[Belgique]Les boîtes aux lettres de la discorde

D'un pas emprunt d'une tranquille douceur, Belinda parcourait autant les rues la menant de son chez elle au parc le plus proche que son courrier du jour, poignée de minces enveloppes au contenu supposé fort administratif et fonctionnel, quand il n'était pas simplement publicitaire et, généralement, inutile; le monde numérique et l'absence d'amis ou famille proche laissant généralement la boîte aux lettres de la jeune femme dans un demi-coma affamé.

Ou ce qui s'en approchait le plus chez une boîte aux lettres.

Belinda portait une robe légère, bleu pâle, des baskets de toile délavées et un sweat à capuche noir et élimé, ainsi qu'un vieux sac à dos marron au maigre contenu. Elle portait la capuche rabattue sur sa tête, comme à son habitude lorsqu'elle passait par des endroits plus ou moins "peuplés", de façon à limiter les regards curieux ou interloqués, déjà fort nombreux rien que de part sa taille peu commune. La jeune femme n'oubliait pas non plus d'écouter de la musique pour s'isoler encore un peu plus du monde autour d'elle.

De ses longs doigts, délicatement, Belinda "triait" ses lettres, d'abord par la langue, Néerlandais d'un côté, Français de l'autre; après tant d'années, il y avait toujours des brouilles linguistiques, volontaires ou accidentelles.

Tandis que la jeune mutante passait à une autre étape de son tri, alors qu'elle longeait de petites maisons serrées les unes contre les autres, il lui sembla entendre une sorte de sonnerie grinçante et métallique, répétée, sans rythme ni régularité, par-delà sa propre musique. Elle leva le nez de son courrier, cherchant du regard d'où pouvait bien venir pareil son.

Droit sur elle fonçait un mince vélo rouge, chevauché par un gamin hilare et, vraisemblablement, peu enclin (ou apte?) à ralentir ou ne serait-ce qu'esquiver Belinda: non, il préférait l'enjoindre à se pousser, elle, à grands renforts de sa primitive sonnette clinquante. La jeune femme bondit sur le côté, suivant le jeune garçon d'un regard réprobateur... Ah, c'était juste un môme, pensa-t-elle, reprenant déjà sa route.

"Ma boîte aux lettres!", s'écria une voix tellement surprise qu'elle en devenait comique.

Soudain, une main se referma autour du bras de Belinda, essayant vraisemblablement de la retenir, ce qui ne marcha pas tout de suite.

" Hé, oh, stop!", reprit la voix, une voix d'homme d'ailleurs, toujours surprise.

Belinda se retourna, découvrant qu'à son bras s'accrochait un homme trapu, rondouillard et moustachu, apparemment très surpris de cette rencontre.

" Hrm, euh, la boîte aux lettres...? ", bredouilla-t-il, pointant du doigt vers la-dite boîte aux lettres, la sienne, sans doute, écrasée contre le mur auquel elle était vissée.

" Vous, euh, vous avez écr... broyé ! Oui, broyé, c'est ça! Ma boîte aux lettres, là! Je, euh, je.. J'ai même pas pu récupérer mon courrier, moi ! "

Il ne semblait pas bien méchant, ennuyé et perplexe, ça oui. Il avait aussi les cheveux hirsutes façon "Grasse mâtinée".

Belinda pencha la tête de côté, bredouillant un "euh" timide.

" Je suis désolée... Je pourrais peut-être essayer de vous la redresser un peu? Au minimum, je peux vous en sortir votre courrier!" annonça-t-elle, serviable.

[HRP : bienvenue Belinda pour commencer, ceci est ta phase d'introduction, qui devrait te permettre si ce n'est pas déjà fait de te familiariser avec le roleplay mais aussi les règles du forum concernant les actions, que je t'invite dès maintenant à adopter quand l'occasion s'y prêtera. A savoir, action de ton personnage en orange... ]

L'homme ventripotent se tint à la hauteur de Belinda, les mains sur les hanches dans une position quelque peu comique. Il semblait attendre que Belinda se mette en action pour appliquer ce qu'elle avait déclaré.

"Bon alors mademoiselle c'est pour aujourd'hui ou pour demain!!"

lâcha t il dans un flamand qui se voulait insultant.

"Vous vous rendez compte!! Si tout le monde faisait comme vous où irait on? Je vous le demande... Bla bla bla..."

Le gros bonhomme partit dans une interminable morale, s'énervant presque au fur et à mesure qu'il parlait. Il ne laissait aucune occasion à Belinda d'en placer une. Et chaque fois, qu'elle tentait d'accomplir ce qu'elle avait proposé il en rajoutait une couche...

" il va falloir me rembourser ça mademoiselle!!! et presto!!"

Termina t il avant de se remettre dans sa position initiale. Comme pour récupérer de son effort.

[HRP: Okay, je n'ai pas vraiment l'habitude d'un système de couleurs pour les actions, ça permettra aussi de se rôder.]

D'un soupir, à mi-chemin du monologue du rondelet moustachu, Belinda abdiqua, décidant d'attendre la fin de cette tirade avant de tenter de redonner forme à la boîte aux lettres, penchant la tête de côté, d'abord à droite, puis à gauche, faisant mine d'acquiescer et de suivre ce monsieur dans ses élucubrations. En vérité, la jeune femme attendait simplement que "cela se passe", l'air un peu hagard.

En effet, Belinda était une personne franchement patiente mais pas vraiment au top des échanges humains, un peu comme... une chaise de dentiste. Elle n'allait pas moufeter de toute l'opération mais n'allait pas vous tenir la main et vous réconforter non plus; elle était là et c'était déjà bien suffisant.

Enfin, le bonhomme reprit son souffle, avec un air comique de grosse carpe qui viendrait de croiser un homme-grenouille. Du moins, c'était ce que Belinda imaginait.

Un peu agacée, la jeune femme tendit lentement le bras vers la boîte aux lettres pour s'en saisir, l'arracher du mur et ensuite l'ouvrir en la déchirant comme on déchirerait l'aluminium emballant des tartines. Il s'agissait ensuite de rendre son courrier au Monsieur ainsi que de lui glisser un billet, vingt euros devraient faire l'affaire... trente, peut-être? Cela ferait deux billets en plus de la poignée d'enveloppes.

L'homme attendait toujours dans cette position semi-comique, involontaire, pendant que Belinda s'affairait sur la boite aux lettres.

Il releva un peu les yeux quand il vit la facilité avec laquelle elle venait de déchirer la boite aux lettres mais n'en fit pas plus. Sans doute mettait il cela sur le coup du hasard ou de l'agacement.

Il saisit les lettres et les billets un peu ahuri. Semblant réfléchir à ce qu'il allait dire ou faire. L'attitude de Belinda lui avait coupé l'herbe sous le pied. Sans doute était ce le genre d'homme à se plaindre de tout, mais là. Il avait obtenu ce qu'il voulait. Il grommela dans sa barbe, fit demi-tour après une brève morale à l'encontre de la jeune fille, conclue par un merci discret.

A part son altercation le quartier était très calme et fort tranquille. Seule une seule voiture, de marque allemande -BMW X5-, venait de s'engouffrer dans la rue où Belinda se trouvait.


Alors qu'elle arrivait à hauteur de la mutante qui avait repris sa marche. Elle put voir qu'à l'intérieur se trouvaient trois individus qui visiblement n'étaient pas du coin, mais plutôt originaires des pays de l'Est. La plaque indiquait que le véhicule était immatriculé en Albanie.

Le véhicule ralentissait à hauteur du n° 45 de la rue. Les occupants semblaient désigner des choses en direction de la maison se trouvant dans cette rue. Un rideau s'écarta sans que Belinda ne vit quoique ce soit, le chauffeur remarqua la présence de la mutante, en discuta avec le gars assit à l'arrière et le véhicule accéléra pour tourner un peu plus loin dans une rue avoisinante.

Belinda sourit lorsque le bonhomme se retourna, rentrant chez lui, l'imaginant en costume de gnome ronchon au bon fond. Elle aussi reprit alors sa route, espérant pouvoir à nouveau profiter de sa musique pleinement...

Nouveau manège. La jeune femme ne put s'empêcher de suivre avec attention ce qui se passait, et s'étonnait même un peu de son œil pour les détails tels que la plaque d'immatriculation albanaise, le numéro de la maison...

Parfaitement immobile, Belinda suivit du regard la voiture avant de reprendre sa marche... et de s'arrêter après trois pas.

Peut-être valait-il mieux attendre ici encore un peu, au minimum pour chasser ce sentiment de méfiance tout récent...?

Belinda décida de patienter quelques minutes à proximité de la maison, pour se rassurer. Rien ne se passait dans le temps proche de sa décision. Au bout de trois minutes, le rideau se tira de nouveau et elle put voir un visage apparaître, inquiet.

Puis, quelques secondes après, la porte s'ouvrit, un homme en sortit habillé très discrètement. Il se tourna vers la maison comme s'il avait quelque chose à dire à quelqu'un, puis referma la porte derrière lui et prit le chemin inverse de la voiture. Il semblait très inquiet par son attitude, et regarda plusieurs fois dans la direction de Belinda, comme pour s'assurer qu'elle n'était pas un danger ou quelqu'un là pour surveiller.