01.02/09.C.Tokyo - Bar, histoires & jukebox

Cette fois-ci, elle eut sa réponse ; et pour quelqu'un qui était capable de croire aux fantômes, il était tout à fait crédible d'imaginer une mutante qui faisait des prédictions. Si son visage resta impassible et que ses yeux se tournèrent vers les secours qui s'occupaient des conséquences de l'incendie, elle songea néanmoins qu'être connue par des américains par une prédiction était sans doute un peu classe. Est-ce qu'elle pouvait vraiment ignorer ça ? C'était peut-être vraiment son destin de faire autre chose que de gérer un bar après tout. D'un autre côté, cela incluait sans doute de se rendre en amérique. Et donc, de laisser son bar provisoirement. Sans doute pas plus mal de disparaitre après cette nuit et après qu'elle se serait allégremment servie du contenu du sac en plastique. Il serait sans doute naïf de croire qu'Akane ou l'autre ne reviendrait pas. Akane qui avait tout de même tenté de tuer Sho ; rien ne disait qu'elle ne tenterait pas de faire de même avec Jun maintenant.

"Je veux bien vous aider", dit-elle finalement.

La réaction d'Eden fut une expression de surprise. Difficile de croire qu'il serait possible à qui que ce soit de donner du crédit à une histoire de voyance. Même elle n'y croyait pas tout à fait. Pourtant, la seconde d'après, elle fit un large sourire rassuré avant de hocher la tête d'un mouvement volontaire. Quelque chose lui disait que quelqu'un comme Jun allait pouvoir apporter beaucoup aux X-men. Et elle ne pensait pas qu'à son pouvoir.

"Merci... Vraiment!"

Peut-être qu'elle ne se rendait pas vraiment compte du degré auquel elle soulageait Eden. Ce genre de mission en solitaire l'avait quelque peu inquiété. A ses yeux, il s'agissait très basiquement de recruter des soldats. Même si dans les faits ça allait être plus compliqué que ça, le concept restait semblable. Jun semblait prête à se lancer dans l'aventure et ça la conforta dans une impression que malgré tout, il y avait quand même des gens qui pouvaient être prêts à prendre des risques pour quelque chose de différent que leur quotidien.

"Si tu veux... Demain, un avion part de Tokyo pour San Francisco. Les billets sont déjà réservés, et les frais avancés. En attendant... Si je peux t'aider en quoi que ce soit, ce sera volontiers."

Elle dévia à nouveau son regard par une fenêtre. Pour sûr, Jun allait avoir fort à faire, surtout si elles partaient le lendemain. Entre sa famille et le sinistre... Sans compter sur cette histoire d'agression...

"Au fait... Il y a quoi dans ce sac en plastique exactement?"

Forcément, celui-ci semblait au centre même du conflit.

L'instant d'après, alors qu'elle acceptait de venir grossir un peu leurs rangs, Eden sembla aussi surprise que reconnaissante, la remerciant chaleureusement. Et l'espace d'un moment, Jun se demanda si y avait quelque chose derrière ce genre de mission. Remontrances s'ils échouaient ? Grosse récompense s'ils réussissaient à recruter ? Réel soulagement de savoir qu'une personne de plus allait les rejoindre ? Elle était perplexe, et s'abstint soigneusement de le montrer, gardant son visage impassible en se contentant d'hocher la tête dans un mouvement qui pouvait facilement être traduit par un "de rien". En revanche, elle se montra clairement hésitante sur la question du billet d'avion. Ca allait couter des sous ça aussi... Et pas question d'accepter qu'on lui paye ça. Elle avait son honneur et surtout, elle n'aimait pas l'idée de devoir quelque chose à quelqu'un. Même pas un billet d'avion et des frais.

"A qui... à combien s'élève le prix ?" demanda-t-elle, légèrement inquiète. Elle espèrait surtout que ce ne soit pas une somme trop élevée. Elle avait son bar à penser malgré tout, tout de même. Qu'au moins, quand elle voudrait rentrer et récuperer son héritage, il soit bien et bel présent.

La jeune fille l'interrogea brusquement sur le sac en plastique noir, et les doigts de Jun serrèrent un peu plus leur prise, comme pour s'assurer que cette fois, elle le tenait bien fermement. Puis, elle se passa discrêtement la langue sur ses lèvres qui lui semblaient si sèche tout d'un coup. C'était une sacrée histoire tout ça. Elle-même n'y aurait pas cru il y avait quelques heures à peine.

"Il y a..." fit-elle, hésitante. "Des photos, des documents... Et une clé..."

Avant de se rapprocher de quelques centimètres d'Eden, lui faisant signe de rapprocher son oreille, puis de continuer en murmurant de manière à ce que personne d'autre ne puisse entendre.

"Les filles que tu as vu sont membres de Oosawagi. Ce sont des terroristes, ils préparent un attentat. Le vice-gouverneur en fait partie. La clé contient l'intégralité de son ordinateur."

Et cela étant dit, elle reprit une posture plus normale, finissant sur le meme ton pratiquement, par : "Voilà pourquoi elles voulaient absolument le récuperer. C'est Sho qui les a infiltrés. La fille oiseau avait tenté de le tuer et il a perdu le contrôle sur ses pouvoirs."

Et maintenant, c'était elle, la petite barmaid qui n'avait pas demandé à être mêlée à des histoires pareilles qui se retrouvait avec toutes les cartes en main. Elle pouvait par exemple choisir de s'en débarasser. De les détruire et tout oublier. Mais ce n'était pas ça qui effacerait tout les derniers évenements. Elle pouvait aussi les rendre à Sho ou à son grand père, mais cela ne ferait que les remettre de nouveau en danger si Oosawagi l'apprenait. Elle pouvait aussi s'en servir, et à vrai dire, elle en avait la ferme intention. D'abord, elle regarderait cette clé chez elle, et essayerait d'obtenir quelques images. Ca, elle pourrait les revendre à prix d'or dans des journaux. Elle en était persuadée. Ensuite seulement, elle donnerait le tout à la police. Parce que bon. Elle allait avoir besoin de beaucoup d'argent, et ça, elle n'était pas assez bête pour tout donner gratuitement sans en profiter.

"Je vais vendre ça à des journaux", expliqua-t-elle finalement à Eden, après un long silence. "C'est le genre de scandale qui va faire les gros titres longtemps, je suis sure qu'ils seront content."

Mais d'abord, il faudrait qu'elles soient autorisés à partir. Et quelques heures de sommeil ne lui feraient certainement pas de mal.

Le prix... Celui du billet? C'était important? Eden inclina sensiblement la tête sur le côté et choisi d'éluder la question en y répondant tout simplement pas. A vrai dire, elle n'avait pas particulièrement pris la peine de mémoriser le montant du billet. Jusqu'à présent, ses pensées étaient quasiment toutes accaparée par le désir de ne pas foirer la mission qu'on lui avait confiée. Alors un billet... La seule chose qui l'avait inquiétée à leur sujet, c'était la perspective de se retrouver avec deux billets pour une seule personne. Peu importait le prix à vrai dire. Dans la mesure où il y ait de grandes chances pour que Jun ait à en payer le montant de façons diverses et variées, le plus souvent en prises de risque.

Et puis sincèrement, ce qui l'intéressait bien plus dans l'immédiat, c'était le contenu du sac. Cette chose pour laquelle semblait-il, Jun avait perdu son bar, et un vieil homme avait failli mourir. Quoiqu'elle n'aurait su dire si monsieur Mori était encore en vie, et si oui, dans quel état. Un vieillard comme ça, passer plusieurs minutes dans un espace rempli de fumée toxiques... Elle n'était pas médecin, mais pour ce qu'elle en savait sur les sinistres divers et variés, d'après les histoires qu'elle entendait quand elle était gosse, c'était que la fumée, c'était bien ce qu'il y avait de pire dans un incendie. On en mourait généralement avant même que les flammes ne viennent lécher les premières parties du corps. Les plus sensibles et susceptibles de morfler en priorité étaient les enfants et les personnes âgées.

Elle tendit l'oreille quand Jun se pencha vers elle, saisissant sur le ton de la confidence ce qu'il en était exactement de toute cette histoire. Il était donc question de terroristes? Il y avait comme un arrière-goût de déjà-vu là-dedans. Un attentat de prévu, un fantôme mutant qui avait récupéré les infos importantes, et des moyens dévastateurs pour récupérer les dites infos. Avec un homme politique dans l'histoire, ça sentait les ennuis sur du long terme. Elle répondit sur le même ton, après avoir jeté un regard alentour.

"Tu veux vraiment les vendre? Je veux dire... C'est pas un peu risqué? Avec un politicien dans cette histoire, tu penses pas que certains journaux pourraient bien étouffer l'affaire?"

Elle se redressa un peu.

"Tu as une personne de confiance parmi les journalistes?"

Elle se redressa un peu plus et jeta un regard par une fenêtre. Un policier s'approchait du véhicule où les deux jeunes filles se trouvaient.

La jeune se tut tout simplement lorsqu'elle lui demanda le prix du billet. Elle ne le savait pas ou ne voulait pas le dire ? La question était là et demeurait, et elle songea surtout qu'il faudrait qu'elle se renseigne là-dessus. Inutile d'insister. Ce n'était ni le lieu ni le moment. Après une telle épreuve, elle ne se sentait pas d'attaque à tirer les vers du nez d'Eden. Elle venait tout juste de faire sa connaissance en plus. Elle se promis en revanche de faire des pieds et des mains plus tard pour avoir l'information tant désiré, et surtout, pouvoir le rembourser. Car qu'elle change de pays et même de mode de vie, cela ne la changerait jamais. Et changerait encore moins ses principes. Néanmoins, sa camarade d'infortune lui demanda si elle était sure d'elle. Oh que oui, elle l'était. Elle comptait bien avoir son argent. Mais elle savait aussi qu'elle n'avait pas tort. Sho lui-même l'avait prévenu qu'Oosawagi était partout. Pourtant, avant son accident, il était évident que Sho avait eu l'intention de s'en servir.

"Je demanderai à Sho. Lui, il doit bien avoir une idée, il est journaliste..." répondit-elle, bien décidé à essayer tout de même. Elle s'en voudra de ne pas tenter sa chance pour récuperer des sous. Son bar avant tout, et peu importe les personnes d'Oosawagi. Les vendre tous, même les moins connus et n'étant pas des politiciens ne la dérangeait nullement. Après tout, lorsqu'on s'associe avec ce genre de groupe, on plonge avec tout le monde.

Néanmoins, elle n'en rajouta pas pour l'instant. Mieux valait attendre qu'on leur dise qu'elles pouvaient sortir de là. Ensuite, il faudrait trouver le moyen de trouver monsieur Mori. Car il semblait absolument certain qu'elle trouverait sans aucun doute Sho aux côtés de son arrière grand père.

La jeune fille blonde hocha la tête et se tut. Jun avait les cartes en mains nécessaires pour obtenir ce qu'elle voudrait. Le policier qui arriva vint afin de poser des questions concernant le bar, et ce qui s'y était produit. Sachant que le choc avait dû être rude, il veilla surtout à donner ses coordonnées professionnelles aux deux jeunes filles, et prit leurs identités afin de compléter par la suite son rapport.

Jun fut ensuite raccompagnée chez elle où elle pu prendre un repos bien mérité après une nuit aussi mouvementée. Au lendemain, ce fut Sho qui la retrouva, pour la remercier. Le pauvre Monsieur Mori restait inconscient, mais ses jours n'étaient plus en danger grâce à elle. Il fournit également à la jeune fille les coordonnées d'un confrère très bien placé au Tokyo Shimbun, et veilla à ce qu'elle puisse en tirer un très bon prix afin d'aider à la reconstruction du L.I.O. Malheureusement, Jun ne sera plus au Japon pour voir le scandale médiatique exploser et le vice-gouverneur face aux caméras dans une conférence de presse incisive. Les attentats d'Oosowagi allaient être étouffés dans l'oeuf. Elle pu prendre le temps de parler à sa famille et de faire ses affaire. En fin de journée, Eden l'attendait à l'aéroport pour leur départ aux États-Unis...

Citation :

Ta phase d'introduction s'achève ici. Sous peu, le prochain saut temporel te permettra de rejoindre le jeu à San Francisco. Tu peux d'ors et déjà ajouter 3 points à ton diagramme. Je m'excuse du temps d'attente pour ce dernier post.