01.01/30.C.Jérusalem - Chasse au gros

Une douce chaleur se propage dans l'air épicé en cette fin de journée à Jérusalem mais Flesh ne s'en rend même pas compte. Voila longtemps qu'elle ne fait plus attention à ce genre de petits détails. Elle marche dans la rue s'imprégnant des miasmes qu'elle ressent dans cette ville. Elle n'aime pas Jérusalem, pas plus qu'elle n'a aimé Riyad, cette ville trop grande, trop aveugle. Même là d'où elle vient les réactions étaient moins violentes quand les gens la voyait. Jamais elle n'a été autant dérangée par les policiers et les badauds. Tant mieux. Ca veut dire qu'elle a choisi le bon endroit pour ouvrir des yeux, l'émule ne pourra en être que plus forte, surtout si elle arrive à ses fin et touche une des têtes pensantes de la ville.
Voila son but de la soirée: trouver et mettre n'importe quel puissant de Jérusalem devant ce qu'il est. D'habitude, elle ne s'occupe pas d'aussi haut mais c'est le moyen le plus efficace de réussir sa tâche. Elle ignore totalement où habitent ceux qu'elle vise mais sent qu'elle trouvera une proie potable si elle se dirige vers la cour suprême ou la Knesset, où ils travailent.

Elle note les regards des gens sur elle dans la rue. En même temps, vu sa tenue ce n'est pas plus étonnant que ça. Un bermuda kaki comme seul habit forcément ça laisse entrevoir son corps. Un sourire méprisant se colle sur son visage.

*Ca vous choque hein? Vous pensez que je suis immonde...Pourtant vous êtes encore plus monstrueux que moi...Et vous l'ignorez. Mais ne vous inquiétez pas, je ferais en sorte que vous ouvriez rapidement les yeux.*

Elle doit faire en sorte de ne pas se compromettre. Utiliser maintenant son pouvoir est surement le meilleur moyen de faire rater sa chasse. Pourtant ce n'est pas l'envie qui lui manque. Elle a repéré deux-trois personnes dans la rue qui présagent de bonnes choses si elle leur faisait subir son pouvoir...

*Je reviendrais pour vous...*

Son regard se détourne. Elle doit rester concentrée. Regarder, analyser, chercher l'un de ceux qui ouvrira bientôt les yeux...contre son gré...Son pas s'accélère, encore plus determiné. Elle espère en finir rapidement, surtout que la nuit va d'être longue...s'attaquer à une cible de cette envergure promet une belle course poursuite avec la flicaille.

La Knesset était située dans un grand ilot de verdure, parsemé d'allées et de routes, qui la coupait du centre ville beaucoup plus dense de Jérusalem. Flesh laissa donc derrière elle les passants effrayés et fugitifs quand elle pénétra dans cette zone, dans l'idée de rencontrer sur sa route des puissants du pays.

Elle vit de loin plusieurs drapeaux flottant au vent sur le large parvis de la Knesset, annonçant sans doute quelque grande rencontre internationale.

Cela expliquait sans doute l'absence totale de circulation sur les routes aux alentours de l'illustre bâtiment. Un cordon de militaires s'était d'ailleurs déployé tout autour du site. Il semblait assez lâche : des hommes en arme patrouillaient et stationnaient à intervalles d'environ 20 mètres.

Sans doute le genre de proie recherchée par Flesh se trouvaient quelque part derrière ce cordon. La jeune femme n'avait cependant pas encore été repérée, il était encore temps de faire demi-tour.

Ha? Le paysage change, le Knesset n'est surement plus très loin. Moins de passants dans les rues, Flesh ne dérangera plus leur champs de vision maintenant et les tentations seront moins fortes...c'est une très bonne chose pour la mutante. Si jamais elle avait succombé d'une manière ou d'une autre...Elle déglutit à l'idée que son plan aurait put échouer à cause de sa faiblesse apparente. C'aurait été intolérable. Heureusement ça n'est pas arrivé. Et elle est maintenant non loin de la Knesset. Enfin...elle va pouvoir mener son plan à bien.

En voyant les drapeaux flottant au vent Flesh jubile. Si c'est comme elle le croit une rencontre extérieure à Jérusalem, il y aura plein de gratin à Toucher. Ce sera génial. Ouvrir les yeux aux dirigeants de plusieurs pays en même temps, quoi de plus efficace?

Bien...il faut cependant qu'elle garde la tête sur les épaules. Il n'y a aucun haut dignitaire dans son champs de vision et un cordon de militaires l'empêche d'entrer dans le bâtiment où se trouvent ses proies. Il faut maintenant voir comment et peut réussir à rentrer:
-se faire passer pour un haut dignitaire en retard,
-se faire passer pour un garde du corps d'un haut dignitaire en retard,
-tenter un bobard quelconque,
-y aller discrètement,
-passer en force

Bon...il n'y a plus que deux idées potables. Rapidement le choix est fait: y aller en force avec des militaires armés réduirait considérablement ses chances de réussite. Il ne reste plus qu'à être discrète, ou du moins à tenter de l'être avec son apparence...

Vingt mètres entre deux militaires? C'est jouable. Flesh se cache dans les fourrées, tentant de se rapprocher au maximum des gardes sans qu'elle ne se fasse voir. Elle profitera d'un moment d'inattention pour y aller "en toute discrétion".

[HJ: Je sais pas si il faut que je mette les couleurs maintenant pour les actions ou si c'est pas (encore) la peine ^^]

Flesh trouva un bosquet où se dissimuler en attendant un moment propice. Elle dut pour cela attendre plusieurs longues minutes, car les gardes ne s'arrêtaient pas assez longtemps à observer dans une autre direction pour lui permettre de passer. Enfin l'arrivée d'un véhicule attira opportunément l'attention des soldats. La mutante franchit donc le cordon en toute impunité.

Toujours pas arrêtée par des cris d'alerte, elle put se diriger vers le large et verdoyant parvis de la Knesset.

Il était absolument désert. Flesh put voir de plus près les drapeaux. Elle reconnut celui de l'Europe, le rouge au croissant de la Tunisie, le rouge à l'étoile verte du Maroc, ainsi que visiblement d'autres pays d'Afrique. Et bien sûr le drapeau Israélien.

La jeune femme ne put pas rater une large affiche visible de très loin car elle tapissait une façade de la Knesset.

Voila un bon endroit pour se cacher, ni trop loin ni trop près...Flesh entre dans les buissons pour attendre que les gardes ne fassent pas trop attention, ou que l'un d'entre eux parte en pause-pipi...Prête à camper toute la nuit si il le faut, son attente est écourtée par l'arrivée propice d'un véhicule. Un sourire apparait sur le visage de la mutante: la chance est avec elle et ne l'abandonnera surement pas.

Passant sans plus d'encombre au nez et à la barbe des militaires, elle s'avance vers le parvis de la Knesset; une belle herbe verte et fraîche rend l'endroit agréable, alors que tant d'autres sont si peu accueillants dans la ville. Personne n'est en vue. Quelques tâches de couleur attirent sons regard...Les drapeaux des pays présent: Tunisie, Maroc, Europe...Bien...l'Europe est une bonne cible aussi mais il faut commencer par Israël: elle s'occupera des extras plus tard.

Une large affiche collée sur un des murs du bâtiment attire son attention: apparemment une exposition d'art africain se prépare à Jérusalem. Ceci explique sans trop de difficultés la présence des pays en ce lieu...sauf pour l'Europe...Qu'est ce que le vieux continent peut bien faire ici? A moins que l'Europe ne soit devenue en quelques années créatrice d'art Africain...Etrange...Mais ces questions ne sont pas vraiment importantes, il faut qu'elle se concentre sur sa mission première.

Profitant de l'absence de monde sur la place, elle s'élance en trottinant vers l'entrée du bâtiment. De toute façon si quelqu'un la voit ici, elle est foutue, autant y aller le plus vite possible, non? Et si jamais elle se fait repérer, elle finira sa course en sprint, pas de problèmes de ce point de vue là...

HRP. Oups j'avais oublié de répondre à ta question ! Non il est inutile de mettre les couleurs à ce stade, cela sert surtout à plusieurs PJ.


Flesh se mit à courir et parvint ainsi à traverser le parvis. Elle arriva à l'entrée du bâtiment, dont les portes étaient ouvertes.

Si elle passait discrètement un oeil pour observer, elle verrait une zone avec un comptoir de réception, et juste après, une série de portiques de sécurité. Par chance, deux hommes en uniforme de la sécurité tournaient le dos à Flesh. Ils étaient près du portique et regardaient dans la direction opposée.

Au delà des portiques s'étendait un grand hall, où l'on percevait une certaine foule. D'autres gardes étaient visibles, en faction discrète le long des murs. Avec son angle de vision elle n'en aperçut que 4 ou 5. Même sans devoir se risquer à découvert, Flesh put entendre la suite d'un discours prononcé par quelque voix masculine d'un âge vénérable, en anglais avec un fort accent du pays.

"... ces seize délégations. Je remercie donc chaleureusement tous mes collègues d'être venus à l'inauguration de cette grande exposition, qui réunit comme chaque année des œuvres fondamentales de l'art primitif proto-mésopotamien et paléo-africain. Je dois déplorer l'absence de notre collègue Abdelaziz Ben Ammar, Ministre de l'éducation et de la culture de la République tunisienne. Comme vous le savez, l'Orchestre Philharmonique de Hammamet a été l'objet d'une attaque terroriste à New York et outre les nombreux blessés et le choc moral, le violoniste Mahmoud Youssef a été kidnappé. Je voudrais donc en tant que représentant du gouvernement d'Israël m'associer à la douleur du peuple de Tunisie et assurer de tout notre soutien pour retrouver et juger les responsables de ce crime odieux. C'est toute la communauté artistique et culturelle mondiale qui est en état de choc... Là encore la sagesse de nos ancêtres nous est d'un grand secours pour..."

Flesh entendit le bruit d'une voiture noire faisant son entrée tout au bout du parvis. Les graviers crissant sous ses pneus.

Enfin dans le bâtiment. Sans aucune mauvaise surprise...pour le coup s'en est une bonne. Elle est étonnée que la sécurité soit si basse dans un endroit aussi important. Si elle voulait tout faire péter elle pouvait le faire dès à présent. Heureusement pour les gens présents, non seulement un attentat terroriste ne fait pas parti de son plan, mais aussi, même si elle le veut, elle n'a rien sur elle qui puisse lui permettre de faire le moindre mal aux délégations des pays.

Une fois le léger étonnement passé, Flesh passe la tête pour jeter un oeil à la scène où elle va bientôt entrer faire son numéro. La réception, des portiques de sécurité, des militaires qui ne regardent pas dans sa direction...Bien...Un doute s'immisce dans son cerveau...ses implants ne risquent ils pas de faire sonner le portique?...Tant pis...elle va être découverte à un moment ou un autre de toute façon, autant foncer dans la gueule du loup le plus vite possible.

Flesh écoute ce que l'homme a à dire avant de foncer, peut-être peut elle apprendre quelque chose de cette manière...Moui...mouais...Rien de bien probant...Du blabla démago de politicien...Comme elle l'avait vu sur l'affiche, une exposition d'art africain est bel et bien en préparation, et c'est bien pour ça que les représentants des pays sont présents ce jour. Des ministres de la culture donc...Tant pis, ce ne sont pas eux qui vont vraiment faire changer les choses mais ce sont des politiciens...ils savent parler aux gens...

Le bruit d'une voiture arrivant sur le parvis précipite l'action de Flesh. Elle va être vue bientôt, il faut qu'elle profite de la surprise engendrée pour que les policiers ne lui tombent pas dessus immédiatement.

Elle sort de sa cachette, avançant sans crainte vers le portique. Qu'il sonne ou non n'a pas vraiment d'importance maintenant. C'est la plus grosse cible qu'elle ai jamais visé, son unique but en ce lieu, une petite sonnerie ne pourra pas la détourner. Le sifflement de sa respiration et sa voix rauque coupèrent le discours du ministre.

"Cessez vos mensonges! Comment pouvez vous vous apitoyer sur le sort d'un seul homme alors que des milliers d'autres sont en train de souffrir maintenant, dans le silence et l'indifférence? Qui meurent sans que personne ne leur prête la moindre attention? Vous vous aveuglez, vous n'agissez pas alors que vous êtes au courant et que vous pourriez le faire! Cette réunion n'est qu'une mascarade et vous allez vous en rendre compte!"

La machinerie est en marche, elle n'activera son pouvoir que si ils résistent à l'ouverture de leur esprit. Pour l'instant laissons une chance à ces Aveuglés d'ouvrir leurs yeux tous seuls. Même si jusqu'à maintenant, ce genre de réaction étaient restées très rares.

[HJ: Pas grave, j'me suis doutée que la réponse était non ]

Flesh se précipita et franchit la barrière de portiques qui comme convenu annonça d'une sonnerie stridente l'arrivée de la créature bardée de fer dans le parlement.

Fébriles, les deux gardes se précipitèrent vers elle, ainsi que les soldats en faction ici et là. La foule fut saisie d'un sursaut et d'une vague d'effroi.

Le portique fou entrecoupa beaucoup le discours de la mutante, le rendant inaudible et obscur pour les visiteurs. Les regards qui la dévisageaient étaient unanimes de stupeur, de dégoût et d'horreur. Toutes ces émotions submergeaient la mutante dans un tourbillon.

Soudain Flesh se sentit projetée en avant par deux hommes solides qui arrivèrent derrière elle et la plaquèrent brutalement. Ses genoux heurtèrent douloureusement le sol carrelé. On essaya de la maintenir fermement et de tirer ses bras pour les croiser dans son dos.

Le portique strident se tut, soulageant tout le monde.

"Quelle horreur !"

"Mon D...ieu !"

"C'est un masque ?"

"Regardez ses yeux..."

"Qu'a-t-il dit ?"

"C'est un monstre ou une blague ?"

"Oh mon Dieu et regardez sa poitrine !"

"Elle a parlé de mascarade... quelle horreur..."

"Seigneur tout Puissant..."

"Écartez-vous !"

"Pauvre chose..."

"Poussez-vous !"

"Chut ! Oh ! Hé !"

Les observateurs effrayés et curieux se tenaient à 4 ou 5 mètres de distance de la furie.

Une douleur vive se répandit dans ses genoux. Que venait-il de se passer? Flesh tente de remettre ses idées en ordre. Lorsqu'elle était passé, le portique avait sonné, comme elle l'avait pensé. Et puis...elle avait senti des émotions qu'elle détestait. Le dégout et l'horreur. La stupeur était compréhensible, ce n'était pas tout les jour qu'on voyait ce genre de personne débouler en plein milieu d'un meeting...par contre les deux autres étaient la preuve que cette assemblée était totalement Aveuglée et refuserait d'ouvrir les yeux si on ne les forçait pas. Il n'y avait dans cette foule pas la moindre once de curiosité, de pitié ou d'un autre sentiment qui aurait put faire changer Flesh d'avis. Rien.

Flesh sent les deux hommes sur son dos qui tentent de maintenir ses bras dans son dos. Elle ne résiste pas. A quoi bon? Si deux ne suffisent pas, il en viendra un, deux, trois de plus jusqu'à ce qu'elle soit totalement maitrisée.

Les paroles fusent dans la pièce, ce ne sont pas les pires qu'elle ai entendu, confirmant ce que la mutante pense déjà des personnes présentes. Aucune n'est bonne à sauver. Elle cherche du regard celui qui semble le plus effrayé et le plus dégouté. Elle ignore qui est qui dans ce mélange.

"Je vous ai donné votre chance d'ouvrir les yeux tous seuls...vous me voyez obligée de vous forcer à le faire."

Ayant prononcé ces paroles en Hébreux, elle espère que seul le ministre de la culture Israélien réagira. Elle pourra alors le viser avec son pouvoir et Éveiller sa conscience sur le monstre qu'estvraiment sa ville. Elle lui enverra des images des quartiers pauvres et mal famés, où ceux qui n'ont pas assez d'argent meurent dans l'indifférence générale, pour lui inspirer culpabilité et honte.

[HRP: Si c'est pas bon pour le pouvoir, utilise juste culpabilité et honte ^^]

Dans sa position basse, Flesh parvint juste à voir qu'on avait descendu le ministre de sa petite tribune. Des soldats étaient accourus pour sa protection. On ne l'entendit pas réagir aux incantations de la créature. Si dans le reste de la foule quelqu'un comprit ses paroles, elles ne suscitèrent que des commentaires et murmures anonymes.

"Elle est folle, illuminée ?"

"C'est un terroriste ! Au secours !"

"Il parle hébreu !"

"Comment une telle chose..."

"Mon Dieu de quoi est-elle capable !"

"C'est bon il est hors d'état de nuire enfin !"

Malgré ses efforts, Flesh ne parvint pas à trouver sa cible, qui était vraisemblablement trop loin, derrière la foule curieuse qui l'entourait. Des soldats maintenaient maintenant cette assemblée à distance raisonnable de la prisonnière.

La mutante eut les poignets menottés dans le dos, et le lourd genou d'un des gardes bien calé sur sa colonne.

"J'appelle un véhicule de sécurité. Alerte 5. Individu maîtrisé."

Dit la voix profonde et masculine juchée sur le corps de la mutante à terre. Son collègue, dont Flesh ne voyait que la paire de rangers, répondit.

"Dégagez la sortie s'il vous plaît !"

Mais la voiture qui avait dérangé Flesh était arrivée devant le bâtiment et une voix féminine annonça.

"Monsieur le Ministre de la culture de la Tunisie, Monsieur Abdelaziz Ben Ammar !"

Flesh ne pouvait qu'entendre tout cela, car ça se passait derrière elle. Devant il n'y avait que quelques mètres de vide, puis la foule apeurée derrière le cordon de militaires. Mais la situation changea car la pression sur son dos disparut, et la mutante fut bientôt soulevée comme un sac à patate et sans aucune délicatesse par l'agent de sécurité et son collègue. Ils lui tenaient les bras près des épaules en serrant sans ménagement. Elle vit alors cet homme que plus personne n'attendait plus à la conférence, dans l'encadrement de la porte d'entrée.


"Excusez-moi d'être en retard, j'ai pu me... Mais qu'est-ce que ?"

Elle ne l'a pas trouvé, tout est perdu. La mission est échouée, il n'y a plus rien à faire pour la sauver. Les paroles continuent à fuser dans la salle mais Flesh ne leur prête qu'une attention secondaire. Elle a raté. Seul un mot la sort de sa marasme "terroriste". Elle aimerait bien répondre que si elle avait voulu faire sauter le bâtiment elle aurait put sans même qu'ils ne s'en rendent compte vu la sécurité mais elle n'a plus la volonté de s'opposer à cette foule totalement aveugle et sourde à la raison.

Elle sent le fer des menottes se refermer sur sa peau et entend que l'un des deux policier appelle du renfort. Malgré cela, la fuite ne promet pas d'être difficile, vu l'efficacité dont ont fait preuve les militaires jusqu'à présent...Les troubler ne sera pas très difficile.

Puis quelque chose lui redonne une sorte d'espoir de mener sa mission à terme. Le-dit ministre de la culture tunisien vient d'arriver. Du moins c'est ce que la mutante a entendu. Elle se sent relevée par l'homme qui se trouvait il y a peu sur son dos puis voit enfin apparaitre l'homme annoncé. Elle doit se saisir de l'occasion, en profiter. Pourtant, elle se refuse à utiliser son pouvoir sans avoir laissé une chance à l'homme

"Monsieur Ben Ammar, soyez plus raisonnable que vos confrères. Écoutez ce que j'ai à dire, voyez ce que je dois vous montrer et ouvrez enfin les yeux sur la vérité de notre monde!"

Les mots prononcés sont en arabe. Elle espère que parler la même langue que l'homme le mettra dans de meilleures dispositions à son égard. Cependant, elle suppose qu'elle va essuyer un nouveau refus et se tient par conséquent prête à envoyer un vague d'"ouverture d'esprit" sur l'homme au cas où on tente de l'éloigner d'elle rapidement. Elle tient une proie potentielle, elle ne la lâchera pas sans avoir tenté quelque chose.

Le ministre eut un léger geste de recul lorsqu'il aperçut et entendit la créature. Il se détendit toutefois et adressa à la mutante une regard attentif. Il tendit la main paume ouverte vers les gardes qui emmenaient Flesh sans ménagement. Il leur parla en anglais.

"Attendez ! J'aimerais parler à cette personne. Je pense que ce qu'elle a à me dire est très important."

Les deux hommes s'arrêtèrent en chemin vers la porte, que ne quittait pas le ministre. Le gros gaillard ayant écrasé Flesh prit la parole.

"Mais voyons, Monsieur le Ministre c'est une dangereuse terroriste. C'est à notre gouvernement de l'interroger et mener l'enquête. Écartez-vous s'il vous plaît, pour votre sécurité."

Le haut dignitaire tunisien insista.

"Je demande officiellement à pouvoir m'entretenir avec votre prisonnière, au nom de l'Etat tunisien."

Le garde fut surpris et mécontent de cette réplique. Il prit une voix un peu plus soumise mais réticente.

"Mon... Monsieur le Ministre, je suis persuadé que ce sera possible, mais il faudra vous adresser à mon supérieur. Vous comprenez, c'est pour votre sécurité, je dois évacuer l'individu."

Le Ministre impuissant posa un regard attristé sur Flesh. Ignorant le ministre près du passage, les deux hommes traînèrent à nouveau la créature vers la sortie. Des sirènes de police se firent entendre au bout du parvis de la Knesset ...

Un mouvement de recul? Ça y est, il faut qu'elle se prépare à avoir un nouveau refus. Pourtant...il y a quelque chose de différent dans son attitude: son regard, la manière de se tenir. Lorsqu'il s'adresse aux gardes, la mutante sent qu'elle a gagné un coup, pas la partie mais...ceux qui acceptent de l'écouter son si rares que quelqu'un qui montre un intérêt sur ce qu'elle a à dire est déjà une victoire en soi.

Le garde ne veut pas la laisser parler avec le ministre, pourtant il insiste. Au final le résultat est: plus tard. Bien. Elle n'aura pas à utiliser son pouvoir. Du moins pas tout de suite. Elle est heureuse de cela.

"Merci monsieur le ministre."

Ce qui ressemble a de la gratitude se trouve dans son regard. Cet homme est intelligent, il pourra ouvrir les yeux sans qu'elle n'ai à utiliser son pouvoir. Il ne faut pas qu'elle gâche tout en l'utilisant maintenant, que ce soit sur un garde ou sur un politique présent dans la pièce.
Flesh accepte de se faire trainer par les policier sans opposer aucune résistance. Elle ne doute en aucun cas que le supérieur du policier lui donnera l'autorisation de parler avec le ministre.

Flesh fut emmenée sous le regard visiblement déconfit, voire désespéré du Ministre tunisien. Celui-ci disparut bientôt de sa vue car la mutante fut accueillie par un fourgon de convoi de détenu, où elle fut embarquée. On l'attacha à d'autres chaînes et sangles et on lui administra sans ménagement une piqure d'elle ne savait quoi. La créature ne tarda pas à tomber dans un profond sommeil.

Lorsqu'elle se réveilla, ce fut dans une salle obscure. Elle était assise devant une table et peinait à se réveiller pleinement. Elle entendit des voix masculines, floues et lointaines, qui se relayaient sans cesse tandis qu'on l'aveuglait d'une lumière crue. Si elle eut le réflexe d'user de son pouvoir, cela n'arrêta pas ses geôliers innombrables qui la rouaient de coups en jetant en hébreu des ordres incompréhensibles. La jeune femme retomba dans l'inconscience au bout d'un temps indéfini.


Quand elle reprit plus ou moins ses sens, Flesh se trouvait couchée à même le sol d'une cellule totalement noire, froide et humide. Son corps était ankylosé, ses bras et ses jambes cotonneux. Sa tête surtout la faisait souffrir. Elle avait le visage tuméfié, la lèvre fendue, une incisive cassée, le nez tout encombré de sang. Son arcade sourcilière avait été ouverte, répandant un flot de sang maintenant sec, sur son visage enflé.

Elle se sentait nauséeuse, étourdie. Elle pouvait toutefois bouger les membres et n'avait rien de cassé de ce côté-là.

Le sol était en béton et à tâtons elle ne rencontra qu'une écuelle d'eau en fer blanc. Il y avait une porte en fer qui ne laissait filtrer aucune lumière. Sauf lorsque soudain un petit trait de lumière sous la porte indiqua qu'une âme avait allumé le couloir. On entendit de très lointains cliquetis de clés.

Elle quitte le regard du ministre des yeux. Elle avait eu raison de ne pas utiliser son pouvoir, il n'était pas comme les autres.
Quand aux policiers, ils ont sorti les grands moyens pour arrêter la mutante: le convoi de détenu. Et si jamais les menottes ne suffisaient pas à la maintenir en place, il ont rajouté des sangles et autres chaines. Au moins ils étaient sûrs que si le camion avait un accident elle ne pourrait pas s'enfuir. Elle était prête à faire un voyage on ne peut plus agréable mais une piqure change ses plans, la plongeant dans un sommeil quasi-imminent.

Le somnifère qu'ils lui ont injecté a fini de faire effet. Flesh se réveille, ou du moins tente, devant une table. Elle ne comprend pas trop ce qui lui arrive: voix, lumière, douleur, voix, lumière, douleur, voix...silence...un nuage cotonneux l'accueille.

Elle sort de son semi-coma. Depuis combien de temps est-elle allongée dans cette pièce? Elle ne peut pas le dire. Elle ne se sent pas bien, la douleur la lance dans le visage. Elle passe ses mains dessus pour constater les dégâts. Hum...rien de grave au premier abord...il n'y aura pas de séquelles graves et quand aux cicatrices potentielles...bah...Elle se sent mal. Pas qu'à cause des blessures physiques. Voila une nouvelle preuve de ce qu'elle combat depuis de nombreuses années. Le dégout lui monte à la bouche.
Elle tente de se relever, avec difficulté. Ses membres sont lourds, pas douloureux, justes fatigués.
En tâtonnant dans la pièce elle tombe sur une écuelle avec de l'eau. Elle en boit un peu pour tenter d'enlever le gout du sang de sa bouche. Elle n'y voit rien. Combien de temps va-t-elle rester ainsi dans le noir?

Une lumière passe sous la porte. Au moins elle y voit un peu mieux. Il y a quelqu'un dans le couloir. Quelqu'un avec des clefs. Peut-être pour elle? Ils viennent peut-être la frapper à nouveau...Tant mieux...qu'ils augmentent la haine qu'elle a à leur égard...Ou alors le ministre tunisien a obtenu sa libération. Elle n'y croit pas trop.

Il n'y a pas grand chose à faire, attendre le libérateur ou le bourreau. Elle s'accroupit dans sa cellule et plonge sa main dans l'eau avant de la ramener à son visage. Elle veut rendre le sang à nouveau liquide pour dessiner sur le sol des symboles de protection. Elle en a besoin, si jamais ils veulent à nouveau la tabasser, au moins elle aura l'impression d'être un peu plus en sécurité.

Flesh s'appliqua à mouiller le sang qui maculait son visage éprouvé. Les pas se rapprochaient, durs et sonores, réglés comme une boite à musique militaire. Elle commença à dessiner tant bien que mal les symboles de protection. Les pas, lourds et secs, claquaient sur le sol bétonné de plus en plus fort. Puis soudain ils se firent plus léger, un simple frottement banal. Puis s'arrêtèrent devant la porte de Flesh.

Plusieurs clés tournèrent en vain dans la serrure, avant que l'une marche, ouvrant un loquet. Mais il fallut encore en ouvrir deux ou trois autres, à différentes hauteurs. C'était un travail fastidieux pour le visiteur. Quand il eut finit, un bruit d'interrupteur accompagna l'allumage d'une ampoule grillagée, plantée bien au dessus de la porte à l'intérieur de la cellule. Flesh vit alors que cette dernière était très haute de plafond, et vide de tout ameublement si ce n'était une bassine sale dans un coin. Pendant que les yeux de Flesh s'habituaient douloureusement à cette lumière pourtant peu forte, le visiteur entra.

La voix qu'elle reconnut être celle du Ministre tunisien, employa la langue arabe pour s'adresser à la prisonnière. Son ton était comme un murmure emprunt de tension.

"Qu'Allah nous protège... Ma pauvre enfant. Vous ... me reconnaissez ?"

Il avait poussé la porte dans son dos, sans la refermer à clés. Il tenait celles-ci dans ses mains et semblait effaré de l'état dans lequel se trouvait la prisonnière, avant même de remarquer les symboles.

Les pas se rapprochent peu à peu. Des pas de militaires, froids et aussi réguliers qu'une machine. Ils viennent la frapper à nouveau mais elle les attend, elle ne se laissera pas faire. Il est hors de question qu'elle se laisse détruire par eux à petit feu sans qu'ils souffrent de leurs actes à leur tour. Ce sera son cadeau de départ.

Alors que la mutante était déjà prête à sauter sur celui qui allait ouvrir la porte, elle entendit un deuxième pas derrière le premier. Un pas plus léger, mon cadencé, un pas de civil. Flesh sentit une vague d'apaisement la parcourir. Finalement le ministre a réussi à avoir son entrevue avec elle. Les espoirs qu'elle plaçaient déjà en l'homme grandissent. La discussion qu'elle va avoir risque d'être enrichissante. Du moins, elle l'espère.

Elle entend les clefs tourner dans la serrure. Enfin qui tentent de tourner dans la serrure. Après quelques essais, la porte s'ouvre enfin, suivie rapidement d'une lumière violente pour les yeux habitués à l'obscurité de Flesh. Puis un homme rentre. Lorsqu'il prononce ses mots, Flesh reconnait la voix du ministre, son instinct était le bon. Elle répond à son tour en arabe.

"Ils ne m'ont pas frappés assez fort, ou assez droguée pour vous avoir oublié, monsieur le ministre."

Un rapide coup d'oeil vers la porte lui apprend qu'elle a été refermée.

"Je pensais qu'ils vous interdiraient de venir..."

Elle marque une courte pause.

"Ça fait combien de temps que je suis ici?"

Combien de temps qu'ils la maintiennent enfermée? Pas plus de quelques heures surement, elle n'a ni faim ni vraiment soif. En tout cas, assez pour que son sang ai eu le temps de coaguler. Pas que ça l'intéresse réellement, mais elle veut savoir à quel point elle doit les haïr eux et leur monstre. Et à quel point l'homme qui se trouve en face d'elle est prêt à connaitre la vérité.

L'homme poussa à nouveau doucement la porte, comme pour s'assurer qu'elle était bien posée contre le chambranle. Il eut un soupire de soulagement en entendant la créature.

"Allah soit loué, vous êtes consciente. J'ai fait aussi vite que possible, je crois que moins de trois heures se sont écoulées."

L'homme s'approcha alors de Flesh et se baissa pour mieux voir son visage. Il secoua la tête, dégoûté par ces meurtrissures et alla fouiller dans la poche de son pantalon de costume. Ses yeux brillaient d'émotion.

"Ils m'ont interdit de venir. J'ai seulement pu obtenir de connaître le lieu supposé de votre détention. C'est d'ailleurs... un lieu sordide."

Le ministre tendit un mouchoir blanc, propre et plié, à Flesh. Il poursuivit d'une voix grave en chuchotant.

"En réalité... Je ne suis pas le Ministre. Je suis une mutante comme vous. Mon nom est Lily-Rose. Et si vous êtes d'accord, j'aimerais vous sortir d'ici. Si Allah le veut."

Tout en continuant obstinément à regarder droit dans les yeux vitreux de Flesh, l'homme se métamorphosa. Ses traits se gommèrent, sa silhouette s'étrécit et devint légèrement plus petite, ses cheveux prirent du volume et de la blancheur tandis qu'un visage féminin se composait en lieu et place du sien. Flesh eut devant elle une femme d'une soixantaine d'année, en costume similaire à celui du ministre mais adapté à sa taille. Elle garda son regard gris et grave fixé sur elle, attendant sa réaction.

Trois heures? Uniquement trois heures? Ils sont efficaces pour infliger des blessures ici. Heureusement que le ministre est arrivé rapidement, sinon il y a de fortes chances pour que ses blessures n'ai étés plus que superficielles.

"Vous seriez arrivé il y a quelques minutes vous m'auriez vue dans les bras de morphée..."

Apparemment, le ministre a désobéi aux ordres qu'il a reçu. Hum...c'est intéressant à savoir, il est prêt à aller jusqu'au bout. Flesh attrape du bout des doigts le mouchoir blanc qu'elle trempe dans l'eau avant d'essuyer le sang de ses blessures pour les nettoyer.

"Le lieu en lui même n'est pas important, seul compte le message...et celui qu'ils veulent faire passer est...intéressant...Vous êtes moins que des hommes dans ce lieu."

Le suite du discours du ministre dérange plus la mutante. Ainsi...il a menti...ou plutôt elle...une mutante aussi...c'est la première fois qu'elle en croise une autre...Comme pour prouver ses dires, l'homme devint femme sous ses yeux.

"Je ne suis pas contre sortir d'ici..."

Elle marque une pause. Peut-elle vraiment lui faire confiance? Un politicien lui posait, étrangement moins de problèmes...

"Pourquoi vous trouviez vous à cette réunion sous cette forme?"

Elle plonge son regard dans les yeux de Lily-Rose. Elle doit savoir. De sa réponse dépendra sa réaction future.

Lily-Rose observa avec intérêt cette fille - créature amochée qui raisonnait comme si tout cela n'était que broutille pour elle. Elle avait un sang froid assez impressionnant. La métamorphe ne pouvait qu'acquiescer à son jugement sur les "hommes dans ce lieu" sordide. Mais elle ne comprenait pas bien où voulait en venir l'empathe avec son "message". Avec une mutation aussi ingrate, il ne serait pas surprenant que la malheureuse ait été moralement et mentalement très affectée.

La vieille femme répondit en anglais américain à l'adolescente.

"Cela serait long à raconter dans les détails. Je suis désolée mais je dois parler en anglais à présent. Et dans quelques instants je ne comprendrai plus rien à l'arabe."

Fit-elle observer à Flesh, en souriant. Elle la regarda se débarbouiller en fronçant les sourcils. Elle avait bien retenu le visage de la mutante mais impossible de se remémorer un nom.

"J'étais venue précisément te chercher. Tu vas avoir du mal à le croire, mais c'est une vision de l'avenir qui m'a conduite ici et dans cette apparence. J'étais du reste au courant de l'absence très probable de Monsieur le ministre. Au fait comment te nommes-tu ?"

Tout cela allait amener à des explications extrêmement longues et complexe, étant donné que la pauvre fille ne savait rien de la situation. Lily-Rose eut une moue songeuse, puis triste.

"Je suis vraiment désolée mais je ne pourrai guère plus entrer dans les détails. J'ai très peu de temps Allah me pardonne. Je suis directrice d'une école fondée aux Etats-Unis pour accueillir et former les jeunes mutants comme toi. Notre installation est encore précaire et clandestine, car nous devons organiser la résistance contre les Pères Fondateurs. Il sont les auteurs d'un attentat récent contre un orchestre tunisien. Entre autres."

Finit-elle en soupirant, avec une lassitude marquée. Elle se remit en position débout en lissant les côtés de son costume ministériel version féminine.

"Comment te sens-tu ? Au fait... que voulais-tu dire à Monsieur Ben Ammar, le vrai ? Si ce n'est pas indiscret."

Elle ne veut pas lui expliquer, du moins pas tout de suite...Tant pis...Flesh la suivra, c'est son destin ce qui arrive aujourd'hui, elle doit aller où Lily-Rose la mènera pour poursuivre son combat. La femme ne parle plus arabe maintenant...peut-être une cause de son pouvoir...surement...on oublie pas une langue aussi rapidement...

"Pas de problèmes...je connais cette langue aussi..."

Elle lui sourit. C'est rare...même si c'est une mutante ça l'étonne...Ceux qui ne voient pas les apparences méritent d'être écoutés. En plus la femme est venue la chercher, elle, après avoir vu l'avenir...Une Conviction de l'Entité à n'en pas douter. Elle a raison, c'est un signe, l'Entité souhaite qu'elle la suive, elle obéira à Sa volonté.

"Au contraire, je n'ai aucune difficulté à croire ce que vous me dites..."

La femme est bien étrange. Elle peut prendre l'apparence des gens, surement leurs capacités linguistiques et en plus a des visions de l'avenir...Elle pourra faire de grandes choses si ce n'est pas encore le cas.

"J'm'appelle Flesh."

Lily-Rose lui demande son nom. Cette femme tente vraiment de socialiser avec elle, la créature trouve cela un peu étrange mais bon...Elle lui explique rapidement la situation: elle vient d'Amérique et a une école pour former les jeunes mutants...et aimerait surement que Flesh en fasse partie. Si cela peut lui permettre d'être plus efficace contre les Monstres elle ne va pas s'en priver.

"Oui...ils ont parlé de cet attentat là-bas...Et j'ai lu des choses sur les pères fondateurs...Ils se trompent, ils s'aveuglent...ce n'est pas comme ça qu'il faut faire changer les choses..."

Voyant que la femme se relève, elle l'imite, plus lentement, pour que ses membres ne cèdent pas sous la précipitation.

"J'ai connu pire...mieux aussi..."

Comme un parodie d'être humain, elle dépoussière son bermuda.

"Ce n'était pas Monsieur Ben Ammar qui importait...je devais ouvrir les yeux à un dirigeant, c'est tombé sur lui, enfin sur vous, vu que les autres me huaient..."

Elle a répondu à la question, du moins c'est l'impression qu'elle en a. Elle pense qu'"ouvrir les yeux" est une explication suffisante...au pire elle posera d'autres questions.

Lily-Rose écouta la jeune fille, cette créature si laide, si repoussante. Elle voulait donc "ouvrir les yeux" à un dirigeant. Quand la métamorphe aperçut plus clairement tous les symboles parcourant le corps mutilé de la mutante, elle comprit qu'il y avait quelque mysticisme à l'œuvre. La pauvre fille devait utiliser son apparence effrayante pour mettre à l'épreuve des humains. Si c'était bien cela, elle était en quelque sorte une justicière. Mais Mask restait un peu mal à l'aise devant la détermination froide qui transpirait de cette mutante empathe. Elle semblait capable d'endurer bien des maux, mais sans doute au prix de son équilibre mental.

Ces réflexions travaillaient Lily-Rose, intriguée par le personnage de "Flesh".

"Tu devais lui ouvrir les yeux ? Sur quoi donc ? Disposais-tu d'informations pour les aider à élucider quelque chose ?"

Demanda-t-elle, même si elle avait une certaine idée de ce que la mutante avait voulu dire en réalité.

"Tu connais donc beaucoup de langues... A propos, je vais reprendre l'apparence du garde que j'ai utilisé pour venir jusqu'ici."

Elle se mit plus sérieusement à réfléchir à leur plan de sortie. Elle se tourna vers Flesh, qui semblait capable de marcher.

"Ecoute nous devons ressortir de cet endroit le plus discrètement possible. Je suis désolée de devoir te demander encore quelques efforts, avant de pouvoir te soigner et te reposer. Le plus simple est que tu fasses semblant d'être menottée, et avoir l'air à moitié endormie. Je dirais que je te transfère quelque part. Le seul danger sera si l'on rencontre mon double. Dans ce cas, ton empathie nous sera utile. Sur le chemin, si tu le peux, essaie de gommer la méfiance des gardes, s'ils en ont."

Elle se métamorphosa à nouveau pour devenir un jeune homme d'une vingtaine d'années, en treillis et rangers, les cheveux ras blonds sous sa casquette militaire. Il avait la figure bouffie et le regard fuyant.

"Dis-moi quand tu es prête, Flesh. Ensuite, me suivras-tu jusqu'à Chicago ?" Dit-il cette fois en hébreu.

Le garçon tendit la main vers la prisonnière.

La femme semble ne pas avoir compris: elle l'interroge sur ce sur quoi elle devait ouvrir les yeux du dirigeant. Elle n'est donc pas clair...il faudra qu'elle remédie à cela...ceci dit...parler de la Monstruosité n'est pas une chose aisée, des images et des sensations sont bien plus efficaces...

"Sur le monde...et surement sur lui-même...sur la nature des choses...Je vous montrerais si vous l'acceptez...Bien que je pense que vous êtes déjà au courant..."

C'était chose rare que Flesh demande la permission mais cette femme agissait...elle avait donc vu des choses, soulevé un coin du voile...peut-être pas tout mais une partie suffisante pour qu'elle ne soit plus totalement aveuglée. Elle est...comment définir cela? Borgne? Oui ça colle plutôt bien...Elle voit une partie des choses...

"Uniquement trois: l'anglais, l'arabe ma langue paternelle et l'hébreu, ma langue maternelle...Vous semblez en maitriser au moins deux parmi celles là...et je ne doute pas que vous en connaissiez d'autres...Même temporairement."

Elle lance un regard entendu à la mutante. Elle ne connait pas l'étendue exacte des capacités de la femme qu'elle a devant elle mais pour être arrivée jusqu'ici elle ne doute pas qu'elle cache encore d'autres surprises.
Flesh écoute avec attention ce que Lily-Rose lui dit.

"J'peux encore vous suivre."

Quand on vit dans la rue depuis 8 ans ce n'est un pas passage a tabac qui va empêcher de faire marcher la mécanique de survie, même si le-dit passage à tabac a été fortement aidé par des somnifères.
Le plan proposé a l'air bien rodé: avec le pouvoir de la vieille femme ça devrait passer comme sur des roulettes mais en ce qui concerne la partie avec son pouvoir...

"Empathie? Gommer la méfiance des gardes? Je suis là uniquement pour mettre les gens devant leur conscience, ou les soulager de leurs maux."

C'est comme ça qu'elle l'interprète et qu'elle l'a toujours fait, elle n'a jamais essayé d'aller plus loin que ça. Pourquoi d'ailleurs? Elle n'avais pas son pouvoir pour "endormir la méfiance des gens", au contraire. En tout cas Lily-Rose connait son pouvoir, ou croit le connaître surement grâce à ses prédictions.
La femme change encore une fois d'apparence, pour prendre celle d'un jeune militaire...changeant d'habits par la même occasion. Pleines de ressources, comme elle l'a pensé.

"Sinon oui je suis prête à vous suivre. Laissez moi juste récupérer quelques protections là où je les ais laissées."

Et sa cape. Bien à l'abri dans un squat vide des quartiers pauvres de Jérusalem.

La jeune fille semblait détentrice de secrets que bien des philosophes ou des religieux avaient tenté de percer durant les siècles. Cette assurance ne laissait pas d'étonner Lily-Rose. Flesh était pourtant bien jeune pour prétendre pouvoir ouvrir les yeux de son prochain. Ce dialogue mystérieux fit sourire le jeune garde.

"Je suis au courant de certaines choses sur le monde, en effet. Je serai ravie qu'on en discute ensemble. En soixante ans de vie, j'ai eu le temps de voir beaucoup de choses et de personnes évoluer. Et pourtant, Dieu m'offre toujours à me surprendre, chaque jour qu'Il fait, si bien que j'ai l'impression d'être toujours une enfant."

Et il était vrai que cette rencontre avec Flesh, même si elle était "prévue", remuait certaines choses dans le cœur de la métamorphe soixantenaire. Flesh détenait une volonté sans faille, un courage opiniâtre que Lily-Rose admirait. Elle ressentait aussi beaucoup de tristesse pour cette créature si mal dotée par la Providence.

"Oui je ne connais ces langues que le temps de ma transformation, et un peu après. Sinon je ne connais que ma langue maternelle, l'anglais. C'est bien regrettable."

Elle vit avec satisfaction que Flesh était bien valide. Elle remarqua d'ailleurs sa stature imposante pour une jeune fille, et le faible relief de sa poitrine flétrie.

"Tu pourras te procurer des vêtements au Old School, notre hôtel. Des élèves s'occupent de trouver des stocks. Je suis vraiment désolée Flesh mais nous ne pourrons pas repasser par chez toi. J'ai un moyen de transport pour nous ramener qui ne me permet aucun détour ni délai."

Dit le soldat avec un sourire navré. Lily-Rose réfléchit aux paroles de Flesh sur sa vision de l'empathie. Elle pensa au choc que ressentirait la mutante au Old School, où la grande majorité des élèves avaient une vision purement utilitariste de leur pouvoir. Il faudrait bien pourtant qu'elle envisage toutes les possibilités, car partir en croisade à chaque mission rendrait les choses... certainement intéressantes. Lily-Rose concéda d'un air compréhensif.

"Très bien, dans ce cas Flesh, il vaudrait mieux que l'on se dispense de s'attarder sur les consciences des gardes que nous allons croiser. Je te garantis que nous avons une tâche bien plus ardue à accomplir avec les Pères Fondateurs aux Etats-Unis. On ne peut perdre d'avantage notre temps dans ce lieu."

Expliqua-t-elle en espérant que Flesh ne soit pas tentée de redresser les torts ou soulager les âmes de tous les malheureux soldats chargés de garder cette prison. Sinon il y aurait de fortes chances qu'elles y restent toutes les deux. La mutante prit donc sur elle d'utiliser au besoin elle-même le pouvoir de l'empathe illuminée pour assagir les gardiens.

Elle se mit à côté de Flesh, aussi grande que le jeune homme qu'elle était devenue, et lui attrapa le bras.

"En avant, et tiens-toi tranquille !"

Dit-il en fronçant les sourcils pour avoir l'air brutasse.

Un sourire apparait sur les lèvres du garde. Aurait-elle dit quelque chose d'amusant pour la vieille femme? Pourtant ses mots ne sonnent pas comme une accusation ou une moquerie. Plutôt comme une confidence.

"La seule chose qui me surprenne encore est la Monstruosité, qui se cache de mieux de mieux et de plus en plus profondément. Le reste n'est qu'une pommade."

Qui est donc cette femme qui malgré son oeil ouvert arrive encore à voir d'autres choses que l'horreur, à oublier pour un temps ce qu'elle a vu? Etrange. Elle aimerait bien discuter avec cette femme, pour la comprendre...ça l'aiderait surement pour ce qu'elle avait à faire.

"Polyglotte, même pour un temps est un beau cadeau..."

Elle note le regard de la femme lorsqu'elle est debout. Ce n'est plus ça qui va la choquer. Lily-Rose n'a pas réagit tout de suite, elle lui en ai reconnaissante d'une certaine manière. Par contre entendre qu'elle devra laisser une partie de ses bijoux et sa cape sur le sol sacré de Jérusalem lui fait plus mal. Un malaise passager qui disparait bientôt, aller en Amérique est son devoir, si elle doit laisser quelques objets pour y parvenir, elle le fera.

"Ce n'étais pas pour des vêtements...tant pis...allons au plus vite alors."

Le soldat lui dit de ne pas faire attention aux consciences avec son pouvoir. Bien, si elle le voulait. Ça lui ôte un poids non négligeable.

"Comme vous voulez."

Le gardien se met à côté d'elle et lui attrape le bras avant de lui assener un ordre. Elle se met dans la peau du personnage sans doute. Flesh préfère se taire et fermer son visage comme elle l'aurait fait avec un vrai gardien.