Attila Ebdartàn

Châtain aux yeux bleus, Attila est une personne de petite taille, assez mince et au profil très effilé. Sa taille, qui autrefois fut une des causes de sa marginalité, est devenue, lors de sa vie d’adulte, un véritable atout avec lequel il arrive à jouer. Son visage possède des traits fins, presque enfantins, et ses yeux rayonnent d’une innocence dont il faut se méfier. Comme de nombreux Hongrois, sa peau est blanche, en hiver très pâle, et sujette à de nombreuses insolations l’été.
Lorsqu’il marche, son regard fixe toujours devant lui, ses mains traînent imbécilement le long de son corps et son rythme, presque travaillé, est d’une lenteur irritante. Son corps est parsemé de tatouages tribaux. Il regrette toutes les taches d’encres qui souillent son corps, mais conserve, pour le moment, ces dessins dénués de symboliques car ils lui donnent un certain succès auprès des femmes.

Attila est une personne d’une hypersensibilité parfois malheureuse qui l’entraîne dans des comportements extrêmes et irrationnels. Toutes démarches entreprises l’emmènent dans ces contrées incongrues où la demi mesure ne semble pas être une alternative. Par exemple, en amitié, il sera capable de tous les sacrifices nécessaires pour apporter l’aide demandée, mais, en cas de brouille, son esprit vindicatif le pousse de manière incoercible aux pires bassesses de l’âme humaine.

Cultivé, il a un goût prononcé pour la littérature qu’il étudie à la Faculté des Lettres de Budapest. Son plus gros défaut, dont il n’ignore pas l’origine, est son penchant pour le vol à la tire. La montée d’adrénaline qui résulte d’une main habile s’emparant d’un portefeuille suffit à égayer ses journées. Son penchant pour la boisson l’oblige souvent à cuver sa bière dans son lit, durant de nombreuses heures, où, inerte, il médite sur les maux de son époque et s’enferme dans une dépression injustifiée. En tant que créature sociale, il se débrouille bien. Le jeune homme possède de nombreux amis, avec lesquels il explore les méandres de la débauche et les joies d’un quotidien rocambolesque.

Attila est né en 2023, dans la région du Tokaji, en Hongrie. Ses parents, de conditions modestes, tenaient un petit restaurant moderne et sans prétention qui faisait office de lieu de rassemblement pour la jeunesse du village. Le couple coulait des jours heureux, fades et redondants. Lorsque Attila vint au monde, les rumeurs sur la réapparition des mutants commençaient à se faire entendre. Le village, bien loin de toutes ces préoccupations, ne se doutait pas de l’incident qui allait, dans quelques années, survenir.
Attila commença ses études scolaires dans l’école attenante à sa maison. Sa condition chétive et son tempérament taciturne incitèrent ses camarades à l’humilier régulièrement. Pour pallier ce quotidien difficile, le garçon se réfugia dans les livres et s’intéressa aux romans d’aventures. Sa mère fut d’un grand secours dans ces moments de détresse, mais le père, plus distant avec l’enfant, estimait que ces jeux violents étaient fréquents chez les gamins. À douze ans, il entra au collège et ses parents, lassés de le voir martyrisé, le placèrent, avec son accord, dans un pensionnat. L’intégration se fit plus facilement, et Attila connu un début d’adolescence dépourvu de sévices. Lors des vacances scolaires, ses parents l’emmenèrent dans une ferme avoisinante pour savourer, en famille, les joies de la campagne. L’incident surprit tout le monde. Alors qu’ils regardaient ensemble les vaches paître, Attila s’approcha de l’une d’elles dans l’espoir de la caresser. La pauvre créature s’envola à une vitesse fulgurante et alla s’écraser sur la place centrale du village. Le cadavre ensanglanté, d’où s’extirpaient les immondes boyaux, décorait le parvis de l’église d’une immonde vision. Les habitants, incapables d’expliquer la chute vertigineuse d’un bovin dépourvu d’ailes, et conscients de la récente réapparition des mutants, soupçonnèrent logiquement la présence de l’un d’eux dans leur bourgade. Une chasse aux sorcières commença, et tous se soupçonnèrent mutuellement.

Cette nuit-là, les parents d’Attila se disputèrent. La mère, en larmes, tentait d’expliquer à son mari son ancienne infidélité. Le garçon, réveillé par les cris, écoutait à la porte de la chambre. Des phrases malheureuses résonnèrent dans son oreille : « Je l’ai élevé comme le mien, comme mon sang. Mais toi, pauvre catin, il a fallu que tu te fasses engrosser par un monstre ! » Trop jeune pour comprendre le sens de ces mots, Attila retourna se coucher, triste de vois ainsi ses parents disputer, mais heureux d’avoir vu une vache voler.

Les parents l’envoyèrent chez sa vieille tante, Mathilda, ancienne chanteuse dans un cabaret, qui vivait à Budapest. Elle parvint à le sensibiliser à la musique et Attila apprit à jouer de la guitare. Sa mère venait régulièrement le voir, mais son père, « trop pris par les affaires », refusait toute proximité avec l’enfant. Mathida, qui était dans la confidence des pouvoirs de son neveu, l’encouragea à utiliser ses dons. Ensemble, ils apprirent à maîtriser ce pouvoir télékinésique qui devint rapidement un automatisme. À dix huit ans, Attila rentra à la Faculté. Les problèmes financiers de sa tante, et le coût nécessaire pour ses études, l’obligèrent, depuis les deux dernières années, à développer ses dons de pickpockets. Il utilise d’ailleurs, pour les cas difficiles, son pouvoir pour faciliter son forfait.

À 21 ans, il obtint son diplôme et, connaissant grâce aux informations cette organisation mutante, connue sous le nom des pères fondateurs, dont les actions terroristes bouleversent les Etats-Unis, et subodorant les tensions à venir, il décide d’entreprendre les préparatifs pour s’installer en Russie. Un an plus tard, il s’apprête à partir.