01.01/29.L.Association de bienfaiteurs - Groupe de Mask

Lily-Rose entra dans le petit salon, lieu choisi de la réunion, habillée d'un tailleur crème serti d'un foulard rose. La journée avait été longue depuis son arrivée avec Clara à l'aéroport de Chicago, mais la mutante avait hâte de commencer la réunion et faire d'avantage connaissance avec les jeunes gens. Seuls ses yeux légèrement brillants trahissaient la fatigue des derniers jours. Une odeur de brûlé persistait autour de la directrice du Old School, malgré tous ses efforts pour s'en défaire.

Pour la réunion, on avait mis les vieux fauteuils en velours en arc de cercle et rajouté quelques chaises ici et là.

La métamorphe resta debout et lorsque ses deux partenaires et les élèves furent tous là, elle adressa un sourire ému à l'assemblée.

"Bonjour à tous. Je suis très heureuse de vous voir. Pour ceux qui ne me connaissent pas encore, je m'appelle Lily-Rose Donowho. Je suis américaine, née à Des Moines dans l'Iowa. Comme vous je suis mutante. Je peux prendre l'apparence de n'importe quelle personne et aussi emprunter les pouvoirs mutants."

Elle se tourna vers ses deux acolytes et appuya son regard sur chacun d'eux. Elle n'était pas mécontente de les avoir à ses côtés. Elle en éprouvait une certaine fierté.

"Vous avez tous rencontré Emily et Walentyn. Emily peut se déplacer le plus rapidement du monde, et Walentyn peut communiquer par la pensée et créer des illusions."

Elle revint vers les élèves en joignant les mains devant elle. Les deux mutants complèteraient eux-même leur présentation. Elle prit un ton plus grave.

"Vous savez tous qu'un groupe de mutants terroristes se faisant appeler les Pères Fondateurs mène des attentats dans différents endroits du globe. Ils utilisent tout aussi bien la terreur brute et aveugle, en provoquant des attentats dans des lieux publics, mais aussi la corruption, les enlèvements, les intimidations, les meurtres, la manipulation... le tout en fonction des circonstances. Il ne faut donc pas croire que notre adversaire est une brute sans cervelle. Bien au contraire. Les méthodes sont choisies avec ruse et discernement selon les contextes."

Elle marqua une pause.

"La conséquence que vous avez sans doute pu observer chez vous, est une vague d'intolérance au mieux, de persécution au pire, contre les mutants dans le monde entier. Tous nous sommes maintenant assimilés à ces terroristes voulant instaurer le pouvoir mutant absolu et réduire les humains en esclavage."

Lily-Rose fronça les sourcils, se rendant compte de tout ce qu'il y avait à dire pour que ces jeunes gens y comprennent quelque chose. Elle prit une ferme inspiration.

"La situation aux Etats-Unis est spéciale car c'est ici que les Pères Fondateurs veulent installer leur pouvoir. Prendre les Etats-Unis serait pour eux l'étape majeure de leur domination. Ils ont déjà mis six Etats sous leur coupe, il s'agit de la Caroline du Nord, du Delaware, de la Virginie, du district de Colombia, du Maryland et de Washington DC. Les autres Etats subissent des troubles très importants."

Elle s'éclaircit la voix avant de reprendre, et vérifia que tout le monde suivait.

"Les Pères Fondateurs. Ils sont une vingtaine. Certains d'entre eux sont de jeunes adultes comme Emily et Walentyn. Leurs chefs sont en revanche des mutants de ma génération. Ceux qui ont découvert et développé leur pouvoir avant le Jour-M, en l'an 2000. Ce jour sinistre qui retira leurs pouvoirs à pratiquement tous les mutants du monde."

Lily-Rose décida de rester concise sur ce point qui mériterait sans doute des développements durant de longues soirées d'hiver. Le Jour-M avait représenté une tragédie pour la communauté mutante, une quasi extinction. Elle se rendit compte qu'elle remontait le temps dans sa narration, alors qu'il aurait peut-être été plus pratique de faire l'inverse.

"A l'époque existait toujours l'Institut Xavier. C'était une très belle demeure, une école qui accueillait officiellement les enfants surdoués. En réalité c'était une couverture pour former et protéger des jeunes mutants. Le fondateur était le puissant télépathe Charles Xavier. L'Institut se trouvait alors à New York. Au cours des nombreuses batailles menées contre mutants et humains, il a subi maintes fois les affres de la destruction. Mais lorsque j'y prenais mes leçons, l'Institut fut déménagé à San Francisco par Emma Frost et Scott Summers."

Lily-Rose devais bien s'avouer qu'en fait de suivre sagement et rigoureusement les cours, elle avait souvent joué à la plus maline. Des détails inutiles pour les élèves.

"Cette période est celle de mon adolescence." Dit-elle avec un sourire attendri.

"L'Institut formait les jeunes mutants pour qu'ils utilisent vertueusement leurs pouvoirs et protègent les humains. Ils formaient les X-Men. Ils disposaient alors des moyens technologiques les plus extraordinaires."

Elle promena pesamment son regard sur le petit salon fripé du Old School.

"Notre ambition est de refonder les X-Men avec vous, car l'expérience nous a prouvé, Dieu en est témoin, que seule une organisation collective et solidaire peut être efficace sur le long terme contre une menace comme les Pères Fondateurs."

Elle reprit son souffle, et approcha une chaise pour s'y asseoir sans hâte. Elle lissa les plis de son tailleurs et prit un air sévère.

"Si nous voulons empêcher la dictature ou le chaos que nous promettent les ravages des Pères Fondateurs, c'est le seul moyen."

Elle sonda les élèves de son regard bleu clair, observant leurs réactions. Elle leva la tête vers ses deux collègues pour qu'ils ajoutent leur grain de sel à son exposé forcément incomplet.

Emily était restée en retrait durant le discours de Lily-Rose, écoutant attentivement ce qu'elle disait, car après tout, un petit rappel ne pouvait faire de mal à personne. Tandis qu'elle scrutait les jeunes visages en espérant y trouver des signes d'approbation, son esprit les assimilait, elle et Walentyn, aux anges d'épaule de la directrice, prompts à donner de bons ou de mauvais conseils pour permettre au héros de faire son choix. Ils étaient placés silencieusement de part et d'autre de la rescapée du jour M, et attendaient la fin du récit afin de mettre leur grain de sel. Etrangement, elle n'avait pas la moindre difficulté à imaginer Walentyn vêtu de rouge avec des cornes sur la tête et une fourche dans la main, et espéra simultanément qu'il s'était abstenu de lire cette pensée dans son esprit. Elle savait maintenant qu'il y'avait une tripotée de télépathes et de mentalistes dans les lieux, rendant son pauvre cerveau plus vulnérable que jamais. Peut-être était-il trop en désordre pour être lisible ?

Après un bref regard pour le Polonais, elle prit la parole en second. Ainsi, il pourrait se gargariser que l'on garderait le meilleur pour la fin.

- Bonjour à vous. Je me nomme Emily Wong, et je suis hongkongaise. Avant d'être une militante mutante, j'exerçais la profession d'architecte. Comme vous l'a dit Lily-Rose, je suis très rapide, et également assez agile.

Même si elle savait qu'elle n'apprenait rien de nouveaux aux paires d'oreilles qui l'écoutaient, elle avait choisi de commencer par les présentations, pour une raison plutôt simple : elle n'avait pas grand chose à ajouter, et il fallait diluer pour que ses rares informations ne paraissent pas dérisoires ou lapidaires.

- J'ai personnellement été victime des discriminations qui touchent les mutants depuis l'arrivée des Pères Fondateurs en Amérique, ce qui d'ailleurs m'a indirectement amenée ici.

En fait, elle ne savait toujours pas si tout cela était volontaire, ou le fruit du hasard. Elle avait toujours du mal à appréhender les visions du futur aléatoires de Lily-Rose, et l'heure n'était pas aux brainstormings.

- Avec Walentyn, nous avons eu la chance de découvrir nos capacités à une époque où elles étaient plus considérées comme des curiosités que comme des menaces. Mais malheureusement, vous savez tous que la donne a changé.

Elle avait pu le voir en direct lorsqu'elle avait été chercher certains des élèves.

- Contrairement aux terroristes de Washington, nous ne voulons pas faire de vous les soldats d'une hypothétique armée mutante. Notre objectif est de vous apprendre à connaître et à contrôler l'étendue de vos pouvoirs, afin que vous puissiez les utiliser pour des objectifs qui dépassent la quête du pouvoir ou l'enrichissement personnel.

Elle voulait ajouter qu'il n'était pas à l'ordre du jour de créer un bataillon de paladins sans peur et sans reproches, mais eut l'intuition que Walentyn en parlerait bien mieux qu'elle. Du reste, elle n'avait pas proscrit les utilisations à des fins personnelles : elle avait seulement ouvert le champ des possibilités.

- Vous devez également savoir que tous nos ennuis ne se limitent pas aux Pères Fondateurs. De par leurs actes, ils ont réveillé de désagréables sentiments partout dans le monde, que leur disparition sera très loin d'effacer.

Pour rompre avec l'alarmisme et éviter d'être cataloguée "oiseau de mauvais augure", elle choisit de terminer sur une note plus optimiste.

- Ne soyez cependant pas terrifiés par vos adversaires. Ils paraissent nombreux, et ont des alliés, mais ils ne sont pas invincibles. Et à l'exception de leurs chefs, ils n'ont jamais eu à affronter des groupes de mutants comme eux...ils savent comment tromper les forces de l'ordre, mais savent-ils faire de même face à des super-héros ?

C'était Roxane qui avait utilisé l'expression la première, et elle trouvait qu'elle conclurait son discours sur une note plus optimiste. Son oral terminé, elle laissa la parole à Walentyn.

Bien que sa sieste n'ait pas été suffisamment longue à son goût, elle avait indubitablement revigoré Walentyn. Le Polonais avait laissé les femmes s'installer, et s'était posté derrière les fauteuils préparés pour la réunion, appuyé au niveau de l'épaule contre le montant de la porte du petit salon, les bras et les jambes croisées dans son habituelle attitude désinvolte. De là, il se concentrait sur les marmots en rang d'oignon tout en les scrutant du regard. L'info à la source, avec les années, il avait appris qu'il n'y avait que ça de vrai.

C'est alors qu'il capta une pensée furtive en provenance de sa collègue hongkonnaise. Dans son coin, il arqua un sourcil amusé. Elle cachait bien son jeu, la petite gazelle... Il attendit la fin de son speech pour lui envoyer une petite illusion de son cru : lui en train de lui adresser un baiser "silencieux". Les élèves et Lily-Rose, quant à eux, le verraient toujours immobile sur le seuil de la pièce.

Mais si Emily s'était arrêtée, cela signifiait certainement la fin de la récréation pour lui. Ses deux collègues avaient gardé la parole un certain temps. Walentyn se demanda si Emily s'était préparé un discours. Lily-Rose devait sûrement préparer ce moment depuis des jours, voire bien plus puisqu'elle avait infiltré les Pères Fondateurs trois ans auparavant. Aucun doute que son petit speech était huilé depuis un bon moment. Quant à lui, il sortait du lit, comme pouvait en témoigner la légère marque d'oreiller qui courait encore le long de sa joue et ses cheveux légèrement en bataille. Quand aurait-il eu du temps à perdre avec ça ? Entre la Nouvelle-Zélande et la Corée ? La dernière fois que le mafieux avait dit ce qui se rapprochait le plus d'un discours, c'était probablement à l'école, lorsqu'il avait menacé de planter Marek Chlebowski à la sortie du bahut. Walentyn Szatanik n'avait pas besoin de discours pour être compris. Néanmoins, au regard de l'assemblée, il sut qu'il ne pourrait pas réellement y couper.

Ses deux collègues s'étaient présentées. Sa propre présentation ferait sûrement tâche à côté de leur respectabilité, mais Walentyn n'avait pas honte de ce qu'il avait fait pour nourrir sa famille, bien au contraire. Lily-Rose serait sûrement la plus mal à l'aise de sa franchise.

"Moi c'est Walentyn." fit-il finalement, sans bouger de sa place. "Walentyn Szatanik." ajouta-t-il en se souvenant que la société civile était plus friande des patronymes complets que le mafia. "Je suis polonais, mais j'ai pas mal roulé ma bosse en Europe. Y a pas si longtemps, j'étais spécialiste en vols et magouilles en tout genre pour la principale organisation criminelle londonienne."

Il fit une pause, ne sachant pas quoi ajouter. Il ne tenait pas particulièrement à s'épancher sur les raisons qui l'avaient poussé à rejoindre les X-men. Mais leur but étant de sensibiliser ces jeunes à leur avenir commun, mieux valait ne pas passer pour le tueur à gages payé pour assurer la sécurité, ce que certains pensaient déjà sur son compte. Son regard bleu, et ce devait bien être la première fois qu'il trahissait une émotion particulière depuis son arrivée, sembla néanmoins s'assombrir tandis qu'il reprenait finalement :

"Emily a raison lorsqu'elle vous dit que les Pères Fondateurs ne sont pas la seule menace. Vous allez vite vous rendre compte que vous êtes passés du "Je suis seul au monde" à "Y a pas assez de place pour nous tous". J'ai eu affaire à des mutants carrément hostiles sous les rues de Londres : les Morlocks. Ceux-là haïssent les mutants nés après le Jour M, ça c'est vous et nous." expliqua-t-il avec un petit signe de main inclusif pour Emily, lui et la bleusaille.

"Et c'est qu'un amuse-gueule. Humains et mutants se montent tous le bourrichon de leur côté. Que vous soyez ici pour développer votre potentiel, jouer au casque bleu ou simplement trouver une planque, y a pas de mauvaise raison de nous avoir suivis. Y a tout un tas de moyens de suivre un objectif commun." expliqua-t-il, et quelque chose d'inquiétant dans son regard laissait à penser qu'il n'était pas partisan de la méthode "tendre l'autre joue".

"Ah ouais, et puisqu'on parle des moyens..."

Il désigna les murs puis le plafond de la pièce de l'index :

"Vous avez dû faire le tour du proprio depuis votre arrivée ; c'est clairement pas le Ritz, mais l'immeuble appartient à Lily-Rose et mieux vaut éviter le bling bling quand on est dans le maquis. Maintenant, on essaie de "drainer" des fonds pour nous équiper et préparer notre offensive, mais on doit aussi aller chercher vos camarades aux quatre coins du monde, sans parler des... disons d'autres projets sur le feu." dit-il avec de gros guillemets manuels au mot "drainer", puis un regard en biais vers Emily lorsqu'il aborda leur petite escapade prévue à Washington.

Lily-Rose avait évoqué les ressources technologiques des anciens X-men, mais tout restait à faire pour mettre la main sur des dispositifs qui pourraient les aider. Et en matière d'informations sur leurs adversaires, il y avait encore du boulot, mais Walentyn avait bon espoir que leur initiative fasse bouger les choses.

Estimant qu'il avait suffisamment causé pour ne pas passer pour le maillon faible de l'équipe, le Polonais redonna la parole à Lily-Rose, qui devait mieux s'y connaître que lui question logistique mutante.

Lily-Rose eut un mince sourire à l'issue des discours de ses deux partenaires. Elle continuait d'être bien contente de les avoir "pécho" comme dirait le Polonais ex-mafieux. Ce dernier faisait bien de terminer sur des aspects plus matériels. Sur son signal la métamorphe s'adressa à nouveau aux élèves.

"Nous comptons en effet sur vous pour prendre des initiatives. Le travail ne manque pas et il y en a pour tous les goûts."

Elle sortit de sa poche de veste une petite feuille quadrillée pliée en quatre.

"Il y a en effet de nombreuses choses à faire pour améliorer notre quotidien au Old School. Drainer des fonds est une chose, trouver des stocks de provision, d'équipements divers et veiller à notre discrétion comme à notre sécurité en sont d'autres. A Chigago, comme dans l'Illinois en général, les tensions et les troubles sont montées d'un cran. Les autorités me semblent dépassées par les événements et ne savent comment réagir à ce qu'il se passe dans les Etats pris par les Pères Fondateurs. Peu à peu le chaos gagne ici aussi."

Lily-Rose fronça les sourcils, accentuant les rides de son front. Elle fixa son regard sur un écran disposé sur une antique commode au fond de la salle.

"Nous avons installé un moniteur connecté à internet et diffusant les informations en continu. Ainsi on ne peut ignorer ce qui se passe à l'extérieur, et l'on peut intervenir bien sûr. Il est bon que les habitants de Chicago voient que les mutants peuvent agir pour leur bien et leur sécurité."

Elle déchiffonna son petit papier tout en scrutant les élèves.

"Si vous mettez en place de telles sorties, ne partez pas à moins de trois. Et de grâce, faites en sorte que votre intervention ne mette pas en péril le Old School. Pour le reste, ma foi nous vous faisons confiance."

Lily-Rose serait heureuse que les élèves se portent spontanément, et efficacement, au secours de la veuve et de l'orphelin. Mais les choses pouvaient aussi mal tourner et dans ce cas les élèves devraient penser en premier lieu à préserver l'Institut des conséquences de leurs actes.

"En cas de doute, ou pour faire vérifier vos plans, demandez conseil à l'un de nous trois. Emily, Walentyn et moi vous avons réparti en trois groupes, afin de faciliter les communications et assurer un entraînement suivi. Vous aurez ainsi chacun votre tuteur. Comme il convient dans la tradition X-Men, et plus généralement mutante, il faudra que chacun de vous se donne un nom de code, en lien avec votre pouvoir. Mon nom de code est Mask. Celui d'Emily est Swift, et celui de Walentyn est Chimère."

Elle baissa ensuite les yeux sur sa note.

"Swift sera le tuteur de Lucy Peterson, Roxane Lennox, Clara Wurtz, Gabriel Conowell et Gustave Gudbjornsen."

Elle haussa les sourcils et adressa un coup d'oeil à l'assemblée et reprit.

"Le groupe de Chimère se compose de Kallan Eggold, de Janet Jameson, d'Alexander Conowell et de Timour Abdullaev."

Elle referma son papier et joignit ses mains sur ses cuisses.

"Et enfin le groupe Mask comprend Marc Mulhaupt, Kang-Dae Cheong, Damian Allaway et Luz Arriaga."

Elle marqua une pause, regarda brièvement ses deux collègues, consulta sa montre, et revint sur les élèves.

"Vous devez sûrement avoir beaucoup de questions. Je vous propose de nous diviser en ces trois groupes pour faciliter les échanges. Le groupe Chimère peut se placer au fond sur le canapé près du moniteur. Le groupe Swift prend les fauteuils et se met près de l'entrée. Quant à ceux de mon groupe prenez une chaise avec vous et venez près de moi."

Elle se leva et recula sa chaise contre le mur.


HRP. Les élèves du groupe Mask continuent à poster dans ce sujet.
Le groupe Swift poste dans ce sujet.
Le groupe Chimère poste dans ce sujet

Kang-Dae afin d’avoir une vision globale et sécuritaire du lieu de la réunion ignora l’invitation de la doyenne du groupe à prendre une chaise. Le coréen opta pour un adossement faussement nonchalant sur un des murs du petit salon à la droite de Lilly-Rose.
Kang-Dae pensa sérieusement à troquer son costume d’un blanc maculé et misérablement fripé et qui désormais serait bien trop salissant contre un Dobok d’un noir profond bien plus fonctionnel que son costume actuel qui une fois passé entre les mains expertes d’une blanchisseuse finirait certainement sa carrière au fond d’un placard.

Les bras repliés au niveau de l’abdomen, Kang-Dae laissa son regard errer sur l’ensemble du groupe Mask.

Il y avait Damien, un américain qui avait grandi, fait des plus originaux, au sein d’un cirque. Luz, une espagnole au tempérament de feu et Marc un gaillard plutôt massif que le coréen n’avait pas encore eut l’occasion de rencontrer.

Damian fut le premier d’entre eux à prendre la parole, à saluer Lilly-Rose et à sortir un petit speech sur une histoire de jeunes taggeurs , d’objectifs dans la vie et de proposer d’aider à retaper cet endroit.
Tant mieux si Damian savait se servir d’un marteau et d’un pinceau, cet endroit plutôt sinistre finirait certainement par retrouver un certain standing plus adapté aux gouts du jeune coréen.
Mais lorsque l’Américain lança un vibrant je suis à vos ordres madame, le coréen ne put s’empêcher de pousser un petit gloussement d’amusement qu’il tenta de dissimuler derrière son poing replié.

Mais ce gloussement fut vite interrompu par un vrillant Roxie qui déstabilisa l’asiatique tout en l’obligeant à adopter une posture plus conventionnel.
Le visage renfrogné ; Kang-Dae balaya du regard la pièce pour tenter de deviner qui avait poussé ce nom strident et ne pouvant deviner qui en était l’auteur le coréen tourna son attention vers ses coéquipiers puis prit la parole.


‘Bonjour lily-Rose donc vous êtes donc notre Oyabun en quelque sorte….Je présume que je devrais faire avec….’

Le visage tourné vers la doyenne, le dos bien droit et les bras désormais allongés le long du corps l’asiatique se demanda si cette femme serait à la hauteur de la tache qui semblait les attendre. Apres tout ce n’était qu’une femme et le coréen doutait de ses capacités à pouvoir assumer une telle mission même si Walentyn semblait penser le contraire.

‘Vous m’avez aidé à préserver mon honneur et je vous suis redevable pour cela. Donc vous pouvez compter sur moi pour lutter contre ces fameux pères fondateurs.’

Puis il pointa son index en direction de son costume froissé.

‘ Par contre je suis parti de manière précipité…Et j’aimerai disposer de nouveaux vêtements avant toute chose je me contenterai d’un Dobok ou de quelque chose dans ce gout la si vous pouvez, noir de préférence….C’est moins salissant…. ’

Puis réfléchissant quelques minutes le coréen ajouta d’un ton moins assuré.

‘Par contre je ne pense pas vous être vraiment utile…. Ce n’est pas que je ne possède pas de talent mais je n’ai jamais été un élève doué durant me scolarité …Et je n’ai jamais été un manuel…. En fait en dehors de savoir conduire une moto, prendre un ton intimidant ou de me battre je ne sais pas faire grand-chose….’

Luz avait commencé à ressentir le contrecoup du décalage horaire au beau milieu du discours de Lily-Rose, et eut toutes les peines du monde à garder les yeux ouverts lorsque ses deux collègues prirent la parole. Elle s'affala progressivement sur sa chaise jusqu'à trouver une position suffisamment confortable pour minimiser sa dépense d'énergie, et ainsi optimiser ses chances de comprendre une bribe ou deux de cet évènement fondateur. Elle réussit finalement à capter son nom, et grimaça en comprenant qu'elle devait porter elle-même son trône, ce qui impliquait de nouveaux efforts. En réalité, sans le hurlement de Roxane, elle n'aurait sans doute pas émergé, mais le cri strident la tira de sa torpeur.

Elle se retrouva au niveau de son groupe, mais sa fatigue lui évita de voir sa désapprobation à l'idée de faire équipe avec Macho Man from Corea apparaître clairement sur son visage. Elle était avec trois garçons, qui semblaient tous parfaitement normaux. Elle ne s'en formalisa pas, même si elle aurait bien aimé se retrouver avec l'autre petit Martien.

Il fallait parler d'initiatives, de volonté, et de motivation. Les deux mecs qui parlèrent avant elle s'avérèrent être des sportifs, ce qui accentuait encore plus son étrangeté dans cette équipe. Pourquoi n'avait-elle pas été mise avec les mous ? D'ailleurs, existait-il des mutants qui ne faisaient pas de sport ? Au contraire, leur pouvoir devait leur éviter d'avoir recours à l'exercice physique, mais non, tous voulaient courir, sauter et taper, un sentiment qui était totalement étranger à l'Espagnole. Elle précisa donc :

- Moi je suis jamais en forme physique. D'ailleurs, j'aime pas courir. Donc on dira que je serai la tête, et les autres feront les jambes.

Son entrée en matière paraissant plutôt bourrue, elle voulut continuer sur un ton un peu plus positif, en détaillant ses qualités. Sauf que ces qualités en question n'étaient pas faciles à exprimer au beau milieu de Chicago.

- Mon truc normalement c'est les sciences nat, mais y'a rien de naturel à trois bornes à la ronde.

Songeant brusquement à son pouvoir, elle précisa :

- Mais si vous voulez faire une expédition de nuit - enfin, si c'est pas interdit, hein - je peux faire lampe de poche. C'est à ça qu'il sert mon pouvoir.

Elle posa son coude sur le dossier de sa chaise, et appuya sa joue sur sa main, en quête d'une nouvelle position de moindre effort. Pourvu qu'elle ne soit pas contaminée par la sportivite aiguë de ses désormais camarades...

Ayant encore du mal à réaliser, Marc se retrouvait dans le petit salon d'un hôtel miteux de Chigago, qui serait vraisemblablement sa demeure pour une durée indeterminée. Alors que Madame Donowho, pardon, Mask, composait les différents groupes, Marc fut soulagé d'être avec elle. En effet, des trois leaders de la Résistance mutante sontre les Pères Fondateurs, c'est la seule qui lui inspirait vraiment confiance. Non pas qu'il ait de raison de se méfier d'Emily Wong, mais elle avait l'air bien jeune. Quant à Walentyn Szatanic...le fait qu'il se qualifie lui-même de malfrat n'était pas pour rassurer l'alsacien, mais après tout, leurs interventions étaient sensées être secrètes, voir hors-la-loi.

Marc frissonna. Qu'est ce qui avait bien put le pousser à accepter de participer à l'aventure? Mais un coup d'oeil aux autres jeunes gens présent dans la pièce lui permit de trouver immédiatement la réponse : qui d'autre pourrait s'en charger, à part eux? Leurs adversaires possédaient des pouvoirs! Et leurs chefs avaient eu des années pour s'entraîner, devenir plus fort. Marc éspérait que Madame Donowo serait à même de déjouer leurs plans...

Mais il était temps de faire connaissance avec les autres membres du groupe de Mask. Il s'approcha donc de ses futurs compagnons, s'approchant tranquillement et prenant un siège ainsi qu'on l'invitait à faire. Il y avait deux jeunes hommes, un blanc, Damian, qui avait grandi dans un cirque d'après ses dires, et un asiatique, Kang-Dae Cheong, un japonais sans doute, avec toutes ses histoires d'Oyabun et d'honneur, qui lui semblait bien rigide, pour le coup, et une jeune...mutante. C'était le mot. Peau verte...tentacules....définitivement mutante. Mais joli visage ne put il s'empêcher de noter. Par contre, elle n'avait pas l'air dans son assiette...son état la fatiguait-elle à ce point?

"Bonjour, moi c'est Marc, Marc Mulhaupt." se présenta t'il à la compagnie. S'ensuivit un pénible instant quand il entendit une fille, une blonde, qui appartenait au groupe de Mademoiselle Wong, crier son nom de manière plus qu'expressive, lui vrillant les oreilles. Après une pause pour remettre de l'ordre dans ses idées, il reprit : "Marc, je disais donc. Comme je l'ai déjà dit, je suis prêt à vous aider à lutter contre les Pères Fondateurs. Bien sur, je mets mon pouvoir à votre service. Je suis également cuisinier, si jamais cela peut vous être utile." ajouta t'il avec une notre dubitative dans sa voix. S'il était là, ce n'était sans doute pas pour faire de bons petits plats, mais bon, il préférait mettre les choses au clair.

Lily-Rose vit avec plaisir ses ouailles se rassembler. N'ayant pas eu l'occasion de les revoir, elle s'intéressa d'un coup d'œil à l'état de santé de Luz, qu'elle avait quittée écorchée en Espagne, et Damian en passe d'attraper une pneumonie dans le cimetière de Chicago. Marc était une toute récente connaissance et Kang-Dae avait forcément marqué son esprit vu le contexte exotique de la rencontre avec Walentyn. Elle lissa sa jupe et laissa les mains sur ses cuisses en les écoutant se présenter. Elle nota la politesse de ces hommes, qui gratifièrent chacun la petite assemblée ou sa présidente d'un "bonjour" introductif.

Alors que la métamorphe songeait aux questions posées, la chipie de Roxane Lennox vint leur vriller les oreilles de sa voix stridente. Mask serra les dents et ferma les yeux quelques instants en se crispant légèrement. Il faudrait impérativement que la jeune fille apprenne à réfréner ses pulsions, ou bien les nouveaux X-Men devraient rapidement investir dans des cours de langue des signes.

Achevant cette pensée, elle se tourna à nouveau vers Damian avec un sourire fatigué.

"Je suis comblée si tu as trouvé ici ce que tu cherchais, Damian. Je te félicite d'avoir ramené la paix dans ce cimetière. Je crois que c'est le même esprit qui guide notre démarche ici."

Elle tourna la tête à droite, où se trouvait, adossé au mur, le Coréen. Son attitude fière et nonchalante n'échappa pas à Lily-Rose.

"Votre Oyabun ? J'ignore si je le suis, mais il y a une chose qui doit être bien claire pour chacun de vous, et toi en particuliers Kang-Dae vu que tu en parles : personne ici ne vous pousse à intégrer les X-Men, à risquer votre vie et combattre à nos côtés. Dieu soit loué il n'y a aucune obligation à rester parmi nous. J'espère que cela vous a bien été dit."

Dit-elle avec un regard soudain inquiet, se demandant elle-même si elle n'avait pas ommis ce détail dans ses présentations marketing de la brochure "Old School". Elle était bien aise de pouvoir compter sur Kang-Dae, mais elle ne voulait certainement pas que ce soit vécu pour lui comme une obligation ou autre dette d'honneur contraire à sa volonté propre.

"Pour vous rassurer je peux vous dire que notre rencontre était dans chaque cas prévue par le destin. Mais pas votre engagement à plus long terme. Sur cela il n'y a aucune information."

N'ayant pas envie d'insister sur ce thème, forcément peu encourageant et peut-être même anxiogène pour les quatre élèves motivés, elle joignit ses mains et tendit un sourire heureux.

"Je vois que vous avez déjà commencé à envisager en quoi votre don mutant nous sera utile. Tout comme vos autres facultés. Marc, nous aurons en effet grand besoin d'un vrai cuisinier. Ce serait une grande décharge pour nous si tu prenais en main cet aspect fondamental de la vie en collectivité et toute la logistique qu'il suppose."

Elle regarda donc en particulier le Français.

"Pour l'instant nous disposons de quelques réserves hétéroclites. Cela n'aura qu'un temps. Rechercher, rassembler et gérer les vivres sera une tâche cruciale."

Certaine que Marc accepterait une telle responsabilité sur ses épaules, elle se tourna vers Luz et Damian, se rappelant leurs paroles.

"Des expéditions de nuit seront sans doute nécessaires en effet. Malheureusement, dans le contexte où nous sommes, nous devrons nous procurer bon nombre de choses de manière illégale. A nous de faire en sorte que nos emprunts ne soient pas sources de privations et de souffrances excessives pour autrui."

Lily-Rose se demanda furtivement si Walentyn présenterait les choses de cette façon. Elle tourna à nouveau la tête vers sa droite, vers l'asiatique adossé.

"Nous aurons également besoin de vêtements. Certains élèves arrivent pratiquement dévêtus. Walentyn a commencé une liste. Tu pourras lui parler de ton dobok mais je pense qu'il va plutôt acheter des lots standards. D'un autre côté il sera sûrement ravi qu'on le décharge de cette tâche."

Dit-elle avec un sourire entendu pour le coquet Coréen. Elle connaissait suffisamment l'ex-mafieux pour savoir qu'il n'irait pas perdre de temps en shopping au détail pour les élèves.

"Vous voyez il y a beaucoup à faire. Certaines tâches ne nécessitent aucun talent particulier, juste une idée, de l'audace et de l'organisation. J'ai également évoqué tout à l'heure, outre les aspects matériels et le confort de base, la sécurité et la discrétion du Old School. En effet, nous attirerons tôt ou tard l'attention sur nous. Notre quartier général doit être paré à cette éventualité à tout moment du jour ou de la nuit. Sans compter que Walentyn, Emily et moi ne serons pas là en permanence, loin de là."

La question de Damian sur "le fonctionnement" la laissa un peu songeuse.

"Notre fonctionnement est... votre fonctionnement. Je compte sur vous pour aller au devant des tâches qui nous attendent. Vous êtes quatre têtes et plus encore de jambes et de bras, et vous pouvez bien entendu faire équipe avec les élèves que vous voulez pour organiser des excursions. Ou mettre en place toute autre chose qui servirait nos objectifs. Ne voyez pas trop grand, vous n'en êtes pas encore à défier les Pères Fondateurs, mais pas trop petit non plus. Vous pouvez déjà accomplir de grandes choses, d'autant que l'union fait la force."

Par un sourire confiant elle rendit la parole aux élèves, si d'aventure ils avaient d'autres propositions et questions.

Un léger renfrognement du visage marqua un mécontentement évident de la part de Kang-Dae. Il n’était pas du gout de Coréen que sa notion de dette d’honneur soit minimisé de la sorte, mais le fait que cela provienne d’une femme occidentale minora la portée du camouflet. Apres tout il fallait s’attendre a ce qu’un chat se comporte comme un chat non ?

‘ Ma loyauté à votre égard et donc à votre cause n’est pas à mettre en doute, du moins pour l’instant. A partir du moment que mon honneur ne risque pas d’être entaché par le sang d’innocent ou de frère j’obéirais à vos ordres tels qui soient et si il y a un risque que cela puisse jeter l’opprobre sur mon honneur je vous le dirais, après tout vous êtes une occidentale.’

Aussi rigide qu’un roc, le coréen marqua quelques secondes d’arrêt une dizaine tout au plus pour qua sa tirade imprègne bien les personnes présentes.

‘Comme je vous l’ai déjà dit je ne sais pas grand faire de mes dix doigts par contre j’ai de bonnes connaissances en combat rapproché et je pourrais si certaines personnes le désire leur donner des cours. Apres tout il ne faut mieux pas uniquement compter sur son pouvoir mutant et quelques notions de corps à corps peuvent être toujours utiles.’

Le visage austère le coréen reprit son souffle parcourant du regard un a un l’ensemble de ses camarades.

‘ Pour ce qui des méthodes illégales cela ne me posera aucun problème, nous pourrions nous en prendre aux criminels de cette ville, aux instituts liés au gouvernement en place affaibli par la situation actuelle ou encore aux entreprises, en général des assurances couvriront les pertes qu’elles pourraient subir. Ainsi aucun innocent n’aurait à subir de .. préju…De…Enfin de tort quoi….’

Puis dardant un regard neutre en direction de Damian, Kang-Dae poursuit.

‘ Je ne peux être que d’accord avec Damian il faut avant de former une bonne équipe faire esprit de corps avec notre Oyabun et les uns envers les autres.
Pour ma part je suis prêt à mourir pour servir la cause de notre Oyabun si tout de fois elle respecte mon honneur. Je sais bien que c’est une notion étrangère à vous autres occidentaux mais sachez que tant que je vous considère comme des frères je ferai tout ce qui est possible pour que nos liens fraternels ne se rompent pas.’

Puis se tournant vers Luz et Lilly-Rose le coréen rajoute le visage pourpre.

‘Je sais bien que par moment je n’ai pas fait preuve d’assez de respect auprès de votre ....genre, vous agissez différemment des femmes de mon pays et je dois essayer d’agir différemment en ce pays.
Mais je ne vous garantie rien….Les coutumes sont importantes pour moi….Mais je tacherai d’y remédier quand à votre statut….Apres tout, vous avez certaines d’autres dons que faire la cuisine, le ménage ou de s’occuper des enfants.’

Lily-Rose, ou plutôt Mask, n’ajouta rien dans son discours qui poussa Luz à s’offusquer ou à monter sur ses grands chevaux. Elle semblait être une femme responsable et efficace, aussi l’Espagnole eut elle un sourire intérieur en imaginant ce primitif de Kang s’apercevoir qu’il pouvait être moins bon en tous points qu’une grand-mère américaine.
D’ailleurs, ledit Coréen semblait peu satisfait d’avoir été affecté à ce groupe. La seule chose qui lui aurait convenu aurait été la testostérone team que les professeurs avaient eu le bon goût d’éviter de créer. Mais même si elle y était préparée, elle commença à bleuir lorsqu’une nouvelle remarque machiste vint ponctuer sa pensée. Faire la cuisine, le ménage, et s’occuper des enfants, elle n’arrivait pas à croire qu’il existe encore des pays où l’on assimilait les femmes à ces simples tâches. Pourtant, en son for intérieur, une petite voix lui soufflait que malheureusement, c’était le cas.

Pourtant, ninja boy avait eu moult preuves que le monde n’était pas clivé de la façon que lui imposait son esprit limité. D’abord, il y’avait eu Janet qui n’avait clairement pas les deux pieds dans le même sabot, puis Lily-Rose dont la vie était certainement plus palpitante que celle de tous les Ouyabounes du monde réunis, et enfin Marc qui, malgré son apparence nette au genre masculin, était cuisinier. Mais visiblement, il fallait un électrochoc plus important pour atteindre le cortex ralenti de l’Asiatique.

- Moi, ce que je veux qu’on note, c’est qu’il est pas question que sous prétexte que je suis la seule fille, on me prenne pour une bonniche ou une incompétente qu’il faut protéger. Maintenant que c’est dit…

Ayant fait part de sa seule exigence, elle se tourna sur sa chaise, pour se reposer sur son autre main, le premier bras commençant à accuser la fatigue de devoir supporter sa tête. Gabriel était dans la situation totalement inverse à la sienne : il était seul garçon avec des filles. Est-ce qu’il se prendrait en permanence pour le héros censé faire le boulot tandis que ses camarades se contentent d’admirer l’artiste ? Car elle ne doutait pas une seconde qu’il s’agissait de la vision que pouvait avoir Kang de la collaboration avec une femme.

La situation brossée par Madame Donowho n'était pas des plus reluisantes, et Marc comprenait, petit à petit, qu'ils allaient effectivement devoir partir de rien, ou de presque rien, pour rendre leur nouveau foyer habitable et chaleureux. Il n'avait jusqu'alors pas réalisé que tout le monde allait devoir donner de sa personne, mais au moins, il savait ce qu'il pouvait apporter au quotidien du Old School. Il était donc bombardé Cuisinier en chef de la petite communauté, ce qui n'était pas pour lui déplaire, mais il réalisait également qu'il était un chef presque sans moyens, sans budget. Il serait donc dépendant des rentrées d'argent, et celles-ci promettaient d'être assez irrégulières, dans le temps comme dans leur importance. Mais Marc gardait le moral. La cuisine, ce n'était pas seulement des plats raffinés et complexes, c'était aussi savoir tirer son maximum de chaque ingrédient, et prendre en compte le rapport qualité-prix. Ils ne mangeraient peut-être pas des plats exceptionnels, mais l'alsacien pourrait s'assurer que la nourriture était saine, et équilibrée. D'ailleurs, d'après son expérience, pas mal de coûts pouvaient être réduits très simplement. Il suffisait de se laisser guider par son bon sens, en achetant des légumes et fruits de saison.

Une petite vague d'inquiétude le tourmenta un instant...Etait-ce les mêmes légumes aux Etats-Unis? Bah, il lui suffirait de se renseigner. En attendant, il avait deux trois remarques et questions qui trottaient dans sa tête. L'ambiance dans l'équipe, par exemple, ne semblaient pas très nette, et il lui paraissait important de régler le problème tout de suite. S'ils voulaient batir quelque chose, il fallait que les fondations soient saines, et s'il ne doutait pas des qualités diplomatiques Madame Donowho, le fait de clairement afficher son soutien ne pouvait pas faire de mal :

"Parfait!" reprit-il d'un air à la fois décidé et enjoué. "Je m'occuperai donc de la partie cuisine. J'irai y faire un tour tout à l'heure histoire de faire l'inventaire du matériel disponible, et enventuellement de ce dont j'aurais besoin. Et il faudra que je demande à tout le monde si ils ont des demandes en ce qui concerne le régime." Il fit une petite pause et se tourna plus précisement vers ses coéquipiers : "Si vous êtes végétarien, religieux pratiquants, ou tout simplement allergiques, c'est le moment de me le dire. Sinon, quand vous aurez une attaque physiologique ou mystique pendant le repas, il ne faudra pas venir vous plaindre." ajouta t'il avec un sourire. "Quant au reste..." poursuivit il en regardant pensivement Luz puis Kang-Dae. "Nous sommes un groupe de mutants issus de milieux culturels parfois très différents. C'est peut-être l'occasion de dépasser nos à priori et notre éducation pour voir les qualités de chacun. Je me rends compte que personne n'a expliqué en détail son pouvoir, faire une petite démonstration pourrait être un bon début, histoire de réfléchir à ce que nous pouvons faire ensemble, un peu comme ce qu'il se passe ailleurs dans cette pièce. Allez, je commence..."

A peine eut-il finit de parler que le corps de Marc se mit à s'aplatir, comme si un rouleau compresseur lui passait sur le corps, de son côté gauche à son coté droit. Marc présentait ainsi sa face bidimmensionnelle vers le groupe, agitant meme un main pour les saluer, tout en leur souriant, comme un gigantesque photo animée. Puis, une onde horizontale parcourut à nouveau son corps, venant l'étirer vers l'avant et l'arrière cettelfois, de façon à ce que Marc, toujours tourné vers le groupe, leur présente sa "tranche", les deux faces de la feuille montrant alors ses flancs aplatis, comme une photo de profil recto-verso. Enfin, Marc s'adressa une dernière fois à ses coéquipiers : "Et pour finir..." Sa forme se mit alors à rapetisser, à se tasser sur le sol alors même qu'elle s'élargissait comme une flaque s'étendant par terre, jusqu'à former une image toute plate de Marc, comme une photo aérienne. On pouvait le voir lever sa tête bidimensionnelle vers eux et les saluer de la main, toujours souriant. Puis, avec un espèce de "Flop", le corps de Marc s'étira vers le eux, jusqu'à sa taille habituelle, alors qu'il reprenait sa forme originelle.

Lily-Rose voyait avec bienveillance les élèves s'apprivoiser mutuellement. Certes la cohésion dont parlait Damian ne se ferait pas comme par magie. Il fallait instaurer la confiance, chose qui s'était tout naturellement déroulée entre Walentyn, Emily et elle, nota la métamorphe. Elle écouta attentivement les propos de Kang-Dae, car c'était une manière de parler assez originale. L'asiatique semblait venir tout droit du temps des samouraïs. Elle hocha la tête.

"Cela me semble parfait, Kang-Dae. S'il y a le moindre problème avec ton honneur, n'hésite pas à m'en parler."

Au moins, Lily-Rose pouvait compter sur la franchise de ce garçon. Elle tiqua quand il affirma que l'honneur était une notion étrangère aux "occidentaux". Une expression qui témoignait d'un mépris certain. Le bouquet arriva à propos du "genre". Lily-Rose échangea un bref regard avec Luz.

La soixantenaire modifia bientôt son apparence, jusqu'à revêtir celle d'un asiatique fort en carrure, et tout à fait masculin. Il portait un kimono blanc. Malgré son visage particulier il se dégageait de lui une force martiale.


"Kang-Dae, je crois que tu as en effet beaucoup à apprendre. Mais tu es exactement sur la bonne voie : celle de l'ouverture d'esprit et de l'observation. Si tu n'es pas capable de voir en une femme ton égal, tu seras faible et aisément vaincu."

Dit calmement le judoka sans bouger d'un cil, le regard planté sur Kang-Dae.

"Le gène X ne fait pas de distinction entre les hommes et les femmes."

L'homme tira de sa poche intérieure des documents.

"Les femmes mutantes que vous verrez sur cette liste des Pères Fondateurs ne sont pas là pour leur faire la cuisine ou garder leurs enfants. Je peux vous assurer qu'elles sont très puissantes et prédatrices."

Dit-il avec un sourire que sa mâchoire protubérante déformait. "Lily-Rose" fit un clin d'œil à Luz, histoire d'appuyer les conditions exprimées par la jeune fille. Elle ne doutait pas qu'elle saurait affirmer sa place dans cette équipe à dominante masculine.

Le judoka eut un franc sourire après l'acceptation enthousiaste par Marc des missions culinaires. C'était vraiment un réconfort pour Lily-Rose qui n'avait absolument pas le temps pour songer à acheter autre chose que des paquets d'aliments surgelés, entre deux sorties. Le mutant fit sa démonstration de pouvoir, qui était impressionnante, même quand on avait déjà vu un tel miracle surnaturel se produire. L'américaine regarda non sans une certaine fascination la photo vivante et dérangeante que constituait Marc.

Comme elle avait déjà fait sa propre démonstration, et qu'elle s'était présentée auparavant, elle reprit son apparence de soixantenaire sereine et joignit les mains devant elle.

"En effet il sera très utile, voire absolument nécessaire que nous connaissions bien nos pouvoirs respectifs. Et si nous pouvons trouver moyen de les combiner c'est encore mieux."

Les Pères Fondateurs l'avaient déjà bien compris.

"Je pense que le plus urgent à traiter est comme l'a suggéré Marc, que vous fassiez plus ample connaissance. Et par exemple dès demain, vous pourrez vous atteler aux tâches qui vous inspirent. Kang-Dae a très bien résumé les emprunts que nous pouvons faire en lésant le moins de monde possible. Je ne reste pas avec vous ce soir, mais demain je serai là. Ceux qui sont fatigués peuvent très bien rester se reposer au Old School."

Elle se leva en lissant sa jupe et leur adressa un sourire encourageant.

"Essayez d'être en forme. Que Dieu vous garde."