03.06/01.C.[Canada - Sydney] - Dans le port de Sydney

Lorsque la russe voulu le prendre à part pour discuter entre quatre yeux, Aaron se releva pour la suivre, non sans grimacer un peu en raison de ses courbatures, auxquelles il s'efforçait de ne pas porter attention.  Lorsqu'elle lui confirma qu'ils étaient venus spécialement pour lui, il se sentit se crisper et ferma automatiquement les poings, sans même s'en apercevoir.  Comment pouvaient-ils ainsi savoir qui il était et le rechercher ainsi au milieu de nulle part? Son enthousiasme se sublima alors qu'il songeait qu'il s'agissait peut-être des services secrets du gouvernement.  Peut-être n'avait-il pas été aussi malin et subtil qu'il ne l'avait cru et avait-il été inscrit sur cette damnée liste?  Ça expliquerait pourquoi ils le connaissaient, et pourquoi ils étaient heureux de venir en aide à des innocents.  Mais avaient-ils su où le trouver?  Oh! Son nom avait dû apparaître sur les registres de la police lorsqu'il avait accepter de jouer les secouristes.  Il n'aurait jamais dû accepter.  Il ne reverrait peut-être plus jamais ses amis ou sa maison.

Alors que son cerveau s'emballait, Aaron continuait néanmoins d'entendre les paroles de la jeune femme.  X-men?  Professeur?  Les mots résonnèrent à son esprit alors qu'il répondait un « Oui » un peu sonné à la mutante.  La plupart de tout le monde en avait entendu parler, pour le meilleur et pour le pire.

-Une liste?  Hein? s'exclama le mutant, sceptique.  Voilà qui était une bien piètre diversion.  La voilà sa preuve : il était sur la liste de son bon gouvernement, qui avait apparemment déterminé que l'approche « on se la joue on est comme toi, on veut être tes amis » était celle qui fonctionnait le mieux auprès de leurs proies.  Mais il n'était pas dupe.  Il voyait clair dans leur jeu.  Ils avaient même trouver une jeune femme d'environ son âge pour jouer le rôle d'appât!

À l'extérieur, les vents reprenaient de plus belle et Aaron s'appuya contre la carlingue pour ne pas tomber, tout en écoutant la proposition de la Russe.  Ses mots étaient tentant et le canadien songea que, si un tel campus n'était pas le fruit de l'imagination débridée d'un fonctionnaire pour rendre leur plan plus réaliste, il devrait peut-être aller le visiter un jour.  Il restait tout de même sceptique et répondit en s'efforçant d'être sincère et de cacher son stress :

-J'suis désolé, vous avez dû vous tromper d'mec... J'fais rien de ces trucs... euh... étranges.  Et pis j'ai arrêté l'école, d'toute manière.

Il voulut s'arrêter là, mais la curiosité reprit le dessus.  Et si elle disait vrai et qu'il était réellement en présence de deux personnes comme lui?

-Et vous, vos... hum... capacités bizarres, c'est quoi? demanda-t-il en désignant le pilote du menton, le regard avide.

La tempête semblait reprendre de la vigueur. Lorenzo indiqua rapidement les coordonnées satellite pour rejoindre Sidney et éleva le x-jet au dessus de l'orage. Une fois la zone de turbulence dépassée, l'appareil se stabilisa mais le soleil ne se montrait toujours pas car les nuages d'orage s'élevaient à une altitude très importante. Le Florentin activa le pilote automatique et une voix aussi élégante que féminine indiqua : Pilote automatique activé. Le médecin sourit, satisfait de la configuration de l'IA. Ca lui changeait de Danger !

Il décrocha sa ceinture et rejoignit l'arrière du x-jet. Il s'approcha des deux pompiers qui s'étaient installés dans les sièges passagers et les rassura sur la situation. Ils semblaient sonnés et extrêmement fatigués. C'était compréhensible et si l'Italien avait eu l'usage de ses pouvoirs, il les aurait sans doute aider à se remettre de leur expérience mais il ne pouvait rien faire d'autre que leur prodiguer des paroles de réconfort auquel ils prêtèrent une oreille discrète, sans même poser de questions. Ce qui n'était pas plus mal, songea Claymore en les quittant pour aborder le duo Vesna-Aaron, tout deux en grande discussion. La jeune femme avait semble-t-il été très bavarde... Mais comment le lui reprocher ? Il avait le même défaut...

"Bonjour Aaron, je suis ravi de faire ta connaissance. Je m’appelle Lorenzo Mancini." Intervint le médecin à l'issue de la question du jeune homme. Lorenzo détailla rapidement la potentielle recrue et l'interrogea soucieux :"Tu n'es pas blessé ?" Cela faisait longtemps que Claymore n'avait pas posé cette question. Son pouvoir lui permettait habituellement de repérer d'un coup d’œil les moindres blessures mais désormais, il n'était plus qu'un simple médecin.

Il adressa un sourire qui se voulait chaleureux au mutant mais la question d'Aaron qu'il venait d'entendre avant d'arriver, le tracassait quelque peu.

"J'ai la capacité d'agir sur les organismes vivants. Je peux les soigner ou les détériorer." Vesna jeta un regard un brin moqueur à son professer qui l'ignora complètement. "Malheureusement, j'ai perdu mes pouvoirs... C'est une longue histoire et les circonstances actuelles ne sont pas des plus propices pour que je te la raconte."

La Moscovite semblait pressée d'intervenir et coupa presque Lorenzo.

"Et moi, j'peux agir sur la météo !" Elle sourit de toute ses dents et s'adressa ensuite au professeur : "Je crois que la liste de Blindfold n'a pas fait mouche..."

Lorenzo qui n'avait pas quitté le jeune homme du regard, reprit alors :

"Tout ceci doit te paraître très confus." Évoquer d'emblée la liste de Blindfold n'était sans doute pas la meilleure approche pour recruter un adolescent. Vesna n'était pas toujours de plus dégourdies... "J'ai moi-même été surpris à l'époque quand j'ai rencontré les X-men pour la première fois et je n'avais pas imaginer un jour, faire partie du corps enseignant de cette école."

Lorenzo se fit plus discret pour être certain que les deux sauveteurs ne puissent l'entendre et poursuivit :

"Les X-men ont été refondé par Lily-Rose, une mutante qui a survécu au jour M, il y a quelques mois. Notre école a pour vocation de recueillir et d'aider les mutants. Nous voulons les aider à accepter leur condition et à maîtriser leur mutation tout en leur enseignant à l'utiliser d'une façon éthique." Lorenzo marqua une pause comme pour laisser le temps à son interlocuteur d'enregistrer les informations et reprit toujours aussi calmement : "Nos sociétés actuelles ne voient pas toujours d'un bon œil les mutants, et nombre d'entre eux souffrent de par leurs conditions. Les X-men incarnent ainsi des valeurs qui visent à défendre la cause mutante et à participer à leur intégration pacifique dans la société..."

Après ce bref résumé sur l'origine et le but des X-men, mieux valait évoquer un terrain plus personnel.

"Nous savons que tu es un mutant et nous sommes donc venu te proposer de rejoindre notre école. Nous pourrons de cette manière t'aider à maîtriser tes pouvoirs... Je ne peux pas te promettre que ce sera facile tous les jours, en revanche, tu auras l'occasion de rencontrer des gens qui te ressemblent et de défendre ce que tu es. A plus d'un titre, rejoindre les X-men, est une expérience très enrichissante sur le plan personnel et émotionnel. Et rassure-toi, en aucune façon, tu ne seras contraint de rester parmi nous si notre école ne te plait pas. Tu feras ta propre expérience et dès que tu considéreras ne plus rien avoir à apprendre, tu seras libre de nous quitter."

C'était si réducteur de définir les X-men par ces quelques termes et Lorenzo se sentit obligé d'en dire un peu plus.

"On trouve beaucoup plus chez les X-men qu'un simple enseignement... On y découvre une véritable famille et parfois même on donne un sens à sa vie..." Ce n'était pas forcément le cas pour tout le monde mais quand on prenait la peine de s'impliquer pleinement, les avantages personnels pouvaient être innombrables.

Le médecin paraissait tout à fait sérieux à l'inverse de Vesna qui souriait presque stupidement.

"Prends le temps de réfléchir à notre proposition... Prend tout le temps qu'il te faut, quelques jours, plusieurs mois... C'est à toi de voir. Nous serons toujours là pour t'accueillir si l'envie t'en dit..."

Lorenzo aurait bien aimé en apprendre plus sur la mutation d'Aaron mais il lui semblait peu indiqué de le lui demander maintenant. Cela pourrait le rendre méfiant...

"Et toi, c'est quoi tes supers-pouvoirs ?" Interrogea Xéna avec intérêt.

Le professeur soupira en jetant un regard réprobateur à la jeune femme. Elle était intenable et irréfléchie... Même sobre ! L'Italien choisit donc d'attendre tranquillement que le jeune homme prenne en compte toutes les informations qui venaient de lui être données...

Comme s'ils manquaient cruellement de discrétion, le pilote se rapprocha bientôt de Vesna et Aaron, en grande discussion.  L'aéronef semblait moins prompt à tanguer, certes, mais Aaron voyait d'un mauvais œil l'absence d'un pilote humain.  La voix du pilote automatique pouvait être aussi charmante que possible, il ne la trouvait pas rassurante.  Le pilote s'arrêta un court instant auprès des deux autres secouristes qui avaient monté dans le jet avant de venir interroger Aaron sur son état.  Par réflexe, il ouvrit la bouche pour répondre avec l'arrogance qu'il réservait généralement à ses parents.  Il avait secouru des naufragés en haute mer, nagé avec des méduses, confronté une écoterroriste et il s'était fait chavirer dans un navire dont les vitres avaient éclaté.  Il n'en était peut-être pas très loin, mais il n'était pas un Dieu, non plus.  Il hésita toutefois une microseconde, jeta un regard en biais vers la Russe et  répondit avec un sourire en coin, voulant jouer le gars cool.

-Ça va.  J'ai fait une baignade au clair de lune.  On n'en meurt pas.

Le prof lui sourit, preuve que son attitude lui plaisait bien.  Aaron se félicita intérieurement et écouta attentivement la réponse du professeur.

-Cool! fit-il en entendant l'évocation du pouvoir de guérison.  Dès que Lorenzo évoqua sa muto-ménopause, Aaron renchérit avec, de nouveau, un mélange de perplexité et de méfiance :

-Ah ouais, plutôt utile, comme excuse...

Il avait parlé en même temps que Vesna, et crut comprendre qu'elle avait mentionné la météo.  Il lui rendit son sourire, mais retourna rapidement son regard vers un hublot en se demandant pourquoi il croirait qu'elle s'amuserait à leur flanquer un temps pareil.  Si quelqu'un sur terre pouvait réellement contrôler la météo, il semblait plus que logique à Aaron qu'il fasse toujours beau et bon au-dessus de sa tête.  Or, ce n'était pas vraiment le cas en ce moment.

En somme, il était face à un prétendu professeur qui aurait perdu ses prétendus pouvoirs ainsi qu'une prétendue étudiante qui aurait un pouvoir tellement vague qu'il lui serait impossible de lui prouver ses propos.  Le gouvernement avait fait fort, il fallait le leur concéder, mais Aaron ne se laisserait pas berner aussi facilement.

Lorsque Lorenzo reprit les rênes de la conversation, le maître-nageur se retourna de nouveau vers lui, prêt à l'écouter et dénicher une nouvelle faille dans la façade de ceux qui ne cherchaient qu'à l'emmener au goulag.  Le mutant en eut pour son argent.  Ils avaient vraiment fait un bon travail pour se construire un contexte crédible.  Pour un peu, Aaron aurait presque envie de rendre visite à cette soit-disant école.  Mais il ne se laisserait pas duper.  Non, non, non.  Une intégration pacifique dans la société?  Le gouvernement était-il en train de lui dire qu'il était un mésadapté social?  Aaron sentit le sang lui monter aux oreilles, mais ne dit rien pour l'instant.  Il fit bien.  Le prétendu professeur répéta une nouvelle fois qu'ils savaient qu'il était un mutant, et ce malgré qu'il l'ait déjà nié!  Son nom apparaissait donc bel et bien sur la liste du gouvernement.  Aaron se mordit la lèvre, se demandant à quel moment il avait été assez imprudent.  Quelle bévue avait-il commise?

Les propos mielleux étaient certes alléchants.  Ah!  Quel vil renard que ce Lorenzo.  Des gens comme lui.  Libre de rester ou non parmi eux.  Il tentait simplement d'endormir sa vigilance et de le faire accepter, avec espoir, avant de l'arrêter pour l'emporter avec les autres mutants canadiens, peu importe où cela pouvait se trouver.  En fait, il n'était même pas certain de ce que le gouvernement faisait de sa fameuse liste, mais il la craignait comme la peste et en était devenu légèrement paranoïaque, depuis le temps.

La moue d'Aaron exprimait assez clairement son hébétement.  Il était tiraillé, désormais.  Avait envie de croire les promesses de Lorenzo, mais s'en méfiait comme de la peste.  Et puis, s'il avait vraiment le temps d'y songer, il pourrait toujours aller à la bibliothèque municipale pour faire ses propres recherches sur cette prétendue école, et se faire une tête.

Sitôt que l'Italien termina sa diatribe, la Russe surenchérit en lui demandant de quoi il était capable.  Il aurait bien dû s'en douter dès qu'il le leur avait lui-même demandé.  Aaron se mordit de nouveau l'intérieur des lèvres et soupira un long coup avant de répondre.  Inconsciemment, il avait toutefois ramener son bras droit contre lui, comme pour cacher les marques sur sa peau, pourtant déjà dissimulées par sa combinaison.

-J'vous ai d'jà dit qu'j'suis pas un mutant, comme vous dites.  Et même si j'en étais un, j'suis très bien intégré.  La preuve, dès demain j'parie que j'vais être un héros!  J'peux rien demander d'mieux, franchement.  Surtout pas d'retourner sur les bancs d'école, quoi.

Aaron savait qu'il devait se taire à présent, mais comment pourrait-il effectuer ses recherches internet sans plus d'informations?  Le sourcil légèrement froncé, la lèvre pincée, l'impression de se mettre lui-même au pied du mur, Aaron poussa sa chance.  Après tout, ces geôliers ne savaient même pas de quoi il était capable.  Il pourrait toujours bluffer et prétendre avoir des pouvoirs dépassant l'entendement, si la situation s'envenimait.

-D'toute manière, pourquoi j'vous croirais.  Elle a un nom et une adresse, votre école, ou c'est qu'un bobard?

La décontraction d'Aaron ne leurra pas le médecin qui voyait bien qu'il était sceptique quant à l'identité des X-men. Lorenzo regrettait amèrement la perte de son pouvoir suite à son séjour extraterrestre. Si on lui avait donné l'occasion de perdre ses pouvoirs dans l'adolescence, il l'aurait bien volontiers accepté mais aujourd'hui, maintenant qu'il savait les maîtriser, il avait l'impression qu'on lui avait arraché une part de lui-même. Ses capacités faisaient partie de son individualité et correspondaient parfaitement à sa personnalité. Il avait finir par se reposer entièrement sur elle et devenir à nouveau un "simple humain" l'exaspérait terriblement.

Étonnamment, Vesna intervint pour prendre la défense du professeur :

"Il dit la vérité. Mais j'comprends que tu l'crois pas. Si tu veux, j'peux t'faire une p'tite démo de mon pouvoir, qu'en dis-tu ?"

Lorenzo doutait que cela change quoi que ce soit mais l'effort de la jeune Russe était louable. Claymore avait l'impression d'avoir affaire à un mutant refoulé. Il en avait rencontré plusieurs qui par peur du rejet, par peur des autres et de la société, préféraient mentir plutôt que de compromettre leur couverture. Ces personnes là ne pouvaient être contraintes, il leur fallait du temps pour en arrive par elles-mêmes à choisir leur propre mode de vie : le mensonge ou la vérité.

"Je suis heureux que tu sois parfaitement intégré. Quant à ton héroïsme, je peux t'assurer que chez les X-men, tu aurais maintes occasions de l'éprouver. C'est un mode de vie qui pourrait te plaire."

Xéna sourit stupidement comme pour confirmer les propos de Lorenzo.

"Arrivée imminente à Sydney. Procédure d’atterrissage à indiquer. En attente de commandes." Indiqua la voix féminine de l'IA à l'ensemble des "voyageurs".

Lorenzo jeta un bref coup d’œil au cockpit avant de répondre à la question du jeune homme :

"Les X-men résident à Graymalkin Industries dans les Marin Headlands, au Comté de Marin à San Francisco. Tu es libre de te renseigner sur la question... Nous arrivons à Sidney, je vais vous déposer à proximité de l’hôpital. J'y ai repéré un parc où nous pourrons atterrir en toute sécurité." Le médecin indiqua d'une voix audible : "Activation du champs d'invisibilité. Mise en attente."

"Procédures enclenchées." Répondit impassiblement la "copilote".

Claymore adressa un sourire serein au jeune homme avant de conclure :

"Ce n'était qu'une proposition Aaron. Nous te laissons libre de l'accepter ou non. Dans tous les cas, je te souhaite une bonne continuation."

Vesna observa tour à tour son professeur et l'adolescent, l'air surpris. L'Italien partit en direction du cockpit et Xéna se tourna vers le rescapé :

"Putain mec, déconne pas, jt'avoue que cette vie n'est pas facile tous les jours, mais c'est aussi super cool !" Conformément à son impulsivité, la Moscovite leva le bras et un vent fort souffla brusquement sur le visage du jeune homme alors que les pupilles de la jeune femme s'était teintée d'une lueur dorée. "Réveille-toi ! Comme te l'as dit Lorenzo, tu as tout ton temps pour te décider mais rater une occasion pareille ce serait trop con... J'espère qu'on se reverra..."

Les personnes présentes dans l'appareil sentirent qu'il amorçait sa descente et quelques secondes plus tard, le moteur se coupa dans un ronronnement caractéristique.

"Fin de la procédure d’atterrissage. Ouverture du sas arrière."

La porte s'abaissa alors, révélant une vaste étendue d'herbe, plongée dans la nuit. Vesna jeta un bref coup d’œil au potentiel X-men et lui adressa un sourire alors qu'elle marquait très bien par son immobilisme qu'elle ne pourrait pas l'accompagner pour la suite.

Aaron restait là, assis avec les deux mutants à les écouter. Il hocha fébrilement la tête à l'offre de Vesna, puis s'arrêta d'un coup sec alors qu'il réalisait que trop d'enthousiasme pourrait le compromettre.

Lorsque l'Italien le félicita pour son intégration, Aaron voulut lui lancer un regard assassin, persuadé que le professeur faisait preuve d'un immense sarcasme, un peu comme lorsque son père le félicitait pour quoi que ce soit qui ne correspondait pas à ses mornes valeurs traditionalistes. Cette envie dégringola toutefois en Aaron aussi rapidement que sa sœur lors de leurs dernières vacances de ski : Lorenzo lui affirmait qu'il pourrait jouer les héros s'il rejoignait cette école, et que ça pourrait lui plaire. Le regard brillant, il se retourna vers la Russe qu'il fixa dans les yeux et répondit :

-Je n'en doute pas.

Bon, il était en train de détruire sa muraille mentale et risquait de se faire prendre au piège. Et si ils n'avaient joué la carte de l'héroïsme que pour le convaincre? Aaron s'en voulut un peu d'avoir répondu ainsi, alors que le pilote automatique leur annonçait un atterrissage imminent. Tout en prenant le contrôle de l'appareil -il était temps-, le médecin fournit à Aaron des coordonnées assez précises pour surprendre le jeune homme, qui croyait de plus en plus avoir tirer le billet gagnant.

-Merci m'sieur. Bonne continuation à vous aussi. répondit le Canadien alors que le professeur retournait aux commandes de l'appareil. L'étudiante s'adressa à son tour à lui et, contre toute attente, se décida enfin à faire sa petite démonstration.

Enfin! Des preuves tangibles, vérifiables et impressionnantes! Oui, il avait été un peu con de ne pas les croire plus tôt, mais enfin... il valait mieux se méfier du gouvernement, non? Une secousse annonça l'atterrissage au maître-nageur qui se leva en jetant un coup d'oeil aux deux autres pompiers. Il se dirigea vers la porte désormais ouverte et envoya la main à la jeune femme.

-J'te dis à bientôt, alors.

Une fois dans le parc, le jeune homme prit quelques instants pour s'orienter, mais plutôt que de se diriger vers l'hôpital comme Lorenzo l'avait sous-entendu, il préféra prendre la direction de la caserne. Là, il pourrait récupérer ses affaires, enlever son habit de plongée, prendre des nouvelles des autres sauveteurs et demander à Fabienne s'il était véritablement nécessaire qu'il aille à l'hôpital. Il n'y tenait véritablement pas. Il préférerait mille fois aller rejoindre ses amis et leur raconter sa soirée, ou du moins la première partie. Sans compter que la promenade qu'il faisait lui permettrait de réorganiser ses idées et de prévoir ce qu'il dirait à ses parents.

Aaron se mit donc en route vers la caserne.

Vesna salua pensivement le maître-nageur tandis que les portes du X-jet se refermaient tranquillement. L'appareil redevint invisible et le jeune mutant n'entendit que le vrombissement évoquant le décollage de l'engin volant. La minute d'après, il se retrouvait dans le silence d'un parc avec les deux pompiers à ses côtés. Ils semblaient passablement secoués mais en forme malgré tout.

Sur le trajet en direction de la caserne, Aaron passa devant l’hôpital où il rencontra Fabienne assise près du perron à fumer une cigarette. Elle parut immensément soulagée de le retrouver et vint à sa rencontre :

"Mon Dieu, Aaron ! Tu es sain et sauf ! Tu vas bien ? Mais qui était dans cet avion ?"

Déboussolée, elle indiqua rapidement :

"L'adjudant a été pris en charge par les médecins... Ils ont dit que son prognostic vital n'était pas engagé, mais il est actuellement sur la table d'opération..."

Aaron apprit en outre que tous les pompiers étaient sains et sauf et que l'armée se trouvait sur le site du sinistre pour contenir la marée noire. Des plaques de fioul commençaient déjà à s'étendre sur la surface de la mer... Normalement, la pollution devrait être négligeable mais rien n'était encore assuré... Des terroristes, le jeune homme ne sut rien car sa patronne n'avait pas l'air d'en savoir plus sur leur sort. Peut-être l'armée avait-elle réussi à les arrêter à temps ? C'était probable, compte tenu de la situation mais il faudrait attendre les informations du lendemain pour le savoir...

Fabienne accompagna ensuite son employé jusqu'à la caserne où il put prendre ses affaires, laissées sur place.  Un repos bien mérité s'imposait dès lors, ainsi qu'une réflexion sur la proposition qui venait d'être faite au jeune homme : rejoindre les X-men ou rester au sein de sa famille ? Des recherches sur internet, lui permit d'en apprendre un peu plus sur ce groupe. Comme l'avait indiqué Lorenzo, les X-men vivaient à Graymalkin Industries situés à San Francisco. Le site officiel des X-men n'étaient pas très glorieux mais il renseigna le jeune homme sur l'équipe enseignante dont un certaine...Lorenzo Mancini.

Deux jours après son sauvetage, Aaron apprit aux informations que les terroristes avaient été arrêtés et qu'ils étaient désormais sous les verrous. L'adjudant Rovero était en convalescence mais ses jours n'étaient pas comptés... Dans la boite postale familiale, il trouva en outre une lettre qui lui était adressé. Elle était de Lorenzo :

"Au cas où...

Lorenzo. Les X-men."

Dans l'enveloppe, il y avait un billet d'avion de Sidney pour San Francisco (utilisable sous dix jours) ainsi que trois billets de vingt dollars (sans doute pour couvrir les divers frais liés au voyage).



[HJ : Cette décoiffante mission de contact s'achève ici Aaron ! Tu peux ajouter 2 points à ton diagramme. Tu t'en es bien sorti malgré la réticence de ton personnage à user de ses pouvoirs... Tu peux poster à nouveau à la suite de ce post pour décrire tout ce qui te plaira (discussion avec Fabienne, réaction des parents, réaction d'Aaron à la lettre, ses recherches sur les X-men, etc.). Si tu as d'autres questions sur le background de cette mission de contact, contacte-moi par mp (Lorenzo). J'espère que tu auras pris autant de plaisir à jouer cette mission que moi à la meujeuter. Tu peux poster en phase libre (en cours actuellement) ou attendre la prochaine qui ne devrait plus tarder désormais. Considère que tu rejoins les X-men sous une dizaine de jours (maximum)... Tu arriveras donc à Graymalkin le mercredi 31 mai 2045 pour participer un peu plus tard à ton premier (et j'en suis convaincu, mémorable) entraînement !   Bon jeu à toi !]

-Fab!

Aaron alla à la rencontre de sa patronne à pas vifs. Il aurait voulut la prendre dans ses bras, mais ce n'était pas vraiment professionnel. Il tenta de la rassurer rapidement.

-Ça va bien, ça va bien, et toi? Je... j'ai pas compris c'était qui, dans l'avion. J'pensais que c'était l'armée, au début, mais j'sais pas...

Le maitre-nageur fut lui-même heureux d'entendre les nouvelles concernant Rovero. Mine de rien, il s'était attaché au pompier et fut soulagé d'apprendre qu'il s'en sortirait. Tout semblait bien se conclure, bien que le garçon craignait que les pronostics concernant la marée noire soient trop enthousiastes. Après s'être changé à la caserne, Aaron envoya un message à Josh pour lui dire qu'il devait lui raconter sa soirée, puis il fila chez lui et alla se coucher. Alors qu'il traversait la ville ensommeillée sur son skateboard, l'adrénaline commença à se retirer de son corps et il put profiter du calme si contrastant qui régnait désormais.

Le lendemain, Aaron raconta à ses amis l'essentiel de sa mission de secouriste, certain de les impressionner, et il se rendit à l'hôpital pour prendre des nouvelles de l'adjudant. Il passa la soirée à faire des recherches sur Greymalkins.

Le surlendemain, il fut soulagé d'apprendre l'arrestation du trio de terroriste, et surpris de recevoir la lettre de Lorenzo. Il ne pensait pas partir aussi rapidement, devant faire des économies. Finalement, il décida de prendre l'avion, non sans avoir indiqué à ses parents, à ses amis, ainsi qu'à Fabienne, qu'il allait reprendre ses études à San Francisco. Il promit d'écrire à sa mère et partit la semaine suivante.