Aéroport d'Oslo - velkommen !

Andréa avait insisté pour que personne ne l'accompagne à l'aéroport. Quitter ses proches était beaucoup plus dur qu'elle ne se l'était imaginée. Elle voulait à tout prix éviter les adieux larmoyant et surtout, très gênants. Tout c'était donc passé le matin même. Très simplement avec ses parents. Comme d'habitude la bise et une étreinte, même si les yeux humides trahissait pour une rare fois leur vive émotion. En revanche, si la jeune fille garda également ses sanglots pour elle devant les parents de Madi, eux ne se retinrent pas pour démontrer leur tristesse. Ce qui conforta Andréa dans son choix de se rendre à l'aéroport seule.

Durant une bonne partie du voyage, le noeud qui lui serrait la gorge semblait vouloir à tout instant éclater. Elle n'allait pas revoir sa famille et ses amis pendant un bon moment et leur absence commençait déjà à lui peser. Elle était même étonnée d'en être aussi affectée. Mais cette tristesse était aussi là parce qu'elle se voyait contrainte de fuir son propre pays. On lui avait fait comprendre à plusieurs reprise qu'elle n'était pas à sa place, même chez elle.

Toutefois ce malaise s'estompa peu à peu, à mesure que l'avion se rapprochait de sa destination. A présent, Andréa devait se concentrer sur ce qu'elle allait devoir faire une fois arriver à bon port. Elle avait réellement l'impression de partir à l'aventure. Mais c'était surtout une chance de commencer à zéro, dans un endroit où on l'accepterais telle qu'elle était, sans tenir compte de l'anomalie d'un de ses gênes.

En sortant de l'avion, Andréa était plutôt contente de se dégourdir les jambes. Absolument pas pressée, elle laissa passer la foule qui se précipitait pour récupérer ses valises, ce qui lui permit de faire un résumé rapide des étapes par lesquelles elle allait devoir passer : récupération de valise, trouver un moyen de locomotion pour se rendre à l'auberge de jeunesse dans laquelle elle avait réservé une chambre, évidemment seule. Il y aurait certainement un peu de paperasse à faire, quelques courses pour ne pas mourir de faim, trouver de la documentation pour ne pas se sentir complètement perdue dans la capitale Norvégienne et découvrir les environs, notamment les lieux où elle avait rendez vous pour des entretiens d'embauches.

Le tapis roulant s'était enfin vidé de ses valises. Seules quelques unes continuaient à tourner. Andréa récupéra la sienne et se dirigea vers la sortie de l'aéroport. Elle retrouva toute la foule qu'elle avait laissé passé devant elle à la sortie de l'avion et qui se battait pour avoir un taxi. Les navettes faisant la liaison entre l'aéroport et la ville étant littéralement prise d'assaut il n'y avait plus aucune place. Il allait falloir qu'elle se résout à lever à son tour le bras pour pouvoir coincer un chauffeur.

La Canadienne dut tendre le bras une bonne quinzaine de minutes avant de réussir à trouver un taxi. Durant le voyage, qui dura vingt minutes, Andréa put apprécier le paysage verdoyant, qui n'était pas si différent de celui qu'elle avait l'habitude de voir dans son pays d'origine. La température n'était également pas en reste en cette période de l'année.

L'auberge de jeunesse était un pavillon discret niché dans un îlot de verdure.


Après avoir payé la course du chauffeur, Andréa put entrer dans le hall, où elle fut reçue par le réceptionniste de garde, un jeune homme bien bâti, aux cheveux longs et blonds, et à la barbe coiffée.


"Ah, salut." dit-il en anglais en cochant une case dans son registre des admissions. Il s'occupa des formalités, prit une clé sous son comptoir et mena Andréa à sa chambre. L'établissement était propre, moderne et lumineux. Dans les couloirs, la jeune fille nota néanmoins une grande agitation, trouvant son épicentre sur le seuil d'un des dortoirs. Un groupe mixte de cinq jeunes s'invectivaient dans une langue qu'Andréa ne comprit pas. A l'intérieur du dortoir, plusieurs autres jeunes semblaient fouiller la pièce, comme à la recherche de quelque chose.
Le réceptionniste continua son chemin jusqu'au bout du couloir, et reprit la parole, légèrement gêné :

"Au fait, hum... Y a eu un petit souci avec votre résa. Je sais pas bien comment ça s'est produit, mais ma collègue vous a mise dans une chambre double... J'étais pourtant certain de vous avoir réservé une chambre simple. Malheureusement, on a plus de chambres simples, maintenant... J'espère que ça vous ennuie pas trop." expliqua-t-il en se lissant la barbe.

"Votre compagnon de chambrée doit avoir dans les trente balais, je pense pas qu'il vous enquiquinnera. C'est pas comme ces zozos, là-bas." dit-il avec un soupir en direction du dortoir devant lequel ils étaient passés.

Il tendit la clé à Andréa, frappa à la porte et ouvrit pour la laisser entrer. Il laissa alors la jeune femme sur le fait accompli et alla s'enquérir des agitateurs du couloir un peu plus loin.

Comme le reste de l'auberge, la chambre était propre et meublée de façon confortable. Elle disposait de deux lits séparés de part et d'autre de la pièce, de deux commodes et le nécessaire d'usage. Un homme d'une trentaine d'années était allongé, bras croisés derrière la tête sur le lit. Brun, le visage anguleux, il était vêtu de façon décontractée et portait un anneau à l'oreille. Il se contenta d'ouvrir les yeux à l'arrivée d'Andréa.

Après s'être presque jetée sur la banquette arrière du taxi pour bien faire comprendre à tout le monde que c'était à présent le sien, Andréa put relâcher ses nerfs quelques peu chiffonnés par cette attente. Le trajet fut assez court, mais il lui permit de voir que les paysages de la Norvège et le climat ne différaient pas spécialement des paysages du Canada. C'était aussi pour ça, qu'elle s'était décidée pour ce pays. Le changement ne serait pas trop radicale.

La jeune fille fut également soulagée de s'apercevoir que l'auberge de jeunesse était aussi sympathique qu'elle semblait l'être sur les photos. Ça faisait partie de ses petites appréhensions. Elle avait fait son choix et ses réservations à distance et n'avait pu se baser uniquement sur les descriptifs et les photographies des lieux. Mais rien ne lui avait garanti qu'elle n'allait pas se retrouver dans un taudis.

Et pour se mettre immédiatement dans l'ambiance, elle se retrouva devant le réceptionniste aux allures de vikings. Amusant. Trainant sa grosse valise derrière elle, Andréa se laissa guider par le scandinave dans les couloirs de l'auberge. Ce qui lui donna un premier aperçu de ses voisins et de l'ambiance plutôt agité. Même trop agité au goût de la mutante. Elle jetait des regards dans les pièces devant lesquelles ils passaient et évita soigneusement de s'approcher de trop des gueulards non sans les avoir observé avec insistance.

Heureusement, sa chambre se trouvait au fond du couloir, un endroit un peu plus calme. Andréa ne voulait pas faire un jugement trop hâtif sur son voisinage, mais elle devait bien avouer que sa première impression était assez modérée. Alors le visage plutôt ouvert qu'elle avait exhibé jusqu'ici était à présent beaucoup plus fermé. Jusqu'à ce que le réceptionniste lui explique tout gêné qu'elle ne sera pas seule dans la chambre, comme elle l'avait bien précisé.

Andréa le fixa un instant avant de soupirer ostensiblement.

"Si, ça m'ennuie."

Elle arracha presque les clés des mains du viking. Là, tout de suite, elle n'avait pas le choix, alors elle s'en accommoderait pour cette nuit. Ou pas. Elle fit un ou deux pas dans la chambre. Un regard rapide sur le mobilier aussi impeccable que le reste de la bâtisse. C'était juste le gaillard allongé sur l'un des lits qui faisait tâche.

"Mais ... En plus vous avez le culot de me mettre avec un mec ! Vous aviez dit un petit soucis !" Lança Andréa qui n'avait toujours pas tilté que ce compagnon de chambré était un homme. Ça lui avait paru tellement évident que les chambres n'étaient pas mixtes ...

Le réceptionniste s'était déjà carapaté, s'attendant certainement à quelques critiques. Elle reposa son regard sur l'homme. Elle devait tout de même bien reconnaître qu'il ne paraissait pas aussi excité que les personnes qu'elle avait pu croiser jusqu'ici.

"Pas de fausse joie, je n'ai pas l'intention de rester." Annonça-t-elle, très calmement.

Il était hors de question qu'elle laisse un type qu'elle ne connaissait pas, bien plus âgé qu'elle, rester dans la pièce dans laquelle elle était sensée dormir. Ça pouvait tout à fait être un gentil garçon, comme un vrai tordu.

[Hrp : pense à lier ta présentation de perso à ta signature et indiquer l'âge de ton perso dans ton profil. Merci !]

Contrairement aux apparences, Walentyn ne dormait pas, sans quoi l'irruption de la jeune femme l'aurait probablement réveillé en sursaut. Et de mauvais poil. Il y avait bien trop d'agitation dans l'auberge pour fermer l'oeil, de toute façon. Du coup, le télépathe s'était tenu au parfum à distance, tranquillement et confortablement installé dans la chambre.

Lorsqu'Andréa pénétra dans la pièce, il rouvrit les yeux et jeta un oeil à sa montre ; il n'était certes pas aussi bien équipé qu'Emily avec son organizer, mais il n'avait jusqu'ici manqué aucun des rendez-vous fixés par les prédictions empruntées de Lily-Rose. A première vue, sa cible n'appréciait guère sa compagnie. Jusqu'ici, pas de surprise, la plupart des gosses du Old School se méfiaient de lui. La bonne nouvelle, c'est qu'elle semblait pressée de mettre les bouts, ce qui arrangeait plutôt ses affaires.

Il se hissa sur le coude, plia l'une de ses jambes et esquissa un sourire rusé.

"Tant mieux, ça me va très bien." répondit-il avec légèreté. Depuis le couloir, des éclats de voix leur parvenaient toujours.

Andréa fixa un instant l'homme qui abondait dans son sens. Ni l'un ni l'autre ne voulait avoir quelqu'un dans sa chambre. En tout cas, lui, ne voulait pas d'elle. La jeune fille se tut quelques instants, attendant que, peut être, il lui propose de se débrouiller pour trouver lui même un autre endroit pour poser ses maigres affaires. Mais rien ne vint, juste un sourire qui fit levé un sourcil perplexe à Andréa. Et la position qu'il venait d'adopter signifiait assez clairement qu'il était bien où il était et qu'il n'avait pas l'intention de bouger ses fesses.

"Bien."

La canadienne dégagea sa valise de l'entrée pour la caler dans un coin de la pièce et posa son sac à main sur le bureau. Quelle solution avait-elle ? Faire un scandale en réclamant une chambre seule, faire un scandale pour avoir une chambre avec au moins une nana, faire un scandale pour changer de chambre quitte à se retrouver dans un dortoir de cinq lits ou encore sortir le gus de cette chambre a grands coups de pompes ? Étant donné qu'elle n'allait pas se risquer à cette dernière solution et que les scandales, ce n'était pas son truc, elle irait voir le réceptionniste et lui demanderait calmement de trouver une solution.

Elle se dirigea donc vers le couloir avant de faire demi tour, prendre son sac à main, sait-on jamais et reparti à l'assaut, d'un pas décidé.
Dans le couloir, il y avait toujours autant de vacarme, le réceptionniste au milieu. Tout ce qui pouvait être trop bruyant ne la mettait pas spécialement à son aise. Alors Andréa s'approcha presque avec méfiance du groupe.

"Ahem ..." Tenta-t-elle discrètement en premier, à proximité du scandinave.

Avec le bruit ambiant, elle doutait fortement s'être faite entendre. Le barouf que faisait le groupe ne semblait pas vouloir se calmer et semblait encore plus sonore puisqu'il n'était pas dans une langue qu'Andréa comprenait. Avoir une discussion n'allait pas être facile tant que le problème qui causait autant d'éclats de voix ne serait pas réglé. Elle ne voyait pas d'autres solutions que de s'en mêler. La voix de la mutante pouvait porter loin, elle le savait et c'est presque sans forcer qu'elle attira l'attention sur elle.

"On peut savoir ce qu'il se passe, à la fin ?" Demanda-t-elle les bras croisés sur la poitrine et les sourcils froncés.

Le réceptionniste sembla d'autant plus gêné lorsqu'Andréa posa sa question. C'est l'un des jeunes qui répondit à la jeune femme à sa place. Il s'agissait d'un jeune homme d'environ le même âge que la Canadienne, au look "baroudeur négligé".


"Ma copine et moi on s'est fait chourrer notre blé, voilà ce qu'il y a." répondit-il en anglais avec humeur. D'un signe de main, il désigna l'une des jeunes filles qui mettait le dortoir sens dessus dessous. Elle avait le visage en larmes et semblait très nerveuse.


"C'était tout ce qui nous restait pour finir notre tour des pays scandinaves, et ce connard a bien intérêt à nous rendre notre fric !" poursuivit-il avec un signe de menton pour désigner l'un des autres garçons du groupe, un type d'environ le même âge mais vraisemblablement des îles, qui s'avança aussitôt pour empoigner son accusateur par le colbac.


"Tu cherches vraiment le contact, petit merdeux !" lacha-t-il, alors que le réceptionniste s'interposait tant bien que mal entre les deux jeunes coqs.