire. Seule lueur au bout du tunnel, le brasier dans son abdomen semblait s'estomper. Son malêtre général ne s'aggravait pas. Mais si les nausées fulgurantes refluaient, une oppression de la poitrine et des quintes de toux indiquèrent que l'exposition prolongée aux éléments, sans autre protection que tee-shirt et pantalon, avait également porté ses coups.

Dans son état, Ulysses faisait mal la différence et son corps n'aspirait qu'à la paix. Il était trop faible pour se mouvoir. Sa conscience vacillait, entretenue seulement par la douleur sourde et indéchiffrable.

L'ouïe voilée du jeune lui fit néanmoins percevoir l'arrivée proche d'un véhicule. Les graviers qui avaient crissé sous les pneus de la berline empuantie bruissèrent à nouveau. Ulysses n'était conscient qu'à intermittence. Un claquement de portière. La pluie heurtée sur un parapluie mobile.

Quand le son lui parvint à nouveau, ce fut sous forme de paroles formulées par une voix grave, douce et chaude. Une voix ronde appartenant à un homme Noir corpulent au fort accent de l'ouest ... africain.

"... on Dieu ... C'est toi Ulysses ? Tu m'entends ? Tu peux marcher ?"

L'individu tendit le parapluie au dessus d'Ulysses, s'accroupit et observa derrière ses lunettes épaisses l'état du garçon.

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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyJeu 5 Avr - 14:53

Ulysses avait l’impression que ses pensées s’éparpillaient comme dans le ciel les nuages ; dans son esprit émergeaient des problèmes qui ne trouvaient pas de solutions, des instincts informulés, de vagues murmures de sa conscience. La tête appuyée contre la portière de la voiture, renonçant à distinguer Parapluie, dont le corps s’était effondré près du sien, mais que l’avant du véhicule lui dissimulait à moitié, il avait reporté son attention vacillante sur les nuages.

Il se sentait souffrant encore, mais il avait l’impression confuse que cette maladie était fort différente de celle qui, quelques secondes plus tôt, ravageait son organisme : certaines sensations s’étaient dissipées et puis, il sentait son malaise plus naturel, il y retrouvait les souffrances habituelles d’un mauvais coup de froid, de l’épuisement — quelque chose de compréhensible, enfin.

C’était une maigre consolation. Si ses affaires s’étaient considérablement arrangées, elles n’en demeuraient pas moins catastrophiques. Souffrant comme il l’était, il courait le risque de sombrer dans un sommeil proche de l’évanouissement et, peut-être, de ne s’en réveiller jamais — les nuits étaient fraîches en cette saison et son corps ne serait peut-être pas capable de supporter un nouveau choc.

Mais il y avait plus grave encore, peut-être. Quand bien même serait-il en mesure de s’extirper de sa maladive torpeur, le combat improbable qu’il venait de livrer ne serait pas sans conséquence. Poubelle était mort manifestement et Parapluie l’avait peut-être précédé dans la tombe. La perspective d’avoir tué un homme ne bouleversait guère Ulysses, mais son indifférence émotionnelle ne l’empêchait pas d’envisager les aspects pratiques de la situation.

Et ce qu’il voyait, c’était qu’il était entouré de deux cadavres, ou bien d’un cadavre et d’un mourant, et que les explications seraient difficiles à fournir. Quelqu’un finirait forcément par passer dans cette décharge à ciel ouvert. Si Parapluie était le fils d’un riche dirigeant de laboratoire, on le rechercherait. On les avait vus ensemble peut-être. Tout cela ne pouvait que mal tourner pour lui.

Mais ces problèmes avaient beau se présenter de manière persistante à son esprit, sa raison affaiblie ne parvenait pas à trouver des solutions. Tout génial qu’il fût, l’épuisement l’empêchait d’établir la moindre stratégie. Il essaya de se lever, sans succès, et retomba dans la boue avec une quinte de toux.

Son esprit commença à s’abandonner à la fatigue et sans doute l’adolescent eût-il sombré dans l’inconscience si une nouvelle voiture ne se fût pas approchée et si les sons inconnus, en réveillant son instinct de survie, encore stimulé par les derniers événements, ne lui eussent pas intimé de se tenir en éveil et de parer à toutes les éventualités.

Alors que l’inconnu s’approchait, Ulysses fouilla machinalement de la main le sol à côté de lui, à la recherche de l’arme qu’il avait laissée tomber dans la boue mais, soit que la fièvre entravât ses mouvements, soit que le revolver fût tombé hors d’atteinte, il ne sentit rien d’autre que la boue, les graviers, des brins d’herbe éparses.

Fort heureusement, l’inconnu ne semblait pas animer d’intentions hostiles. Méfiant malgré tout (car enfin, Poubelle avait eu les airs les plus amicaux du monde), Ulysses fit péniblement le point pour distinguer le visage de son nouvel interlocuteur et finit par murmurer d’une voix un peu rauque :


« C’con. Comme question. Tu m’entends. Si j’vous entends pas, j’peux pas vous répondre. Ca sert à rien. »

Les derniers événements ne l’avaient certes pas aidé à cultiver son sens défaillant de la diplomatie. Sans prendre la peine de répondre à la seconde question de l’inconnu, tant il lui semblait évident que non, il ne pouvait pas marcher, il enchaîna faiblement :

« V’z’êtes qui d’abord ? Un autre malade venu pour m’tuer ? Prenez un ticket. »
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyJeu 5 Avr - 15:48

"Ça sert pour te faire réagir, et ça marche."

Expliqua l'homme avant de se pencher vers Parapluie pour lui sortir la tête de la surface boueuse du sol.

"Je crois qu'il faut vous amener très vite au dispensaire tous les deux. Je suis représentant d'une sorte d'école pour mutants et je viens te proposer mon aide. Pour maintenant, et pour après. Je n'ai pas pu venir plus tôt je suis désolé."

D'un geste expert, il apposa sa main libre contre la gorge de Parapluie.

"Il est très faible mais vivant. Je l'amène à ma voiture. Toi tu attends ici." S'obstinait-il.

Sa voix semblait habituée à donner des directives à la fois claires, douces et fermes. D'ailleurs il cala le parapluie pour protéger vaille que vaille Ulysses, et s'occupa de relever et porter le corps sans doute lourd de Parapluie, toujours inerte.

Les pas de l'Africain s'éloignèrent dans un clapotis régulier et pressé, vers l'autre côté du portail de la décharge. Ulysses crut vaguement apercevoir son revolver là où s'était trouvé un pan du manteau de son infortuné camarade.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptySam 7 Avr - 15:46

En guise de nouvelle réaction, Ulysses produisit un grognement incompréhensible. En temps normal, il se fût mis à décortiquer la situation, mais il fallait bien reconnaître qu’en l’occurrence, il n’en avait ni l’énergie ni l’envie. On cherchait à le faire réagir — très bien : il n’allait pas se poser plus de questions que cela. Les événements improbables avaient assez rythmé sa journée pour qu’il ne s’interrogeât pas plus.

Le jeune homme se contentait donc de suivre l’inconnu du regard, vaguement, plissant parfois les yeux, comme si cela pouvait l’aider à éclairer une vision troublée par la fatigue beaucoup plus que par la distance. Ulysses avait un peu de mal à croire au bon samaritain : c’était une attitude fort éloignée de son propre caractère et, surtout, il n’en avait pas croisé beaucoup dans son existence.

Pourtant, Lunettes était presque convaincant. La sollicitude dont il faisait preuve à son égard, à l’égard de Parapluie, la façon entendue dont il prenait le pouls de son camarade d’infortune, le ton de sa voix, son regard et jusqu’à son discours trouvaient en Ulysses un certain écho, sans doute parce que l’adolescent était beaucoup trop fatigué pour verser dans son méfiance ordinaire.

De toute façon, il n’avait guère le choix. Soit il se laissait secourir par Lunettes, soit, en admettant qu’il pût l’empêcher de rien faire, il mourrait probablement de froid, de faim ou d’épuisement adossé à la voiture de Parapluie dans les heures à venir. Alors que les intentions de Lunettes fussent effectivement louables ou non, cela ne changeait pas grand-chose à sa décision.

Alors, quand Lunettes partit avec son fardeau en l’abandonnant sous son abri de fortune et quand Ulysses aperçut le revolver non loin de lui, il n’esquissa pas de geste pour s’emparer de l’arme. Dans son état, il doutait de pouvoir rien faire de décisif et puisque Lunettes avait pu embrasser la situation du regard en arrivant, nul doute qu’il avait aperçu l’arme également et qu’il l’avait laissée en la jugeant sans intérêt ; puisqu’il s’estimait assez protégé, mieux valait ne pas tenter le diable.

Ulysses essaya donc plutôt de combattre sa migraine en songeant tant bien que mal à ce que lui avait affirmé l’étranger. Une école pour mutants. Une sorte d’école, plutôt, avait-il dit. En quoi cela pouvait-il bien consister ? Sans doute l’organisation, si elle existait vraiment, avait des moyens, pour envoyer ainsi un homme à sa poursuite (ou son secours, ou à celui de Parapluie, il ne savait pas très bien).

Or, des moyens, c’était précisément ce dont Ulysses sentait qu’il allait bientôt manqué. Avec un cadavre dans le placard, ses perspectives d’avenir sans aide extérieure était plus que limitées et il avait soudain un besoin cruel de protection. Ce genre d’incidents était peut-être fréquents ou tout du moins les mutants se retrouvaient-ils sans doute des situations délicates. C’était du moins ce que tendait à suggérer le professionnalisme de Lunette.

Alors peut-être cette arrivée était-elle réellement providentielle et peut-être Lunettes venait-il lui offrir un abri bien plus solide et durable que ce parapluie ? Ulysses poussa un long soupir. Il espérait seulement que ce n’était pas vraiment une école.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptySam 7 Avr - 16:31

Le gros Black surnommé Lunettes par le malade revint bientôt, ses pas lourds clapotant sur le sol boueux. Il ne s'inquiéta en effet pas du revolver et aida Ulysses à se relever en le calant contre sa douillette épaule. D'un bras il le soutenait, sans trop de difficulté physique, de l'autre, il tenait son parapluie. Il se hâta de regagner son véhicule, une citadine blanche ornée de l'écusson d'une célèbre marque de loueur de voiture.

Il installa Ulysses sur le siège passager avant, lui passa la ceinture de sécurité réglementaire. Parapluie était assis derrière, la tête pendante contre le dossier, toujours inconscient et la face boueuse.

La porte claqua et Lunettes s'installa, son corps couvrant entièrement son siège dans la largeur. Il devait être un peu à l'étroit. Il essuya son front et ses joues rebondies avant de regarder Ulysses derrière ses lunettes.

"J'espère retrouver le chemin du retour. Tu peux faire le co-pilote ? ... Ou juste me tenir la carte, ça ira."

Il mit sur les bras d'Ulysses une carte routière gribouillonnée et mit le contact. Il opéra le demi-tour. La petite voiture de ville épargnait moins les passagers que la confortable berline.

"Tu tiens le coup ? J'imagine que c'est toi qui a tiré sur ce ... cette troisième personne, de l'autre côté de la voiture. Mon Dieu, j'ai failli vomir. On aurait dit ... enfin elle était toute décomposée."

Il marmonna quelques paroles choquées à un certain Dieu. D'un vif coup de volant, il engagea le véhicule sur le sentier obscur et toujours aussi pluvieux.

"Tu veux me raconter ce qu'il s'est passé ? Malgré ce que tu vois, je m'appelle Lily-Rose Donowho, membre des X-Men, directrice de l'école dont je t'ai parlé. Une école un peu spéciale. Nous venons de faire tomber les Pères Fondateurs."

Il esquissa un sourire et un bref regard à Ulysses. Les essuie-glace battaient furieusement la mesure.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptySam 7 Avr - 21:03

Ulysses se laissa faire sans opposer la moindre protestation ni le moindre mouvement de réticence. De toute façon, il n’était pas trop en état de faire une démonstration de fierté mal placée en tentant de marcher tout seul et il était beaucoup trop content d’avoir un peu de soutien sur les quelques mètres qui le séparaient de l’automobile pour émettre la plus petite objection à cette main secourable. C’était un changement bienvenu après ses péripéties avec l’infortuné Poubelle, qui gisait encore dans la boue.

Et manifestement, il était condamné à y rester quelque temps encore, car Lunettes ne semblait pas décidé à faire disparaître le cadavre. Ni le revolver d’ailleurs. Un revolver couvert d’empreintes. Pendant une fraction de seconde, l’esprit tordu d’Ulysses se réveilla de sa torpeur pour envisager l’improbable hypothèse que c’était à dessein que Lunettes laissait l’arme et le corps en évidence, pour que la police le recherchât et qu’il fût ainsi contraint d’accepter son aide.

Puis la paranoïa, bien trop fatigante pour lui, rejoignit un recoin de son cerveau et le jeune homme décida simplement que tout cela n’avait plus guère d’importance. Se retrouver au sec dans une voiture, peu importe la marque et le standing, était tout ce qu’il demandait pour l’instant et, effet psychologique ou amélioration réelle, il se sentait déjà un peu mieux. Il lui sembla que la portière en se refermant coupait les liens qui l’attachaient avec les sinistres événements qui venaient de se dérouler dans la décharge publique.

Se calant un peu plus confortablement dans son fauteuil, Ulysses répondit par une quinte de toux à la première question de Lunettes, mais s’empara malgré tout de la carte pour l’examiner. Il se sentait encore un peu fiévreux, mais enfin, ce n’était pas la première fois qu’il restait dehors sous la pluie, et comme les effets du pouvoir de Poubelle et l’anxiété achevaient de se dissiper, l’adolescent reprenait, à défaut de son énergie physique, ses esprits.

En regardant les gribouillis qui couvraient la carte, il marmonna donc :


« Ca va, ça va. »

Une fois de plus, il faisait montre d’une indifférence un peu étrange à ce qui lui arrivait. Comme jadis dans la voiture de Parapluie, il n’avait pas l’air de s’étonner de l’enchaînement des événements et ne se pressait pas pour assaillir son nouvel interlocuteur de questions. Ce fut cette même indifférence qui guida sa nouvelle réponse :

« Ouais. Poubelle. Enfin Al. Ou Bob. J’sais plus. Une espèce d’arme bactériologique à lui tout seul, complètement taré. On a failli crever, l’autre et moi. »

Pour quelqu’un qui venait de tuer un homme, Ulysses n’avait pas l’air très perturbé, c’était le moins que l’on pût dire. Comme il ne savait pas exactement vers où il était censé guidé son chauffeur, le jeune homme finit par orienter la carte vers Lunettes, abandonnant toute tentative de déchiffrer les annotations hiéroglyphiques dont elle était couverte.

L’adolescent esquissa un sourire quand l’étranger se présenta et haussa les épaules.


« J’connais un type de cinquante ans qui s’appelle Josianne et qui bosse dans un bar transformiste. Chacun fait c’qu’il veut. »

Pas une seconde il n’avait envisagé que Lily-Rose pût être non un travesti mais une métamorphe. Après quelques secondes passées à fixer machinalement les essuie-glaces et leur mouvement hypnotique, Ulysses se décida enfin à accéder à la raquette de son interlocutrice et à raconter les événements récents.

« Je rentrais de cours et, comme il commençait à pleuvoir, j’ai décidé de couper par une rue transversale. Je suis tombé sur le type de derrière, là, Parapluie, qui extirpait le type mort d’une poubelle. Poubelle était couvert crasse, mais surtout, complètement fou. Du genre, psychose euphorique. Parapluie, lui, semblait très anxieux. Désireux de l’emmener quelque part.

Je me suis approché et comme Parapluie m’a dit de dégager, je suis resté. On est monté dans leur voiture, on est venu ici. Deux mutants, à ce qu’ils disaient, indépendants si j’ai bien compris. Parapluie est le fils d’un directeur de laboratoire pharmaceutique. Il droguait Poubelle, pour le contrôler je suppose. Ils avaient été amants ou amis, difficile à déterminer.

Bref, on arrive, Poubelle sort de la voiture pour ouvrir la grille, Parapluie me dit que Poubelle est dangereux, qu’on est tombé malades à cause de lui et que, à moins de le tuer, non seulement on va mourir, mais en plus l’autre va répandre la peste dans les quatre coins du monde. Ca semblait un peu farfelu au premier abord, mais vu l’état de Parapluie et la vitesse à laquelle j’étais en train de tomber malade, l’évidence s’imposait d’elle-même.

Si la solution de Parapluie était la seule possible ou non, je ne sais pas. J’avais pas trop le temps de chercher. Bref, comme je vois que Parapluie ne sera peut-être pas d’attaque pour asséner le coup fatal, je sors, je vais chercher l’arme dans le coffre, et là Poubelle s’approche de moi avec du détergent industriel pour me baptiser, je crois. Je vois que je n’aurais pas le temps de tirer, je lance l’arme à Parapluie et je m’éloigne en tentant de retenir Poubelle.

Parapluie s’effondre sans tirer, je cours pour rattraper l’arme, je tire sur Poubelle et puis là, un peu après, vous arrivez. C’est tout. »


Il n’eût pas raconté sa journée de cours très différemment. Il s’abstenait soigneusement de donner à son interlocutrice tout aperçu de sa psychologie, de ses réflexions à tel moment de l’aventure, comme s’il désirait ne lui offrir que les événements, la matière brute du récit. Par instants, sa syntaxe, prenant de l’ampleur, trahissait une intelligence organisatrice et conceptuelle beaucoup plus redoutable que ne le laissaient paraître ses faux airs d’adolescent bourru — mais, quoi qu’il en fût, Ulysses n’était manifestement pas du genre à pleurer sur l’épaule de Lily-Rose.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyDim 8 Avr - 11:35

Ulysses observa la carte, dont la zone entre Philadelphie et le Delaware était entourée. Dans un espace blanc, écarté des routes principales se trouvaient une croix, les lettres "déch", une flêche sinueuse qui épousait les courbes des routes secondaires. Deux H entourés étaient indiqués dans la région, le Crozer-Chester Medical Center à Upland (entouré et souligné) et le Barkley Beaver Emergency Center dans le Delaware. Les numéros de téléphone et adresses étaient griffonnés. De ces deux "H" partaient d'autres flèches en pointillés qui filaient vers le sud de la carte, indiquant un grand W entouré à leur bout.

Diverses informations figuraient sans pitié sur la carte, outre le numéro de téléphone de EasyRent :
Citation :
W -> HCC = 122m~ 2h30
W -> HBB =116m~"
(!) ULYSSES JOYCE malade +1 >> Médoune

D'autres lettres et chiffres ou écritures indéchiffrables figuraient ici et là le long des axes.

"Nous allons au Centre médical Crozer-Chester, près de Philadelphie."

Expliqua le Noir, qui esquissa à peine une moue amusée aux propos du garçon sur son ami Josiane.

"Ce n'est pas exactement ça, tu verras plus tard. Je suis une mutante comme toi et ce jeune homme."

Lily-Rose regarda un bref instant Ulysses devant la plate froideur de son récit. Elle trouvait étrange sa désinvolture, tout autant que cette histoire sans queue ni tête. Enfin elle devait admettre que le "corps" putréfié qu'elle avait vu près de la voiture pouvait correspondre à la définition d'un mutant bactériologique. Dieu ait son âme, même si aux dires d'Ulysses, l'âme était aussi polluée que le corps.

"Tu appelles toujours les gens par ce genre de surnoms ?"

Demanda le grand Black en peinant à attribuer les bonnes étiquettes pour suivre le fil du récit. Mauvaise mémoire, désinvolture ou mépris de la part d'Ulysses ? Le Black fronça légèrement les sourcils.

"Si je comprends bien, je dois vous remercier tous les deux, et en particulier toi pour votre acte qui a probablement sauvé de nombreuses vies." Résuma Lily-Rose, qui n'en était pas au stade d'envisager une alternative à celle opérée par les deux garçons. "Mais ce que je ne comprends pas, c'est ce qui t'a poussé à t'en mêler ? Tu as suivi de parfaits inconnus, tu es monté dans une voiture avec un homme sorti des poubelles ... tout ça pour échapper à la pluie ?"

Mask était plutôt satisfaite bien sûr d'un jeune homme qui se montrait curieux, intrépide, et visiblement intelligent. Mais ce qui lui échappait, c'était le mobile, et le détachement total emprunté par Ulysses. Sans doute aussi le gamin était-il sous le choc de cette soirée ...

"Est-ce que ce ... Parapluie t'a menacé ? Il t'a forcé à l'aider dans cette entreprise extrêmement dangereuse ?"

Enfin la voiture quitta le sentier gravillonné pour s'engager sur une route secondaire, apportant un peu plus de calme aux passagers.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyDim 8 Avr - 12:25

Le voyage avec Lily-Rose était indubitablement plus agréable que ne l’avait été celui avec Parapluie et Poubelle. Au moins son interlocutrice prenait-elle la peine de lui indiquer ce qu’ils allaient faire et ses projets semblaient, d’ailleurs, parfaitement raisonnables — une chose à laquelle Ulysses commençait à ne plus être habitué. Il espérait simplement que la police ne les précéderait pas à l’hôpital.

D’après ce qu’il avait compris de la carte, les premiers soins ne seraient qu’une étape dans leur trajet. Toutes les lignes de la carte partaient de ce W qui n’était, finalement, pas très mystérieux : Lily-Rose n’avait de cesse d’évoquer sa fameuse école et Ulysses supposait qu’il s’agissait là de son emplacement. Un sacré voyage, en somme, qui se préparait, et l’adolescent était soulagé de constater que son chauffeur était d’humeur plus causante que le précédent.

Il lui jeta un coup d’œil en pied, quand elle balaya son histoire de travestis. Il fallait bien avouer que pour un travesti, il ne faisait pas beaucoup d’effort : à part le prénom, il n’y avait rien de très féminin chez lui. Puisqu’il venait de mettre les pieds dans un univers où tout le monde faisait tout le temps des choses étranges, le jeune homme passa à l’explication de secours : elle créait des illusions ou se métamorphosait. Un pouvoir bien plus utile que celui de faire tomber la pluie, à son humble avis.

Il secoua la tête à la question sur les noms.


« Juste qu’ils n’étaient pas très disposés à se présenter. J’ai fait avec les moyens du bord. »

D’un geste de tête, il désigna le passager arrière par dessus son épaule.

« On peut fouiller dans son portefeuille, sinon, si vous voulez. »

Difficile de déterminer s’il était sérieux ou non. Après tout, un adolescent qui venait de d’abattre un homme et ne semblait pas plus bouleversé que cela par son aventure ne devait pas être du genre à reculer quand il s’agissait de parcourir les effets personnels d’un étranger en profitant de sa faiblesse. Il n’esquissa cependant aucun mouvement qui mît son projet à exécution.

De la même façon que son meurtre le laissait de marbre, il ne parut pas très sensible aux remerciements de Lily-Rose. Aux nouvelles questions de sa conductrice, il se contenta d’abord de hausser les épaules puis, le regard tourné vers la vitre, observant le paysage, il répondit d’une voix un peu lointaine.


« Pas pour échapper à la pluie, non. Il ne m’a pas forcé non plus. Juste, je m’ennuyais. »

Il n’était pas nécessaire d’avoir fait de longues études de psychologie pour deviner qu’une personnalité qui s’engageait dans les aventures les plus douteuses pour tromper son ennui n’était ni la plus stable, ni la plus rassurante du monde.

« J’avais pas prévu que ça finisse comme cela, cela dit. »

En vérité, il n’avait tout simplement rien prévu du tout, se contentant de se laisser porté par la suite des événements.

« Peut-être qu’il y avait d’autres moyens. Des moyens préférables. Mais le temps manquait pour les explorer. »
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyDim 8 Avr - 22:50

Lily-Rose balaya la proposition de fouille d'un geste de sa main noire potelée.

"Non non, ce n'est pas nécessaire."

La doyenne n'avait aucune envie de se mêler des affaires de ce jeune adulte, fils d'un directeur de labo ou autre. Ce qu'il s'était passé dans cette décharge la dépassait un peu. Elle comprenait qu'il s'agissait malheureusement d'un mutant incapable - que ce soit par nature ou par mauvaise volonté - de s'adapter à la vie sociale. Son ami - ou amant, peu importait - avait pris une décision radicale et sans doute douloureuse. Ulysses s'était retrouvé embarqué là-dedans. Cela aurait des conséquences si le jeune adulte évanoui mourait bel et bien. Mais un coup d’œil dans le rétroviseur confirma que son teint semblait déjà moins jaune.

"Je comprends ... tu as vu une opportunité de te distraire. Tu aspires sans doute à une vie un peu plus trépidante que celle d'un lycéen ordinaire. Et puis c'était peut-être pour toi une chance d'utiliser ton pouvoir de manière plus ... extra-ordinaire."

Résumé généreusement Lily-Rose, qui pensait que le garçon avait un instinct de survie assez long à la détente. Mais ce qui la dérangeait c'est qu'Ulysses combinait le caractère de tête-brûlée avec un détachement glacial. Etait-il désabusé ou seulement fanfaron ? La voix du Noir était douce, mais le ton direct.

"Tu as tué un homme de sang froid. J'entends bien tes justifications. A ta place il est possible que j'aurais fait la même chose. Mais ne crains-tu pas l'avenir ?"

Elle ne précisa pas davantage sa question, se contentant de poser un regard placide sur le jeune garçon.
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyDim 15 Avr - 12:52

Ulysses avait beau n’être pas tout à fait en accord avec le reste de la société dans le domaine de la morale et ne pas partager intuitivement les devoirs que chacun estimait avoir, il n’en était pas moins capable de deviner lorsque son comportement présentait, pour une autre personne, des aspérités notables, des difficultés insolubles, une part d’ombre trop importante.

Sans doute n’avait-il jamais reçu, comme bien des jeunes gens issus des classes les plus populaires des Etats-Unis, toute l’attention médicale qui eût été nécessaire — aux yeux de la société du moins — pour mieux cerner ses désordres psychologiques, mais si ses professeurs, et les autres adultes responsables qu’il avait pu croiser au cours de son existence, ne disposaient pas toujours des mots et des concepts appropriés, ils n’avaient pas manqué cependant de sentir un problème et de le décrire avec maladresse, à défaut de pouvoir le résoudre.

Alors l’adolescent percevait dans l’intonation de Lily-Rose cette très légère inflexion de la voix qui trahissait le début des soupçons. Peut-être, bien sûr, n’était-ce que sa paranoïa qui refusait surface et le portait à interpréter, au-delà du raisonnable, les signes qu’il percevait ; peut-être supposait-il à la mutante une approche plus rationnelle de la situation que ne l’avait été celle de Parapluie, et donc un peu plus de clairvoyance psychologique.

Il était trop fatigué cependant pour prendre son visage d’acteur et tenter d’abuser Lily-Rose avec un personnage de composition, pour dissiper ses doutes. Ordinairement, il eût sans doute mimé le lent effritement d’une assurance fanfaronne qui laisserait finalement paraître une sensibilité bouleversée et craintive, déployant son interprétation comme une araignée patiemment déployait ses pièges. Mais tout cela demandait plus d’énergie qu’il n’en avait pour l’heure.

Reportant à nouveau son regard sur les dernières gouttes de pluie qui, dehors, s’échappaient de la grisaille du ciel, il se contenta donc de répondre avec une sincérité un peu lasse :


« Non. »

Il n’était à vrai dire pas très certain de savoir intimement ce que cela pouvait être, la peur, tant ce nécessaire secours de la vie humaine lui avait toujours échappé. Il n’avait pas à la surmonter, il n’était donc pas courageux : simplement un peu indifférent.

« Je suppose que la police pourrait se mettre à ma recherche. Il faudra que je prenne des dispositions. »

A nouveau, il envisageait les choses avec une placidité rationnelle et ne semblait pas un instant avoir songé que la peur qu’avait évoqué Lily-Rose n’avait rien de si concret, qu’un être humain normal pouvait, simplement, avoir peur d’un geste déjà commis, peur de soi-même, peur de ne pas pouvoir dormir la nuit et de découvrir, dans les yeux du reflet, dans le miroir, une ombre nouvelle qui la veille n’y était pas.

« Je suppose que vous êtes là pour ça. Comment m’avez-vous trouvé ? Et pourquoi ? »
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MessageSujet: Re: 01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi.   01.02/14.C. Philadelphie — Toute la pluie tombe sur moi. - Page 2 EmptyDim 22 Avr - 18:14

Au moins le garçon ne manquait pas de franchise, songea Lily-Rose avec amertume. Elle ne pouvait se résoudre à trouver normale cette froideur de l'adolescent devenu assassin. Néanmoins elle tentait de mettre cela sur le compte de sa fierté et de sa fatigue. Il n'avait sans doute pas envie de discuter psychologie, et devait être sous le choc.

Le gros Black eut un léger soupire nasal quand le garçon parla de ses "dispositions". Etrange terme, dans une situation pareille. Avait-il fait ça toute sa vie ? Tuer des gens dans des décharges chimiques ? Non, il devait juste se donner une contenance.

"Oui, je suis là pour ça."

Répondit Lily-Rose avec la voix chaleureuse et colorée du Sénégalais. C'était une manière de rassurer l'enfant à la dérive qu'elle voyait en Ulysses.

"Je t'ai trouvé car j'ai le pouvoir d'utiliser les dons que Dieu a donné à d'autres mutants que moi. J'infiltrais le groupe terroristes des Pères Fondateurs, et j'ai rencontré une de leurs prisonnières qui avait un don pour lire l'avenir. Dieu ait son âme. J'ai ainsi appris que ma destinée était de rassembler des jeunes mutants pour les former. Avec deux autres adultes j'ai fondé les X-Men. Nous sommes des mutants libres et nous voulons vivre dans un monde en paix. Avec les humains. C'est un résumé rapide, je ne voudrais pas te mettre la pression. Tu es entièrement libre de nous rejoindre ou non."

Elle recala ses lunettes sur son nez. La voiture filait vers le nord.

"J'espère que tu n'auras pas d'ennuis avec la police. Je ne connais pas toute ton histoire mais la décharge illégale où vous vous trouviez était dans un lieu très reculé. Avec la pluie battante, je doute que du monde ait entendu le coup de feu. Moi je l'ai à peine entendu."

Elle regarda brièvement dans le rétroviseur le passager à l'arrière. Son teint était moins alarmant.

"Et y'aura-t-il vraiment un cadavre à découvrir ? On dirait que vous avez accompli le crime parfait. Il faut vous remettre sur pieds."

Lily-Rose essaya un sourire pour détendre la situation morbide. Le mutant qu'ils avaient tué avaient clairement une constitution particulière ... Son corps était pourri même de son vivant. La doyenne fit un signe de croix.

"Ulysses tu vas prendre cette pochette, dans la boite à gants. Il y a mes coordonnées, notre adresse. Nous sommes basés à San Francisco. Nous étions hier en mission à Washington. Tu as aussi un billet d'avion, que tu peux prendre quand tu veux pour nous rejoindre. Je suis désolée, je dois vous amener à l'hôpital, puis je repars à Washington. Demain tu apprendras ce que nous avons fait dans les journaux."

Elle regarda un instant Ulysses. Ce garçon était sans doute dans un triste état, moralement et physiquement.

"As-tu des questions ? Si tu as le moindre problème, n'hésite pas à me contacter. Je peux te sortir de toutes les situations."

Le Sénégalais esquissa un sourire et posa une main bourrue et amicale sur l'épaule d'Ulysses.
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