Les blocages psychologiques: le cas Ryo

"Tu pourrais voir ça avec Lorenzo, non? Après tout c'est le job des profs de nous aider à comprendre et exploiter nos pouvoirs. Autant s'en servir maintenant qu'on le peut enfin!"

Voila ce qu'avait dis Eden. Et lui avait répondu un truc genre "plus tard." Une pure esquive qui lui donnerait le temps de... Et bien de se remettre de ses émotions on pouvait dire.
Malheureusement, ce temps il ne l'avait plus. Une convocation avait était envoyée, leur donnant rendez-vous pour une cession d'entrainement le lendemain de son problème... La poisse! Pire que de la poisse en faite. Il avait tourné et retourné le problème dans tout les sens le soir et dans son lit, pour esquiver l'entrainement. Ne pas venir avait semblé le plus simple, mais c'était forcément déplacer le problème et surtout s'en rajouter un autre plus tard quand Lorenzo lui tomberait dessus à bras raccourci. Prétexter la maladie avec un médecin n'était pas spécialement indiqué non plus. Il ne lui restait pas beaucoup de solution.

La nuit et le sommeil firent leur œuvre et son cerveau travailla pour lui fournir toutes les possibilités avec leur réponse: la moins pire étant ce qu'avait suggérée sa petite amie (ça lui faisait bizarre de dire ça!).
Il était presque sur que Lorenzo la jouerait secret professionnel. Ensuite en tant qu'instigateur de l'entrainement, il avait certainement pouvoir le déplacer et de le dispenser. Toutes les autres solutions qu'il avait envisagé étaient soit trop extrêmes (se casser quelque chose, sans compter qu'avec le pouvoir du prof ça ne serait pas un soucis longtemps), soit lui créerait des ennuis plus tard.
La solution retenue avait le mérite de ne mettre qu'une personne supplémentaire au courant et lui assurer un résultat. Du moins le pensait il.




Après avoir demandé une entrevue avec son référent, il reçu une réponse de le rejoindre à la salle des dangers. Logique, il devait préparer leur petit cour particulier du soir.

Il se présenta au sas et après présentation, Lorenzo le laissa entrer et le rejoignit dans le vestiaire. Damned, lui qui espérait pouvoir jeter un oeil par dessus l'épaule du Florentin pour avoir une idée de ce qui les attendait plus tard...

Debout face à face il régna un silence pesant où le Japonais hésitant se demandait s'il l'emmener ailleurs (et surtout pour ne pas avoir à parler trop vite).
Quand il fut évident qu'ils allaient rester là, Ryo se demanda par où commencer. Sa demande ne disait que "J'ai un problème urgent, il faut que je vous parler avant l'entrainement de ce soir." Ça voulait dire tout et rien... Surtout rien en faite.

"J'ai un soucis avec mon pouvoir..." Commençât il. Mauvais entrée en matière. Il allait devoir remonter tout les évènements dans le mauvais sens s'il disait juste qu'il ne pouvait pas utiliser son pouvoir. Ou alors Lorenzo allait devoir lui tirer les vers du nez, car il allait vouloir savoir avant de probablement le dispenser. Une perte de temps pas croyable. Il allait devoir se jeter à l'eau.

Soupirant il s'assit sur un banc avant de recommencer l'histoire de sa vie: "Bon, autant commencer par le commencement. J'aimerai juste que ça reste entre nous avant de continuer. C'est du personnel." Il attendit l'accord de l'Italien avant de poursuivre. Il eut une petite arrière pensée pour Eden à qui il n'avait pas tout dévoilé et qui l'aurait pourtant plus méritée que l'homme en face de lui à qui il n'avait jamais fait tant de confidence.

"Quand mon pouvoir est apparu, c'était suite à un accident. Je crois que je suis tombé quelque part et que je me suis salement cogné. Enfin y'a des choses pas clair dans cette histoire, c'était y'a longtemps, mais je crois que c'est ce qui est arrivé. Et j'ai halluciné avant qu'on me retrouve."
Il déglutit un instant, essayant de mettre en forme la suite d'une histoire qui manquait de cohérence: "J'ai rêvé d'une sorte serpent pendant toute une année. Une vipère. Je dormais mal, c'était la merde. Surtout que j'étais un gosse. Au bout de ce temps, ce... Machin à commencé à me parler. En me donnant son nom. Vous voyez ce que je veux dire." il jeta un œil plein d'ironie à Lorenzo. Tant pis s'il ne voyait pas.

"Bref, j'avais l'impression qu'on me parlait. Je passe les détails mais plus mon pouvoir à évolué, plus cette... Voix prenait corps. J'avais des impressions qu'une machin se glissait en moi quand j'utilisais mon pouvoir. C'était moche... Sauf quand j'étais agressif, individualiste, égoïste, dominateur. ça me foutait la paix dans ses moments là. Je vous laisse imaginer la pression. Alors on fait ce qu'on a à faire pour y échapper et on se forge un caractère." De merde aurait il dut ajouter.

Faisant une petite pause il poursuivit: "Mais ça s'est arrêté lors de notre tour dans l'espace. Nos amis martiens nous on guérit de nos blessures récentes en anciennes. Et je devais être blessé. J'étais un cinglé." fit il avec un sourire qui n’atteint pas ses yeux et en se toquant la tête: "Juste ça, un malade."
Il soupira, son humeur assombrit par tout un tas de vieux démons. Pratiquement toute sa vie pour ainsi dire. Ses mains s'était noués et ne cessaient de se serrer et se desserrer machinalement.

"Bref, si je vous raconte ça c'est pas pour la confidence. Hier j'ai utilisé mon pouvoir. J'ai poussé et... Disons simplement que vous devez avoir idée de ceux à quoi ressemble ma chaine. Là ça c'est métamorphosé en une vipère verdâtre. Comme dans mes rêves. Ça m'a foutu un coup et c'est là que je veux en venir."

Il leva le regard sur le prof: "J'ai pas envie d'utiliser mon pouvoir. Je sais pas si mes rêves risques pas de me reprendre. Ça et toutes les sensation associées. La voix dans la tête. Je suis pas fiable et j'ai besoin de temps pour... Disons m'entrainer dans mon coin et voir le résultat.

En somme je suis venu vous demandé de me dispenser ou de repousser l'entrainement car j'ai aucune fiabilité sur mon pouvoir ou moi et je rechigne à l'utiliser librement."

Voila il l'avait dit. Il avait réussi à tourné ça sans ajouter le mot peur là dedans... Mais la vérité c'était ça.

Assis en tailleur et affublé d'un jogging gris et d'un tee-shirt blanc, Claymore attendait désormais l'arrivée de son élève dans la salle des dangers. Il était relativement intrigué par la demande de Ryoichi mais n'avait pas refusé de l'aider. Bien au contraire, il était désormais son professeur référent et il était de son devoir de guider les élèves, particulièrement ceux sous sa tutelle. Il connaissait relativement bien le jeune Japonais, non seulement parce qu'il avait appartenu au Tequila Sunrise mais aussi parce qu'il était déjà là lorsque Lorenzo avait été libéré de la prison des Pères Fondateurs. Son problème avait l'air urgent et l'entraînement prévu semblait le préoccuper.

Détectant l'arrivée d'un organisme en approche de la salle des dangers, Lorenzo rejoignit les vestiaires où se trouvait déjà Ryoichi. Ce dernier put constater l'état de fatigue de son professeur avec des cernes très prononcées et un visage émacié. L'Italien salua aimablement son élève avant que celui-ci - manifestement préoccupé - ne se lance à l'eau. De toute évidence, son problème concernait la mutation. Un sujet que Claymore commençait à maîtriser après toutes ses investigations même s'il avait vite remarqué que la mutation était une perspective trop récente, trop riche et trop complexe pour la comprendre dans sa globalité.

Le jeune homme s'assit avant de réclamer la confidentialité de l'entretien.

"Je pense que tu connais la secret médical Ryoichi... Cet entrevue n'échappera pas à cette règle." Le rassura le Florentin, le visage grave.

Une fois cela confirmé, le Japonais expliqua le fond du problème et Lorenzo l'écouta jusqu'au bout sans l'interrompre. La demande finale n'était guère surprenante mais tout à fait compréhensible.

L'Italien adressa un pâle sourire à son étudiant et l'invita à le suivre en salle des dangers. Le décor avait déjà changé et les deux anciens Tequila Sunrise se retrouvèrent dans un dojo japonais tout à fait traditionnel :


Cet environnement n'était pas anodin. Les origines d'Ouroboros avait naturellement pesé dans le choix d'un dojo mais pas seulement : l'ambiance sereine et calme était elle aussi un facteur clé. On entendait d'ailleurs à travers les parois fines, le chant de moineaux du Japon. L'air était sec mais la température idéale.

Tout en marchant vers le centre de la salle, le médecin indiqua :

"L'entraînement prévu ne sera pas annulé et tu n'en seras pas dispensé. Bien au contraire, je trouve que c'est le moment idéal pour que tu y participes. Nous avons la chance qu'il ne s'agisse que d'un entraînement car cela pourrait être une mission sur le terrain et les risques seraient alors bien plus grands... Il serait dommageable que tu n'en profites pas. Nous sommes ce que nous sommes et tes coéquipiers, comme toi même, devront faire avec tes problèmes personnels en toutes circonstances. Mieux vaut que cela débute en salle des dangers..."

Lorenzo s'installa sur le tatamis et invita son élève à faire de même. La psychologie n'était sans doute pas le point fort de Lorenzo mais il avait déjà expérimenté différentes pathologies et côtoyé à plusieurs reprises des patients psychiatriques. Sans être calé sur le sujet, il n'était pas non plus un néophyte. Il ferait donc son possible pour aider Ryoichi avec les connaissances à sa portée, son expérience et les souvenirs de la faculté de médecine.

"L'enfance et les traumatismes, même les plus insignifiants, peuvent nous marquer à vie. C'est particulièrement vrai pour nos peurs, nos fautes et nos souffrances. Tu n'est pas le seul dans ce cas et nombre d'individus vivent avec leurs traumatismes sans réussir à les dépasser. Le tout c'est de comprendre, d'accepter et de changer la perception que l'on a de ce qui nous arrive et/ou de ce qui nous est arrivé."

Claymore désigna son crâne et poursuivit :

"Notre esprit agit de bien des façons et les liens qu'il entretient avec la mutation sont étroits. Notre don est fortement influencé par le facteur psychologique. Tu as sans doute remarqué que dans des moments de stress, la mutation pouvait être paralysée ou au contraire dopée chez l'individu... De la même façon : la joie et la peur peuvent influer sur nos pouvoirs, en bien comme en mal. Généralement, une fois le pic émotionnel achevé, la mutation revient à la normale. Néanmoins, il arrive que certaines peurs, certains problèmes perdurent et influencent durablement notre pouvoir mutant. Quand ce phénomène est associé à un évènement traumatique ou à des angoisses profondes, l'inconscient prend généralement le dessus pour préserver l'intégrité mentale. Seulement, l'inconscient n'agit pas toujours au mieux et il nous appartient de travailler sur nous-même pour rectifier ses erreurs et ainsi reprendre le contrôle total de son esprit. C'est ce que nous allons tenter de faire ensemble... Je ne te garantie pas un résultat immédiat mais ce sera un premier pas."

Lorenzo se releva tranquillement et commença à faire le tour du dojo.

"Maintenant que tu comprends un peu mieux le processus qui se joue en toi, il faut que tu dépasse tes peurs. Il va te falloir changer la perception de ton problème pour qu'il ne soit plus pour toi, un blocage psychologique mais au pire, un mauvais souvenir, au mieux, une force."

De la poche de son jogging, le professeur sortir une petite tablette, sur laquelle il pianota rapidement.

"Je pense que tu le fais déjà mais il faut te confronter complètement au problème. Nous avons la chance d'avoir à notre disposition la salle des dangers, qui permet de pallier à notre imaginaire. Je vais donc te mettre face à ton traumatisme dans un cadre serein et dans lequel toi et moi avons, un contrôle total. Je resterai avec toi tout le temps et je ferai ce qu'il faut pour t'aider... Garde à l'esprit que tu ne risques absolument rien."

Lorenzo se rapprocha de son étudiant pour lui demander :

"Mais as-tu des questions avant de commencer ce...travail ?"

Ryoichi suivit Lorenzo dans la salle des dangers. Peut-être allait il avoir un aperçu de ce soir?
Nan, manque de bol, juste une salle dans le style japonais. Ca pouvait être un dojo, comme un intérieur de style classique bien que très... Dénudé pour quelque chose de cette époque.
"Pas mal." fit il en commentaire.
Tentait il de le détendre dans un cadre familier? Manque de bol il n'avait jamais côtoyé de dojo pour apprendre à se battre pas plus qu'il n'était né au bon endroit ou assez riche pour vivre dans un endroit comme ça.


Ouroboros soupira à la réponse de Lorenzo: *Évidemment, pas question de sécher les cours hein?* songeât il. Une partie de la suite fit légèrement écho chez lui. En effet si sa panique avait eu lieu pendant une mission.
*Facile à dire quand on a pas de problème!* se dit il au sujet d'on est ce qu'on est. Mais il était légèrement injuste. La réputation actuelle du prof en attestait.

La suite ne fut qu'un court barbant sur les soucis qu'il avait. Il était déjà au courant que ça datait de l'enfance. Et il demandait que ça d'y faire face bon sang! Mais tranquillement...
A un moment il était tenté de l'envoyé balader avec ses conseils à la noix. Prendre tout de front c'était son style... Enfin... Presque. Disons affronter le problème. Après si on pouvait lui mettre un petit coup par derrière...

Il réfléchit un instant à la question de Lorenzo tout comme à sa proposition... Non, il n'avait pas de question, mais... : "Tu vas me faire apparaitre un serpent géant qui va me sauter dessus ou une illusion en rapport à l'apparition de mon pouvoir?" Il secoua la tête: "Je suis déjà au courant de tout ça. J'ai juste besoin de... M'assurer que je vais repasser maboule. C'est un travail intérieur dont j'ai besoin. Tu vas pas me surprendre avec un truc comme ça." fit il en désignant la salle "japonaise".

Utiliser son pouvoir petit à petit... Tester les limites, voir ce qu'il en ressort. C'était son incertitude qui causait un problème. Pas tant son traumatisme. Pas directement, pas maintenant qu'il avait compris qu'il avait juste paniquait.
Restait juste ce petit relent de... Bon ok, il avait un peu peur. Mais il connaissait déjà le problème d'après lui... Restait plus qu'à s'en convaincre.

Lorenzo fourra sa petite tablette dans la poche de son jogging et sourit malgré l'assurance affichée du jeune homme. Le travail de professeur n'était véritablement pas le plus facile, particulièrement avec les adolescents.

"Je n'ai pas l'intention de te surprendre, ce n'est d'ailleurs pas le but au contraire..." Le professeur désigna la salle et indiqua avec pragmatisme "Dans tous les cas, si tu es "déjà au courant de tout ça", tu ne verras pas de difficulté à suivre le processus jusqu'au bout. Tu comprendras que je n'ai pas envie de sauter des étapes qui risqueraient de te faire plus de mal que de bien... Voyons déjà comment tu débrouilles avec une simulation..."

La luminosité ambiante diminua progressivement jusqu'à ce que la silhouette de Lorenzo à l'autre bout de la salle ne devienne plus qu'une ombre pour Ryoichi. Les oiseaux ne chantaient plus et il régnait un silence de plus en plus pesant.

Du bras de Ryoichi, une chaîne verdâtre sortit lentement puis de plus en plus rapidement. C'était la réplique exacte de sa mutation mais Ouroboros n'avait aucun contrôle dessus. Le bout de la chaîne représentait la tête d'une vipère et, déroulée sur quelques mètres, la chaîne se cabra pour se retourner vers son propriétaire.

La vipère siffla de sa langue fourchue :

"Ouroborossss"

Ses yeux en amande fixaient le jeune homme avec impassibilité. Difficile de dire ce que pouvait exprimer une telle créature à l'exception de Ryoichi dont la perception serait nourrie par sa seule imagination.

De loin, Claymore observait la scène, curieux de voir la réaction de l'étudiant. Peut-être tout cela le laisserait-il indifférent et ce serait déjà une très bonne étape... La difficulté n'en serait que plus rapide à résoudre et cela prouverait que le fond du problème n'était peut-être pas tant dans l'apparition mais plutôt dans la peur plus bénigne d'un changement de sa mutation et de ses éventuelles répercussions. A vrai dire, les difficultés du jeune homme laissaient l'Italien perplexe mais tout ce qui touchait à la psychologie d'un individu était naturellement irrationnel et il ne s'en inquiétait pas. Le tout était d'agir par étapes. Si celle-ci était surmontable, le jeune homme pourrait expérimenter son pouvoir par lui-même...

Lorenzo n'allait pas lâcher l'affaire. Il allait devoir "subir" sa méthode jusqu'au bon.

Retenant un soupir, il se contenta d'un hochement de tête à l'adresse du prof, autant comme un signe de compréhension qu'un encouragement à poursuivre.

L'ambiance changea d'une pièce lumineuse et paisible à quelque chose de plus sombre... Voulait il de l'oppressant?
Quoi qu'il en soit son pouvoir se manifesta sans qu'il le convoque. Sur le coup il ne l'avait pas remarqué, s'attendant à ce que quelque chose lui tombe dessus à l'improviste, jusqu'à ce qu'il remarque une lueur du coin de l’œil et qu'enfin il voit l'habituelle chaine sortir, dans un sursaut de surprise.

Les battements de son cœur firent un petit bond dans les tours jusqu'à ce que la partie rationnelle de son cerveau lui signal les détails: il ne sentait pas ce pouvoir, pas la chaine qui se déroule, pas les picotement dans le bras qui se transmettent jusqu'à la longueur elle même ce qui lui permet de la contrôler.
Néanmoins il resta coi et sentit un frisson lui remonter le dos lorsque cette chose se tourna vers lui pour se nommer, le surplombant. Une réminiscence de son passée... Un souvenir. Peut-être pas le plus agréable, mais pas le pire. Ce n'était qu'un commencement. Une peur irrationnelle de son enfance, mais qui avait trouvé une explication il y a bien longtemps. Et il avait déjà passé outre. Comme on passe outre sa peur du noir en quelque sorte.

Il ferma les yeux comme pour se concentrer et c'est avec moins d'incertitudes dans les yeux qu'il les rouvrit. Il leva sa main sans son pseudo pouvoir et la tendit paume ouverte vers la tête de la chose... Avant de la fermé comme pour tordre le cou de la chose entre ses doigts.
L'agressivité. Le moteur de l'entente entre lui et Ouroboros. C'est ce qui lui foutait la paix quant il... L'entendait trop. Mais qu'avait il ressentit lorsqu'il avait utilisé son pouvoir dans la forêt? Lors de cette... Métamorphose? Il n'était pas agressif. Plutôt... Concentré. La volonté d'atteindre un but hors de portée... Littéralement. Était-ce juste ça? regarder son pouvoir s'améliorer parce qu'on le voulait?

Tout combattif qu'il pouvait paraitre, il ne pouvait nier qu'il n'était pas non plus complètement dans son état normal. Une très fine pellicule de sueur couvrait son front et le creux de son dos. Et il s'était un rien tendu. Il chercha un instant le prof dans la pénombre, sans y parvenir, avant de s'adresser au vide autour de lui: "Je dis pas que je suis parfaitement détendu, mais... J'ai déjà traversé ça.
Ça me pose pas vraiment de soucis en dehors de la surprise que j'ai ressenti. Ce que je veux plus c'est entendre ça dans ma tête. Me pousser à... Enfin, vous devriez peut-être demander aux autres comment j'étais avant la visite dans l'espace." Ou jeter un œil à mon casier judiciaire. Certainement instructif...

Il s’épongeât le front avec le bas de son t-shirt, attendant la suite.

La simulation débuta et Claymore observa sereinement la réaction de son élève. Il détecta son rythme cardiaque plus saccadé et la dilatation de ses pores sous l'effet de la transpiration. La peur était là mais l'attitude du jeune homme prouvait qu'il la dominait. C'était évidemment un bon point. Lorenzo laissa donc le pseudo-ouroboros poursuivre sa tentative d'intimidation jusqu'à ce que Ryoichi exprime ce qu'il ressente.

Claymore acquiesça et tapota d'un geste sec sur sa tablette. Le serpent psychique disparut aussitôt et trois cibles apparurent au fond de la salle. Elles se situaient face au jeune homme et représentaient des silhouettes humaines.

"C'est très bien... Tu maîtrises déjà la situation. Si l'utilisation de ton pouvoir provoque certains effets secondaires, cela ne vient que de toi. Dans ce cadre propice et sécurisé, je te propose d'utiliser ton talent pour détruire les mannequins qui sont là." Lorenzo désigna vaguement les trois cibles avant de poursuivre : "Concentre toi bien et garde à l'esprit que tu contrôles la situation, que ta mutation n'exerce aucune influence sur toi car c'est toi qui en es le maître et non l'inverse. Je reste pas très loin et j'interviendrais si besoin est."

La salle resta plongée dans une semi-obscurité et Ouroboros eut donc toute latitude pour utiliser son pouvoir. Claymore était pour sa part dans l'ombre, presque invisible, observant la suite des évènements.

Le véritable exercice commençait maintenant...

Le dire c'était une chose... Le croire...
Oui il était déjà passé par là, oui il s'était... Entendu avec ses voix. Mais il n'avait pas maitrisé la situation. C'était bien d'y croire quand même. Si seulement il pouvait arrêté de se contracter pour s'empêcher de trembler! Ses poings commençaient à lui faire mal à force de se serrer.

Il écoutait d'une oreille un rien distraite les recommandations de Lorenzo. Dégommer des cibles hein? Facile en théorie.
Tendant le bras, il tenta de se concentrer. Mais sa main continuait à trembler. Il avait beau essayé de regarder les cibles, il y avait toujours ce petit mouvement qui le titillait. les doigts se refermèrent quelques instants, puis se rouvrirent.
Sa glotte fit un aller retour alors qu'il essayait d'invoquer son pouvoir. Mais il n'y était pas. Sa concentration était toute entière tournée en lui même, cherchant, attendant une voix.

Lorsqu'il le comprit, sentant son cœur battre sous le nervosité, il baissa le bras, prenant de grandes inspirations alors qu'une sueur légèrement froide faisait comme un voir sur son front.

Il fit les cents pas, serrant et desserrant les mains. Après une minute de ce manège à tenté de se calmer, de se raccrocher à ce que lui avait dit Lorenzo, il fit un arrêt face aux cibles: "C'est pas ça. J'ai pas besoin d'une guérison, j'ai besoin que ça recommence pas."

Faisant face à son professeur: "Et je fais quoi si ça recommence? J'ai pas envie de passer mon temps à écouter dans le vide à attendre que le saint esprit me parle. J'ai pas envie d'utiliser mes pouvoirs dans ce genre de condition... Si ça devait reprendre..."
Alors quoi? Il quittait l'école. Il en connaissait une qui n'allait pas rire si moins de 24H après leur premier baiser il mettait les voiles.