02.04/05.L.Sous-sols déminés

- Non, repose moi, Clara !

Trop tard, la jeune adolescente l'avait attrapé et avait passé le portail avec lui.
Pour le fourmilier, c'était la peur d'oublier quelqu'un de l'autre coté. Ses craintes furent confirmées quand il constata que Uzatas la Csatar n'avait pas réapparu avec les autres. Laisser la grande blonde derrière était une situation génante, bien qu'ambivalante. Aurait-il fallu prendre le risque de l'emmener avec nous ? Avec son âge et son expérience, elle aurait pu enseigner et préparer les plus jeunes aux prochains heurts avec les gens de leur espèce.
Il ne restait plus que Danger, l'éternel robot, pour les guider. Ce n'était pas la bonne solution.

Tout le monde se sépara pour faire un tour du propriétaire, histoire de faire un état des lieux.
Tonga en fit rapidement de même. Il allait falloir déblayer le salon et la cuisine, réorganiser le jardin et déterrer le jet qui s'était retrouvé au fond du jardin. Les étages semblaient intouchés, mais le sous-sol, lui, retenait encore les traces de l'affrontement passé.

Notre héros y descendit et revécut la scène du départ.
Des enfants qui se battaient contre des aliens. Lui-même s'était retrouvé à combattre une jeune csatar. On lui donnait quoi ? 12 ? 13 ans, peut-être. A coté de lui, Dakota et Frederik avait tué. Des enfants devenus tueurs pour leur survie.
Un des Csatars était mort ici.
Au sol, des traces de sang, de griffes, de débris divers et variés.
Il reconnut même sa propre trace de sang séchée, menant jusqu'à l'armurerie.
Ah si seulement, il avait tilté avant, il aurait pu peut-être retourner la situation. Et à cause de leur attaque à peine justifiée, deux personnes étaient mortes. Loin de chez elles.

Leurs corps étaient toujours sur ces planètes lointaines, leurs âmes errant dans un décor qui n'est pas le leur.

Une honte.
Il faudra leur donner une sépulture symbolique, enterrer leur objets personnels, en espérant que cela apaise leurs âmes dans l'au-delà.

En attendant, la première chose à faire était de se préparer à une attaque des Csatars.
Il avaient mis 4 jours à les rejoindre sur Khane, il leur en faudra sans doute moins maintenant qu'ils n'ont plus à chercher notre position. Remettre les défenses en état, s'entraîner, s'armer et retrouver les professeurs était une chose importante à faire.

Cérébra.

La salle sphérique concave de Cérébra impressionna Tonga.
La porte béante avec les résidus d'explosion de l'intérieur laissait voir la salle entière avec son second trou béant au fond.
Etait-ce une bonne idée d'aller explorer ce tunnel ?
Sans doute pas. Beaucoup de chances de se retrouver coincé au milieu d'un effondrement de paroi.
Concentrons-nous, c'est déjà assez difficile comme ça.

Cérébra.

Y'avait-il quelqu'un qui sache comment utiliser ce truc ?
La casque posé sur l'espèce de bureau au centre était là.
Tonga se dit qu'il n'avait rien à perdre pour cette fois-là, sauf peut-être sa délicate santé mentale.
Tant pis, ça valait trop le coup d'essayer.
Il prit le casque et le posa sur sa tête.

Lorsque Tonga posa le casque sur sa tête, ses mains se serrèrent soudainement sur les accoudoirs. Il serra la mâchoire en commençant à trembler doucement par petit soubresauts incontrôlés, sous le coup de la sensation désagréable qui lui parcourait le corps de la tête aux pieds. Il lança un petit gémissement contrit et ses yeux se plissèrent par réflexe pour supporter le choc auquel il faisait face : bon sang que ce casque était froid.

Ce casque lui donnait des frissons le long du corps.
Etait-ce son effet ou l'incroyable froid qu'il dégageait ? Etait-ce même un froid naturel et pas juste la machine qui jouait avec ses sensations ?
Peu importe, le fourmilier n'avait malheureusement pas le mode d'emploi et ce truc ne marchait pas.
Alors que Frederik arrivait et s'énervait sur l'état de santé du fourmilier, Tonga réagit un peu en retard.

- Si y'avait un espoir de retrouver ceux qui manquent... Tu essayerais pas ?

Il était peiné. La liste des absents était grande comme le bras, sans compter les deux morts dans l'espace.
Fallait il les compter comme mort ou y'avait il encore un espoir de les retrouver vivants un jour ?
Il descendit de la chaise et regarda Cérébra.

- ... Allez viens, on va aider à ranger.

Il attendait une réponse de Fred, l'air dépité.

[Parc   ]

Le Japonais entre dans la grande pièce qu'il n'avait visité qu'une fois, deux si l'on comptait le retour.
Passablement propre, sinon un trou béant dans le fond de la salle, c'était remarquablement propre. Presque désinfecté. Pourtant il y subsisté une mauvaise ambiance. Peut-être un résidu de mauvais souvenirs...

Précédent Eden de quelques mètres, il repèra le premier Tango et Frederik faisant dieu savait quoi. Peut-être voulaient ils chercher une ou deux fringues eux aussi?

"Salut les gars. Alors vous faites quoi?" Autant poser la question non? Lui commença à chercher son bonheur. Ca n'allait pas trainer de toute façon: une plateforme, et après c'était le fond du trou. Vite fait, bien fait.

Il soupira balayant la passerelle jusqu'au casque, constatant rapidement que ça n'allait pas être aussi rapide. Se penchant par dessus bord il jeta un œil en contre-bas, songeant avec humour qu'il allait vraiment toucher le fond avant de récupérer son bien... Si du moins il se trouvant bien en bas...

 Parc


Et quelques pas derrière, fraîchement douchée et revêtue à la manière terrienne, certes peu élégante à coup de jeans, t-shirt sans manche et un sweat posé sur les épaules, Eden suivait Ryoichi. Les mains enfoncée dans les poches, elle s'inclina un instant sur le côté pour constater la présence de Tonga et Fred, qui avaient connu des expressions plus joviale. En même temps, si elle les avait trouvé en train d'exécuter une danse de la victoire, elle aurait été bien plus étonnée que ça. Elle sorti une main d'une poche pour les saluer, sans trop grande conviction.

Malgré tout, le retour sur Terre restait pesant, même si pour elle, ça ne faisait qu'un traumatisme à ajouter depuis son arrivée première à Chicago. Pour sûr, il allait y en avoir d'autres. Par contre traîner vers Cerebra restait un mystère. La machine n'était pas vraiment conseillée aux mutants non mentalistes, et surtout pas encore au top de leurs pouvoirs. Et encore, c'était sans compter sur l'énorme trou qui devait toujours se trouver au fond et nuisait quelque peu au fonctionnement de l'appareil. Ajouté à ça l'aspect aseptisé du sous-sol et Eden en venait à se demander qui pourrait aimer traîner par ici.
Alors que Ryoichi s'avançait déjà sur la passerelle, la californienne s'arrêta un instant à la hauteur de leur deux camarades.

"Je sais que ces couloirs ont leurs charmes, mais... Est-ce que ça va?"

Elle jeta un coup d'oeil à l'asiatique. Compte tenu de la forme sphérique de la pièce, il ne devait pas y avoir trente-six mille possibilité. En y regardant bien, il y avait d'ailleurs bel et bien, posé dans le fond creux de la construction, un reste de quelques débris tombés du trous, probablement un peu d'humidité stagnante et, dans le lot, un chapeau sali et un peu esquinté, mais bel et bien là.

Le fourmilier trainait les pieds et s'assit à terre, le dos contre un mur.
A ses pieds, il reconnaissait son propre sang, dispersé par la jeune Csatar quelques jours auparavant.

- Nan, j'ai pas d'nouvelles. C'est justement eux que je cherchais.

Ryoichi et Eden arrivèrent, l'un après l'autre.
Ils avaient l'air plus jouasse que Fred et lui-même. C'était pas bien dur.

- Nan ça va pas.

Il baissa la tête et commença à lâcher une larme et il se mit à hurler à travers le couloir "AAAAAAAAAAAH !" avant de se relever et de pointer du doigt, tour à tour chacun de ses compagnons.

- Ok, je vais vous dire pour quoi ça va pas bien ! On a plusieurs morts, une dizaine de disparus, notre maison est en piteux état, nos chefs sont plus là et on a des aliens quasi-invincibles sur le dos !

Je crois que Tonga n'avait ressenti un aussi immense désespoir que maintenant.
Il avait espéré que retourner à Graymalkin soit presque retrouver un havre de paix et revenir à la normale, puis il s'était rendu compte que non. Les élèves qui n'avaient pas été catapultés dans l'espace s'étaient volatilisés, les professeurs avaient disparus, les locaux n'offraient plus une protection suffisante... C'était affreux.

- Et puis ces aliens ! Ils ont mis 4-5 jours à nous retrouver et nous rejoindre. Maintenant qu'ils savent où on est, c'est à se demander si ils seront pas de retour ce soir !

Il tomba sur les fesses, plusieurs larmes perlant sur son visage.
Tout le stress accumulé ces derniers jours où il devait se montrer fort et protecteur envers les plus jeunes, toute la violence qu'il avait dû déployer, tous les affrontements moraux avec Blancpoil, tout ce stress redescendait d'un coup. Et il en avait accumulé.

_{- On va tous crever, je le sens. Faut évacuer les jeunes et se planquer ailleurs...}

Joie! Son chapeau!

C'était incompréhensible pour un autre, mais voir la forme familière lui faisait un petit quelque chose. Bien des souvenirs accrochés à ce couvre-chef. Il avait bien songé un instant que la Californienne devait le penser un peu fou de faire une telle fixation là dessus... Mais d'une il s'en cognait et de plus elle ne pouvait pas comprendre.
Peut-être aurait il du laisser tomber. Faire son deuil, passer à sa nouvelle vie. Mais il ne l'avait pas fait après avoir quitter les rues, il ne le ferait pas maintenant.

Il voyait bien qu'il n'était pas spécialement en forme, mais qu'importe. Ce n'était pas la première fois qu'il passerait au pressing pour une nouvelle jeunesse.
Prêt à passer par dessus la passerelle pour allé chercher son bien il fût stopper par la petite crise de Tonga: *Qu'est ce qu'il me fait!* se dit il en le regardant hurler. C'était quand même quelque chose un fourmilier qui hurle.

Il le laissa débiter quelques secondes avant de se diriger vers lui. Arrivé à sa hauteur il vit Frederik à deux doigts de lâcher. Il lui lança un coup d’œil dépréciateur, avant de mettre une calotte derrière la tête du mutant fourmilier: "C'est bon t'as fini! Y'a des manières plus rapide que le suicide mental!
On a des morts, des disparus et certainement des aliens en route vers chez nous et qui vont arriver d'ici quelques semaines, car apparemment on a dormi un paquet de temps. Plus que les quelques jours depuis notre réveil.
A tout ça j'ai envie de te dire: et alors? C'est quoi la solution à tout ça, parce que ta petite crise nous donne aucune solution. Et ne me pose pas de question, j'ai pas prit le temps de réfléchir et quand je l'aurai je vais surement pas perdre du temps à me retaper les évidences.
D'ailleurs, plutôt que des chialer, t'as demander à Danger pourquoi il manquait du monde? C'est un peu plus logique et constructif que de gueuler pour rien dans le vide."

Il arma son pied et en mit un bon coup dans l'arrière train de Tonga: "Alors maintenant tu me bouges ton gros cul de là et tu vas te prendre un bon bain, bien chaud. Tu y passes la prochaine heure et que t'auras fini on pourra faire le point avec les autres.

Mais pour moi, ça attendra demain. Les morts en ont vraiment plus rien à cirer de nos gueule, les disparus je te suggère Danger et là on pourra peut-être songer à des plans de sauvetage.
Quant aux Aliens... Alors ceux là je les attend le pied ferme. On sait qu'ils arrivent, on connait maintenant un paquet des leurs et leurs capacités, autant dire que ça va pas se passer comme la dernière fois. Même si tu devais avoir raison, on va maintenant s'en faire un bon paquet je pense.

Mais comme je t'ai dis, perso, c'est pour demain. Visiblement je suis pas le seul à en avoir plein le dos et une douche me ferai du bien. Et aussi quelqu'un qui viendrait me voir avec autre chose que ses états d'âmes. Plutôt pour me souhaiter bonne nuit et me faire un petit bisou avant de me coucher. Mais tu vois ça n'arrivera pas. Alors je vais pas m'apitoyer, me prendre ma douche et dormir, parce que pour une fois penser un peu à sa gueule, c'est vraiment ce qu'il y a de mieux à faire!

Au moins jusqu'à demain." Ca y est, il était gonflé.

Il vit les yeux de Frederik et prit un air renfrogné: "Aaaah!" fit il exaspéré en mettant son doigt sous le nez du jeune homme: "Et t'avise pas de chialer!" Il se tourna pour de bon mais accrocha le regard d'Eden, qui prit son centent de regard noir par sympathie, des fois qu'elle voudrait ajouter quelque chose.

*Et puis merde!* pensât il. Elle pouvait bien leur faire une tape dans le dos et leur dire que tout allait bien se passer, mais ce n'était pas son genre.
Si tout le monde pensait ça ils allaient se retrouver avec un trou fumant à travers du corps et une expression d'incompréhension, parce qu'on leur avait dit que "ça allait bien se passer."
Mauvaise idée. Il fallait être réaliste. Positifs si ils voulaient, mais réaliste avant tout.

Il accrocha sa chaine comme il pût, avant d'enfin descendre vers le trou et son bien.

Eden ne pensait... Rien. Un chapeau restait un chapeau. Certains faisaient une fixette sur un objet en particulier. Elle, elle aurait bien été prête à damner Khane toute entière pour un seul coup de téléphone. Chacun s'agrippait à ce qu'il voulait. En l'occurrence, pour beaucoup, c'était le désespoir. La californienne ne fut pas vraiment étonnée du semi-pétage de plombs de Tonga. Elle-même avait craqué. Mais il n'y avait eu heureusement personne pour l'entendre sangloter comme une gamine dans la salle de bain, face à de bêtes flacons de gels douches que leurs propriétaires ne viendraient probablement plus jamais utiliser. Elle comprenait les regrets et les craintes de Tonga, pour les éprouver aussi. Mais face à sa tristesse et sa peur, elle se sentait atrocement démunie. Interdite, elle se tourna vers Fred qui semblait lui aussi avoir pas mal de peine à se contenir. Il avait l'air d'attendre qu'elle dise ou face quelque chose, mais... Quoi? Eden ouvrit la bouche, puis la referma bêtement. Trouver la bonne chose à dire n'allait pas être facile, mais il allait bien falloir que quelqu'un s'y mette. C'était aussi ça, faire équipe, se tenir les coudes, non?

Mais avant qu'elle n'ait eu l'occasion de se lancer, Ryoichi répondait déjà avec la grâce et l'élégance d'un pachyderme dans un magasin de porcelaine. Ce ne fut pas un regard noir qu'elle lui lança, mais plutôt un air vaguement blasé. Il l'avait bien écouté elle, avant. Alors pourquoi s'emporter soudainement comme ça avec Tonga? Bon, elle ne s'était pas mise à hurler, mais quand même! Elle se contenta de baisser les yeux. Quelque part, ça pouvait bien énerver, de broyer du noir et redouter  le pire, mais il était vrai que ça n'apportait concrètement rien. Ce qui ne l'empêchait pas de considérer la réaction de l'asiatique comme démesurée et surtout peu respectueuse de l'état de Tonga, comme de Fred. L'un comme l'autre aurait plus besoin de réconfort que de se faire redresser les bretelles. Sans compter que de se monter stupidement les uns contre les autres à un moment pareil n'était certainement pas plus constructif que de craquer dans un sous-sol. Et puis quelque part, les derniers commentaires, elle les prenait un peu pour sa gueule aussi, elle qui avait finalement déballé un peu de ses états d'âme. Si c'était si chiant, pourquoi il l'avait écouté, hein? Eden se contenta de croiser les bras, mais garda un air étrangement neutre en croisant le regard de Ryoichi. Elle n'ajouta rien, préférant attendre qu'il s'éloigne un peu. C'était pas dit que Tonga prenne bien ce coup de fouet, et elle préférait intervenir à son tour, mais à sa façon.
Finalement, Eden finit par s'accroupir face à Tonga, posant une main sur son épaule pour attirer son attention et le détourner de Ryoichi.

"Si on était sérieusement menacés ici, Danger nous aurait emmené ailleurs. Elle est assez inhumaine pour faire ses statistique et agir en conséquent, même contre notre volonté."

Et soit dit en passant, elle n'avait toujours pas digéré le comportement de cette saleté de boîte de conserve. Abandonner les corps d'Alyson et de Kitty quand elle aurait probablement pu les emporter sur la forteresse restait impardonnable aux yeux d'Eden. Sans compter ceux d'entre eux, peut-être encore en vie, quelque part entre les mains des csatars.

"On va se débrouiller, même sans chef. Ce sera sans doute dur, mais pas insurmontable, tant qu'on se soutient, non? Rien ne dit que cette situation va s'éterniser. Au moins, on est pas à la rue."

Elle jeta un coup d'oeil à Fred, espérant qu'il n'avait pas craquer, avant de revenir à Tonga. Mieux valait qu'elle lui épargne la destruction de leur précédente demeure à Chicago par les pères fondateurs, leur séjour de SDF dans les égouts en plein hiver avec les Morlocks, les nuits sous tente sur le domaine de Graymalkin avant que l'édifice ne soit restauré... Eden s'estimait déjà heureuse d'avoir encore de l'eau chaude et de l'électricité!

"Beaucoup sont morts ou disparus, mais ça ne fait pas de ceux qui restent des démunis. Tous les mutants ici, même les plus jeunes, ont prouvé qu'ils n'avaient pas vraiment besoin qu'on leur tienne la main en plein combat. Nous ne sommes peut-être pas invincibles, mais nos ennemis ne le sont pas non plus. Alors ne laissons pas quelques saletés d'extra-terrestres, même surpuissants, réussir à nous faire peur, ou nous plonger dans le désespoir. Nous sommes tous bien plus forts que ça, tu ne crois pas?"

Ca y est, Tonga avait pété son plomb. Y'avait pas de quoi être fier, loin de là, mais ça faisait un petit moment qu'il se retenait, et il avait beaucoup de stress engrangé. La réaction de Ryoichi lui fit comprendre qu'il n'était pas le seul, parce qu'autant de colère dans sa voix signifiait que pour lui aussi, ça avait été dur.
En l'occurrence, le fourmilier comprit aussi qu'ils étaient tous aussi paumés les uns que les autres, et ils ne pensait pas Danger capable d'autre chose que de les mener à un combat perdu d'avance dans les conditions actuelles.

Il accusa le coup de pied de Ryoichi, ne réagissant pas. Il l'avait mérité. On ne pète pas son plomb comme ça en public. Il aurait dû le savoir. Mais le fait de se retrouver en plus petit comité l'avait calmé et le calme, il aimait pas ça.
Il écouta à demi mot ce que lui disait le chinois, et encore moins ce que disait la blonde.
Il avait vécu dans bien pire que ça, il fallait s'estimer heureux: il avait un toit, de l'eau, de l’électricité, de la bouffe, du chauffage et des couilles. C'est bien une chose à laquelle il n'avait plus fait attention, mais il avait récupéré sa virilité perdue.
Il y pensa d'ailleurs à voix haute...

- Ca, c'est le vrai mystère, par contre... Bref. Ok, ok, ok. Ok, j'ai compris, je recommencerais plus un coup comme ça. Je fais partie des plus vieux, et on compte sur moi.

Il se releva doucement, s'appuyant contre le mur et regarda les autres.

- Va falloir qu'on réunisse les plus vieux du groupe, qu'on s'organise intelligemment sur qui fait quoi. Va falloir qu'on comprenne ce que veut Danger, qu'on répare le système de défense, qu'on s'arme et qu'on s'entraîne.

L'armement, l'entraînement... Ils se préparaient à une guerre presque. A une bataille, au moins. Parmi eux, certains râleraient. Tonga pensait à Blancpoil, l'éternel pacifiste. Il était jeune et ne voulait pas comprendre qu'un affrontement était à présent inévitable. Il faudra qu'il se rende à l'évidence à un moment ou un autre.

- Ils sont pas invincibles, tu as raison, Eden. Il montra une trainée de sang au sol. J'en ai blessé une, t'en a tué un et Dakota aussi.

Il gueula ensuite à l'attention de Ryoichi:

- Hey creuvard ! T'as raison, je te l'accorde, mais franchement, sans moi, tu serais encore dans la forteresse. J'aurais pu me barrer et on aurait pris beaucoup moins de risques si on avait pas dû venir te chercher. Tu pourrais être un peu reconnaissant, je t'ai pas entendu dire merci.

Il montra aux deux autres les escaliers:

- Ok, je vais voir à consulter Danger pour la suite des évènements. Vous deux, vous êtes pas comme moi. Vous avez des pouvoirs utiles pour la reconstruction de masse. Essayez de vous rendre utiles en allant ramasser le jet et les débris de canons. Sauf si vous voulez m'accompagner et sans trop vouloir vous commander, en fait. Désolé pour tout à l'heure.

Mission accomplie, Tonga avait reprit du poil de la bête. Pour Frederik par contre c'était pas ça.Visiblement il avait besoin de se faire encore un peu materner: *Pas grave, ça va l'endurcir* songeât il.


Arrivé au bord de la plateforme, prêt à faire ça descente, il se fit apostropher par Tonga. Reniflement un rien méprisant, avant de répliquer: "Et moi je viens de t'éviter un cycle auto-destructeur et parfaitement improductif.
Mais la prochaine fois j'irai te coucher avec un verre de lait chaud, des cookies et une jolie histoire, ok?" Naturellement il n'avait pas du tout un demi-sourire narquois!

Là dessus il commença sa descente. Rien de bien compliqué, vu qu'il toucha vite un bord de la sphère. Cette dernière n'était pas parfaitement lisse, composée de multiples plaques adjacentes qui laissaient des prises. Néanmoins il resta accroché à son "fil" pour éviter une glissade trop rapide vers le fond. Une fois qu'il atteint un angle moins prononcé de la sphère il décrocha d'une secousse sa chaine et glissa lentement vers son "graal".

Il ne put réprimer quelques battements de cœur et un sourire un peu gaga en récupérant son bien. Enfin il le tenait! un peu sale, ayant visiblement prit un peu l'humidité qui sortait du trou juste à côté de lui, mais parfaitement en bonne état. Il le frotta, le pinca et le plia un peu pour lui faire reprendre sa forme originae et le posa sur sa tête avec un soupir d'aise. Oui, il y était vraiment attaché. Il pourrait le perdre, mais il le regretterait ce chapeau!
Les mains dans les poches, les yeux fermés, il profitait de sa demi-solitude, peu géné par les conversations au dessus. Seules ses mains étaient un peu nues à présent, mais aucun gant ne pourrait parvenir à couvrir.
Ouvrant les yeux il fit un tour complet sur lui même pour constater l'évidence: son chapeau était la seule chose qui avait survécu à la "catastrophe". Pas de vêtements, aucun accessoire qui aurait put être porté par l'un d'entre eux au moment de la "disparition". Perdu était le mot juste.

Il regarda ses mains avec une petite moue, réfléchissant déjà aux solutions qui n'étaient pas légions. Se construire une nouvelle pair d'armes serait idéale, mais il n'était pas vraiment forgeron. En acheter une paire sur étagère c'était bof: il ne trouverait pas ce qu'il lui fallait.
Si seulement il avait eu un schéma de ses armes... Mais comment aurait il put deviné!

Se dirigeant vers la courbe de la sphère il commença à la parcourir lorsqu'une idée lui vint: Danger!
L'androïde n'ignorait rien de ce qui se passait dans Graymalkin. Les chances qu'elle l'est scanné étaient non-négligeable. Donc il était possible également qu'elle puisse lui refiler des plans. De là à penser qu'elle puisse les reproduire... Il croisa mentalement les doigts là dessus.

Perdu dans ses pensés il avait parcouru pas mal de chemin et même commencé sa remonté. Il entendait Eden et Tonga discuter, accroché à sa chaine comme une araignée à son fil. Posant finalement une main sur le, il se reprit pied agilement sur le bord la plateforme.

Un grand sourire sur les lèvres, il passa devant le "couple": "Bon je vais enfin pouvoir me reposer. Je serais pas dispo pour la prochaine demi-heure si ça vous fait rien.
Et merci pour le coup de main" fini t'il à l'adresse d'Eden en lui faisant un petit signe des doigts sur son chapeau!

[Chambre des garçons]

Non, vraiment, ça 'allait pas mieux. Fred prit la poudre d'escampette en moins de temps qu'il ne fallait pour dire "ouf", et avec une tête qui trahissait plus que largement son état. Eden se releva, mais finalement, elle se ravisa avant d'avoir fait plus d'un pas pour le suivre. L'arrêter, ok, et après? Elle ne savait pas quels pouvaient être les mots justes dans ce genre de situation. Pour sa part, elle en était à un stade où l'émotion même de la peur était trop fatigante pour être sérieusement considérée. Et vu le nombre d'attaque et de morts qu'elle avait eu le loisir de voir et d'encaisser, même si ce n'était pas autant que les plus anciens, elle en arrivait au point où mine de rien, ça devait bien être considéré comme faisant partie de sa vie. Alors quel genre de réconfort elle pourrait bien offrir? Elle se reporta sur Tonga, visiblement assez amer.

"C'est pas une question d'âge. Je sais pas pour toi, mais depuis que je suis ici j'ai vu des gamins tenir des discours plus matures et censés que des adultes. Et jusqu'ici, on peut pas dire que les plus "âgés" ont témoigné d'un sens des responsabilité et d'une fiabilité exemplaire. Alors le prend pas mal, mais je pense pas qu'il soit particulièrement judicieux de partir du principe que c'est aux plus âgés de prendre les décisions."

Gregory, instable et impulsif, mort. Vesna, sanguine, certes pleine de bon sens, mais absente. Les profs? Que dalle pour le moment. Ryo? Pour la seule mission qu'elle avait faite avec lui, elle préférait s'abstenir de tout commentaire. Jusqu'à présent, le meilleur appui qu'ils avaient eu était encore une boîte de conserve dénuée d'humanité, et probablement déjà en train d'oeuvrer pour leur sécurité. Eden s'était faite une raison depuis un bout de temps: valait mieux partir du principe qu'on pouvait compter sur personne, et on évitait de se retrouver dans des situations de déception, de crainte perpétuelle, de faiblesse. Dire que sur Khane, alors qu'elle déprimait à donf et n'assumait pas vraiment sa condition, les mots d'un Vadim tout juste débarqué avaient eu pour elle bien plus de sens que tout ce qu'elle avait pu entendre d'autre de la part de ses coéquipiers. Tonga essayait déjà de se reprendre, quitte à se la jouer adulte et responsable en suggérant immédiatement une reprise au pas de course comme s'ils étaient en pleine guerre. Ce n'était pas faux, dans le fond. Mais à quoi bon se précipiter alors que, comme en attestait déjà la réaction de Fred, il y avait de forte chance pour que déjà la bonne partie des x-men présents ne soient pas en état de concevoir la survie avec un minimum de recul et d'objectivité?

"Je pense surtout que pas mal des nôtres feraient mieux de se reposer pendant les prochaines heures. Rien de constructif ne peut ressortir d'une réunion. Regarde dans quel état est Fred... Et toi aussi. Danger est increvable, la défense de Graymalkin est sa fonction première alors..."

Elle poussa un soupire un peu las en se passant une main dans les cheveux.

"Pour le jet... Si tu t'y connais, je m'y mets volontiers, mais pour le transporter, il faudra démonter la carcasse et avec ma délicatesse, je risque d'abimer des pièces récupérables."

Et pourquoi ils avaient pas eu droit à un cours sur le fonctionnement de ce foutu appareil? ça aurait peut-être pu éviter que Damian Mia et Mbarou le crashent dans le parc, pour commencer. Ouais, le fait que ces trois-là aillent faire mumuse avec un équipement aussi coûteux qu'utile lui restait quand même en travers de la gorge... Pourtant sur le terrain, ils auraient bien eu besoin des compétences de Mia. Et maintenant, celle-ci était en train de morfler sur un lit d'hôpital. Ryo ressortait de son trou avec son fidèle couvre-chef, ça en faisait au moins un de satisfait sur l'ensemble. Vraiment, elle ne le comprenait pas. Il passait d'un avis à un autre comme on changeait de chemise. Et maintenant il la remerciait? Elle haussa un sourcil, et répondit un vague et distant.

"J't'en prie."

C'était la moindre des choses, après l'avoir "gavé" avec ses états d'âme. Elle préféra se reporter sur Tonga alors que l'asiatique s'éloignait.

"Bon... Au moins je sais boucher des fenêtres avec des bâches, donc... Je vais déjà m'occuper des carreaux brisés, et ramasser ensuite les débris à l'intérieur. J'ose pas toucher à l'extérieur. L'armement, c'est le domaine de Danger. Moi j'y connais rien et ne saurai pas quoi faire des débris."

Elle haussa les épaules.

"Si t'es motivé pour préparer une réunion quand même, je te laisse choisir qui seront les plus aptes à la suivre et organiser tout ça. En attendant, comme tu l'as dit, je vais essayer de me rendre utile."

Puis elle s'éloigna à son tour, pour un passage express vers le hangar histoire de récupérer du matériel.

 Hangar   Salon

Les trois se séparèrent, chacun partant plus ou moins de son coté.
Il appartenait à présent à Tonga de se retrouver et de récupérer sa confiance en soi et conduire tout son groupe vers la survie. L'inéluctable devoir des espèces était maintenant celui des mutants de Graymalkin.

Il suivit les directions de chacun: Eden allait se rendre utile, Fred allait décompresser et Ryo... et bien Ryo, il s'en fichait un peu pour le moment, visiblement. Tant pis, ce n'était pas du ressort de Tonga de le gérer.
Fidèle à lui-même, Tonga estima qu'on n'est jamais plus en sécurité que lorsqu'on est armés.
Il ouvrit les portes légèrement cabossées de l'armurerie.

Il se remémora la seule et unique fois qu'il était venu ici. C'était contre les Csatars. Blessé et fatigué, il était venu ici, tel un Last Action hero, prêt à tout donner. Des yeux, le fourmilier suivait par terre la trace séchée de son propre sang. Des gouttelettes, une raie de sang, et ensuite une ligne continue qui le mena jusqu'à cette petite salle qu'il avait découvert.
Fermée.
Evidemment, fermée.

Tonga se souvint de la tronche qu'elle avait. une grande porte qui s'était ouverte à son arrivée, avec cette LED verte qui tournoyait, et qui là était éteinte. A l'intérieur, il se souvint qu'il avait trouvé les armes du "protocole 3", non léthales, mais tranquillisantes.
Cette porte fermée était un problème. On devrait y avoir accès, non ?

Il rebroussa chemin.
Les sous-sols étaient déserts.

...

Il s'assied au sol.
En regardant les traces du combat au sol, il revoit le combat. Les coups. Les griffes. Le sang. Le mort. Les cris. La violence. D'un coup, il ne sait plus. Il a fui. Non, il a battu en retraite. Et la grande blonde les as tous téléportés.
Pourquoi avait-elle fait ça ?

...

Il allaient revenir, et il faudrait être prêt.
Tonga se redressa d'un coup et partit aider.

Salon