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 Une dernière danse à Pinar del Rio

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MessageSujet: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyLun 1 Oct - 21:37





Il n'y avait pas de danse pour rien. Juste pour s'amuser ou passer une bonne soirée. Juste pour séduire ou se laisser captiver. Juste pour s'entraîner ou améliorer ses pas. C'était bien plus que cela. La musique devait prendre possesion de son corps entier et le laisser s'exprimer, soumis au tempo qui l'entraînait. C'était une rencontre, une attraction, un art, la vie, tout simplement. Chaque danse, chaque pas comptait. Il fallait se donner comme si c'était la dernière fois, jusqu'à ce que le soleil se coucha sur les Caraïbes et même au delà.

Et cet après-midi là, le soleil était au rendez-vous comme l'humeur de la jeune cubaine. Sortant de la douche pour se débarasser de l'odeur incrustante du grill qu'elle avait tenu au service du déjeuner, elle mima déjà impatiemment quelques figures devant le miroir de sa penderie, au rythme d'une musique imaginaire que seul son esprit pouvait entendre. Faisant coulisser la porte, devant elle, les robes du carmin à l'or s'alignaient, un peu de bleu et de vert comme pour rappeler la mer. Elle pencha la tête en signe d'hésitation mais ne mit pas longtemps à plonger sa main pour arracher une robe orangée marbrée de rouge, dos nu, taille cintrée puis évasée jusqu'aux cuisses. Parfait pensa-t-elle. Elle l'enfila prestement ainsi que ses escarpins talon aiguille assortis. Retour à la salle de bain où elle lissa ses cheveux à l'huile et les attacha en chignon bien serré. Son rouge à lèvres préféré et son eye-liner apposés, elle se regarda une dernière fois avant de quitter sa chambre.

"Oyé Felipe, je vais à la danse, à ce soir!"

Graziella n'attendit pas de réponse de son oncle pour claquer la porte, dévaler les quatres marches du porche et s'élancer dans la rue animée. Elle en connaissait à présent les détours et autres passages, les odeurs qui l'emplissaient, les commerçants la bordant et ses habitants qui pouvaient leur négocier le kilo de tomates plus longtemps qu'il n'en fallait pour le manger. Elle arriva rapidement au Salon de Don Frederico et déjà de l'extérieur, on pouvait entendre et suivre le son de la musique jouée qui faisait vibrer les murs de l'intérieur. Personne ne s'en plaignait, bien au contraire et puis c'était une fierté qu'un enfant du pays qui avait réussi au travers des frontières revienne s'installer à la maison. Elle poussa la porte et entra dans son monde.

Une grande salle s'ouvrit à elle. Le parquet massif, bien que piqué du talon de ses dames, était cependant d'excellente qualité et reverni chaque année. Un pan de mur était couvert de miroirs afin que les danseurs puissent s'observer et s'améliorer. En face, une longue barre pour l'étirement des débuts et fins de séance. Au fond, quelques vieux congas en peau de taureau que Frederico avait traînés avec lui au fil de ses tournées, trônaient pour l'honneur. Fixées en hauteur, de grandes enceintes. Il n'y avait absolument aucune règle ni ordre déterminé de style, Frederico faisait danser toute la musique cubaine.

En bonne élève, Graziella se glissa, déjà habitée du port altier et gracieux des danseuses, jusqu'à la barre d'échauffement et entama quelques mouvements. Une fois fini, elle attendit que la salle se remplisse et chercha un partenaire. Les invitations formelles n'étaient pas de rigueur ici. Si la femme acquiesçait, il lui suffisait de soutenir le regard de l'homme qui la fixait. D'un signe de tête, il l'invitait alors à prendre place sur la piste.
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyMer 3 Oct - 21:03

Le vieux professeur était dans un coin de la pièce, du coté des miroirs. De son œil expert il observa attentivement l’arrivé de ses élèves. Son regard se posa un instant de façon presque insistante sur Graziella. Cette dernière put y lire une certaine tension, comme si l'homme portait le poids de nombreux soucis sur ses épaules. La jeune fille pu également remarquer que de nombreux habitués étaient là ce soir. Comme cette fille Safia qui pour une raison inconnue s'était décidée la rivale de Graziella. Elle faisait d'ailleurs tout pour s'assurer des compliments du professeur ou simplement de « voler » les différents partenaires qui passaient dans les pas experts de Graziella.

La salle commençait d'ailleurs à se remplir. Safia en profita pour se rapprocher au coté de Graziella afin de parfaire elle aussi ses échauffements :

« Hé chica t'es encore là ce soir ? »

Puis elle partie d'un léger gloussement pareil à celle d'une oie campagnarde. C'est alors qu'un inconnu qui à en juger par son physique n'était pas cubain entra dans la salle, belle homme, une démarche assurée sentant bon la Caliente. L'homme parla quelque instant avec le professeur, ce dernier hochant d'un signe de tête et lui enjoignant d'un geste d'aller s'échauffer en compagnie des autres.
Une dernière danse à Pinar del Rio Photo_10

Safia toujours présente ajouta avec un sourire large :

« Celui là Chica il est pour moi ! »

Elle avait une expression hautaine d'un fille un peu trop sur d'elle. Le cours à proprement parler commença alors, l'inconnu s'approcha alors des deux filles puis son regard bleu fondant, s'attarda quelques instants sur Safia avant de passer sur Graziella. En signe d'invite l'homme tendit alors sa main dans sa direction, son corps prêt à partir pour une danse effrénée...
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyJeu 4 Oct - 19:32

Rien ne pressait. La séance n'en était qu'aux prémices, laisser le temps d'arriver, de s'imprégner, le temps d'être approchée et d'accepter une invitation, mais son coeur avait du mal à suivre sagement le chemin tracé par la raison et déjà, de discrets mouvements de menton en léger balancement des hanches, elle marquait le tempo cadencé qui la saisissait toute entière. D'un regard détaché, elle survola la salle, laissant échapper quelques sourires et hochement de tête en signe de salutation aux visages devenus familiers. Tous n'étaient pas les bienvenus comme celui de Safia qui la fit soupirer...

*Haa... Ahí llega la gallina tonta*

Elle fit mine de ne pas la voir, avec un peu de chance songea-t-elle. D'une brusque volte face, elle se tourna vers les miroirs, faisant dos à la salle et reprit ses assouplissements d'un air concentré. Elle leva sa jambe gauche et la posa au niveau de la cheville sur la longue barre puis se penchant en avant, sa souplesse lui fit attraper la pointe de son escarpin des deux mains.

Il y a deux choses qui n'étaient pas tolérées chez Frederico; la première était de ne pas danser, la seconde était d'arracher les yeux d'une autre danseuse. Elle reçut donc la pique avec le flegme qu'un Britannique lui aurait envié, puis releva son buste, se tourna et répondit d'un ton faussement affecté:

"Et oui, encore... il faut danser tous les jours pour rejoindre le niveau des meilleurs. Enfin... on n'est pas toute faite pour ça... "

Elle feinta un sourire plein d'ironie mais ne put s'empêcher d'accorder un point à Safia. Avec amertume, elle considéra toutes ses soirées à venir user ses talons. Toutes. Elle s'entraînait beaucoup avant mais il y avait aussi les après-midi de shopping avec ses amies du lycée et la plage avec Fernando...

Il la tira brusquement de sa nostalgie. Difficile de ne pas le remarquer, l'étranger. Costume cravate noirs impec, belle gueule et démarche assurée... Elle suivit sa trajectoire jusqu'à Frederico. Ses sourcils se froncèrent en repensant à son arrivée dans la salle un peu plus tôt. Son professeur lui avait paru soucieux. Elle n'y avait plus repensé. Ses traits abattus ne lui ressemblaient pas, lui si vivant malgré les années. Encore aujourd'hui, il faisait des merveilles et retrouvait ses vingt ans dès les premières notes jouées. Elle se promit d'aller lui parler un peu plus tard.

Mais pas maintenant. Lever de rideau.

Le bal commençait, les regards subtils s'attardaient, se posaient, se cherchaient fiévreusement. Elle ignora Safia qui réclamait son étranger en casse-croûte, elle lui aurait pissé autour que Graziella n'aurait pas été surprise. Safia adorait instaurer ce jeu entre elles...

Elle se figea une seconde et comprit. Relevant les paupières, elle répondit à l'étranger en le fixant du regard. Graziella 1, Safia 0. Le sourire aurait été superflu. Se détachant de la barre, elle se contenta de détourner légèrement la tête et de murmurer à l'attention de sa rivale...

"T'inquiète pas, j'vais demander à mon oncle, le gros Felipe, de venir un soir, histoire que tu trouves chaussure à ton pied, chi-qui-ta!"

D'un clin d'oeil, elle quitta Safia et le reste avec. Pour les prochaines minutes, il n'y avait plus qu'elle et son mystérieux étranger. Elle posa sa paume sur la main de l'homme, en la touchant à peine, direction la piste.
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyVen 5 Oct - 19:43

Graziella put voir le regard noir presque hilarant que Safia lui jeta en réponse à sa petite pique. Alors qu'elle avançait en direction de l'inconnu prête à rejoindre la piste, la jeune femme put ressentir sur sa nuque un certain frisson, celui d'un regard froid presque meurtrier, lancé par sa rivale.

Mais déjà La Danse était là, son partenaire était prêt pour partir dans une danse fiévreuse, il enchainait les pas au rythme de la musique un tempo en 4X4 , 1.2.3.4 1.2.3.....4. Tournant autour de sa partenaire, la faisant valser et revenir, tout en maintenant le déhanché du bassin. L'homme maitrisait la danse, son mouvement, guidant tel un chef d'orchestre Graziella. Ne la quittant pas de son regard bleu, passionné, effréné d'un désir exalté par la danse.

De son coté Safia, avait accroché un autre homme, cependant les deux danseurs n'étaient pas au diapason, et la rythmique s'en retrouvait donc cassé par instant. Le vieux professeur quand à lui surveillait ses élèves, arrêtant certain couple pour rehausser un bras, une jambe ou tout simplement corriger le tempo. Prodiguant ses conseils experts.

La musique touchait à sa fin, l'homme avait été un bon danseur, bien qu'un petit quelque chose manquait, la jeune femme ne savait pas encore quoi mais elle n'était pas loin de le trouver. La musique s’arrêta quelque secondes avant que la suivante enchaina et alors qu'il était de convenance de changer de partenaire l'homme ne lâcha pas la main de la jeune femme se rapprochant de son oreille il lui murmura :

« M'accorderez vous une seconde danse, vous dansez si bien que cela est un plaisir rare »

Sa voix, tentante, séduisante avait un petit accent, un accent si faible qu'il était difficile de se prononcer quand à son origine mais qui confortait l'idée de l'origine étrangère de l'homme. Ce dernier attendit patiemment la réponse de Graziella avant la reprise de la musique
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptySam 6 Oct - 20:57

Tout était dans les détails. Ces deux pupilles fixes qui la transperçèrent et disaient tant sans un mot, ce corps presque immobile, aux aguets, qui semblait prêt à bondir pour l'attraper à la gorge. Accrochée au bras de l'inconnu, elle s'échappa des filets haineux de Safia avec soulagement tant elle sentit dans sa chair la rancoeur de cette dernière.

Sa nature enjouée et sociale lui faisait regretter cet échange... mais il y avait ce goût étrange de revanche dans la bouche. Safia l'avait vexée, ce soir comme tant d'autres. Elle avait voulu lui faire mal et c'est exactement ce qu'elle avait fait. C'était aussi simple que cela la revanche.

Elle se laissa porter jusqu'à la piste et, sa main toujours dans la sienne, elle effectua un demi-cercle de présentation d'usage avant de venir se positionner face à lui. La distance entre partenaires s'évaluait selon le style musical adopté et leur connaissance mutuelle, aussi elle laissa une bonne vingtaine de centimètres les séparer.

*Voyons ce que l'étranger vaut sur un rythme cubain*

Pas mal du tout, c'est qu'il savait se défendre le bougre! Le regard plongé dans ces yeux azur qu'elle ne quittait que lorsqu'il l'a faisait tourner sur elle-même avec entrain, elle se laissa guider avec plaisir, en oubliant un moment Safia et même les soucis de Frederico. Sans toucher la perfection, ni l'intimité que peuvent atteindre deux êtres habitués à se mouvoir comme un seul, l'étranger connaissait son affaire. Sur ce rythme à quatre temps, ils formaient un duo qui engageait la confiance où les corps s'éloignaient pour mieux se retrouver. Son buste basculé en arrière , elle revenait incessament entre ses mains, réduisant la distance au point de sentir son souffle sur son cou.

Le balai se poursuivit avec le même dynamisme jusqu'aux dernières notes. Un dernier regard. Elle sourit avec sincérité puis inclina légèrement la tête en signe de remerciement, avant de se détourner. Jusqu'à ce qu'elle sentit sa main retenue et ce murmure au creux de son oreille... Décidément, cet homme n'était pas d'ici. Interloquée, elle le considéra un instant avant de succomber.

"Je vous l'accorde... mais seulement si vous me dites d'où vous venez!"

Avec espoir mais sans attendre de réponse, elle se rapprocha au point d'unir leurs bustes respectifs et plaça délicatement la main de l'étranger au niveau de ses reins, se mettant ainsi au diapason du nouveau morceau qui retentissait... Tango!





(Hrp > Je me permets d'ajouter un son, histoire de varier les plaisirs, si ça gêne, je retire...)
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyDim 7 Oct - 21:35


L'homme ne parut guère surpris par la remarque de la jeune femme, il se laissa littéralement prendre en main par la jeune femme, et se rapprocha donc d'elle. Il lui susurra alors à l'oreille sa réponse :

« Polonais, je suis polonais »

Puis changeant de langue il lui murmura de nouveau :

« Zachwycony poznać pana, ravi de faire votre connaissance »

Cela expliquait pourquoi la jeune femme ne pouvait mettre un non sur l'accent de cet homme, les polonais n'étaient pas les étranger que l'on voyait et surtout entendait le plus dans le coin.

Du coin de l'oeil Graziella pu remarquer que Safia s'était avancée dans leur direction, espérant surement récupérer le bel etranger pour la prochaine danse. Mais déja la musique reprenait, pour une danse plus chaude que la précédente, un corps à corps sensuel, ou la jeune cubaine pu ressentir l'exitation qui emportait l'homme. Ce dernier se laissait entrainer par la jeune femme, prenant de temps en temps le controle dans des mouvements qui certes improvisés, manquait d'un petit quelque chose. Au fur et à mesure de la danse, l'inconnu se raprochait de la jeune femme et lui mumura soudainement de sa voix sensuel :

« Lek, mon prenom, et le votre ? »

La danse continuait toujours, la musique n'en n'était qu'a son milieux. Du coin de l'oeil Graziella pu remarquer que le vieux professeur arrêtait toujours quelque couple corrigeant un pas par çi et un autre par là. D'ailleur en parlant de correction Lek, puisque cela était son nom dansait bien, même s'il commettait quelque erreur. Et justement c'est cela qui clochait, bien que l'homme était entrainé par la passion, l'exitation, la sensualité de cette danse, cette dernière avait un petit coté mécanique, parfait, comme une leçon appris par coeur, manquant de ce grain de folie, d'imagination, de laisser aller qui font les bon danseurs.


[Hrp : Normalement, ce sont plutôt les conteurs et Mjs qui s'occupent de la musique. Cependant tu a l'air plus experte que moi dans ce genre de musique. Il n'y a donc aucun problème. Si tu as des questions n'hésite pas. ]
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyMar 9 Oct - 22:31

Elle maintint sa tête légèrement levée vers lui à l'évocation de ses origines, pour mieux profiter de ces iris couleur océan si peu communs par ici et se prit à imaginer cette autre contrée, la Pologne. Graziella n'avait jamais quitté Cuba et réciproquement. Elle n'avait jamais éprouvé ni montré d'intérêt envers le reste du monde et ne l'imaginait qu'à travers le prisme de la danse. Le monde, c'était quoi? Sinon une succession de villes où se produire devant une salle comble.

Des images de paysages froids et isolés s'imposèrent dans son esprit. Un léger frisson la traversa et elle ne sut s'il était dû à la Pologne elle-même ou à ce Polonais qui lui parlait dans sa langue originelle. Elle n'ajouta rien, préférant se laisser emporter.

Le son monta assez pour couvrir le bruit autour d'elle. Seule ombre au tableau, Safia. Safia la sangsue pensa-t-elle. Safia, Frederico, le gros Felipe, Cuba et contre elle, la Pologne. Elle ferma les yeux et colla son front contre la mâchoire de l'étranger, comme pour le presser de débuter. En avant le tango.

La danse qui se marchait. Le tango avait des allures de non-danse qui lui conférait une grâce exceptionnelle. Les deux corps devaient se tenir serrés des hanches jusqu'aux visages, de telle sorte que la joue de Graziella semblait lovée dans le cou de son partenaire. Seules les jambes s'exprimaient véritablement et exécutaient un balai de figures, suivant ou contrant volontairement le tempo donné. Une danse de précision qui ne laissait pas de place à la demi-mesure...

Enfin, quand on avait le bon partenaire. Si l'envie était palpable, la créativité moins. S'essayant à des mouvements improvisés, elle remarqua que le Polonais n'y répondait pas et répétait toujours les mêmes enchaînements. Sans réponse, pas de communication; les danses de salon ne pouvaient se vivre seul. Après quelques désappointements, elle abandonna, agacée et laissa son partenaire imposer sa routine. Après tout, ici, c'était à l'homme de guider.

Elle chercha presque inconsciemment du regard Frederico et le voyant, sourit à l'idée de l'appeler mentalement à l'aide. Elle l'aurait fait avec un autre Cubain mais ce Lek venait d'ailleurs et ça suffisait à titiller sa curiosité, à défaut d'inspirer sa danse.

Le visage toujours posé sur son épaule, elle répondit simplement:

"Graziella"

Puis relevant la tête, elle le regarda et avec plus d'entrain:

"Et que faites-vous à Cuba, Lek, si loin de chez vous?... Ne me dites pas que vous êtes venu jusqu'ici juste pour faire enrager Safia en dansant avec moi?"

Ajouta-t-elle, en désignant sa rivale plus loin, d'un discret mouvement de tête.

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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyMer 10 Oct - 22:56

Alors que Graziella cherchait inconsciemment le regard de Frederico, cette dernière ne le trouva point. En effet à chaque fois, le regard du vieil homme se faisait fuyant. D'ailleurs en y repensant, Graziella pu trouver étrange que le vieil homme ne vienne pas prodiguer quelque conseil à son partenaire.

De son coté Lek, esquissa un léger sourire en réponse à l'énoncer du prénom de la jeune femme, comme si la sonorité du prénom, lui plaisait. Puis, profitant de la proximité avec la jeune cubaine il lui murmura alors en réponse :

« Enchanté de faire votre connaissance Graziella »

l'homme appuya particulièrement son intonation sur les dernières syllabe. La musique et la danse continuait, la proximité des deux danseurs, leur permettait de se murmurer quelques paroles au rythme de la danse. Le polonais lui rendait son regard, empreint d'un désir non feint. Il ignora partiellement la seconde parti de la question de la jeune femme et répondit d'une manière détourné.

« Bien sur que je suis ici juste pour danser avec vous ! »

lui murmura t-il d'un ton coquin, avant d'ajouter un peu plus sérieusement :

« Je suis ici pour affaire, mais j'avoue que ce soir je suis là pour le plaisir ! »

Associant ses paroles à un petit clin d’œil charmeur en direction de la jeune Cubaine. Cette dernière ne le lâchant pas du regard pouvait ressentir une certaine sincérité dans ses paroles. Puis la musique entama son dernier mouvement et s’arrêta pour quelques instants. L'homme se pencha de nouveau vers la demoiselle avant de la quitter :

« Pour ce qui est de Safia, est-ce elle ou vous que je cherche à faire enrager ? »

L'homme lui chuchota ses paroles d'un ton à la fois sérieux et taquin rendant difficile de savoir s'il se moquait d'elle ou s'il était au contraire sérieux. Puis, Lâchant la main de la jeune femme il se mit en quête d'une autre partenaire. Mais déjà la musique reprenait et un autre jeune homme invitait Graziella pour une nouvelle danse...
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyMer 17 Oct - 20:10

*Au secouuuurs*

Graziella était terriblement partagée.

Son lobe droit voulait en savoir plus et lui intimait l'ordre de poser toujours plus de questions afin de gratter sous la surface de ce petit air mystérieux que dégageait l'inconnu. Bon, l'attrait de danser avec un parfait étranger pas mal fait de sa personne ajoutait sans doute une pincée d'exotisme à l'affaire.

Mais son hémisphère gauche s'ennuyait ferme. A chaque fois qu'il commandait un mouvement des jambes sortant de l'ordinaire, ça tombait à plat. Elle tentait de se résonner en se disant qu'il ne lui avait pas encore écrasé les pieds mais ça ne la consolait guère.

*Et puis il est où Frederico? Ah, voilà! C'est ça... évite-moi du regard, j'te dirais rien... pfff... Mais pourquoi faut toujours qu'il y ait un truc qui cloche?*

Pensa-t-elle en arborant un magnifique sourire réhaussé de son rouge à lèvres très... rouge.

Ses joues s'empourprèrent légèrement de l'entendre prononcer son nom avec délectation puis virèrent au vermeil à son badinage, soutenant avec peine le regard si évocateur de Lek.

Elle l'écouta développer en silence et préparait déjà son interrogatoire. Des affaires? Quel genre d'affaires? Industriel, fonds d'investissement, narcotiques?

Ca s'arrêta net. Comme la musique. Finalement, c'est lui qui avait posé la dernière question, laissant son hémisphère droit sur sa faim. Pas de troisième round – son lobe gauche disait amen – ni plus de conversation. Sa bouche s'ouvrit un instant avant de se raviser. Finalement, il n'y avait rien à ajouter. Un peu de désappointement, de curiosité inassouvie aussi mais ça faisait partie du jeu.

Elle sentit un autre regard l'approcher mais l'ignora et, esquivant l'invitation, elle partit en quête de Frederico en tentant d'éviter de croiser le chemin de Safia au passage.
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyMer 17 Oct - 22:17

Graziella put voir la face livide de l'homme qui venait ainsi de se faire refuser une proposition de danse. Il semblait quelque peu ébahi par l'attitude de la jeune femme. Cependant très vite un autre regard se libéra et la danse reprit. Les couples virevoltaient, et graziella du se frayer un chemin afin d'éviter d'entrer en collision avec eux et surtout avec Safia. Cette dernière s'était rapproché de Lek et il n'était pas à douter qu'a la prochaine dans elle mettrait là main sur lui. Graziella s'était toutefois débrouillé pour d'atteindre son cher professeur qui se trouvait dos à elle.

Une dernière danse à Pinar del Rio Danseu10
Ce dernier était tout de rouge vêtu, chapeau blanc et cigare à la poche, expliquait à un duo, un enchainement de pas. La jeune femme visiblement n'était pas assez sensuelle, elle se concentrait trop sur l'enchainement aux prix de la passion que la danse devait déchainer en elle. L'homme, Edouardo un habitué avec qui Graziella avait quelques fois dansée ne dirigeait quand à lui pas assez bien la danse, et avait parfois de sérieux problèmes de rythme qui avait pu être rebutant pour la jeune femme.

« C'est bon vous pouvez retourner danser et attention Edouardo je t'ai à l’œil »


Le vieil homme bien que conscient que Graziella se trouvait derrière elle, évita tout en regardant ses ouailles de tourner le regard vers Graziella. Comme s'il pensait que nier l'existence de cette dernière la ferait partir.

Puis dans un soupir il tourna enfin son regard vers la jeune femme et ajouta :

« Ah Graziella ma pequina, je ne t'avais pas vu. Oh qu'elle danse avec ce jeune homme, tu es en forme ce soir. »

Frederico affichait un sourire de circonstance, qui n'arrivait cependant pas à masquer entièrement une certaine gêne dans sa voix.....



Dernière édition par Le Gardien le Ven 2 Nov - 21:54, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyVen 19 Oct - 20:24


Ah bah oui mais c'était comme ça! Les partenaires allaient et venaient sans cesse. Celui-là ou un autre, c'était souvent du pareil au même à ses yeux, peu d'entre eux se démarquaient et laissaient leur empreinte en souvenir. C'était donc exempte de culpabilité bien que sans méchanceté qu'elle refusa la danse de l'homme et s'éloigna sans se retourner. Elle avait besoin d'une petite pause après cette rencontre inhabituelle avec Lek. D'un pas décidé, elle se dirigea vers Frederico. Puisqu'elle n'avait pu tirer les vers du nez de l'étranger, peut-être trouverait-elle les mots pour savoir ce qui semblait chagriner son professeur de danse.

Une esquive à gauche pour éviter un couple. Hop! Un léger pas chassé à droite pour feinter un coup d'escarpin. Elle arriva à destination comme une fleur, surveillant discrètement du coin de l'oeil Safia qui se trouvait non loin de là, tel le vautour guettant sa proie polonaise.

Elle observa un moment son mentor, lui, l'enfant du pays, l'incarnation de la danse cubaine, fierté nationale, prodiguer ses conseils à un couple en difficulté. Elle pensa en souriant qu'elle aurait bien aimé naître plus tôt, peut-être l'aurait-il choisie pour partir avec lui en spectacle tout autour du monde... Sortie de ses pensées, elle reconnut Eduardo et évita soigneusement de croiser son regard.

*Pourvu qu'il ne vienne pas m'inviter ce soir...*

C'est à ce moment précis qu'elle remarqua que son professeur utilisait exactement la même technique... mais sur elle! Les traits surpris, ses sourcils se froncèrent d'incompréhension.

*Je rêve ou c'est vraiment moi qu'il évite?*

Se figeant au soupir de Frederico, les doutes se confirmèrent à sa voix.

*Tu parles que tu m'avais pas vu?! Mais il m'embobine là!*

Elle répondit avec empressement...

"Ola Frederico !"

Elle tenta d'afficher un sourire engageant qui se transforma à moitié en grimace. La gêne était contagieuse. Elle ne savait plus bien si elle aurait dû venir le saluer. Quelques secondes s'écoulèrent pendant lesquelles ses yeux regardèrent tour à tour le plafond, la piste, le plafond. Puis elle se lança:

"Tu es très beau ce soir! Tu as vu? Elle va avec les marbrures de ma robe... ta veste... les marbrures..."

Sa phrase se termina en cafouillage mais elle insista:

"Merci, tu es gentil. Il se défendait bien... Il m'a dit qu'il venait de Pologne... il faut croire qu'on danse aussi en Pologne...ah ah... j'ai espéré que tu viennes nous voir parce que ça n'était pas parfait... enfin, il se débrouillait bien mais bon... enfin toujours mieux qu'Eduardo... ah ah"

Conclut-elle d'un rire forcé. Elle faillit repartir aussi sec, mais d'un dernier effort et la voix plus affectée qu'enjouée:

"Frederico... qu... qu'est-ce qui ne va pas?"
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyDim 21 Oct - 20:53

Le maitre afficha un maigre sourire, il regarda les marbrures du costume de Graziella et ajouta simplement :

« En effet elles vont à merveille avec moi, pequena ! »

La musique continuait, tout en parlant avec Graziella, l'homme surveillait d'un œil bienveillant le déroulement de son cours. Il alpaga de nouveau Edouardo.

« Edouardo, fais attention à ta partenaire, ne marche pas sur ses pieds imbecil !»

Frederico se tourna de nouveau vers Graziella :

« tu disais, ah oui le polonais, il voulait tester la vrai rumba pas celle que l'on danse dans son pays, mais avec toi ma belle, il ne pouvait que bien danser. »

En effet Frederico avait beaucoup d'estime pour la jeune femme qu'il considérait comme l'une des meilleures danseuses de son atelier.
Visiblement quelque chose le chagrinait, et il se refusait à en parler avec Graziella. Lorsque la jeune femme posa sa question, le visage du vieil homme se ferma, une larme naissante au coin de l'oeil.

Mais Déjà la musique changeait, sans un mot, sans répondre à la question de le jeune femme, Frederico la pris par la taille, mains dans la mains et entama cette nouvelle danse avec elle. Malgré son age le professeur se défendait bien faisant virevolter sa cavalière dans tous les sens, vibrant au rythme de la musique, improvisant et changeant les mouvements lorsque cela était nécessaire. Le veille homme se donnait à fond, avec passion dans cette danse, révélant un amour presque paternel envers la jeune femme, comme si cette danse était la dernière qu'il aurait avec elle.

Puis se rapprochant au rythme d'un dernier mouvements il lui susurra, presque dans une complainte, la voix triste

« Viens me voir à la fin du cours lorsque les autres seront partis. »

Et dans une dernière pirouette il lâcha sa cavalière sur le coté de la piste et reprenant son rôle de professeur se dirigeant vers son mauvais élèves de la soirée.

« Edouardo mais tu le fais exprès ou quoi. »

Dans un coin de son regard Graziella pu voir que le bel inconnu dansait maintenant avec Safia....


Dernière édition par Le Gardien le Ven 2 Nov - 21:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyMer 24 Oct - 20:10

La boule de feu se liquéfia sur place en un quart de seconde. Si la mutation le lui avait permis, au lieu de pouvoir déclencher des feux de forêts, elle n'aurait plus été qu'une grosse flaque d'eau imbibant le parquet verni. Une larme. Il n'en fallut pas plus de la part de son professeur. Ca n'était plus de la gêne, elle ne savait plus où se mettre. Le visage figé, ses bras se décroisèrent sans savoir pour autant comment se placer. Elle eût envie de les passer autour de lui et de le serrer contre elle.

Elle préféra se statufier, faisant écho au silence de Frederico. Des questions passaient. Peut-être avait-il des problèmes, ou perdu un ami, ou alors il était malade... Ses yeux divaguèrent vers Eduardo.

*Oui, malade de te voir danser comme ça, y'a de quoi madre de dios...mais arrête de martyriser cette pauvre fille*

Elle sentit sa taille enlevée d'une main de fer dans un gant de velours et ses doigts s'entrelacer dans ceux de Frederico. Le regard devenait superflu avec lui, pour l'invitation et pour le reste. Ses yeux auraient pu être bandés que leurs pas eussent été les mêmes. Sans la larme et la retenue de son professeur, elle aurait eu envie de rire par éclat. La danse avait cet effet-là quand on y prenait autant de plaisir mais elle se contenta d'apprécier l'instant et de donner le meilleur d'elle-même, pour lui, pour la musique.

Jusqu'à ce qu'il lui brisât presque le coeur de cette voix douce et rauque, si familière mais si étrangère maintenant. Elle l'entendait pour la première fois. C'était son âme entière qui semblait endolorie.

Il l'envoya faire une dernière toupie, histoire de la libérer avec élégance. Seule à nouveau sur la piste, elle pouvait encore sentir autour de sa taille, la chaleur laissée par la main de Frederico, partie trop vite. Fébrile, elle chercha une horloge au mur pour évaluer son attente avant de retrouver son professeur à la fin du cours.

Il l'avait mis mal. D'abord, ce Lek, à présent ça. Elle n'avait plus envie de danser. Elle piétinait sur place, nerveuse, prise d'une envie d'aller respirer l'air dehors. La vague de chaleur vint juste après, quand elle aperçut Safia.

*Ohh Safiiia... je suis venu de Polognne... juste pour danser avec vouuus... Cretino!*

Pensa-t-elle en caricaturant intérieurement la voix du Polonais.

*Je sors. Je sors pas. Je sors. Je sors pas...*
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyDim 28 Oct - 21:27


Alors que Graziella se posait la question de savoir si elle allait sortir ou pas , l'horloge elle avançait et il restait près d'une demi heure de cours. Les musiques s'enchainèrent alors. Changeant sans cesse de style, mais restant toujours au rythme cubain. Les couples se formaient et se déformaient au fil de ses musiques. Graziella pu à loisir observer ces couples danser, il y avait d'ailleurs comme quelque chose d'enivrant à regarder ce ballet incessant. Il était également intéressant de voir la façon dont les couples se créeait, cet instant de séduction, permettant de choisir sa partenaire. Les jolie femme et les bonnes danseuses étaient d'ailleurs celles qui se retrouvait submergé de demande au contraire des autres.

Cependant, chez Frederico on dansait ou on sortait et très vite la jeune femme du accepter de prendre une invitation. Ses talents de danseuses étant reconnus, elle ne manquait pas d'invitation avec des hommes plus ou moins charmant, la plupart bon danseur, cependant elle ne pu retrouver chez ces hommes, ni le charme de Lek, ni la perfection de la danse avec son professeur. Ce dernier d'ailleurs prodiguait toujours ses conseils, arrêtant les couples lorsque cela s'avérait nécessaire.

La jeune femme pu également remarquer que le polonais, qui ne revint pas danser vers elle, s'était presque scotché à Safia, en effet au fur et à mesure des danses, les deux individus s'étaient rapprochés. Leur danse se faisait plus sensuel, et ils se susurraient des paroles réservé à leur intimité seule. Fait troublant, lorsque l'homme croisait le regard de Graziella, ce dernier lui jetait de petit clin d’œil à la fois charmeur et énigmatique..

La fin du cours arriva alors, le professeurs frappa dans ses mains, comme à chaque fois. L'ensemble des danseurs s'applaudirent mutuellement :

« C'est fini pour aujourd'hui, bravo à vous et à demain. »

les élèves commencèrent ensuite à sortir de la salle et les bruits de discussions reprirent. Les vestiaires se trouvait juste à coté de la salle, un pour chaque sexe, équipé de douche communes et lieu imposé avant de sortir. En effet après près d'1 h et demi de cours il fallait se changer et laver la sueur accumulée au cours de ce cours de danse. On se trouvait en début de soirée. Graziella pu à son tour rejoindre le vestiaire des filles, Frederico lui ayant fait comprendre du regard qu'il pourrait discuter après, lorsque tous le monde serait parti...
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyJeu 1 Nov - 19:17


Son regard finit par accrocher les aiguilles de la grosse horloge...

*Plus que trente minutes... encore trente minutes*

Songea-t-elle mi soulagée, mi agacée. Puis ses yeux s'attardèrent sur la porte et firent l'aller retour: horloge, sortie, horloge, sortie, horloge...

*Mierda!*

Elle ne l'avait pas vu venir celui-là. Le contact avait été établi. Elle sourit après quelques hésitations et céda à se laisser conduire pour une nouvelle danse. S'ensuivit une autre et une autre encore qu'elle paraissait toutes subir. Comme la victoire de Safia. Elle qui ne voulait pas rentrer dans ce petit jeu de rivalité, elle s'était laissée prendre. Loin d'apporter toute l'attention nécessaire à ses différents partenaires de passage, son esprit s'était focalisé sur sa camarade qui avait jeté son dévolu sur le Polonais, non sans succès. A mesure qu'eux deux se rapprochaient, Graziella mettait de plus en plus de distance avec ses propres partenaires.

Mais ce fut pire quand elle remarqua les clins d'oeil de Lek. Presque vexée d'une attitude qu'elle jugeait prétentieuse, elle détournait rapidement son visage et se mit à commettre des fautes de pas. Les joues rougies de honte, elle s'excusait d'un signe de tête et tentait de reprendre le dessus. L'atmosphère lui parut étouffante, elle se sentait en nage, mal à l'aise.

Les applaudissements sonnèrent la fin du cours, sans elle. Elle salua brièvement son dernier partenaire et fila récupérer son sac contenant ses affaires de rechange. Elle chercha Frederico du regard et comprit qu'elle le verrait après. C'est sans tarder qu'elle se dirigea vers les vestiaires.
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyVen 2 Nov - 21:50

Le vestiaire des femmes était un environnement bien particulier, bien loin de l'odeur de musc et virile des hommes. C'était un endroit qui sentait bon le déodorant, et ou les femmes papotaient joyeusement après dans une ambiance feutrée.....enfin c'est à cela que devait ressembler un vestiaire, cependant celui de Frederico était bien loin de cette ambiance, c'était un repère de femme tigre, qui aimait discuter, se moquer, se comparer les unes aux autres et savoir qui serait celle qui aurait le plus beau tableau de chasse. Il n'était donc pas étonnant d'entendre Safia pendant que cette dernière se changeait et prenait sa douche raconter à ses copines et d'une voix suffisamment forte pour que tout le monde l'entende, son aventure avec le polonais. La jeune femme ne semblait d'ailleurs avoir aucun problème avec sa nudité, car elle se trimballait nu dans le vestiaire, d'un autre coté elle était déjà très peu vêtu lors de sa séance de danse.



Une dernière danse à Pinar del Rio Safia10
« Lek, il s'appelle comme cela, c'est polonais, je vais le réchauffer moi. Il est charmant en plus »

Puis elle regarda ensuite Graziella d'un air entendu et ajouta


« En plus il m'a proposé d'aller boire un verre après »


Et Safia et quelque unes de ses « amies » partirent dans un petit gloussement de dindes. la jeune fille semblait ravi et charmée de pouvoir ainsi s'afficher avec l'exotisme polonais.

A part cet événement rien d'autre de notable ne se produisit et lorsque la jeune cubaine fut prête et que les autres personnes partirent, Graziella pu rejoindre dans la salle de danse le vieux professeur. Elle remarqua cependant Lek et Safia partirent ensemble, ce dernier s'arreta d'ailleurs un instant et lança en direction de Graziella :

« A bientôt Graziella, à très bientôt »

Le tout agrémenter de son terrible sourire ravageur, il fut cependant très vite reprit en main par Safia qui visiblement n'appréciait pas ce petit au revoir.

« Viens lek, on y va..... Au revoir pequena graziella ! »

Et les deux individus partirent, laissant seulle la jeune femme, qui pu rejoindre tranquillement le vieux professeur. Ce dernier semblait abattus par les soucis, rangeait tranquillement sa salle de cours faisant dos à la jeune femme.

[Hrp: je m'occupe des modifications, Frederico/Fernando désolé pour le retard]
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyLun 5 Nov - 22:27

Passant en trombe devant tous, elle poussa la première la porte battante des vestiaires avec soulagement. Elle jeta négligeamment son sac sur le long banc central, en dézippa la fermeture éclair et en fouilla nerveusement l'intérieur. D'ici quelques secondes, elle savait arriver la meute de hyènes, Safia en chef de file. Armée de shampoing et gel douche, elle se releva, tentant de calmer sa respiration par de grandes inspirations. Les voix s'approchaient. Elle saisit sa serviette et s'engouffra dans sa cabine de douche.

Elle s'acquitta de sa robe orangée et la posa sur le rebord de la porte puis détacha ses cheveux qui retombèrent lourdement sur son dos. Entre ces quatre murs, elle pouvait se cacher, faire la morte... il faudrait bien qu'elle sorte mais pour le prochain quart d'heure, elle éviterait de croiser la vantardise de sa rivale.

Le robinet ouvert à fond, l'eau coula à flot, couvrant un peu les voix des autres danseuses. Le visage relevé, les yeux fermés, Lek et Frederico apparaissant alternativement sous ses paupières closes. Elle resta cinq bonnes minutes dans cette position, tentant d'évacuer la pression, avant de faire enfin péter le bouchon de son savon parfum mangue.

Sentant bon les fruits exotiques, elle s'enroula dans sa serviette et sortit apaisée de sa cellule, prête à affronter la bête... à poil, bien entendu. Blasée, Graziella passa à côté de Safia, toute occupée à étaler sa nouvelle conquête, et vint s'asseoir prêt de son sac d'où elle tira ses vêtements de rechange.

Tandis qu'elle passait habilement ses sous-vêtements en conservant sa serviette, elle écoutait, forcée. Et son petit nom, c'était Lek et il était polonais et elle allait le réchauffer...

*Avec le feu que t'as au cul, tu réchaufferais la banquise toi!*

Elle accueillit la dernière remarque de Safia d'un sourire ironique, sans daigner répondre, elle n'en avait pas la force et se reprochait d'avoir manifesté un quelconque intérêt au Polonais.

*Imbecil! Stupide Pologne! Loin, froide et... et stupide!*

Sa robe en jean et un petit gilet enfilés, elle sécha à moitié ses cheveux qu'elle remonta sur un côté d'une barrette. Sortie des vestiaires embués, un frisson la parcourut. Le couple star de la soirée passa plus loin. Elle leva la main en signe d'aurevoir, sourire radieux sur ses lèvres rouges.

*Va – mou – rir !*

Dépitée d'eux, de sa soirée, elle détourna le regard vers la salle de danse illuminée. A l'intérieur, son vieux professeur. Elle s'approcha sans claquer ses talons au sol et posa délicatement sa main sur son épaule...

"Frederico... je suis là... parle-moi."

[HRP: Ok, merci, c'est sympa Wink]
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyMar 6 Nov - 21:26

Frederico s’arrêta lorsqu’il sentit la main de Graziella sur son épaule. Le vieil homme se vouta encore plus, comme si cela lui était possible. Sa main prit alors celle de la jeune fille et il resta comme cela un moment qui parut durer une éternité. Puis il se retourna vers la jeune fille, le visage en larme :

« Excuse moi ma fille »

Sa voix était criante de toute la peine qu’il ressentait, son visage était honteux, comme s’il ne pouvait se pardonner un acte qu’il avait commis. Le Veil homme se déplaça tenant toujours la main de Graziella dans la sienne, il se dirigea vers un siège placé non loin de la sono. En cette fin d’après midi, début de soirée, la jeune femme put ressentir le poids de l’âge de Federico. Une fois assis, le professeur leva de nouveau son regard vers Graziella.

« Tu dois comprendre ma fille, je n’avais pas le choix, il m’a menacé, il a dit qu’il me prendrait tout ce que j’avais si je ne lui répondais pas, tout cet endroit, et surtout ma petite fille »

Frederico resserra la main de la jeune femme avant de reprendre, les larmes laissèrent place à la colère, pas une colère dirigé contre Graziella mais contre lui-même et surtout contre l’homme qui l’avait menacé :

« Un homme du cartel du vieux Martinez, je ne sais pas ce qu’il est venu faire ici, mais il a posé des questions, il en avait après toi, il me semble. Je ne sais pas ce que le cartel te veux mais tu dois être prudente ma fille »

Le vieil homme sécha les larmes qu’il lui restait sur la joue :

« J’espère que tu me pardonneras, je n’avais pas le choix, il m’a demandé ou tu habitais, si tu venais ici ce soir, tes habitudes, j’ai du lui répondre ! »

Puis il tomba presque a genoux, implorant presque la jeune femme :

« Je m’en veux tellement, je suis désolé ma fille !»

Le professeur semblait sincère, Graziella pouvait lire dans ses yeux toute la peine qu’il avait.
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyJeu 8 Nov - 19:59

Sa main était toute ridée, fanée par les années, d'un cuir brun tanné par le soleil et rugueux. Dans sa paume refermée, les doigts menus et délicats de Graziella disparaissèrent, engloutis. Il tourna son visage mouillé de douleur et c'était comme si les étoiles étaient tombées du ciel. Elle laissa échapper un rire nerveux en entendant ses excuses...

"T'excuser?! Mais de quoi Frederico?"

Son regard coupable le trahissait. Elle sentit son coeur s'accélérer dans sa poitrine. Mille idées lui traversèrent l'esprit mais elle resta interdite; son autre main, portée à son cou, serrait fort sa petite croix en or qui avait appartenu à sa défunte mère. Il lui parut si las. Ce n'était plus son sublime professeur mais un vieillard qui attendait son heure.

Elle l'écouta, les sourcils froncés, sans comprendre de quoi il s'agissait. Difficile de l'interrompre, il semblait prêt à vider son coeur.

"Fred... Frederico mais de... de qui parles-tu? Qui t'as men...?"

*Madre de dios*

Le nom claqua dans son esprit comme une gifle et y résonna quelques instants encore. Le cartel Martinez. Son père lui avait appris beaucoup: entre autres prier, cuisiner le hachis de viande aux épices et ne jamais se mêler, s'approcher, ou même parler des cartels qui ici, en cette terre, faisaient la loi. Elle se détourna, lâchant la main de son mentor qu'elle écoutait de loin et lui faisant dos. Agitée, elle frotta son visage avec ses paumes brûlantes comme pour se réveiller ou sortir du cauchemar.

*Moi... pourquoi moi? Est-ce que c'est à cause de Fernando? Ils ont accusé les cartels à l'époque... c'est pas possible... pourquoi?*

Elle regardait à présent ses mains, craignant le pire, craignant de comprendre l'intérêt d'un cartel à son égard. On entendait tant d'histoires quand on prêtait l'oreille... Elle en avait mal au ventre, elle se savait si prudente. Personne ne savait, personne à part son père. Et...

"Joder! Felipe..."

Elle se retourna, s'agenouillant face à un professeur défait et en larmes. Elle prit son visage entre ses mains et le releva vers le sien.

"Frederico! J'ai besoin de savoir exactement ce que tu lui as dit! Dis-moi... est-ce que tu lui as donné l'adresse de Felipe?! Dis-moi tout, il le faut!... A quoi ressemblait-il? Quand est-il venu?"

Et plus elle posait de questions et plus elle avait chaud.
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptySam 10 Nov - 18:26

Le vieux professeur, était dépassé par la détresse de Graziella, il semblait se rendre compte de la grandeur de sa trahison. Des larmes de tristesse avaient recommencé à perler sur son visage. Toujours à terre il se prit les mains dans la tête, et continuait à pleurer.

Lorsque Graziella s’agenouilla à coté de lui, le professeur se laissa faire, il détourna cependant le regard de la jeune fille, comme s’il ne se sentait pas capable de l’affronter.

« Il est venu cet après midi… Graziella je te jure que je ne le voulais pas »

Le vieillard fit une pause avant de reprendre

« C’était un cubain, comme toi et moi, grand, métisse, des cheveux courts et un regard mauvais, mauvais comme les ténèbres, il m’a posé des questions sur une jeune fille qui te correspondait, que le cartel Martinez te recherchait je lui ai dit que je ne savais pas de quoi il parlait et alors.. »

Des larmes ressurgirent du visage du Viel homme, qui fut pris d’un spasme incontrôlable. Un moment passa avant qu’il continua, cherchant le regard de la jeune femme cette fois-ci ce qu’elle put y lire était une peur immense, presque de la terreur :

« Il m’a menacé moi et mon club de danse et voyant que cela n’avait pas d’effet, il m’a raconté toute les atrocités qu’il lui ferait subir c’était horrible, Je n’ai pas eut le choix, j’ai tout raconté comment tu étais, que tu venais ici ce soir, ou tu habitais je suis désolé ma fille, cet homme est un monstre »

Puis il se tut, visiblement ébranlé, il sécha alors ses larmes et avant d’ajouter :

« Tu dois faire attention à toi ma fille, que te veulent-ils ? »

Cela semblait important pour Frederico, de savoir l’origine et peut-être la conséquence de ses actes, le vieil homme se releva péniblement, ses jambes était tremblantes, il ne put que se rasseoir sur le siège qu’il avait quitté quelques instants plus tôt. Il semblait visiblement très perturbé par toute cette histoire, la terreur que le cubain avait fait surgir en lui était encore palpable.
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyDim 11 Nov - 21:01

Tic tac.

Allez Frederico, c'était pas le moment de flancher. Graziella s'en serait arraché les cheveux. Pendue aux lèvres de son professeur, elle hochait la tête à chaque syllabe qu'il arrivait à prononcer, comme si son corps entier voulait l'accompagner dans l'effort. Elle enregistra la description de l'homme. Elle enregistra surtout que le cartel Martinez la recherchait, précisément elle.

Nouvelle pause. Fébrile, elle jeta un coup d'oeil à la grosse horloge de la salle de danse. Tic tac.

*Vamos!*

Dans les yeux de Frederico, elle put lire la peur, de celle qu'on ressentait quand on craignait pour sa vie, de celle aussi qu'elle avait ressentie à l'arrière de la voiture de Fernando, ce fameux soir. Elle en eut un léger mouvement de recul. Elle fut surprise par la question, ne sachant que répondre. Elle ne voyait que deux options. Lâcher prise, tout déballer, la jouer "grand moment de sincérité" qui amènerait d'autres questions exigeant d'autres réponses et finir par un magique tour de passe passe, genre allumer le cigare du professeur sans allumette et sans briquet.

Ou alors elle remettait la discussion autour d'un thé à plus tard et elle filait aussi vite qu'une flamme sur une traînée d'essence... mais pour aller où? En cet fin d'après-midi, elle songea que Felipe ne pouvait être que chez lui prêt à partir ou déjà arrivé à son snack, la Casa de Felipe, pour le service du soir. Et l'heure qui avançait... Elle prit une décision en une seconde. Ca la déchira à l'intérieur des tripes. Elle n'en voulait pas à son professeur, elle aurait aimé sécher ses larmes et tout lui raconter mais... Tic tac.

Elle s'approcha pour serrer Frederico dans ses bras. Elle lutait pour ne pas pleurer et lui répondit avec difficulté:

"Je... je ne sais pas... je te promets de faire attention."

Tout contre son professeur, elle n'avait plus à soutenir son regard. Une larme lui échappa, qu'elle essuya rapidement du revers de la main. Elle déposa un baiser sur la joue de son professeur et ramassa son sac de rechange puis, marquant une pause, elle ajouta:

"Pardon... pardon pour ce qu'il t'a fait..."

Elle regarda une dernière fois l'horloge. Ce serait la maison d'abord puis, si elle ne l'y trouvait pas, le snack. Tic tac.

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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyLun 12 Nov - 22:24

Le professeur, ne répondit pas au « câlin » de Graziella, totalement dénué d’émotion positive en cet instant. Le vieil homme ajouta se contenta de répondre, peiné :

« Je comprends ma fille, je comprends »

Il la regarda alors prendre ses affaires et partir.

« Prend bien soin de toi ma fille, fait bien attention ! »

Puis alors que Graziella partait, Frederico avec une célérité, quelque peu hors du commun pour un homme de cet âge la rattrapa presque sur le perron de son école et lui lança :

« Il avait un accent étrange Graziella, un accent que l’on n’entend pas par ici. »

Et il la regarda partir....

De son coté Graziella qui ressentait l’urgence de sa situation avait le cœur qui battait la chamade, elle défilait dans les rues de Pinar del Ri tel un bolide. En cette fin d’après midi, début de soirée, les rues étaient encore pleines de monde. Du commerçant excité à la mère de famille, chargée de ses cinq bambins. Heureusement Graziella connaissait tous les tours et détours lui permettant d’éviter la foule.

C’est alors qu’a mi chemin de la maison de Felipe, déboulant sur une rue animé, ‘elle le remarqua !!! La au loin, tel un fantôme, la jeune fille eut beau se frotter les yeux, elle ne rêvait pas, devant elle à une dizaine de mètre se dressait Fernando, son feu petit ami. Il était là droit comme un I au milieu de la foule.

Une dernière danse à Pinar del Rio Fernan10

Ce dernier, lui fit un grand sourire et un signe de la main avant de se retourner et de marcher en direction d’une ruelle moins animé.

Une dernière danse à Pinar del Rio Ruelle10

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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyLun 19 Nov - 22:31

Elle entendit à peine les dernières recommandations de Frederico, tant son esprit était focalisé sur le récent aveu de son professeur. Cent questions fusaient dans tous les sens, la rendant à moitié sourde à moitié paralysée, mais elle savait une chose: elle devait trouver son oncle Felipe et contacter son père. Son père savait toujours quoi faire.

Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle ferait après. Et si elle se trouvait face à ce monstre? Elle se releva, tourna les talons et prit la direction de la sortie, songeant qu'elle en était un à quelque part de monstre; elle avait bien transformé son petit ami en méchoui... La porte claqua derrière son passage. Elle entendit la voix de Frederico derrière elle mais ne se retourna pas, continuant la course entamée.

*Un accent. Un accent étrange. Décidément...*

Songea-t-elle en repensant à Lek. Elle courrait, aussi vite que le lui permettaient ses jambes. Ni ses talons ni les pans de sa robe ne la gênaient vraiment, elle en avait l'habitude. Autour d'elle, un balai de voix et de couleurs défilaient sans qu'elle y prêtât attention. Tandis qu'elle se frayait un chemin parmi la foule, en évitant de bousculer les badauds, son esprit divaguait, se rappelant l'embrasement, sa séparation d'avec son père, ses amies, l'académie... Certains matins, elle se disait que sa nouvelle vie ne pouvait pas être pire. Finalement, si.

Son coeur, au bord de l'explosion, faillit s'arrêter net. Elle sentit ses talons crisser sur le sol et ses cheveux partir en avant en mode freinage.

"Imposible... imposible..."

Continuait-elle de murmurer pour elle-même. Devant elle, Fernando se dressait comme une fleur et le voilà qui lui souriait et la saluait avant de se barrer. Aimantée, elle marcha rapidement dans sa direction pour le rattraper. La rumeur de la rue s'éloignait peu à peu, comme son objectif premier. Sans y croire, elle le suivit dans la ruelle et réussit enfin à émettre un son audible:

"Fernando... FERNANDO!?"
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyMar 20 Nov - 20:27

Personne ne répondit à l’appel de Graziella, alors qu’elle poursuivait Fernando au détour de la ruelle, elle trouva cette dernière vide et n’eut que le temps de le poursuivre encore et encore, cependant à chaque nouvelle ruelle, la jeune fille le manquait. Etait-elle en train de rêver ? Oui Graziella pouvait douter du bien fondée de ses visions. Alors au détour d’une nouvelle ruelle, cette dernière sombre, sale, puant l’endroit sordide, au détour de cette ruelle, elle ne vit plus personne. L’endroit était encombré de poubelle, de vielle palette, le sol était fait de terre battue à même le sol. Elle se retrouvait perdue dans les méandres de la ville. En effet, elle ne reconnaissait pas cet endroit, en y repensant bien, d’après son sens de l’orientation, elle devait se trouver dans un quartier labyrinthique qu’il valait mieux ne pas fréquenter. C’est alors que provenant derrière elle des profondeurs de la rue, surgie une voix, ténébreuses, haché, comme étouffé :

« Grazi… tu m’as tué…. »

La jeune femme se retourna dans la direction d’où la voix venait, cherchant l’auteur. Cependant il n’y avait personne. La jeune femme entendit alors un bruit, comme celui d’un fluide s’écoulant. Puis la voix reprit changeant de direction...

« Tu m’as tué… te souviens tu de ce jour….. »

Alors qu’elle se retournait de nouveau dans la direction de la voix, personne, personne ne se trouvait là. Puis dans un murmure elle entendit tout près d’elle :

« Tué…tué…..tué…. »

A chaque fois qu’elle regardait dans la direction, la voix quand à elle provenait d’un autre endroit. Harcelant la jeune femme, de ce simple mot, TUE. Puis au bout d'un instant interminable, tout se tut … il n’y eu plus aucun bruit……….
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MessageSujet: Re: Une dernière danse à Pinar del Rio   Une dernière danse à Pinar del Rio EmptyDim 25 Nov - 19:57


Elle avait lu un jour dans un magasine de filles, seule source de lecture digne à ses yeux, que chaque être humain avait un sosie à quelque part dans le monde. Graziella était bien incapable de calculer la probabilité que ce double physique, si tant est qu'il existât, se trouvait à cet instant sur la même île qu'elle, la même ville et mieux encore, la même rue. Mais même si les mathématiques n'avaient jamais été son point fort, elle était certaine que les chances étaient quasi nulles. Si on ajoutait maintenant à l'équation que le jeune homme, ressemblant comme deux gouttes d'eau à son ex petit ami, était habillé comme ce dernier, se tenait de la même façon et avait fait signe, précisément à elle avec le même sourire, il y avait de quoi douter... de sa propre lucidité.

Elle en aurait le coeur net se répétait-elle à mesure qu'elle s'enfonçait en terrain inconnu. Son coeur était prêt à rompre, pas d'avoir courru mais de sentiments partagés. Elle savait bien que c'était impossible, qu'elle avait vu pour la dernière fois ce regard-là sombrer dans des flammes infernales; personne n'aurait pu survivre à ça. Mais l'appel était irrésistible et dans cette culture imprimée d'ancestrales superstitions mêlées de croyances, le doute était permis, les miracles aussi.

Interloquée, elle arrêta sa course, ses escarpins soulevant un petit nuage de poussière au sol. La rumeur s'était éloignée, elle regarda autour d'elle mal à l'aise, les traits inquiets. Elle n'avait rien à faire là.

Brusquement elle l'entendit. Son sang ne fit qu'un tour. Elle poussa un cri qu'elle étouffa en posant sa main sur sa bouche déformée par la peur. Se retournant trop vite en direction de la voix, elle prit appui sur le mur crasseux pour ne pas tomber.

*No no no... es imposible... qu'est-ce que c'est que ça?!*

Elle entendit un bruit étrange puis à nouveau la voix mais jamais personne derrière, juste cette voix effroyable qui lui rappelait son crime. Ca n'avait rien d'un miracle, c'était un cauchemar. Plaquant ses mains contre ses oreilles, elle se mit à hurler:

"Arrête! Fernandooo! Non.... Arrête!"

Quand elle rouvrit ses yeux, le silence était revenu, opaque et pesant. Le visage terrorisé, les joues mouillées de larmes. Elle jeta un bref coup d'oeil autour d'elle et se mit à courir vers où elle était arrivé. Les mathématiques, c'était pas son truc, mais elle savait que ça, ça n'était ni Fernando ni un simple sosie.
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