Salon
Après avoir passé mentalement en revue tous les endroits du parc, Xéna finit par se trouver une petite place à peu près dégagée et assez loin du bâtiment. Seule, debout, le dos bien droit, elle se sentait étrangement mieux. A l'extérieur, elle était chez elle. Le vent frais à travers ses cheveux, la chaleur du soleil sur sa peau, l'odeur de l'herbe coupée... Toutes ces sensations étaient grisantes. Ce devait être ça, sa thérapie. Se plonger corps et âme dans cet environnement, dans cette Nature dominée, dans
son élément. Ressentir cette symbiose entre elle, sa mutation et tout le reste. Elle n'avait besoin de personne ici. Elle s'était toujours considérée comme une femme indépendante et fière de l'être. Ainsi, pourquoi aspirer à autre chose alors que tout était déjà à sa portée ?
Rien ne pouvait l'arrêter ici, elle était libre. Elle pouvait faire ce que bon lui semblait et même quitter Graymalkin si ça lui chantait. Elle n'était pas prisonnière, pas responsable, pas gênée : elle était inarrêtable. C'était ça... Cette sensation de liberté mais aussi et surtout de force qui s'alliaient si bien à sa personnalité.
La mâchoire serrée, le regard fiévreux, Vesna écarta ses bras : des vents circulaires de plus en plus intenses balayèrent la pelouse pour la rejoindre et tournoyer furieusement autour de son corps à moitié nu. La violence du phénomène était grisante. La Russe accueillit ces bourrasques d'un rire presque dément alors que ses cheveux fouettaient son visage déformé par le plaisir. Comme ce vent, elle était libre et forte. Il n'y avait plus de Roxie, plus d'Eden, plus d'Aaron, plus de regrets, plus de jalousie : uniquement du plaisir. C'était son crédo : le plaisir avant tout. Alors pourquoi se morfondre, pourquoi regretter, pourquoi pleurer ?
Les bourrasques devinrent rafales et le corps de Xéna décolla, porté par une main invisible...
sa main. Libre... Libre... Plus aucune pensée.
Comme un signal déclencheur, la Russe s'envola aussi vite que ses vents le lui permirent. Tournoyant sur elle-même, elle ferma les yeux, un sourire extatique sur les lèvres. La lumière satinée à travers ses paupières était délicieuse mais rien ne pouvait égaler la douceur du vent sur sa peau nue.
Rapidement, Vesna se retrouva au dessus du parc, à une bonne trentaine de mètres de hauteur. Elle ne regarda pas pour autant vers le bas. Il fallait qu'elle monte, qu'elle monte, toujours plus haut. Bientôt, ce n'était plus Graymalkin qui était à ses pieds mais tout San Francisco. Juchée à plus de cent mètres de hauteur, la Russe maintint la pression aérienne pour l'ajuster aux conditions plus extrêmes de l'altitude. Elle ouvrit finalement les yeux pour découvrir le panorama magnifique qui s'offrait à elle : San Francisco enclavé sur son île, elle-même cernée par l'océan à perte de vue.
Une fois s'être contentée de cette vision idyllique, Vesna fila pour monter encore plus haut. Les vents se réchauffèrent pour lui assurer une condition optimale à cette altitude alors qu'elle dépassait déjà la barre des mille mètres. Elle continua inlassablement, se repaissant du plaisir intense que cette liberté totale lui offrait. Encore mille mètres. Graymalkin n'était plus rien... Tout ceci était si lointain... Les problèmes des X-men, les élèves, les profs, ses problèmes personnels... Tout cela n'existait plus. Il n'y avait qu'elle et sa joie extatique.
Laissant libre cours à ses envies sous ce beau soleil californien, Xéna rejoignit la côte, laissant loin derrière Graymalkin et ses habitants...
Baie de San Francisco (Au large)
