31/05/2045 - [Berlin] La nuit, tous les chats sont gris.

[Bonsoir et bienvenue dans cette introduction ! J'espère que tu t'amuseras bien. N'hésite pas à envoyer un MP ou à demander en entête de message si tu as besoin d'une précision pour plus tard !]

Le coeur accélérant lentement, Hedwig se connecta au compte du concerné par un lien caché sur le site de l'ONE, lui donnant accès à l'intranet du groupe. Dans un menu latéral, plusieurs sections étaient accessibles, notamment des notes de service, l'actualité du groupe, un lien vers les brouillons, la messagerie, l'espace des projets et la gestion des documents. Le site sécurisé était assez clair avec des tons blanc et bleu ciel : même leur intranet lui piquait les yeux !

Soudainement, un son indiqua qu'elle avait (encore) un message. C'était un(e) autre hacktiviste respectable qui était tout autant occupé(e) que la jeune femme, ce qui leur laissait peu d'occasions de papoter, chacun gardant un certain mystère autour de soi. Mais l'autre était impliqué et avait l'habitude de fouiner également.

[03:25:04]Maestro_dk: Tu as entendu parler des ID d'un user de l'ONE qui auraient été lâchés sur un fo ? Je trouve ça un peu gros.

Mais soudainement, un autre petit bruit se fit entendre, différent de la messagerie instantanée. Ca venait du site. Une petite pop-in s'était ouverte en bas avec un prénom.

Richard K. : Je ne sais pas. Tu sais combien ils étaient ?

C'était visiblement la messagerie instantanée interne et la phrase qui venait de tomber était probablement une réponse arrivant en retard d'une ancienne conversation. Aucune heure n'était indiquée, ce qui ne rendait pas la déduction évidente.

L'hacktiviste remonta l'historique de conversation qui ne contenait malheureusement qu'on nombre limité de messages en mémoire.

Richard K. : J'en ai encore fait effacer 3. Mais ça devient difficile.
Abraham M. : Quels incompétents. Je ne comprends pas qu'ils les aient laissé y aller.
Richard K. : Je ne sais pas à quoi ils jouent. Ils doivent essayer de se les mettre dans la poche. Mais ils se décrédibilisent en même temps...
Abraham M. : Ils ont beau être des figures populaires actuellement, ils ont quand même bien merdé. Ce sont que des gamins. Encore ceux qui sont entrés par l'arrière, ok. Mais ceux passés par devant, je me demande ce qu'ils avaient en tête. Surtout détruire en partie un bâtiment...
Richard K. : Je ne sais pas. Tu sais combien ils étaient ?

Du côté de la liste des contacts rentrés sur cette messagerie, il n'y avait en effet qu'une dizaine de personnes hors ligne d'après un symbole rouge, sauf ce fameux Richard K. dont la petite ampoule était verte.

Maestro_dk répondit à ce moment là :

[03:29:12]Maestro_dk :Je préfère rester prudent oui et me renseigner. Il faut trouver le juste milieu entre se jeter sur une piste et la laisser filer. Surtout que je trouve celle-là trop évidente comme si c'était une tentative de nous faire prendre une direction volontairement. Umbra, je sais que tu veux tenter un truc. Je te conseille d'attendre encore un peu. J'ai presque terminé de mon côté.

Soudainement, un nouveau bruit de la messagerie de l'intranet retentit.

Abraham M. : D'après les vidéos, il y en avait au moins 6. Une géante avec des écailles et une femme avec des ailes et des cornes pour les remarquables. Les autres c'est difficile à dire.

Umbra remarqua alors qu'un petit (1) venait d'apparaître à côté de l'entrée de menu "Messagerie".

Ignorant les conseils de Maestro_dk et l'alerte de messagerie, Umbra continua à visiter la session utilisateur d'Abraham Moore. Dans la section des projets, la jeune femme découvrit ce sur quoi semblait travailler l'homme. D'après les titres, il y avait un lien avec la communication et le contrôle des informations. Les sujets présents étaient "NY - Little Owl [GI]", "WDC - Pentagone [GI]" et une quinzaine d'autres noms au format "Presse - Nom de site ou de journal - [web ou papier]" .

Dans les brouillons, il y avait également quelques rapports avec un identifiant quelconque doté de chiffres et de lettres, suivi de noms de projets auxquels ils devaient se rapporter. Enfin, les documents étaient des extraits parfois en fichiers textuels ou en images de passages traitant visiblement d'affaires mutantes ou avec des identités de personnes étant à la tête de blogs et autres organes de presse.

Umbra remarqua lorsqu'elle arrivait sur cette dernière page que l'alerte de nouveau message avait disparu, tandis que Maestro_dk répondait :

[03:34:55]Maestro_dk: Non je n'ai pas besoin de toi. Je te préviens juste. Ca me ferait chier que tu te fasses chopper. Te jeter dans la gueule du loup parce que tu penses qu'ils ne s'y attendent pas est stupide. Ils ne sont pas binaires. Ils ont une série de situations qu'ils surveillent. Pour eux, soit t'es une noob qui se jette dans leur piège, soit tu vas faire autrement et ils s'y attendent aussi.

Du côté de la discussion sur la messagerie interne de l'intranet, plus aucun des deux hommes ne parlait. Malheureusement pour Hedwig, elle ne pouvait pas faire grand chose à partir de sa session utilisateur. Elle était bornée à ce que les pages internet lui offraient comme accès et donc aux droits de l'utilisateur concerné. Il n'y avait donc aucun moyen d'accéder à des éléments cachés, qu'ils soient en réalité verrouillés ou invisibles.

La fin de la visite dans le compte de Moore approchait. Umbra était en train d'aspirer les pages de l'intranet auquel avait accès cette session afin de pouvoir en garder une trace lorsqu'elle aurait terminé ses opérations d'infiltration. Les fichiers qu'elles avaient déjà consultés furent rapidement transférés de ses fichiers temporaires vers un répertoire fixe où toutes les pages s'ajoutaient les unes après les autres.

Mais soudainement, Umbra remarqua que le poids des fichiers aspirés étaient rigoureusement les mêmes et que les petites variations d'espace avaient totalement disparu entre les pages. Plus étrange encore, même les médias qui arrivaient dans la queue de téléchargement étaient récupérés aussi rapidement que les pages et chaque document pesait exactement 183.3ko.

[03:39:35]Maestro_dk: J'espère que tes traces seront bien camouflées ou supprimées alors. En tout cas s'ils savent que quelqu'un d'indésirable est sur la session, je vais certainement pas y mettre les pieds non.
[03:39:56]Maestro_dk: Quel genre d'informations sont cachées ? Leurs actions ? Des mutants ?

Satisfaite de sa pêche, Hedwig put commencer à lire tranquillement les fichiers ramenés. Concernant le Little Owl, la femme put découvrir la situation précise. Ce restaurant était en réalité un endroit ou des mutants affiliés aux Pères Fondateurs se réunissaient et tentaient d'embrigader de nouvelles recrues, généralement assez jeunes. Les forces de police souhaitaient intervenir mais l'ONE s'y était opposé, et avait proposé aux X-Men de réaliser cette mission afin de capturer le maximum d'ennemis. Malheureusement, les dégâts ont été nombreux des deux côtés. Les X-Men ont été pour une majorité d'entre eux blessés et seule une faible partie des PF capturés.

Autre soucis notable, de nombreuses photos et vidéos ont été réalisées par les passants, donnant du fil à retordre au gouvernement pour les retirer. Les méthodes musclées en plein jour donnaient une mauvaise image des "sauveurs du pays" et la tentative d'endiguement était difficile. Il y était question également de plaintes d'unités d'intervention contre les X-Men, ainsi que d'informations récupérées dans un ordinateur sans que davantage de détails ne soient donnés, si ce n'est que cela concernerait d'autres repaires des PF.

Pour le Pentagone, l'ONE paraissait encore tenter de déterminer les événements précisément. Les X-Men ne semblaient pas vouloir donner tous les secrets de leur intervention pour s'infiltrer et sauver le président. Quelques personnes ayant été présentes pour retenir le chef de l'état sont décrites ce qui n'apportait pas beaucoup d'intérêt à priori.

Plongée dans sa lecture, Umbra remarqua soudainement que tous ses écrans semblaient être perturbés. Les colonnes de pixels paraissaient être repoussées et déformées, brouillant quelque peu l'image. Tout à sa surprise et ses questionnements, Hedwig sursauta lorsque plusieurs coups de sonnettes retentirent.

Quelqu'un se mit à taper à la porte du poing avant de nouveau se remettre à appuyer sur la sonnettes de nombreuses fois à une vitesse inconsidérée. Puis l'inopportun sembla soudainement changer de porte. La jeune femme put alors entendre le même manège recommencer en face de chez elle après seulement quelques secondes.

[hrp : Concernant l'utilisation des pouvoirs, en quoi suis-je limité tant que je ne sais pas encore ce que je peux ou ne pas faire? ]

[hrp : Tant que ton diagramme n'est pas disponible, je vais essayer de ne pas te créer de situation où tu dois t'en servir. Je vais voir aussi pour te présenter ton diagramme aussi rapidement que possible, au cas où En attendant, on va dire que tu peux t'y cacher en partie dans le doute. Quand tu auras le diagramme, il faudra faire en sorte que ce soit possible du coup !]

Méfiante, Hedwig préférait écouter la situation sur son pallier afin d'éviter toute surprise supplémentaire. La porte de son voisin en face était toujours martelée, lorsque soudainement ce fut à nouveau la sienne qui recommença à l'être ! Plus proche de l'action cette fois, Umbra remarqua que celle-ci était frappée peut-être avec moins de puissance qu'elle s'y attendait cette fois et surtout, le son venait d'une position plus basse, entre son ventre et sa poitrine.

Pour le moment, seul ce qu'il y avait de l'autre côté de la porte faisait du bruit dans l'immeuble. Personne n'avait encore réagis. Les voisins devaient avoir un sommeil de plomb, ou avoir la flemme de se lever.

[hrp : Il y a moyen d'avoir, genre, une vision dans le noir pour mon diagramme?   ]

[hrp : Ton diagramme va être créé bientôt. Il se peut que certains aspects ne soient pas dans l'élémentaire d'ombre mais dans un pouvoir connexe, comme dans la manipulation des ombres par exemple. Il serait en effet logique que tu aies une vue améliorée par rapport à la normale dans les ombres. Je te tiens au jus dès que je peux]

Lorsqu'elle ouvrit la porte, Hedwig eut à peine le temps de terminer sa phrase que sans surprise, celle-ci fut repoussée par l'individu qui tenta de rentrer avant de se la prendre à cause de la chaînette. Réalisant probablement qu'il n'en avait plus le choix, celui-ci parla d'une voix particulièrement faible :

- " Au secours..."

Umbra reconnut une voix juvénile, tordue par des sanglots. Soudainement, elle vit même quelques petits doigts s'agripper à l'encadrement de la porte. Elle remarqua que si ceux-ci étaient assez noirs, ce n'était pas à cause de l'ombre ambiante mais bien ce qui ressemblait à de la suie ou de la craie noire qui les tâchaient.

[hrp : Merci bien ! J'ai hâte de voir le diagramme Que ce soit l'élémentaire ou le contrôle des ombres, ça reste du domaine du pouvoir tiré de la darkforce dimension.]

Si cette soirée n'avait pas été polluée par l'arrivée de l'enfant, Umbra aurait pu passer un moment tranquille à se remettre de ses émotions après son entrée dans l'ONE. Mais changer ses habitudes surtout pour un événement aussi désagréable ne devait pas l'aider à être plus sympathique.

Lorsqu'Hedwig annonça qu'elle allait appeler une ambulance, l'enfant s'agita davantage et gémit :

"Non, non... " avec une voix plus brisée encore.

L'espace de quelques secondes, son appartement fut éclairé par des gyrophares bruyants de police alors qu'elle se saisissait de son téléphone. Le calme revenu, elle put observer en paix le môme qui venait "agoniser" sur son palier.

Il devait avoir dans les 10 ans. Ce qui la frappa immédiatement était une sorte de collier métallique autour du cou. Pour le reste, il était vêtu d'une tenue toute blanche assez anormale. Une sorte de t-shirt à manches courtes tombait sur un pantacourt et donnait encore davantage de place à ses mollets et pieds nus. Mais ce qui était particulièrement étrange, c'était que ses vêtements semblaient avoir brûlé par endroit. Sa poitrine était noircie, ainsi que ses mains et ses poignets. Son visage quant à lui l'était principalement sur les joues, probablement dû à un frottement instinctif pour repousser les larmes. Ses yeux étaient particulièrement bleus tandis que les contours étaient rougis par les pleurs irritants.

Spoiler:

Alors que le téléphone était porté à son oreille, Umbra vit le jeune retirer sa main de l'encadrement de la porte. Il y laissa une trace de sang difforme. A peine eut-elle le temps recevoir une réponse au bout du fil qu'elle entendit un vif claquement dans son téléphone. Elle faillit le lâcher de peur, mais parvint à se maîtriser. Lorsqu'elle le regarda à nouveau, celui-ci était totalement éteint. Plus étrange encore, une petite odeur de brûlé semblait s'en dégager.

Les doigts de l'enfants passèrent à nouveau la porte dans la même configuration qu'auparavant. Un téléphone mort en plus. Puis il répéta, encore une fois, plaintif et le visage douloureux :

" Au secours... "

Lorsqu'Umbra lui ouvrit la porte, le garçon se précipita à l'intérieur suffisamment pour que le battant puisse être refermé, puis il observa les lieux qu'il devait probablement trouver bien sombres. Observant son hôtesse, les yeux bleus de celui que la femme considérait comme un fugitif se portèrent sur la zone d'ombre où se trouvait le canapé. Il reporta un instant son regard sur elle comme pour avoir confirmation de ce qu'elle attendait de lui, puis l'enfant fit quelques petit pas hasardeux pour tenter de s'approcher sans percuter le moindre objet en route.

Un nouvelle série de véhicules à gyrophares passèrent, éclairant l'espace d'un instant les lieux suffisamment pour que le canapé soit atteint sans heurts. Mais ce n'était pas la police cette fois, pouvait-on comprendre au rythme des sirènes, mais des ambulances.

Lorsqu'Hedwig revint, le garçon avait remonté ses pieds contre lui et se terrait dans un coin du fauteuil, désorienté. Les yeux écarquillés, il regardait autour de lui lentement et essayait de capter des éléments du regard, en silence. Il eut un bref mouvement de recul de la tête lorsqu'Umbra s'approcha de lui, surpris. Alors que le contact se faisait entre le torchon mouillé et l'enfant, la femme sentit une décharge lui secouer le bras. Elle lâcha le linge qui fut soutenu à temps par le jeune.

Ce dernier resta quelques instants à détailler du toucher ce qu'il venait de recevoir et sembla ne pas savoir vraiment quoi en faire. Il s'essuya malgré tout le front et les tempes pendant que son collier était observé. Celui-ci paraissait très serré autour de la gorge du garçon et était épais de quelques centimètres. Une petite bosse ressemblant à une boite rectangulaire se trouvait sur le côté, dans le sens de l'épineux bijou. Elle était lisse et devait contenir quelque chose. Une seconde verticale cette fois et plus fine traversait l'outil et était de toute évidence l'attache, si on en croyait une rainure représentant l'espacement pourtant serré des deux embouts.

Lorsque l'enfant appuya le chiffon sur son autre main, de petites étincelles jaillirent alors de celles-ci dans un petit claquement qui le firent sursauter. Un rictus douloureux mais silencieux se dessina l'espace d'un instant sur son visage, tandis que le linge humide était lâché parterre. Les poings fermés, il croisa les bras contre lui. Sa mâchoire commençait à vibrer alors que ses yeux se plissaient.

Malheureusement pour elle, Hedwig n'aurait jamais pu imaginer qu'elle était si proche de la vérité en pensant être à côté d'une bombe. A l'aide de son tournevis, elle avait défait quelques attaches, appuyant parfois sur le collier pour faire pénétrer l'outil. Le garçon gémissait à chaque fois en faisant la grimace, et pour cause : le nez rapproché de lui, elle avait remarqué que sa peau semblait être assez fortement brûlée autour du bijou que personne n'aimerait porter.

La dernière vis défaite, elle put soulever l'espèce de capot et découvrir un ensemble de circuits et de fils en sale état. Grâce à ses compétences en électronique, elle remarqua que l'ensemble du système avait subi une surchauffe importante ayant fait fondre des composants. Mais le plus surprenant et inquiétant devait être que le tout était ce qu'elle détermina comme étant une charge explosive. Mais à la vue de son état, il était peu probable qu'elle puisse encore faire de mal à qui que ce soit.

Face aux quelques reproches qu'il venait de subir, le garçon se contenta d'un regard désolé (et hasardeux dans l'obscurité), et d'un :

"Désolé..."

Umbra remarqua alors que le collier bougeait lorsqu'il parlait à cause des mouvements de la mâchoire.

Peu rassuré, le garçon observa Hedwig lui annoncer de ne pas bouger lorsqu'elle lui ferait mal. Commençant doucement à trembler, de peur ou de froid, il se laissa néanmoins faire par sa tortionnaire qui se sentait investie d'une mission bien plus noble que ceux qui avaient mis l'enfant dans cet état.

Régulièrement, quelques soubresauts déconcentraient la jeune femme lorsqu'elle faisait mal au jeune. Et visiblement, c'était bel et bien le cas. Lorsqu'elle fut certaine que le collier était correctement dévissé, elle remarqua comme elle le pensait que celui-ci était bien collé à la chaire du cou du garçon. Le plus naturellement du monde, elle décida de tenter d'arracher de façon vive et inattendue la ronce, ce qu'elle réussit au prix d'un cri suraigu du concerné.

Sa peau était en effet brûlée et presque fondue. L'objet en main, Umbra put observer le garçon remuer sur place en pleurant de plus en plus fort, comme s'il essayait de se défaire d'une créature sur son dos, alors que quelques arcs électriques s'échappaient de ses mains qu'il tenta d'orienter pour ne pas blesser la femme (qui l'aurait pourtant bien mérité !). Après quelques rapides secondes (mais pas pour lui), il s'évanouit en tombant au sol, le cou suintant, et son pouvoir disparu.