Birds of Prey [avant la mission "Traque aux PFs"]

[New York. 3 jours avant l'attaque de l'immeuble des PFs]


Sean baillait comme un poisson à l'agonie. Ho mon dieu, quelle barbe ! Il s'allongea sur le dos abandonnant son poste d'observation. Niché depuis bien trop longtemps en haut de cet immeuble, son cou lui faisait un mal de chien.

Le plan était donc d'observer les PFs. Et qui mieux que lui pouvait s’atteler à cette tâche ? Enfin, en même temps, il s'était proposé pour la première garde.

Au début, c'était plutôt excitant. Motivé par l'opportunité de tomber sur son cousin, il avait scruté sous ses différentes visions l'immeuble d'en face. Mais après avoir vu passer les mêmes têtes, constater les mêmes habitudes, il avait commencé à loucher.

Ceci dit, après cette petite pause, il lui faudrait reprendre le boulot : ils passeraient à l'action dans peu de temps. Ils avaient besoin d'un maximum d'infos pour...

Son portable vibra. Très probablement Mary... Jusqu'à présent, ils s'étaient tous les deux contentés de s'envoyer des textos pour éviter des échanges sérieux. Maintenant, il devrait lui parler de tout et de rien, mais surtout de rien.  N'en avait-il pas marre de devoir être aussi évasif avec elle ? Ne rien dire à son oncle et à sa tante, c'était dur. Mais il avait l'habitude de leur en raconter le moins possible depuis des années. Il était donc entraîné. Mais sa cousine ? A elle aussi, il ne disait pas tout. Mais instinctivement, elle avait appris à reconnaître ses mensonges ou en tout cas à le faire parler plus que de raisons. Il n'était pas sûr mais il se doutait que c'était la seule de sa famille à avoir deviner que quelque chose était différent chez lui. En était-il de même pour son frère ? La gamine n'était pas la plus bruyante de la famille Dill, c'était le moins que l'on pouvait dire. Mais c'était probablement la plus futée.

Il en était là de ses réflexions quand il lu le numéro entrant. Merde. Finalement, il aurait préférer tomber sur Mary... Il hésita puis répondit :

- Salut Ana

- Salut Moineau, on t'attend au Dojo. Radine-toi, now !

Sean fut surpris. Comment pouvait-elle savoir qu'il était dans le secteur ? Pffff, il secoua la tête. Il avait fait l'erreur de passer par chez lui pour observer de loin la boutique de son oncle avant de rappliquer. Bien qu'il ait rasé les murs, il avait dû être repéré dès son entrée dans le quartier. Son pouvoir à lui : une supervision. Le pouvoir de son quartier : un millier de paires d'yeux. Il ne faisait pas le poids. Ce qui le désolait, c'est que son oncle et sa tante apprenne sa présence à New York. Comment avait pu être aussi imprudent ?

Il hésita puis tenta une diversion :

- Je sais que tu rêves encore de mon corps, Hirondelle. Mais là je peux pas.

- Toi, rêve pas. Viens au Dojo. Réunion des oiseaux de proie autour du grand faucon. Il s'inquiète et nous aussi.

Sean ricana :

- Ha ouais ? Tous ? Y'en a un ou deux qui seront ravi de me voir revenir dans le coin. Comment vont Daryl et Jackson au fait ?

-... Bon, peut-être pas tous. Mais moi oui. Et le coach aussi. Viens nous voir, Sean. Le coach va... va arrêter Sean.

Une pointe d'inquiétude darda les entrailles de l'archer.

- Tu veux dire quoi par là ?

- Ce que tu entends. Arrive, moineau.

- Ne m'appelle pas Moine...

Elle avait raccrochée. Sean soupira.

Et merde !

LE DOJO


Sean s'arrêta en face d'une devanture coincée entre une laverie et une épicerie vietnamienne. Elle ne payait certes pas de mine mais c'était un peu chez lui. Tout le pâté de maison était une usine qui avait été découpée en différent lot, mais dont la plus grande partie, celle du haut, appartenait à la famille Manning.

Il leva les yeux. La même enseigne inchangée depuis son arrivée dans le coin clamait en grosse lettre rouge sur fond bleu nuit :


Net, précis et plus tout à fait exacte. La salle de boxe existait bien. Elle avait été créée il y a de cela 60 ans par Patrick Manning, cet irlandais bruyant, bourru et fier qui avait eu toute sa vie 3 passions : la boxe, la bière et les femmes. Dans cet ordre.

Plus tard, ses fils, le Coach Manning et son frère Matthew, avaient hérité de l'affaire. Tandis que Matt formait les futures stars du ring, le Coach travaillait au lycée pour payer la plupart des traites et permettre aux lieux de rester ouvert.

Après avoir découvert Sean, Manning avait diversifié les activités du club en y intégrant l'archerie, sport qu'il vénérait par-dessus tout.

Si peu de gamins du coin s'intéressaient à cette activité, la bonne réputation du Coach, due à un parcours irréprochable en national et en international, avait attiré le tout New York intéressé par l'archerie d'élite. Mais Manning se réservait d'accepter ou non un nouveau disciple, un peu comme un film de karaté. Enfin, c'est ce que disait son frère, ne comprenant pas cet engouement presque sectaire qu'éprouvaient les gamins recueillis par le Coach. Car, il s'agissait de ça : un homme recueillant des gamins non pas pour les former, non pas pour les éduquer, mais pour les protéger, contre eux-même la plupart du temps. Et dieu sait si Sean en avait eu besoin, malgré son oncle, sa tante et tout l'amour que ceux-ci pouvait lui donner...

Sean poussa la porte battante puis grimpa l'escalier qui le mena sur l'immense plateau qui constituait la salle de Gym des frères Manning.

L'archer fut accueilli comme il se devait : le choc des gants contre les sacs, les rires et plaisanteries d'hommes de tout âge, le crissement des chaussures des boxeurs qui s'affrontaient sur les rings, les bruits des machines de musculations et, par-dessus tout le reste, les hurlements de Matt Manning encourageant un poulain... Sean sourit. Ça faisait si peu de temps mais il lui semblait être parti depuis un siècle.

Il s'avança donc, slalomant entre les boxeurs pour atteindre l'opposer de la salle et s'introduire par une porte à double battant menant au Dojo, non sans avoir salué Matt. Celui-ci, qui gardait toujours un œil sur les nouveaux arrivant hocha la tête dans sa direction sans s'arrêter de hurler.

Le Coach avait récupéré toute une partie des locaux inutilisés pour la salle de sport pour monter sa salle d'archerie. Et il y avait de quoi faire. Le Dojo était presque aussi grand que ne l'était la salle de boxe pour un matériel bien moins encombrant. Murs de tir et cibles prenaient l'essentiel de la place. Mais un coin avait été aménagé pour des tapis, cheval d'arçon, barres parallèles et anneaux et qui constituait l'autre activité sportive que le coach enseignait automatiquement à ses élèves. L'archerie et la gymnastique étaient selon Manning tout à fait similaires : endurance, précision et grâce...

Pour l'heure, la salle était silencieuse. Seul son centre était occupé. 5 personnes en cercle, une debout et les autres assises, discutaient.

Les oiseaux de proies et le grand faucon était en réunion...