01.02/13.Sc.Arlington

Rompant avec la tradition d’isolement des bases militaires, le Pentagone était localisé en plein cœur de l’agglomération de Washington, à Arlington. La surface allouée au bâtiment en lui-même était bien inférieure à la zone de sécurité érigée plusieurs centaines de mètres avant l’enceinte extérieure. Après une étude approfondie, les élèves n’avaient pu identifier aucune issue alternative : la proximité du Potomac, lui-même lourdement surveillé, avait même permis la création d’un système autonome de traitement des eaux. Le bâtiment ne disposait donc pas d’égouts à proprement parler.



(Sur cette photo, le Sud est en haut à gauche, le Nord en bas à droite)

Les seuls accès motorisés consistaient en une série de checkpoints localisés près des sorties d’autoroute. Ils étaient au nombre de trois au Sud, donnant accès à l’immense parking découvert principal, et de deux au Nord, menant vers les deux parkings réservé aux urgences et aux personnalités plus gradées.



Trois faces disposaient d’un accès : la face Sud, pour l’entrée des employés sans histoire, et les deux faces du Nord plus « select ». Depuis leur véhicule, les Bloody Mary, avant toute chose, devaient convenir du moyen d’accéder aux abords du bâtiment. Chaque checkpoint était composé d’un petit poste de contrôle fermé, ainsi que de deux gardes armés, qui ne faisaient cependant pas partie de l’élite des forces spéciales. Être stationné à un péage du Pentagone ressemblait apparemment plus à une voie de garage qu’à l’accomplissement d’une carrière.
Les checkpoints étaient ouverts durant les heures de pointe pour éviter des embouteillages terrifiants, soit entre 6 et 9 heures du matin, et 4 et 6 de l’après-midi.

Bon, maintenant elle en était sur, elle était complètement taré. Foncer tête baissé dans le complexe militaire le plus gros du monde c'était surement encore plus stupide que de foncé tête en bas dans une cage d'escalier, où encore avec un van rempli d'élèves. Mais l'idée lui plaisait terriblement, foncé dans le tas sans réfléchir c'était devenu ça signature, son style, son plaisir perso, elle savait le faire et elle le faisait bien et surtout avec beaucoup d'amour.

Le plan était simple, enfin surtout ça partie du plan, elle devait foncer à travers une vitre de bureau et foutre le feu au bâtiment. Simple, surtout si on ne prenait pas en compte les checkpoints, le dispositif antiaérien, les vitres blindé et tous les autres trucs qu'elle n'avait pas imaginé. Pour les postes de contrôle, il suffisait de passer aux heures d'ouverture. Pour le dispositif antiaérien elle pensait voler au ras du sol en suivant la route et ainsi passer pour un véhicule rapide et non un missile. Et pour la vitre blindée, il suffisait de bien calculer tout les paramètres. 100kg à 200km/h = Très lourd mais pas assez, mais avec un long tube en acier taillé en pointe qui servira de bélier, Mbarou devrait éviter de savoir se que ça fait d'être une mouche qui s'écrase sur un pare-brise.

Elle était sortit du véhicule des Bloody Mary proche du cimetière Arlingtone au nord du pentagone. Il y avait environ 1,5 kilomètre entre les deux points, un peu moins de la distance max qu'elle parvenait à faire en volant. Il était cinq heurs de l'après midi, en plaine heur de pointe, c'était parfait pour voler le long de l'autoroute au ras du sol pour ne pas se faire repérer et éviter les contrôles. Une fois dans la courbe pour rentrer dans le parking nord des employés, elle décrochera et visera une des fenêtres du deuxième étage.
Elle prit son lourd tube d'acier et le plaqua le long de son corps, c'était partit, elle s'envola en direction de sa cible. Aucune alarme ni aucun dispositif de défense aérienne ne sortit du sol. Les systèmes de surveillance devaient être calibrés sur les véhicules capables de lancer les missiles, avant de chercher les missiles en eux-mêmes. L'ETA était estimé à une trentaine de secondes. Si tous ce passait bien, une fois dedans elle mettrait le feu à la pièce pour que l'alerte incendie s'enclenche et que les Bloody puissent intervenir.

Timour ne parvenait pas à tenir en place dans l'habitacle de leur camion d'intervention. Au début il s'était extasié sur l'intérieur du véhicule, avec tous ces gadgets et équipements des forces anti-incendies américaines, mais l'arrivée au fameux cimetière d'Arlington et le départ de Mbarou sonna le vrai début de la vraie mission. Il sentit donc le stress et l'excitation ambiants se mêler pour battre la chamade dans son cœur.

"A plus Draak fais gaffe à tes fesses !"

Lui lâcha-t-il tandis qu'elle les quittait avec son bélier de la mort. Timour lui aurait bien décoché une flèche de courage mais la dinosauresse n'en avait pas besoin, elle semblait parfaitement au taquet.

Cupidon tenta alors de rajuster encore la grosse veste noire bandée de fluo dans laquelle il nageait un peu. Le casque par contre était limite trop petit pour son crane boursoufflé. Ça n'allait pas être agréable. Quelle poisse quand même.

"Chimère on démarre tout de suite ? Moi je trouve ça trop cool comme mission. Hé Chimère tu feras une petite détection pour nous dire si y'a des PFs ?"

Il s'était approché par l'arrière du siège du conducteur et regardait par dessus l'épaule de son mentor. Il se rassit pour lacer ses bottes d'intervention non sans jeter un regard opaque à Jun, la petite nouvelle un peu trop fraichement embarquée ... elle n'avait aucune expérience ! Timour sonda un peu ses émotions histoire de se dérouiller l'esprit. Si elle était prête à faire dans sa culotte devant le danger, mieux valait avertir directement Chimère pour qu'il lui donne la garde du camion ou la laisse au cimetière.

Pensif, Alexander observait l'extérieur du véhicule. Attaquer le Pentagone. Rien que ça ! Restait à espérer qu'ils reviendraient tous en état. Ils formaient tout de même une bonne bande de fêlés quand on y songeait plus attentivement. Mais l'union faisait la force, même pour réaliser les choses les plus folles. Ainsi, ils étaient prêts du bâtiment ciblé. MBarou venait de quitter le camion, sonnant le début de l'opération.

L'asiatique releva le visage, équipé de son casque et de sa tenue de pompier. Ils allaient devoir bientôt intervenir. Il observa le dragon volant s'approcher du Pentagone. Comme à son habitude, Timour était toujours aussi excité, quelque soit le danger à portée d'eux. Il valait probablement mieux être plein d'entrain que claquer des genoux de peur.

- " On tente de rentrer de quel côté du bâtiment, finalement ? "

Il serait temps de se mettre d'accord à présent, face au mur.

Manifestement, en faisant le voyage depuis Tokyo jusqu'ici, elle allait de surprise en surprise. Si on lui avait dit, avant la découverte de ses pouvoirs, qu'elle deviendrait une mutante aussi particulière et qu'elle ferait partie d'un groupe d'autres mutants avec pour but le pentagone et le président américain, elle aurait eu un mal fou à le croire. Et pourtant, elle était là avec eux. Quand elle avait été mise au parfum, elle s'était surtout une fois de plus demandé ce qui pouvait leur passer par la tête. Le pentagone tout de même. Pas besoin d'avoir fait de longues études pour savoir ce que c'était. Le pire étant surtout qu'elle les avait suivi dans ce plan sans doute très fou.

L'autre jeune fille, la seule autre en dehors d'elle, partie la première. Si elle n'avait pas été quelque peu tendue par cette première mission, elle aurait songé qu'il eut été dommage d'oublier son appareil photo. Parce que bon. Ce n'était plus une question de sauver un monsieur Mori d'une simple organisation. C'était LE pentagone. Et si elle ne pipait mot pour l'instant, c'était surtout que pour l'instant, elle préférait garder son calme et sa concentration. Garder son self-control au possible pour l'instant pour éviter de trop frissonner d'angoisse lui semblait une bonne idée ; et du reste, elle préférait suivre les ordres pour l'instant à défaut de mieux. Et puis elle n'avait rien à dire en plus.

La fenêtre conducteur ouverte, Walentyn souffla un rond de fumée nonchalant vers l'extérieur du véhicule tout en observant Mbarou décoller. Celle-là n'avait pas froid aux yeux, et ça collait parfaitement avec l'objectif ambitieux de leur mission. En même temps, un bélier de métal, ça donnait un peu confiance. Il était lui-même plutôt à son aise au volant de l'imposant camion de pompiers. S'il avait eu l'intention de rester parmi les X-men après cette mission, il aurait d'ailleurs certainement gardé ce petit joujou volé, bien pratique pour les interventions musclées, et pour griller les bouchons aux heures de pointe.

Ne restait plus qu'à attendre que la géante bleue mette le feu à la scène. Il profita de ce délai pour modifier durablement l'apparence de leur groupe : il vieillit un peu Alexander et Jun, et transforma carrément Timour en vieux brigadier, dont il avait en réalité emprunté les traits au tenancier du bouge chicagoan où il allait généralement se murger :


Ca n'arrêterait pas les caméras, mais au moins, ça éviterait quelques questions ennuyeuses de la part du personnel.

"Ouais, ouais, t'inquiète. Je vous tiendrai au jus dès qu'on sera à portée." confirma-t-il à Timour, qui se croyait déjà au parc d'attractions.

Il craignait que son enthousiasme naturel le rende insouciant, mais il comptait sur Alexander et Gregory pour le calmer et/ou le rabrouer si nécessaire. Evidemment, le déguiser en Gros Tommy n'était pas l'idée la plus favorable au sang-froid du Martien, mais il fallait bien faire plaisir aux gosses de temps en temps.

"On devrait tenter par la façade nord, avec le parking de service. On va se mettre en route tranquillement en attendant la confirmation de Draak." dit-il, avant de joindre le geste à la parole. Il roulerait sans se presser pour laisser le temps à l'incendie de se déclarer, tout en devançant les éventuels vrais pompiers qui seraient appelés.

Le vol de Draak se passa sans encombre jusqu'au point d'impact. La vitre qu'elle pulvérisa était située à l'extrême gauche de la "River Entrance", au troisième étage. Le choc ne la blessa pas, mais elle perdit l'équilibre et s'étala en pleine sur le bureau d'un homme d'âge moyen qui fut assommé sur le coup.

Dans la pièce se trouvait également un collègue, qui resta pétrifié, assis, la main crispée sur son stylo, la bouche grande ouverte. Un remue-ménage commençait à se faire entendre, car à l'instar des bureaux modernes, les murs intérieurs n'étaient pas épais. Draak put se relever, et observer le reste du décor : beaucoup de dossiers sur des étagères ouvertes, et de la paperasse qui avait voleté un peu partout grâce à son entrée en fanfare. Les bureaux étaient, eux, en plastique.

La porte de la pièce était par contre en bois, sans vitre interne, et était fermée. Sur la droite, un store cachait un passage vers d'autres bureaux, où le tintamarre avait créé un certain remue-ménage.

La camionnette avait tranquillement avancé jusqu'aux checkpoints du Nord. La route formait un Y, les deux branches parvenant au même endroit, et les deux points de contrôle étaient rigoureusement identiques, jusqu'à l'allure peu sportive des deux soldats qui la gardaient.

[Nb : pour ce tour, je conseille à Mbarou de poster en première pour faire profiter ses petits camarades de ses choxi stratégiques]

En se relevant de sa position inconfortable, Draak eut la mauvaise surprise de voir que la pièce était occupée. Merde, les cons, ils ne pouvaient pas éviter de faire du zèle aujourd'hui et se casser un peu plus tôt comme un fonctionnaire normal? Elle réfléchit vite fait entre deux choses à faire, assommer le mec qui l'avait surprise où foutre le feu rapidement à la pièce. Et la deuxième solution semblait la plus urgent, surtout qu'il devait y avoir des cameras dans la pièce, elle ne voulait pas se faire surprendre.

Elle dirigea donc son bras en direction de l'étagère ouvertes et ses beaux dossiers en papier prêt à flambé et chercha dans ses dernières ressources pour cracher une flamme la plus chaude possible pour enflammer tout ceci rapidement.

Des étagères recouvertes de matériel inflammable ne pouvaient que prendre feu rapidement. Draak avait vu grand, et la déflagration produisit un retour de flamme qui vint lui chatouiller les narines. Ce fut cet évènement particulier qui fit sortir le spectateur de sa torpeur, il détala en hurlant à travers le store, sans prendre la peine de l'écarter. Les lattes vrillées ne reprirent pas leur position intiale, et la mutante put voir trois personnes - deux femmes et un homme - qui l'observaient à travers l'ouverture. Rapidement, une des femmes, la plus jeune, murmura quelques mots à l'oreille de ses collègues et tourna calmement les talons avant de s'éloigner vers l'intérieur du bâtiment.

L'homme inanimé l'était toujours. Il n'était pas situé au plus près du départ de feu mais restait sans réaction. Le chaos provoqué par l'entrée dynamique de Draak offrait au flammes une myriade de choix de trajectoires - à l'intérieur de la pièce : pour le moment, un manieur d'extincteur efficace pouvait encore réduire l'incendie à néant. Finalement, une alarme assourdissante finit par retentir lorsque l'épaisse fumée atteignit pour la première fois le plafond. Celle-ci pouvait être entendue jusqu'à l'extérieur, et le groupe du camion vit les gardes des checkpoints y réagir.

Elle espérait ainsi créer un max de fumée et ainsi se cacher discrètement dans la pièce. Bien sur elle n'allait pas laisser le pauvre homme assommé cramer là, alors si elle le pouvait, elle l'emporterait sur son épaule loin du feu. C'était potentiellement un ennemis, mais un pauvre homme malchanceux aussi et s'il n'était pas mort après avoir servit amortisseur, il ne méritait pas de mourir aussi atrocement.

Chimère eut un hochement de tête bourru à l'intervention de Gregory. Vu l'agitation du garde-chiourme, Draak avait fait son petit effet. Les choses sérieuses commençaient.

"Allez en piste... les Bloody Mary." lâcha-t-il avant de mener le camion jusqu'à la guérite du garde qui leur avait fait signe.

Il avait entendu dire que les mômes de Lily-Rose se faisaient appeler les Blue Lagoon. Ils ignoraient probablement ce qui avait pu inspirer la doyenne, à savoir une beigne bien sentie dans un bar lounge. Le nom de Bloody Mary lui était donc venu tout naturellement. Il avait de plus une saveur agressive, comme le goût métallique du sang. Avec ça, ses recrues auraient de quoi ne pas se laisser marcher sur les pieds.

"Brigade n°5 au rapport. Il paraît que vous avez besoin de nous ? Qu'est-ce qui se passe ?" demanda-t-il.

Le garde en faction s'approcha de la fenêtre conducteur, son arme accrochée dans le dos.

- Tiens, y'a un nouveau numéro ? Pas grave, au moins vous, vous êtes rapides. C'est au coin de la face River et de la Concourse. Essayez de passer par l'entrée River, dit-il en désignant la face la plus proche du bras, mais si c'est grave, vous devrez peut-être trouver un autre accès, la porte peut être bloquée.

Depuis sa cabane, son gros collègue posa le téléphone qu'il avait auparavant décroché, et ajouta :

- Vous inquiétez pas, la grande échelle a juste une minute trente de retard sur vous. Vous aurez juste le temps de vous habiller et vous pourrez intervenir avec vos collègues.

Les deux gardes, de concert, leur firent signe d'avancer.

Jun était tendue, mais pas au point de compromettre la mission. Timour ne poursuivit pas d'avantage son scanner des émotions de la collègue pour ne pas s'user inutilement. Au moins savait-il que son sixième sens mutant fonctionnait.

Timour fut du reste accaparé par un changement soudain de la physionomie de Jun. Elle venait de prendre dix ans d'un coup bordel ! Se tournant vers Alexander il le vit également plus mûr que d'ordinaire ... Comprenant aussitôt l'origine de ces nouveautés, il regarda promptement ses deux bras et poussa une exclamation de joie.

"Wahou j'ai des grosse mains tatouées, t'as vu ça !"

Et il fut encore plus confus de s'entendre parler avec une voix bien rauque et virile d'avoir trop fumé et bu.

"Bordel, ha ha, trop cool ..."

Avide il retira son casque et se contorsionna pour voir une partie de son visage dans le rétroviseur central et poussa derechef des oh et des ah complètement enthousiastes. Il se frotta la moustache, caressa ses cheveux gras et ses sourcils volontaires. C'était vraiment vrai ! Puis il remit son casque qui le gênait aux entournures.

"T'es trop fort Chimère quand j'y pense."

Il oublia quelques temps la mission pour admirer l'illusion parfaite de Walentyn. Les lettres stylées sur ses doigts jaunâtres et épais le fascinaient.

"J'veux bien rester toute ma vie comme ça si ça te dérange pas !"

Dit l'empathe ensorcelé en se penchant vers son leader. Puis Arkin, qui n'avait pas changé de tête ni de silhouette - si on exceptait son style vestimentaire inhabituel - donna la réplique qui ramena Cupidon-Gros Tommy sur terre. Et raviva le stress de la mission. Walentyn donna ensuite un drôle de nom sanglant à leur petit groupe. Le mafieux avait-il un compte à régler avec une certaine Marie ?

Le cœur battant et le regard blasé, Gros Tomour suivit la courte conversation entre le conducteur et les gardes. L'empathe dit alors à l'intention des autres "pompiers" de son groupe, tout en bondissant sur ses pieds.

"Vous avez entendu les mecs on fonce par l'entrée River ! Suivez-moi ! Vous n'avez qu'à prendre les extincteurs portatifs pour commencer ! Bordel on va éteindre ce feu et si la porte est bloquée on débloque compris ?!"

Timour s'empara d'une masse de pompier histoire d'avoir de quoi éclater les vitres (ou autre) et dès que le camion s'arrêta il courut jusqu'à l'entrée River pour tester son ouverture.

La porte était effectivement bloquée, du moins les capteurs n'autorisaient-ils plus personne à entrer dans le bâtiment, peut-être pour éviter que quiconque ne rejoigne les lieux du sinistre. Dans le hall, des gens couraient, mais ils suivaient scrupuleusement les itinéraires de secours qui passaient par des portes secondaires situées entre les entrées principales. D'ailleurs, des silhouettes de civils commencèrent à apparaître sur le parking, assez organisées et calmes pour laisser penser à une pratique régulière des exercices d'évacuation.

Chaud devant ! Il n'avait pas l'intention d'attendre la grande échelle !

Ils passeraient donc par la façade Nord. Arkin annonça que Draak avait probablement réussi son assaut et des gardes leur faisaient signe de s'approcher, ce qui confirma donc l'attaque de la dragonne. Ceux-ci ne manquèrent pas de leur indiquer la direction à prendre et d'annoncer qu'une vraie équipe de pompier allait arriver. Ils devaient faire vite, donc !

Timour se jeta hors du véhicule avec des équipements et fonça droit vers la porte qui se révéla malheureusement être bloquée par les capteurs. Dreams suivit des yeux d'où venaient les gens qui arrivaient lentement sur le parking. S'ils sortaient, il était possible de rentrer à contre courant !

Alexander se dirigea donc dans cette direction pour pénétrer dans le bâtiment, armé d'un extincteur.

Dreams vit que malgré la discipline, l'accès était obstrué par une file ininterrompue de travailleurs - il y avait beaucoup d'employés au Pentagone. Le voyant arriver avec son costume de pompier, la plupart tentèrent de s'écarter pour laisser un passage, mais la progression n'allait pas être aisée.

Le reste se déroula relativement vite en réalité. Elle et Alex prirent soudainement une apparence d'eux-mêmes avec quelques années de plus et le dénommé Timour eut une apparence totalement différente et bien plus vieille. Il ressemblait à un vieux loup, le genre à avoir des tas de choses à raconter dans un bar. Draak parti la première et eux continuèrent tranquillement, histoire de ne pas avoir l'air suspect. Les autres bougèrent un peu, Arkin leur annonça que c'était visiblement bon et qu'elle avait dû réussir son vol. Puis ils s'arrêtèrent un peu et s'ensuivit une discussion que Jun eut légèrement du mal à saisir. Elle comprenait l'anglais, mais elle avait encore quelque peu du mal à les suivre. Des fois, ils parlaient un peu trop vite pour elle. Ils continuèrent néanmoins ensuite, signe que pour l'instant, tout semblait se dérouler correctement. Ce ne fut que lorsqu'ils durent descendre qu'une pointe d'excitation se fit ressentir. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle était ici, dans cet endroit-là, en compagnie d'un groupe de mutants comme elle, et qu'ils allaient vraiment faire ça.

Cela étant, Timour parti avec une espèce de masse et Alex avec un extincteur. Quant à elle, elle prit un extincteur également et les suivit sans tarder. Les portes principales étaient manifestement condamnées et seules les issues de secours semblaient être utilisées. Quelques badauds tentèrent vaguement de s'écarter, sans plus. Allons bon, songea-t-elle en fronçant les sourcils. Ils n'allaient pas pouvoir attendre qu'ils sortent tous pour entrer.

Décidant de tenter alors le rentre-dedans, elle se planta dans l'ouverture de la porte pour tenter de les forcer à faire momentanément demi-tour le temps qu'eux puissent rentrer, en se permettant de lancer ; "Laissez passer !"

Mes excuses pour le rythme, je vais accélérer les choses à partir de maintenant

Du côté du point d'impact de Mbarou, les flammes commençaient à atteindre des hautes respectables, certaines commençant à lécher les poignées des portes. Une barrière s'était d'ailleurs créée, laissant à Draak comme seule issue le store par lequel s'était enfui le collègue du dormeur. Qui, de son côté, ne donnait aucun signe d'éveil.

Les efforts conjugués de Jun et Alexander leur facilitèrent le passage, et ils purent avancer à contre-courant, même si la discipline des évacués se limitait à leurs seules personnes : l'accès serait ralenti pour les éventuels autres élèves. Après quelques mètres, ils se retrouvèrent face à un choix : descendre vers les sous-sols, ou monter au premier étage.

A l'entrée principale, un travailleur moins attentif que les autres, ou encore plus conditionné à employer toujours les mêmes itinéraires de sortie, s'approcha de la porte vitrée qui s'ouvrit, signe que les capteurs fonctionnaient toujours de l'intérieur. Chimère, Rage et Cupidon purent alors voir deux membres de la sécurité se précipiter vers lui, sans doute pour le réorienter dans la bonne direction. Pour l'occasion, afin de guider aisément l'évacuation, ils avaient revêtu un gilet orange fluorescent sur leur uniforme bleu nuit.

Ils purent également voir l'aspect intérieur du hall. Une mezzanine (à hauteur du troisième étage) faisait face à l'entrée, et était accessible par deux escaliers situés aux extrémités gauche et droite du hall. Des marquages au sol luminescents guidaient le personnel qui continuait d'arriver en flots ininterrompus.


L'étourdi se retourna dans la zone de détection du système d'ouverture pendant que les gardes s'approchaient.



En rouge : l'impact de Draak
En vert : l'issue de secours d'Alex et Jun
En violet : l'entrée principale (ouverte pour le moment) où se trouve le reste de l'équipe

Voilà, c'était la panique à bord et le petit empathe, malgré son déguisement virtuel de vieux routard de la vie, ressentait la joie de la mission impossible qui les attendait. L'animation ambiante y était aussi pour quelque chose dans son état fébrile. Les autres pompiers pouvaient rappliquer d'une seconde à l'autre, ou bien d'autres types pouvaient éteindre le feu de Draak ! Elle avait assuré la dragonne !

Bien sûr la porte vitrée ne voulait plus s'ouvrir, mais le malin empathe avait sa masse ! Heureusement, il y eut plutôt ce type étourdi qui leur ouvrit la porte par miracle. Cupidon hésita quelques centièmes de seconde : passer, ou ne pas passer ? De toute façon il n'avait pas le temps bordel, les portes allaient se refermer.

L'empathe entra donc, confiant qu'on ne pouvait rien reprocher à un brave pompier comme lui. Il arriva près du gugusse qui s'attardait dans l'entrée et lui mit la main sur le bras.

"On nous attend ! C'est de quel côté b..."

Il faillit dire bordel mais se retint, ça ne ferait pas très sérieux. Il en profita pour injecter au pauvre employé un sentiment d'animosité envers les gardes qui approchaient. Celui-ci, qui s'était retourné et semblait prêt à rejoindre la file officielle, se dégagea violemment du contact de Cupidon. Il s'approcha des deux vigiles en les menaçant de l'index.

"Et sinon, ça vous dirait pas de faire votre job pour une fois ? D'arrêter d'emmerder les honnêtes employés ? Pour aligner les gens, y'a du monde, mais pour résoudre les disparitions de portefeuilles, là, y'a plus personne !"

Les vigiles parurent stupéfaits de sa réaction. L'un d'eux recula ostensiblement, mais le second fit preuve de sang-froid, en dégainant son taser et en clouant le rebelle sur place, avant d'activer son communicateur.

"Mike, ici l'équipe hall. On a un cas de panique, il nous faudrait des renforts pour le faire sortir. Deux ou trois personnes....Trente secondes ? Parfait."

Puis, sans un regard pour les pompiers, il s'agenouilla pour vérifier que sa victime respirait encore. Son collègue s'était calmé, et indiqua la gauche du hall aux "pompiers", sans les quitter des yeux, en particulier Timour qui devait lui sembler un rien négligé pour un soldat du feu dans l'exercice de ses fonctions, et devant suivre un code capillaire strict.

Ça permettrait peut-être de faire diversion, et pendant ce temps les portes resteraient ouvertes pour son héros, dont le prénom commence par un W et le nom de code par un C. Et pour Arkin aussi.

Alors, approché du pentagone c'était fait, rentrer dedans c'était fait, foutre le feu c'était fait et enclencher l'alarme aussi. Mbarou avait de quoi être fier tout ce passait pour le mieux, elle était une championne. Mais maintenant que faire? Les autres devaient chercher le présidant, mais elle n'avait plus rien à faire, à par fuir l'incendie. Le gros problème c'est qu'elle était un peu coincé, elle n'avait pas les ressources pour fuir par les fenêtres en volant, elle devait encore se reposer un peu. Elle ne pouvait que fuir par l'intérieur du bâtiment, ce qui était vraiment risqué, car elle pouvait se faire repérer, mais elle devait trouver une cachette et se reposer.

"Draak au rapport, le feu est bien partit, et il n'est pas près de s'éteindre. J'dois quitter la pièce, pour me reposer un peu, je vais passer par les bureaux pour me faire discrète. J'ai un blesser avec moi, je le dépose où? J'peux vous aider à faire quelque chose?"

Après avoir parler dans son communicateur, elle prit sur l'épaule l'homme-coussin-d'atterrissage et dans son autre main ça fameuse bar en fer qui lui avait permis à traverser la vitre. Une foi prête, elle s'enfuit par le chemin au store qu'avait emprunté quelques minutes plus tôt le collège du dormeur.

Suivant le gros Tomour un extincteur dans les pognes, Walentyn profita de la diversion de l'Azéri pour entamer sa quête du président. Compte tenu du nombre de personnes encore dans le bâtiment, il allait falloir ruser un peu. Il se conditionna donc pour percevoir les pensées typiques d'un captif, tout en ignorant le brouhaha des pensées routinières des exercices d'évacuation, qui caractérisaient les employés du bâtiment à l'heure actuelle. Par la même occasion, ça lui éviterait une migraine carabinée. Il communiquerait ensuite la localisation aux Bloody Mary via son communicateur.

"Un blessé ? Si c'est pas le président, tu le largues où tu veux, Draak, pas la peine de s'encombrer. Planque-toi à l'écart des caméras, je viens te chercher." répondit-il ensuite à la mutante bleue.

"Partez devant." indiqua-t-il aux élèves, avant de prendre le couloir de gauche pour se rapprocher de l'esprit de Mbarou.

Les pensées étaient nombreuses, très nombreuses dans le Pentagone, mais la plupart furent rapidement écartées car effectivement concentrées sur l'évacuation et ses raisons. Les restantes étaient majoritairement composées de soldats, dont un nombre restreint était déjà focalisé sur une attaque mutante - tous émanaient des niveaux inférieurs, ou du rez-de-chaussée. Enfin, plusieurs cerveaux cherchaient eux à comprendre les raisons du vacarme, et s'inquiétaient de ne pouvoir sortir de leur cellule. Eux aussi venaient du sous-sol, et émanaient depuis la direction des corridors 5 à 7, soit du Sud-Ouest

A partir de maintenant, les tours dureront une semaine exactement, je les relancerai tous les lundis.

L'incendie gagnait rapidement du terrain, et menaçait d'encercler la grande mutante bleue et son fardeau. La seule issue encore facilement accessible, ainsi chargée, était la fenêtre, d'autant que les braises qui commençaient à voler menaçaient à tout instant d'enflammer le store et de propager le sinistre dans les bureaux avoisinants. Le vol de sortie de Mbibi pour échapper à la fumée âcre fut bref, puisqu'elle n'avait, à peu de choses près, qu'à descendre pour rejoindre le groupe. Elle put donc parvenir devant l'entrée principale vitrée où se tenait déjà une partie de l'équipe, dont Walentyn et Timour.

La mutante n'étant pas incluse dans l'illusion, son approche ne passa pas inaperçue. Elle n'avait pas encore posé le pied au sol et lâché le corps inanimé que les deux vigiles du hall se désintéressaient du forcené - et de Cupidon. Le plus réactif réactiva son communicateur.

"Intrusion mutante à la River, je répète, intrusion mutante à la River. Demande intervention. Nous prenons en charge le cas de panique, venez armés."

Conjointement, les vigiles saisirent les aisselles de l'empathé inanimé et le trainèrent vers la droite de la pièce, à l'opposé du chemin emprunté par Chimère, tout en faisant signe à Rage et Cupidon de déguerpir.

"Tirez-vous ! Pompiers ou pas, ça les empêchera pas de tirer."

De son côté, Chimère entra dans l'anneau E, et se retrouva face à deux cages d'escalier, à gauche et à droite du couloir. Celle de gauche était verrouillée - c'était celle qu'empruntaient Pikachu et Dreams. Celle de droite était ouverte même si peu de monde y passait, puisqu'elle était en dehors des issues de secours fléchées. L'on pouvait au choix se diriger vers l'étage, ou descendre vers les sous-sols.

Arrêtés dans les escaliers, Jun et Alex, malgré leurs faux uniformes, commençaient à susciter l'ire des employés par leur obstruction passive. L'une d'eux leur lança :

"Arrêtez de réfléchir, c'est en haut. Le sous-sol c'est réservé, les militaires s'occupent de leur évacuation comme des grands."

*Merde!* Elle avait atterrie dedans et pas seulement du pied gauche, mais c'était enfoncer jusqu'à la nuque apparemment. Apparaitre devant les vigiles, c’était un coup à se prendre du plomb dans le cul sans avoir le temps de s’expliquer. Heureusement les potes était là, enfin elle n'en était pas sur, puisque elle ne les reconnaissait pas, mais c’était surement eux, car les vrais pompiers ne devaient pas être arrivé. Heureusement les vigiles ne semblaient pas armés, autrement ils auraient sortit leurs armes. Alors elle avait peut-être une chance de les embobiner.

"QUOI !!! " Hurla la géante. "Vous me prenez pour qui ? Je suis des pères fondateurs, si vous n’avez pas réussi à retenir nos noms et nos têtes je vous jure que ça va chier du poivre de Cayenne. Surtout que je vous ramène un blesser. Alors vous me retirer cet ordre maintenant, où je le fais moi même et je vous jure que vous nettoierez les chiottes avec votre langue pour le reste de votre vie. "

Elle ne savais pas si ça allait marché, mais elle espérait aussi un coup de main de la part de ses collègues.

Timour regarda avec fierté son plan se dérouler sans accrocs. Il n'espérait pas des compliments de Walentyn, ça jamais, mais il n'était quand même pas peu fier de savoir que son mentor avait pu directement observer son efficacité. Les vigiles vigilants prenaient en charge l'employé étourdi et courroucé. En même temps Cupidon vit l'un d'eux se servir de son communicateur pour annoncer une attaque mutante ...

Un rapide coup d’œil derrière son épaule et le Timour transformé en vieux routard de l'urgence aperçut sa géante camarade bleue, chargée d'un corps inanimé. Il n'eut pas le temps d'entrouvrir la bouche pour proférer un juron, l'Africaine ouvrait la sienne pour beugler un nouveau jeu de rôle ... OK !

L'empathe admit que la collègue avait une idée sacrément culottée ! Il kiffait trop sa manière de parler ! Cupidon redoutait tout de même que son idée foire et la transforme en passoire bleue. Cogitant promptement, l'Azéri suivit le garde qui avait le communicateur.

"Attendez j'ai ce qu'il faut pour le calmer ! C'est mon job quand même !"

Ignorant les gestes du type, il s'approcha du trio, faisant comme s'il s'inquiétait de l'état de santé du "cas de panique". Il alla au contact avec le garde au communicateur afin de lui imposer un sentiment de respect et même de soumission à l'égard de la grande bleue.

Le garde, focalisé sur Mbarou, ne se méfia pas de l'approche sournoise de Timour, et se laissa toucher sans résistance, tout juste se permit-il un regard surpris, pensant que le pompier avait fait preuve de maladresse - avec son allure, était-il ivre ? Il hésita, puis reprit son communicateur.

- Non, excusez, c'est une fausse alerte, l'une d'entre vous. Prévenez-nous la prochaine fois que vous envoyez quelqu'un en opé, ça nous évitera de paniquer.

Il espérait qu'il se rangerait ainsi bien gentiment aux arguments de son inopinée consœur et qu'il dirait aux autres de ne pas la mettre en charpie. Restait à savoir combien de temps passerait avant qu'un haut gradé ne comprenne que nul Père Fondateur n'était censé se trouver à la surface. Toujours est-il que les gardes cessèrent toute hostilité, le communicateur fut rangé, et signes furent faits aux pompiers de se diriger vers le lieu de départ de l'incendie.

Les faux pompiers qu'ils étaient avec Jun tentèrent tant bien que mal de pénétrer à l'intérieur du Pentagone. Une fois fait, ils se retrouvèrent bloqués dans des escaliers par les employés et se firent même alpaguer par l'un d'eux, visiblement mal luné.

Voyant MBarou débarouler dans la pièce, Alex se dirigea dans sa direction, où se trouvaient également Timour et Walentyn. Il craignait d'avoir à la défendre rapidement, mais elle semblait avoir de la suite dans les idées, si bien qu'elle se débarrassa par la parole des gardes. Pour la suite, inutile de tenter quelque chose sans les autres. Le télépathe était le mieux placer pour les orienter dans le bâtiment.

Manifestement, la manœuvre fonctionna et Alex l'avait suivie. Bon. Sauf qu'ils étaient quelque peu égarés puisqu'il semblait qu'ils étaient séparés du groupe. Et surtout, ils se retrouvèrent face à un dilemme : rejoindre les autres, descendre au sous-sol ou grimper à l'étage suivant. Légèrement prise au dépourvue dans une structure aussi grande et surtout impressionnante, avec ce mouvement de foule en panique, elle regarda quelques secondes le seul équipier qui avait pu la suivre. A défaut de vraiment savoir quelle initiative prendre pour l'instant, ce dernier aurait sans doute une idée. Et effectivement, il se dirigea vers le reste du groupe, que Mbarou avait également rejoint. Du reste, elle fit de même. Mieux valait ne pas s'éparpiller pour l'instant et rester grouper. Au cas où les choses tournaient mal. Et puis des pompiers qui se dirigeraient chacun de leur côté, ça ferait vraiment trop louche.

De ce fait, elle préférait rester ici et attendre la suite des événements, prête néanmoins à se rendre utile quand l'occasion se présenterait.

Jusque-là, ils ne s'en sortaient pas trop mal, mais l'arrivée précoce de Mbarou dans le hall avait pendant quelques secondes compromis la mission, ou du moins la sécurité de l'une des seules forces de frappe de l'équipe.

Gardant la tête froide, le télépathe se contenta d'observer la réaction des jeunes ; rapidement, les gardes gêneurs changèrent de position, une saute d'humeur qu'il attribua sans hésitation à la présence de l'empathe. De son côté, Mbarou avait assuré le pipeautage. Parfait, ils allaient pouvoir desserrer le frein à main et passer la première.

Se concentrant sur l'esprit des garde un peu trop zélés à son goût, il lança une illusion qui les montrait en train de se diriger au pas de course vers la zone qu'ils avaient désignée, afin de couvrir leurs déplacements réels.

"Je gère les esprits, mais gaffe aux caméras. Draak, ton poids mort, là, il a pas de carte d'accès sur lui ? Si on en trouve nulle part, Pikachu, on aura sûrement besoin de toi."

Sur ces mots, il prit la direction des escaliers pour rejoindre la zone 5 à 7, en se servant des esprits qu'il avait repéré pour s'orienter.

Les gardes distraits - et occupés à tirer le corps de la victime du taser - Chimère, Cupidon, Dreams, Pikachu et Draak purent finalement se retrouver et avancer sans encombre vers les sous-sols. Le couloir de gauche renvoyait vers les escaliers descendants par où étaient passés les éclaireurs à contre-courant. Une porte métallique permettait d'accéder au niveau -1, mais l'activation des alarmes à incendie avait coupé la sécurité magnétique, et il suffit à Chimère d'actionner la poignée pour se retrouver dans le couloir extérieur du niveau souterrain.

Ses dimensions étaient semblables au rez-de-chaussée, mais rien n'était fait pour le rendre accueillant. Tout y était géométrique, métallique, et même sombre. Au sol, des lignes de flèches lumineuses guidaient vers les sorties de secours, et quelques rares retardataires croisèrent le chemin du groupe de mutants sans leur prêter attention. Aucun n'était militaire, d'ailleurs : ceux-ci avaient certainement reçus l'ordre de rester en place quoi qu'il arrive.

Les chemins étaient au nombre de deux, à gauche et à droite. Aucun ne semblait plus engageant que l'autre, jusqu'à ce que des ordres retentissent dans les haut-parleurs de sécurité.

"Intrus détectés, je répète, intrus détectés. Apparence non confirmée, nature mutante. Les civils ont l'ordre de restés cloîtrés dans leur bureau. Que toutes les équipes changent leur fréquence de communication pour recevoir leurs ordres de déploiement."

Le message s'arrêta là, le reste étant certainement passé sur les canaux des militaires. Des bruits de pas retentirent, mais leur proximité était difficile à établir, car les longs corridors amplifiaient la résonance. En tous cas, rien n'apparut immédiatement aux Bloody Mary.

A l'annonce dans les haut-parleurs, Chimère haussa les épaules avec philosophie. C'était attendu, la seule inconnue était le temps qu'ils parviendraient à passer inaperçus. Il se retourna vers les jeunes avec un sourire matois.

"OK, l'échauffement est terminé." fit-il, avant de se concentrer pour affiner sa recherche télépathique, laissant le champ libre aux jeunes mutants pour s'occuper du reste.

Retrouvant les esprits captifs qu'il avait repérés, il tenta de détecter dans quel secteur les effectifs militaires étaient les plus présents, puis s'attarda dans leurs esprits pour voir lesquels étaient affectés à la garde de la cellule présidentielle.

Les militaires s'étaient regroupés en petits groupes allant de six à douze individus, plus ou moins. Aucun ne gardait le président en particulier, mais ceux proches des corridors 1 et 2 étaient plutôt satisfaits, dans l'ensemble, d'être affectés à des tâches défensives. A l'exception, bien sûr, de ceux qui aimaient se battre, et qui s'en désolaient.



(Je vous remets le plan, vous êtes au niveau du point vert)