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 Croches et anicroches

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Roxie Lennox

Roxie Lennox


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MessageSujet: Croches et anicroches   Croches et anicroches EmptyLun 11 Oct - 17:22

C'était une journée d'hiver comme on en voit plein, mais je m'en souviens comme si c'était hier. Je préparais la salle de classe pour mon prochain cours. J'avais encore une demi-heure devant moi, mais lorsque je rangeais les instruments, j'avais toujours la fâcheuse habitude de laisser mes doigts parler pour moi. Il m'arrivait de jouer de l'un d'entre eux, juste comme ça, quelques notes soufflées dans l'air comme une bouffée de cigarette coupable. Mais c'est un son tout autre qui retentit dans ma salle de classe ce jour-là. Non pas l'enchaînement mélodieux de notes de musique, mais le "toc toc" désagréable de phalanges juvéniles et nerveuses sur le verre de la porte vitrée.
Je me retournais pour voir le minois angélique d'une adolescente qui m'était inconnue. Et vu les effectifs plutôt réduits du Conservatoire, le directeur était censé se souvenir de tous ses élèves. J'ouvris la porte.

— B'jour. Vous êtes bien m'sieur Lipovski ? demanda-t-elle.
— Oui, c'est moi. Je peux faire quelque chose pour toi ?
— Ah ben puisque vous proposez, j'veux bien que vous me preniez dans votre école.

Pendant une seconde, je la dévisageai, interdit. Elle était vêtue d'étrange manière comparée aux élèves que j'avais l'habitude de voir. Mais s'il était hors de question de la juger sur son apparence (je n'avais pas reçu un prix de la ville pour mon travail de médiation musicale avec les quartiers difficiles de Chicago en 2044 pour rien), je pouvais tout de même réprouver ses manières.

— Eh bien jeune fille, pour les inscriptions, ça ne se passe pas comme ça. On prend rendez-vous à l'avance. Demande à tes parents d'appeler le secrétariat et nous fixerons…
— Mes parents sont pas à Chicago, y a que moi. Et je savais même pas qu'il y avait un Conservatoire, en fait. Je suis passée devant et je me suis dit que j'allais venir voir.

Très flatteur. Alors que je réfléchissais à quoi lui répondre, elle s'invita dans la salle de classe et alla d'un instrument à l'autre avec enthousiasme. Je soupirais.

— Bon… Puisque tu es là… concédai-je finalement. Il me reste une petite demi-heure avant mon prochain cours. Tu as ramené ton dossier scolaire, au moins ?

Légèrement moins enjouée, elle opina du bonnet et me tendit une chemise cartonnée assez épaisse sortie de son sac.
J'approchai une chaise pour elle devant mon bureau et m'installai de l'autre côté pour lire le dossier. Primaire prometteuse et bien notée par ses professeurs. Je survolai cette partie rapidement, ciblant les informations essentielles. Ce n'est qu'en arrivant à ses années de secondaire que je levai le pied. Les notes de la jeune fille avaient sensiblement baissé dans les matières générales. Je relevai tout de même qu'elle s'était fortement engagée dans des activités extrascolaires et qu'elle avait monté un groupe avec d'autres élèves.

— Si tu me parlais un peu de ton groupe. Les… euh les Misfeats, c'est ça ? lui demandai-je.
— Oh, c'était du temps des momies, ça… répondit-elle évasivement.
— Deux ans, c'est pas si loin… rétorquai-je.
— Ben, il s'est passé tellement de trucs depuis que ça me paraît super loin.
— Ecoute, c'est là que tu as les meilleures appréciations de ton bulletin, si tu n'as pas envie d'en parler, je ne vois pas bien ce que tu espères de cet entretien.

Sa mine enjouée se renfrogna. Elle avait l'air particulièrement tendue, comme si elle cherchait à se contenir. De quoi, je l'ignorais.

— Ben, je chantais dans un groupe, je jouais aussi un peu. C'était pas vraiment le genre de trucs que vous devez jouer dans le coin.
— Détrompe-toi, tous les styles musicaux sont mis à l'honneur ici. Une fois que les élèves ont les bases académiques, nous les aidons à s'orienter dans le style qui leur convient le mieux. Vous jouez toujours ?
— Nan, on a arrêté de se voir.
— Ah ? Pourquoi ça ? Des conflits de personnalité, peut-être ? demandai-je, alors que mes yeux rencontraient certains commentaires des professeurs au sujet de sa nature caractérielle.
— Nan ! se récria-t-elle vivement, ce qui me fit lever le nez de son dossier.

Elle sembla réfléchir à sa réponse quelques instants, puis répondit :

— Comme je vous disais, il s'est passé plein de trucs. Et puis j'ai déménagé et ma mère m'a collée en pension, alors…
— Ah, je vois, répondis-je poliment pour calmer le jeu.

La pension, fantastique. Son dossier, c'était un peu la descente aux enfers. Plus j'avançai, moins les faits plaidaient en sa faveur. Qui voudrait d'une élève aussi turbulente ? Si j'avais opté pour le Conservatoire, ce n'était pas pour faire la police comme un vulgaire surveillant de lycée public. Je tournai quelques pages et arrivai sur le rapport de l'établissement privé dans lequel l'adolescente avait été placée par sa mère. Je ne pus m'empêcher de remarquer que la date était très récente ; elle n'y était pas même restée un mois. Elle avait sûrement dû être renvoyée, c'était l'explication la plus probable au vu de son parcours scolaire chaotique.

« Rapport disciplinaire : Lennox, Roxane.
Conseillère d'éducation responsable : Mlle Dolores Nichols.

Croches et anicroches Sanstitre1zcw

Elève vraisemblablement livrée à elle-même au domicile parental, Lennox a de graves lacunes en termes d'éducation et de politesse. Elle s'adresse à tout un chacun comme à ses camarades de classe et respecte difficilement l'autorité. A plusieurs reprises, différents professeurs l'ont renvoyée de cours pour son attitude désinvolte, son inattention constante ou ses bavardages incessants avec ses petites camarades, qui subissent sa mauvaise influence.
Elle aurait également été surprise à dégrader la propriété de l'établissement : elle a brisé tous les miroirs de la salle d'eau du premier étage en présence d'autres pensionnaires. Ses intentions restent floues, mais il est possible qu'elle ait tenté de blesser ses camarades… »


— Hum… C'est quoi cette histoire de miroirs cassés dans la salle de bain du pensionnat ? demandai-je d'une voix incertaine, interloqué par de telles démonstrations de violence de la part d'une jeune fille, qui, hormis son expression revêche, pourrait passer pour un ange.
— Ah ça, c'est rien, rien du tout. Faut pas croire ce que Nichols peut raconter, elle a jamais voulu m'écouter, me répondit-elle en haussant les épaules.
— Ah, mais moi je suis tout ouïe. Tu aurais voulu agresser tes camarades, c'est tout de même pas rien.
— C'est elles qui ont commencé ! s'exclama la jeune fille en plaquant sa main sur mon bureau. Ces petites pisseuses sont venues me faire suer dans la salle de bains parce que j'avais embrassé Lizzie Rothberg. Elles ont fait leurs saintes nitouches, mais elles étaient toutes jalouses en fait. Les miroirs… c'était juste un accident, mais Nichols était trop contente de pouvoir me punir pour un truc.
— L-Lizzie ? Tu as embrassé une fille du pensionnat ?
L'expression de la jeune fille se dégagea. Elle esquissa un sourire nostalgique, comme si elle repensait à un souvenir de jeunesse.
— Ca ouais… Ca doit sûrement être écrit quelque part là-dedans, ajouta-t-elle avec un geste vague de la main vers son dossier scolaire.

Je tournai la page. Effectivement, l'affaire Lizzie était répertoriée.

« … Le surveillant Marcus Brown a surpris Lennox et Rothberg dans le local d'entretien pendant les heures de cours. Les deux jeunes filles étaient en train de s'embrasser. Compte tenu de l'excellent carnet de notes et des antécédents sans tache de Rothberg, il semble évident que Lennox est responsable de son comportement inapproprié et de son absence injustifiée à son cours de mathématiques. Sans sa mauvaise influence, il est clair que la capitaine du club de musique ne se serait jamais livrée à des pratiques déviantes. J'ai donc laissé à Rothberg une chance de se racheter ; je ne préviendrai ses parents de sa conduite que si nous perdons le concours régional des musiciens en herbe, concours auquel j'ai interdit à Lennox de participer afin d'éviter tout préjudice à l'image de notre école… »

— Et tu as été interdite de concours de musique ? Avec ton profil musical, c'est quand même dommage.
— Ouais, j'vous le fais pas dire. Nichols m'a rembarrée direct en voyant la partition que je proposais de jouer.
— Tu veux dire que c'était avant… l'incident avec Lizzie ?
— Ouais, environ une semaine avant. C'est pendant les répèts que Lizzie et moi on est devenues proches. Elle était calée en violon. On voulait jouer ensemble un vieux carton de U2, Hold me, thrill me, kiss me, kill me. Mais non, les paroles plaisaient pas à la mère Nichols… Au final, Lizzie s'est retrouvée toute seule à jouer un truc classique vu et revu. Enfin, entendu et re-entendu. Au moins, je me console en me disant qu'ils ont perdu le concours.

Je replongeai dans le dossier sans fond de la jeune fille. Une note médicale y était insérée.

« Admission à l'infirmerie. Motif : indéterminé.
Roxane Lennox a été emmenée à l'infirmerie par une Lizzie Rothberg catastrophée après les cours. Sa peau était parcourue de fines veinules violacées. Quand j'ai demandé ce qui s'était passé, les deux filles m'ont assuré qu'il ne s'était rien passé de notable, mais je soupçonne aux regards qu'elles se sont échangés qu'elles m'ont menti. Toujours est-il que les veines se sont résorbées au bout de quelques minutes. Je préconise néanmoins que des examens plus poussés lui soient faits dès que possible pour prévenir tout risque d'AVC.
Mme Xiao »


— Tu es épileptique ? Non pas que ça puisse compromettre ton inscription dans une école, bien sûr…

Son dossier s'en chargeait très bien pour elle.

— Mais disons que c'est le genre de chose qu'on aime bien savoir pour prévoir les structures adaptées, vois-tu.

La jeune fille remua un peu sur son siège.

— Non non, je vais impec. Ca devait être qu'un petit coup de chaud. Mme Xiao est du genre à se faire une montagne pour une écharde, ajouta-t-elle en appuyant ses paroles de vigoureux hochements de tête.

Je repris ma lecture en diagonale. J'approchais de la fin du rapport.

« … a également déclenché une bagarre dans le réfectoire. Connie Williams a reçu un coup de plateau repas au visage, ce qui lui a cassé une incisive. De tels incidents, et en si peu de temps sont intolérables. Je convoquerai le conseil disciplinaire dès la semaine prochaine pour statuer sur le cas de Lennox. Les parents de la petite Connie Williams réclament que des mesures soient prises, et elles le seront. »

— Et pour la bagarre à la cantine, j'imagine que c'était encore la faute de quelqu'un d'autre ? demandai-je, presque amusé.
— Ah mais totalement ! J'vois que vous êtes pas comme les autres, vous vous me comprenez, m'sieur.
— Les autres ?
— J'ai fait quatre autres bahuts aujourd'hui, répondit-elle avec une mine désabusée.

Malgré tout ce que je pouvais lire, les incidents à répétition qui semblaient suivre cette ado instable à la trace, je ne pouvais nier qu'elle m'était sympathique. Comme un chaton abandonné à la SPA.

— Alors, que s'est-il passé dans ce réfectoire ? demandai-je en posant mes mains, doigts entrelacés, par-dessus son dossier que je venais de refermer.
— Ben euh…

Maintenant que je lui demandais, elle semblait à cours d'explications. Puis elle reprit la parole.

— En fait, la bande à Connie Williams, elle me traitait genre de malade, vous voyez ? D'épileptique, comme vous avez dit. Elles disaient que j'avais pas ma place dans leur pension de bourgeoises. Bon, sur ce point, elles avaient raison. Faut dire, les parents de Connie sont les plus gros donateurs de l'école. Tout ça parce que j'avais eu un coup de pression quand elles m'ont gavée dans les salles de douches. C'est pas bien de se moquer des handicapés, pas vrai ?
— O-Oui, effectivement.
— Eh ben c'est pareil pour les m… alades. Donc je me suis défendue. Après j'ai jamais dit que j'étais une pro avec mon plateau repas…
— Ecoute, je vais être honnête avec toi : ton dossier ne joue pas en ta faveur, quatre autres établissements t'ont claqué la porte au nez aujourd'hui, tu postules au Conservatoire par un hasard total et mon prochain cours commence dans cinq minutes. J'ai de nombreux candidats au dossier impeccable, qui prennent rendez-vous avec leurs parents et sont motivés pour entrer au Conservatoire de Chicago. Donne-moi quelque chose pour étayer ta candidature. Pourquoi te prendrai-je toi et pas une autre ?

La jeune fille resta silencieuse quelques instants, puis se leva. Je crus qu'elle allait sortir, vexée de ma franchise peut-être, mais au lieu de ça, elle retira son sac et sa veste, puis fit quelques pas devant les instruments de musique dans la salle, avant de jeter son dévolu sur une guitare. Elle passa la bandoulière sur son épaule, fit quelques réglages et se mit à jouer et chanter. Outre sa maîtrise poussée de l'instrument en lui-même, c'est sa voix qui attira tout particulièrement mon attention. Elle était extrêmement puissante pour un petit bout de fille comme elle, et couvrait une plage très large d'octaves avec des transitions naturelles. Et quel coffre. C'était pas croyable. Si subjugué que j'étais par son talent, je ne remarquai qu'à la fin de sa démonstration que des veines ressortaient sur sa peau.
Lorsqu'elle cessa de jouer, elles se résorbèrent d'elles-mêmes. La mélomane récupéra ses affaires à mon bureau et s'apprêta à passer la porte, derrière laquelle mes élèves commençaient à s'amasser.

— A-Attends, fis-je, sortant de mon hébétude.

Elle se retourna, la main sur la poignée. Elle était certes étrange, indisciplinée et quelque chose de plus que je soupçonnais dans les désordres physiques qu'elle subissait, mais c'était somme toutes le propre des génies. Je ne pouvais pas laisser filer un tel potentiel. Je me précipitai vers mon bureau et griffonnai un message sur une feuille volante.
Je lui tendis le bout de papier.

— Tiens, donne-ça au secrétariat et remplis la paperasse.

Elle fixa ma note avec incrédulité, puis afficha un sourire bon enfant et ouvrit la porte.

— Ne me déçois pas, Roxane.

Elle sourit de plus belle, avec malice cette fois.

— Roxie, corrigea-t-elle, avant de disparaître dans le couloir.
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